C’est dans une atmosphère de nostalgie et d’exaltation que Medora a livré son dernier souffle mercredi dernier, au Sous-Sol du cercle. Depuis quatre ans, le groupe a évolué dans le milieu de la scène locale, influençant le milieu et étant influencé par lui. Après deux maxis et un album à leur actif, Charles Côté, Vincent Dufour, Aubert Gendron et Guillaume Gariépy prennent maintenant de nouveaux chemins. La fin laissant place au renouveau, les quatre musiciens ont choisi de terminer cette aventure en beauté, en compagnie de leurs proches et de leurs plus grands fans.
Se retrouva donc au Sous-Sol du Cercle une gamme variée de visages : amis de longue date, proches, acteurs de la scène locale, etc. Ils donnaient à l’événement une atmosphère intime et chaleureuse. Puis ce fut le temps, nous vînmes nous masser devant l’espace réservé au groupe. Pas de scène, au Sous-Sol du Cercle. Et ce soir-là, la limite entre eux et nous était floue. L’énergie se communiquait du groupe aux spectateurs, le corps se balançant tous tandis que les musiciens déballaient leurs pièces avec intensité.
Si le groupe jouait ses pièces pour la dernière fois, il a fait le choix de ne pas faire les choses à moitié. Le setlist reprenait essentiellement les pièces de Ï, paru en août dernier, entrecoupées de plusieurs titres précédents. On eut le plaisir de reconnaître des pièces entendues souvent, telles que Nature ou Sillage, mais aussi de réentendre des titres dépoussiérés exprès pour nos oreilles nostalgiques. C’est ainsi que Fleuve a été ressuscitée momentanément, après deux ans de non-existence. Même Simon Provencher est sorti du placard de Medora (où le groupe avait rangé le mot «Old» qui précédait son nom) le temps d’une chanson.
Si le contexte rendait le groupe tout aussi émotif que le public, cela n’a fait que contribuer à la beauté intense de l’événement. Nombreuses sont les pièces qui ont constitué des points forts de la soirée. On peut notamment mentionner Les tracas dans les cellules de la tête, Permanence ou encore Tsunami, sur laquelle le public a fait le cadeau d’un dernier mosh pit au groupe.
Acclamé par les spectateurs, les quatre musiciens sont ensuite revenus sur scène pour fini le tout sur une reprise de Talent, d’Avec Pas d’Casque. Personnellement, ce n’est que le plaisir d’assister à ce spectacle fulgurant qui m’a empêchée de verser une larme à ce moment-là.
C’était beau, et je me remémorais tous les spectacles auxquels j’ai assisté, depuis le premier Rock & Pabst d’Old Medora en 2014 jusqu’à cette dernière performance. En quatre ans, ecoutedonc.ca et moi-même avons couvert le groupe au Cercle autant qu’au complexe Méduse, au Café Tam-Tam autant qu’au festival OFF, au District Saint-Joseph autant qu’au Pantoum. Des dizaines d’articles et une entrevue plus tard, quelle belle évolution avons-nous pu constater!
Or, trêve de sentimentalité : la fin de Medora, c’est une étape qui est franchie dans la vie de ces quatre musiciens qu’on espère fortement voir évoluer encore longtemps dans de nouveaux projets. Et comme le disait le chanteur, même si le groupe est mort, la musique, elle, vivra toujours.
En plus des photos de la soirée, je me suis permis de rajouter ci-dessous des clichés du premier spectacle de Medora au Rock N’ Pabst en 2014, gracieuseté de mon frère.
Voilà.
Après deux EP prometteurs, la formation de Québec Medora nous présentait cette semaine un premier album qui met doublement les points sur les i. L’album intitulé Ï (i tréma) est le fruit d’un long travail (pour en savoir plus, lisez donc la jolie entrevue réalisée avec Marie-Eve Fortier), un fruit mûr et savoureux qui plaira aux fans de la première heure tout en attirant son lot de nouveaux auditeurs.
Réalisé par Alexandre Martel (Mauves, Anatole), Ï est une oeuvre complète et aboutie qui montre que Vincent Dufour (voix et guitare), Aubert Gendron-Marsolais (batterie), Charles Côté (guitare) et Guillaume Gariépy (basse) ont énormément progressé. Oui, le rock indé axé sur les guitares sert toujours de fondation aux chansons du groupe, mais on sent, dès les premières notes de Le Maine, assis en arrière, qu’il y a beaucoup plus de recherche du côté des sonorités et des mélodies.
Bien sûr, des morceaux comme Concorde, Terrasse,Tsunami ou Commotion ne seront pas déroutants pour ceux qui connaissent bien le groupe : on y retrouve l’énergie propre à Medora, celle qui s’apprécie tant pendant leurs spectacles.
Il y a toutefois des morceaux qui demandent à l’auditeur de rester sur ses gardes, comme la fichtrement mélodieuse Le peintre, qui entre dans les têtes tout en ne voulant pas en sortir. Est-ce la simplicité du refrain (« Le peintre », répété comme un mantra)? Fort possible! Il y a aussi Les tracas dans les cellules de la tête, un brin animale, qui devrait en faire danser plus d’un!
Avec Ï, Medora a réussi à évoluer tout en gardant une sonorité propre… et en maintenant un fil conducteur qui permet de conserver l’attention de l’auditeur du début à la fin. Non, ce n’est pas parfait (c’est un brin inégal et on n’entend pas toujours bien les paroles chantées par Dufour), mais ça rocke, on tape du pied, on a envie de faire un peu de air guitar, et on a envie d’y revenir.
Après les maxis Ressac (2014) et Les arômes (2016), Medora lance finalement son premier long jeu : Ï (i tréma). Évoluant dans le milieu depuis maintenant plus de quatre ans, le groupe a tôt fait de laisser tomber l’épithète «Old» qui précédait son nom. Cette première métamorphose était à l’image du processus de définition artistique qui allait suivre au fil des spectacles et des compositions. Avec Ï, le groupe semble cerner véritablement son identité tout en se défaisant de ses étiquettes. On en a parlé avec les quatre musiciens : Vincent Dufour, Charles Côté, Aubert Gendron et Guillaume Gariépy.
Composition expérimentale
Selon le groupe, la genèse de Ï a d’abord été l’occasion de tester une nouvelle façon de composer. «V’là un an, en fait, Charles et moi, on est allés à mon chalet dans l’idée de faire un album», nous raconte Vincent, le chanteur. «Ça faisait un ou deux ans qu’on avait accumulé des riffs, des mélodies. On a composé les premiers embryons des pièces… une vingtaine en tout. Après ça, on les a toutes réarrangées en band. » Le gros de la composition s’est produit de cette façon, bien que le processus se soit poursuivi tout au long de l’été.
