C’était déjà la troisième représentation de Philippe Brach au Théâtre Petit Champlain de sa tournée « Portraits de famine », du nom de son deuxième très bon disque en ce samedi soir dernier dans la vieille capitale.
N’ayant pas eu la chance de le voir sur scène jusqu’à maintenant, j’y étais en mode découverte, ce qui n’était visiblement pas le cas des nombreux spectateurs présents, majoritairement jeunes et hyper enthousiastes à son arrivée. J’aime bien quand il n’y a pas de première partie, on attaque vivement d’emblée le plat principal! Ce que fit Brach de belle façon, en entamant en ouverture la magnifique « Né pour être sauvage » qui met superbement sa voix en valeur, un masque lui couvrant le visage. Rapidement enlevé, le Saguenéen arbore un sourire franc, heureux de retrouver le public de Québec.
Très bien entouré d’excellents musiciens soit deux guitaristes, un bassiste et un batteur, le chanteur plonge dans ses deux albums pour nous présenter un spectacle rodé au quart de tour dans un Petit Champlain à la sonorité parfaite et aux éclairages qui enrobent impeccablement les chansons.
Entre celles-ci, Brach se permet le même humour noir et déjanté qui meuble son répertoire des plus variés, au grand plaisir de la foule qui le suit fanatiquement dans son délire. Sautillant et se garrochant d’un bord à l’autre de la scène, il vit intensément ses chansons, même les plus douces. S’étant blessé à la main droite, il n’était pas sensé jouer de la guitare mais il ne put s’en empêcher car il avait enfin reçu sa « Puce », splendide instrument fabriqué par le luthier de Québec, Pierre-Luc Asselin. Et qui dit nouvelle guitare dit également nouvelle chanson, ce qui plut manifestement à l’auditoire. Ce dernier, en grande forme, ne s’est pas fait prier pour chanter fortement en chœur tout le long de la soirée, surtout en deuxième partie et de battre le rythme correctement durant « Bonne journée », chose rarissime, ce que Brach ne manqua pas de souligner.
À seulement 25 ans, avec deux albums en poche, l’artiste impressionne par son immense talent avec ce spectacle. Je ne sais comment se sentaient les gens aux shows de Charlebois à ses débuts dans les années 60 mais pour moi, Philippe Brach est de cette trempe-là, dans l’anticonformisme, dans cette folie et liberté créative. Une belle bibitte rare dont nous serons toutefois en sevrage scénique, du moins à Québec, jusqu’au prochain disque.
Je ne sais pas où tu étais dimanche dernier Québec, mais L’Anti nous offrait une soirée où la pluie disparaissait lorsqu’on y entrait. L’Ontario a sorti son artillerie lourde avec la première visite des New Swears dans la ville, accompagnés des OBGMs: des quasi habitués de la place, qui étaient de retour pour la 3e fois en 9 mois.
L’Anti n’était évidemment pas très rempli, il était 20h et la merch des New Swears était déjà bien en place (N.B. ils ont les plus beaux chandails de la terre). Les gars étaient en caucus au fond de la salle avant de s’avancer pour prendre d’assaut la scène. J’avais pris le temps d’écouter quelque pièces avant cette soirée et je m’attendais à ne pas pouvoir me retenir de bouger. Ils enchainent les premières notes sans fioriture, en prenant soin d’allumer leur magnifique bannière et une énergie contagieuse est automatiquement ressentie. Mention spéciale à leurs instruments wireless qui ont permis à un de leur guitariste de courir derrière le bar, aller rejoindre le technicien à l’arrière, pour ensuite s’adonner à des formations pyramidales avec les autres membres du groupe ou encore, de jouer à saute-mouton pendant l’exécution de leurs pièces. Ils viennent tout juste de sortir un EP sur Dine Alone Records alors que leurs autres albums sont disponibles sur leur bandcamp. Allez y tendre l’oreille et soyez présent lors de leur prochaine visite, amour assuré.
