J’avais assisté au lancement de Désherbage en septembre dernier et étais tombé immédiatement sous le charme du tout frais album de Benoît Pinette alias Tire le Coyote.
C’est dire à quel point j’avais hâte de récidiver plus longuement lors de cette nouvelle tournée qui s’est récemment mise en branle cet automne. Et je n’étais pas la seule ; un public varié et enthousiaste avait rempli pour l’occasion la salle Louis-Fréchette afin d’accueillir comme il se doit l’artiste résidant à Québec.
Sous les acclamations des spectateurs, Tire le Coyote et son acolyte guitariste Shampouing ont, en duo, démarré le concert tout en douceur avec Pouvoirs de glace, comme sur le disque. Les autres musiciens sont venus les rejoindre pour la suite du spectacle qui a fait une belle part aux nouvelles chansons mais également aux greatest hits du chanteur tel qu’il a lui-même appelé ses désormais incontournables. C’est donc accompagné de Cédric Martel à la basse, Guillaume Bourque à la guitare, Jean-Philippe Simard à la batterie et Vincent Gagnon au piano et claviers que Pinette et son fidèle Shampouing ont régné sur la scène pendant ce sublime concert qui a charmé et conquis nos oreilles de mélomane.
Ce spectacle a beau se situer en début de tournée, déjà ça sonne comme une tonne de briques, l’ambiance est électrisante et la complicité du groupe est palpable jusqu’au fond de la salle. Personnellement, j’aurais vécu ce show debout en tapant des mains toute la soirée mais malheureusement et dépendamment des publics, le Grand Théâtre permet moins ça. Heureusement, vers la fin, nous avons pu enfin assouvir notre envie de célébrer la musique de Tire le coyote plus librement et joyeusement.
D’autres beaux moments doux sont venus ponctués la soirée, retenons particulièrement le duo piano-voix majestueux entre le chanteur et Vincent Gagnon sur Comment te dire (le fait que je sois assise, par hasard, à côté de la mère du doué pianiste de Québec a ajouté à l’émotion, il va s’en dire). Mention plus que spéciale également à l’électrique et soulevant échange de guitares entre Shampouing et Bourque lors de la chanson ‘Confetti ‘.
Tire le coyote, c’est aussi l’amour des mots, de la langue française. C’est un univers poétique unique d’une folk autant dépouillée d’une part, qu’enrichie d’arrangements et de sonorités recherchés d’autre part. Et c’est beau et ça fait du bien.
Je ne peux omettre de souligner l’excellente et rafraichissante idée du chanteur-guitariste d’inviter au retour de l’entracte, dans presque toutes les villes visitées, un ou une poète de l’endroit, à réciter une de ses œuvres accompagnés des musiciens. Ici, nous avons eu droit aux percutants et résonnants mots d’Erika Soucy. Il est plus que nécessaire d’entendre plus de poésie dans nos vies. Merci pour cette belle initiative.
Tirez-vous donc sur la supplémentaire du 14 février !
L’année 2017 tire à sa fin, mais il reste encore quelques beaux pestacles à nous mettre sous la dent! Nos diffuseurs vont d’ailleurs être fort occupés pendant le temps des Fêtes, aucune raison de vous ennuyer, donc, entre deux partys!
Voici notre sélection de spectacles à voir pendant cette période plus que festive :
Gab Paquet (+ Miss Sassoeur et les Sassys) – Le Cercle, 14 décembre
On vient de le nommer artiste de l’année à ecoutedonc.ca, c’est pas pour rien! Gab Paquet, c’est du bonbon pour les yeux et les oreilles. Le flamboyant chanteur de charme vous convaincra par sa fougue, ses déhanchements et son regard craquant. Préparez-vous à voir un shag divin sous les paillettes de Gab Paquet!
Quant à la première partie, Miss Sassoeur et les Sassys, vous serez séduits par le gospel de ruelle proposé par la formation qui a mérité le prix du jury (ainsi que le prix ecoutedonc.ca) du dernier Cabaret Festif! de la relève!
Gabrielle Shonk – Grand Théâtre de Québec, 14 décembre
L’auteure-compositrice-interprète Gabrielle Shonk a lancé cet automne un premier album qui a été très bien reçu par la critique. Ses chansons folk-pop bourrées de soul sauront en attendrir plus d’un. Pour sa rentrée québécoise, Shonk se paie le Grand Théâtre! Pari risqué? En fait, au moment d’écrire ces lignes, il ne restait plus que quelques billets qu’on vous invite à saisir sans tarder!