L’ensemble du groupe y a trouvé son avantage, aux dires des musiciens. «Les Arômes, ça a été composé les quatre ensemble, puis ça menait à des débats, des conflits. Tandis que là [Vincent] apportai[t] une idée, puis on dirait que vu que l’idée était déjà construite, on avait comme moins tendance à la débattre», explique Aubert. «Oui, elle avait son contexte», réplique Vincent. «Ça faisait aussi que les pièces étaient plus solides, je trouve, comparé aux Arômes», a ajouté Guillaume.
Plus solides, mais aussi plus senties et émancipées. Comme si, dans certaines pièces telles que Tsunami, on pouvait entendre «quelque chose qui grondait à l’intérieur», pour reprendre les mots du chanteur. Pourquoi ? «Quand tu as une idée, si tu restes tout seul avec toi‑même [pour composer], tu sais où aller. Pas besoin de la communiquer… Pas besoin de la rationaliser», explique-t-il. Selon lui, cela désentrave le processus de création.
Un collage musical méticuleux
Par ces moyens, le groupe en est arrivé à rassembler une multitude de nouveau matériel. La matière première de l’album était là, mais c’était loin d’être terminé. «La rythmique, la basse, tout ça a été changé… Les structures ont bougé», énumère Vincent. Comme un collage musical, les pièces ont été montées et travaillées dans le détail, couche par couche.
Ce qui reste sur le disque a d’ailleurs été sélectionné méticuleusement : «On avait quarante riffs, mais on en a choisi sept là-dedans», précise Charles. «Le Maine, justement, c’était les mélodies de deux tounes qu’on a mises ensemble», ajoute Vincent à titre d’exemple.
«Je me rappelle que la première fois que j’ai écouté [les maquettes], je me suis dit : shit, l’album est déjà composé», raconte Aubert. «En fait, au début, je ne pensais pas que ça allait changer tant que ça…», ajoute-t-il. «Ça a changé en estie!», rétorque Charles. «Ça, c’est Alex», précise-t-il.
Préproduction – Une collaboration qui a porté ses fruits
Le guitariste parle ici d’Alexandre Martel (Anatole, Mauves… a-t-il-vraiment-besoin-de-présentation ?), qui a collaboré avec le groupe à titre de réalisateur. «On s’est dit que ça nous prendrait un réalisateur pour l’album, explique Charles. Parce que je ne suis pas prêt à dire qu’on est des geeks de son et puis parce que… prendre des décisions sur le son d’un album et sur quelle piste est la meilleure, quelles tounes garder ou ne pas garder…»
«On est trop proche des tounes [pour ça]», complète Vincent. Et pour eux, la personne toute désignée s’est imposée rapidement. Ayant travaillé avec Martel pour leur spectacle des Arômes, ils avaient apprécié sa façon franche et directe de travailler. Mais surtout, ajoute Vincent : « Ce qu’Alex sait bien faire ‑ et ça, je pense que c’est la plus grande qualité pour un réalisateur ‑ c’est qu’il comprend où on veut aller. Il nous amène là, alors qu’on ne serait peut‑être pas capables d’y aller par nous‑mêmes parce qu’on est trop proche de nos tounes. Et il essaie toujours de nous amener encore plus loin.»
La pièce Les tracas dans les cellules de la tête illustre bien comment les musiciens ont été amenés à sortir de leur zone de confort, à retravailler leur matériel lors de la préproduction. À la blague, le groupe l’aurait transfigurée pour lui donner des airs d’afrobeat. «À ce moment-là, ça se passait tellement qu’Alex ne voulait pas qu’on doute, explique Vincent. Il nous a poussés dans cette direction-là.» Bien que la pièce originale fût déjà montée à ce moment-là, ils ont finalement refait toute la maquette, ce qui donne à la pièce sa saveur actuelle.
La question des étiquettes
Au-delà même de l’exotique trame de fond des tracas, l’album dans son ensemble revêt des couleurs nouvelles. «Ce que je retiens surtout de i tréma, c’est qu’au final en écoutant l’album tu passes par plusieurs sons différents», conclut le chanteur. «Notre trip, c’était d’avoir la plus grande ouverture… Parce qu’il fallait se redéfinir d’une façon», ajoute-t-il.
En effet, avec Ï, Medora a voulu se défaire d’une étiquette : «C’est tellement facile de chanter en français, d’avoir des guitares électriques et de se faire associer à [d’autres groupes indie-rock franco]», poursuit Vincent. «Les gens t’étiquettent, et c’est facile de rester conservateur. Je pense qu’on l’a été dans nos deux premiers EP parce qu’on n’avait pas la maturité ou l’audace de dépasser ça. Là, en ayant un réalisateur aussi qui nous poussait à aller plus loin, on s’est ouvert.»
Charles Côté renchérit : «En fait, on écoute tous de la musique très variée. On n’écoute pas rien que de l’indie-rock. Si on a fait une toune afrobeat, c’est parce que j’en écoute, de l’afrobeat. Et Aubert, lui, écoute du jazz… je pense qu’avec cet album‑là, on s’est permis de faire fuck off.»
D’autres fils conducteurs
En se permettant de piger dans d’autres styles, Medora décidait de pencher du côté de l’éclectisme instrumental. Faut-il voir l’album comme un ensemble disparate ? Pas selon Vincent Dufour : «C’est plus le type de composition qui, selon moi, a donné une couleur forte [à l’album]. Et il y a quand même un son Pantoum qui vient ramener ça un peu, là.»
«Il n’y a aucun band au Pantoum qui sonne comme nous, je trouve», proteste Charles. «Non, avoue le chanteur, mais on a enregistré au Pantoum et je trouve que juste ça, ça se transpose [dans notre musique]». On pourrait aussi mentionner l’uniformité donnée par la direction artistique et qui transparaît à l’écoute.
Charles Côté, lui, s’est montré disposé à nous présenter un autre fil conducteur fort de l’album : les textes. Il nous a raconté comment le thème de l’album lui est venu à l’esprit.
