L’auteur-compositeur-interprète arrive avec une deuxième oeuvre discographique complète plutôt déroutante et surprenante. Les gens dont le seul but dans la vie est d’entendre le volume 2 du Dernier empereur bantou (son précédent album) ratent complètement la cible.
Le son électro et dansant du premier long jeu cède le pas à un ensemble très, très dur à expliquer en quelques mots. La seule chose que je peux affirmer, c’est que l’effet Kwenders est encore là. Je vous explique: lorsque vous êtes poursuivi par un psychopathe à la Jason Voorhees (j’espère que ça ne vous arrive pas trop souvent) et que vous criez de toutes vos forces «Au secours!», je vous dit: «il ne faut pas me déranger, j’écoute du Pierre Kwenders.» Voilà pour les explications…
Pour revenir à MAKANDA…, il ne faut surtout pas donner d’étiquette à cette oeuvre, «gugusse» dont le talentueux musicien déteste être affublé. Par exemple, ne lui dites pas qu’il fait de la musique du monde. Ainsi, pour être le plus respectueux possible de l’oeuvre de cet artiste à la notoriété inversement proportionnelle au talent (si au prochain gala de l’ADISQ, il ne reçoit aucune nomination, je hurle ma douleur de vivre au jury), disons que cette oeuvre musicale déchire toute notion d’espace-temps logique, tout en restant cohérente. C’est aussi la rencontre, non seulement entre différentes époques, mais également avec la sensualité, la nostalgie, l’évasion, l’amour, la fête: le tout livré en quatre langues et dialectes, soit le français, l’anglais, le shona et le lingala.
Tout cet univers est rendu possible grâce au travail de Kwenders et du producteur Tendai «Baba» Maraire, du groupe Shabazz Palaces. Un mariage qui aurait pu être très, très étrange. Mais l’effet Kwenders a non seulement le résultat de rendre très égocentrique ses auditeurs et auditrices, mais aussi de permettre n’importe quoi, car ça colle à tout coup. Il faut dire que la production de Maraire laisse des rythmes hip hop très atmosphériques s’imbriquer harmonieusement avec l’électro et la rumba congolaise (style de musique mettant de l’avant des percussions et de la guitare électrique jouée à la fingerstyle) du chanteur.
De cette liaison, naît par exemple Woods of Solitude, qui fait penser aux productions de la compagnie Real World Records durant les années 1990; Rendez-vous, où l’amour à Paris se vit à la sauce Papa Wemba; Tuba Tuba, un coupé-décalé trempé dans de l’électro-rock très entêtant.
Le mariage Kwenders-Maraire en est un à quelques occasions d’ouverture, avec de belles collaborations. Notons celle avec la chanteuse de Seattle Tanyaradzwa. Sur la pièce Zonga, sa voix chaude remplie d’assurance est posée sur des arrangements de violons classiques et de percussions laissant à l’auditeur le désir de voyager dans des contrées champêtres. De son côté, Ishamel Butler, l’autre moitié de Shabazz Palaces, prend l’identité de Palaceer Lazaro pour un trio avec Kwenders et la chanteuse SassyBlack sur Makanda. Ce travail d’équipe offre un résultat aérien et urbain.
L’effet Kwenders réussit en fin de compte à défier la malédiction du deuxième album qui «floppe» dans les abysses de la facilité et de la complaisance auditive. MAKANDA… est une offrande exigeante mais rafraîchissante, qui donne généreusement une claque aux artistes qui se déclarent «authentiques» à défaut d’être créatifs.
J’aime/je déteste ces groupes qui refusent d’être identifiés à un style musical précis : je suis confus. J’adore être déstabilisé, faut croire. Peu importe ma façon de voir les choses, ce genre de groupe redonne ses lettres de noblesse à la musique qui se veut, fondamentalement, un divertissement. Co/ntry, pour moi, a compris ce fait en nous offrant Cell Phone 1, un hybride, une offre musicale éclectique qui fit parfaitement dans le paysage musical actuel. Éclectique parce que l’offre actuelle (au Québec) est assez homogène, et ce duo néo-brunswickois (qui s’est installé dans la métropole) propose une œuvre musicale qui tire un peu partout, certes, mais qui a des base assez solide.
