Par Arielle Galarneau
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SPECTACLE : Les Hôtesses d’Hilaire (+ Godendard et Raton Lover), L’ANTI Bar et Spectacles, 10 avril 2016
On commence à prendre goût à ces sorties dominicales… si elles ne sont pas des plus payantes pour les promoteurs, elles sont néanmoins agréables pour les mélomanes qui peuvent voir leurs artistes préférés de près, sans étouffer au milieu d’un tas de monde chaudaille qui renverse sa bière un peu partout. Ça tombe bien, on a ici trois groupes qui aiment bien faire bouger le parterre.
(Bref?) Retour sur une soirée où le rock aura été servi à toutes les sauces!
Godendard
Formation de Québec qui compte parmi ses rangs Nackawic Babin (guitare), ainsi que Julien Dallaire-Charest (voix), Mathieu Gariépy (basse) et Maxime Gauthier (batterie), Godendard joue du rock aux accents parfois punks, parfois lourdauds. Pendant près d’une demi-heure, nous avons joyeusement hoché la tête pendant que Dallaire-Charest nous abreuvait de ses paroles qu’il beuglait (quand même fort bien) autant qu’il chantait. Babin, lui, enfilait les solos, au grand plaisir des rockeurs présents. +10 pour les chemises de bûcheron. +25 pour la chaleur dans la salle après leur prestation enjouée.
Raton Lover
Nos amis ratons étaient terrés depuis quelques semaines, question de préparer l’enregistrement de leur deuxième album (avec Dany Placard, imaginez-vous donc!) qui sera lancé à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. Ce qui veut dire que le groupe avait du nouveau matériel à nous proposer. Et ajout de taille pour l’occasion : Pascal Denis a joint les autres membres du groupe à la batterie (ce qui libérait Frédérick Desroches, qui a pu se concentrer sur le piano). La différence n’a pas tardé à se faire entendre.
Le groupe de Québec n’a pas perdu de temps à mettre les spectateurs dans sa petite poche d’en arrière, sous l’oeil bienveillant de Bruno Savard, mascotte-raton officielle. Ce qui fait le succès de Raton Lover, c’est ce rock and roll mélodieux avec un petit accent du Sud qui mise sur l’excellence de ses musiciens, qui jouent constamment avec passion et dans le plus pur bonheur. Chacun a son petit 30 secondes de gloire, certes, mais c’est ensemble qu’ils sont à leur meilleur. Le nouveau matériel entendu, qui mise sur l’évolution plutôt que la révolution, est prêt. On les attend de pied ferme au Festival d’été de Québec!
Les Hôtesses d’Hilaire
C’est vêtu d’une robe blanche et orangée que Serge Brideau est monté sur la scène de L’Anti après une longue (et excellente) pièce instrumentale de son groupe. La table était mise : ce soir, place à la musique, place au psychédélique interprété par Mico Roy (guitares), Michel Vienneau (basse), Léandre Bourgeois (claviers) et Maxence Cormier (batterie). L’arrivée du grand barbu ajoute une touche de folie à un univers déjà assez coloré, merci.
Bien entendu, la prestation était axée sur les pièces du plus récent album, l’excellent Touche-moi pas là. Faut dire qu’avec l’enlevante Machine à bière, on était gonflés à bloc. Les spectateurs se sont approchés, la fête est lancée, la prochaine heure (et plus) nous permet d’apprécier l’excellent jeu de Bourgeois (maître de l’ébène et de l’ivoire), les manigances sur les manches de Vienneau et Roy, le métronome de Cormier et les paroles pas toujours si folles que ça de Brideau. On se regarde, qu’on se connaisse ou pas, on se sourit. Brideau, qui ne cesse de nous rappeler du bon vieux temps où c’qu’on s’parlait, devait rire dans sa barbe. Cette façon de nous donner un show unique, une fiesta psychotronique, tout en nous faisant sentir plus unis que jamais!
