Nous sommes allés faire un tour à l’un de nos endroits fétiches, la Taverne de Saint-Casimir. Pour leur bière de la microbrasserie Les Grands Bois, leurs spectacles qui accueillent nos artistes favoris, mais spécialement, pour la convivialité qui repose sur cet endroit. C’est dans cette ambiance aux allures familières et rassembleuses que s’est déroulée la Commission Brassicole 2017, organisée par la Taverne et la Microbrasserie Les Grands Bois.
Sur place, nous avons dégusté différents produits forgés à partir d’orge et de houblon d’un peu partout au Québec. Même si la SuperPause des Grands Bois reste un incontournable, nous avons eu quelques coups de cœur. Tout d’abord, pour Tête d’allumette, de Kamouraska, avec leur arrière-goût fumé dû au brassage sur feu de bois, mais aussi pour Sutton Brouërie et Isle de Garde avec leurs bières Session.
C’est le groupe montréalais Street Meat qui a débuté la soirée. D’emblée, les gens se sont approchés pour les écouter et danser sur les rythmes traditionnels offerts par le violon de Mélisande Archambault (The Royal Pickles) et la contrebasse de Jean-Philippe Demers (Elixir de Gumbo). Leur premier album, paru en mai 2015, semble être plus complet que leur prestation live, puisqu’on y retrouve des artistes invités qui viennent compléter leurs créations en y ajoutant un style plutôt gypsy et klezmer avec de l’accordéon, du trombone et de la trompette.
Nos amis de Québec, Beat Sexü, ont, comme à l’accoutumé, fait bouger les festivaliers par leur groove funky, leurs habits à paillettes et leur reprise de Gab Paquet.
Finalement, The Brooks a été une découverte pour la plupart des gens présents à l’événement, mais également pour notre équipe. En effet, leur qualité et leur professionnalisme ont dépassé les attentes de la soirée. C’est un groupe à ne pas manquer dont on risque d’entendre parler de plus en plus. Ses influences jazz aux intonations funky et disco ne laissent personne indifférent et entraîne sans exception tous les corps sur leur musique.
Encore une fois, La Taverne nous a offert un très beau moment. Merci à toute l’équipe de l’organisation, et nous espérons que cet événement se répète d’année en année.
Québec devait recevoir les Red Hot Chili Peppers, soutenus par une curieuse première partie: Deerhoof. Lorsque les Peppers ont constaté qu’ils auraient sans doute un empoisonnement alimentaire la veille du concert à Québec, ils ont annulé, laissant alors une superbe opportunité à l’Anti d’organiser une soirée qu’on pourrait qualifier de champs gauche!
L’improbable quatuor de San Francisco, à l’aube de sortir leur 14e album studio, venait présenter le fruit de toutes ces années d’expérimentation. Ils ont puisé un peu partout dans leur large répertoire, donnant un peu plus d’amour à l’excellent disque Breakup Song, paru en 2012. Si le travail des deux guitaristes (Ed Rodriguez et John Dieterich) est absolument fascinant, ils se font bien malgré eux voler la vedette par les deux autres membres de la troupe. D’une part, il y a Satomi Matsuzaki, qui dans la rue, aurait de la difficulté à convaincre un néophyte qu’elle est la chanteuse d’un groupe rock expérimental ouvrant souvent pour des groupes reconnus (on pense aux Red Hot, mais aussi à Radiohead ou autres Wilco). Elle a un magnétisme hors du commun; un genre de naïveté merveilleuse, doublée d’une incroyable assurance. D’autre part, il y a Greg Saunier, possiblement le batteur le plus redoutable et agréable qu’il m’ait été donné d’observer. Il maîtrise l’art de rentrer plus de temps que la mesure ne devrait en contenir, tout en rattrapant brillamment ces égarements. Puis il y a l’étonnement de voir sa batterie être capable de résister à ses assauts répétés. J’adorerai toujours voir un batteur se donner à fond et dans le domaine, Greg Saunier joue constamment avec l’énergie du désespoir. Parmi les coups de coeur de la soirée, il faut noter Fresh Born, Exit Only et les deux excellentes nouvelles pièces présentées vaillamment par Greg dans un français saccadé, mais curieusement précis! Satomi, qui a multiplié les chorégraphies, a même pris plaisir à faire participer la foule lors du rappel pendant la pièce Basket Ball Get Your Groove Back, du tout aussi fabuleux Offend Maggie. Cette improbable visite s’est donc conclue après un peu plus d’une heure de spectacle. Fidèles à leurs habitudes, ils ont tout donné, au grand plaisir de la foule composée d’initiés pour la plupart.