En effet, le duo a une oreille pop bien sentie; leur désir d’écrire et de composer des airs accessibles et fédérateurs est évident, et les mélodies sont accrocheuses et sont créées en fonction d’attirer l’attention. Le new wave et les années 80 ont une immense influence sur Co/ntry, même dans leur désir d’être le moins identifiable possible. En effet, la présence de saxophone sur Living in a Body, le clavier suave sur Too much ou la présence de 808 sur l’ensemble de l’oeuvre. On sent, en fait, un second degré dans l’ensemble de l’oeuvre.
Le désir de Co/ntry d’être gender neutral (dixit) est un défaut, dans le sens où vouloir tout faire n’est pas nécessairement un gage que tout est bien fait. Il y a des maladresses dans l’exploration des styles musicaux, ce qui ne rend pas pour autant le tout désagréable. C’est un effort honnête, différent et qui est rafraîchissant entre deux airs de guitare introspectifs. Co/ntry se démarque par sa fougue, qui est évidente, mais mériterait d’avoir une ligne directrice plus claire, bien qu’elle semble déjà s’être définie contre leur gré.
S’identifier à un genre musical peut être réducteur pour un groupe, certes, mais cela lui donne le luxe de le réinventer. Mais tout ça, c’est le conformiste en moi. Et c’est ce qui me fascine avec Co/ntry : le paradoxe est beaucoup trop intéressant pour que je puisse l’ignorer.
C’était la grande finale tant attendue de la septième édition du Cabaret Festif! de le relève. Les gens du milieu autant que les quidams, se mélangeaient avec harmonie afin de découvrir (qui sait?) les grands talents de demain. Nous avions fièrement couvert les soirées de qualifications et nous étions assez contents de retrouver MCC, Lumière, Émile Gruff ainsi que Miss Sassoeur et les Sassys. Ces quatre artistes, tous aussi prometteurs les uns les autres, auront la chance de se partager pas moins de dix prix (ceux du public et du jury inclus).
C’est donc le genre de soirée où il n’y a eu que des gagnants et qui sera la tape dans le dos nécessaire afin de faire fleurir l’industrie musicale. C’était la mission de nos cinq juges, qui étaient sur place, afin de trouver la perle rare qui repartira avec le convoité prix du jury : bourse de 7000 $ offerte par Sirius XM, prestation dans le cadre de la huitième édition du Festif ! de Baie-Saint-Paul, 1000 $ de promo sur les ondes de CKRL, une session live réalisée et diffusée par La Fabrique Culturelle de Télé-Québec ainsi qu’une entrevue et une prestation acoustique live à l’émission Chérie J’arrive sur CHYZ 94,3, incluant une formation sur la promotion radiophonique offerte par la station. Les juges de la soirées étaient Marc-André Pilon de Siriux XM, Jean-Claude Anto, qui était jusqu’à tout récemment chez Coyote Records, Raphaëlle Thibault-Vanasse de CHOQ.ca, Pierre Fortier du Festival international de la chanson de Granby et Émilie Rioux, juge en résidence et représente de CHYZ.
