Samedi dernier, Duchess Saysa lancé, au Cercle, son troisième album Sciences Nouvelles, paru au mois d’octobre. La venue à Québec du groupe montréalais semblait être vivement attendue par plusieurs. Ils ont interprété surtout des chansons de ce nouvel album, ouvrant avec Inertia, mais enchaînant avec Tenen non neu, un « classique », qui déchaîna l’enthousiasme du public. Nous avons aussi pu entendre Negative Thoughts ou encore I Repeat Myself.
L’énergie d’Annie-Claude, ses grands yeux, l’intensité de son regard ainsi que son côté excentrique contrastent avec l’allure turquoise et sage de sa robe. Elle descend dans le public, se fait porter par lui, tout en chantant et termine le concert assise au milieu de la foule énergique qui dansait, sautait et faisait du body surfing toute la soirée. Les musiciens firent aussi monter sur scène les spectateurs qui voulaient bien se joindre à eux et on sentait une connexion entre eux et le public.
En première partie, nous avons entendu, et très fort, d’abord Enfants Sauvages, groupe punk de Québec qui annonça d’entrée de jeu leur refus d’obéir à la demande qui leur avait été faite d’être « sages ». Ils jouèrent avec beaucoup d’énergie malgré le fait que le public, qui ne les connaissait pas, se montrait un peu froid. Ce dernier finit tout de même par s’animer au cours de la performance.
Ils furent suivis d’Avec le Soleil Sortant de sa Bouche, groupe montréalais qui était aussi une nouvelle découverte pour plusieurs d’entre nous. Ils ont été appréciés et ont continué à créer une ambiance énergique en faisant bouger le public.
L’UQTR a été complètement surprise par Lakes of Canada jeudi le 3 novembre. Plusieurs curieux s’étaient présentés pour assister au spectacle gratuit dans le cadre des Soirées Cachées CFOU, concept où le nom de l’artiste est uniquement révélé le matin même.
Le spectacle a commencé plutôt doucement, avec une pièce en version « acoustique » pour poursuivre avec un autre qui « fesse dans le dash », ainsi décrite par Sarah Morasse (clavier, orgue et voix). C’est là que j’ai vu les têtes dans le public se retourner les unes vers les autres qui semblaient se dire « ok, wow, je ne m’attendais pas à ça ». C’est l’effet que le groupe a eu sur le public toute la soirée et c’est cet effet que ça m’a fait la première fois que je les ai vus au Festival de Musique Émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME).
Ils nous ont surpris tant en chantant en duo sur une mélodie plus douce et romantique qu’en jouant rapidement et fort, accompagnés de tambours et de la voix de Jake Smith qui semble n’avoir aucune limite.
La pièce Transgressions, pièce titre de leur album a été joué deux fois (oui oui!), une fois comme sur l’album original et une fois en version « acoustique ». Sarah a aussi raconté que leur passage sur la scène de l’Agora des arts au FME a été magnifique et qu’ils ont pleuré lorsqu’ils ont vu la vidéo récapitulative de l’événement avec, justement, la chanson Transgression qui est utilisée comme musique de fond de la vidéo.
Ce groupe a été parmi mes deux coups de coeur du FME et le spectacle que j’ai vu à la Chasse-Galerie confirme encore plus que c’est un groupe à suivre de près dans les prochains mois et années.
En plus d’avoir eu droit à deux nouvelles pièces, le public a pu chanter avec eux dans la salle lors des deux dernières chansons du spectacle. Le groupe est descendu chanter a capella en formant un cercle avec les gens du public.
C’est en ce beau vendredi 14 octobre que je me suis rendue au Café-Bar Zénob en croyant entendre seulement le groupe Mon Doux Saigneur, que j’ai eu la chance de découvrir lors des Francouvertes 2016, mais ils avaient invité Olivier Bélisle pour assurer leur première partie. C’est toujours un plaisir d’assister à des spectacles à cet endroit, car on y fait souvent des découvertes et il y a des invités qui arrivent à la dernière minute, ce que j’apprécie.
