Désolé si vous ne regardez pas Twin Peaks, mais je me dois de dire que le Cercle avait presque des allures de Roadhouse hier soir : 2 groupes à la musique tranquille, le rideau derrière la scène était éclairé en rouge, la salle était pleine à craquer de monde venu entendre et se perdre dans la vibe, ou alors, j’assume, discuter autour d’un verre d’eau minérale non pétillante à 3 dollars 50 pendant les 2 performances. Il ne manquait plus qu’un annonceur vêtu d’un costard-cravate et on avait notre mise en scène façon David Lynch.
Au début, il y avait Toddler : 3 garçons de Montréal, une batterie, une guitare acoustique, 2 bonnets, une moustache et 4 claviers. Le tempo est lent, les sons s’emmêlent, les claviers s’échangent entre les musiciens après un morceau, la performance dure pas loin de 45 minutes, c’est doux et ça démarre bien.
Et puis, Men I Trust a débarqué vêtus de pulls, marinière et t-shirt du Mont Saint-Michel, on allait voir la mer. Des chansons comme Break for Lovers ou You Deserve This me maintenaient dans cet espace à la Twin Peaks avec ce mélange de calme et nostalgie qui agrippe aisément les cœurs. D’autres morceaux comme Lauren ou Tailwhip (leur meilleur à mon avis) viennent faire bouger les corps avec ces sons plus groovy, se rapprochant plus de la French Touch. À noter, le morceau Your Name provenant de Bernache (l’autre projet de la chanteuse Emmanuelle) a été joué pour la première fois en live – et ca sortait tellement bien, tandis que Thirsty de Geoffroy a conclu (en rappel) la dernière performance du groupe chez eux pour cette année. Ils démarreront une tournée aux États-Unis l’année prochaine. On leur dit bon vent !
Vous savez, le mois de novembre n’est facile pour personne. C’est d’ailleurs dans le réconfort de mes joggings que je me présentai au spectacle de vendredi dernier au Pantoum, après une semaine de dur labeur. Fort heureusement, les groupes invités ont contribué, chacun à leur manière, à mettre de la couleur dans ce novembre noir et blanc. Compte-rendu d’un spectacle bouillon de poulet pour l’âme.
Dundee
C’est en intensité qu’a commencé notre soirée musicale. Les musiciens du groupe Dundee ont réveillé nos tripes avec leur mélange équilibré de funk uptempo et de Hip-Hop saveur oldschool. Le résultat avait la caractéristique intéressante d’être à la fois laidback et rythmé.
Avec des titres comme Le groove du 819 ou encore Le funk qui cogne, Dundee nous a fait opiner de la tête et oublier peu à peu nos tracas. Leurs compositions originales, principalement en français, étaient ponctuées de moments où, tour à tour, les musiciens pouvaient se mettre en valeur. Le chanteur pouvait tantôt mitrailler ses rimes ou bien chanter de sa voix élastique, tandis que le guitariste se gâtait des soli aux sonorités jazz. Le bassiste et le batteur ont aussi pu, en de plus rares occasions, afficher leurs couleurs pour notre plus grand plaisir.
Accompagnée par ses bélugas batteur et bassiste, Fria Moeras a fait une entrée en toute simplicité et avec humour (moi, les jokes de béluga/bélufille, je trouve ça drôle). Ceux qui n’ont pas été convaincus par ses blagues l’auront du moins été par sa musique : un folk rock qui explore doucement les dissonances. Que ce soit en rockant avec intensité ou en chantant sa mélancolie en solo, elle a progressivement conquis (et fait taire, Dieu merci) les spectateurs les plus rébarbatifs.
Assez complètes sur le plan des influences musicales – pigeant autant dans le reggae que dans la valse – les compositions de l’artiste de Québec se démarquaient par l’attrait de leurs mélodies aux couleurs énigmatiques.
Comme à son habitude, le Pantoum a fait dans l’inhabituel : si on a commencé la soirée avec un groupe particulièrement dansant, on s’est progressivement rendus jusqu’à la vibe beaucoup plus planante et reposante de Lumière. Tout en étant très enjouée, la musique du groupe Montréalais comportait quelque chose d’essentiellement contemplatif. Résultat : le public pantoumien, toujours prêt à se prêter au jeu, s’est assis bien confortablement au sol pour apprécier le moment.