En première partie, nous avons eu droit aux deux extrêmes du spectre de musique champs gauche. D’abord, Les Martyrs de Marde ont présenté l’un des spectacles les plus déstabilisants que j’ai vu, ce qui en soi, est une belle réussite. Leur performance justifie à elle seule la mention 18+ sur l’affiche (même si leur présence n’y est pour rien), tant ils jouent dans les recoins sombres de l’humanité. Autant musicalement qu’au niveau de leur présence sur scène, on assiste impuissant à une prestation d’individus se faisant violence. Ils misent sur le malaise, instiguant des contacts avec la foule et semblant tout le temps en équilibre sur la douce frontière de la psychose. Si musicalement la proposition se veut quelque peu étriquée, au final, l’important n’est pas d’avoir aimé ou non. Le travail de réflexion inexorable qui suit une telle performance justifie à lui seul d’assister à un de leur concert. Après, vous pourrez vous demander si vous voulez encore subir une aussi puissante décharge de déchéance.
La Fête, chouchous locaux, sont ensuite venus présenter leur pop joliment déconstruite dans une ambiance beaucoup plus paisible et lumineuse. Pour une seconde fois en quelques semaines (au concert de Victime), j’ai pu apprécier le jeu incroyable de Samuel Gougoux à la batterie. Il possède une virtuosité complètement différente de celle d’un Greg Saunier mais est tout autant efficace. Au niveau de la voix, j’ai trouvé qu’Antoine Provencher, bien que charismatique, manquait parfois d’un brin d’assurance. Ça demeure une première partie fort divertissante et particulièrement lumineuse; surtout sur une échelle qui compterait sur la présence des Martyrs!
C’est dans la cour intérieure du Grand Théâtre qu’a eu lieu la présentation d’un laboratoire d’essai de matériel par les huit artistes sélectionnés par Destination Chanson Fleuve (Juste Robert, MCC, Laura Babin, Rose Bouche, Étienne Fletcher, Boule, Simon Daniel et Lou-Adrianne Cassidy). Ce stage regroupe en fait des ateliers, des formations, du coaching, des rencontres et des spectacles s’étalent sur une période d’un mois. Tout ceci prenant vie grâce à une collaboration entre le Festival en Chanson de Petite-Vallée et celle du Festival de la Chanson de Tadoussac. La bande d’artistes est déjà montée sur les planches à l’occasion des Francofolies le 12 juin passé et elle nous présentait cette fois-ci le résultat de leur travail durant ce séjour à Québec, sous la direction du chanteur folk québécois Benoît Pinette (Tire le Coyote).
Parmi la série d’exercices prévue par leur formateur, l’un d’eux consistait à créer une chanson en équipe de deux en seulement deux heures. Le résultat de cette activité ayant eu lieu la veille nous était présenté, de même qu’une chanson faisant déjà partie du répertoire de l’artiste en performance. Ce spectacle nous a donc offert des formations variées : en solo, en duo, en trio et même, tout le monde ensemble, pour notre plus grand bonheur. La complicité entre les membres s’est fait sentir dès l’instant où je suis arrivé sur place, pour la fin de leur test de son.
Petit résumé d’un spectacle charmant où le talent était au rendez-vous.
Le spectacle a débuté par une pièce de Tire le Coyote, accompagné par son fidèle guitariste Shampoing et Paule-Andrée Cassidy en tant qu’invitée surprise. Le trio nous a livré une belle balade folk avec un micro central comme seul outil de captation. J’ai vraiment un faible pour ce type d’amplification, qui demande un habile savoir-faire pour jauger et jouer avec les distances afin de créer des nuances très subtiles.
Laura Babin a ensuite présenté un duo ambiant avec Étienne Fletcher, accompagnés par Simon Daniel au cajun, avant d’enchaîner avec la chanson titre de son premier EP «Water Buffalo». La jeune artiste nous a présenté ses chansons de sa voix grave et chaude. Sa chanson en solo comportait de belles dissonances ainsi qu’une belle alternance entre une ambiance plus atmosphérique et plus rock.
Par la suite, Étienne Fletcher, un franco-saskatchewanais fier de parler français, nous a offert à la guitare un duo très solide avec MCC (Marie-Claudel Chenard) au piano. Leur timbres de voix s’harmonisaient à merveille pour laisser briller un beau texte aux couplets francophones et refrain anglophone. Cette chanson a été un des grands moments du spectacle, avec sa douce finale de berceuse.
