Bien au chaud dans La Taverne, vendredi dernier, nous avons assisté à un excellent spectacle de Bernard Adamus. Sa tournée Sorel Soviet So What est sans aucun doute sa meilleure, en comptant celles de ses deux autres albums. C’est d’ailleurs avec le premier extrait, Le blues à GG, qu’il est entré sur scène.
D’emblée, le choix des instruments qui l’accompagnent ressort du confort qu’il s’est créé durant No. 2 et Brun. Dorénavant, il quitte les cuivres pour nous présenter son complice, Guillaume Bourque, à la clarinette basse et au saxophone. Sa présence sur scène ajoute une nouvelle dynamique au spectacle d’Adamus par le bien-être que procure ces instruments à vent.
Il poursuit le spectacle avec Cauchemar de course,qui a eu une incidence particulière sur l’énergie de la foule, qui dégageait déjà une festivité avant même le début du spectacle. Non seulement la musique de Bernard Adamus nous donne l’envie d’en boire quelques-unes, mais ce dernier nous invite à aller visiter les gars de la microbrasserie Les Grands Bois à l’arrière de la salle, qui servaient de délicieux produits brassicoles de St-Casimir.
En milieu de spectacle, il est intervenu en nous disant : « On va jouer de la musique de drogué » en guise d’introduction d’une reprise de la pièce Faire des enfants, de Jean Leloup. C’est avec étonnement que nous avons apprécié cette sortie de zone de la part de Bernard, reconnu comme un artiste authentique et à part entière.
Bien que le spectacle promeut le dernier album, Bernard Adamus et ses musiciens nous ont livré les pièces les plus appréciées de ses deux autres créations. Évidemment, un spectacle de Bernard Adamus ne vient pas sans Brun et La Question à 100 piasses qui ont marqué ses projets antérieurs. C’est de manière plutôt humoristique qu’il a transmis ces pièces classiques en jouant de manière nonchalante et en laissant plus de place au chant du public qu’au sien.
Autre moment fort en musique : la prestation de Les pros du rouleau, qui met en évidence le pianiste Martin Lizotte dans des solos de qualité. Tout au long du spectacle, il nous a offert une performance dynamique en se baladant entre le piano classique et le clavier, parfois même au synthétiseur.
Avant de nous présenter Hola les lolos, il nous a mentionné les mots « espoir » et « lumière », des concepts qui ne ressortent pas de ses autres pièces plus crues avec un soupçon d’acrimonie dans les paroles. C’est dans cet univers plus disjoncté qu’il termine donc le spectacle, avec le débit rapide de Donne-moi-z’en, qu’il nous a portée jusqu’à bout de souffle. Cette pièce est un bel exemple des inspirations jazz et blues qu’il a ajoutées à ses compositions folk, donnant un style bluegrass unique.
En rappel, il revient aussi festif avec un version plus électro et psychédélique de Rue Ontario, ainsi que Ouais ben. Ses musiciens le quittent officiellement pour le laisser entreprendre ses pièces les plus nostalgiques, Le scotch goûte le vent et 2176, où l’harmonica nous plonge dans une atmosphère familière et réconfortante.
Voici les photos de la soirée prises par Yoan Beaudet.
Je tiens tout d’abord à remercier la Maison de la Culture de Trois-Rivières pour leur générosité en offrant à notre équipe des places de choix dans la salle Anaïs Allard-Rousseau. Nous avons apprécié le spectacle à sa juste valeur et avons profité d’un beau moment en compagnie de Louis-Jean Cormier et sa guitare.
D’emblée, Louis-Jean Cormier nous a souhaité la bienvenue dans les passages secrets de sa nouvelle tournée en solo. « Bienvenue dans les passages secrets, je me sens nu, car vous allez entendre des versions déshabillées » a-t-il mentionné à son public qu’il prend l’habitude de tutoyer. J’ai d’entrée de jeu été charmée puisqu’il nous a tout de suite sourit en toute sincérité en nous spécifiant que la soirée allait être relaxe.