Anthony Roussel – Librairie St-Jean-Baptiste, 14 décembre
Juste pour nous compliquer la tâche davantage, un autre beau petit show qu’on aimerait bien voir (et vous proposer), c’est celui que présentera Anthony Roussel dans l’intimité de la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Son plus récent album, La gymnastique de l’amour, a fait tourner quelques têtes avec ses mélodies accrocheuses et pas mal atmosphériques. À surveiller!
Koriass X KNLO – La Source de La Martinière, 16 décembre
Pour conclure le cycle Love Suprême en beauté, Koriass présentera un concert à La Source de La Martinière. Dernière occasion de voir le rap théâtral du jeune homme avant un petit bout! De son côté, le Bas-Canadien KNLO devrait nous faire groover en masse! Si vous connaissez la petite salle limouloise, vous savez que le plafond risque de se retrouver dans le parc voisin!
Solids (+ Los et Mundy’s Bay) – L’Anti Bar et Spectacles, 26 décembre
Vous avez besoin de quelque chose qui rocke pour faire passer le ragoût de patte de votre grande-tante Louise (ou le cari au tofu de votre oncle Bastien-Olivier)? Le Boxing Day a été difficile? La solution à tous vos maux : la formation rock Solids qui investira L’Anti pour nous inviter à hocher joyeusement la tête!
La Caravane des fêtes IV : La messe de minuit – La Nef, 27 décembre
Y’avait des restants de ragoût de patte ou de cari au tofu dans le frigo? Vous avez encore besoin d’énergie? Eh ben les gars de Caravane vous ont monté un autre show juste pour célébrer le temps des Fêtes (ou Noël, pour ne pas déplaire à certains). Et pour qu’on se sente encore plus à la messe de minuit, ça va se passer à La Nef! On nous promet tout un party! Et les deux groupes invités, Harfang et Mort Rose, ne sont pas à dénigrer non plus, oh que non! D’un côté, une pop atmosphérique accrocheuse, de l’autre un petit rock and roll sympathique qui donne le goût de danser. Plus le temps passe, plus on a hâte!
Orloge Simard (+ Pass) – Impérial Bell, 29 décembre
Un autre truc qui commence à devenir une tradition, c’est la beuverie le show de fin d’année d’Orloge Simard. Ne me demandez pas pourquoi, le monde vire fou en la présence du philosophe baieriverain et de son band de musiciens déchaînés. Mais cette folie provoquée par l’aucuncadrisme (la philosophie d’Orloge) est contagieuse et il y a fort à parier que ça ne sera pas une soirée facile à l’Impérial pour les plus doux!
Mais c’est parfait pour se préparer à monter au Lac Saint-Jean fêter le Jour de l’An!
De la visite rare nous attendait au Grand Théâtre en ce frisquet vendredi soir. Il était même surprenant de constater que la salle Louis-Fréchette n’était pas pleine pour le retour en ces terres d’un artiste du calibre de Daniel Lanois. Chose certaine, nous n’allions pas bouder notre plaisir d’y être et comme le dit si bien l’adage, les absents ont toujours tort.
Dès le premières notes, on sent qu’on va assister à du beau et à du grand. Daniel Lanois débute seul sur son instrument et déjà, la magie s’installe. Rejoint par ses acolytes à la batterie et à la basse, un retour vers le passé, plus précisément en 1989, s’impose avec les classiques du premier album ‘Acadie’ soit les ‘Jolie Louise’, ‘Under a Stormy sky’ et ‘O Marie’. La table est mise et joliment, grâce entre autre au service d’un remarquable violoniste du Nouveau-Brunswick. Le trio de musiciens excellera tout la soirée, que ce soit dans les harmonies vocales, les chansons en formule ‘jam’ plus pesantes que dans les pièces jazz expérimental/techno du récent disque de Lanois.
Par ailleurs, le mélange des genres n’a pas semblé plaire à tous les fans réunis dans la salle. En effet, il était parfois déconcertant de suivre l’action sur scène (on se questionne toujours du rôle joué par l’homme dansant derrière Lanois aux consoles). L’ajout d’une caméra vidéo en direct permettait d’apprécier de plus près sur écran géant le travail des musiciens et leur grande cohésion mais l’ajout d’extraits de films aux effets stroboscopes pouvait être agressant pour l’oeil.