Maintenant, on essaie de s’imaginer les Hôtesses sur le circuit des festivals cet été. Que vont penser les touristes à Place d’Youville au FEQ? Brideau portera-t-il sa belle soutane au Festif? Est-ce que l’apocalypse aura lieu au Brise-Bise (Gaspé)? Ces questions sont TOUTES pertinentes. On a envie d’assister à toute la gang. Pour le trip. Pour LES trips.
Nous aimerions remercier Josée Painchaud, qui a gentiment accepté de remplacer notre photographe à pied levé.
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[SPECTACLE] Duo camaro au Zénob
Le 19 mars dernier, le Café-Bar Zénob était rempli d’habitués de la place qui se sont laissé porter par les mots d’Alexandre Dostie, qui fait de l’improvisation poétique sur les notes de guitare aussi improvisées de Pierre Brouillette Hamelin. Parfois décrit comme étant un beau duo de gars bizarre par certains, moi je trouve leur courage à se lancer dans le vide à chaque spectacle complètement noble et inspirant. Vous devinerez que ce n’est pas la première fois que je voyais le Duo camaro performer, mais ce qui est fascinant avec eux c’est qu’aucune pièce n’est refaite plus d’une fois puisque c’est de l’improvisation.
Duo camaro, c’est poétique, c’est gras, c’est lourd, c’es cru, c’est mystérieux, c’est vulgaire, c’est drôle, c’est harmonieux… et c’est tout ça en même temps.
Bref, ce soir-là, bien que j’ai manqué la première partie, Headache24, j’ai eu la chance de voir un duo qui fait tranquillement et honnêtement sa place en Mauricie et, surtout, qui le fait sans prétention d’être autre chose ce qu’ils sont: des amis qui aiment se lancer dans le vide en jouant avec les mots et les notes de guitare !
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[SPECTACLE] Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant présentent Complicité volontaire, Le Cercle, 7 avril 2016
Jeudi soir dernier, je suis allé au Cercle pour voir un fort joli concert présenté par un sympathique couple de comédiens-auteurs-compositeurs-interprètes bien connus du public, soit Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant. Si, à quelques reprises pendant ce spectacle nommé bien justement Complicité volontaire, j’avais l’impression d’avoir devant moi Saratoga, qui a remporté un très franc succès l’année dernière dans une formule similaire,il faut admettre qu’il y a de belles différences entre les deux couples. Surtout, qui sommes-nous pour empêcher deux coeurs d’aimer?
L’essentiel est dans l’exécution du spectacle, qui se veut un joli voyage dans un univers qui mélange compositions récentes et vieilles trouvailles enrobées d’un country-folk ma foi fort efficace. Les compositions du duo font mouche, taillées qu’elles sont sur mesure pour les registres fort différents de nos deux complices. Bel exemple ici sur Au 2ème rang :
[bandcamp width=50% height=42 track=3191291534 size=small bgcol=ffffff linkcol=e99708]
À ces chansons se sont ajoutées d’agréables reprises dont des chansons d’Angèle Arsenault et de Jean Lapointe (non, les jeunes, il n’a pas été que sénateur), qui ont eu l’heur de dérider la foule – qui était plus âgée que d’ordinaire, ainsi que la magnifique berceuse Partons, la mer est belle.
Ce fut une fort belle soirée. Si la tournée passe près de chez vous, on vous invite à y jeter un petit coup d’oeil.
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[SPECTACLE] Coco Méliès au Magasin Général Le Brun + entrevue
Je me rendais pour la première fois au Magasin Général Lebrun où la superbe salle de spectacle baptisée L’Grenier accueillait le groupe Coco Mélies le 5 Mars dernier. J’ai eu l’opportunité de discuter avec Francesca Como et David Méliès à la suite de leur test de sons, qui annonçait un spectacle intime et unplugged. «On est fou comme ça! C’est l’fun, parce que tout paraît, rien n’est caché. Mais c’est ça qu’on aime, le côté vulnérable ». En effet, ils ont avec eux seulement leurs guitares acoustiques et un micro sur pied qui captent leurs deux voix. Ce type de spectacle était tout à fait adapté à la salle dans laquelle ils se trouvaient. « On a bien hâte à ce soir, c’est le genre de place que tu entres et que tu le sais que tu es bien ».
