Jeudi le 19 mai 2016, j’étais convié à un tout nouveau concept de 5 à 7 à la salle Louis-Philippe Poisson de Trois-Rivières. En tête d’affiche, on a pu découvrir l’auteur-compositeur-multi-instrumentiste et réalisateur d’origine australienne maintenant établi à Montréal, Jay Atwill. Accompagné de Roman Munoz Bueno à la guitare-voix et de Sacha Daoud à la batterie-voix, c’est dans une ambiance des plus feutrée que le public, tout au long du spectacle, écoutera, appréciera, absorbera chaque note, chaque rythme de ce mariage entre le folk, le jazz-soul avec des nuances latines et blues.
Tout à fait gourmands, les spectateurs dégustaient des petites bouchées préparées par Le Temps d’une Pinte et sirotaient une bonne bière ou un verre de vin tout en savourant sa musique. Il nous a interprété entre autres Mind Talkin’, Rattle On, No Lifeguard, Speak Love que j’ai adorée, Invocation, Best Reflect, Fortune Teller et plusieurs autres excellentes pièces. Vraiment, la formule Apéro Cabaret est agréable et relaxante.
Mercredi le 4 mai 2016 avait lieu le lancement de la programmation du Festival de Blues de Donnacona à la maison de la culture Georges-Hébert-Germain. Pour cette 11ième édition qui se tiendra du 11 au 14 août 2016 à Donnacona, monsieur Yannick Lambert, directeur de la programmation, a concocté 4 soirées d’excellent blues. Parmi les artistes à voir notons Sean Chambers Band (Tampa Bay, Floride 11 août), Albert Cummings (Boston, 12 août), Bob Margolin (Atlanta, Georgie, ancien guitariste de Muddy Waters) et Bob Corritore (Phoenix, Arizona, 13 août), Royal Southern Brotherhood (Nouvelle Orléans, Louisiane, 13 août) et JL Fulks (Boca Raton, Floride, 14 août) ainsi que plusieurs autres.
Le comité organisateur, sous la présidence de monsieur Pierre Soucy est composé de Yannick Lambert, Ginette Carrier, Jean Brière, Yves Fecteau, Pierre Lambert, Marco Trépanier, Gilles Boisvert, Nathalie Leblond, Michel Rochette et Michel Chevalier. Il faut aller sur le site www.donnaconablues.com pour voir la programmation complète et réserver votre laissez-passer pour le festival. Vous pouvez même camper sur le site du festival pour ne rien manquer.
Amateurs de blues, ne rater sous aucun prétexte cette 11ième édition car elle sera mémorable.
Samedi le 16 avril dernier, pour sa première visite en Mauricie, j’avais rendez-vous avec le guitariste américain JP Soars au Cabaret de l’Amphithéâtre Cogeco. J’ai été un peu déçu de voir que ce n’était pas salle comble pour ce spectacle, mais tant pis pour ceux qui n’y était pas car on a eu droit à toute une performance de JP Soars & The Red Hots. Le groupe nous a servi toute une variété de blues allant du traditionnel au blues avec des accents latino, du boogie, du funk, tout ça livré à la perfection. On a tous tapé du pied et des mains. JP a même invité les spectateurs à venir en avant de la scène pour danser; ils ne se sont pas fait prier deux fois.
Accompagné de Charles Gasper à la basse, de Chris Peet (le sourire toujours fendu jusqu’aux oreilles) à la batterie et de Steve Laudicina à la guitare qui a donné souvent la réplique à monsieur Soars. C’était captivant de voir ces deux guitaristes faire des solos ensemble ou se relancer à tour de rôle. Notons le son particulier de la guitare Cigar Box deux cordes confectionnée par Soars. Tout un spectacle où sa guitare était à l’honneur, au grand plaisir de ceux présents !
Jeudi le 31 mars, le trifluvien d’origine Steve Hill a mis le feu au Cabaret de l’Amphithéâtre Cogeco avec son blues rock des plus intenses. La salle était remplie à pleine capacité d’admirateurs, d’amateurs de blues et de quelques curieux qui en ont eu pour leur argent. Steve Hill s’est présenté devant son micro en jouant quelques accords de guitare puis s’est exclamé : « ça fait plaisir de revenir chez nous, à la maison, devant une salle pleine » et nous a « garroché en pleine face » ses chansons pigées des deux premiers albums de la sérieSolo Recordingset du 3equi vient tout juste de sortir et qu’il considère comme étant son meilleur parmi ses neuf albums.
