Mardi dernier, après un lancement fort réussi à Montréal, Maude Audet lançait son deuxième album Nous sommes le feu à Québec dans le cadre des Lancements de la Ninkasi. À en juger par le nombre de spectateurs présents, le lancement était fort attendu.
Accompagnée du géant Navet Confit à la basse et de Mathieu Vézio à la batterie, Maude avait l’air toute menue derrière sa Gretsch! Même dépouillées du violoncelle, de l’orgue, du piano (et des castagnettes), les chansons de Nous sommes le feu interprétées mardi prenaient sans peine leur envol. Ne reste plus qu’à espérer quelques spectacles en formation complète, auxquels nous nous ferons un devoir (et surtout un plaisir) d’assister.
On a pris quelques photos de la soirée et du magnifique rideau doré (une touche digne de cette fine créatrice d’ambiances au théâtre). En voici quelques-unes des plus belles :
Photos par Jacques Boivin, entrevue réalisée par Jacques Boivin et Jessica Lebbe (CKRL 89,1)
Retenez bien ce petit nom de cinq lettres : Pomme. Il s’agit d’une jeune artiste française de 19 ans, bourrée de talent, qui va très bientôt laisser sa marque avec un premier maxi intitulé En cavale qui sera lancé le 1er janvier 2016. Si vous écoutez beaucoup la radio, vous avez très probablement entendu sa voix sur la bombe pop de Matthieu Mendès intitulée Okay. Elle est venue faire un petit tour au Québec, question de se faire connaître, et Jessica et moi avons eu l’occasion de la rencontrer dans les studios de CKRL lundi dernier. Petit compte-rendu d’un gros coup de coeur.
Pourquoi avoir choisi le nom Pomme? « Ça vient de mon nom de famille. C’est un surnom depuis que je suis au collège. C’est comme un deuxième prénom. Quand les gens m’appellent Pomme, je réponds aussi bien que lorsqu’ils m’appellent Claire. » Multi-instrumentiste autodidacte qui joue du violoncelle, de la guitare, du banjo et de l’autoharpe (comme ma tendre Basia Bulat), Pomme a de nombreuses influences qui ont touché une corde sensible dans mon coeur de vieux fan de folk et de country : « Mes influences sont à l’opposé. À 13, 14 ans, j’ai commencé à écouter de la pop, j’allais voir Lady Gaga en concert, j’aimais beaucoup Lily Allen. Vers 15 ans, à la fin du collège, le père d’une de mes amies m’a prêté une clé USB sur laquelle on trouvait plein d’albums de filles qui jouaient de la guitare. » À l’époque, Pomme commence à faire des clips. Sur cette clé, elle y découvre le country et le folk des années 1960-1970. Des albums d’auteures-compositrices américaines telles que Emmylou Harris, Dolly Parton, Allison Kraus et Linda Ronstadt. « Et il y a toujours eu la chanson française. Barbara. Mon père écoutait Michel Polnareff. Et il y a la chanson plus actuelle, comme Camélia Jordana et Coeur de Pirate. » Un bagage très varié.
Pomme a d’ailleurs eu la chance de faire la première partie de Coeur de Pirate. D’Angus & Julia Stone (ah, ma tendre Julia!). De Yael Naïm. Et d’un certain Pierre… Lapointe. Est-ce que ces premières parties avec deux grandes vedettes d’ici expliquent ce lien avec le Québec? « Vers 16 ans, à l’école, je devais faire un exposé de deux heures sur un sujet, qu’on doit préparer pendant six mois. J’ai fait ça sur le Québec. À 16 ans, je savais déjà plein de trucs sur le Québec. La langue. L’histoire. J’ai toujours voulu y aller, ça date d’avant la musique, d’avant les premières parties, d’avant les rencontres. » Ce qui l’attirait? Les paysages, notamment le paysage musical. « J’ai l’impression qu’il y a un espèce d’amour pour la chanson française qui est moins évident en France. J’ai découvert pas mal d’artistes québécois que j’adore. » Parmi les artistes de chez nous, elle mentionne les Hay Babies, Les soeurs Boulay, Fanny Bloom, Karkwa, Monogrenade… Loin des clichés qui sont souvent mentionnés par les artistes de l’Hexagone qui débarquent ici.