Plonger dans l’univers d’Ï
«J’ai bien tripé sur La Grande Bellezza, un film italien de Paolo Sorrentino qui est sorti v’là deux, trois ans», raconte Charles. «Dans ce film‑là, selon ma perception du film, il essaie de recenser toutes les formes de beauté possibles. Il passe par l’amour, la jeunesse, la naïveté, l’art, la sculpture, l’architecture, la foi en Dieu, des trucs comme ça. Je trouvais que c’était comme un sujet de base qui était éclatable sur plusieurs autres microthèmes qui gravitent autour de ce thème central là. »
Une rencontre aurait ensuite amené l’auteur à donner un angle particulier à son thème. «Ça a donné la drive de l’album, en fait. Ce n’était pas tant que j’ai écrit l’album sur cette fille‑là. C’était plutôt l’énergie que j’avais à ce moment‑là. C’est ce qu’on sent dans les textes.»
Qu’elles parlent des deux personnages fictifs revenant à plusieurs reprises – Mïra et le narrateur – ou encore d’histoires vécues par le groupe et son entourage, les paroles gravitent ainsi autour des thèmes de l’amour, de l’amitié, de l’obsession. «Il y a aussi beaucoup de références au regard et à la désorientation, au fait d’être un peu étourdi», précise Charles. « Dans une des pièces, le narrateur fait une commotion et il y a comme un rappel de plusieurs phrases qui sont venues avant dans l’album, dans les textes.»
L’album se déroule en effet comme une longue histoire dont Mïra est le point central. «Je l’ai appelée comme ça parce que je trouvais que ça sonnait bien, mais surtout parce qu’en espagnol, c’est ‘regarder’.» C’est d’ailleurs dans la pièce qui porte son nom que se trouve la clé de compréhension du titre de l’album : Ï (i tréma).
«Pour moi, [i tréma] c’est juste le meilleur de ce qu’on a fait depuis le début», conclut Vincent. « Les tounes étaient meilleures, on avait plus de maturité pour les structures des chansons… On a fait un travail de préproduction, ce qui fait qu’à mon avis [i tréma] a la notoriété qu’un premier album doit avoir.»
Constatez-le par vous-même, après Ressac et Les Arômes, c’est réellement un produit peaufiné et travaillé que nous présente le groupe local. Un produit à leur image et qui, en résonnant dans vos oreilles, vous attrapera les tripes et le cœur.
Et en spectacle ?
D’ailleurs, vous aurez notamment l’occasion de l’entendre en vrai le 31 août prochain au Cercle. Et ce sous une formule qui, à en croire mon verbatim, risque d’assurer :
EDC : Qu’est‑ce que vous allez faire à partir de votre lancement, partez‑vous en tournée, faites‑vous des shows?
MEDORA : Oui, pas mal de shows.
EDC : Oui. Puis ça va avoir l’air de quoi en show, c’est‑tu quelque chose qui…
MEDORA : Ah, c’est un grand mystère.
EDC : Vous ne savez pas encore, vous allez voir quand vous allez…
MEDORA : Mais dis, dans l’article : ils nous ont dit que ça allait être incroyable, pyrotechnie assurée, puis on va s’arranger pour qu’il y en ait vraiment au show.
…Attention aux étincelles!
– 30 –
Un énorme merci à Tatiana Picard pour la transcription de l’entrevue-mastodonte-casse-tête
Mercredi, Marie-Michelle vous avait proposé quelques perles triées sur le volet. Aujourd’hui, on fait le tour des principaux spectacles présentés à Québec ce week-end!
Attention, y’en a beaucoup, et pas les moindres!
Jeudi 9 mars
Liana Bureau lance (enfin) son EP intitulé Prime Time au Maelstrom Saint-Roch. On l’a écouté, c’est du bonbon (on vous en reparle bientôt). Enfin du RnB de qualité à Québec! Préparez-vous à groover doucement dans le petit café de la rue Saint-Vallier. La première partie sera assurée par l’excellent groupe Floes. N’arrivez pas trop tard, ça devrait être pas mal plein! Portes : 19 h 30 / Spectacle : 20 h 30. Billets
SUUNS est de retour à Québec pour un concert au Cercle pour nous présenter les pièces de sont plus récent album Hold/Still, un album qu’on décrit « comme un objet énigmatique, une suite musicale à la beauté étrange et à l’interprétation méticuleuse qui englobe les contraires et fait de la distorsion cognitive une vertu.Une oeuvre qui ne cède pas facilement ses secrets. » Première partie : Sarah Davachi. Portes : 20 h / Spectacle : 21 h. Billets
On pense que ça va faire des la la la à l’unisson à l’Impérial Bell avec le retour du grand Alex Nevsky, venu nous chanter les pièces de Nos eldorados. Au menu : de la pop lumineuse et accrocheuse. Juste avant, on pourra voir l’énergique Laurence Nerbonne et ses nombreuses bombes tirées de sont excellent album XO, ainsi que Ria Mae, un jeune auteure-compositrice-interprète haligonienne. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
Vendredi 10 mars
On ne peut pas ne pas vous convier au magnifique triple plateau concocté par le Cercle pour lancer la fin de semaine : Medora (qui nous promet de nombreux nouveaux airs), Mauves (le groupe le plus coco du Québec, qui nous promet de nombreux vieux airs) et Dear Criminals (qui a plein de nouveau matériel à présenter, dont les pièces inspirées par le film Nelly). Une maudite belle soirée en perspective! Portes : 20 heures / Spectacle : 21 heures. Billets
Si vous aimez ça quand ça bûche, vous serez gâtés à La source de la Martinière, qui présente Strigampire, Meet the mailman et Skyhex. Quand on parle de chansons déchaînées et de mélodies aux rythmes effrénés, on se dit que ça va faire un joyeux headbanging devant la scène. 21 heures. Billets
Y’a aussi Matt Holubowski à L’Anglicane et Charlotte Cardin à l’Impérial Bell… mais c’est complet. Désolé!
Samedi 11 mars
Avez-vous déjà entendu la jeune vibraphoniste Joëlle Saint-Pierre? Non? Mais qu’attendez-vous, mautadine! On a eu un gros coup de coeur pour son excellent album Et toi, tu fais quoi? sorti il y a déjà un bout de temps. On l’a vue jouer de son vibraphone, qui est un match parfait pour sa douce voix. Vous voulez faire amende honorable? Elle sera au Palais Montcalm avec ses talentueux musiciens ce samedi à 20 heures. Vous allez être charmés! Billets
Du côté de l’Impérial Bell, on aura droit au talentueux septuor trifluvien Bears of Legend, qui propose (si vous ne le saviez pas) un folk orchestral avec une petite touche de progressif. Un univers des plus imagés au sein duquel vous ferez un maudit beau voyage. En première partie, un autre groupe qui propose un genre de folk orchestral, mais cette fois avec une belle touche de jazz : Bellflower. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
Du côté de la Librairie Saint-Jean-Baptiste, l’artiste Ombre! lancera son EP Hymne à la nuit. On va vous parler du EP d’ici samedi, mais si vous le souhaitez, vous pourrez entendre la folk feutrée de Dany Asselin dès 19 h 30 dans ce lieu propice à l’écoute. Contribution volontaire.