L’excitation était palpable jusque dans la section lounge aménagée derrière. C’est MCC qui ouvre le bal avec une énergie renouvelée. Malgré qu’elle ait refait l’intégrale de sa prestation lors de la soirée de qualifications (même setlist), on sentait une énergie différente. En effet, MCC avait une présence scénique beaucoup plus assumée et mordait dans chacun des mots afin que ceux-ci soient clairs, qu’on ressente l’émotion cachée derrière afin de nous permettre de la comprendre, elle. Le fait que Marie-Claudel Chénard s’assume plus sur scène a bonifié sa performance : beaucoup moins statique et plus intense. Cette performance énergique, sentie et toute en émotions lui a valu les prix donnés par CHOQ.ca, l’Ampli de Québec et le Domaine Forget. En plus de ces prix, Geneviève Jodoin, de l’Auberge La Fascine, lui a offert une première partie rémunérée d’un artiste de sa programmation (un artiste mystère, de surcroît).
Le héros local (via Montréal, par la rue St-Anne) et le choix du public lors de la dernière soirée de qualifications, Émile Gruff, a ensuite foulé les planches de la salle Multi de l’hôtel Germain Charlevoix avec une autre mise en scène loufoque où un « superfan » ne pouvait pas attendre après le spectacle pour un autographe et un selfie avec lui. Le chanteur et son groupe transpiraient la confiance. Une des grandes qualités de Gruff est la complicité avec son groupe. Celle-ci fait en sorte que leur performance est ultra efficace et réglée au quart de tour. Pour pimenter le tout, Gruff aime beaucoup mettre en scène chacune de ses pièces en les introduisant ou les entre-coupant d’anecdotes rigolotes, ce qui plaît au public qui a soif d’interaction. Tout ça donnait un spectacle quasiment multidisciplinaire, faisant en sorte de conquérir rapidement le public. Tellement conquis qu’il a décidé, une fois de plus, de lui remettre le prix du public pour cette grande finale déjà très relevée.
On garde la compétition toujours aussi féroce avec Lumière, qui se présente avec un son plus calme et plus posé que son prédécesseur. On se rappellera que, la dernière fois, leur performance a été parsemée d’ennuis. Cela m’a empêché de me concentrer pleinement sur l’offre musicale du groupe. Avec leurs paroles imagées, collées à la nature et un son un peu éthéré, assez organique, Lumière crée une ambiance qui nous plonge dans les années 60. Beaucoup d’instruments sont utilisés (j’aime beaucoup la minuscule section bois, d’ailleurs) afin que leurs pièces aient de la texture et stimulent tous nos sens afin d’enrichir notre expérience. J’aime beaucoup les cassures de ton dans certaines de leurs pièces qui sont soudaines et bienvenue. Leur goût du risque prononcé à travers leurs diverses expérimentations (une magnifique pièce faite en chorale, par exemple) montre toute la polyvalence du groupe. Grâce à cette prestation, le groupe a pu se réjouir en remportant le prix offert, par le festival, du coup de cœur francophone et pourra aussi faire la tournée des incontournables, c’est-à-dire se produire chez quatre diffuseurs à travers le Québec (dont le Pantoum).
C’est finalement Miss Sassoeur et les Sassys qui vont clôturer cette finale du Cabaret Festif! De la Relève. Cette fois-ci, toute l’équipe y est : Miss Sassoeur, Féline Dion, Tiny Turner et Rose Roice. Le quatuor, qui nous avait déjà charmés précédemment, récidive avec toute l’originalité qu’on lui connaît. Toujours aussi rétro dans la forme, le contenu est toutefois très moderne, grâce au franglais et à des référents clairs à la culture populaire, parfois même empruntés au rap. Bien sûr, la mise en scène était parfaite. Un peu « boboche » par moment, mais elle nous arrache toujours un sourire en coin. On voit que Miss Sassoeur et ses Sassys veulent s’amuser, et ce plaisir est contagieux. Encore plus contagieux grâce au charisme de Miss Sassoeur, qui prend beaucoup de place sur scène malgré le fait qu’elle doive rester derrière son clavier. La performance commence avec une pièce déjà interprétée lors de leur soirée de qualifications, mais s’enchaîne rapidement avec des titres différents (s/o aux trompettes, bien imitées par les Sassys) et se conclut sur une note très énergique. Une performance ultra dynamique a permis à ce groupe de remporter les prix offerts par le Festival international de la chanson de Granby, le prix écoutedonc.ca (à bientôt, les Sassys!) ainsi que le tant convoité prix du jury. De plus, le quatuor se produira dans le cadre de la tournée charlevoisienne, organisée par quatre diffuseurs locaux.