Voix très rauque, look rappelant Les colocs et Bernard Adamus, une guitare acoustique seulement pour s’accompagner, on se croyait presque autour d’un feu en sa compagnie. J’ai été charmée par la sensibilité qu’Olivier Bélisle laissait deviner à travers ses chansons, malgré les teintes d’humour dans ses textes et dans sa façon de se présenter. C’est avec une aisance combinée à une certaine timidité qu’Olivier a fait découvrir ses belles pièces folks à l’ensemble des personnes présentes au Zénob.
Mon Doux Saigneur a foulé les planches du Zénob par la suite. En premier lieu, ce groupe, c’était un pseudonyme pour Emerik St-Cyr lorsqu’il a commencé, mais le projet se concrétisant, il a conservé le pseudonyme pour le groupe auquel s’est greffé David Marchand, Elliot Durocher et Étienne Dupré.
Le quatuor possède un beau son folk qui groove beaucoup et on apprécie les moments ou David Marchand joue du lapsteel. Les textes d’Émerik sont souvent porteurs des moments difficiles qu’il a vécus, mais la manière de les livrer ne le laisse pas nécessairement transparaître. La musique a des fibres folks et indie beaucoup, mais quand Emerik chante, il a tellement de swag qu’on dirait pratiquement qu’il est en train de rapper ses chansons. C’est ce mélange que je trouve particulièrement intéressant et que j’aime découvrir à chaque fois. Semblerait-il que ses textes ne sont pas toujours tout à fait identiques à chaque représentation, et que l’auteur-compositeur-interprète y aille de quelques improvisations. Néanmoins, on sent que la musique est pour Emerik un exutoire des expériences de vie passées. Avec un nom de groupe comme Mon Doux Saigneur, on ne peut pas non plus s’attendre à du joyeux, avec ce que ça peut évoquer.
En plus de sa participation aux Francouvertes, concours vitrine qui lui a permis de participer à plusieurs festivals importants durant l’été, Mon Doux Saigneur soit Emerik St-Cyr en solo a participé aux auditions à l’aveugle de La Voix. Il n’a pas été retenu par aucun des quatre coachs, mais il a « brassé la cabane » et n’est certainement pas passé inaperçu. Il est tout de même ressorti des Francouvertes avec une 2e place et plusieurs prix intéressants qui lui ont permis d’avoir des heures de studio et d’enregistrement pour du nouveau matériel.
Mon Doux Saigneur possède un EP de cinq chansons qui se nomme Mondouxsaigneur#1 datant d’avril 2015 ainsi qu’un simple « Le courant » sorti en juin 2016. L’ensemble de son œuvre rassemble des chansons aux paroles sensibles, actuelles et qui nous font plonger dans l’univers lent et quelque peu mélancolique d’Emerik St-Cyr et son groupe.
Voici les photos qu’a prit Jacques Boivin lors du Festival d’été de Québec le 8 Juillet dernier.
Coco Méliès, c’est un duo indie folk qui a sorti sur la scène culturelle pour la première fois en 2011 avec le EP The walking birds et en se promenant au Canada, en France et au États-Unis pendant deux ans avant de sortir Lighthouse en 2014.
Pour les avoir vus en 2014 en première partie d’Elliot Maginot dans le cadre d’une Soirée Caché CFOU qui avait lieu à la Galerie d’art de l’UQTR, j’étais enchanté à l’idée de les revoir dans ma vile avec un « full band ».
Je dois vous dire, parce que c’est aussi ça mon travail avec écoutedonc.ca, que je n’ai jamais vu une salle aussi vide de toute ma vie de spectatrice ! Nous étions quatre, incluant mon photographe, mon conjoint et moi… Imaginez la gêne et le stress tant pour les artistes que pour nous. Comment un si bon groupe n’a pu attirer personne d’autres que nous? Plusieurs réponses ont été lancées en hypothèse, mais jamais nous ne le saurons et c’est peut-être mieux ainsi.
Cela étant dit, laissez-moi vous dire que ça n’a pas découragé le duo et leurs musiciens puisqu’ils ont laissé tomber les amplis, les micros et la batterie pour se regrouper en plein milieu de la scène en avant avec un seul micro pour capter tout le spectacle. Il n’y a pas d’autres choses à dire que « c’était magique ». Ce spectacle, c’était mon spectacle, mes demandes spéciales, mes chansons. J’ai eu l’impression, l’instant d’un spectacle, que les quatre artistes et les quatre personnes du public ont fusionnés pour vivre un moment unique.