Somme toute, ce fut un spectacle d’une grande beauté et profondeur, apaisant et réconfortant d’un côté et dynamisant de l’autre, mené d’une main de maître par un Daniel Lanois au sommet de son art. Un artiste de coeur, entier, grandement touché et influencé par les injustices subies par ses amis autochtones dont on sent la présence constante et qui a définitivement compris le pouvoir de la musique.
C’est à un généreux programme de deux heures dans son charmant univers musical que nous a convié Damien Robitaille en ce doux jeudi soir à la salle Octave-Crémazie. Un public de tout âge s’y était donné rendez-vous. C’est vrai que depuis la parution de ses quatre disques, Damien Robitaille ratisse large avec son mélange de styles musicaux variant autant du soul, au folk chansonnier en passant par le disco et le latino.
Et c’est particulièrement à sa dernière offrande sortie au printemps à laquelle nous avons eu droit hier, livrant entièrement son bel Univers Parallèle à la foule venue l’écouter. Ces chansons récentes des plus groovantes se sont bien mariées aux plus connues du répertoire, dans une ambiance parfois gospel, gracieuseté des magnifiques chœurs signés par la bassiste Fabienne Gilbert et la percussionniste/claviériste Marie-Christine Depestre. Secondé par une excellente sonorisation, le groupe en communion parfaite, était également composé du batteur Max Sansalone et du multi-instrumentiste Carl Bastien. Il faisait bon d’ailleurs de revoir sur scène ce talentueux musicien qui a brillé aux claviers notamment sur la pièce Casse-tête.
Si Robitaille peut se faire cabotin, ludique et coquin, autant dans ses chansons que dans ses interventions avec le public, il démontre aussi son côté tendre et touchant dans son interprétation de chansons comme Le Fleuve ou encore Astronaute qu’il livre au piano. Le chanteur sait se faire généreux, non seulement dans la longueur de son spectacle des plus dynamiques (plus de 22 chansons sans entracte!) mais aussi en improvisant, à la demande des spectateurs, un pot-pourri de leurs morceaux préférés qui n’ont pu s’insérer au programme.
Ce délicieux voyage ne pouvait que mieux se conclure sur une Plein d’amour, entonnée en choeur par un public conquis et charmé. Une belle soirée!
Tire le coyote lançait hier son quatrième album Désherbage au nouveau bar Le détour, situé dans le Grand Théâtre, à Québec.
Famille, amis et public étaient conviés dans une ambiance intimiste à inaugurer l’espace et à le désherber avec Benoît Pinette et sa bande composé de Shampouing (guitare et voix), Cédric Martel (basse), Jean-Philippe Simard (batterie) et de Vincent Gagnon (claviers). Son apport est crucial et il a son charme, car il ajoute une touche qui embellit les pièces de Tire le coyote.
Dans Pouvoirs de glace, des enfants dansent devant la scène et il n’y a que Shampoing et Pinette. La chimie du duo, qui se complétait bien l’un et l’autre, était palpable. Les textes sont encore aussi beaux que sur Mitan et Panorama, mais on gagne en profondeur musicale avec le piano de Vincent Gagnon.
Sa magnifique Tes bras comme une muraille nous assaille par tant de beauté. Les musiciens sont talentueux et énergiques. Dans Toit cathédrale, c’est la guitare de Shampoing qu’on retient. Elle retentit au juste moment. Les frissons n’ont pas tardé dès le début de Le ciel est backorder et Comment te dire. Les deux pièces nous arrachent quelques larmes, mais nous font du bien malgré tout.
Hier, les musiciens étaient en symbiose et se complétaient dans leurs points forts. Ça nous donne encore plus envie d’aller voir la mouture complète sur scène le 9 décembre prochain au Grand Théâtre de Québec.
C’est dans la cour intérieure du Grand Théâtre qu’a eu lieu la présentation d’un laboratoire d’essai de matériel par les huit artistes sélectionnés par Destination Chanson Fleuve (Juste Robert, MCC, Laura Babin, Rose Bouche, Étienne Fletcher, Boule, Simon Daniel et Lou-Adrianne Cassidy). Ce stage regroupe en fait des ateliers, des formations, du coaching, des rencontres et des spectacles s’étalent sur une période d’un mois. Tout ceci prenant vie grâce à une collaboration entre le Festival en Chanson de Petite-Vallée et celle du Festival de la Chanson de Tadoussac. La bande d’artistes est déjà montée sur les planches à l’occasion des Francofolies le 12 juin passé et elle nous présentait cette fois-ci le résultat de leur travail durant ce séjour à Québec, sous la direction du chanteur folk québécois Benoît Pinette (Tire le Coyote).