On a tous tapé du pied très fort pendant ce spectacle. Le son était parfait et les éclairages donnaient une texture à ses chansons. La musique et le talent de Steve Hill nous ont carrément éblouis. Je l’ai vu plusieurs fois en spectacle, mais celui-ci était « une coche au-dessus ». C’est tout un art de jouer de la guitare, de chanter et de jouer les percussions avec les pieds en même temps. Ce n’est pas pour rien qu’avec l’album Solo Recordings volume 2 Steve a reçu le prix Juno de l’Album Blues de l’Année 2015. Également, trois Maple Blues Awards dont le Spectacle Électrique de l’Année, Guitariste de l’Année et Artiste de l’Année 2015.
En conclusion j’ai « tripé » fort de revoir ce grand artiste qui maîtrise son art, enfin reconnu, nous livrer son blues rock qui vient de ses tripes.
Mercredi soir dernier, à la salle Anaïs-Allard-Rousseau de Trois-Rivières, les 250 places disponibles étaient pratiquement toutes prises. Harry Manx, accompagné du claviériste ontarien Mark Lalama, a offert toute une messe à ses fidèles qui ont écouté ses chansons religieusement ! Dès son entrée, Manx a fait de la salle de spectacle son temple. Les lumières de la scène, bien que généreuses, ont servi à accentuer l’ambiance bien cérémoniale.
Au-delà de ce contexte pouvant donner une impression d’austérité, le musicien né dans l’Île de Mans (situé entre l’Irlande et la Grande-Bretagne) s’est montré généreux, à l’aise et drôle. Entre les chansons, autodérision et boutades se sont succédé. Parler d’épreuves difficiles pour ensuite expliquer que c’est le style typique d’une chanson d’amour ; stimuler un « courrier du lecteur » dont la lettre concernait le niveau d’appréciation du chanteur par rapport à la bouffe québécoise ; expliquer que le blues, ça sert non pas à exprimer sa douleur, mais à faire souffrir les gens, etc. fait partie des moments cocasses permettant de consolider la complicité entre Manx, Lalama et le public.
La présence de seulement deux musiciens sur scènes était suffisante. Manx avait apporté avec lui cinq guitares différentes, son portable pour les rythmes et un harmonica (ce qui lui a permis durant le spectacle de jouer trois instruments à la fois !). De son côté, Lalama avait apporté son accordéon, son clavier Moog et sa mélodica (style de clavier qui se prend pour un instrument à vent n’ayant été utilisé qu’une seule fois durant le spectacle). Bien que le mariage entre les éléments de cette artillerie aurait pu s’avérer houleux, il apporte plutôt une touche différente aux chansons d’abord entendues sur disque. Les pièces très blues aux accents indiens de Manx prennent alors une couleur tantôt psychédélique, tantôt évoquant la Louisiane.
Les pièces de Manx sont des trésors de sorcelleries sur scène. Autant les pièces sur disques sont envoutantes, autant le temps d’un spectacle elles sont devenues des professions de foi pour les tympans ! Les pièces « Bring Than Thing », « Make Way for the Living » et « Coat of Mail » n’en étaient que plus puissantes. Quant aux reprises, il faut plutôt parler de réinvention et non de brebis sacrifiées sur le bucher malmené des reprises. « Voodoo Child » (Jimmy Hendrix), « I’m On Fire » (Bruce Springsteen), « Summertime » (Gershwin) et « Baby Please Don’t Go » (Willie Dixon) sont devenues en une soirée des pièces de Harry Manx !
L’appréciation du public envers Manx et son univers intégrant l’Inde, le blues sud-américain et le folk canadien était palpable avec trois ovations debout, justifiées par deux rappels. Certains fans nous ont avoué à moi et à Jean-François (notre photographe et fan de Manx) avoir été envoutés dès la première écoute, que ce soit chez l’esthéticienne ou à la télévision. Ils apprécient également sa capacité d’entretenir une belle relation avec son public et ses efforts pour lui plaire. Par exemple, une spectatrice a expliqué que la maîtrise du français de Manx s’est accrue depuis le dernier spectacle qu’elle a vu.