Et il en fallait de l’attention pour capter toutes les subtilités colorées des 7 musiciens, la plupart multi-instrumentistes. Clavier, guitare, banjo, xylophone, violon, violoncelle, clarinette, triangle, égoïne, flûte traversière venaient se poser sur les textes poétiques d’Étienne Côté (Nicolet, Canailles, Diptyque) avec la sensibilité d’un jardin de fleurs. Il n’y a pas à dire, Lumière, c’est un nom parfait pour un groupe qui explore ainsi toutes les finesses du spectre sonore.
Or, s’il savait faire dans la douceur, le groupe a néanmoins montré à quelques reprises qu’il parvenait aussi à maîtriser le groove voluptueux inspiré des hippies de Woodstock. Bref, les musiciens ont donné un spectacle captivant – leur premier à Québec avec Lumière – et on espère que ce sera le premier d’une longue série.
Timber Timbre était déjà de retour à Québec après un passage au Cercle l’automne dernier, mais cette fois pour nous présenter son nouvel album Sincerely, Future Pollution. Le groupe habitué au Cercle ou au théâtre du Petit-Champlain allait-il faire courir une foule deux fois plus imposante? La réponse est oui et le mystère d’une popularité exponentielle soudaine a encore frappé, l’ambiance étant fort agréable pour cette audacieuse Nuit FEQ.C’est la pièce titre qui a ouvert cette performance sans artifice qui laisse une place prépondérante à la musique. Rapidement les nouvelles pièces comme Velvet Glove & Spit ou Moment ont prouvé la tangente beaucoup plus sensuelle qu’a prise la musique de Timber Timbre. Que dire de l’incroyable Hot Dreams sur laquelle Christophe Lamarche-Ledoux, de la formation Organ Mood, est venu ajouter l’indispensable solo de saxophone! Plus tard, l’ancienne Magic Arrow a été présentée dans un habillage beaucoup plus rock que folk, une efficace évolution ajoutant même une couche inquiétante de claviers à cette chanson issue du disque éponyme du groupe sorti dix ans plus tôt. Un autre moment fort de la soirée fut assurément l’enchainement des nouvelles pièces Grifting et Bleu nuit (avec en prime une autre présence de Lamarche au saxophone).
Si initialement le projet semblait être un truc plutôt solitaire, Kirk a bâti au fil des albums un solide groupe autour de lui et du guitariste Simon Trottier. Maintenant, autant le batteur Mark Wheaton que Trottier ou le claviériste Mathieu Charbonneau (ces deux derniers étant aussi musiciens de tournée pour Avec Pas d’Casque) supportent ce projet qui est résolument une affaire de gang. Au rappel, on a eu droit à la première pièce francophone du groupe: Les égouts. Tout ça s’est terminé fabuleusement bien avec les pièces revampées I Get Low et Trouble Comes Knocking, point d’orgue a une performance inspirante et exécutée à merveille. Comparativement à la performance timide, mais agréable du dimanche midi au Festif! sur le quai de Baie-Saint-Paul, Timber Timbre a livré un magistral concert dans une configuration qui sied beaucoup mieux à sa musique sombre.
En ouverture de soirée Gaspard Eden a présenté avec de nombreux musiciens son rock puisant souvent dans des inspirations grunge devant une foule attentive, mais discrète. Si musicalement la performance était impeccable, les rares interactions avec la foule étaient parfois maladroites. Ensuite c’est le duo Organ Mood qui est venu présenter sa performance peu orthodoxe au milieu de la foule. Il y avait ces projections acétates sur un immense écran qui couvrait l’entièreté de la scène, puis cette musique surtout instrumentale et très cinématographique qui a envoûté la foule rassemblée à l’Impérial. J’en aurais pris plus tant leur musique est efficace et envoutante.