Parmi la série d’exercices prévue par leur formateur, l’un d’eux consistait à créer une chanson en équipe de deux en seulement deux heures. Le résultat de cette activité ayant eu lieu la veille nous était présenté, de même qu’une chanson faisant déjà partie du répertoire de l’artiste en performance. Ce spectacle nous a donc offert des formations variées : en solo, en duo, en trio et même, tout le monde ensemble, pour notre plus grand bonheur. La complicité entre les membres s’est fait sentir dès l’instant où je suis arrivé sur place, pour la fin de leur test de son.
Petit résumé d’un spectacle charmant où le talent était au rendez-vous.
Le spectacle a débuté par une pièce de Tire le Coyote, accompagné par son fidèle guitariste Shampoing et Paule-Andrée Cassidy en tant qu’invitée surprise. Le trio nous a livré une belle balade folk avec un micro central comme seul outil de captation. J’ai vraiment un faible pour ce type d’amplification, qui demande un habile savoir-faire pour jauger et jouer avec les distances afin de créer des nuances très subtiles.
Laura Babin a ensuite présenté un duo ambiant avec Étienne Fletcher, accompagnés par Simon Daniel au cajun, avant d’enchaîner avec la chanson titre de son premier EP «Water Buffalo». La jeune artiste nous a présenté ses chansons de sa voix grave et chaude. Sa chanson en solo comportait de belles dissonances ainsi qu’une belle alternance entre une ambiance plus atmosphérique et plus rock.
Par la suite, Étienne Fletcher, un franco-saskatchewanais fier de parler français, nous a offert à la guitare un duo très solide avec MCC (Marie-Claudel Chenard) au piano. Leur timbres de voix s’harmonisaient à merveille pour laisser briller un beau texte aux couplets francophones et refrain anglophone. Cette chanson a été un des grands moments du spectacle, avec sa douce finale de berceuse.
Simon Daniel, natif de Moncton, parle le chiac. Ceci apporte à sa musique une richesse incroyable, qui l’a certainement démarqué positivement par rapport à ses pairs. Sa voix, bien maîtrisée, porte ses beaux textes aux accents maritimes. Sa chanson en solo (Rue Jones) était sincèrement incroyable. Son texte, finement ficelé, démontrait une maîtrise impressionnante de la plume.
Juste Robert nous a présenté sa poésie humoristique et rafraîchissante. Son duo avec Boule nous a tous bien fait rire avec son propos un peu vulgaire, tandis que sa chanson solo, accompagnée par MCC, était plus candide. L’ajout des claquements de doigts des autres musiciens a contribué à l’atmosphère bon-enfant de cette chanson. Le manque de maîtrise de son instrument, admis par l’artiste même, ne le limite pourtant pas dans la créativité de ses accords et de ses mélodies!
Munie de son accordéon, Rose Bouche, quant à elle, nous a d’abord fait entendre une berceuse aux accents de musique traditionnelle québécoise, avant d’enchaîner avec un duo très pop avec Lou-Adrianne Cassidy, au piano. Sa voix puissante et très bien contrôlée nous a gardé attentifs tout au long de sa performance.
MCC, artiste de haut niveau, nous a charmés par sa voix au timbre réconfortant et sa présence honnête sur scène. L’auteure-compositeur-interprète de Valleyfield a livré avec Laura Babin une composition intime où le mariage des voix était envoûtant. Sa personnalité captivante nous a accompagnés tout au long de sa très jolie pièce solo.
Lou-Adrianne Cassidy, personnalité exubérante, pleine de confiance en elle, est arrivée très à l’aise sur scène, faisant des blagues avant de nous en mettre plein la vue avec deux compositions de très haut niveau. Cette jeune musicienne joue du piano avec une certaine aisance et surtout, arrive à construire des schémas mélodiques et harmoniques incroyables. Sa première chanson avec Juste Robert nous présentait une mélodie soignée au texte très prenant, l’atmosphère étant quasi post-apocalyptique. Elle s’est ensuite retrouvée seule au piano pour interpréter Ça va, Ça va une chanson que Philémon Cimon a écrit pour elle.
