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  • Critique : Basia Bulat – « Tall Tall Shadow »

    Basia-Bulat-Tall-Tall-Shadow

    L’auteure-compositrice-interprète torontoise Basia Bulat nous propose, ces jours-ci, son troisième album, Tall Tall Shadow, une offrande folk tout en douceur qui devrait satisfaire les fans du genre, tout en y ajoutant une pincée d’accessibilité qui devrait permettre à Bulat d’aller se chercher de nouveaux fans.

    L’artiste donne le ton dès la pièce titre, qui ouvre l’album. Tall Tall Shadow débute sur une mélodie au piano électrique, qui laisse rapidement le haut du pavé à la voix de Bulat, particulièrement soul pour l’occasion. La production, signée Bulat, Mark Lawson (qui a produit The Suburbs, d’un certain Arcade Fire) et Tim Kingsbury (dudit Arcade Fire), est impeccable et met en valeur la jeune artiste.

    Cet album ne fait jamais dans la facilité. Des chansons qui peuvent paraître monotones à la première écoute se laissent découvrir et apprécier lentement (Five, Four et It Can’t Be You sont de bons exemples). Les chansons plus rythmées sont très réussies, plus particulièrement Promise Not to Think About Love avec ses clap clap qui donnent le goût de danser, ou Wires, qui commence doucement mais qui prend rapidement beaucoup de rythme.

    La deuxième partie de l’album se veut beaucoup moins rythmée, mais les pièces ne sont pas moins intenses. La voix de Bulat dans Never Let Me Go donne des frissons.

    Tall Tall Shadow est un album franc et vrai qui se savoure doucement et qui prend vraiment toute sa valeur après plus d’une écoute. C’est comme une bière très maltée : ça prend un bout à apprécier, mais après, on ne veut plus rien savoir de la blonde à 6 $ la caisse de 6.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=gIhbxOlUIqc&w=480]
    Site Web : http://basiabulat.com/

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    4 octobre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Basia Bulat, Octobre 2013, Tall Tall Shadow
  • Critique : Thomas Fersen – « Thomas Fersen & The Ginger Accident »

    Thomas Fersen - Ginger AccidentAprès huit albums aussi colorés qu’imaginatifs, Thomas Fersen a décidé de se payer la traite pour ses 50 ans. Pourquoi pas un album aux influences très pop-rock sixties? Pourquoi pas s’amuser avec son riche vocabulaire tout en se déhanchant? Pour ce faire, Fersen s’est offert les services du groupe The Ginger Accident.

    Le résultat? On l’entend dès la première chanson, Donne-moi un petit baiser, tout droit sortie d’une parodie d’un vieux film français des années 1960 avec son big band et ses paroles un peu fofolles. L’inspiration? Les vieilles tantes qui nous demandent tout le temps de leur donner un petit bec.

    C’est comme ça tout le long de cet album amusant, jamais ennuyant, où il faut plus d’une écoute pour saisir toute la richesse de la poésie qui compose l’univers de Fersen. La partie musicale est assurée de belle façon par The Ginger Accident, qui a toujours la note juste et accompagne parfaitement les paroles de notre poète à la voix rauque.

    Si vous aimez les petites chansonnettes amusantes et colorées, vous aurez beaucoup de plaisir avec ce nouvel album de Thomas Fersen. D’un autre côté, si vous vivez avec un fan de Fersen et que vous le trouvez généralement trop tranquille et chanson française, la musique des Ginger Accident devrait vous donner une raison de tendre l’oreille et d’apprécier. Des fois, ça rappelle Belle and Sebastian (La boxe à l’anglo-saxonne). Et vous savez combien j’aime ce groupe…

    Pari réussi!

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=mIWOryxTK7Y&w=480]
    Site Web : http://thomasfersen.fr

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    24 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, septembre 2013, Thomas Fersen, Thomas Fersen & The Ginger Accident
  • Critique : Placebo – « Loud Like Love »

    PLACEBO_LOUD-LIKE-LOVE

    Depuis les débuts du groupe, Placebo a chez moi un effet quasi instantané à chaque sortie d’album : j’accroche aussitôt, je deviens accro aux nouveaux morceaux, et le nouvel opus devient ma nouvelle pierre angulaire du groupe. Bien sûr, la nostalgie me fait revisiter mes classiques et les vieux albums, mais assurément, plutôt que l’effet placebo, je plane sur l’effet « nouveau ».