En attendant la sortie du EP et une tournée de spectacles en formation complète (bientôt, on l’espère), Pomme vous offre la chance de la découvrir, seule avec sa guitare, ce samedi 21 novembre au Vieux Bureau de poste en première partie de Michael Sea (qui offrira une prestation toute spéciale en formule trio – ça va être joli, ça!). Un fort joli double plateau qui devrait vous faire passer une maudite belle soirée. INFOS
Le 10 novembre dernier, j’ai eu la chance d’aller photographier Colin Moore lors de sa prestation au Gambrinus de Trois-Rivières. Les gens qui étaient sur place ont eu droit à un spectacle authentique et à un artiste dévoué et super attachant !
Jeudi soir dernier avait lieu la première soirée cachée de la saison au bar La chasse-Galerie. Ces événements, organisés par CFOU en collaboration avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), ont lieu une fois par mois et ont pour principe de ne révéler l’artiste invité que la journée même de la prestation. Pour débuter l’année en grand, c’est nul autre que Klô Pelgag qui a ouvert le bal. La soirée fut teintée d’absurdité et de magie à l’image de cette jeune artiste. Retour sur ce spectacle et entrevue avec une fille pétillante.
Klo PelGag, Chloé Pelletier Gagnon de son vrai nom, est originaire de Gaspésie. Elle s’est vite démarquée par son talent indéniable pour manier les mots, sa voix fragile et insaisissable ainsi que par sa personnalité éclatante. Son premier album, l’Alchimie des monstres, a eu un franc succès, l’amenant même jusqu’en Europe. De retour depuis quelques temps d’une tournée européenne, Klô a monté sur la scène trifluvienne pour faire ce qu’elle fait de mieux: époustoufler et surprendre.
Les nombreux spectateurs présents ont eu droit à une prestation haute en couleurs. Les chansons s’enchaînaient avec fluidité, chacune amenant son lot d’émotions et nous faisant voyager loin de tout univers connus. La douce voix de Klô résonnait dans le bar avec son éclat habituel, chargée de frissons, de puissance et de magie, réchauffant au passage le cœur de la cent vingtaine de privilégiés présents. Entre deux mélodies, Klô y allait de commentaires des plus absurdes, portant fièrement son onepiece de squelette et divaguant sur des sujets sortis de nul part. À un moment donné, en plein milieu d’une chanson, elle est même allée verser une bière sur son batteur qui, il faut le spécifier, ne portait qu’un chandail bedaine et un speedo. La jeune artiste qui dit rechercher la surprise lorsqu’elle va voir des spectacles peut se venter d’en donner à revendre à son public.
Klo PelGag va terminer sa longue tournée le 12 Décembre prochain au club soda. Pour l’occasion, elle se fera raser les cheveux sur scène. Nous l’avons questionnée sur les raisons de cet acte « Je le fais pour plusieurs raisons, mais j’avais juste envie de me raser la tête, de faire fuck. Genre la pression de l’humain sur son image c’est horrible de nos jours. Peut-être que ça a toujours été comme ça, mais je vivais pas à ces époques là non plus. J’ai l’impression que l’image, elle prend tellement d’importance. Tout le monde est tout le temps en train de se regarder dans le miroir ou même dans les fenêtres du métro. C’est vraiment triste, c’est rendu plus important ça pour les gens que d’autre chose. En tout cas j’ai juste le gout de faire fuck, fuck off, fuck toute.» La jeune artiste mêle également ce désir de se débarrasser de sa pilosité capillaire à une bonne cause, comblant ainsi son envie d’aider des gens. Elle s’est donc associée à l’organisation Leucan.