En effet, ce fut un très beau moment d’intimité et de satisfaction que d’entendre des versions plus sensibles et moins éclatées des pièces du dernier album de Louis-Jean Les Grandes Artères. Commençant avec deux succès de son premier album solo Le Treizième Étage, il a livré de manière simple l’Ascenseur et Bull’s eye. C’est à ce moment que je suis devenue émotive, puisque j’ai réalisé la beauté du spectacle auquel j’allais assister. La mise en scène met en évidence le chanteur et sa Godin 5thavenue par un éclairage centré sur lui et des effets spéciaux minimalistes, mais tout autant accrocheurs, qui nous permettent de se laisser emporter dans l’univers musicale de cet artiste singulier.
Ce spectacle qui se veut une genre de transition avec la composition presque «orchestrique» de l’album Les grandes artères semble être un cadeau que l’artiste fait au public autant qu’à lui-même. Un spectacle avec aucune règle et dans lequel on se laisse guider par les moments d’égarement musical du talentueux auteur-compositeur qu’est Louis-Jean Cormier. Durant le succès Si tu reviens la salle s’est mise à chanter à la demande de l’artiste qui a avoué par le fait même « qu’il n’y aura pas de règle ce soir ». Au moment de livrer Faire Semblant, il s’est arrêté pour nous signifier qu’il n’y en avait pas plus pour lui en appuyant simultanément sur sa pédale pour nous offrir un solo blues qui sortait de son style habituel.
Les interventions qu’il nous offre sont poétiques et pleines de sens tout comme ses textes.
« Les passages secrets incitent au voyage, ça donne le goût de partir à l’oblique, ça ramène les valeurs à bonne place ». En ce 2 février 2017, peu après les atrocités survenues à Québec, Louis-Jean a demandé un moment de silence en mémoire des victimes de la tragédie. « Toi aussi tu as les valeurs à la bonne place » a-t-il affirmé pour ramener le public et ensuite enchaîner avec Tête Première où sa voix était mise en valeur plutôt que sa guitare.
Honnêtement, Traverser les travaux n’a jamais été ma pièce préférée, mais cette nouvelle version plus claire et moins lourde musicalement m’a permis de mieux comprendre le sens de la chanson et laisser aller mes émotions durant un instant.
Traitant souvent d’amour, comme dans Jouer des tours, on a l’impression de mieux comprendre cette émotion par les images qu’évoquent ses mots :
«Je peux verser des larmes, dit-elle, sur mes sourires
Faire danser nos verres de vin
Je peux bâtir un refuge pour deux dans ma tête
Quand je m’agrippe à tes mains mon amour».
La simplicité derrière la direction artistique de ce spectacle nous permet de se concentrer sur ces paroles qui, selon moi, décrivent parfaitement ce qu’est l’amour que nous pouvons avoir envers une personne qu’on aime.
Se sentant libre de jouer ce qu’il veut, Louis-Jean a interprété deux chansons de Karkwa, un excellent groupe duquel il a fait parti pendant plusieurs années. Durant Pyromane et Le vrai bonheur, j’ai sentie que Louis-Jean nous avait oublié et qu’il se baladait dans un endroit qui lui manquait. « Ça fait un boute que j’ai les yeux fermés, mais j’ai du
fun ». J’ai personnellement adoré le choix des chansons de Karkwa qui ne sont pas nécessairement les plus connues.
Témoignant de la fierté qu’il a envers son public d’encourager la musique francophone, il poursuit avec sa chanson engagée La fanfare qui me rappelle l’état des rues de Montréal au printemps 2012.
Il a finalement terminé son spectacle accompagné d’une volontaire de la salle à qui il a demandé de monter sur scène simplement pour pouvoir lui chanter sa reprise du succès de Martine Saint-Clair, Ce soir l’amour est dans tes yeux. Cette jeune fille qu’on a toutes enviée durant un instant a surpris le public en poussant de jolies notes qui s’harmonisaient très bien avec la douceur de la chanson.
Il est revenu en rappel avec Le jour où elle m’a dit je pars à la demande du public. Il a fermé le spectacle avec Deux saisons trois quart, une pièce qui donne envie de prendre la route et de retourner chez soi.