Le dernier artiste à présenter ses compositions est certainement mon coup de cœur de la soirée! Boule, visiblement plus âgé et plus expérimenté que le reste du groupe, vient de la France. Dans sa première chanson, qu’il a interprétée avec Lou-Adrianne, l’accent de la grande chanson française du milieu du XXe siècle se fait entendre. Les influences jazz, les descentes harmoniques typiques ainsi que de grandes phrases mélodiques posent tout de suite le ton du langage musical de cet artiste. Son deuxième morceau
était grandiose. Ses accords étendus et complexes à la guitare lui donnait une large possibilité de mélodies. Dans cette chanson, les autres participants de Destination Chanson Fleuve s’étaient réunis autour du micro central pour chanter les refrains tous en chœur et donner ainsi au public, un moment unique et émouvant.
Ce magnifique événement s’est clôt avec deux chansons de Tire le Coyote qui nous a bercés avec sa voix haute perchée et son folk apaisant.
Je vous invite à découvrir chacun des artistes ayant pris part à cette soirée:
Fébrile, je me suis rendue au Grand Théâtre mardi soir dernier pour la supplémentaire de Daniel Bélanger. J’ai eu la chance de le voir en live pour une première fois. Bien que mes vœux d’amour pour ce pilier de la chanson francophone soient déjà avoués depuis des lunes, cette soirée n’a fait que les renouveler en beauté. C’est dans la salle Louis-Fréchette que l’audience, de tous âges, a pris place, laissant planer une certaine effervescence avant même que le spectacle ne commence.
La soirée s’est entamée avec l’excellente Tout viendra s’effacer qu’on peut entendre sur le dernier album, Paloma, paru en novembre dernier. Bien que cette tournée soit pour ce nouvel opus, l’artiste a fait plusieurs de ses succès, au grand plaisir des spectateurs. Pour la première partie du spectacle, huit des neuf pièces étaient des anciennes, nous permettant de redécouvrir avec bonheur des morceaux comme Sortez-moi de moi, En mon bonheur, Fous n’importe où ou bien Dans un spoutnik. Derrière les musiciens se trouvait un écran géant sur lequel défilaient des vidéos hypnotisantes signées June Barry. À travers les jeux de lignes et de mouvements abstraits se dessinaient parfois des images plus nettes venant appuyer les paroles de l’artiste. Je pense entre autres à la séquence de la vidéo où on pouvait voir des mains bougeant sur les paroles de Sortez-moi de moi, « des mains qui frôlent sans toucher… ».
De surprenantes nuances se sont ajoutées aux airs bien connus, comme le thérémine, cet instrument à vibrations dont on joue sans le toucher. Chapeau à Alain Quirion, qui maîtrise la technique tout en dansant follement! Cet instrument et la guitare électrique assumée de Guillaume Doiron ont sans aucun doute contribué à l’intemporalité des œuvres. Malgré le conseil du chanteur après la performance étonnamment énergique de Chante encore : « Profitez-en, dansez, exprimez-vous! », la grande majorité de la foule est restée contemplative et attentive devant l’exécution juste des cinq musiciens qui se partageaient la scène. Avant l’entracte, mon esprit s’est laissé transporter dans un voyage de huit minutes sur la sublime Intouchable et immortel. Si le vent doux fait halluciner Bélanger, la balade à vélo musicale devient certainement transcendante avec sa douce voix et les arrangements musicaux hors du commun. Avec l’excellente qualité sonore de la salle, ce fut sans contredit mon moment favori de la soirée.
Après une courte pause, Bélanger est revenu en force en enchaînant trois nouvelles pièces, dont le succès radio Il y a tant à faire qui en aura fait chanter plusieurs. L’écran rouge vibrant a su refléter l’essence de Métamorphose, où la voix de Daniel se fondait davantage aux sons électrisants des instruments. Le rythme de basse dansant de Jean-François Lemieux sur Ère de glace aura permis à quelques dégourdis de danser malgré le calme planant. Des pièces clés de la carrière du compositeur interprète, comme Te quitter, Le parapluie et Opium, ont su faire réagir la foule dès les premières notes. Lors de Rêver mieux, le chanteur a prolongé la finale simplement avec sa guitare pour permettre à la foule de se joindre à lui pour fredonner le refrain tant aimé.
Le spectacle s’est terminé en beauté avec deux rappels. C’est lors de son second retour que le parolier de renom a empoigné sa guitare acoustique et nous a livré une intime et humble performance de La folie en 4. La foule comme choriste a su respecter ce doux moment en se faisant discrète. La dernière pièce Ensorcelée aura plutôt eu l’effet d’un ressort. Tous se sont levés pour acclamer la solide performance de 2 h 30 qu’ont livré les talentueux musiciens.