Pour apprécier Harry Manx, il faut accepter d’adopter une attitude très attentive, voire contemplative. Si vous voulez participer à un « mushpit », vivre dans un éclairage vous provoquant une crise d’épilepsie et danser jusqu’à mourir, ce spectacle n’est pas pour vous ! Il est bon parfois d’être simplement spectateur et de se laisser submerger complètement par un monde étant particulier lorsque non initié, mais qui devient vite un second chez-soi.
Se décrivant comme étant le bizarre groupe Heymoonshaker, avec un mignon français cassé, Andy Balcon (voix et guitare) et Dave Crowe (beatbox) ont fait vivre une soirée hors de l’ordinaire aux nombreux spectateurs qui ont rempli la Maison de la culture Francis-Brisson de Grand-Mère.
Les gars racontent qu’ils ont commencé à jouer dans la rue ensemble et ce fut un coup de foudre musical. Dave remercie la vie chaque jour de pouvoir faire ce qu’il aime avec une personne aussi exceptionnel qu’Andy et de pouvoir se promener partout à travers le monde, notamment de pouvoir faire une tournée de 35 spectacle au Québec.
Ce soir-là, c’était un public très éclectique qui, d’un côté, dansait et criait et qui, de l’autre côté, était assis calmement avec la bouche grande ouverte et les yeux rivés vers les musiciens. C’est tout de même surprenant de constater la facilité avec laquelle ils ont créé des échanges avec le public, si on oublie la fille qui criait des choses du genre « you’re so sexy » « i love you » « F*@! Yeah » aux mauvais moments et qui déconcentrait le public tout comme le groupe. Par contre, et bien heureusement, ils sont si attachants, charmants et sympathiques avec le public qu’on en oublie rapidement les écarts de comportement de la demoiselle.
La voix roque et douce à la fois d’Andy donne une sensualité indéniable aux pièces du groupe, mais le véritable phénomène sur scène c’est Dave Crowe. Son sens du rythme, son charisme, et son plaisir à pouvoir partager sa passion me fascine. Son beatbox résonnait dans la charpente de la magnifique bâtisse comme une caisse de son avec le volume accoté » dans le tapis ». Bref, les poils nous levaient sur les bras à chaque deux secondes.
Après l’entracte, le spectacle a pris une tout autre tournure. « Now, the show is about to be sexy, so dance your f*?$%!g ass off» a clamé Dave, sous les rires un peu gênés du public. La lumière rouge, les mouvements langoureux de Dave et l’impact de chacun des sons qui sortaient de sa bouche nous amène complètement ailleurs. Là où on était, il faisait chaud, c’était un soir d’été sur la plage pendant un langoureux baiser … À la fin du spectacle, alors qu’on est tous à genoux devant la scène (c’est une façon de parler pour dire qu’on gobait chaque syllabe comme l’Ostie que le curé donne à la messe), ils nous ont présenté de façon magistrale le pourquoi on devrait acheter l’album Noir. Ils nous ont convaincu que, sans cet album, notre vie était incomplète, mais qu’on s’en rendrait seulement compte lorsqu’on achèterait l’album. Pas fou ces petits gars !
Je suis ressorti de ce spectacle avec une grande joie intérieure qui a pris du temps à partir parce qu’ils m’ont complètement hypnotisé. Ils sont uniques au monde et je ne blague pas lorsque je dis ça puisqu’il nous a affirmé qu’ils étaient les seuls au monde à faire ce genre de musique un peu improbable et indescriptible. On va les croire sur parole ok? On a même eu droit à leur version de Come together de The Beatles vers la fin… un vrai cadeau !
Un vendredi 13 très rock au Bal du Lézard, effectivement, avec Prieur&Landry et Bronco. Il faisait chaud à Limoilou.
PRIEUR&LANDRY
C’est Prieur&Landry qui ouvre le show. Un amalgame parfait entre stoner et blues. Les gars sont deux dans le groupe, mais les gars sont vraiment intenses (surtout Eliot, le drummer, vous irez voir les photos). Ils transmettent rapidement leur énergie au public. Après les avoir découvert au SPOT cet été, j’adore les voir en spectacles. Leur musique « rentre », on ne peut pas dire autrement. Arrête de niaiser pis va écouter leur son sur Bandcamp.