    LOUD LIKE LOVE ne fait pas exception. Après quelques écoutes, ce qui frappe le plus, c’est le souci de finition et de cohésion de l’album. D’une part, on sent que Placebo offre un produit de plus en plus léché, sans toutefois tomber dans la surproduction, et sans nier pour autant leurs origines rock à l’état brut. Cet aspect très soigné se retrouve également dans leurs clips, et LLL en offre plusieurs. Celui du premier single, avec Bret Easton Ellis et un clin d’œil à la Vénus de Milo des Simpson, vaut le détour. D’autre part, tandis que LLL s’avère plutôt bref avec ses dix chansons, il gagne en force par son unité. L’écoute terminée, on en veut plus, et on réécoute.

    Fidèle à ses traditions, Placebo renoue sur LLL avec certaines paroles des plus marquantes, frappant par une certaine originalité et une touche quasi publicitaire. Dans la même veine que « A friend in need is a friend indeed, A friend with weed is better », le premier single, « Too Many Friends », accroche avec sa première déclaration choc : « My computer thinks I’m gay ». Si de telles formules peuvent paraître très légères, ce n’est qu’un voile qui cache des sujets plus sombres et plus sérieux. Un peu à la manière du « Quelque chose de rectangulaire » de Jérôme Minière, « Too Many Friends » remet en question l’ère des réseaux sociaux et des amitiés virtuelles. Pour sa part, « Bosco », dernière balade déchirante et mélancolique de l’album, est petit chef d’œuvre sur l’alcoolisme et ses effets sur le couple.

    En fait, si l’album se veut « loud like love », c’est que l’album brûle d’un désir de s’exprimer, de partager ce qui nous dévore de l’intérieur. La réussite de l’album, avec une telle thématique, c’est de ne pas sombrer dans le simple défoulement, ou la rage, mais plutôt de toucher, et d’inclure chacun dans un « nous » fort et répété : « We are loud like love! » À son meilleur, Placebo se veut thérapeutique.

    En somme, un album à la fois sombre et lumineux, aux rythmes alternatifs plutôt lisses et parfois plus abrasifs (« Rob the Bank » et « Purify » en sont de bons exemples), et aux balades intimes et touchantes. Un bel ajout à la discographie du groupe, qui s’y inscrit sous le signe de la continuité.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Y5cZvbOisk4&w=480]
    Site Web : http://www.placeboworld.co.uk/

    Ma note : offset_8

     

    Stéphane Desjardins

    19 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, loud like love, placebo, septembre 2013
  • Critique : Manic Street Preachers – « Rewind The Film »

    Manic Street Preachers - Rewind The FilmDéjà 15 ans depuis This Is My Truth, Tell Me Yours, le meilleur album du groupe gallois Manic Street Preachers depuis la disparition mystérieuse de leur ancien chanteur Richey Edwards. C’était un album post-britpop superbe sur tous les plans. Les Manics (comme on les appelle affectueusement) ont lancé de nombreux autres albums depuis et les succès critiques se succèdent au rythme des albums.

    Ce n’est pas parce que le trio est plus ou moins connu au Québec qu’on doit se priver du plaisir de vous en parler, surtout que leur petit nouveau, Rewind The Film, est intéressant du fait qu’il se démarque de ses prédécesseurs qui sont tantôt un brin punk, tantôt très pop britannique sur mesure pour Wembley. On n’entend presque pas de guitares électriques, le groupe fait la part belle aux instruments acoustiques et on y trouve de jolies orchestrations qui peuvent étonner quand on connaît le moindrement le groupe.

    Ce qui ne veut pas dire que les Manics se sont mis à jouer de la musique de ma tante. Ce qu’on ressent surtout, c’est que les membres du trio ont vieilli et qu’ils se rendent compte qu’ils n’ont plus 20 ans. Pourtant, le chanteur James Dean Bradfield n’a que 44 ans (on est loin du vieux pet à l’article de la mort). Bon, la mort est omniprésente dans l’oeuvre des Manics (c’était également le cas avant la disparition d’Edwards), alors on n’est pas surpris. Mais c’est la maturité avec laquelle le sujet est abordé qui étonne. Comme si, en reculant le film, on n’y voyait pas que des regrets.