Même si je n’étais qu’une pensée lors de ses débuts, je suis ressortie comblée, prête à réécouter sa discographie qui m’a tant marquée. À travers ses mots et sa musique, Daniel Bélanger aura réussi à me gonfler le cœur d’une chaleur contagieuse et à m’emplir la tête de mots à partager.
Début de semaine cinglé, n’est-ce pas? Et pourtant, on n’a eu que quelques heures pour reprendre notre souffle : le week-end sera chargé en concerts de toutes sortes dans notre belle grande ville!
Voici nos suggestions :
Jeudi 16 février
Chocolat (+ Pure carrière), Le Cercle
L’amour de plusieurs de nos collaborateurs pour Chocolat est indéfectible. Quelle que soit sa personnalité du moment, la troupe menée par Jimmy Hunt nous emmène toujours en voyage vers des univers trop rarement exploités dans notre petite bulle québécoise. On a trippé sur Rencontrer Looloo, on s’est laissé aller lors de leur dernière visite au Pantoum, et cette fois, on devrait littéralement s’envoler. La première partie sera assurée par Pure Carrière. Les habitués de la scène locale reconnaîtront ces trois êtres déjantés et ludiques qui pourraient vous inviter à pop la pill. On a déjà parlé d’eux ici.
Portes : 20 heures /14 $ en prévente (billetterie du Cercle, Knock-Out et lepointdevente.com), 17 $ à la porte
Vendredi 17 février
Les soeurs Boulay (+ Amylie), Impérial Bell
Mélanie et Stéphanie Boulay sont de retour à Québec, cette fois à l’Impérial Bell. Les deux jeunes femmes nous proposeront une fois de plus leurs douces chansons folk aux mélodies accrocheuses et leurs harmonies vocales uniques. Tout ça avec un humour des plus charmants. Vous connaissez déjà leurs chansons de Le poids des confettis et de 4488, de l’Amour par coeur. L’Impérial a eu la bonne idée de réserver des sièges au balcon pour ceux et celles qui aimeraient assister au spectacle assis. En première partie, Amylie présentera ses chansons à la fois toutes douces et mordantes.
20 heures. Billets : 35 $ (billetterie ou site Web de l’Impérial Bell)
Pascale Picard et invités, L’Anti Bar et spectacles
On vous en parle, mais c’est juste pour tourner le fer dans la plaie puisque c’est complet. Pascale Picard célèbrera en grand le dixième anniversaire de son album Me, Myself and Us.
Portes : 19 heures. COMPLET
Samedi 18 février
LIGUE ROCK VI (Xavier Caféine, Les Hôtesses d’Hilaire, Royal Caniche), Le Cercle
Oh mon Dieu. La Ligue Rock est de retour et elle frappe plus fort que jamais avec une première soirée qui ne manquera pas d’énergie!
Tout d’abord, on pourra voir Royal Caniche (qu’on avait manqué à notre grand regret au Coup de Grâce de Saint-Prime), groupe qui propose du… grunge de grange. On vous avertit : les gars fabriquent leurs propres instruments. Difficile de faire plus artisan que ça. Au fait, les gars vous conseillent de ne pas vous habiller trop propre ou de prévoir du linge de rechange… On dit ça de même.
Ensuite, a-t-on vraiment besoin de vos présenter nos amis acadiens Les Hôtesses d’Hilaire, qui sèment le chaos avec leur rock psychédélique à saveur de poutine râpée? Encore une fois, Serge Brideau et ses solides acolytes vont mettre le feu au Cercle et laisser la tête d’affiche jouer sur un tas de cendres.
Enfin, Xavier Caféïne vient célébrer le dixième anniversaire d’un classique du rock québécois, l’excellent album Gisèle. Au menu : un rock solide et bien sucré, des mélodies accrocheuses dont seul Caféïne a le secret et une présence scénique hors du commun. On ne peut pas demander mieux. Même Langevin et Peake seront là!
Portes : 20 h. Billets : 20 $ (+ frais) – disponibles au Cercle, au Knock-Out ou sur liguerock.com.
Avec pas d’casque, Salle Octave-Crémazie, Grand Théâtre de Québec
Stéphane Lafleur et ses complices reviennent chatouiller nos oreilles tout en douceur avec les chansons de leur magnifique éloge à la lenteur, Effets spéciaux. Nous avons vu ce concert à quelques reprises l’automne dernier et nous avons été tout simplement transportés.