BRONCO
Quand Bronco monte sur le stage, le Bal est rempli et prêt à les écouter. Le band a une vibe de rock pure : leur musique, leur look et leur attitude. On voyage entre un rock très propre et un son plus trash pendant le spectacle. On en a parlé plusieurs fois de Bronco sur écoutedonc.ca, mais je tiens à dire que Gab Bégin, elle rocke comme t’as jamais vu. Elle l’a, pis on voit qu’elle est passionnée par la musique. Ça se sent, pis elle le transmet merveilleusement bien à son public. Et le reste du groupe ne laisse pas sa place non plus; les gars ont l’air de tripper, et ils sont le fun à regarder. Fait que prochaine fois que t’as le goût de mettre ton jacket de cuir, va voir Bronco pis va rejoindre les autres rockeurs de la ville.
Des musiciens super tight. Une chanteuse aussi charismatique que féline. Des maudites bonnes chansons. Un dispositif scénique d’une redoutable simplicité. Un public conquis d’avance. Tout était en place pour une soirée mémorable.
Après avoir fait tourner quelques têtes avec un excellent EP, puis montré l’étendue de leur talent avec Basement Confessions, leur premier album paru il y a à peine quelques jours, les membres de Whisky Legs sont débarqués sur la scène d’un Petit-Champlain bondé comme des conquérants qui rentraient à la maison.
Il n’a fallu que quelques secondes à Maude Brochu, Pascal Denis et Guillaume Méthot (accompagnés par l’excellent Guillaume Tondreau à la basse) pour mettre le feu au parterre, qui s’est rapidement propagé au balcon.
Évidemment, Maude Brochu ne perd pas une seconde pour convaincre les trois ou quatre personnes dans la salle qui ne la connaissaient pas encore. Que ce soit par sa voix qui possède un registre incroyable, passant des graves aux aiguës sans effort apparent, chantant aussi bien le blues que la s’il, ou par son attitude féline, alors qu’elle se déplace à pas feutrés (et pieds nus) sur les tapis qui ornent la scène, Brochu attire l’attention.
Un autre qui attire beaucoup l’attention, c’est le guitariste Guillaume Méthot. Le blues coule dans les veines de ce jeune homme et il l’a démontré à plusieurs reprises avec quelques solos bien sentis. Ce n’est pas tant sa maîtrise de l’instrument qui impressionne (et elle impressionne beaucoup) que l’émotion qu’il insuffle à son instrument qui, lui aussi, chante avec plein de soul.
De son côté, Pascal Denis joue peut-être un rôle plus effacé, mais non moins important. En plus de battre la mesure avec une précision d’horloger, Denis se charge de la plupart des chœurs. Il lui arrive même de prendre les devants au chant! Et puis il fallait le voir faire ce solo de batterie complètement fou où il s’est levé et a parcouru la scène en tapant sur tout ce qu’il voyait avec ses baguettes!
Du côté des chansons, le groupe nous a surtout offert les pièces de Basement Confessions, mais il n’a pas hésité à nous présenter quelques reprises (une Hold On inspirée, puis une spectaculaire Piece of My Heart qui a dû plaire à Janis là-haut.
Pour ne pas nous distraire de l’essentiel, on a misé sur un dispositif sobre : un mur blanc en arrière-scène qu’on colorait au gré des chansons, des gros projecteurs qui éclairaient magnifiquement les musiciens et des tapis pour le confort de nos amis.
En regardant Whisky Legs s’exécuter, j’ai tout de suite pensé à cette extase que j’ai vécue à Bonnaroo la première fois que j’ai « vu » Britanny Howard et ses comparses d’Alabama Shakes, ou lorsque je me suis laissé charmer par Tedeschi Trucks Band à ce même festival. Ce groupe a le Sud dans le sang et il n’est pas interdit de croire qu’avec un peu de chance, le Sud va bientôt l’avoir dans la peau.
Whisky Legs retourne au Théâtre Petit-Champlain le 30 décembre prochain. Les billets vont s’envoler rapidement. Avec raison.