Simon Daniel, natif de Moncton, parle le chiac. Ceci apporte à sa musique une richesse incroyable, qui l’a certainement démarqué positivement par rapport à ses pairs. Sa voix, bien maîtrisée, porte ses beaux textes aux accents maritimes. Sa chanson en solo (Rue Jones) était sincèrement incroyable. Son texte, finement ficelé, démontrait une maîtrise impressionnante de la plume.
Juste Robert nous a présenté sa poésie humoristique et rafraîchissante. Son duo avec Boule nous a tous bien fait rire avec son propos un peu vulgaire, tandis que sa chanson solo, accompagnée par MCC, était plus candide. L’ajout des claquements de doigts des autres musiciens a contribué à l’atmosphère bon-enfant de cette chanson. Le manque de maîtrise de son instrument, admis par l’artiste même, ne le limite pourtant pas dans la créativité de ses accords et de ses mélodies!
Munie de son accordéon, Rose Bouche, quant à elle, nous a d’abord fait entendre une berceuse aux accents de musique traditionnelle québécoise, avant d’enchaîner avec un duo très pop avec Lou-Adrianne Cassidy, au piano. Sa voix puissante et très bien contrôlée nous a gardé attentifs tout au long de sa performance.
MCC, artiste de haut niveau, nous a charmés par sa voix au timbre réconfortant et sa présence honnête sur scène. L’auteure-compositeur-interprète de Valleyfield a livré avec Laura Babin une composition intime où le mariage des voix était envoûtant. Sa personnalité captivante nous a accompagnés tout au long de sa très jolie pièce solo.
Lou-Adrianne Cassidy, personnalité exubérante, pleine de confiance en elle, est arrivée très à l’aise sur scène, faisant des blagues avant de nous en mettre plein la vue avec deux compositions de très haut niveau. Cette jeune musicienne joue du piano avec une certaine aisance et surtout, arrive à construire des schémas mélodiques et harmoniques incroyables. Sa première chanson avec Juste Robert nous présentait une mélodie soignée au texte très prenant, l’atmosphère étant quasi post-apocalyptique. Elle s’est ensuite retrouvée seule au piano pour interpréter Ça va, Ça va une chanson que Philémon Cimon a écrit pour elle.
Le dernier artiste à présenter ses compositions est certainement mon coup de cœur de la soirée! Boule, visiblement plus âgé et plus expérimenté que le reste du groupe, vient de la France. Dans sa première chanson, qu’il a interprétée avec Lou-Adrianne, l’accent de la grande chanson française du milieu du XXe siècle se fait entendre. Les influences jazz, les descentes harmoniques typiques ainsi que de grandes phrases mélodiques posent tout de suite le ton du langage musical de cet artiste. Son deuxième morceau
était grandiose. Ses accords étendus et complexes à la guitare lui donnait une large possibilité de mélodies. Dans cette chanson, les autres participants de Destination Chanson Fleuve s’étaient réunis autour du micro central pour chanter les refrains tous en chœur et donner ainsi au public, un moment unique et émouvant.
Ce magnifique événement s’est clôt avec deux chansons de Tire le Coyote qui nous a bercés avec sa voix haute perchée et son folk apaisant.
Je vous invite à découvrir chacun des artistes ayant pris part à cette soirée:
Ce sont les spectacles de Jérome Casabon et de Pépé et sa guitare, présentés par ecoutedonc.ca, qui ont clos de manière festive cette édition 2017 de Limoilou en musique, événement organisé par les Productions Limoilou en Vrac. (En passant, chapeau aux organisateurs, aux bénévoles et à toutes les personnes impliquées dans l’événement, belle réussite!)
Après s’être déversé sur nos têtes une partie de l’après-midi, le ciel s’est heureusement mis beau le temps des deux prestations. Les quelques flaques d’eau restantes à l’intersection étoilée formée par la 3e Avenue/6e Rue/Canardière ont fait des heureux parmi les enfants présents, dans l’attente des artistes. Pour les grands, il y avait de la sangria et de la bière!
On peut dire que le charismatique Casabon a le tour pour mettre la foule dans sa poche. Difficile de résister au p’tit côté givré de l’auteur-compositeur-interprète, qui sait d’ailleurs s’entourer de collaborateurs talentueux (ici, pour l’occasion, Ben Shampouing à la guit, Bruno Lemieux à la batterie et Cédric Martel à la basse). Ils nous ont bien dégourdis avec leurs anecdotes, leurs mimiques et leurs chorégraphies bouffonnes. Nos coups de coeur? Les pièces Hockey cosom, C’que la vie me dit et Même si (pendant laquelle une jeune ado est venue par surprise chanter quelques lignes) du plus récent album, Pas pire content (2017). On a aussi eu droit à quelques classiques du défunt Casabon, tels que Shit s’a tab.