Comme toute bonne chose a une fin, ils laissent ensuite la place au groupe de Toronto, The OBGMs (The oOohh Baby Gimme Mores). Fidèles à leurs habitudes, ils entraînent la « foule » dans leur délire tout le long de leur performance. Courir de long en large de l’Anti, avec les mains dans les airs est monnaie courante avec eux. Encore une fois, il est impossible de rester figée sur place et malgré le peu de gens présents, il fait chaud à l’Anti ! Ils terminent le tout dans un mushpit avec les gars des New Swears et les quelques spectateurs conquis; on ne pouvait demander mieux. Leur EP The Interchorus (2009) est disponible gratuitement sur leur bandcamp, profitez en pour y acheter leur plus récent album (qui date tout de même de 2014) en espérant que du nouveau s’en vienne !
Quant à toi Québec, je voulais t’informer que les salles de spectacles sont ouvertes les dimanche et L’Anti, par exemple, est conscient que la majorité des gens travaille le lundi. Ils font donc en sorte que ça ne finisse pas trop tard; j’ai pris ma dernière photo à 22h15. À 23h tu peux être dans ton lit à penser à la maudite belle soirée que tu viens de vivre et qui te donne plein d’énergie pour starter ta semaine en beauté. Je compte sur toi pour remplir le parterre de ces deux bands là la prochaine fois qu’ils viennent en ville, tu ne le regretteras pas.
Je te laisse avec quelques images puisque ça va te donner une bien meilleure idée de ce que tu as manqué, que quelques mots que j’ai essayé de mettre à la suite de l’autre pour faire beau.
La scène se passe dans un lieu sombre et surpeuplé.
La bass est trop forte et le plancher pue la bière cheap.
Simon Provencher est couché sur un fauteuil de cuir entre une gérante d’artistes blasée et un étudiant en sociologie qui parle trop fort.
Eh boy, je viens de me faire réveiller de ma petite sieste sur un des divans du Pantoum. J’étais bien entre les taches de bières et les vieilles effluves salées de grilled cheese. Comme quoi même si on a un beau système de DELs tout neuf on est pas foutu de laver ses meubles ici. Mais bon les diodes glitchent un peu, Lesbo Vrouven font du bruit, j’ai mal à la tête et il y a une tension sexuelle palpable entre moi et l’oreiller qui veut désespérément mon retour. Je décide de me rendormir un peu mais il y a trop de bruit et l’oreiller commence à être vraiment humide à cause de mes frenchs passionnés. D’ailleurs parlons en, embrasser avec la langue c’est un peu désagréable. Qu’est-ce que je suis supposé faire avec, brasser un peu dans ta bouche ou juste la déposer là? Arielle, je peux avoir ton opinion là dessus s’il-te-plaît?
« T’sais, Simon, c’est pas si important de frencher quand tu sais faire des bonnes crêpes le matin. »
Je me demande ce que Jacques en pense aussi. Parlant de sensualité, je me dois de remercier Claudia et Gab de m’avoir donné un séduisant pullover de tigre. Je me suis senti comme un nouveau riche extravagant pour toute la soirée c’était génial. Peut-être qu’avec ça je réussirai un jour à cruiser avec succès au Pantoum.. parce qu’à date c’est vraiment plus ridicule qu’autre chose. Aidez-moi s’il vous plaît je me sens vraiment seul.
Amicalement, Simon Provencher.
PS: Si quelqu’un(e) est intéressé(e) par un jeune musicien/chroniqueur culturel avec une hygiène moyenne et une forte tendance à l’autodestruction, contactez Tel-Jeunes au 1-800-263-2266.
Fade-out dramatique.
Fade-in devant la scène illuminée, on retrouve la seconde protagoniste, Arielle Galarneau qui shake de la tête avec le reste du publique déchaîné.
Monologue intérieur.
Ouais, le nouvel éclairage du Pantoum est bien, mais ça me rappelle dangereusement ma dernière crise d’épilepsie. Une chance qu’y’a une couple de gars cutes que je peux regarder discrètement pour me changer les idées.
Elle boit une gorgée de son Bordeaux à dix-sept dollar qu’elle a acheté au Bonichoix pour avoir l’air moins pauvre.
Ouais, le vin commence à fesser un peu, j’espère que je vais pas dégueuler sur le plancher comme la dernière fois.
Elle boit une autre gorgée avant de poser sa coupe sur le stage qui shake frénétiquement sous les sauts de puce de Sam Murdock.
Ouais, finalement le monde du Pantoum savent pas trop comment trasher comme du monde. J’vais leur montrer.
Le lendemain.
Ouais, j’ai un torticoli, j’ai mal à tête, j’ai perdu ma carte de bus pis le chat a pissé sur le tapis. C’était une belle soirée.