Ce moment unique, on l’a vécu à travers des chansons remplies d’émotions telles que Ficherman, Lighthouse, How long can we stay, The café et Paper planes, leur nouveau « single ».
Ils nous on aussi fait The girls in the beat dont une vidéo a été enregistrée au Divan orange avec Jahsepta, mais cette fois-ci, c’était David Méliès qui rappait devant nous.
Francesca nous explique le fondement de la chanson Yellowbird qu’elle a écrite pour son père. Il avait 61 ans à sa naissance, il a fait la guerre et lorsqu’il est décédé, un oiseau jaune a suivi sa mère sur le chemin. Elle et sa mère ont toujours dit que cet oiseau c’était son père.
Tout au long du spectacle, Francesca Como chante un peu plus souvent que David, avec sa voix de diva américaine majestueuse. Les fois où David se met à chanter, sa pogne au ventre. Sa voix est aussi imposante que sa grandeur. J’ai rarement vu un duo aussi complémentaire dans tous les aspects et c’est ce qui fait, selon moi, l’harmonie parfaite dans leur musique.
Safia Nolin est une artiste que nous suivons de près à Écoutedonc.ca, vous pouvez même le constater par les nombreuses critiques de spectacles qui ont été écrites auparavant sur le blogue. Évidemment, on ne pouvait s’empêcher encore une fois d’aller voir son spectacle, surtout qu’il s’agissait du deuxième spectacle depuis qu’elle a remporté le Félix « Révélation de l’année » au gala de l’ADISQ 2016. C’est donc dans une salle comble que Safia Nolin s’est produite jeudi dernier au Cercle, dans sa ville natale.
En montant sur scène, Safia a été accueillie avec une grosse dose d’amour. Elle était étonnée elle-même d’entendre tous ces cris et applaudissements. Fidèle à son humour sarcastique, elle a dit : « C’est intense ! […] je n’ai jamais vu autant de monde à mes shows ». Le fameux dicton : « Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en » prend ici tout son sens. Avec la controverse concernant son niveau de langage et son habillement, son album s’est même retrouvé en tête du palmarès d’iTunes Canada. 😀
Son spectacle a débuté avec sa populaire chanson La laideur. Elle a enchaîné avec plusieurs autres succès de son unique album Limoilou (Ce matin, Technicolor, Valser à l’envers, etc.) Tout au long du spectacle, on pouvait y entendre la foule chanter en choeur. Un grand respect pour Safia régnait dans la salle de la part des spectateurs, ce soir-là.
Elle a ensuite interprété sa chanson Les excuses de façon acoustique. Elle a d’ailleurs demandé à la foule de fermer sa gueule pour que tout le monde puisse l’entendre. Cette dernière me pogne carrément dans les tripes, et je n’étais pas la seule puisque l’on pouvait entendre quelques reniflements de pleurs.
Elle a aussi interprété deux covers, juste parce qu’elle aime ça, Safia, les covers. On a pu entendre Ayoye, d’Offenbach et évidemment une chanson de Céline Dion (D’amour ou d’amitié), son idole, qu’elle a d’ailleurs pu rencontrer au gala de L’ADISQ. Elle a raconté quelques anecdotes : elle a trouvé ça weird que Céline lui dise : « Tu portes mon chandail sur ton coeur, et moi je porte une robe en coeur. », « Céline, elle est sur la puff » a-t-elle ajouté. Elle a aussi spécifié qu’elle lui avait dit deux fois qu’elle l’aimait.
Parlant du gala de l’ADISQ, elle n’est pas revenue sur ladite controverse en question. Elle a plutôt spécifié que Gerry Boulet, elle l’aime en criss.
N’aimant pas les rappels, Safia a dit à la foule qu’elle n’en ferait tout simplement pas, qu’on avait seulement à s’imaginer qu’il se passait à ce moment X là. Elle a terminé son spectacle sur les airs de Noël partout, pour se mettre un peu dans l’ambiance des fêtes : « Noël partout, sauf chez nous ».