Avant de commencer le spectacle, le propriétaire, Richard Vienneau, a demandé au public s’il connaissait Coco Méliès. Très peu de mains se sont levées, ce que le groupe a accueilli comme une bonne nouvelle. « Peu importe ce qu’on va jouer c’est nouveau pour vous » disait Francesca. C’est à ce moment que la magie du groupe a commencé à opérer. La foule, très attentive et silencieuse, avait hâte de découvrir chacune des pièces de Coco Méliès. Ils enchaînaient avec assurance les chansons, malgré le fait qu’ils n’avaient aucun « setlist ». Ce qui est impressionnant, c’est de voir l’écoute qu’il y a entre eux. Ils se parlent avec les yeux lorsqu’ils chantent et ont une chimie incroyable.
Après une courte pause, ils sont revenus encore plus en feu qu’en première partie. Il régnait dans la salle une complicité avec le public, qui rendait la soirée exceptionnelle. Ça donnait l’impression d’une première rencontre où on a le sentiment d’avoir connu la personne depuis toujours. À quelques reprises, ils ont dit des choses tels que : « Habituellement, on est sérieux », probablement pour signifier la singularité de cette soirée.
Depuis la sortie de leur album Lighthouse, réalisé par Robbie Kuster (Patrick Watson) et sorti en 2014, ils accumulent les spectacles un peu partout au Québec. Voguant entre le folk, l’indie et le pop, le style de Coco Méliès est avant tout un mélange des voix de Francesca et David et de leur passion pour la musique. Ils ne s’identifient pas à un style précis. L’été dernier, ils ont sortis l’excellente Paper Plane qui ne se retrouve sur aucun album, un mélange d’où ils étaient et où ils s’en vont, disait David. « C’est plus pop, plus sucré comme chanson. La musique est plus joyeuse, mais le texte ne l’est pas du tout. On s’est fait plaisir, mais ça ne pourrait pas se retrouver sur l’un de nos albums ». C’est notamment leur piste la plus écoutée sur Itunes.
En décembre, ils ont été faire une série de spectacles en France « En 18 jours nous avons fait 16 spectacles. C’était intense. On y retourne en mai pour 1 mois et demi aussi intense », racontaient-ils. En plus de la visite en Europe, le groupe est présentement en écriture pour un nouvel album. Ils voient grand encore une fois et y vont de collaborations audacieuses, mais ils n’ont pas voulu m’en dire plus. « On est pas gêné de dire qu’on est ambitieux, mais on est lucide. On travaille et on ne brûle pas les étapes. Au final, on vise le plus de monde possible ».
En terminant, je leur ai demandé s’il y avait des artistes avec qui ils aimeraient collaborer pour divers projets. « Daniel Bélanger, ça certain que ça serait l’fun. Ça pourrait aussi être génial avec Matt Holubowski (qui sera au Magasin Général le 15 et 16 avril prochain) avec qui on a joué dernièrement et qui est devenu un ami. Prochainement, Coco Méliès sera à Chicoutimi, Montréal et à la Chasse-Galerie Lavaltrie avant de s’envoler pour la France. C’est certainement un spectacle à ne pas manquer.
Crédit photo : Adrien Le Toux
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[SPECTACLE] Une soirée disco avec Dumas à Shawinigan
C’est dans la magnifique salle de la Maison de la culture Francis-Brisson que l’artiste Dumas s’est produit le 19 mars dernier devant très peu de sièges libres.