On a apprécié l’aisance et la désinvolture du trio, la fluidité du spectacle, sans oublier – bien entendu – les compositions folk imagées, qui en ont sans doute rendu plus d’un nostalgique des belles et moins belles années de la vingtaine. Mention spéciale au V-neck.
Le bon Pépé et son fidèle destrier à six cordes a pris le relais devant un public juste assez dense pour s’ébrouer avec le sourire. D’ailleurs, le courant semblait passer à merveille entre lui et cette foule déjà bien réchauffée – au sens propre comme au sens figuré. Son style « chansonnier rigolo » s’inscrivait d’ailleurs dans une continuité on ne peut plus exemplaire avec son prédécesseur.
Fort d’une quinzaine d’années à manier son précieux outil devant public un peu partout dans la province et au pays (et aussi en France), Pépé semblait en plutôt bonne shape, faisant de nombreuses fois référence, fidèle à lui-même, à sa tendre épouse. Nous avons pu goûter, outre ses savoureuses anecdotes et paraboles, à une panoplie de classiques tirés de son répertoire bien garni, notamment Bobette Bob, Toué tu l’as, Un café un bat, Mal fourré, Barre çalà, ou la plus récente Mon avis (de l’album Tout le monde veut jouer avec Pépé, 2016), pour n’en nommer que quelques-unes. Il nous a également égayés de belle manière avec son ukulele en interprétant notamment les amusantes Cerveza et Hawaï.
Qui n’a pas rêvé de pouvoir s’asseoir sur une bûche autour d’un feu de camp, sous un ciel étoilé, une p’tite frette entre les jambes, pour chiller quelques heures avec Pépé, sa guitare pis toutes ses histoires? Si on ajoute un Casabon dans l’équation, ça serait encore mieux!
En bref, une belle soirée amusante, pas stressante, entouré de bon monde et de beaux sons. Quoi demander de plus pour finir un week-end en beauté?
Les dieux du rock étaient avec les organisateurs de Limoilou en musique ce samedi! Après une première soirée pluvieuse qui a fait fuir plusieurs curieux, le beau temps était de la partie – et les spectateurs aussi!
Si les dieux du rock ont été aussi cléments, c’est probablement parce que deux de leurs dignes représentants, Les Deuxluxes et We Are Wolves, étaient là pour brasser nos cages. Et nos cages ont été joyeusement brassées!
Tout d’abord, notre duo de rockers préféré, Les Deuxluxes, nous a offert tout un traitement Deuxluxe, comme c’est son habitude. J’ai beau les avoir vus près d’une dizaine de fois, je n’en reviens toujours pas de voir toute l’énergie déployée par un Étienne Barry (plus souvent qu’autrement assis, en plus) et une Anna Frances Meyer plus glam que jamais! Et c’est fou l’énergie qu’ils peuvent nous faire dépenser en un peu moins d’une heure!
La foule, très familiale en ce début de soirée, s’est montrée des plus réceptives, envoûtée par la voix exceptionnelle de Meyer et les mélodies plus qu’entraînantes du duo. Impossible de résister au Rock and Roll pas toujours propre, mais trop sexy, des Deuxluxes! Comment s’empêcher de crier I’m in love quand Anna Frances nous pointe le micro au visage? Comment ne pas taper des mains quand la musique prend le contrôle de l’ensemble de nos muscles? Comment ne pas avoir un sourire accroché au visage quand Diable du printemps rappelle à notre coeur de traducteur qu’une version française d’une toune en anglais (Springtime Devil), c’est pas juste une traduction littérale, mais aussi un savant travail d’adaptation?
Difficile de ne pas se garrocher à la table de produits dérivés pour distribuer des high fives au duo par la suite!
Le passage des Deuxluxes était parfait pour réchauffer la foule en prévision de la tempête qui allait suivre. Les enfants collés sur la clôture ont laissé la place à une faune bigarrée de jeunes costumés. Des zèbres, des lions, des loups… Tout le monde voulait se faire bouffer tout rond par le trio We Are Wolves!
Et bouffé tout rond tout le monde a été! Parce que quand il s’agit de bêtes de scène, Alexander Ortiz, Vincent Lévesque et Pierre-Luc Bégin sont en tête de liste. Y’a rien qu’Ortiz ne fait pas sur scène : il monte sur les speakers, grimace, mange littéralement son micro, accompagne ses riffs de nombreux pas de danse, tout ça en chantant sans perdre son souffle. Lévesque, de son côté, semble possédé derrière ses claviers. Bégin, lui, n’hésite pas à quitter sa batterie pour remplir quelques verres de bière aux spectateurs à l’avant.