Klô PelGag souvent reconnue pour la justesse de ses textes et la magie de sa voix nous a également confié son désir d’exploiter son talent dans autre chose que la chanson. « J’aimerais ça, mais je suis pas encore capable de l’assumer. J’aimerais ça peut-être faire un recueil un jour. Un recueil de poésie, de nouvelles ou même un roman… J’ai plein de choses qui m’intéressent en fait.» Pour le moment, elle se contentera de l’écriture de son prochain album. Son imagination débordante qui donne lieu à des chansons colorées est déjà à l’ouvrage. « C’est juste plein d’affaires qui trainent dans mon cerveau depuis un boutte et j’ai pas eu le temps de me dédier complètement à ça parce que je suis toujours en tournée depuis deux ans. Mais là, je vais pouvoir juste me consacrer à ça». Pour son deuxième album, elle souhaite changer ses habitudes d’écriture. Le premier à été écrit en majorité dans la maison familiale où elle puisait son inspiration de la faune et la flore des Bas-Laurentides.« J’essaie de me sortir un peu de ça tsé les habitudes, alors je vais essayer d’écrire un petit peu partout» L’artiste refuse de se donner un thème pré-établi et souhaite laisser libre recours à son imagination pour l’écriture de ses prochains textes.
Pour terminer l’entrevue en beauté, nous y sommes allés avec quelques questions en rafales:
On est entre nous, après la longue tournée que tu viens de faire, est tu tannée de chanter tes tounes?
(rires) Non, je suis pas tanné. C’est sûr que quand on faisait des six semaines intenses, d’être dans un camion tout le temps avec sept personnes, à un moment donné, à la fin de la tournée, on était très très très épuisés pis c’était peut-être moins nouveau, mais quand je prend une genre de petite pause après et que je retrouve le monde, j’aime ça. Je ne ferai pas autant de spectacles pour le prochain album, parce que là c’est ça, j’ai fait beaucoup trop de spectacles. (rires)
Ta recommandation musicale du moment?
En ce moment, j’écoute beaucoup Nick Drake et Elliott Smith. De la musique triste dans l’fond. Je suis également en train de redécouvrir les Beach Boys. Y’a Philippe Brach aussi qui va sortir un album, Je l’aime bin, il est drôle.
Ta Recommandation littéraire du moment ?
J’ai lu Karoo de Steve Tesich. C’est vraiment bon! Pis là, je lis tous les livres de cette maison d’édition là qui s’appelle Monsieur Toussaint Louverture. C’est vraiment drôle, les livres sont vraiment beaux et souvent bons. Mais je lis pas vraiment vite, alors ça va me prendre du temps.
Qu’est-ce que tu préfères du public français?
Il y a souvent du monde bizarre, mais ce n’est pas tout le temps nécessairement l’fun. À un moment donné, il y avait un couple de français qui s’étaient déguisé en Québécois et qui sont rentrés dans notre loge pendant qu’on se changeait. Ils agissaient comme si on se connaissait, ils nous sautaient dessus, et il y avait comme un fille en bobette dans l’coin c’était juste vraiment bizarre. C’est ça, il y a vraiment des personnages drôles. On a même établis une liste des personnages les plus étranges qu’on a rencontré en tournée.
Qu’est-ce que tu préfères du public Québécois?
Ils sont plus libres et spontanés. Le public français est comme plus respectueux. Ils ne parlent pas parce qu’ils pensent que c’est ça le respect et à la fin du spectacle, là ils sont un petit peu moins gênés mais c’est ça. Je pense que les Québecois sont comme plus lousses, alors ça c’est l’fun.
Klo Pelgag est entrée dans le milieu de la musique grâce, entre autre, à sa personnalité rafraichissante et spontanée, mais c’est son talent immense qui lui a permis de s’y ancrer. Malgré le succès qu’elle connait, elle reste une jeune fille pétillante, énergique et tellement authentique. On lui souhaite de continuer sur sa lancée et de ne jamais perdre l’étincelle qui la rend si unique.
Klo Pelgag sera en spectacle le 10 décembre prochain au Grand Théâtre de Québec! Pour plus d’informations, visitez le http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/klo-pelgag-1810.html
Crédit photo: Charles Fontaine & Izabelle Dallaire ( https://www.facebook.com/izabelle.dallaire.photographe/?fref=ts)
Belle surprise musicale pour vous faire feeler l’automne comme il se doit : la sortie d’un premier opus, Frenches et dégout à Almos, par Faudrait Faire la Vaisselle, jeune trio folk montréalais.