On ne peut pas passer sous silence la performance du grand Gab Paquet pendant la délibération des juges (une excellente idée d’ailleurs). Gagnant de l’édition précédente, le « Michel Louvain » moderne a fait son tour de chant en formule duo acoustique plus intime, accompagné par la contrebassiste Claudia Gagné. C’est donc un Gab Paquet à nu et plus dépouillé qui nous a offert des titres de son dernier album, Santa Barbara. J’oserais dire que Relations sexuelles est la chanson qui m’a rejoint le plus autant dans le ton que dans sa thématique, qui m’est très proche. Le personnage Gab Paquet n’en est plus un grâce à cette performance plus dépouillée. Il y a l’aspect scénique, évidemment, mais on sent tomber le fameux second degré, qui fait place à un réel désir de chanter l’amour de cette façon, et il le fait avec beaucoup de passion.
La grande finale est déjà derrière nous, et on regarde déjà vers l’avant, soit le dévoilement de la programmation du Festif! en avril prochain. On se revoit au festival cet été, en attendant de voir la relève avant tous le monde, l’an prochain.
Samedi, le 11 février, se déroulait la deuxième soirée d’un concours qui prend de plus en plus ampleur; le Cabaret Festif! de la Relève. La liste des collaborateurs et des prix s’allonge d’année en année et la qualité des artistes est de plus en plus relevée, au grand plaisir du public, mais au grand dam des jurys (Émilie Rioux, Étienne Galarneau de CISM et Guillaume Ruel). En regard de la qualité des artistes, les décisions sont de plus en plus difficiles à prendre.
Jérôme St-Kant a eu l’honneur d’ouvrir cette soirée avec son attitude décontractée et son humour pince sans rire dans ses diverses interactions avec le public. Accompagné de son groupe, (Simon Kearney fait un excellent travail à la guitare d’ailleurs) ils ont une belle chimie sur scène. Loin de réinventer la roue, St-Kant l’a fait « rouler » avec aisance et assurance, en étant même polyvalent avec une chanson qui m’est rapidement apparue comme un hommage au légendaire Rap à Billy de Lucien Francoeur. Ces interactions amusantes avec la foule (comme mentionné ci-haut), un charme, une dégaine à la Damien Robitaille couplé avec une plume drôle (rafraîchissante pour le style) et honnête on fait en sorte que Jérome St-Kant a pu repartir avec le prix de public.
La Valérie, avec les membres de son groupe fraîchement formés (depuis 1 semaine, si je ne me trompe pas), foule les planches de la salle multi de l’Hôtel le Germain Baie-Saint-Paul afin de continuer cette soirée déjà bien entamée. La jeune femme rayonne de charisme et nous propose un son indie qui se dirige plus vers le rock que le folk. Sa plume est imagée et créative, mais souvent répétitive au niveau des thèmes. Par contre, j’ai apprécié l’utilisation des mots et du texte comme un « flow », un rythme. Sa voix est un instrument à part entière qui nous fait rapidement oublier la répétition des thèmes. La dernière pièce offerte laisse entendre le désir d’avoir un son et un texte plus posé. Mis à part les quelques problèmes d’ordre technique, une performance plus qu’honnête et intéressante pour une artiste qui mérite d’être découverte.