Ça faisait un petit bail que je n’avais pas vu le groupe, et franchement, le virage new wave qui s’est accentué sur Wrong (le dernier album) est plus que rafraîchissant. Pendant plus d’une heure, le public a dansé non-stop sur les rythmes tantôt envoûtants, tantôt endiablés du trio. Après chaque chanson, la foule montrait son appréciation de façon peu équivoque et le trio semblait vraiment surpris par cet accueil! Ça nous a permis d’avoir pas un, mais deux rappels, dont l’excellente reprise de Paranoid, de Black Sabbath…
Les loups ont mis le feu à la bergerie, pis on a aimé ça!
Limoilou en musique se termine ce dimanche, 20 heures, avec Jérome Casabon et Pépé et sa guitare. Une présentation d’ecoutedonc.ca! On va avoir du plaisir!
Vendredi soir, Limoilou en Vrac donnait le coup d’envoie à une nouvelle édition de Limoilou en musique! Trois jours de hip-hop, de rock et de folk en plein coeur de mon quartier, on pouvait difficilement rester chez soi à regarder passer les machines! C’est pourquoi je serai là toute la fin de semaine pour vous raconter en mots et en images…
La pluie qui semblait ne pas vouloir s’arrêter a inquiété un brin les organisateurs, mais les spectateurs ont répondu à l’appel. Une chance, parce que cette première soirée s’annonçait plus que festive : la petite scène de la troisième avenue accueillait deux excellentes formations hip-hop : Brown et Alaclair Ensemble.
Ça fait quelques fois que je vois Brown sur scène. On aime bien le métissage des genres entre le reggae de papa Robin Kerr et le rap de fistons Greg (Snail Kid) et David (Jam). Pendant que Robin nous enchante avec sa voix pleine de soul, Snail Kid et Jam arpentent la scène avec leur flow déchaîné. Snail Kid et Jam débordent toujours de charisme, chacun à sa manière. À l’arrière, Toast Dawg installe les beats tranquillement.
En plus des chansons de l’album homonyme, on a eu la chance d’entendre quelques nouveaux morceaux tirés du EP POPLUV, fraîchement sorti. Facile d’apprécier l’évolution depuis le premier album… Les chansons sont plus pop, plus accessibles. Le public, qui semblait au départ être venu pour les minces du Bas-Canada, a facilement été mis dans la petite poche d’en arrière de l’entreprise familiale.
Après un petit coup de vadrouille sur la scène (parce que la pluie ne voulait pas s’en aller), c’est au tour des vedettes de la soirée : Alaclair Ensemble, qui avait préparé un set particulièrement festif. Pendant plus d’une heure, on a dansé non stop sur les beats et les raps d’un des meilleurs groupes du genre au Québec. Sur scène, pas de primadonna, juste une gang de gars qui ont autant de fun que le public bas-canadien.
Je vous avoue que je ne suis pas un super fan du genre. C’est pas grave, quand Alaclair Ensemble s’est lancé dans ses gros succès, j’ai dansé comme tout le monde. Pas le choix, une toune comme Mon cou, ça vient te chercher direct dans les hanches. Et c’est arrivé à plus d’une reprise!
Rien de plus fun que de danser avec quelques centaines d’imperméables sur du bon beat!
Limoilou en musique se poursuit samedi… soirée ROCK avec Les Deuxluxes et We Are Wolves. Dès 20 heures!
Si l’on peut retenir une chose de l’ouverture du SPOT le 16 juin dernier à l’îlot des Palais, c’est bien que l’adversité de la météo n’aura pas eu raison des artistes, des organisateurs, et encore moins des spectateurs. Compte-rendu d’une soirée où l’on avait le beau temps dans la tête et le cœur à la fête.
Collectif Stompin’ Trees
Je suis arrivée juste à temps pour profiter de l’ambiance du SPOT 2017 sous les dernières lueurs du jour. L’endroit présente cette année encore des ambiances variées et accueillantes où il fera bon se poser tout au long de l’été.
Pendant ce temps, le Collectif Stompin’ Treess’occupait de mettre l’ambiance devant les nombreuses personnes bravant la bruine. Ils faisaient taper du pied avec leur musique à la fois manouche et blues : clarinette, planche à laver, contrebasse et guitare se mêlaient dans une joyeuse farandole musicale. La voix du chanteur, qui pouvait prendre des accents à la Tom Waits, donnait aussi de la force à l’ensemble.