Je vous le dis tout de suite, ça vaut la peine de dépasser la première impression qu’on a en pesant sur « play », celle qui nous fait nous dire « bon un autre groupe folk pas propre, genre Adamus/Redneck, rien de nouveau ».
Ça vaut la peine parce que plusieurs belles surprises sont offertes aux oreilles tout au long de l’album, à commencer par le talent manifeste des vocalistes. On se fait tour à tour bercer puis réveiller par des voix qui, tantôt graves et mélancoliques, tantôt criardes et déchirées (Kurt Cobain-style), racontent des petits moments de vécu dans lesquels on peine (pour le meilleur et pour le pire !) à ne pas se reconnaître.
Les textes, un peu inégaux par moments, valent tout de même, sans l’ombre d’un doute, la peine qu’on leur porte attention. Pour autant qu’on ne se formalise pas des nombreux sacres, on appréciera très certainement la franchise qui émane de la poésie montréalo-rurale du trio.
Autre élément d’originalité, l’usage d’un violoncelle (habilement) joué autant à l’archet qu’en mode pizzicato supplée à merveille à la trop habituelle contrebasse et meuble admirablement l’espace laissé vacant par les guitares et le banjo.
On sortira peut-être essoufflé de certaines chansons un peu plus garochées comme « divorce ». Fort heureusement, il y a, pour balancer l’ensemble, des moments plus introspectifs comme « accro » ou « les autres » qui sont sans contredit, avec « lâche ta job », mes coups de cœur.
L’album n’est définitivement pas fait pour ceux qui trippent chansons « vers d’oreille », mais vaut très certainement qu’on s’y arrête.
Une belle découverte. On a hâte d’entendre et de voir la suite !
Mélissa Brouillette et Jean-Michel Renaud se sont promenés tout l’été pour présenter leur folk à l’Allemagne et l’Angleterre, entre autres, et le 1er octobre, ils sortaient leur deuxième album Miles Behind, Miles ahead. C’est le 2 octobre dernier que le duo de la Mauricie June in the fields lançait son deuxième album à la maison, au Temps d’une pinte, au centre-ville de Trois-Rivières.
Sous une formule « 5 à 7 », les gens étaient conviés à s’installer, grignoter et boire jusqu’au début du spectacle à 18h15. Pendant leur performance, aucun service de nourriture n’était autorisé afin d’augmenter l’expérience du public puisque leur musique nous amène dans un univers tranquille de voyage et de douceur.
Bien que l’album ait été enregistré en juin 2014, au Studio Planète, et bien qu’ils auraient aimé sortir l’album plus tôt, je trouve qu’il ne pouvait y avoir de meilleur moment. Écoutez June, c’est la nostalgie de l’été et des escapades, c’est se réchauffer le cœur avec des douces mélodies dans son salon avec un bon thé chaud. D’ailleurs, ils font leur propre thé et le pairage de leur musique et de leur thé est parfait.
À la demande du duo, le public s’est fait silencieux dès le début pour entrer dans leur bulle. J’avais beaucoup d’attentes, car le premier album m’avait marqué il y a deux ans et j’espérais y retrouver le même genre d’émotions et de souvenirs que j’ai eu en l’écoutant. Ma première écoute sur bandcamp m’avait plu, alors j’étais très fébrile de commence mon vendredi soir de cette façon.
Toujours dans le même style, mais un peu plus matures, les chansons s’enchaînent et semblent plaire au public. J’ai un coup de cœur pour les pièces Home, Long bus ride, Judy et Pebbles on the shore. Il fait chaud dans la place et dans nos cœurs et le duo enchaîne les chansons tant au piano qu’à la guitare avec un seul micro pour rejoindre leurs deux magnifiques voix. Les membres du groupe Triaz, dont Mélissa fait partie, viennent sur scène à quelques reprises afin d’ajouter leurs voix aux pièces, tout comme sur l’album.
La chimie de Jean-Michel et Mélissa est aussi belle à voir qu’à entendre. Certainement, cet album m’accompagnera dans les matins froids d’hiver.