Depuis quelques années, on peut remarquer évidemment remarquer une meilleure aisance sur scène qu’à ses débuts. Quoi qu’il en soit, les spectacles de Safia Nolin demeureront en quelque sorte toujours intimes. La chanteuse est près de son public.
Merci d’être toi, Safia !
Première partie : Beyries
L’auteure-compositrice-interprète montréalaise Beyries s’est chargée d’assurer la première partie de la soirée avec brio. Accompagnée de sa choriste et percussionniste, elle a interprété plusieurs des chansons de son tout récent EP. On a d’ailleurs pu entendre J’aurai 100 ans, chanson en collaboration avec Maxime Laflaguais et Louis-Jean Cormier. Cette dernière a même été sacrée découverte du mois de novembre par plusieurs stations de radio francophones. Beyries a aussi joué Soldier, pièce qui lui a permis d’être remarquée. Je suis complètement tombée sous le charme de sa douce voix. Tout comme Safia Nolin, elle a su me toucher droit au coeur. De plus, elle avait une excellente maîtrise de ses instruments, que ce soit avec sa guitare ou avec son piano. J’ai d’ailleurs particulièrement aimé qu’elle interprète autant des chansons acoustiques avec sa guitare qu’avec son piano. Beyries est une artiste qui gagne certainement à être connue. Bonsound, sa maison de disque, sera amplement la mener au sommet, tout comme elle l’a fait avec Safia Nolin.
C’est jeudi soir dernier que Pilou nous a conviés au bar l’Anti pour une leçon de folk-rock exemplaire. Le jeune routier musical nous y a présenté des compositions bien ficelées et surtout, bien senties.
Le nom de Peter Henry Phillips ne te dit rien ? C’est normal, pendant plusieurs années, il a travaillé dans l’ombre, prêtant sa voix aux beats de DJ Champion et s’exécutant sur une base régulière pour l’émission Belle et Bum.
Son premier album, The Origin, est sorti au printemps 2016 et se révèle être un savant mélange entre Arcade Fire et Patrick Watson.
En première partie, Gilles, le jeune groupe originaire de Québec, a mis la table avec un rock francophone assumé et sans complexes. Pour les avoir vus en spectacle il y a quelques années, le groupe a pris beaucoup d’assurance et travaille fort pour se tailler une place sérieuse dans l’univers parfois inégal du rock francophone au Québec.
C’est avec le fameux gros masque d’œil au visage et son vieux t-shirt (anciennement appartenant à son guitariste) Yoko Ono sur le dos que Philippe est embarqué sur scène, en poussant des cris aigus comme sur le début du dernier albumPortrait de famine.
« Merci pour la soirée !» a-t-il lancé après une seule chanson. Phillippe enchaîne en nous expliquant qu’il a toujours aimé les shows des années 1950 où ils mettaient le générique au début. C’était un beau clin d’oeil à cela, mais c’était surtout déstabilisant et je dirais même que ça a donné le ton à une ambiance disjoncté, éclectique et intense tout au long du spectacle.
Devant la salle remplie du Satyre Cabaret-spectacle, Philippe s’est amusé à faire des galipettes sur scène avec des bas troués. D’ailleurs, au retour de l’entracte, il nous est revenu avec des beaux bas blancs sans trous offerts par une personne du public !
Philippe Brach, c’est un artiste généreux parce qu’en plus de jouer plusieurs chansons de son albumPortrait de famine,il a aussi chanté une chanson qu’il n’avait pas fait encore sur cette tournée, soitDowntownde l’albumLa foire et l’ordre. Philippe Brach, c’est aussi un gars très drôle. Dans la chansonLe matin des raisons, entre les phrases«J’aimerais ça me dire que c’tait beau, que c’tait con, qu’on s’en criss » et « mais ch’tellement bien entre des ceux cuisses », il a trouvé le temps de prendre une énorme gorgé de bière, qui, j’avoue, m’a quasiment stressé de peur qu’il s’étouffe.
Tout en nous rappelant que 93% de son répertoire parle de choses joyeuses, ironiquement vous l’aurez compris, il nous lance « ça fait que cette chanson parle de sodomie »!