Perdrix
Les six musiciens de Perdrixont succédé au collectif dans une belle progression. Du blues, on a glissé d’abord vers un rock ensoleillé et teinté de 70s. Après avoir bien mis la table dans ce style, qui nous faisait presque oublier le temps dehors, le groupe a exploité différentes sonorités parentes du rock pour nous faire basculer finalement vers des pièces plus progressives. Le soul rencontrait le jazz, le punk et même le métal.
Ce qui fait l’originalité du groupe, si l’on fait abstraction de leur personnalité sur scène, c’est bien l’amalgame de cette musique avec des paroles originales (et en français, s’il vous plait !). Dans leurs pièces, les chanteuses de Perdrix nous ont parlé avec humour d’un quotidien moderne qui rencontre parfois l’extravagant. Et elles n’avaient pas la langue dans leur poche, comme on a pu l’entendre sur Bye Bye Hymen ou encore D.T.F.
Il aurait fallu que les gars des Hôtesses d’Hilaire soient là pour voir ça, parce que j’anticipe un match Tinder parfait entre eux et Perdrix. Alors si vous aimez le groupe de Moncton, allez jeter un œil à celui de Montréal.
Bengale
Arrivés directement de France, Bengale a installé une ambiance tropicale avec sa musique franchement électro. Simon Marcoux, qui les accompagnait à la basse, s’est assuré de rendre justice à leur groove d’outremer.
Visiblement heureux de revenir dans la Vieille Capitale, le duo a sommé les spectateurs de se rapprocher. Tout invitait à la danse, et la danse est arrivée. Pendant qu’on faisait la fête, la pluie commençait à se faire sentir de plus en plus, menaçante quand elle faisait des poches d’eau sur les toiles de la scène. Au final, elle n’aura pas eu raison du soutien technique ou des danseurs.
Le set de Bengale a été très apprécié dans son ensemble, si l’on exclut une ou deux petites anicroches dont les «princesses de la ville» se souviendront. Autrement, leur soirée s’est finie en beauté avec Je danse le mia, sur laquelle les premières rangées (dont moi-même, je dois l’avouer) ont lâché leur fou.
Anatole
Bien réchauffés par les beats de Bengale, on pensait être prêts pour Anatole. Mais personne n’est jamais prêt pour la diva de la Nouvelle L.A.. Devant les spectateurs remplis d’anticipation, ses acolytes l’ont invoqué à coup de synthétiseurs. Nouveaux éléments dans le portrait : une mélodie cheesy à souhait ondulait dans l’air tandis que le chanteur est apparu dans un habit jaune canari. Ça sentait les nouvelles tounes.
Après cette entrée en matière intéressante, Anatole est pourtant revenu à la charge avec l’imposante L.A./Tu es des nôtres. On y retrouvait la force de la pop inspirée des années 1980 qui fait le charme de son album du même nom. Durant toute la soirée, on oscillera ainsi entre classiques et nouveautés, au plus grand plaisir des spectateurs qui semblaient bien connaître l’artiste. Les pièces plus récentes, reprises ou compositions, complétaient bien l’univers anatolien en explorant d’autres régions sombres de la pop 80s.
Côté spectacle, la performance du groupe semblait aussi vivre une certaine évolution. Si l’on pouvait être choqué ou impressionné avant par l’aplomb et l’aura sensuelle du groupe, elle prend maintenant des proportions nouvelles. Plus rien n’est trop trash pour ces hommes qui s’entrelacent, il n’y a plus aucune barrière entre la foule et leur idole extravagante (qui s’était d’ailleurs prévue des extensions de fil suffisantes pour parader et chanter un peu partout dans le SPOT).
Ce n’est pas compliqué, même le ciel mouillait devant ce spectacle chaud et ensorcelant ! Et les musiciens ont bravé toutes les complications techniques pour assurer une base solide à la fête. Un pari réussi, qui nous a fait outrepasser les règles de bienséances et les couvre-feux.
Jeudi dernier, le Cercle accueillait la jeune sensation française Fishbach, qui faisait un arrêt à Québec avant ses passages fort attendus aux Francofolies de Montréal. On avait bien hâte de voir cette jeune femme, qui propose une pop qui peut rappeler à certains moments des airs qui ont bercé nos années 1980, et qui débarquait pour la première fois de notre côté de l’Atlantique.