Je suis toujours en retard. Sur tout. Films, séries télé, livres et musique. Sur la mode aussi mais ça, c’est un autre dossier. Y’a tellement de choses à découvrir que si je veux en profiter pleinement, il faut que je m’arrête un peu. Pas le choix. Je suis incapable de butiner. Je n’ai pas ce talent qu’ont mes collègues d’assimiler tout rapidement et d’écrire ensuite quelque chose de pertinent. J’aime prendre mon temps, rêvasser, écouter les disques mille fois, dans des lieux différents, jusqu’à connaître les paroles et les solos par cœur. Et puisque ce merveilleux blogue de passionnés me laisse la liberté de vous parler de ce que je veux quand je le veux (c’est-y pas beau la vie?), j’ai décidé d’assumer ma lenteur et de vous présenter cet album paru en mai 2015.
J’ai découvert le duo The Milk Carton Kids en regardant Another Day, Another Time (le documentaire-concert hommage à la musique du film Inside LLewyn Davis des Frères Coen) il y a deux semaines. Dès les premières notes, j’ai été séduite par la beauté de leurs voix en harmonie, la richesse de leurs mélodies et par la douce mélancolie qui émane de leur musique. Leur son est si apaisant qu’il arrive même à me faire supporter la foule de la ligne orange à l’heure de pointe. Rien que pour ce refuge, je leur serai éternellement reconnaissante.
The Milk Carton Kids, c’est Kenneth Pattengale (le type au picking de feu) et Joey Ryan, deux guitaristes-chanteurs de Los Angeles qui avaient leur propre projet solo avant d’avoir, en 2011, l’excellente idée d’unir leurs talents. Un premier album intitulé Prologue voit le jour la même année et permet aux deux comparses de faire de la tournée en ouvrant pour différents groupes de la scène folk. En 2013, sur l’étiquette Anti (Tom Waits, Calexico, Nick Cave) le duo sort Ash & Clay, titre qui leur vaudra une participation à la prestigieuse émission Austin City Limits (PBS),une nomination aux Grammy Awards et le prix du meilleur groupe de l’année auxAmericana Music Awards.
Ce n’est pas pour m’excuser de l’avoir découvert si tard, mais Monterey n’aurait à mon avis pas dû paraître au printemps. C’est plutôt l’album idéal pour passer à travers la grisaille de l’automne, accompagné d’une p’tite laine et d’un vin chaud aux épices. Ashville skies, la superbe première pièce, dépeint d’ailleurs parfaitement l’arrivée de la saison et le besoin soudain de se mettre le cœur au chaud :
Good god, is it November?
The leaves burn auburn red
The Ashville skies and timber
Are holding onto it
But I cannot remember
That feeling hopeful song
That rose of our September
My word, what have we done?
I’d love nothing more than to cover my face
Forget who I am and get out of this place
Pretend to be somebody other than me
And go on living that way
Sur ce troisième album, Pattengale et Ryan explorent donc avec la même nostalgie et un brin de cynisme politique (qui pourrait le leur reprocher?), les thèmes de l’appartenance, de la fuite, de la liberté et du voyage. Pas étonnant qu’ils aient choisi d’enregistrer les onze chansons sur la route, avant leurs concerts, laissant ainsi leur son profiter de l’espace scénique et confiant à un seul micro la délicate tâche de capter tout ça. Le résultat est tout simplement magnifique et témoigne d’un grand abandon et d’une exceptionnelle justesse de la part des musiciens.
Deux guitares, deux voix, réunies en toute simplicité. Il faut parfois si peu pour atteindre la beauté…
Pour écouter la chanson « Monterey »:
Pour écouter l’album complet:
Pour écouter ce qu’ils ont réussi à faire avec une pièce de Pink Floyd (rassurez-vous, ce n’est pas sur l’album):
Les sœurs Chelsea Brown (guitare et voix) et Justine Brown (batterie et voix) forment le duo indie -pop -rock Summer twins depuis 2008. Les sœurs, nées et élevées en Californie, sont inspirées par le son des années 50 et 60 pour leur musique.