Ma soirée du 10 novembre dernier commençait tranquillement alors que je me rendais au Moulin Michel à Bécancour. Mais ce que j’ai vécu ce soir-là n’avait rien d’ordinaire. Thomas Hellman est un personnage, un musicien et un artiste hors du commun.
Thomas Hellman est un porteur d’histoire et de culture. Il raconte la vie de personnages historiques et s’inspire des moments importants de ceux qui sont passé avant nous pour nous divertir (et nous instruire).
Né d’un père américain et d’un mère française, il a un accent unique qui nous transporte dans un monde parallèle. Il nous fait passer du rêve au cauchemar tout au long de la soirée.
Le spectacle se déroule sans qu’il n’adresse la parole directement au public. Toutefois, il a beaucoup à nous dire entre chaque pièce, où il explique dans ses mots les histoires qui ont façonné la société d’aujourd’hui, surtout au niveau des États-Unis.
On ressent parfois la rage intérieure qu’il a face à conquête de certains territoires ou face aux traitement des humains envers les autres. C’est dans ces moments-là que le côté plus sombre et théâtral ressort.
Il a aussi repris quelques pièces d’un répertoire métissé de ses origines comme la chanson Ce n’est qu’un au revoir (Till we meet again, en anglais) ou comme une pièce qui lui rappelle sa grand-mère.
Bien que sa prestation soit très gestuelle et agrémentée de mimiques faciales, on ressent toute la profondeur et l’intensité à travers chacun de ses mots, à travers chacune des syllabes.
C’était vraiment déstabilisant comme soirée, mais dans le bon sens. C’est un spectacle à voir, et pas seulement pour la belle binette de Thomas Hellman !
C’est dans le cadre des Apéros FEQ que le quatuor de Québec Medora a fait son avant-dernier spectacle avant de se séparer. Le dernier aura lieu le 29 novembre prochain au sous-sol du Cercle.
Avec ses deux EP et l’album Ï à son actif, le groupe a offert aux spectateurs présents un mélange de leur matériel. Notons les pièces Nature et Sillage et, bien entendu, Tsunami, provenant de Ï. Les guitares mélodieuses ont enveloppés le District St-Joseph, tandis que la batterie ponctuait le tout.
Au travers de ses pièces, le quatuor a proposé une reprise de la chanson Talent, d’Avec Pas d’Casque, plus rock que l’original, que j’ai trouvé particulièrement réussie.
Medora a joué chanson après chanson. Ils ont réussi à captiver leur public en étant hautement énergiques et charismatiques. C’est dommage qu’ils se séparent, car il existe une véritable symbiose et chimie entre les membres.
De la visite rare nous attendait au Grand Théâtre en ce frisquet vendredi soir. Il était même surprenant de constater que la salle Louis-Fréchette n’était pas pleine pour le retour en ces terres d’un artiste du calibre de Daniel Lanois. Chose certaine, nous n’allions pas bouder notre plaisir d’y être et comme le dit si bien l’adage, les absents ont toujours tort.
Dès le premières notes, on sent qu’on va assister à du beau et à du grand. Daniel Lanois débute seul sur son instrument et déjà, la magie s’installe. Rejoint par ses acolytes à la batterie et à la basse, un retour vers le passé, plus précisément en 1989, s’impose avec les classiques du premier album ‘Acadie’ soit les ‘Jolie Louise’, ‘Under a Stormy sky’ et ‘O Marie’. La table est mise et joliment, grâce entre autre au service d’un remarquable violoniste du Nouveau-Brunswick. Le trio de musiciens excellera tout la soirée, que ce soit dans les harmonies vocales, les chansons en formule ‘jam’ plus pesantes que dans les pièces jazz expérimental/techno du récent disque de Lanois.
Par ailleurs, le mélange des genres n’a pas semblé plaire à tous les fans réunis dans la salle. En effet, il était parfois déconcertant de suivre l’action sur scène (on se questionne toujours du rôle joué par l’homme dansant derrière Lanois aux consoles). L’ajout d’une caméra vidéo en direct permettait d’apprécier de plus près sur écran géant le travail des musiciens et leur grande cohésion mais l’ajout d’extraits de films aux effets stroboscopes pouvait être agressant pour l’oeil.