J’ai compris que le public attendait trois pièces ce soir-là:Alice,Dans ma têteetBonne journée. La pièceAlicea été chantée en chorale, tout le monde ensemble et c’était magique. Il en a été tout autrement pourBonne journéequi, malgré la volonté du public, le rythme n’était pas leur fort, car les claquements de doigts n’étaient vraiment pas sur le tempo. C’était un merveilleux moment tout de même.
Ça n’a pas pris beaucoup d’effort pour faire lever la foule: un petit shooter avant le dernier rappel, un « yeah Tihar…SirPat » et tous les gens se sont levés pour danser comme dans un gros spectacle rock surD’amour, de booze, de pot pis de topes.Laissez-moi vous dire que ça finit bien un spectacle. Et parce que les gens en redemandaient encore, il a terminé avec la chansonBlack Swande Thom Yorke, qui est en parfaite harmonie avec l’univers du spectacle depuis le début.
On n’a jamais su pourquoi Philippe avait un bandage à la main, mais on a clairement compris pourquoi la salle était pleine ce soir-là : ce gars est un génie des mots et un interprète d’une folie et d’une intensité inimaginable !
J’avais hâte de renouer avec July Talk, véritables bêtes de scène, dans une salle plus intimiste, ayant découvert la formation par pur hasard lors d’une fin de soirée FEQ au Cercle en 2014. Découverte coup de cœur, faut-il mentionner.
Il va sans dire que leur dernière présence en ville lors de la plus récente édition du même festival sur les Plaines en ouverture des très attendus et courus Red Hot Chili Peppers a permis à July Talk de se faire connaitre et d’agrandir son public, expliquant certainement le spectacle complet de mardi soir au temple Bell.
D’entrée de jeu, la foule a acclamé bruyamment le groupe de Toronto qui semblait déjà en feu, les chanteurs Peter Dreimanis, déchainé, et Leah Fay en tête. Fort bien soutenus musicalement par les autres membres du quintette, les deux protagonistes principaux s’amusent follement ensemble et se la jouent en symbiose totale et en mouvement continu, empruntant souvent au théâtre et à la danse contemporaine dans leur prestation rock.
Venu présenter son nouvel album «Touch» sorti le 9 septembre au public québécois, ce dernier, chauffé à bloc et des plus énergiques et sympathiques vu depuis longtemps à l’Impérial, en redemande. July Talk, très généreux, ne se fait pas prier pour embraser encore plus le parterre survolté. C’est sans compter sur Leah Fay, tout en souplesse et des plus sensuelles, qui s’est offert un bain de foule s’improvisant funambule sur le muret central séparant les paliers de la salle avant d’entamer « Push + Pull» qui enflamma littéralement l’enceinte et distribuant même plus tard des gorgées de Jameson aux spectateurs en liesse.
Décidément, le Feu a pris sur St-Joseph un mardi soir pluvieux grâce à la flamboyante performance de July Talk, dont le retour à Québec, au dire du groupe, ne saurait tarder.
Kingswood
En première partie, le groupe d’Australie Kingswood avait la tâche de réchauffer la salle déjà compacte de l’Impérial, ce qui fut chose faite malgré le rock convenu aux sonorités des années 80 du quatuor. Néanmoins, la foule enthousiaste a semblé apprécier la musique des Australiens.
Le soir de l’halloween, les mélomanes s’étaient donné rendez-vous à l’Anti pour une soirée pas mal spéciale. Organisée autour de la fête de Joey Proteau, la célébration réunissait deux bands de Québec. Modern Primitive, band où on retrouvait Joey avant qu’il consacre son temps et sa créativité à son projet plus intimiste Ego Death,était disparu de la carte depuis belle lurette. Lorsqu’ils ont envoyé l’invitation à Hopital, ces derniers n’ont pas trop eu le choix d’accepter de participer à cette soirée unique pour les mélomanes nostalgiques.