Merci à Émilie Tremblay pour la photo de cellulaire!
« Play Your Own Songs! » C’est ce qu’un spectateur – ou bien ignorant ou bien franchement déplacé – a gueulé à Plants & Animals alors que Warren Spicer ouvrait un rappel de façon fort appropriée en jouant Hey! Thats No Way To Say Goodbye de Leonard Cohen. Pour vrai? Tu es assez imbécile pour interrompre un tel moment? Si le groupe voulait faire un spectacle complet de reprises, ce ne serait encore pas de tes maudites affaires! Ce moment illustre assez bien le genre de soirée qu’on a passée au Cercle; un mélange de bonheur suprême d’entendre un groupe au sommet de sa forme et de honte d’être parmi des spectateurs aussi peu respectueux. Le Cercle a été plus que fidèle à sa réputation de salle où le niveau d’attention soutenu est facultatif. Dommage, car sur scène le groupe a défendu un des albums les plus sous-estimés de 2016, le magnifique Waltez In From the Rumbling.
Tout a débuté avec la puissante All of the Time offerte en ouverture et soutenue par la belle voix d’Adèle Trottier-Rivard. Que ce soit des chansons plus calmes comme Flowers ou l’ancienne À l’orée des bois, le groupe sait trouver un équilibre dans les textures et dans le rythme. Si le son « indie » du groupe a toujours fait parti de son identité, le retour à des formes plus progressives des nouvelles pièces est le bienvenue. Tout comme Faerie Dance, qui est toujours un moment fort, des pièces comme Stay et Je voulais te dire ont obtenu une réaction hautement favorable de la foule. Cette dernière, jouée en conclusion, deviendra sans doute un incontournable dans leur spectacle tant elle est efficace. Suffisait de voir les têtes hochées de satisfaction à l’avant pour comprendre… Une autre belle surprise fut l’ajout de Lola Who?, une des rares pièces jouées vendredi qui était absente du concert donné par le groupe au spectacle de la rentrée en septembre. Cette pièce représente la quintessence de ce que le groupe peut offrir et l’enlevante version présentée au Cercle vendredi n’a pas fait exception.
En première partie Ludovic Alarie a fait de son mieux pour réchauffer une salle bavarde. Sa musique délicate était semble-t-il difficile à entendre du milieu de la salle. Probablement qu’un spectacle dans une salle assise nous permettrait de mieux profiter du moment. C’est un guitariste extrêmement talentueux qui partage une parenté évidente avec Elliott Smith. Avec l’appui d’Adèle Trottier-Rivard à la voix (elle était partout, à notre plus grand bonheur!), ses chansons ont une meilleure répercussion. Seul sur scène avant Patrick Watson, sa voix manquait de mordant. Il a offert plusieurs nouveautés à paraitre sur un album l’hiver prochain. Nous en reparlerons assurément.
Ce fut donc une soirée mémorable, pas toujours pour les bonnes raisons. Public du Cercle, j’espère que vous retiendrez la leçon!
Le 17 septembre dernier, la formation de Québec Amor & Willie lançait son album « Western Spagatrash » devant un Cercle rempli à craquer même si juste à côté St-Roch expérience battait son plein. Ça vous donne une idée du pouvoir d’attraction du groupe.
Les gars mélangent joyeusement le rock, le western et les ambiances tarentinesques, ce qui donne une musique plutôt unique, qui bouge, qui brasse tout en étant aussi réconfortante qu’une bonne assiette de spag bien pimentée.
Si on vous en parle, c’est parce qu’on tient absolument à ce que vous ne manquiez pas leur passage à l’Apéro FEQ de ce mercredi, 17 h 30, au District Saint-Joseph. Ça devrait être une belle grosse heure de fun. En plus, l’entrée est gratuite.
Les Rock & Pabst, «une initiative lorettaine», animent depuis quelques années la vie étudiante du Cégep Sainte-Foy. C’est en général l’occasion de découvrir des groupes locaux ou émergeants dans une ambiance pour le moins festive. Jeudi dernier, les organisateurs faisaient un légère entorse à la règle en présentant un groupe déjà assez bien établi parmi la relève à Québec : VioleTT Pi.