Les troisièmes concurrentes, Miss Sassoeur et les Sassys (une sassys en moins), sont venus réchauffer la salle avec leur « post-motown » mélodique et harmonieux. Un hommage au soul et r&b des années 60-70 avec une touche plus moderne dans les paroles. Des thèmes répétitifs, certes, mais compensé par une belle mise en scène et une auto-dérision très apprécié et nécessaire pour que le concept du groupe soit à son plein potentiel. La chanteuse, Miss Sassoeur, est bourrée de charisme et d’assurance et les choristes, Féline Dion et Tiny Turner (chapeau !) connaissent leurs rôles à la perfection afin de soutenir les belles qualités de leur chanteuse. Bref, ce vent de fraîcheur a soufflé le jury, qui a permis à Miss Sassoeur et les Sassys de passer directement à la finale du 18 mars prochain.
Cette soirée de belles découvertes, se termine sur les notes du groupe du vice E roi, un collectif de six membres. Leurs premières notes donnent le ton de leur performance, plutôt énergique, et de leurs affinités vers des groupes comme Of Monster and Men ou Arcade Fire. Ces affinités ressortent dans la cohésion du groupe mais également dans leurs mélodies indie-rock accrocheuses. Tous les membres du groupe sont mis à contribution et jouent très bien leurs rôles. La structure de vice E roi fait en sorte que chacun à un rôle clé et on sent les diverses influences de chacun dans ce qui crée un melting pot très intéressant. Parfois, les tons de voix du chanteur et de la chanteuse m’inspire une certaine mélancolie, à la The xx. Bref, beaucoup de « name drop » pour illustrer mon propos; vice E roi se catégorise difficilement et c’est tant mieux comme ça.
Au final, c’est une deuxième soirée fort réussie pour le Cabaret Festif! de la Relève : bien balancée, un bon pacing et une délibération plus qu’ardue pour les juges afin de déterminer qui passe directement en finale. Par contre, toi public, aura la chance de participer au vote du public du 6 au 10 mars afin de déterminer le 4ème finaliste de la grande finale du 18 mars prochain. En attendant, on se voit le 25 février prochain. J’ai hâte!
Après plusieurs présences dans les festivals (Francouvertes, Festival international de la chanson de Granby), Émile Bilodeau sort l’album Rites de passage.
Le jeune cégépien de vingt ans a des choses à dire. Dans son folk-comico-identitaire, il rappelle le ton de Bernard Adamus ou de Philippe Brach. Réalisé par Philippe B, le premier album de Bilodeau a aussi l’aide de Pierre Fortin (Galaxie) à la batterie, Michel-Olivier Gasse (Saratoga) à la basse et Alexis Dumais (Bernard Adamus) au piano.
Le premier extrait J’en ai plein mon cass donne le ton à l’album : candide et un peu insouciant. Il y va de ses contestations qu’il fait. « Il y a l’amour et puis le temps», chante Émile Bilodeau, thèmes récurrents dans cette première offre musicale.
Sur Crise existentielle, les musiciens ajoutent du mordant dans la musique du jeune auteur-compositeur-interprète. Amour de félin, quant à elle, surprend par la candeur du nouveau poulain de Grosse boîte qui chante sans pudeur à propos d’une relation amoureuse.
Dehors est un de mes coups de coeurs sur l’album. La langue de Bilodeau parle d’elle-même, et son refrain rappelle l’importance des réseaux sociaux dans nos vies et sur nos relations.
Tu me diras-tu est plus brute et plus crue que la précédente, ce qui fait un contraste tout à l’avantage de Bilodeau. América présente quant à elle le côté plus engagé du chanteur. Rosie, chanson courte pour sa copine, mais qui dit tout.
Dans le style de chansons faciles d’écoute, Bière s’apparente à ce que Bernard Adamus a fait avec Brun (La couleur de l’amour). « De la bière, s’il vous plaît, donnez-nous de la bière », demande Bilodeau à son auditoire.
Passer à la télé compare les exposés oraux et passer à la télé. L’autodérision est au rendez-vous et fait penser à un jeune Mononc’ Serge.
La folie sur Je suis un fou et Les Poètes maudits est peut-être bien passagère, mais Bilodeau est lucide dans ses paroles.