Dans une ambiance bleutée et sombre, il a commencé son spectacle avec la chanson La nuit, de son plus récent album. Amenant doucement le public vers une ambiance disco et enflammée, il s’est adressé à eux sans micro, ce qui a immédiatement créé une proximité entre lui et les gens dans la salle.
Dès sa deuxième chanson, il nous offre une ambiance de fête avec ses deux immenses boules disco blanches et il nous fait tout de suite sentir comme dans un stade olympique: « Si on calcul la population de Shawinigan et le nombre de personnes sur place ce soir, on est comme au Stade Olympique de Shawinigan. Donnez-moi une ambiance de Stade Olympique », enchaîne-t-il juste avant de continuer avec Vaudou.
Tout au long du spectacle, Dumas nous montre un côté humoristique de sa personne, ce qui est parfois étonnant puisque ses chansons ont souvent un côté sombre. D’ailleurs, il nous a fait rire en disant « Quelle bonne idée de venir en couple voir l’artiste qui a le plus de chansons de ruptures » . Il enchaîne ensuite avec la chanson Compte à rebours, en épatant la galerie avec des lancés de confettis sur des temps précis qui semblent calculés. C’est vrai qu’à ce moment-là, on se sentait « dans une ambiance de Stade olympique ».
« C’est une journée parfaite, une soirée parfaite, la salle est magnifique et vous êtes là ». Comment ne pas être sous le charme avec ces beaux mots? C’est donc avec facilité et bonheur qu’il fait chanter le public sur le refrain de Une journée parfaite.
En plus de le voir revêtir son fameux veston avec des motifs léopard, on a eu droit à quelques succès des autres albums tels que J’erre, Alors alors, Je ne sais pas, Le bonheur et un magnifique « slow » sur Linoléum. On a même eu la chance de le voir finir le spectacle debout sur une chaise (juste à côté de moi).
J’ai constaté, ce soir-là, que Dumas est un artiste et une personne généreuse, sympathique, drôle, unique et charismatique à voir absolument en spectacle !
Spectacles à venir:
2 juillet – Village en chanson de Petite-Vallée
12 juillet – Festival d’été de Québec
23 juillet – Le Festif de Baie-Saint-Paul
Voici les photos d’Izabelle Dallaire :
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[SPECTACLE] Soirée jazz au Cercle avec Misc et Nouvelle R
C’est à une magnifique soirée mettant le jeune jazz à l’honneur qu’Arté Boréal et le Cercle avaient convié les mélomanes de Québec. La formation qui avait la part belle de cette offre musicale vient tout juste de changer de nom, mais poursuit la trajectoire amorcée en tant que Trio Jérôme Beaulieu, désormais sous l’appellation modernisée MISC. Un autre trio avait la tâche d’ouvrir les festivités, Nouvelle R, en provenance de Québec, alors que Misc est basé à Montréal.