Dimanche 12 mars
De la grande visite à Québec : Le Montréalo-Parisien d’origine saguenéenne Peter Peter vient présenter son tout nouvel album, Noir Eden, au Cercle. La pop-électro savante de Peter Peter mélangée à ses propos pas toujours jojos (quoique Loving Game est plutôt lumineuse, n’est-il pas?) est une façon parfaite de terminer la fin de semaine. La première partie sera assurée par Barbagallo, que vous connaissez peut-être en tant que batteur de Tame Impala, et qui vient également de lancer un album intitulé Grand chien, lui aussi résolument pop. Douze camions ouvrira la soirée derrière les platines. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
On les voit souvent, mais on sait que plusieurs d’entre vous aimez les voir aussi souvent que possible : Los est de retour à L’Anti Bar et spectacles, question de nous chatouiller les oreilles avec les chansons de son excellent Big Surf. Le groupe sera accompagné d’une autre bande de rockeurs au coeur tendre, la formation néo-brunswickoise Little You Little Me. Portes : 20 h / Spectacle : 21 h. Entrée : 12 $ à la porte.
En arrivant sur Saint-Joseph une quinzaine de minutes avant l’heure du spectacle, j’ai pu constater que plusieurs personnes faisaient la file pour entrer au Cercle. C’était peut-être la première fois que j’étais contente d’attendre dans un line-up, parce que c’était la récompense d’un groupe local qui persévère dans ce qu’il fait malgré les nombreuses difficultés de la scène émergente. La salle a en effet affiché complet dès 21h15, l’heure à laquelle De la Reinemontait sur scène pour débuter la soirée.
De la Reine
Alors que je me frayais un chemin parmi la masse de spectateurs en sortant du vestiaire, les premières notes du groupe commencèrent à danser dans mes oreilles. De la Reine avait préparé une introduction musicale qui nous amenait lentement vers son monde. J’ai fini par me rendre tout en avant, car à chaque endroit où j’arrêtais pour écouter j’étais malheureusement dérangée par des verbomoteurs qui n’ont d’ailleurs pas démordu de toute la soirée. C’est donc la tête collée sur les amplis que j’ai pu apprécier mon début de soirée.
Le groupe a livré une performance énergique, un véritable spectacle qui renouvelait les pièces de l’album. Tant pis pour ceux qui n’en ont pas profité, les autres spectateurs (que je pus apercevoir en avant) semblent avoir été conquis.
Harfang
J’ai pu me déplacer vers le premier rang juste à temps pour l’entrée de Harfang, qui fut acclamé par les spectateurs. Dès qu’il eut «cassé» sa première pièce, le groupe décupla d’intensité pour nous offrir un spectacle dynamique et bien rodé. Les musiciens avaient fait le choix judicieux de présenter les titres de Laugh Away The Sun dans le désordre et d’y insérer une ou deux chansons de leur maxi précédent. Résultat : leur prestation n’a été qu’un énorme crescendo vers le bloc final, lorsqu’ils ont joué l’une après l’autre Stockholm et Pleasure. Le public a d’ailleurs débordé d’enthousiasme en entendant ces simples qu’il semblait bien connaître. Disons que je n’étais pas la seule à connaître les paroles.
En écoutant l’album, on aurait pu se demander comment les chansons allaient être interprétées en spectacle. La réalisation ajoutait beaucoup d’effets issus du numérique, comme le groupe nous l’avait annoncé en entrevue (que vous pouvez lire ici). Ils ont d’ailleurs été fidèles à leur propos et ont su intégrer ces effets aux pièces, mais aussi aux jeux d’éclairage opérés par Kevin Savard.
Harfang a terminé la soirée en rappel avec UFO et Exposure, deux pièces tirées de Flood, nous laissant tout de même sur notre faim. Les musiciens, acclamés de plus belle à la fin de leur performance, semblaient être eux-mêmes dépassés par l’intensité des évènements. Ce n’est pas tous les jours en musique qu’on profite du fruit de son travail.
Tournée Harfang / De la Reine
Cette soirée marquait le début d’une tournée en compagnie De La Reine (visiblement une formule gagnante), qui se poursuivra jusqu’en mars.
JANVIER
26: Québec (Le Cercle)
27: Trois-Rivières (Le Zénob)
28: Gatineau (Le Petit Chicago)
FÉVRIER
2: Montréal (Le Divan Orange)
4: St-Casimir (La Taverne)
11: Ste-Anne-des-Monts (Le Malbord)
12: Québec (Showcase RIDEAU)
17: Chicoutimi (Le Sous-Bois)
18: La Malbaie (L’Auberge de jeunesse de la Malbaie)
Avec ses deux premiers EP parus en 2014 (Harfang EP) et en 2015 (Flood), Harfangétait un groupe qui se laissait gentiment classer dans la catégorie indie-folk-rock. L’album long Laugh Away The Sun, qui sera lancé à Québec le 26 janvier prochain, présente pour sa part un style beaucoup plus éclaté en accordant une place à des saveurs électro et pop. À l’occasion de la sortie de cet opus, nous avons rencontré quatre membres du groupe: Samuel Wagner (voix, etc.), Alexis Taillon-Pellerin (basse, etc.), Mathieu Rompré (batterie) et David Boulet Tremblay (guitare électrique). Il ne manquait qu’Antoine Angers (guitare acoustique, etc.). Ce fut l’occasion de parler de Laugh Away The Sun, du processus de création derrière ses pièces, mais aussi de faire ressortir les enjeux auxquels un groupe émergeant peut être confronté lors de la réalisation d’un album entièrement autoproduit. Entrevue avec un groupe local qu’on suit – et qu’on a aimé suivre – depuis ses débuts.
Une nouvelle étape pour Harfang
«On a toujours voulu faire un album», avoue Samuel. Or, la réalité actuelle dans le milieu de l’industrie de la musique est telle que, bien souvent, il faut d’abord passer par la réalisation d’un maxi : «Maintenant les groupes sont souvent autoproduits, et faire un EP ça coûte vraiment moins cher, c’est vraiment moins long pis tu te plantes moins. Ça te permet aussi de faire les choses toi-même», explique Alexis.