    À écouter : Show Me The Wonder, Rewind the Film (encore plus touchante avec le vidéoclip qui l’accompagne), As Holy as the Soil (That Buries Your Skin) qui est un bel hommage à Edwards, 3 Ways To See Despair… mais l’album est fort égal et s’écoute très bien d’un bout à l’autre. Faut juste pas s’attendre à du gros rock. Cet album des Manic Street Preachers, c’est tout le contraire. Et c’est ce qui fait son charme.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=PwwtOd3pMlk&w=480]
    Site Web : http://www.manicstreetpreachers.com/

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    18 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Manic Street Preachers, Rewind The Film, septembre 2013
  • Critique : EL MOTOR – « Le monstre »

    CDP403_4P_CDdigiP_TubeJ’écoutais Sorcière, la première pièce de l’album d’EL MOTOR, intitulé Le monstre, qui est déjà dans les bacs des disquaires depuis quelques semaines. Ça commence avec des riffs accrocheurs, puis tout à coup, j’entends une voix qui ne m’est pas étrangère qui demande « pourquoi as-tu une poupée vaudou de Filo sur ton frigo ». Puis cette mélodie… j’ai déjà entendu quelque chose du genre… encore un de ces groupes archi-référentiels qui pastichent tout ce qu’ils écoutent, me dis-je.

    Je commence à lire la bio du groupe. Deux noms me rappellent quelque chose. Pierre-Alexandre Bouchard et Frédéric Boivin. Voyons, j’ai déjà vu ça quelque part…

    Parenthèse : pendant une longue période, soit entre 2002 et 2008 environ, j’ai été totalement à l’extérieur du circuit musical. Bien sûr, j’écoutais quelques nouveautés de temps en temps, mais j’étais juste bien heureux avec tout le matériel accumulé pendant ma période radio étudiante. Je n’ai donc pas entendu ce premier EP d’EL MOTOR (dont on dit pourtant le plus grand bien). Et comme je suis un peu loin de la scène montréalaise (question de distance), je n’ai pas vu le groupe en spectacle. Fin de la parenthèse.

    … quand j’ai lu qu’ils avaient fait partie de la formation Trémolo, qui a beaucoup tourné à CHYZ lorsque j’y sévissais.

    OK, on est donc en terrain connu et ce que je croyais être des références, ben c’était Bouchard, Boivin et leurs comparses être eux-mêmes.

    Je disais donc que j’écoutais Sorcière, qui ouvre Le monstre, le nouvel album d’EL MOTOR. Riffs accrocheurs, mélodie entraînante, beaucoup de répétitions dans les paroles, touche subtile de claviers. Si c’est votre genre de musique (c’est le mien), vous allez apprécier la première partie de l’album. Ça joue dans ces eaux-là pas mal tout le long du côté A. 

    Autre parenthèse : C’est drôle, cette nouvelle mode de faire des albums qui semblent destinés au vinyle, avec deux parties distinctes bien coupées au milieu. Nevsky avait fait la même chose! Fin de la parenthèse.

    À l’époque de Trémolo, j’avais un faible pour les textes de Bouchard, même s’ils étaient un peu naïfs. J’aurais peut-être dû écouter le premier EP d’EL MOTOR avant de préparer ma critique, question d’avoir quelques repères de plus dans l’évolution de l’écriture du chanteur. Il n’en demeure pas moins que la poésie qui me plaisait tant à l’époque est toujours présente, même qu’elle sert mieux la musique que jamais (je sais, je sais, ça devrait être l’inverse, mais bon, on est déjà à mille lieues des paroles ultra naïves d’un Julien Mineau).

    Il est donc un peu ironique que la meilleure chanson de l’album soit la psychédélique et enivrante Avec le monstre, un bijou instrumental de six minutes qui raconte, sans paroles, une histoire fantastique à quiconque ferme les yeux et se laisse emporter. Voyage garanti, substances illicites pas nécessaires.

    Avec le monstre marque un point tournant vers une pop plus psychédélique qui se poursuivra pendant la deuxième moitié de l’album. Saint-Boniface semble avoir été écrite en Angleterre en 1968, Le funiculaire est riche en pianos et en harmonies et Perte totale possède une belle énergie et des guitares qui rockent et Nos territoires ferme la marche tout en douceur, même si on a une montée soudaine d’intensité au milieu de la pièce.

    Non, Le monstre ne réinvente rien, et franchement, c’est bien tant mieux. Je ne crois pas que c’était la prétention d’EL MOTOR, qui cherche plutôt à nous convaincre de sa capacité à livrer des pièces simples, mais efficaces. Riches, mais accessibles. Des chansons qui bougent, mais qui rendront pas votre voisin agressif. Quand on sait qu’ils ont jeté aux poubelles une première version de cet album, c’est peut-être une bonne chose, finalement.