Somme toute, ce fut un spectacle d’une grande beauté et profondeur, apaisant et réconfortant d’un côté et dynamisant de l’autre, mené d’une main de maître par un Daniel Lanois au sommet de son art. Un artiste de coeur, entier, grandement touché et influencé par les injustices subies par ses amis autochtones dont on sent la présence constante et qui a définitivement compris le pouvoir de la musique.
C’est le cœur léger que je me suis rendue jeudi passé au Complexe Félix-Leclerc de La Tuque, pour y voir Antoine Corriveau et Matt Holubowski.
Je dois dire que je ne connaissais Antoine Corriveau que de nom jusqu’à maintenant et que ça a été une belle découverte musicale pour moi! Dans une ambiance feutrée, intime, l’artiste a rapidement captivé l’assistance avec sa simplicité, sa poésie et ses textes, authentiques, souvent sombres. Il me rappelle Desjardins, que j’aime beaucoup.
Il faut dire que la configuration de la salle (formule cabaret) se prête particulièrement bien à ce type de spectacle. Le public est près de la scène, donnant ainsi la chance à l’artiste de mieux interagir avec lui. Antoine Corriveau y va d’ailleurs de commentaires et d’anecdotes entre les chansons de ses albums Les ombres longues et Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter.
Je ne crois pas me tromper toutefois en disant que plusieurs personnes dans la salle ont semblé surprises, déstabilisées par l’univers d’Antoine. Évidemment, l’ambiance de Matt Holubowski qui est entré ensuite en scène était bien différente. En effet, celui-ci dégageait une belle énergie malgré son pied dans le plâtre.
Le jeune artiste a donné une prestation à son image: charismatique, pleine de moments magiques, de souvenirs de voyages qu’il nous raconte à travers les chansons de son deuxième album, Solitudes. Le violoncelle nous berce et accompagne magnifiquement la voix singulière de Matt, qui s’est entouré une fois de plus de musiciens de talent.
Le courant passe et le spectacle semble trop court. On dirait qu’il a fait ça toute sa vie. On se croirait devant un vieux routier et pourtant, malgré sa maturité musicale, il se dit encore souvent surpris de constater où il est rendu aujourd’hui et le chemin qu’il a parcouru ces dernières années.
C’est avec un plaisir évident que les spectateurs l’écoutent interpréter Exhale/Inhale qui, tout comme son deuxième album, connaît une belle popularité et récolte de bonnes critiques du public et du milieu musical québécois depuis son lancement l’an dernier.
Pour ma part, j’étais déjà conquise. J’ai adoré son premier opus, Ogen, Old Man, et j’avais encore en tête le spectacle que Matt avait donné au FEQ cet été. Je me suis donc replongée avec plaisir dans cette atmosphère enveloppante et réconfortante ce soir-là.
C’est le sourire sur les lèvres que je suis repartie chez moi, la tête remplie de mélodies douces et de l’ambiance onirique qui flottait encore dans l’air. Merci Matt et Antoine.
C’est dans une ambiance pour le moins intime que Laura Sauvage est venue présenter les chansons de son excellent nouvel album The Beautiful (ainsi que ses autres tounes) le 5 novembre dernier au Cercle. Accompagnée de ses trois musiciens (Nicolas Beaudoin à la guitare, Dany Placard à la basse et Jonathan Bigras à la batterie), la jeune Acadienne a commencé sa prestation « en douceur » avec Rubberskin, un extrait de son premier album Extraordinormal. Pendant l’heure qui a suivi, les mélodies de Laura, les riffs de Beaudoin, le groove de Placard et la batterie (très énergique) de Bigras n’ont eu aucun mal à faire hocher les têtes des quelques dizaines de spectateurs présents.
Laura et sa bande avaient visiblement du plaisir sur scène, s’échangeant des sourires et des regards complices tout au long de cette prestation rock aux sonorités un brin vintage. Un plaisir contagieux grâce à une exécution sobre, mais fort sympathique qui mettait en valeur le talent d’auteure-compositrice-interprète de la jeune femme et le jeu du groupe. On s’est promené d’un album à l’autre (en passant par le EP), sans nous balancer toutes les nouvelles d’une claque, un choix judicieux!