Les discussions typiques du Cercle se sont toutes tues dès l’arrivée de la magnétique Fishbach et de ses musiciens, et pour cause : elle n’avait pas encore ouvert la bouche qu’il se dégageait un magnétisme, une présence qu’on voit (trop) rarement. Elle observe son public d’un regard perçant, semble se dire « ouais, ça va être une bonne salle » et entre immédiatement à un niveau supérieur. La suite est fort simple : pendant une heure, on a été hypnotisés par cette jeune femme, par ses chansons accrocheuses, par sa voix un brin androgyne et sa théâtralité qui n’est pas sans rappeler une certaine Catherine Ringer (Les Rita Mitsouko). Les chansons, qui mélangent mélancolie, romantisme et rythmes envoûtants, font danser les spectateurs qui eux-même semblent entrer en transe.
On avait beau ne pas connaître toutes les chansons de Fishbach (l’album complet n’est pas encore sorti ici), on ne pouvait faire autrement qu’accueillir les pièces en débordant d’enthousiasme. Oui, certains éléments du spectacle pouvaient avoir des airs de déjà vu (le coup de la clope, assise au bord de la scène, par exemple, Anatole nous l’a fait assez souvent). Mais on s’en fout, ça demeure fichtrement efficace.
Ce fut bref, mais ce fut intense. Et parfait pour oublier tous nos soucis pendant quelques minutes. Il faisait longtemps que je n’avais pas entendu d’applaudissements aussi enthousiastes à la fin d’un show. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est que Flora Fischbach et ses musiciens reviennent à Québec.
Vous êtes à Montréal? Fishbach sera sur la scène Sirius XM ce vendredi 22 heures aux Francofolies; vous pourrez également la voir en première partie de Bernhari ce samedi 19 heures à L’Astral. On vous le jure, ça vaut le détour!
Bernhari
Parlant de Bernhari, le grand Alexandre est venu faire un petit tour de piste en première partie. La pop vaporeuse de Bernhari atteint toujours (toujours) la cible et ses chansons, qu’elles viennent de son premier album ou du plus récent (Île Jésus), sont de véritables perles que je ne me lasse pas d’écouter. Ces chansons ont bien évolué depuis le temps (les deux univers un brin différents des deux albums se complètent de mieux en mieux) et leur interprétation est sans faille. Faut dire qu’avec un Emmanuel Éthier plus en forme que jamais aux guitares, et un Shawn Cotton groovy à l’os à la basse, difficile de ne pas faire mouche!
Seul (tout petit) bémol : Bernhari, dont j’apprécie l’intensité, semble bien sage caché derrière ses claviers. Oui, ça marche dans ses chansons les plus douces, mais on sent parfois qu’il aurait envie de se laisser aller davantage… Un tout petit bémol, que je disais!
Comme toujours, la prestation d’environ 45 minutes s’est terminée par une Kryuchkova déchaînée qui en a surpris quelques-uns dans la salle. C’était fort, c’était apocalyptique et explosif, comme un coup de foudre dans une manif! Du grand Bernhari!
Dans le cadre de la tournée Osheaga, Safia Nolin s’arrêtait à St-Casimir accompagnée d’Antoine Corriveau dans la foulée de sa série de spectacles gratuits. C’était sous forme de tirage que les places gratuites étaient distribuées à ceux qui s’étaient inscrits sur le site du festival.
Pour la première partie, Antoine Corriveau a pris place sur une petite chaise avec sa guitare, la tête dénudé de chapeau. Ses longs cheveux cachaient juste assez son visage pour nous mettre dans une ambiance chaleureuse. Bien qu’il a plus d’albums à son actif et d’années d’expérience dans le corps que Safia, rares étaient les personnes qui connaissaient l’une ou l’autre des six chansons de son répertoire qu’ils nous a interprétées. Pour ma part, c’est surtout la partie d’Antoine Corriveau qui m’a plu de cette soirée (désolé Safia, tu sais que je t’aime, mais on s’est trop vu ces derniers temps).
C’est la pièce Rendez-vous qui a démarré la soirée, comme elle le fait sur son plus récent album Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter. Avec sa guitare comme unique instrument, il nous a transportés à travers une ambiance très sobre avec Constellation. J’ai adoré entendre ses nouvelles chansons sans orchestration. On ne se le cachera pas, ce qui fait qu’on aime Antoine, c’est l’intensité dans sa voix, et elle était encore plus accentuée sans enrobage musical.