    Surtout, Le monstre, c’est un album qui sent le live. Tant mieux, parce que l’ampli au max avec quelques autres fans, ça va rocker pour vrai. Vivement la tournée.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=zZfDOUF39Ws&w=480]
    Site Web du groupe : http://elmotor.ca

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    16 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, EL MOTOR, Le monstre, septembre 2013
  • Critique : Five Finger Death Punch – « The Wrong Side of Heaven and The Righteous Side of Hell, Volume 1 »

    five finger death punch - the wrong side of heavenOn dirait que c’est trop demander… on peut-tu avoir un bon CD de métal puissant, agressif, pesant, primal et survolté, avec un chanteur qui a du coffre, une voix rauque de mâle qui couvre plusieurs gammes sans forcer, mais qui n’est pas toujours en train de crier? Oui. Five Finger Death Punch livre la marchandise.

    Autant vous le dire tout de suite, si ce n’est pas votre style de musique, cet album mérite un 0/10. FFDP est pas mal trop métal pour vous. Ce qui va vous choquer, c’est que vous allez être obligés d’appeler ça de la musique (non, ce n’est pas juste du bruit). Pire encore : le chanteur, il chante! Ses paroles sortent du fin fond d’une âme écorchée à vif, mais on les comprend, et elles sont offensantes comme du sel sur la plaie. Sensibles s’abstenir. En fait, je recommanderais sincèrement de…

    S’abstenir.

    Tout court.

    Sauf…

    Si tu tripes métal. Ben là, je ne sais pas qu’est-ce que tu attends. Tu veux de la batterie de possédé, des riffs de guitare sale rythmés à la mitraillette, du gros fuzz et de la basse qui te pètent les tympans? Tu vas l’avoir à toutes les sauces. La recette est simple, mais FFDP démontre qu’elle n’est pas limitée. Il y a beaucoup de contraste entre les pièces : une veut vous blinder contre les émotions (Dot Your Eyes), l’autre veut vous arracher le cœur (M.I.N.E). D’un coup, on crée une atmosphère puissante (Wrong Side of Heaven), de l’autre l’arrache à coup de death metal (Burn MF). Une chanson mélodique en suit une rythmée. Il y a même un cover de LL Cool J (Mama Said Knock You Out).

    Le tout, réglé au quart de tour. Ça vous rentre dedans, à la vitesse du son, directement dans le cerveau reptilien. C’est la dose de métal pesant dont vous aviez besoin. AAHHHH!

    À écouter trop fort jusqu’aux acouphènes.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=X-2yuGgp_U8&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jean-François Melançon

    16 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Five Finger Death Punch, septembre 2013, The Wrong Side of Heaven and The Righteous Side of Hell Volume 1
  • Critique : Horrorshow – « King Amongst Many »

    Horrorshow - King Amongst Many

    Pour ma première chronique sur ecoutedonc.ca, j’ai décidé de sortir des styles de musique habituellement mis en vedette ici, et de vous présenter un excellent album de rap australien.

    Horrorshow ne fait pas du rap d’automobile avec un subwoofer dans le coffre et un rétroviseur qui vibre. C’est du rap qui s’écoute avec des écouteurs et un café dans le bus du matin, avec une chaîne stéréo maison quand on a quelque chose d’important à préparer, avec un matelas ou un sofa et le livret des paroles, avec un verre à la main et plein de monde qui groove dans une petite salle…

    Parce que King Amongst Many est un album mesuré, subtil. Manifestement, Solo et Adit, les deux membres d’Horrorshow, sont des passionnés de musique. Leurs instrumentaux sont riches, vivants et propres. Ils respirent le blues, le jazz, le funk, l’électro, le tribal et plus encore. Ajoutez à ça le lyrisme d’élite qu’exhibe généreusement Solo dans chacune de ses pièces, et vous obtenez un album qui surprend coup sur coup par sa profondeur.

    La musique est rythmée sans devenir agressive. Les paroles laissent place à une démarche artistique authentique et ambitieuse qui jette regard critique sur l’humanité, avec une perspective historique toujours franche, souvent touchante, et parfois brutale. Trop souvent, la scène rap devient une tribune pour le narcissisme. Horrorshow ne tombe pas dans le piège. La performance vocale irradie la confiance en soi : les couplets sont clairs et posés, et les refrains sont amples et pleins d’âme. On ne peut pas dire que Solo rappe avec le flow le plus magnétique sur terre, mais dans le cas de King Amongst Many, c’est le prix à payer pour que l’on puisse bien comprendre ses textes si brillamment travaillés.