Presque deux ans après le lancement de Flood et suite à leur apparition au FEQ en 2015 et en 2016, Harfang a gagné en expérience ainsi qu’en visibilité. «On a fait nos dents», énonce David. Pour les membres du groupe, Laugh Away The Sun était donc la suite logique de leur parcours. «L’album, c’est vraiment le début de quelque chose de plus sérieux. Ce n’est pas que nos autres albums n’étaient pas sérieux, mais là c’est une nouvelle étape pour nous», ajoute Alexis.
Faire un album : un parcours difficile mais enrichissant
Selon les membres de Harfang, le processus de création de Laugh Away The Sun s’est étalé sur plus d’un an : «C’est tout ce qu’on a fait de 2016, à part quatre gros shows … et même de la fin de 2015», raconte Mathieu. Pour le groupe, cela aura été somme toute une année difficile pour plusieurs raisons. «On en parle de même ouvertement, mais c’était rough», avoue Alexis, qui concède aussi que le groupe a failli se séparer.
Tout d’abord, la pression de réaliser un album de A à Z dans un délai prescrit pesait chacun des membres, comme l’explique David : «Ce n’est pas la pression que les gens attendent quelque chose, mais la pression que nous on se met, et la pression de réussir dans le deadline qu’on s’est donné, explique-t-il. Quand on s’est tous dit ‘ok, on commence le processus de faire un album’, [Alexis] et Antoine parlaient déjà d’un échéancier. On savait déjà à quelle date il faudrait idéalement le sortir pour le plan communication, le booking et tout ce côté-là. On savait combien de temps on aurait, et combien de temps on passerait dans chaque période de création : la compo, la préprod, l’enregistrement. C’est plus ce côté-là qui a été difficile, plus que le fait qu’il y ait des gens qui attendent un résultat», raconte David.
«On se rendait compte à la fin du processus qu’il y avait des affaires qui ne marchaient pas, ajoute Samuel. Et il fallait que ça marche ! Mais on n’avait pas le choix d’avoir un deadline», concède-t-il. Pourquoi se mettre autant de pression pour rentrer dans les temps, pouvait-on se demander. Alexis anticipe la question : «On voulait sortir cet album-là [dans les délais qu’on s’était donnés] parce que, dans notre situation – 100% indépendants et autoproduits – on ne peut pas se permettre un moment où il ne se passe plus rien. C’est sûr qu’il y a des périodes creuses, ça fait partie de tous les métiers de création : à un moment donné tu n’as pas le choix de t’isoler pis de faire tes choses. Mais dans notre cas, c’est que la remontée après, si elle se fait trop tard, eh bien c’est nous qui allons la subir et on le sait déjà», explique-t-il. Il avoue cependant de pair avec les autres membres que, malgré ces difficultés, ce parcours prend son sens dans sa réalisation : «Ça devient quasiment une drogue de sortir un album, c’est tellement trippant de présenter ce contenu-là qui est notre plus gros projet à tous les cinq.»
Des thèmes sombres et lumineux
Selon Samuel Wagner, le thème majeur de Laugh Away The Sun serait d’ailleurs celui de la dépendance : «C’est le thème qui ressort dans l’album et j’ai l’impression que c’est comme notre amour pour la musique…On est dépendants à la musique, mais c’est difficile et ça peut nous mettre dans le trou financièrement. Mais on n’a pas le choix», avoue-t-il. Dans les pièces à proprement parler, le thème prend des formes changeantes, comme le souligne le chanteur : «Il est exploité tout le long de l’album de façon différente, de façon plus ou moins subtile. Ce n’est pas spécifique à quelque chose : ce n’est pas la dépendance à la drogue ou à l’amour… C’est un peu tout ça en même temps. C’est le fait de ne pas avoir le contrôle de soi-même, de ses démons. De ne pas savoir comment les contrôler et d’être complètement démuni par rapport à ça.»
Tout comme les ivresses et les coups durs d’une dépendance, Laugh Away The Sun joue avec la noirceur et la lumière. Le titre, en ce sens, est évocateur : «‘Laugh away’ c’est une expression qui est quand même légère, mais juste parce qu’on parle du Soleil et de la lumière dans son idée, ça devient lourd. C’est comme un contraste», explique David. «Faire disparaître le Soleil, c’est une image qui exprime une entrée dans quelque chose de plus sombre», énonce Alexis.
Ainsi, aux côtés de pièces chargées d’intensité comme Pleasure, l’aspect lumineux de l’album – qu’on retrouve notamment sur des pièces comme Fly Away ou Wandering – prend une teinte particulière : «C’est une naïveté qui, pour nous, quand on l’a écrit, cachait quelque chose encore une fois, explique le bassiste. Il n’y a pas un texte [sur l’album] qui est fondamentalement joyeux. Même Lighthouse, qui a un texte d’espoir.», ajoute-t-il.
Le processus de création : trois lieux, trois périodes
«Il y a quand même trois phases qui se sont opérées dans la création de l’album et on peut les cibler selon l’endroit où on était, raconte Alexis. La première phase remonte à longtemps, c’était dans le sous-sol chez mes parents.» C’est dans cet espace assez restreint qu’auraient été composées Stockholm et Lighthouse. «Et après ça on est arrivés à l’île d’Orléans, poursuit le bassiste. Il y a une autre vibe qui est rentrée – faut dire aussi que c’était l’été – on a fait les bases de Truth, de Fly Away et de [Pleasure]. […] La troisième phase c’est au Pantoum. C’est là qu’on a fini Truth, Pleasure et qu’on a fait Kneel», conclut-il.
Certaines pièces, comme Stockholm, furent le résultat de jams en groupe. D’autres, comme Pleasure, ont une histoire un peu plus anecdotique. «Pleasure moi je me souviens très bien comment ça s’est fait ! Je pense que ça a coloré la tune», s’exprime Samuel. Le groupe travaillait alors dans une grange à l’île d’Orléans, à l’endroit même où on les avait rencontrés pour notre entrevue en juillet 2015. «Ce soir-là, je pense qu’on était tous écœurés, on ne savait plus ce qu’on faisait», poursuit le chanteur. «Il fallait qu’on compose du nouveau stock, on s’était dit qu’on voulait 10 tunes et on en avait comme trois ou quatre de composées, et ça faisait comme trois jams qu’il ne se passait rien», ajoute Mathieu. «Et là j’ai commencé à gosser sur une pédale d’effet, pis je me suis dit ‘bon, c’est la seule affaire qu’on peut faire, sinon on s’en va toute chez nous pis c’est plate’», explique Samuel. «En même temps, nous de notre bord, on travaillait une ligne d’accord», complète Alexis, ce sur quoi David ajoute en riant : «On travaillait sur une tune que tu voulais pas faire !», en s’adressant à Samuel. Alexis reprend : «On travaillait une ligne d’accord, pis Sam travaillait un truc plus dans l’effet et dans le vocal, et finalement, chemin faisant, les trucs se sont mergés.», conclut Alexis.