C’est sans tambour ni trompette que le duo Hopital, formé d’Adam Bergeron à la guitare et Mathieu Labrecque à la batterie (ex-Pechblende), a balancé les premières notes du concert, après avoir tout simplement souhaité joyeux halloween à l’assistance, commençant sur les chapeaux de roue. Adam s’était déguisé pour l’occasion en Joey, avec de belles chaussures, des jeans aux bas roulés, un t-shirt blanc, des cheveux longs et un bonnet noir. Les compos qu’on pourrait qualifier de math-grunge-progressive (?) sont entièrement instrumentales, énergiques et bourrées de changements frénétiques et de rythmiques syncopés. Malgré les revirements abrupts du rythme, la guitare et la batterie restent scotchés l’un à l’autre et arpentent frénétiquement les dédales du rock. L’environnement sonore est plutôt dépouillé, quelques effets superposés qui varient à quelques occasions mais restent souvent tous enfoncés pour laisser au jeu de guitare le soin de changer les sonorités, alors que le rythme de la batterie, lui, change presque constamment, tout en procurant un effet de répétition agréablement hypnotisant. Le tout est à la fois sportif et enjoué, unique et fascinant, mais le set s’est interrompu un peu trop abruptement. Bon on leur pardonne, c’est lundi, il se fait déjà tard et il reste le clou du spectacle, le comeback de Modern Primitive, qui s’installait déjà sur scène rapidement après les dernières notes pour garder la dynamique de la soirée le plus intact possible pendant l’entracte. Hopital ça a rocké pas mal en tous cas, qu’on prenne ce gif pour preuve.
Le retour sur scène de la formation que je qualifierais assez librement de dream grunge – le groupe préfère slacker rock – était quelque chose que je ne voulais pas manquer, car je me souvenais que le groupe avait de belles qualités qui lui avaient procuré un certain succès à l’époque avant qu’ils ne se disjoignent. Le guitariste-chanteur Joey Proteau a probablement eu envie de revivre des vieux souvenirs et convié ses partenaires d’antan à la rejoindre sur scène l’instant d’une soirée, ou plus, qui sait. Parmi ces partenaires, on retrouve JD Lajoie à la guitare (LOS), Charles Allard-Poulin à la batterie et Simon Blanchet à la basse, et ils semblaient bien contents de retrouver ce répertoire délaissé depuis quelques années l’instant d’un concert malgré tout sans prétention, après seulement deux pratiques pour rafraîchir la mémoire des musiciens. La chimie opère encore, des beats pas mal intéressants se succèdent et des guitares fuzzées viennent s’y empiler. La soirée m’a rappelé le band avait quand même quelques sacrés hits pendant sa courte existance, quand un de ceux-là se fait entendre, «Frequencies», qu’on retrouvait sur le split 7″ avec Drogue, une autre formation bien aimée de Québec disparue depuis et qui partageait son batteur avec Modern Primitive. Soudainement j’ai hâte d’entendre «Divorce» et «Halloween Curse», la pièce qui a peut-être donné en partie l’idée d’un concert à l’halloween, en plus bien sûr de l’anniversaire qui tombait à point encore cette année.
Lorsque je quittais, ils entamaient apparemment un hommage à Weezer et n’avaient pas encore joué «Divorce», ma préférée. Je ne sais pas s’ils l’ont fait pendant le concert ou après mon départ, mais bon, malgré quelques petits bémols, la soirée a été fort agréable. Le retour sur scène de Modern Primitive, groupe surtout actif en 2012mais qui a eu un beau succès momentané allant jusqu’à jouer à SXSW, aurait facilement pu attirer plus qu’une cinquantaine de personnes si il ne s’était pas déroulé un lundi soir, en même temps que l’halloween. Espérons que le groupe tente le coup à nouveau un jour.
C’est dans le sous-sol du Cercle pas mal bondé qu’a eu lieu le concert de Jerrycan, Lucil et Pannetone le vendredi 28 octobre 2016 à Québec. En arrivant sur le lieu, mon premier contact fut avec les musiciens de Lucil qui d’entrée de jeu, furent très sympathiques et accueillants par rapport à mon nouveau statut de chroniqueur de ecoutedonc.ca. J’ai pris la peine de leur expliquer que dans ce milieu, ça n’allait vraiment pas au talent et que j’avais une préférence pour le rhum ambré sur glace. C’est à ce moment que je me suis dit que je pourrais écrire des chroniques comme certains journalistes culturels, que je ne nommerai pas, qui parlent d’eux-mêmes en train de rencontrer des artistes au lieu de parler du travail des artistes. Cette idée a pris le bord dès que les musiciens de Pannetone sont venus me saluer et que j’ai aperçu Jerrycan. Le ton était donné. L’ambiance était déjà chaude. La soirée s’annonçait à l’image de la scène indépendante où les groupes se partagent tout le boulot dont gérer eux-mêmes la porte.