Ses yeux nous regardaient quelques fois, entre deux chansons et trois, quatre coups d’harmonica. J’ai eu l’impression qu’il nous a lancé, dans les quelques minutes qu’il avait pour faire son spectacle, ses chansons préférées de ses trois albums. Entre autres, il nous a interprété Aoûtement de son tout premier disque, St-Maurice/Logan, et Le nouveau vocabulaire qu’on retrouve sur Les ombres longues, mon album préféré d’Antoine Corriveau. Il nous a aussi offert Les trous à rats du dernier album. (Karina Tardif)
J’ai été très étonnée de voir que, contrairement à ses passages partout au Québec dans plusieurs salles, peu de gens s’étaient déplacés à la salle des Grands Bois pour assister au spectacle de Safia. Je dois dire, par contre, que la qualité de l’assistance était indéniable. Tous étaient très attentifs et applaudissaient bruyamment. Ça faisait un beau contraste avec la douceur et la subtilité de l’interprétation de la jeune artiste.
En septembre, ça fera deux ans que Limoilou est sorti, et en salle, on peut entendre quelques nouvelles chansons dont la magnifique Les chemins, qui explore un autre registre vocal de Safia. On ose croire que le prochain album sera dans la même veine que Limoilou, soit des chansons douces et mélancoliques aux sonorités folk.
On a également pu entendre quelques-unes des reprises qui se retrouvent sur Reprises, Vol. 1 sorti en novembre 2016, soit Ayoye, D’amour et d’amitié et Loadé comme un gun. Ce segment du spectacle rassemble Safia et Joseph Marchand, son guitariste, autour d’un microphone. C’est très intime et ça change la dynamique.
Safia Nolin a ensuite poursuivi avec quelques pièces seule avec sa guitare, pour ensuite terminer avec ses chansons les plus connues, soit Ce matin, Igloo et pour terminer, Noël partout.
Bien que la prestation des deux artistes aient été superbes, je crois que l’événement n’a pas été suffisamment promu par le festival, qui offrait des spectacles gratuits méritant clairement une plus vaste audience. Cela nous donne par contre droit à un spectacle intimiste et exclusif. (Caroline Filion)
Ouf! Il faisait chaud samedi dernier pour le dernier spectacle de la saison du Pantoum! Si je me demandais pourquoi la petite salle ne présentait pas de shows l’été, j’ai eu une réponse à ma question! N’empêche, même si on avait notre semaine dans le corps, on ne pouvait pas manquer la venue de l’excellent groupe Corridor, venu présenter les chansons de l’excellent Supermercado au public de Québec!
Mais avant de passer au dessert, il fallait apprécier le menu quatre services concoctés par nos amis pantoumiens… un menu solide qui n’allait laisser personne sur son appétit, malgré la sueur qui perlait sur nos front.
Tout d’abord, nous avons eu droit à quelques chansons du groupe Holy Data, qui vient tout juste de lancer un album de 11 titres. Une pop psychédélique aérienne, mais fougueuse, semble être ce qui caractérise ce groupe qui a balancé une tonne de briques après l’autre. L’ensemble est bien structuré, les mélodies sont accrocheuses, l’envie de taper du pied, ou mieux, de se déhancher, devient rapidement irrésistible.
La formation suivante, Laps, était dans un registre différent, bien que lui aussi savoureux. On demeure dans la pop, mais là, au lieu d’y trouver des accents psychédélique, on trouve une énergie un brin post-punk. Paraît que les jeunes appellent ça du math rock. J’en perds mes étiquettes! Les rythmes se font beaucoup plus saccadés (d’ailleurs, la rythmique travaille très fort dans ce groupe!), les mélodies peuvent parfois surprendre, mais on a écouté avec beaucoup d’attention et de satisfaction. À redécouvrir!
Pour les lecteurs d’ecoutedonc.ca, La Fête n’a besoin d’aucune présentation. Et c’est sans surprise que le post-punk déjanté, mais réfléchi, de la formation de Québec a eu l’effet d’une dynamo sur le public déjà très festif. Les membres du groupes sont toujours aussi diablement efficaces lorsque vient le temps de nous en mettre plein les oreilles.
Enfin, la tête d’affiche, Corridor, est venu lancer avec nous Supermercado dans une ambiance qui ressemblait plus à celle d’un sauna qu’à une salle de spectacles. D’ailleurs, un des membres du groupe a trouvé approprié de jouer en bédaine, question de ne pas trop souffrir. Musicalement, on a pu apprécier les mélodies enveloppantes du groupe qui, comme sur leur disque, propose un rock psychédélique un brin garage qui va plus loin que le mur sonore auquel on pourrait s’attendre du genre. Ça fait rêver tout en nous faisant garder les deux pieds sur terre. Dur à expliquer comme feeling, ça doit être l’accumulation de cidre…
En sortant du Pantoum, on avait encore les oreilles qui buzzaient un peu, mais on n’a pas à se plaindre. On a tapé du pied et hoché joyeusement la tête toute la soirée.