Sur Ça va, Émile Bilodeau est en discussion avec Dieu et un vieux « motard ». Un peu philosophique sur la vie, la chanson est une belle vitrine du travail d’auteur du chanteur.
On ne réinventera peut-être pas la roue avec le disque d’Émile Bilodeau, mais on se met rapidement dans les souliers de cégépien de l’auteur-compositeur. Le jeune homme a du talent, et on peut dire qu’il a bien réussi son rite de passage.
C’est en catimini vendredi que les Soeurs Boulay ont lancées Lendemains, un EP de quatre pièces à l’ambiance feutrée.
Avec la température qui se refroidit, ce mini album nous permet de lover dans une couverture et de boire une boisson chaude. Sur Déjeuner, c’est l’accord guitare et voix de Mélanie Boulay qui frappe le plus dans cet chanson sur les relations sans lendemains.
La douce Mamie, mamie (accompagnée d’un vidéo filmé à l’Île-aux-Coudres) retrouve les filles en harmonie vocale comme on les aime en discussion avec leur mamie. «Tu sais astheure c’est pus pareil/ mes amoureux/ je peux pas t’en parler/ ils sont comme les bijoux d’oreilles. On sait qu’on peut les enlever pour dormir ou juste pour changer », nous raconte les Soeurs en douce harmonie, l’ambiance feutrée rend les émotions à fleur de peau.
La moitié de toi qui dort, est en ligne continue de leur dernier album 4448 de l’Amour. En effet, les arrangements batterie- guitare- voix de Philippe B s’en approchent tout en douceur.
Le piano sur Piedmont se dégage du reste. Tout en valse, on sort les deux musiciennes de leur zone de confort.
Lendemains est un mini-album tout en douceur et en chaleur. C’est encore une fois une preuve que les Soeurs Boulay sont talentueuses et que les histoires qu’elles racontent touchent le coeur des gens.
Enfin! dirons certains et certaines. Groenland a lancé le 16 septembre dernier son deuxième album fort attendu, A Wider Space, trois ans après The Chase.
La pop indie orchestrale de Groenland a pris de l’expansion en ajoutant le son des synthétiseurs à ce que l’on connaissait déjà d’eux. Le sextuor a eu l’aide à la réalisation de Marcus Paquin (derrière la console pour Local Natives, Hey Rosetta! et Arcade Fire).
Sur la première chanson, la voix de Sabrina Halde chante « I might be the one to place / All my eggs into one basket / But it still feels like my best bet ». Cet album expose le côté de la médaille qu’on ne voit pas: l’anxiété, la peur, la survie, l’acceptation et le courage de se voir dans sa position la plus vulnérable.
La deuxième chanson est plus électronique que jamais. Le groupe est allé chercher l’expertise de Paquin pour ce point. Le synthétiseur est omniprésent, mais fait place aux autres instruments tel que le violon, violoncelle et la basse.
Sur Times of Survival, la voix de Sabrina Halde est envoutante et elle est forte malgré les thèmes de l’album. Les magnifiques arrangements du groupe et du réalisateur complètent la chanson. Ma préférée est The Weather, avec des clappements de mains et des cordes bien présentes. Le son du groupe a changé depuis The Chase, mais il est plus étoffé.
Sur Cabin, c’est l’émotivité qui frappe lors de la première écoute. La puissante voix, s’agence avec le piano et les cordes qui sont toujours en crescendo. Against the Odds est très dynamique et les cordes ponctue l’écoute.
Appalaches nous garde sur le bout de notre chaise, en changeant de rythme de façon inattendue, devant presque des sons latins et dynamiques. Sur Healing Suns, le saxophone, les cordes et les rythmes plus électroniques sont omniprésents et bien installés.
La finale A Wider Space est tout en douceur. Elle laisse Sabrina Halde, un ukulélé, le piano et les cordes pour finir l’album sur une haute note.