Comptant dans ses rangs Olivier Bussières à la batterie, Carl Mayotte à la basse et Sylvain St-Onge à la guitare, un musicien qu’on retrouve aussi au sein de la formation 5 for Trio de Québec, la formation Nouvelle R a donné une prestation tellement solide qu’elle donnait des allures de plateau double à la soirée, les deux groupes rivalisant en qualité tout en ayant des styles bien distincts. Leur jazz assez rock qui tire parfois vers le prog est très bien ficelé, l’interprétation est impeccable et dans la tradition jazz, on laisse des moments pour briller à chacun des musiciens et ils l’utilisent à bon escient. «Et puis il s’éteint » est la pièce servie en ouverture et on comprend que les six musiciens réunis ce soir veulent un peu revirer la patente de bord, en commençant leur show par des pièces dont les titres, tout comme «La fin» qui ouvrait le show de Misc, sont peu usités pour un début de concert. Le batteur adopte un jeu ludique et rugissant pouvant rappeler Brian Blade par moments, pour l’équilibre subtil qui est maintenu entre la sobriété et la flamboyance. En parlant d’éclat, c’est «Le butin du forban» qui enchaînait, une espèce de pièce aux sonorités folkloriques un peu gentilhomme-pirate, mais en version renouvelée avec walking de basse hypergroovy et solos de guitare. Leur son, inspiré un peu du prog et du jazz fusion peut-être, flirt avec le cheesy mais sans l’échapper, toujours pour créer un ludisme et un dynamisme dont les compositions font bon usage, en plus de leur procurer une esthétique recherchée. Les musiciens sont tous polyvalents et impressionnants chacun leur tour, le batteur pour ses techniques et les beats spéciaux qui en résultent, le guitariste pour ses solos complexes, soutenus et sentis et le bassiste pour sa versatilité, lui qui passe avec aisance du frénétique au délicat. C’est d’ailleurs lui qui a présenté, avec des allures de stand-up comique mais probablement surtout à cause de son enthousiasme, la pièce «Calembour équestre» qui a enchaîné, ramenant le côté jazz fusion à l’avant plan et misant encore sur la virtuosité des interprètes.
Si toute la première partie de la performance était instrumentale, le groupe a pu compter sur l’apport de la chanteuse Marie-Claire Linteau pour la seconde partie, et bien qu’il se débrouillait très bien seul, cette dernière avait le talent nécessaire pour justifier sa présence. Sur une pièce intitulée «Sans dieu ni maître» en esperanto, elle maîtrisait le scat comme Ella et se lançait souvent à la poursuite des instruments pour en chanter toutes les notes pendant des segments, ou encore, déballer des notes de son cru qui venaient complexifier la mélodie présentée et compléter efficacement l’ensemble. Le guitariste adoptait parfois un jeu rappellant celui de Marc Ribot, surtout dans ses collaborations avec John Zorn, avant de passer brièvement à un style résolument plus rock, en bon héros de la guitare, comme Steve Vaï et compagnie. C’est une composition de Chick Corea qui a servi d’au revoir pour le groupe, qui se devait de présenter une pièce avec des paroles tant qu’à avoir fait appel à une chanteuse pour agrémenter sa panoplie sonore. Cette première partie fort généreuse a bien mis la table pour la suite des choses, alors qu’on allait voir un autre trio offrant une cure de jouvence au jazz, Misc.
Après une entracte assez courte, apparut le batteur William Côté, que j’ai d’abord connu dans l’excellente et défunte formation JMC Project, suivi par Philipp Leduc pour la contrebasse et de Jérôme Beaulieu pour le piano. Comme le guitare-basse-batterie, le trio contrebasse-piano-batterie est assez classique dans le jazz, mais cette instrumentation apporte des possibilités lyriques vraiment plus développées et Misc en tirent profit abondamment. Alliant des sonorités typiques du jazz scandinave et une approche plus près de celle des américains The Bad Plus, ils oscillent entre des compositions et des adaptations d’artistes connus d’ici et d’ailleurs, des indie rockeurs Blonde Redhead («Messenger») au chanteur électro James Blake («Overgrown») en passant par un des auteur-compositeur-interprètes chouchou des québécois, Daniel Bélanger («Respirer dans l’eau»). Les pièces de l’album homonyme ont défilé, toute la Face A du vinyle à venir en fait, avant qu’un retour en arrière ne se glisse dans le set, avec le titre «La chûte», qui fût l’occasion d’un magnifique solo de contrebasse. Faisant appel à l’archet pour la pièce suivante, le contrebassiste voyait le batteur lui offrir la réplique en partie avec un drum électronique, ajoutant de la variété à l’inventaire de sonorités employées. Les gars de Misc, capables autant de finesse que d’impact, ont continué avec la face B de l’éventuel vinyle et la pièce «Les années molles», dont le titre est inspiré d’un recueil de Normand Baillargeon, procurant un second moment politisé à la soirée et donnant l’occasion à Jérôme Beaulieu de blaguer en disant qu’à force d’être un band engagé comme ça, ils allaient d’ici quelques années ouvrir pour les Cowboys Fringants. Je ne crois pas que cela arrive en fait, ils ont plus de chance de partager la scène avec les torontois Badbadnotgood par exemple, un autre trio qui donne un coup de pied aux fesses du jazz et qui a d’ailleurs également repris des compositions du britannique James Blake. Pour le rappel, c’est une autre reprise, cette fois gracieuseté du rappeur K-Os («Crabbuckit»), dont les paroles étaient repiquées, ou transcrites en musique, donnant un résultat très festif tout à fait digne d’un rappel. Il faut dire que le piano un peu ragtime qui est échantillonné sur la pièce originale est assez propice à faire swinger les bassins. Le tout ne s’est pas pour autant transformé en piste de danse, la déconstruction était encore au rendez-vous comme dans la plupart des pièces reprises ou composées à l’origine par Misc, lorsqu’interprétées sur scène.