Seul nom sur l’affiche, le groupe a attiré une bonne quantité de spectateurs, de sorte que le café Wazo était bien rempli. La soirée s’annonçait mouvementée et assez bien arrosée, à voir aussi l’achalandage au bar (qui vend maintenant autre chose que de la Pabst !) dès le début de la soirée. Les musiciens, dans leurs meilleurs accoutrements, ont pu commencer à jouer vers 20h45. On a d’autant plus pu apprécier leur musique que le réglage du son était réussi, ce qui faisait parfois défaut dans les Rock & Pabst précédents.
Comment décrire la musique de VioleTT Pi ? C’est vraiment un défi. C’est avant tout un punk-rock franco éclectique, avec un côté fête foraine déjantée. Les musiciens y mêlent parfois des mélodies à saveur électro, tandis que le chanteur à la voix pour le moins versatile fait tantôt des vocalises suraiguës, tantôt du rap ou du scream assez expérimental. Le tout, assez dissonant, déborde d’énergie en raison de l’intensité et de la précision des musiciens.
Le public des Rock & Pabst, qu’on connaît aussi pour son intensité, n’a pas mis trop longtemps avant de sauter partout, transformant le parterre presque en entier en moshpit festif. Plusieurs spectateurs connaissaient les paroles des chansons du groupe, les chantaient avec lui. On a eu autant droit à des pièces de Ev, leur plus ancien album, qu’aux nouvelles chansons de Manifeste contre la peur, paru à la fin d’avril.
VioleTT Pi n’est pas resté de glace devant l’admiration et l’intensité de ses spectateurs. À la fin du spectacle, alors que le public en demandait encore, les musiciens sont montés une deuxième fois sur scène pour jouer Petit singe robot, un classique de leur répertoire. Selon certaines sources informées, le groupe ne fait pas systématiquement des rappels. Il faut croire que si la foule du Rock & Pabst a été charmée par VioleTT Pi, elle a aussi quelque chose de charmant pour les groupes au son desquels elle vibre.
On peut dire que Les Trois Accords étaient attendus de pied ferme par un public bondé à l’Impérial pour cette supplémentaire de leur plus récente tournée soulignant la sortie de leur sixième album intitulé Joie d’être gai. Je m’attendais à ce que cette dernière offrande soit largement mise de l’avant lors de ce concert mais le groupe avait plutôt réservé à ses nombreux fans un récital varié, pigeant dans tout son répertoire où les chansons était enchaînées par ordre alphabétique.
C’est ainsi qu’une Bamboula rentre-dedans débuta en trombe le spectacle et que s’ensuivit Caméra Vidéo, Dans le coin et Dans mon corps. Quel départ canon!
Les excellents musiciens, dangereusement en forme, ont joué un concert très rock où il faisait abondamment chaud devant une foule en délire sur un plancher et sous un toit qui auraient pu céder à tout moment. Ça chantait fort, ça sautait partout et ça hurlait de joie, la totale! Une ambiance du tonnerre.
Beaucoup apprécié le segment plus country avec des pièces moins radiophoniques du groupe, Mas-tu dit et Montagne de fumier. Même Pièce de viande, chanson non prévue mais demandée par la foule fut improvisée en version acoustique.
Tous les succès du quatuor drummondvillois (22 chansons en tout) se sont alignés au grand plaisir du public conquis. Ce fut un spectacle explosif donné par un groupe au sommet de son art, rien de moins!
Gab Paquet
C’est un Gab Paquet heureux, tout en voix, de cuir et de paillettes qui a eu le bonheur d’ouvrir le show pour sa première présence à l’Impérial. Le chanteur de charme de Québec avait de nombreux admirateurs dans le public mais une grande majorité de spectateurs le découvrait pour la première fois. La réception fut des plus chaleureuses pour celui venu nous présenter les chansons de son dernier album Santa Barbara et sa bande de six comparses de scène : trois gars et trois filles. Vive la parité! C’est beaucoup plus qu’un hommage pastiche aux Pierre Huet et autres Evan Johannes qu’il nous offre, c’est solidement assumé et incarné, ça groove et ça nous met automatiquement un sourire dans le visage! Ce que nous avons grandement besoin de ce temps-ci.