La sortie de l’album Limbo, le 2 octobre dernier, est une nouvelle qui fait prolonger l’été. Non seulement leur nom nous ramène à la saison estivale, mais leur style rock’n’roll vintage nous rappelle la chaleur du soleil d’été. Le genre d’album qui nous rend plus léger et qui nous fait pousser un « aahhhhh » de soulagement et de détente.
La première pièce, Blinds, est un bijou. C’est une perle de pièce, qui contente mon excitation de pouvoir enfin écouter l’album tant attendu. Demons embarque et se fait remarquer par son côté plus « edgy » que la précédente, ce qui met la table pour le reste de l’album. La suivante, Florence, est ma pièce favorite de l’album. On dirait que ça me rappelle une série télé de jeunesse; c’est peut-être juste un truc de fille, désolé les gars. La mélodie de la guitare électrique vient apporter une sonorité plus pesante sur les voix douces avec une batterie peu percutante, mais bien importante tout de même. À une minute de la fin, il y a un petit solo de guitare qui fait que la chanson termine sur une montée incroyable. Ouija est une pièce plus lourde musicalement avec un son plus sec, mais avec une petite voix aigüe, qui grimpe encore plus par moment, tout cela ajouté aux voix en arrière fond. L’harmonie de tous ces éléments est remarquable. C’est un travail de précision que les filles ont fait et ça donne un résultat à la hauteur. Our world aborde davantage le style de la musique blues, d’un ton plus sensuel, qui donne chaud et qui ralenti les mouvements de danse. Ne faites rien qui vous presse en écoutant cela…J’ai envie d’être dans Grease en train de danser un slow avec John Travolta (ou avec Olivia Newton-John pour les gars). Après le « slow » sensuel de fin de soirée, on se remet dedans avec l’énergie de la pièce Love within. Bien que les sœurs nous parlent encore d’amour, cette pièce s’insère bien dans le parcours auditif de l’oreille. Dans la chanson Juju, l’air me donne une impression de déjà vu. On ne réinvente rien, mais c’est tout de même très efficace du côté de la guitare. Dreamin’ n’est pas la pièce qui fait le plus rêver, malgré son nom, mais elle coule bien avec la lignée de l’album. Helpless, c’est la chanson, ou plutôt la mélodie, qui reste en tête. On répète l’air en faisant des « nan nan nan nan nah nah », sans savoir les paroles du refrain. C’est signe que les filles ont pris soin de peaufiner leur art. Cette pièce est vraiment plus ancrée dans l’album. Elle ressort des autres chansons par son ambiance enveloppante plutôt que de style garage comme plusieurs autres chansons de l’album. Stop & go, en mon sens, c’est la chanson qu’on écoute en « road trip » et qu’on laisse la main sortir du toit ouvrant, si tu as un toit ouvrant… la fenêtre, ça fait aussi. Le côté rock est plus accentué, ce qui donne envie de rouler toute la nuit vers un « no where ». Fire, c’est LA pièce qui te fait lever et taper des mains, par tant que ça pour la vitesse de son rythme, mais plutôt par le côté festif de la mélodie et l’intensité du texte. So funny, c’est un morceau typique d’une fin d’album. Le son est plus brut, plus acoustique et les paroles se répètent et donnent envie de lever les bras pour les brasser de gauche à droite au-dessus de notre tête. C’est aussi une chanson qui fait réfléchir sur le jugement des gens dans notre société, avec un ton léger pour faire bien passer le tout.
Bien que parfois on peut entendre le même genre de sonorité et de rythme au fur et à mesure que l’album avance, on apprécie le style et la démarche. C’est léger et mélodiquement agréable. On ne pense à rien quand on écoute Summer twins et c’est une belle carte de visite pour aller les voir en spectacle, si elles peuvent bien venir au Québec un jour.