L’album m’a surpris à plusieurs égards. Leur changement musical un peu plus électro m’a fait apprécié leur musique et donne une couleur de plus au groupe. J’ai bien aimé l’album du groupe, car le groupe est maître de ses instruments et montrent leur versatilité. Il m’a fallu quelques écoutes pour en apprécier davantage les chansons.
Samedi dernier, le Festival d’été de Québec présentait le spectacle des Trois Accords à l’Impérial Bell, à guichets fermés. Le groupe a complètement enflammé la salle ce soir-là.
Fidèles à leur humour, les membres du groupe ont introduit le spectacle avec leur chanson Les dauphins et les licornes comme s’il s’agissait du rappel. L’arrière-plan aux couleurs de l’arc-en-ciel rappelait très bien la chanson. Il y avait même un dauphin gonflable qui se lançait dans la foule. À la fin de la chanson, ils ont remercié le public et ils sont sortis de scène. Le public s’est alors empressé de crier et d’applaudir afin de les faire revenir. Ils sont remontés sur scène en enchainant avec Joie d’être gai, éponyme de leur nouvel album sorti en novembre dernier.
Les interactions du chanteur et guitariste Simon Proulx avec le public étaient exécutées de manière très habile et particulièrement humoristique. Après la troisième chanson, le groupe ne savait plus quelle chanson jouer, à ce qu’il parait, ils auraient épluché tout leur répertoire musical. Ce scénario servait en fait à introduire la chanson Dans mon corps. Idem avec Je me touche dans le parc ; le chanteur a même invité les spectateurs à leur écrire s’ils connaissaient une personne à qui c’était arrivé. À l’occasion de leur tournée, le groupe invite leurs fans à se joindre à eux afin de former une chorale. La Chorale de Québec, composé de personnes « très entrainées », à leur avis, est montée sur scène avec eux. Ils ont demandé au public de leur envoyer de l’amour et même d’enlever leurs vêtements pour que ces derniers soient plus à l’aise. Finalement, ils ont joué Tout nu sur la plage ! Leur amour pour la ville de Québec se retrouve dans leur top 50, environ à la 22e place. Leur top 1 est bien sûr St-Bruno, parce que selon eux, les habitants font pitié !
Les Trois Accords ont interprété plusieurs de leurs grands succès ce soir-là enchainé avec plusieurs chansons de leur dernier album et de J’aime ta grand-mère. On a eu droit à Lucille, Grand Champion, Tout nu sur la plage,St-Bruno et Bamboula, entre autres.
Superbe belle interprétation de la chanson Saskatchewan en version acoustique a capella. Les membres du groupe ont quitté la scène pour se rejoindre sur la mezzanine. Doux moment où d’ailleurs le chant du public enterrait le chanteur.
Enfin, en rappel, ils ont repris le thème du début de spectacle en disant : Bonsoir Québec !
Spectacle plus que réussi pour Les Trois Accords.
Une supplémentaire est prévue le 12 novembre 2016 à l’Impérial Bell pour ceux qui les auraient manqués.
Première partie
El Mariachi Los Trovadores s’est chargé de réchauffer la foule avant la tête d’affiche de la soirée. Le groupe a complètement séduit le public en jouant des chansons classiques mexicaines. Les spectateurs ont pris plaisir à danser et à chanter avec les trois Mariachis.
Jeudi soir dernier, à l’intime salle Louis-Philippe Poisson de Trois-Rivières, Safia Nolin rencontrait son public trifluvien pour la première fois depuis le lancement de son premier album. L’équipe d’écoutedonc Mauricie était au rendez-vous afin de rencontrer la jeune artiste en ascension.
On peut dire avec certitude que le vent souffle dans les voiles de la charmante jeune femme originaire de Québec. Son premier opus,Limoilou, dont nous avons fait la critique ici, l’amène, depuis le début de l’automne, dans toutes les petites salles du Québec. Safia sillonne la province pour charmer les cœurs accompagnée de son guitariste, Joseph Marchand. À deux, ils envahissent l’espace scénique le temps d’un album et offrent un moment unique et coloré.