Je suggère fortement au Festival d’été de recréer à nouveau la magie de ce doublé parfait sur scène au Parc de la Francophonie un beau soir de juillet…
Il y avait un monde fou au Pantoum vendredi dernier à l’occasion du lancement de Chocolat. Dès 20h30 c’était plein, et dès 21h le fun musical commençait. Compte-rendu d’une soirée où l’ambiance, comparable aux grilled-cheese Nutella servis pour l’occasion, était à la fois intense, insolite et délicieuse.
La Fête
La Fête était en charge de mettre l’ambiance avant l’arrivée de la tête d’affiche. Cocktail composé d’Antoine Provencher (Hoboïï, Vague Station, Les Avalés), de Samuel Gougoux (Nimbes, Pure Carrière, Victime), de Jean-Michel Letendre-Veilleux (Mom Jeans, BEAT SEXÜ, Anatole, Pure Carrière, etc… ) et de Simon Provencher (Nimbes, Victime, Medora), le groupe peut être perçu comme l’aboutissement des influences de ses différents membres.
Pendant que les deux grosses caisses de son crachaient leur musique psycho-planante aux rythmes complexes, les spectateurs écoutaient attentivement ou dansottaient. Le groupe a joué quelques pièces de son dernier maxi, paru en juillet dernier en version numérique sous l’égide de Pantoum records. On a aussi eu droit à une poignée de nouveautés. La Fête a su nous tenir en haleine pendant presque une heure avec ses chansons qui surprennent au détour de certains accords. Le costume flamboyant et les mimiques de Simon Provencher y étaient peut-être aussi pour quelque chose.
Entre les deux spectacles, la faune du Pantoum a eu un temps pour socialiser et se rafraîchir. Il y avait pour moi autant de visages connus que de visages nouveaux et l’ambiance était aussi festive que chocolatée.
Chocolat
Les membres de Chocolat sont arrivés sur scène vers 22h45, entourés du halo de leur renommée. Difficile à vraiment cerner, leur musique s’enroule autour du progressif, du rock psychédélique et d’un je ne sais quoi un peu déjanté qui fait leur charme. La voix de Jimmy Hunt ajoute une touche vaporeuse à des paroles décapantes ; synthés et saxophone colorient et enrichissent les chansons. Le tout est exécuté à merveille par des musiciens accomplis.
Bien qu’on ait appelé la soirée «Lancement de Chocolat», le programme du groupe s’est avéré être beaucoup plus riche qu’on pouvait le penser. Ils ont été généreux avec un public qui a su profiter de cette opportunité. On se rappellera que Jean-Étienne Collin Marcoux, dans une entrevue donnée précédemment, nous avait dit que le groupe avait été invité en partie pour faire un cadeau à leur clientèle et en partie parce que «la gang de Chocolat, ce sont des musiciens avec qui on travaille à d’autres moments dans l’année et qui avaient vraiment envie de faire ça ici parce que c’est un projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont envie de le faire avec des amis plutôt que dans une salle de spectacle lucrative».
Alternant donc entre nouveautés et anciennes pièces, le groupe nous faisait osciller entre découvertes et retrouvailles. Ça n’a pas pris beaucoup de temps avant que ce mélange explosif fasse lever la foule. Sautant, se bousculant amicalement, chantant, hochant de la tête, dansant, les spectateurs ne pouvaient faire autrement que de bouger face à l’intensité délivrée par le groupe et qui n’a pas tarie avant la fin du spectacle. Le plancher en tremblait. Seul hic, à travers les chansons déjà bien connues de leur dernier album Tss Tss, il a été plus difficile de distinguer les nouvelles pièces du groupe ainsi que leur évolution par rapport aux anciennes. C’est une découverte qu’on pourra tous faire en écoutant l’album !
Toujours est-il que la soirée dans son ensemble a été un succès. Vers la fin de la soirée, les spectateurs ont pu reconnaître Ah Ouin, le simple du nouvel album qui était sorti un peu avant le disque complet. Au final, Chocolat nous a laissé sur notre faim même après un rappel de deux chansons, et on aurait bien pris un autre set complet pour nous enivrer davantage.
«Chocolat c’est Pink Floyd qui a tourné à gauche au lieu d’à droite en 1971.»
– Hubert Michaud
Chronique n°3 par Simon Provencher [Extrait d’une vraie conversation]
«C’est comme ça que je cruise en fait» – Simon Provencher
Veux-tu savoir quelque chose de cool? Je joue dans un band. Ouais on est pas pire je pense. Nos influences principales c’est U2, Linkin Park et Steeven Reich. Ouais je sais c’est quand même vraiment expérimental mais ça marche bien ensemble. Je suis tanné de voir des bands qui osent pas, il faut savoir être provocateur avec la musique, tu sais. Le public à Québec comprend pas vraiment.