En première partie, Mauves, qu’on a déjà vu à quelques reprises, a déjà été un peu moins sage. Faut dire qu’Alexandre (et Cédric) Martel avait eu un samedi fort occupé la veille avec son autre projet (Anatole, pour ne pas le nommer). C’est pas grave, les chansons, elles, demeurent bonnes, surtout celles de Coco (paru il y a déjà un an!).
Après avoir entendu Albatros et Charrue faire trembler les murs du Pantoum, notre épopée punk-rock-stoner-métal ne pouvait que se poursuivre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Après tout, tant qu’à se péter les tympans, on ne le fera pas à moitié (ou pas du tout, s’amener des bouchons c’est bien). C’est ainsi que, le 10 novembre dernier, nous avons vu mourir la nuit et naître le jour avec Evil Can Evil, Woodwolf et East Wood.
Evil Can Evil
Il serait plus juste de parler du 11 novembre 2017, puisque la musique s’est mise à résonner peu de temps avant minuit. Ça nous a donné la chance d’attraper les dernières pièces de Evil Can Evil en arrivant. Composé de quatre musiciens, le groupe stoner rock de Québec se démarquait par son groove. Insérant par-ci par-là des riffs bien blues, les musiciens nous ont donné de quoi nous secouer les cheveux. Sans réinventer la roue, leur set mettait bien la table pour cette fin de soirée.
Woodwolf
Woodwolf a pris le relais. À seulement deux musiciens sur scène (guitare et batterie), ils avaient la tâche aride d’entretenir un public déjà pas mal avancé à une heure aussi pas mal avancée. Ils ont donné tout ce qu’ils avaient, pour le plaisir des quelques enthousiastes massés à l’avant. Le duo a présenté un gros rock aux accents un peu plus psychédélique. Leur univers scénique et musical avait quelque chose d’intéressant avec ses thématiques du désert et de l’orient.
East Wood
Arrivés directement de Trifluvie, ce sont finalement les trois gars d’East Wood qui ont fermé le bal. Revêtant leurs longs chapeaux et ponchos, les musiciens ont présenté d’abord leurs nouvelles pièces – plus stoner rock – pour terminer avec leurs plus anciennes compositions. Ce condensé musical de l’évolution du groupe donnait bien le ton quant à la direction nouvelle du groupe, qui semble construire un projet travaillé. Cela risque d’être bien intéressant à suivre.
Pour sortir au Pantoum en ce 10 novembre hivernal, j’ai non seulement revêtu ma tuque, mais aussi mon passé de tripeuse de Vans Warped Tour et de métal. Compte-rendu musical des tréfonds torturés de l’âme d’Albatros (Québec) et de Charrue (Trois-Rivières).
Albatros
Albatros nous a d’abord garoché son set dans la face. Pas beaucoup de sursis avec leur punk rock énergique et saccadé. Des rythmes changeants, mais presque toujours en accéléré, soutenaient les cris pressants du chanteur. On avait droit au traditionnel trio batterie-guitare-basse, auxquels trois cuivres venaient ajouter des notes mélodiques ou joyeuses. Six musiciens gonflés à bloc (et en chemise, de surcroit) qui se sont donnés autant aux instruments qu’en discutant avec le public comme si on était dans leur salon – rien de plus casual.
Charrue
Charrue a ensuite installé son ambiance, sensiblement différente de la première. Avec la moitié moins d’effectifs (retour au trio traditionnel avec un extra clavier manié par le percussionniste), le groupe a fait planer son langoureux mal-être musical. Beaucoup plus mélodique que le groupe précédent – et cela tient sûrement beaucoup du fait que la voix agile du chanteur était étonnamment puissante et claire à la fois – Charrue jouait avec la lenteur, combinant la brillance des aiguës et le vrombissement des graves. Du bon rock stoner qui sort assez des standards établis pour capter l’intérêt. Ils ont joué l’intégrale de leur tout nouvel album, composé de pièces entremêlant l’anglais et le français pour nous rappeler nos pires break-ups et autres tourments.