Selon les membres du groupe, l’histoire de la composition de Pleasure se révèle dans sa musique. «Pleasure il y a quelque chose de violent, il y a beaucoup de détresse là-dedans, et aussi un genre de défoulement. Il y a de l’entêtement dans cette tune-là» explique Samuel. «Et ça ouvre à la fin, comme si on avait réalisé qu’on avait une tune!», s’exclame David.
Laugh Away The Sun : rupture ou continuité ?
Le résultat de l’ensemble du processus de création peut frapper, notamment parce que les nouvelles pièces se distinguent des autres compositions de Harfang. Le simple Stockholm, paru le 13 décembre dernier, laissait même présager un tournant assez radical. «On voulait choquer un peu les gens, honnêtement !», avoue le chanteur. «Avec Stockholm on n’y a pas été avec le dos de la cuillère ! Le changement est plus modéré sur l’ensemble de l’album », poursuit-il. En effet, comme l’explique Mathieu Rompré, cette pièce est selon eux «la plus pop de l’album». Flatline, un autre titre paru en mai 2015, montrait d’ailleurs qu’une certaine continuité serait conservée malgré tout.
«On faisait un peu la suite de Flood avec Flatline ; c’est une chanson qui est vraiment dans la même vibe, raconte Alexis. Quand on a sorti Stockholm, c’était plus dans la volonté de, disons, faire une rupture avec Flood et de surprendre les gens qui nous connaissent. On présentait en quelque sorte notre direction artistique pour Laugh Away The Sun [avec ces deux simples]».
Rupture et continuité, un autre contraste qui semble donc être exploité dans le style musical de Laugh Away The Sun, comme l’explique Mathieu Rompré : «Il y a des tunes quand même vraiment pop et il y en a d’autres qui sont plus pour les mélomanes crinqués qui veulent écouter de la musique un peu plus compliquée et avec plus de couches», décrit le batteur. En un sens, c’est comme si après Flood le groupe avait voulu explorer les deux extrêmes qu’il cherchait alors à concilier. Dans leur dernier maxi, le groupe avait effectivement simplifié à leur maximum des noyaux musicaux afin de les rendre notamment plus accessibles à l’écoute. Dans Laugh Away The Sun, la dichotomie des pièces a permis au groupe d’exploiter une esthétique plus complexe et chargée, comme l’exprime David : «Les deux premiers [maxis], c’était vraiment cinq personnes qui jouent chacun sa partie. On voulait avoir plus de couches, un arrangement un peu plus étoffé que juste entendre cinq instruments [pour l’album].»
Une réalisation qui concilie acoustique et numérique
Le secret du groupe pour faire tenir ensemble l’indie-folk-rock, l’électro et le pop réside dans leur travail de réalisation de l’album : «Une ligne directrice au niveau de la réalisation, ça a vraiment été de mélanger une esthétique acoustique folk avec parfois une esthétique plus rock, mais aussi de faire un contraste avec des sons, des sonorités vraiment numériques. Il y a des effets qui sont purement numériques sur l’album et on ne s’en cache pas», explique Samuel Wagner, qui a beaucoup travaillé à la réalisation de l’album. Selon lui, le numérique pouvait être utilisé comme un instrument pour ajouter des couleurs aux pièces. «On trouve que le numérique peut de façon artistique amener énormément à des tunes en contrôlant des glitch sonores, ce qui a été fait», complète Alexis. «Il y a des bug sur l’album qui sont littéralement contrôlés, ajoute Samuel. Ça peut me prendre une heure programmer des faux bug.» Au final, ce traitement au numérique a permis de donner aux pièces leur unité : «C’est la colle entre toutes les tunes finalement. Qu’elles soient folk, qu’elles soient plus rock ou qu’elles soient plus électroniques, elles ont toutes cette esthétique-là du numérique qui semble ne plus être contrôlée, mais qui l’est en fait», confirme Samuel.
Le numérique a aussi été utilisé par le groupe dans le but d’ajouter les couches et la complexité désirées à leur musique : «Musicalement ce n’est pas plus complexe, confirme Samuel. Mais au niveau des textures, au niveau de l’assemblage, ce l’est». Leur volonté était de dépasser les simples lignes musicales jouées chacune par un musicien et identifiables : «Quand t’as peu de pistes et que t’entends cinq musiciens, t’entends cinq lignes. Dans cet album-là, t’entends beaucoup de choses», explique Alexis. «Moi je le voyais un peu comme du collage, ajoute Samuel. On a mis des trucs qui sortent du band, littéralement, et même des fois qui sortent de la tune en quelque sorte.»
Laugh Away The Sun en spectacle : «plus rock que folk»
L’ensemble du traitement numérique et l’idée des glitch sonores seront récupérés dans les performances, aux dires des musiciens qui préparaient leur spectacle lorsqu’on les a rencontrés. «Ça va être exploité dans le show, confirme Samuel. C’est ça qu’on essaye de travailler en ce moment. Même à l’éclairage, au niveau de la mise en scène, cette esthétique-là – numérique, qui bug – va être représentée de plusieurs façons.» Par ailleurs, on a déjà eu un aperçu de la façon dont le groupe pouvait allier glitch sonore et visuel par l’entremise du vidéoclip de Stockholm, réalisé par Antoine Bordeleau.
Depuis trois ou quatre jours, les membres de Harfang planchaient en effet sur leur spectacle à temps plein. «En fait ça a été un laboratoire de trois journées de huit ou dix heures, avec un break pour dîner et c’est tout», précise Mathieu. Apparemment, les résultats sont concluants : «La plus grosse partie est faite, et j’oserais dire que ça s’est bien passé en définitive. C’est-à-dire qu’on n’a jamais travaillé un show comme on l’a fait dans les trois ou quatre derniers jours», énonce Alexis. Ils ont d’ailleurs fait appel à d’autres collaborateurs pour enrichir le tout : Audrey Anne Hamel a contribué à la mise en scène et Kevin Savard, aux éclairages. Résultat, un spectacle indépendant qui serait «quasiment dans les normes du show-business».
Pour ce qui est du ton du spectacle, le bassiste nous assure en outre qu’on aura droit à quelque chose de «plus proche d’un show rock que d’un show folk» avec «clairement plus d’énergie». «Ça va être dynamique comme show», assure Mathieu pour sa part. «Il va y avoir un rythme aussi auquel les gens ne sont probablement pas habitués de notre part, c’est-à-dire un rythme dans le show, ajoute Alexis. C’est un spectacle.»
À venir : Lancements et spectacles
Le lancement à Québec se fera au Cercle en compagnie De la Reine. Ce spectacle marquera le début d’une tournée commune qui comprend aussi le lancement de Harfang à Montréal le 2 février prochain, au Divan Orange. Enthousiastes, les membres du groupe ont hâte de présenter l’ensemble de leur travail et anticipent un résultat favorable. «Moi je prévois que ça soit notre plus grosse année jusqu’à présent», nous disait Mathieu Rompré. On leur souhaite !
Tournée Harfang / De la Reine
JANVIER
26: Québec (Le Cercle)
27: Trois-Rivières (Le Zénob)
28: Gatineau (Le Petit Chicago)
FÉVRIER
2: Montréal (Le Divan Orange)
4: St-Casimir (La Taverne)
11: Ste-Anne-des-Monts (Le Malbord)
12: Québec (Showcase RIDEAU)
17: Chicoutimi (Le Sous-Bois)
18: La Malbaie (L’Auberge de jeunesse de la Malbaie)
Le prochain album de Harfang, Laugh Away the Sun, s’en vient à grand pas et sera lancé en janvier prochain. En attendant, la formation de Québec nous offre un deuxième extrait intitulé Stockholm après la fort jolie et planante Flatline.
Une chanson plus fougueuse, plus rythmée, qui donne même le goût de faire quelques pas de danse. Samuel montre une fois de plus toutes les nuances de sa (magnifique) voix. De leur côté, Antoine, Alexis, David et Mathieu font ce qu’ils font de mieux : avec leurs instruments, ils nous engagent dans un feu d’artifice d’émotions.
En plus de la chanson, les gars nous présentent un vidéoclip (qui vaut la peine d’être vu) réalisé par Antoine Bordeleau.
Il semble bien que 2017 sera une année faste pour nos amis. On va suivre ça de très, très, très près.
Coproduit par Boîte Béluga et le Pantoum, le Mammifest a battu son plein samedi dernier pour une première édition qui a connu un franc succès. Conçu pour «donner une nouvelle vitrine pour la relève de Québec», comme nous l’a annoncé Jean-Étienne Collin Marcoux du Pantoum, ce festival nous a présenté quatre groupes locaux ainsi que Royal Canoe (Winnipeg) et Organ Mood (Montréal / Sherbrooke) en tête d’affiche. Six spectacles uniques d’affilée dans une ambiance «animale» où chacun était libre de se déguiser en son mammifère préféré.
Le Complexe Méduse avait été transformé en jungle pour l’occasion, grâce à des décors faits main par Carol-Anne Charrette et Pier-Anne St-Jean. Pour couronner le tout, le Coin fabriquait même sur place des T-shirts personnalisés à l’effigie du festival. Quand la soirée a commencé, vers 21h, la salle était déjà pleine.
Floes – 21h
C’est Floes qui a ouvert le bal. Composé de Samuel Wagner (Harfang),Pier-Philippe Thériault (PopLéon) et Simon Tam (PopLéon, Émeraude), le groupe nous a offert son premier spectacle à vie. Ils avaient sorti un extrait quelques jours avant, Showdown, qui nous promettait un électro franchement pop, voire hip-hop, tout en gardant un côté introverti et planant.
N’ayant pas peu d’expérience chacun de leur côté, les musiciens du trio ont bien tenu leur promesse. Résultat, des beats intéressants, des mélodies pop dont l’aspect répétitif était cassé de temps en temps par le son plus rock de la guitare, sans oublier la voix de Samuel Wagner qui contrebalançait le tout avec sa légèreté et son côté planant. Un mélange osé et intéressant, où chaque son avait sa place. Pendant une trentaine de minutes, Floes nous a joué ses quelques pièces, dont on retrouvera une partie sur leur mini-album qui devrait sortir bientôt.
De la Reine – 21h45
Autre trio assez récent, De la Reine se démarque par son énergie et son groove. Les trois musiciens du groupe, Jean-Étienne Collin Marcoux (batterie), Vincent Lamontagne (guitare et basse) ainsi qu’Odile Marmet-Rochefort (voix et claviers), ont eux aussi déjà fait leurs armes (ou leurs instruments) dans différents autres groupes locaux de la ville de Québec.
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Dans un style qui mêle le trip-hop et le rock à beaucoup d’autres substances musicales, le groupe a livré une performance qui avait quelque chose de percutant, d’accrocheur. On est heureux de constater, aussi, que la langue française de leurs textes se marie bien avec leur musique, un autre pari intéressant. Le groupe a aussi profité du Mammifest pour lancer sa cassette, leur premier opus.
Medora – 22h30
Programmé au OFF l’an passé, Medora a été chaudement accueilli par le public samedi soir. Public qui, d’ailleurs, ressemblait fortement à celui du OFF : attentif et curieux, ouvert, festif.
Contrastant avec le côté pop du début de la soirée, le groupe s’est lancé très rapidement dans leur rock cru et planant à la fois, comme le serait une remise en question existentielle. Ils ont joué plusieurs pièces de leur récent maxi intitulé Les Arômes ainsi que Sillage, une des pièces phares de leur premier disque. Ils n’ont pas déçu le public, qui semblait habitué à l’intensité du groupe et à ses crescendos psychédéliques.
On a aussi eu droit à une reprise d’une chanson d’Avec Pas D’Casque ainsi qu’à une nouvelle pièce au tempo rapide et où la voix du chanteur s’est déployée avec agilité : Tsunami. On y a aussi senti un côté plus dissonant qui ajoute une autre couleur à la musique du groupe. Cette chanson se trouvera apparemment sur le prochain opus de Medora, premier album complet, sur lequel ils travaillent en ce moment.
Harfang – 23h15
Très attendus eux aussi, les membres de Harfang sont montés sur scène peu après Medora. Le harfang n’est pas un mammifère, mais samedi dernier il faisait vraiment partie de la famille : le groupe était visiblement heureux de jouer devant un public déjà pour la plupart initié à sa musique, qui plus est entouré d’une équipe avec laquelle il est habitué de travailler. La performance n’en a été que plus énergique, d’un enthousiasme contagieux.
Harfang a joué plusieurs pièces de ses deux maxis Harfang EP et Flood, en plus de quelques pièces qui ne figurent pas encore sur aucun disque. Ces nouvelles chansons, dont une qui a été jouée pour la première fois en spectacle au Mammifest, témoignent de nouvelles influences qui ont été mélangées au folk rock distinctif du groupe. J’ai cru y voir passer des traces de jazz, de blues, quelque chose du pop des années 80 et même un peu de musique du monde. Ce sera à explorer plus amplement quand le groupe sortira son prochain disque, un album complet, prévu pour la fin 2016.
Royal Canoe – 0h15
En tournée pour la promotion de leur nouvel album Today we’re believers, le groupe manitobain a fait un arrêt au Mammifest pour le plus grand plaisir des spectateurs. Royal Canoe, ce sont des arrangements musicaux élaborés autour d’un jeu répété, des tempi et des structures rythmiques complexes, le tout accompagné par la voix du chanteur transformée par différents effets électroniques.
Leur musique, un mélange hétérogène de différents styles qui ressortent en un tout psychédélique et électro à la fois, a emporté le public qui s’est graduellement mis à danser. Vraisemblablement enchanté par la réaction du public, le groupe a étiré sa performance en jouant autant de vieilles chansons que de nouvelles.
Organ Mood – 1h15
Après quatre heures de spectacle intense, rien de mieux pour terminer la soirée que la performance d’Organ Mood. Spectacle inclusif, ambiant, où le public et l’improvisation musicale psychédélique tenaient des rôles prépondérants. Les effets visuels, faits main, étaient eux aussi créés spontanément sur place à l’aide de rétroprojecteurs et d’acétates.
Les spectateurs, mêlés à la performance qui se donnait sur le plancher de la salle, en ont profité pour se poser pendant la première partie du spectacle. En bonne partie assis, quelques uns les yeux fermés, ils appréciaient l’ambiance musicale et ses effets de transe. Après une intéressante performance de deux spectateurs sur un instrument inventé par le groupe, Organ Mood a invité le public à se disperser dans la salle. Celui-ci en a profité pour se propager, discuter, profiter du moment ou encore danser. La piste de danse s’est élargie à mesure que la performance avançait.
Jean-Moufette – Très tard
Pour les quelques motivés qui restaient et en redemandaient encore après Organ Mood, Jean-Michel Letendre Veilleux du Pantoum (a.k.a. Jean Moufette) a fait un DJ set jusqu’à 3h du matin. Le tout s’est apparemment très bien terminé, selon l’autre pilier du Pantoum Jean-Étienne Collin Marcoux.
Un festival prometteur
Local autant par sa programmation (Floes, De la Reine, Medora, Harfang) que dans son organisation (Boîte Béluga, Pantoum, Le Coin), le Mammifest a su plaire au public et rassembler une variété intéressante de styles. L’ambiance était festive et le concept, bien exploité. Le timing était parfait pour nous remettre en mode festival et pour nous faire patienter jusqu’au OFF.
On espère que cette édition soit la première d’une longue série qui poussera encore plus loin ses exploits et qui fera voir à qui le veut bien à quel point notre scène locale se porte bien. En espérant y croiser toujours davantage de nouveaux visages (autant du côté du public que de celui des musiciens) et qu’on offrira à ce festival la visibilité qu’il mérite.
Le groupe local Medora présentait hier soir, et ce pour la première fois en spectacle, son tout dernier maxi intitulé Les Arômes. Ils en avaient fait le lancement officieux la semaine dernière au Pantoum dans un 5 à 7, mais l’évènement en grande pompe s’est déroulé au Cercle. Cet opus entraîne le groupe sur une nouvelle lancée, d’autant plus qu’ils sont accompagnés par une nouvelle équipe de qualité (Boîte Béluga, Pantoum, etc.),
Aux alentours de 21h15, alors que la salle se remplissait tranquillement, c’est Les Louanges qui a commencé la soirée avec une entrée en matière rapide et efficace. Peu évidente à décrire, leur musique est composée d’une section rythmique (batterie, basse) plus groovy, qui est accompagnée par des mélodies (guitare, clavier, voix) plus planantes. La voix de Vincent Roberge, à qui on peut attribuer l’initiative du projet, est un élément crucial de l’originalité du groupe puisqu’elle est assez versatile et toujours hors du commun. Les Louanges ont joué des pièces d’un rock tantôt «plus suaves», tantôt plus festif, qui se retrouveront en bonne partie sur un maxi qu’on nous annonce en avril. Le tout était entrecoupé d’interventions du chanteur. Ce dernier, en bon amuseur de foules, a fait rire le public avec tours de magie, anecdotes et autres blagues.
Medoraa ensuite pris place sur scène sous les applaudissements chaleureux du public devenu assez nombreux. Dès les premières pièces, qui figurent sur Les Arômes, on a pu constater que le nouveau maxi était un peu plus rock que le précédent. On y sent, en tout cas, une lourdeur du son ajoutée au planant et à l’éthéré caractéristique de Medora. Un mélange pour le moins percutant!
Dans les nouvelles chansons dans leur ensemble, on peut aussi noter quelque chose de progressif, notamment dans les variations fréquentes de dynamiques (volume) et de tempo (rythme). Le groupe a aussi étendu son répertoire de styles en y insérant notamment quelques éléments du punk dans la finale d’une de leurs pièces. Les mélodies vocales sont un peu plus catchy qu’avant, rendant celles-ci plus accessibles et leur donnant un arrière-goût de pop. Les crescendo d’intensité, déjà bien maîtrisés sur Ressac, se font encore ressentir sur Les Arômes.
En plus des pièces du nouvel album, on a pu entendre hier une section d’anciennes chansons tirées de leur premier maxi ainsi que quelques reprises bien choisies. Medora a notamment conclu son rappel avec un titre de Jimmy Hunt.
Le son était bon dans son ensemble, mais on a d’emblée fait face à quelques problèmes techniques (feedback, loops, etc.). Le groupe a cependant su faire abstraction de ces distractions pour se concentrer sur leur prestation. Ils ont joué avec intensité et avec un plaisir contagieux. Leur aisance sur scène, plus présente qu’avant, est sans doute le résultat du travail avec leur nouveau metteur en scène, Alexandre Martel (Mauves, Anatole).
Le public, qui a applaudi chaleureusement entre les pièces, m’a pourtant paru bien timide. Devant un groupe qui se donnait à fond, on aurait dû voir un peu plus d’action de sa part. Il a pourtant été assez attentif et enthousiaste.
Après le rappel, la soirée d’hier s’est conclue amicalement au Cercle avec bières, jasette, signatures d’autographes et félicitations sur un fond musical.