Ouais on a joué avec Chocolat, ils sont correct là j’ai quand même hâte de moins jouer avec des groupes locaux. Messemble qu’on est un peu trop bons pour ça. Je sais pas trop ce qui s’est passé par contre, notre technicien de scène a du faire quelque chose à ma guitare, je sonnais pas trop accordé. Et c’est dur faire un bon spectacle quand j’ai pas de fromages dans la loge. Il y avait pas vraiment de loge en fait. Le Pantoum c’est pas la meilleure place, ils sont pas vraiment professionnels.
Si tu veux on a une chambre d’hôtel. Les trois autres gars sont là mais ils sont habitués.
On a vu Louis-Jean Cormier souvent au cours des derniers mois. Pourtant, l’auteur-compositeur-interprète réussit toujours à offrir quelque chose de neuf à ses nombreux fans. En formation complète? Check. Avec un orchestre symphonique? Check. En formule big band? Check. Il ne restait plus qu’à le voir, seul, avec sa guitare.
On peut maintenant dire Check à ça aussi.
Je vous avoue que j’avais quelques réticences à propos de cette série de spectacles intitulée Les passages secrets (grandes artères, passages secrets, la pognes-tu?). C’est que, voyez-vous, on a toujours connu Louis-Jean comme un grand trippeux de musique et il semble si bien quand il est entouré de complices avec qui il peut jammer ou chanter en harmonie qu’on se demandait s’il n’allait pas se sentir un peu seul sur la grande scène de l’Impérial Bell.
C’était sans compter sur les centaines de fans trop heureux de payer pour avoir le privilège de faire partie de la Chorale à Louis-Jean.
Lorsque celui-ci est entré sur scène à 20 h 3 (ah, les vedettes, toujours en retard!), la foule a applaudi à tout rompre. Un peu plus, je n’aurais pas été surpris si le public s’était levé pour l’accueillir tel un dieu grec (après tout, il en a le profil…). Visiblement ému, Cormier s’est laissé transporter quelques instants par ce chaleureux accueil avant de se lancer sur L’ascenceur. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que la foule se joigne à Cormier pour chanter le refrain… Dis-moi où, dis-moi où c’est qu’on descend… Déjà la chair de poule. Pas facile de prendre des photos dans ce contexte!
Question de ne pas avoir l’air perdu sur la grande scène, Louis-Jean s’était entouré d’un dispositif d’éclairage sobre, mais efficace, qui était accompagné de jolies projections. Ainsi, difficile de quitter Cormier des yeux! Bien pensé.
Sur Si tu reviens, Cormier s’arrête un instant (un classique), question d’inviter le public à faire ce qu’il veut. Comme il le dit si bien, c’est un show libre. La foule, polie, chante avec lui en tapant des mains. Belle foule un brin sage, d’ailleurs, qui écoute lorsqu’elle ne chante pas. Ah, cher public, si tu pouvais toujours être aussi agréable! Les belles chansons se succèdent, Cormier se promène allègrement entre ses deux albums solo. Il n’a jamais aussi bien porté le nom de son compte Facebook (Louis-Jean solo). Entre les chansons, il badine avec l’humour qu’on lui connaît. Après une Saint-Michel où on avait l’impression qu’il était avec son band, il se lance dans Tout le monde en même temps, un joli moment de communion où il invite les gens à chanter avec lui. On est loin de se faire prier! Il s’arrête à quelques reprises parce qu’on se trompe un peu, lance quelques blagues (les oreilles de Mario Pelchat ont du siller!), tout le monde est heureux!
Après une vingtaine de minutes de pause bien méritées (tant pour Cormier que pour le public), on repart avec une deuxième partie forte en émotions. Nous avons notamment eu droit à deux beaux morceaux de Karkwa, soit Le pyromane et Le vrai bonheur (a-t-on besoin de rappeler que Les chemins de verre, d’où sont issus ces beaux morceaux, a permis au groupe montréalais de remporter le prix Polaris?), suivi d’une interprétation un brin bouleversante de Dance Me To the End of Love, de Leonard Cohen. Vibrant hommage à un monument de la chanson d’ici, hommage encore plus exceptionnel quand on sait à quel point il est rare que Cormier chante en anglais dans ses spectacles… Bien entendu, on a applaudi ce moment très spécial à tout rompre.