    Si vous ne connaissez pas Horrorshow, je vous suggère fortement de les découvrir, et quoi de mieux pour ça qu’une version acoustique d’un des hits de leur album précédent.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Kn60nQ_ZZKo&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jean-François Melançon

    1 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Horror Show, King Amongst Many, septembre 2013
  • Critique : Alex Nevsky – « Himalaya mon amour »

    Alex Nevsky - Himalaya mon amourJ’allais commencer cette critique en vous parlant de la machine Québecor qui a été mise à contribution pour la promotion du nouvel album d’Alex Nevsky. Puis, pendant que j’écoutais l’album, je me suis dit que Nevsky méritait beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux que de se faire traiter de saveur du mois.

    Himalaya mon amour is that good, qu’on dirait chez nos voisins. Si vous êtes de nature aventurière, arrêtez de lire maintenant et garrochez-vous chez votre disquaire pour acheter l’album. Aucun regret possible. Si vous avez besoin d’être convaincu, poursuivez…

    Tout à fait de son temps, référentiel à souhait, le deuxième opus d’Alex Nevsky chante l’amour de façon magistrale, avec des refrains remplis de ooooh et de aaaah, tout en gardant un savant équilibre parmi les ingrédients. On y reconnaît les clins d’oeil à Edward Sharpe & The Magnetic Zeros, Arcade Fire, Patrick Watson, Karkwa, Perreau, Dumas et tous les autres, mais ceux-ci inspirent l’artiste au lieu de le pousser vers le plagiat.

    Himalaya mon amour, la pièce-titre au piano prédominant, constitue une entrée en matière langoureuse qui prépare l’auditeur à sa suite, Mieux vaut vivre pauvre, avec ses oooh et ses aaah obligatoires sur la scène indie pop en 2013. Les coloriés suit. Il s’agit d’une superbe chanson qui donne envie de danser, de taper dans les mains et de faire tournoyer sa partenaire. Cette chanson-là va tourner encore plus à la radio qu’On leur a fait croire, premier simple et premier clip de l’album, qui suit et qui est aussi magistrale. Nevsky est ludique, joue avec les mots et les sentiments, et il nous fait croire à l’amour. De son côté, La bête lumineuse, également uptempo, ajoute une touche de synthés, qu’on n’avait presque pas entendus depuis le début de l’album. La finale, d’une intensité incroyable, donne la chair de poule.

    Puis J’aurai des mains arrive. Le rythme de l’album ralentit et la mélancolie débarque. On pourrait croire que ce ralentissement de tempo, qui dure pas mal toute la deuxième partie de l’album, va nous ennuyer, mais c’est plutôt le contraire. Alors qu’on avait tendance à s’attarder au rythme et aux mélodies des cinq premières chansons, on s’intéresse tout à coup aux très belles paroles de Nevsky, qui fait mouche avec une chanson triste, mais pleine d’espoir. « L’homme est le plus beau des monuments quand il se tient debout ». Savoureux. Si tu restes est une chanson douce piano-voix qu’on écoute attentivement pour découvrir qu’il rend hommage à sa grand-mère.

    Tuer le désir est une de ces bombes qui commencent en douceur pour gagner en intensité au fil des secondes. Les choeurs donnent des frissons incroyables. On appelle ça des émotions, les amis. Pour Katharina et Je te quitterais, Nevsky troque son piano pour une guitare et se prête à un exercice de sobriété qui mettent une fois de plus sa plume en valeur. Disons que Nevsky semble avoir des ex pas très gentilles.

    Loin, à laquelle participent les voix d’anges des soeurs Boulay, est une belle chanson triste. Koh Tao, la seule pièce dans la langue de Cohen, ferme l’album en douceur en ne nous donnant qu’une seule envie : recommencer l’écoute de ce disque.

    Himalaya mon amour est d’une grande profondeur et méritera de nombreuses écoutes. Tassez-vous en haut, Nevsky est bien déterminé à prendre sa place parmi les meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes du Québec. Ce deuxième album est un argument assez convaincant.

    Le buzz est tout à fait justifié.