C’est entre deux gorgées de tisane aux Halls que la tendre Safia Nolin s’est présentée. Elle a joué quelques titres accompagnée de son Joseph, puis ce dernier s’est éclipsé en coulisses le temps de quatre chansons acoustiques, dont une nouvelle pièce inédite. Dès les premiers accords et les quelques gags, la cinquantaine de personnes présentes sont tombées en amour avec cette artiste singulière.
Première tournée et petite salle obligent un jeu de lumière tout en simplicité, bien qu’efficace. Par exemple, lors de satounede Noël, pas si joyeuse,Noël Partout,la lumière virait tout doucement du rouge au vert. Ceci dit, petite salle ne signifie pas nécessairementshow cheap.Au contraire, la grande voix de Safia Nolin nous est parvenue et est « entrée en nous comme une arme », avec ou sans micro. Sa partie acoustique est probablement le moment le plus marquant de la soirée. La simplicité et la puissance de cette mise en scène n’était pas sans rappeler l’ambiance des musiciens de rue ou encore la Mômeà ses débuts.
Attrapez-la quand vous pourrez, faites-en votre nouvelle meilleure amie, oulikez simplementses photos Instagram, mais de grâce, allez découvrir cette jeune artiste qui n’est qu’au début de la grande carrière qui l’attend.
Safia Nolin sera en tournée au Québec jusqu’à la fin décembre et en Europe dès le début décembre, entre autre, en première partie de Lou Doillon.
Noé Talbot a un passé punk rock avec ses autres projets comme Fortune Cookie Club, entre autres, mais l’album qu’il nous a offert le 16 octobre dernier est moins dans ce sens et laisse place à une dimension sentimentale, tout en restant dans le rock acoustique. Nul besoin d’avoir une voix incroyable quand tu as les textes et la sincérité de Noé Talbot, Benjamin Piette de son vrai nom. Là est sa grande force et il nous le prouve avec cet album. J’aime quand je n’ai pas envie de passer une chanson sur l’album et c’est le cas ici avec Déballer le présent. On passe par plusieurs émotions, plusieurs styles et c’est ce qui fait qu’on ne se tanne pas de l’écouter.
Les mélodies des pièces Les miracles, Le feu et Tant promis, sont plutôt marquantes et quelques autres pièces se démarquent davantage par leurs propos.
L’album commence fort avec la pièce titre, Déballer le présent, qui propose des harmonies vocales dès la 2ème minute sur les paroles « si certains naissent pour être grands, personne ne nait pour être petit ». Cette phrase m’est restée dans la tête longtemps après ma première écoute en raison de sa mélodie accrocheuse, mais aussi pour la réflexion que cette phrase propose.
«Tu cherches des mots, alors que je cherche des rimes (…) il y a une question de perspectives qui m’échappe». Cette phrase, qui se retrouve sur la pièce Burrico, semble tout simplement être issue d’une histoire dont les personnes impliquées n’ont pas la même vision des choses. Vers la fin, la mélodie change et devient une période de questionnement et de réflexion face aux relations humaines. Fait intéressant, Burrico est le mot portugais pour définir un petit âne.
Ma pièce préférée est, sans aucun doute, Insoumis puisque ça rejoint mon côté nostalgique et rêveuse.
Déballer le présent promet un beau futur pour Noé Talbot. C’est un album qui marque l’esprit avec l’ambiance imposée par les mélodies et par le côté sans prétention des textes.
Avec son côté rock mélodique acoustique et des textes qui parlent de la vie, des choix, de l’amour, des promesses, des regrets et de la reconnaissance, l’album Déballer le présent est mature, propose une écoute facile et honnête et a un petit goût de « revenez-y ».