Tant qu’à être tout chamboulés, aussi bien continuer à nous émouvoir avec Le monstre. Oui, ça manquait un peu d’harmonies vocales, mais cette chanson demeure magnifique. Quiconque a déjà eu maille à partir avec ce monstre peut en témoigner.
Évidemment, après le « Merci, à bientôt » qui a suivi La fanfare, dernière chanson au programme officiel de la soirée, personne n’est allé chercher son manteau. Si les spectateurs se sont levés, c’était surtout pour ovationner Cormier, encore une fois touché droit au coeur, qui est aussitôt revenu sur scène pour un premier rappel. Il a invité deux jeunes femmes à monter sur scène. Coïncidence, les deux avaient le même prénom : Héloïse (avec un nom de famille composé… probablement des altermondialistes sans gluten, précise Cormier avec humour). Les deux se sont fait chanter une jolie sérénade, soit une reprise de… Martine Saint-Clair : L’amour est dans tes yeux!
Quand je suis parti au début du deuxième rappel, l’Impérial était encore bien plein. Il le serait resté très longtemps, je pense… Une grand-messe fort réussie, Louis-Jean. T’étais pas le seul à te dire « Hostie que j’ai du fun »!
Quelqu’un s’attendait à moins?
Tu reviendras. On va être fidèles au poste, prêts au combat. 🙂
Dans le décor du Satyre Cabaret spectacle, le contexte se portait à merveille pour l’opéra rock de Jardin Mécanique le 28 octobre dernier. Lors de leur visite, ils présentaient l’épisode deux de la Sinitre histoire du théâtre tintamarre. Invité à une représentation immersive, le public a eu droit à quelque chose de choquant, dégoûtant et révoltant. Ils relataient donc les faits macabres d’une histoire interrompue.
Pour ceux qui n’auraient jamais eu l’opportunité d’assister à un spectacle de Jardin Mécanique, il ne faut pas se priver d’une telle expérience. En plus d’avoir un visuel vraiment très intéressant, ils ont une présence et un jeu très convaincant. Trois hommes, Camélius, Edwidge et Augustache racontent une histoire sombre et satirique à travers plusieurs pièces musicales et quelques interventions théâtrales.
Lors de leur arrivée sur scène, on devine à leurs accoutrements que les trois personnages sont très distincts. Camélius poète scientifique, tente de ne pas passer du côté sombre, mais peu à peu il devient aussi fou que les autres. Edwidge me fait penser au Chapelier fou joué par Johnny Depp dans Alice au pays des merveilles, avec un côté imbu de lui-même en plus. Augustache quant à lui est probablement le personnage le plus déviant. Soif de pouvoir, sautes d’humeur, besoin de destruction, il est le parfait bourreau effrayant. La combinaison des trois hommes aux voix très différentes offre un éventail de possibilités qui est très bien exploitée. Les solos sont bien répartis, et le son de la batterie qui est placée au centre donne le ton macabre. J’ai apprécié les mélodies sombres et les coupures que l’on pouvait observer à chaque moment marquant de l’histoire.
Il est difficile de ne pas comparer leur univers avec celui de Tim Burton et des films comme L’étrange Noël de Monsieur Jack, Sweeney Todd ou même Alice au pays des merveilles. Je serais curieuse de voir le premier épisode de la Sinitre histoire du théâtre tintamarre, car elle fait office de présentation pour le trio que j’ai découvert à travers des pièces et un univers déjà établi.
Quand on pense au sujet des pièces de l’opéra, on comprend que le ton des chansons est ironique et qu’il critique un le monde dans lequel on vit de manière détournée. Nous n’avons certainement pas affaire à des amateurs, car Philippe Coulombe, Sylvain de Carufel et Francis Gagnon (tous Trifluviens d’origine) présentent quelque chose de travaillé, de bien monté, de visuellement superbe et de musicalement parfaitement efficace et pertinent avec le sujet. Je reverrais cet opéra rock n’importe quand pour remarquer encore des choses auxquels je n’avais pas nécessairement porté attention la première fois, trop impatiente de découvrir leur univers.