    [youtube http://youtu.be/_XASYGn_2nc&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    27 août 2013
    Albums
    8/10, Alex Nevsky, août 2013, Himalaya mon amour
  • Critique : Valerie June – « Pushin’ Against a Stone »

    Valerie June - Pushin' Against a StoneOn entend souvent dire qu’à force de travailler fort et de s’améliorer, le succès finit par venir. Ce dicton s’applique vraiment à Valerie June, auteure-compositrice-interprète du Tennessee qui a roulé sa bosse pendant une dizaine d’années avant d’avoir la chance de signer un contrat de disques et de pouvoir se payer les services de l’omniprésent Dan Auerbach et de Kevin Agunas à la production.

    Le premier album, Pushin’ Against a Stone est un petit bijou de diversité qui navigue entre le folk, le blues, la pop et le gospel, tout ça avec une voix unique et un accent du sud craquant. Malgré les grands contrastes qui peuvent exister entre chacune des pièces, il faut reconnaître qu’il y a une belle unité dans cet album, probablement dans ce souci de respecter les traditions tout en y apportant sa touche personnelle.

    Tout cela donne un album authentique qui révèle un talent indéniable. On appréciera l’urgence de Workin’ Woman Blues, le côté givré de The Hour, l’esprit bluegrass de Tennessee Time et la présence de la guitare lourde d’Auerbach sur la pièce titre et sur Truth Be Told, de beaux blues au charme vieillot. Enfin, la pièce Shotgun laisse toute la place à la voix de June, qui se met à nu en chantant presque a capella et en nous donnant plein de frissons… tout en douceur.

    On adorera le travail des producteurs qui ne se sont pas trop imposés (Auerbach est parfait à la guitare sur les chansons où il participe) et qui ont laissé June se mettre en valeur.

    Pushin’ Against a Stone est un bijou d’authenticité qui nous fait découvrir une nouvelle artiste savoureuse. Si vous avez besoin de votre dose quotidienne d’autotune, n’achetez surtout pas cet album. Sinon, gâtez-vous. Cette fille-là, c’est un rayon de soleil.

    À tomber amoureux.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=nEhKbjrSfp4&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    22 août 2013
    Albums
    2013, 22 août, 8/10, Pushin’ Against a Stone, Valerie June
  • Critique : Stromae – √

    stromae-racinecarreeQu’elle était attendue, cette suite de Cheese! Non seulement était-elle attendue, mais en plus, le grand Paul Van Haver nous avait mis en appétit avec deux belles chansons (Formidable et Papaoutai). Disons qu’on commençait à s’impatienter.

    Puis voilà, √ (racine carrée) débarque chez nos disquaires. Il ne fallait que ça pour que je reprenne vie et que je laisse mon travail en plan quelques minutes pour vous partager mes impressions.

    Alors, s’agit-il d’un bon album? Oh, oui! Stromae a fait un fichu beau travail. Sa racine carrée, c’est sa célébration de sa dualité, qu’il exprime de maintes façons sur cet album. Descendant spirituel de Brel dans Formidable, débordant d’humour dans Moules frites (une chanson assez grivoise, merci), dansant et silencieux dans Merci (une chanson électropop instrumentale), il se permet un hommage dans Ave Cesaria et s’impose une chanson sous le thème de Carmen (pleine de références aux réseaux sociaux). Il continue ce qui l’a fait connaître, soit une musique dance qui nous donne le goût d’oublier nos soucis à laquelle il colle des paroles franchement déprimantes (Papaoutai et Bâtard en sont de parfaits exemples).
    Stromae prétend qu’il a du mal à écrire ses paroles. En écoutant Sommeil, remplie d’images et de poésie, on a envie de lui répondre « bullshit ». Et Avf, avec Maître Gims et Orelsan, est un ras-le-bol qui pourrait devenir un hymne des jeunes qui en ont assez des étiquettes et des querelles stériles.

    Où t’es, papa, où t’es?

    Musicalement parlant, on peut reprocher à Stromae d’avoir l’air de composer ses chansons avec Garageband et un clavier USB payé 100 $ chez Future Shop. Ouais, pis? L’émotion vient d’ailleurs. Le vrai vient de ses paroles. Et il a le sens de la mélodie, le bonhomme.

    Stromae vient de confirmer sa place parmi les bons auteurs-compositeurs-interprètes de la Francophonie. Ne reste plus qu’à souhaiter une visite chez ses cousins québécois. On pourrait peut-être en faire la suggestion à Louis Bellavance pour le FEQ 2014!

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=oiKj0Z_Xnjc&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    20 août 2013
    Albums
    20 août 2013, 8/10, racine carrée, stromae
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