Dans un milieu où les bars et les salles de spectacles vont et viennent, on peut dire que Le Scanner est un vrai survivant. Le bistro qui succédait à un bar-cinéma et qui avait ouvert ses portes comme bistro multimédia (c’est pas tout le monde qui avait Internet en 1997) a toujours présenté des spectacles et diverses activités en son sein, et la musique punk et underground y a toujours été bien reçue. Pour célébrer son vingtième anniversaire, le Scanner reçoit nul autre que le chanteur et parolier des Goules Keith Kouna. Allez acheter vos billets au Knock-Out avant qu’il n’en reste plus! Ça ne coûte que 10 $! 23 h.
Autres spectacles
Maryanne Côté et Joey Robin Haché sont au Vieux Bureau de poste. 20 h. Billets
Emilie Claire Barlow est à l’Impérial Bell. 20 h. Billets
We Are Monroe, Men & Company et Guidestones sont à L’Anti Bar et spectacles. 20 h. Billets
Ego Death et Mathieu Bérubé sont à la Librairie St-Jean-Baptiste. 20 h. Gratuit (ça ne vous empêche pas de donner une petite contribution ou de payer une petite bière!).
Il était attendu, ce retour des Soeurs Boulay à Québec. Et mercredi dernier, si vous cherchiez un moment pour expliquer le phénomène qui entoure Mélanie et Stéphanie, il fallait être à la salle Octave-Crémazie du Grand théâtre de Québec pour avoir une image parfaite d’une grande communion.
Le dispositif scénique très sobre (quelques lampes et cabanes miniatures accrochées sur des fils qui surplombent la scène et c’est à peu près tout) laissait vraiment toute la place aux deux soeurs et au talentueux multi-instrumentiste Gabriel Gratton, chargé de jouer tous les instruments qui ne pouvaient être joués en même temps par les deux jeunes femmes. L’accent est mis sur le contenu du spectacle.
Et là, quel contenu : chansons que la salle connaît par coeur, interventions rigolottes, participation du public, alouette, tout est si bien dosé qu’on s’étonne de trouver ces deux femmes-là d’un naturel désarmant. Dès les premières notes des Couteaux à beurre, nous voilà accrochés aux lèvres des deux belles qui ne tardent pas à nous donner des frissons avec leurs harmonies vocales si parfaites et leurs chansons chargées d’émotions de toutes sortes.
Les chansons, tirées des deux albums et du EP, s’enchaînent majestueusement.
Chaque bloc de chansons était ponctué d’interventions rigolotes qui n’ont pas manqué de faire rire aux larmes non seulement les spectateurs, mais aussi Mélanie et Stéphanie, qui ont profité de l’occasion pour faire d’un de leurs spectateurs un running gag. Un certain Jacques. Vous en avez probablement entendu parler.
De mon côté, j’ai pu vivre au je comment on se sent quand on devient la tête de Turc de ces deux (très gentilles) jeunes femmes. Tout ça parce que je préfère être l’aîné de la famille! Disons seulement que j’ai entendu mon nom très souvent pendant les interventions. J’ai dû faire beaucoup de mal à Mélanie… la cadette!
N’empêche que vers la fin du spectacle, je suis monté sur scène pour jouer du pipeau. OUI, OUI, DU PIPEAU. Et si je me fie à la réaction du public (une ovation, rien de moins), mon solo de pipeau a été fort apprécié. 🙂
… mais pas autant que cette reprise de Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion, ramenée dans l’univers des soeurs Boulay, cette chanson-là est magnifique. Oui, oui, magnifique.
Le spectacle s’est terminé sur les pièces-canons des deux artistes, et ce, au plus grand bonheur des spectateurs, maintenant debout, chantant à l’unisson.
Ça nous a valu non pas un, mais deux rappels, dont une toute nouvelle chanson pour nous dire au revoir. Nous nous sommes tus, nous avons écouté, les oreilles grandes ouvertes une fois de plus, puis nous avons poussé quelques soupirs d’admiration avant d’applaudir à tout rompre.
J’ai-tu le droit de dire que j’ai hâte de les revoir cet été? On les invite à une session acoustique avec des pipeaux? 😀
Rosalie Ayotte
Elle n’a que 15 ans, mais sacrement, cette jeune femme L’A. La voix, l’attitude, les chansons, elle n’a pas grand chose à peaufiner avant de pouvoir éclater. Ses chansons, coulées dans le folk, n’avaient rien à enlever à personne. Une belle voix un peu grave, comme celle de Vivianne Roy (Laura Sauvage), une âme écorchée vive, sérieux, tout y est!
Merci les Soeurs Boulay pour cette magnifique découverte. Quelque chose me dit qu’on va la revoir bientôt.