C’est vraiment une superbe soirée que ces six musiciens au talent incroyable ont offert aux mélomanes réunis sur place, et on ne remerciera jamais assez les gens qui osent présenter des évènements d’une musique aussi précieuse pour agrémenter un mardi soir qui aurait pu être beaucoup moins extraordinaire. Malheureusement, mon piètre talent de photographe et mon petit appareil compact n’avons rapporté en guise d’images que ces petits clichés imparfaits. La prochaine fois que ces bands passent, je vous conseille de venir voir en personne, ce sera beaucoup mieux!
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[SPECTACLE] Philip Sayce: Une tornade s’est abattue sur Trois-Rivières
Jeudi le 7 avril dernier, sans avertissement, une tornade blues-rock appelée Philip Sayce a secoué le Ti-Petac de Trois-Rivières. Du blues…du gros blues rock, qu’on a reçu en pleine face et qu’on a bu jusqu’à enivrement.
Rares sont les artistes, voire guitaristes, qui parviennent à donner à leur musique une personnalité et un son unique, immédiatement identifiable, qui bouleverse nos sens, qui fait vibrer notre corps et résonne jusqu’au plus profond de nos tripes. Il y a de ces rencontres musicales qui parviennent vraiment à nous impressionner, Philip Sayce est l’une de celles-là. Il nous a littéralement ébahis par son talent et son habileté. La guitare six cordes grinchait, hurlait, crachait et gémissait sous le doigté intense de Sayce. Que ce soit un blues cochon ou un blues à la rythmique bien sentie, il n’y a eu aucun bris d’ambiance. Au début de sa carrière, ce guitariste canadien a collaboré avec entre autres Jeff Healey et Melissa Etheridge. C’est en 2009 qu’il s’affiche solo avec Peace Machine, le premier de trois albums qui lui permettront de se bâtir une solide réputation parmi les meilleurs guitaristes blues-rock de la nouvelle génération.
Philip Sayce était accompagné de Joel Gottschalk à la basse et de Kiel Feher à la batterie. Le trio nous a livré plusieurs pièces du dernier album Influence, qui se veut un hommage à la musique et aux artistes qui l’ont le plus influencé ainsi que des compositions originales. Mes coups de cœur de la soirée vont pour les pièces Out Of My Mind, Fade Into You, Light’Em Up, Green Power et Easy On The Eye.
La première partie du spectacle fut confiée à Kim Greenwood, un excellent guitariste de blues, il était accompagné de Jean-François Forget à la batterie. Une prestation trop courte, mais excellente où Kim nous a joué de ses compositions et quelques covers de grands bluesmen dont Doyle Bramhall II qu’il affectionne tout particulièrement. Une soirée comme ça aura permis de recharger nos batteries blues…jusqu’au prochain spectacle.
Voici mes photos: