Fria Moeras
C’est en solo que Fria Moeras s’est présentée arborant une tenue de vendeuse de crème glacée dans un stade de baseball. Avant le spectacle, elle est cette personne rayonnante et extravertie, sur scène, elle a décidé d’adopter un personnage un peu gêné et décalé du monde que l’on connaît. «J’va jouer des chansons». Après ces paroles solennelles, la jeune musicienne débute son spectacle avec La peur des animaux, une chanson qu’elle a eu la chance d’interpréter dans le cadre d’une session live au Comptoir Emmaüs pour la Fabrique Culturelle. Cette valse candide annonce très bien les couleurs fuchsias de cette belle musique. Ses textes, sa voix, son attitude, plusieurs éléments nous rappellent une certaine Lydia Kepinski, ce qui n’est pas une mauvaise chose compte tenu du succès de cette dernière ces temps-ci. Dans son choix de chansons, deux reprises de Jean Leloup jouées tour à tour. Elle débute, pour le plus grand bonheur de son gérant Renaud Paquette, par une interprétation bien à elle de «Johnny Go», ajoutant quelques mélodies à cette chanson qui est d’ordinaire plus spoken word. Après avoir cassé un verre (on ne pose jamais de verre plein sur les amplis gang), Fria enchaîne avec un très touchant «Sang d’encre» qui nous a fait réaliser le grand talent d’auteur de la jeune fille, car les paroles s’inscrivaient en plein dans son style de textes. Quand les paroles nous rappellent l’écriture de Jean Leloup, c’est généralement bon signe. Ses chansons folk-intimiste nous plongeaient dans une atmosphère introspective qui nous accrochait à ses lèvres, attendant le prochain mot pour saisir les belles images de ses textes. En résumé, si Fria Moeras c’est un croisement entre Képinski et Leloup, ça vaut le détour d’aller voir son spectacle et de suivre son parcours.
Crackers and Jam
La formation de Montréal est arrivée sur la scène de la Ninkasi le sourire aux lèvres malgré les petits yeux de tournée des membres. En effet, Crackers and Jam était en tournée depuis une semaine à travers le Québec passant entre autre par Gaspé, Tadoussac, Chicoutimi, la Malbaie. Un peu amochés par la tournée (et la drift de la veille qui valu une jambe dans le plâtre à Joseph, le bassiste/claviériste), les gars ont livré un show solide. Crackers and Jam c’est avant tout le groove. «On aime ça groover, on aime ça danser.», lance Julian avant de partir un morceau bien funk et entraînant. Ils mélangent avec succès le soul-funk des années 70 avec un son brillant bourré d’harmonies vocales nous rappelant les Beatles. En gros, c’est George Harrison avec un afro ou bien George Clinton en Sgt Pepper. La voix de ténor d’Adrian nous fait planer et les lignes de violon de Julian affirment bien le ton folk-rock du groupe. Crackers and Jam agit vraiment comme un groupe. Durant le spectacle, nous avons pu y voir 3 chanteurs principaux pour des chansons différentes, Adrian qui chantait beaucoup au début, s’est retiré derrière pour jouer de la basse et laisser place à ses camarades. Malgré sa jambe dans un piteux état, Joseph nous impressionna avec son aisance autant à la basse qu’aux claviers. Idem pour Julian qui alternait entre le violon, la mandoline et la guitare durant tout le long du spectacle. Malgré leurs conditions physiques, les gars ont donné tout de même un très bon show avant de se lancer dans le fameux karaoké de la Ninkasi.