Quelle soirée bouleversante hier soir au Grand Théâtre! Avant de se lancer dans le récit de cette oeuvre d’art, revenons sur l’aventure Seul au piano de Pierre Lapointe. L’an dernier, le chanteur populaire (c’est lui-même qui le dit) nous proposait une version plus sobre de son catalogue sur Paris Tristesse. Cet album mélancolique et seul au piano était présenté au public de Québec pour une dernière série de représentations. Revisitant ses grands succès et ses pièces lyriques moins connus, sans oublier quelques reprises, le chanteur a su nous hypnotisé avec son instrument. Retour sur une soirée musicale sans faille.
Dès le lever du rideau à huit heures précises, Pierre Lapointe se dirige vers son piano à queue placé devant un grand champ de lutrins vides. C’est dans cet univers très mystérieux que l’artiste se lance dans une mise en garde face à son oeuvre triste. Après ce court discours, nous entrons dans l’atmosphère de Paris Tristesse. Ce spectacle prend un sens très introspectif. Nous sommes collés aux paroles de Lapointe ainsi qu’aux mélodies de son instrument de prédilection. Tu es seul et resteras seul lance le bal de la déprime. Dès la première pièce, nous sommes dans une salle presque toute noire, seul un faisceau de lumière éclaire l’artiste. Le travail exceptionnel d’Alexandre Péloquin aux éclairages est digne de mention. Tout au long du spectacle, les éclairages nous ferons entrer dans des atmosphères différentes selon les pièces.
L’acoustique est aussi excellente dans la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre. Francis Beaulieu au son fait un excellent travail dès les premières notes du chanteur. Ce dernier a d’ailleurs une voix sans aucun défaut. Après avoir effleurer Les lignes de ma main avec brio, nous sommes projeter dans une magnifique interprétation de Nu devant moi. Certes, Punkt! est mon album favori du chanteur, je suis peut-être un peu biaiser, mais j’ai l’impression de redécouvrir le catalogue de Pierre Lapointe après chaque chanson du spectacle.
De plus, un concert seul au piano permet à un artiste de ressortir certaines pièces moins propices au full band. C’est le cas de Au 27-100 rue des Partances, de l’album Laforêtdesmal–aimés, qui fête ses 10 ans cette année. Une ovation sera d’ailleurs offerte par le public suite à l’interprétation de ladite chanson.
Je dois féliciter la discrétion et l’écoute du public qui sont exceptionnelles. En effet, les spectateurs sont toujours silencieux et attentifs aux paroles du chanteur. Le but est de vivre l’expérience proposée à fond. Fermer les yeux, écouter et vivre la musique jusqu’à ce qu’une boule se forme en soi. C’est ce que j’ai vécu hier soir avec la salle comble du Grand Théâtre. Heureusement, Pierre Lapointe coupait, d’une façon très drastique, la tristesse avec divers monologues humoristiques directement tiré des Bobos du mille-end.
Quelques pièces ont provoqué de fortes réactions auprès de l’auditoire tels que Tel un seul homme ou encore Le lion imberbe. La reprise d’Elisapie Isaac, Moi Elsie, était magnifique. Le trio proposé en conclusion était exceptionnel : Nosjoiesrépétitives, La plus belle des maisonsetJe déteste ma vie. Interprété avec une férocité dans la voix, Pierre Lapointe nous fait presque verser une larme tellement le propos et le contenant sont puissants.
En rappel, nous avons droit à une version revisitée d’une chanson que Lapointe n’est plus capable de jouer tellement il est « tanné ». Pour faire plaisir au public, Deux par deux rassemblés est offerte en version mimée pour les enfants de 4 à 8 ans. Quelle belle façon pour un artiste de jouer des pièces attendues du public, mais qui ne représentent plus aucun plaisir pour lui. Le public a chanté avec Pierre Lapointe et riait aux éclats lors des mimiques. Juste avant de nous quitter, il nous offre une reprise de Léo Ferré : C’est extra! Une belle conclusion jouée encore une fois avec une férocité inexplicable.
L’émotion est encore palpable en moi au moment d’écrire ses lignes. J’ai vécu une expérience inoubliable avec un artiste d’un grand talent. Un concert à voir absolument.
Pierre Lapointe remet ça ce soir au Grand Théâtre… mais c’est complet ! Pour le revoir, il faudra se rendre à Lachine, Sorel-Tracy, Cowansville ou Ste-Agathe-des-Monts pour l’ultime représentation de Paris Tristesse le 7 mai prochain.