Informations:
Album réalisé par Chris Woodhouse (Ty Segall, !!!, The Oh Seas)
J’ai longuement hésité avant de vous parler des deux formidables musiciens que sont Dave Rawlings et Gillian Welch. Parce que pour le faire, il faut inévitablement parler de musique country et que ce genre musical a un immense lot de détracteurs. Parmi ceux-ci, les blasés qui n’en peuvent plus d’en entendre parler (il est vrai que le country est un peu le « glutamate monosodique musical » du moment), les snobs qui sont persuadés qu’il faut venir de la campagne et/ou porter des franges pour apprécier et les épidermiques, qui semblent n’entendre que les trois mêmes accords, le ton geignard et les voix nasillardes. Rien de péjoratif ici: je suis moi-même blasée qu’on utilise le mot country comme rehausseur de goût pour tous les artistes qui utilisent une guitare acoustique, snob de musique pop et épidermique de jazz fusion, de prog et de pousseuses de notes qui font trop de fions. Je crois cependant que pour chaque genre musical (bon, peut-être pas pour le jazz fusion), il existe des artistes capables de transcender les clichés et de rejoindre à peu près n’importe qui. C’est le cas de Dave Rawlings et Gillian Welch.
Rawlings et Welch se sont rencontrés dans une prestigieuse école de musique de Boston au début des années 90. Elle était déjà reconnue pour sa voix riche et mélancolique et lui, pour son exceptionnel jeu de guitare, son Epiphone Olympic de 1935 et ses harmonies. Inspirée par les chansons traditionnelles country, folk, blues et bluegrass, leur écriture avait la particularité de donner aux thèmes chers à cette culture (l’errance, les grands espaces, les amours déçus) un son plus contemporain, son qui allait plus tard contribuer à définir le courant Americana que l’ont connaît aujourd’hui.
C’est alors qu’ils étaient en concert à Nashville qu’ils ont été remarqués par T-Bone Burnett, musicien et réalisateur de renom, qui leur a déniché un premier contrat de disque et qui a réalisé le magnifique album Revival en 1996 et Hell Among the Yearlings en 1998. Dans les années qui ont suivi la parution de ces deux albums, Welch contribue à la fabuleuse trame sonore du film qui me l’a fait découvrir: O’Brother Where Art Thou, des Frères Coen. Rawlings remplace ensuite Burnett et réalise les troisième et quatrième albums du duo: le mémorable Time (The revelator) en 2001 et Soul Journey en 2003. En 2004, il débute une collaboration avec Old Crow Medecine Show, d’abord à titre de réalisateur puis comme musicien – en studio et sur scène – et comme auteur-compositeur. En 2006, Rawlings, Welch et des amis musiciens commencent à se produire sous le nom Dave Rawlings Machine, avec cette fois Rawlings qui chante et Welch qui fait les harmonies. Après un premier album paru en 2009, « la Machine » revient en force cette année avec le très attendu Nashville Obsolete.
C’est peut-être à cause de cette pochette qui annonce un contenu plutôt sombre (on croirait la photo tirée d’un western à la Dead Man de Jim Jarmush), mais on est un d’abord un peu surpris par la lumière qui émane de la première pièce, The Weekend. Le timbre un peu rauque de Rawlings, les guitares, la douceur des harmonies de Welch et les cordes (qui viennent graduellement et délicatement appuyer l’ensemble juste avant le premier refrain) font en sorte qu’on se sent immédiatement à la maison, dans un son très chaleureux et familier qui nous rappelle un peu Dylan, mais surtout Neil Young et son Harvest Moon, pedal steel et harmonica en moins. Exit les trois accords monotones, le ton geignard et les timbres de voix qui grafignent les épidermiques : quand Dave Rawlings et Gillian Welch font de la musique, tout n’est que beauté. Ce nouvel album le confirmera tout au long des sept pièces sur lesquelles on se laissera planer avec bonheur, particulièrement The Trip, magnifique chanson-fleuve de onze minutes et Pilgrim (You Can’t Go Home), qui se fout également du format radio avec ses huit minutes de frissons.
Entourés de Paul Kowert des Punch Brothers à la contrebasse, de Willie Watson des Old Crow Medecine Show à la guitare, de Brittany Haas au violon et de Jordan Tice à la mandoline, nos deux comparses (qui recevaient la semaine dernière le Lifetime Achievement Award for Songwriting de l’Americana Music Association pour leurs vingt ans de collaboration) nous ont préparé un autre sans-faute, reprenant là où ils nous avaient laissés avec A friend of a friend en 2009. Reste à espérer qu’on les entendra sur scène dans les prochains mois. Tous ceux et celles qui, comme moi, ont eu la chance d’être au National en 2011, lors de leur seul passage en sol québécois, ne se sont pas encore remis de leurs émotions et attendent désespérément leur retour.