Jerrycan
Quelques minutes avant l’entrée sur scène, Christophe Balleys, alias Jerrycan, semblait nerveux même s’il le dissimulait bien derrière son enthousiasme. Son visage m’était familier. Je ne me souviens plus si je l’avais aperçu pour la première fois lors d’observation d’astres et d’étoiles au télescope ou sur la scène de la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Cette réponse fut très claire lorsqu’il est monté sur scène vêtue de son habit d’astronaute antigravitationnel. Il a ouvert la soirée magnifiquement en chanson très posée et authentique. C’est après quelques minutes que le « Chou-bi-dou-wa » a pris place. Cet artiste a une faculté inouïe à installer une mélodie avec son chant, sa guitare et sa machine à boucles. Assez, qu’après un certain temps, on n’a plus besoin de son pour l’avoir bien ancrée en tête. C’est ce qu’on appelle un vers d’oreille. C’est là que le « pampa » prend forme dans une espèce de danse tribale intergalactique. Installé entre la poésie et le délire excentrique, Jerrycan sait créer une ambiance. Il a installé le ton magnifiquement pour la soirée.
Lucil
Dès les premières notes de Lucil, on comprend bien que nos deux pieds sont bel et bien revenus sur terre. Bien assis avec un son bien fort, les musiciens Ulysse Ruel (voix, harmonica), Martin Boudreault (guitare), Olivier Laflamme (basse) et Alexis Hernandez-Funes (batterie) se sont présentés sur scène. Force est d’admettre que cette formule scénique impose nécessairement une attention d’écoute particulière et une curiosité. Leur musique oscille entre les entrailles du blues profond et le traditionnel purement québécois. On y entend des similitudes avec les Colocs sur une trame plutôt dans les ambiances de The Doors. C’est sale. C’est planant. Les riffs répétitifs et la maîtrise parfaite d’Ulysse sur son harmonica et ses effets impressionnent. Le groupe a fait paraître deux EP en 2015. Si « Le jour, c’est la bouteille qui comble mon ennui » (chanson M’en aller), l’autre soir, c’est à du blues mature et équilibré qu’on a eu droit.
Pannetone
En début de concert, Pannetone chante « J’taime pi j’t’haïs ». Ça y était. Le ton était donné. C’est avec une voix bien rauque et bien rock que Patrick Panneton s’est présenté sur scène avec ses musiciens Philippe Levesque « Rusty » (batterie et voix), Jasmin Tremblay (basse) et Shampouing (guitare et voix). On y entendait par moment la voix de Tom Waits accompagné par System of a Down ou Red Hot Chili Peppers. Ils ont bien tenu le fort pendant le concert avec une grande sincérité. Leur biographie parle d’un rock sans filtre avec des textes crus, sans vulgarité, nous racontant la vie d’un point vu original. C’est ce à quoi on a eu droit. « Le beat est bon, le gaz au fond » ça donnait le goût d’aimer « les vieux chars » bien que Rusty nous rappelait entre deux chansons que « la planète, il faut y faire attention, bin oui, bin oui ». C’est après le concert et je ne sais plus combien de rhum ambré sur glace que les musiciens m’ont dit « C’est pas du rock francophone, c’est du rock Québec, Ville de Québec ». Pour ma part, je pense qu’ils ont l’envergure pour sortir de la Capitale-Nationale. Ils sont présentement en train d’enregistrer un album avec Benoit Villeneuve (Shampouing), récipiendaire du Félix pour la prise de son et le mixage en 2015 pour l’album Panorama de Tire le coyote. C’est à surveiller. Entre temps, ils seront au party du Bunker D’Auteuil le 17 décembre au Bal du Lézard à Québec.