Mimi VanDerGlow, c’est Carl Hébert à la voix et à la guitare, Canyon Pascal à la basse, David Gaudet à la guitare et Richard Gaudet à la batterie. Ce groupe trifluvien est bien connu en Mauricie et n’en était pas à son premier spectacle au Zénob. Ils transportent avec eux un bassin de fans et les gars semblent toujours aussi heureux de jouer les pièces de leurs albumsRadawretS’aimer tout croche. Le rock francophone du groupe est toujours aussi solide !
En première partie, on a eu droit à une performance un peu plus relax avec Machines géantes, un groupe avec un style tout de même original, qui fait plutôt dans le rock psychédélique.
Voici le résumé en photos de Dany Janvier de cette soirée rock:
Jeudi soir dernier, Pierre-Philippe coté, mieux connu sous le nom de Pilou ou encore Peter Henry Phillips était en prestation à la maison de la culture de Trois-Rivières.
L’artiste qui, depuis la sortie de son premier album en septembre dernier, connait une belle hausse de popularité; s’est présenté sur scène accompagné de trois musiciens. Ils étaient sur en prestation pour la première fois de l’année 2016 et en ont profité pour se faire plaisir. Les quatre complices ont enchaînés les chansons avec brio. On sentait la confiance du groupe, ainsi que le plaisir qu’ils avaient à être sur scène et à jouer. On pouvait également constater que Pilou a toujours son cœur d’enfant par les blagues qu’il lançait accompagné de son petit sourire charmeur. Le public s’est, entre autre, enflammé lorsque le chanteur a jeté quelques chocolats de loge qu’il s’était gardé en réserve dans la foule.
Pour ce qui est de la prestation, le spectacle reflétait la même profondeur présente sur l’album : The origin dont on avait fait la critique ici. La voix solide et émotive de Pierre-Philipe Coté côtoyait les solos rassurants de guitare et de base ainsi qu’un jeu de lumière hypnotisant. On ne pouvait demander mieux, et autant le rock que le folk a su trouver sa place et résonner dans l’intime salle au plus grand bonheur des spectateurs présents. En plus de toutes les chansons de l’album, Peter Henry Philips a également joué une reprise de la pièce «Repartir à zéro», ainsi qu’une chanson inédite qui, on espère, apparaîtra sur son prochain album.
Peter Henry Phillips sera, en autre, en prestation à Montréal en lumières cette fin de semaine. Pour la liste des autres spectacles, cliquez ici.
Le dernier article que j’ai publié grâce à Écoutedonc.ca avait pour sujet le contemplatif spectacle de Rosie Valland dans cet antre de la contreculture que représente le Zénob de Troi-Rivières. L’ambiance générale s’annonçait fort différente pour le prochain spectacle, puisque je me rendais à l’Embuscade pour aller voir les Marinellis, groupe de Montréal qui fait de plus en plus jaser.
On annonçait le spectacle pour 22 heures, ainsi, connaissant bien l’endroit, je me suis pointé à l’Embuscade vers 23 heures, question d’arriver quand même un peu d’avance pour ce show qui, évidemment, ne commencerait que non-loin de minuit. C’est que, vous le savez peut-être déjà si vous résidez à Trois-Rivières, l’Embuscade représente le bar de fin de soirée du jeune trifluvien modèle. Sur sa terrasse en été, se lancent des projets entre trop de verres vides qui, au final, ne verront jamais le jour, et c’est comme ça qu’on l’aime.
De toute façon, étant un peu au fait du groupe de ce soir-là, on ne pouvait s’attendre à rien d’autre qu’une tardive représentation.
Malgré tout, il faut l’avouer, je m’attendais à voir un peu plus de gens se rendre au spectacle des Marinellis en ce déjà lointain 2 décembre. Reste que le mince public, tout comme les musiciens, savait déplacer de l’air.
La bande de Cedric Marinellis (voilà, vous connaissez l’origine du nom de la formation), commence par s’introduire à l’aide de quelques blagues à caractère phallique qui, tout au long du spectacle, se feront les assises de l’unité entre le public et l’excentrique chanteur.
Pieds nus, gros manteau de fourrure et chapeau au large bord nous démontrent que c’est entre autres à l’aide de la performance scénique que les Marinellis viennent se distinguer sans cette mer de garage surf rock que nous offre Internet ces temps-ci. En effet, quand on voit la formation interpréter des pièces de son plus récent opus Île de Rêve, on ne peut s’empêcher de penser à l’excellent groupe The Growlers ou encore aux plus déjantés Black Lips en ce qui a trait à l’attitude générale et la nonchalance de la formation montréalaise.
Reste qu’il est une chose qui surprend le plus avec le Marinellis, et c’est d’ailleurs ce qui les démarque réellement du lot : le chant en français. Effectivement, les voix grinçantes et les duos guitares percussives et éthérées que l’on aime tant entendre dans ce néo-surf rock psychédélique restent davantage exploitées par des artistes en grande partie anglophone. Par contre, Les Marinellis, en plongeant dans le kitsch allégrement et en assumant le passé yé-yé de la pop québécoise en ce qui a trait au chant, parviennent à convaincre l’auditoire qu’il est possible de se laisser aller complètement dans ce type de musique, même dans une langue qui ne semble pas lui être prédestinée.
Parlant de laisser aller, il faut aussi mentionner que c’est probablement le modus operandi que s’est donné Cédric Marinellis lorsqu’il a, bien naturellement, évoqué l’idée de faire la moitié de sa performance vêtu de rien d’autre qu’une culotte à paillettes et d’une proéminente moustache. Armé de ses maracas ou de sa tambourine, il s’est plus d’une fois retrouvé à quatre pattes sur le parterre de l’Embuscade où, de toute évidence, il prêchait à une poignée de convertis, qui, à eux-seuls, parvenaient à faire croire au groupe qu’ils jouaient dans une grande salle comble
Je garde donc un souvenir fort agréable de ce spectacle qui, malgré un manque d’équilibre entre la voix et les instruments, constitue une des bonnes performances scéniques que j’ai pu voir sur la scène émergente cette année.
Vendredi le 27 novembre dernier, Antoine Corriveau nous a gâté au spectacle à la Maison de la culture Francis-Brisson de Shawinigan. Un endroit magnifique avec un «band» chaleureux, drôle et qui interagit avec le public. Tout était là pour passer une belle soirée
Le spectacle est commencé depuis peu et Antoine demande à son batteur, Stéphane Bergeron, d’aller chercher son capot de guitare pour faire sa prochaine chanson. Le tout dure quelques minutes et, donc, Antoine se met à nous jaser. Il propose qu’on se présente tous en attendant que Stéphane revienne. Alors qu’on pensait tous que c’était une blague, il pointe une dame et lui dit de se présenter et ce qu’elle fait dans la vie. Par le plus grand des hasards, il tombe sur une dame qui a une extinction de voix. Alors que le public et Antoine se mettent à rire de la situation, il se retourne et se rend compte que son capot est sur une autre guitare, juste derrière lui. Cette petite histoire a installé un climat de réciprocité et de confiance entre le public et Antoine.
Il nous a fait presque toutes les chansons de son deuxième album, Les ombres longues et la pièce Kilomètres de son premier, qui semblait bien connue des spectateurs. En plus de cela, nous avons eu droit à deux nouvelles chansons, dont une qui n’a pas vraiment de titre officiel encore. Comme il y avait un piano à queue, Antoine a dit toute la soirée qu’il allait le rentabiliser, alors on l’a souvent vu jouer au piano, plus qu’à l’habitude, semble-t-il.
Avec son petit questionnaire pour savoir le niveau de connaissance du public par rapport à sa musique, il s’est vite rendu compte que Shawinigan le connaissait bien. Il disait même « Dans le tapis Shawi », ce qui nous a bien fait rire.
L’un des beaux moments du spectacle a certainement été sa reprise de Corridor de Laurence Jalbert, qu’il avait fait pour l’émission Pop de jam.
Le clou du spectacle, et ce que nous retenons tous dans nos cœurs, c’est clairement à la fin où il nous a fait lever de nos sièges pour s’approcher près de la scène. Il nous appelait « Le grand chœur de Shawi » alors qu’on chantait en harmonie les « Ahhh aaahh AAaahh ahhhaa ».
En plus de pouvoir admirer sa moustache de fin de Movember, ce fut un moment magique et privilégié avec Antoine Corriveau et ses musiciens, Marianne Houle et Stéphane Bergeron.
S’il existe une place où j’aime apprécier un spectacle reclus, dans un coin, capuchon sur la tête et bière noire à la main, c’est probablement au Zénob. Rien de mieux que ce semi sous-sol mythique pour tranquillement savourer de nouvelles découvertes musicales.
Vendredi le 27 novembre, la découverte n’était que partielle, puisque le Zénob accueillait Rosie Valland, que j’avais déjà eu l’occasion d’entendre sporadiquement au cours de la dernière année. Néanmoins, c’état mon baptême live en ce qui a trait à cette jeune auteure-compositrice interprète sortie, il n’y a pas si longtemps, de l’École Nationale de la chanson de Granby.
Pour ouvrir le bal de cette soirée, Benoît Perreault s’est armé de sa guitare japonaise, d’une pédale de loop, une autre de distortion. J’avoue avoir déjà pu observé les oeuvres visuelles de Perreault et également avoir entendu, du même coup, quelques expérimentations sonores jointes à ses pratiques en arts. Ainsi, j’étais curieux de l’entendre dans une formule davantage chansonnière.
Ce que l’on peut retenir de la performance de Perreault, c’est l’authenticité. Devant nous se tenait un gars seul qui présentait ce qui lui plaisait d’interpréter.
Ainsi, on aura eu droit à un instrumental aux sonorités d’Ennio Morricone qu’il qualifia de musique cinématographique ou encore sa Toune de bar qui, jovialement, suggère au public de se fermer la gueule. Ce soir là, ce n’était bien sur qu’hypothétique, puisque le public trifluvien connaissant bien Perreault, restait fort attentif à sa performance. S’en suivit quelques compositions ainsi qu’une interprétation distortionnée de l’hymne au Printemps de Félix Leclerc.
L’éclectique performance se termine sur une pièce au saveurs horror-punk. C’est ensuite que s’avancent du bar Rosie Valland et ses musiciens qui commencent à mettre en place leur attirail.
Juste à voir la quantité de pédales d’effets sur le sol du Zénob proportionnellement au nombre de musiciens qui les utiliseront, il est déjà facile de deviner à quoi ressembleront les interprétations live de Rosie Valland.
Le mot d’ordre pour la soirée : réverbération.
Que ce soit à la guitare rythmique de Valland ou au Roland Juno utilisé par Jesse McCormack, multi-instrumentiste, arrangeur et en grande partie artisan de ce son contemplatif qu’on peut entendre sur les albums de Rosie Valland, une chose est sure, c’est qu’on joue avec l’écho. Dès lors, le Zénob devient cathédrale. Le public de curieux peut alors apprécier les expérimentations de cette messe folk-rock-shoegaze au structurations pop qui nous démontrent que la chanson québécoise évolue pour le mieux, dans un univers où il est si facile de se perdre dans un flot infini de musique.
Le fort de Rosie Valland ne réside certes pas dans sa communication directe avec le public. En effet, comparativement à Benoît Perreault qui l’a précédé, elle ne tergiverse pas entre les chansons, et c’est aussi bien comme ça, parce qu’il est évident que ce que la chanteuse et son groupedésirent, c’est de plonger le public dans un univers sonore et lyrique unique à leurs performances, qui poussent, à mon avis personnel, bien plus loin que sur l’album, quant à lui plus facile d’approche.
Certes uniques et méditatives, les lancés musicales ce soir là ne pouvaient qu’agréablement me rappeler Salomé Leclerc et Elliot Maginot. Cependant, ce n’est que pour le mieux que Valland trouve sa signature dans cette nouvelle sphère de la musique québécoise.
Si l’on sort un peu de la francophonie, le jeu de basse m’a rappelé un groupe que j’ai découvert il y a quelques années de ça nommé Blue Foundation.
D’ailleurs parlant de basse, c’est probablement le point qui m’a le plus satisfait tout au long du spectacle; c’est à dire que lorsque Valland laisse tomber la guitare pour la basse, elle a une fort intéressante manière de l’appréhender. En fait, la relation qu’elle semble avoir avec sa basse est si symbiotique qu’elle permet à McCormack de s’équiper d’une autre basse pour se charger du lead. Avouons qu’un trio basse-basse-batterie ne représente pas ce que nous sommes habitués d’entendre sur la scène locale francophone. Je lève donc mon chapeau pour cette audace bien placée.
Ainsi, Olympe, dont j’avais sur apprécier la version studio à quelques surprises a davantage pris son sens avec la prédominance de la basse en live. La percussivité et la lourdeur de l’instrument complémente parfaitement la Salomesque voix de Rosie Valland ainsi que le jeu feutré du batteur Jean-Philippe Levac qui, malgré son retrait apparent, se veut un pilier indispensable au duo mélodique qu’il soutient.
Je garde une forte impression du concert de Rosie Valland qui me permet d’apprécier différemment les versions studio de ses chansons. Cependant, c’est surtout une envie forte de retourner la voir en spectacle et de faire découvrir cette artiste au monde environnant, maintenant que le silence m’aspire dans l’écriture de cette chronique.
Vendredi dernier, l’auteur-compositeur-interprète Daran était de passage en formule solo au Centre culturel Pauline-Julien de Trois-Rivières dans le cadre de sa tournée Le monde perdu, son plus récent album. Ce dernier a d’ailleurs remporté le plus récent Félix pour la mise en scène de l’année et l’on comprend vite pourquoi dès les premières minutes du spectacle. Car outre la musique, le spectacle est grandement axé autour des projections de films sur lesquelles l’artiste Geneviève Gendron dessine littéralement par-dessus par l’entremise d’un ordinateur, chose qui parait assez audacieuse. Ce travail artistique vient compléter et enrichir les courts métrages propres à chaque chanson.
Le logiciel a même dû être créé, car il n’en existait aucun permettant de dessiner sur du vidéo a fait savoir Daran. La dimension multimédia que prend le spectacle a d’ailleurs agréablement surpris le public. C’est le genre de spectacle qu’on aurait pu présenter en pleine salle de cinéma tellement que l’attention des gens est portée sur l’écran plutôt que sur le musicien.
Au cours de sa performance de près d’une heure et demie, le Français qui a adopté le Québec il y a cinq ans a interprété l’intégralité des pièces de son plus récent album de même que quelques pièces qui datent comme Dormir dehors. Semblant timide au départ, le public s’est tout de même permis d’interagir et de participer avec Daran au fur et à mesure que la soirée avançait. Au final, les spectateurs ont grandement apprécié le passage du chanteur.
En guise de première partie, les spectateurs ont pu voir à l’œuvre Kensico qui présentait les pièces de son dernier album White Sage. Pour plus d’information ou pour connaître les prochaines dates de la tournée, vous pouvez visiter le www.daran.ca.
Jeudi soir dernier avait lieu la première soirée cachée de la saison au bar La chasse-Galerie. Ces événements, organisés par CFOU en collaboration avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), ont lieu une fois par mois et ont pour principe de ne révéler l’artiste invité que la journée même de la prestation. Pour débuter l’année en grand, c’est nul autre que Klô Pelgag qui a ouvert le bal. La soirée fut teintée d’absurdité et de magie à l’image de cette jeune artiste. Retour sur ce spectacle et entrevue avec une fille pétillante.
Klo PelGag, Chloé Pelletier Gagnon de son vrai nom, est originaire de Gaspésie. Elle s’est vite démarquée par son talent indéniable pour manier les mots, sa voix fragile et insaisissable ainsi que par sa personnalité éclatante. Son premier album, l’Alchimie des monstres, a eu un franc succès, l’amenant même jusqu’en Europe. De retour depuis quelques temps d’une tournée européenne, Klô a monté sur la scène trifluvienne pour faire ce qu’elle fait de mieux: époustoufler et surprendre.
Les nombreux spectateurs présents ont eu droit à une prestation haute en couleurs. Les chansons s’enchaînaient avec fluidité, chacune amenant son lot d’émotions et nous faisant voyager loin de tout univers connus. La douce voix de Klô résonnait dans le bar avec son éclat habituel, chargée de frissons, de puissance et de magie, réchauffant au passage le cœur de la cent vingtaine de privilégiés présents. Entre deux mélodies, Klô y allait de commentaires des plus absurdes, portant fièrement son onepiece de squelette et divaguant sur des sujets sortis de nul part. À un moment donné, en plein milieu d’une chanson, elle est même allée verser une bière sur son batteur qui, il faut le spécifier, ne portait qu’un chandail bedaine et un speedo. La jeune artiste qui dit rechercher la surprise lorsqu’elle va voir des spectacles peut se venter d’en donner à revendre à son public.
Klo PelGag va terminer sa longue tournée le 12 Décembre prochain au club soda. Pour l’occasion, elle se fera raser les cheveux sur scène. Nous l’avons questionnée sur les raisons de cet acte « Je le fais pour plusieurs raisons, mais j’avais juste envie de me raser la tête, de faire fuck. Genre la pression de l’humain sur son image c’est horrible de nos jours. Peut-être que ça a toujours été comme ça, mais je vivais pas à ces époques là non plus. J’ai l’impression que l’image, elle prend tellement d’importance. Tout le monde est tout le temps en train de se regarder dans le miroir ou même dans les fenêtres du métro. C’est vraiment triste, c’est rendu plus important ça pour les gens que d’autre chose. En tout cas j’ai juste le gout de faire fuck, fuck off, fuck toute.» La jeune artiste mêle également ce désir de se débarrasser de sa pilosité capillaire à une bonne cause, comblant ainsi son envie d’aider des gens. Elle s’est donc associée à l’organisation Leucan.
Klô PelGag souvent reconnue pour la justesse de ses textes et la magie de sa voix nous a également confié son désir d’exploiter son talent dans autre chose que la chanson. « J’aimerais ça, mais je suis pas encore capable de l’assumer. J’aimerais ça peut-être faire un recueil un jour. Un recueil de poésie, de nouvelles ou même un roman… J’ai plein de choses qui m’intéressent en fait.» Pour le moment, elle se contentera de l’écriture de son prochain album. Son imagination débordante qui donne lieu à des chansons colorées est déjà à l’ouvrage. « C’est juste plein d’affaires qui trainent dans mon cerveau depuis un boutte et j’ai pas eu le temps de me dédier complètement à ça parce que je suis toujours en tournée depuis deux ans. Mais là, je vais pouvoir juste me consacrer à ça». Pour son deuxième album, elle souhaite changer ses habitudes d’écriture. Le premier à été écrit en majorité dans la maison familiale où elle puisait son inspiration de la faune et la flore des Bas-Laurentides.« J’essaie de me sortir un peu de ça tsé les habitudes, alors je vais essayer d’écrire un petit peu partout» L’artiste refuse de se donner un thème pré-établi et souhaite laisser libre recours à son imagination pour l’écriture de ses prochains textes.
Pour terminer l’entrevue en beauté, nous y sommes allés avec quelques questions en rafales:
On est entre nous, après la longue tournée que tu viens de faire, est tu tannée de chanter tes tounes?
(rires) Non, je suis pas tanné. C’est sûr que quand on faisait des six semaines intenses, d’être dans un camion tout le temps avec sept personnes, à un moment donné, à la fin de la tournée, on était très très très épuisés pis c’était peut-être moins nouveau, mais quand je prend une genre de petite pause après et que je retrouve le monde, j’aime ça. Je ne ferai pas autant de spectacles pour le prochain album, parce que là c’est ça, j’ai fait beaucoup trop de spectacles. (rires)
Ta recommandation musicale du moment?
En ce moment, j’écoute beaucoup Nick Drake et Elliott Smith. De la musique triste dans l’fond. Je suis également en train de redécouvrir les Beach Boys. Y’a Philippe Brach aussi qui va sortir un album, Je l’aime bin, il est drôle.
Ta Recommandation littéraire du moment ?
J’ai lu Karoo de Steve Tesich. C’est vraiment bon! Pis là, je lis tous les livres de cette maison d’édition là qui s’appelle Monsieur Toussaint Louverture. C’est vraiment drôle, les livres sont vraiment beaux et souvent bons. Mais je lis pas vraiment vite, alors ça va me prendre du temps.
Qu’est-ce que tu préfères du public français?
Il y a souvent du monde bizarre, mais ce n’est pas tout le temps nécessairement l’fun. À un moment donné, il y avait un couple de français qui s’étaient déguisé en Québécois et qui sont rentrés dans notre loge pendant qu’on se changeait. Ils agissaient comme si on se connaissait, ils nous sautaient dessus, et il y avait comme un fille en bobette dans l’coin c’était juste vraiment bizarre. C’est ça, il y a vraiment des personnages drôles. On a même établis une liste des personnages les plus étranges qu’on a rencontré en tournée.
Qu’est-ce que tu préfères du public Québécois?
Ils sont plus libres et spontanés. Le public français est comme plus respectueux. Ils ne parlent pas parce qu’ils pensent que c’est ça le respect et à la fin du spectacle, là ils sont un petit peu moins gênés mais c’est ça. Je pense que les Québecois sont comme plus lousses, alors ça c’est l’fun.
Klo Pelgag est entrée dans le milieu de la musique grâce, entre autre, à sa personnalité rafraichissante et spontanée, mais c’est son talent immense qui lui a permis de s’y ancrer. Malgré le succès qu’elle connait, elle reste une jeune fille pétillante, énergique et tellement authentique. On lui souhaite de continuer sur sa lancée et de ne jamais perdre l’étincelle qui la rend si unique.
Klo Pelgag sera en spectacle le 10 décembre prochain au Grand Théâtre de Québec! Pour plus d’informations, visitez le http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/klo-pelgag-1810.html
Crédit photo: Charles Fontaine & Izabelle Dallaire ( https://www.facebook.com/izabelle.dallaire.photographe/?fref=ts)
Avec toutes les sorties du mois de septembre, quelques albums sont passés, bien malgré nous, sous notre radar, mais c’est aujourd’hui qu’on se reprend !
L’album Bave de robots, de Les conards à l’orange, est paru le 3 septembre dernier. C’est le 3ème album en 14 ans pour le groupe.
Avant toute chose, il faut comprendre que le rock, ce n’est pas mon premier amour, mais quand on écoute cet album, on oublie les préjugés et les idées préconçues; on écoute, tout simplement. On y retrouve une ligne directrice donnée par le rock, mais l’album arbore aussi des allures de reggae et de punk.
Ici, je n’ai pas envie de vous énumérer les particularités de chaque pièce. J’ai plutôt envie de vous parler de mes impressions générales au fur et à mesure que j’écoute l’album.
Clairement, c’est un album qui nous fait nous questionner, tant sur nos habitudes, sur notre regard sur la société que sur nos actions envers les autres. C’est un album qui nous rappelle la légèreté de la vie, mais qui propose aussi un positionnement sur les agissements et les décisions en tant que société. L’apparition des cuivres sur quelques pièces est très agréable pour les oreilles et cela vient ajouter une belle finition.
C’est ce qu’on peut appeler un album engagé, mais on se sent inclus dans ce qui est dit et c’est ce qui fait que l’album m’a rejoint et que je l’ai apprécié.
Je pense que c’est un album qui interpelle un peu tout le monde par sa simplicité et par ses textes tout aussi engagés que légers. Pour moi, l’album Bave de robots fût une grande et belle découverte.
En passant, pour ceux qui se le demandent, le titre de l’album (bave de robots) veut dire «parler pour ne rien dire».