*Au moment de publier cet article, Acony Records n’avait pas fourni d’extrait de l’album Nashville Obsolete (qui est sorti le 18 septembre). Pour vous donner une petite idée du son, je vous en ai choisi un de l’album précédent.
**Et juste pour le plaisir, cette étonnante reprise de Led Zeppelin, avec John Paul Jones à la mandoline!
Ce n’est pas si simple de choisir les mots justes pour décrire ce qu’on entend, ce qu’on ressent quand on écoute de la musique, tout en donnant au lecteur le goût de tendre l’oreille. D’habitude, pour se réconforter, on se cherche des points d’ancrage. Ça ressemble à qui? À quoi? Ça fait partie de quel courant musical? Pour comprendre, on a besoin de comparer, d’avoir des repères. Or, ce que j’espérais pour cette première « critique de disque », c’est faire le contraire. Oublier ces vieux réflexes. Et j’ai trouvé, dans l’univers de l’auteure-compositrice-interprète montréalaise Katie Moore, exactement ce qu’il me fallait pour ça.
C’est par un beau et tranquille dimanche d’août que j’ai écouté Fooled By The Fun, son troisième album. Dès les premières notes de la pièce Leaving, on se retrouve chez elle, avec ses proches. Ce qu’on entend est si intime et libre qu’on oublie de chercher ailleurs quelque parenté musicale qui soit. Sa voix magnifique nous touche comme un vent chaud d’été caresse la peau. Paix, douceur, fragilité et simplicité. Et on se sent tellement bien qu’on n’a qu’à fermer les yeux pour s’imaginer à Hudson, dans la maison de ses parents, là où elle a enregistré une partie des chansons de ce nouveau disque. «Tellement bien qu’on s’sent mal un p’tit brin», comme dirait Richard Desjardins.
Musicalement, la présence de complices de longue date n’est sûrement pas étrangère à ce sentiment de confort et de quiétude. Composée de talentueux musiciens montréalais – Warren C. Spicer (Plants and Animals, qui assure la réalisation de l’album), Andrew Horton (Notre Dame de Grass), Dave Payant (A Silver Mt Zion), Mike O’Brien (Sin and Swoon), Josh Dolgin (Socalled),Simon Nakonechny, Patrice Agbouku (Islands), Jessica Moss (A Silver Mt Zion, qui a aussi conçu l’illustration de la pochette), Josh Zubot, Andrea Lauren, Angela Desveaux et Nic Basque (Plants and Animals) – la famille musicale de Katie Moore offre tout ce qu’il faut pour servir son timbre unique, ses mots pudiques et ses mélodies chatoyantes. Guitares acoustiques et électriques, violons, piano, Fender Rhodes, basse, batterie et riches harmonies vocales : tout arrive à point, au bon moment et avec une aisance telle qu’une ou deux prises ont suffi pour capturer ces beaux moments (à part les arrangements de cordes qui ont été ajoutés en studio).
C’est donc avec la même grâce que s’enchaînent les autres chansons de Moore (gros coup de cœur pour la pièce-titre et Talked All Night) et les judicieuses reprises de Tracy Chapman (émouvante Baby can I hold you) et de Françoise Hardy (Tu ressembles à tous ceux qui ont eu du chagrin, en duo avec Ariane Moffatt, toute en délicatesse). Cet album est certainement un des joyaux de la rentrée!
Katie a remporté le prix GAMIQ du « meilleur album country-folk » pour Montebello, paru en 2011, et le Prix de la chanson de la SOCAN pour le titre Wake Up Like This.
L’album Fooled By The Fun (Club Roll) sera disponible dès le 28 août.
Spectacle-lancement à Montréal, le 27 août, au Rialto.
Elle sera également en spectacle à Québec, le 8 octobre prochain, à l’Anti.