Je ne sais pas pourquoi, mais mon compte-rendu du spectacle des Cowboys fringants de décembre dernier n’a jamais été publié… ni enregistré. Je m’en suis rendu compte en voulant le sortir en rappel du show du 4 mars au Grand Théâtre.
Bon, il est un peu tard pour repartir à zéro, mais comme le groupe était particulièrement en forme (il l’est tout le temps, ces temps-ci, selon les critiques et le public qui en redemande), on s’est dit « pourquoi ne pas publier les meilleures photos », du moins celles qui demandaient le moins de temps dans Lightroom?
Alors voilà. De l’énergie à revendre chez tous les membres du groupe. Et un public en liesse. Si vous y êtes ce soir, on vous souhaite beaucoup de fun.
Le 12 décembre dernier, Klô Pelgag abandonnait son pompon et se faisait raser les cheveux sur scène au Club Soda pour Leucan, et ce dans une mise en scène époustouflante. Même si elle avait encore ses cheveux le 10 décembre, elle est aussi venue à Québec pour nous présenter cette prestation inédite, qui marquait la fin d’une tournée d’une durée de près de deux ans. Et quel spectacle ! Mais avant d’aller se planter au Grand-Théâtre pour écouter ça, on en a profité pour rencontrer Klô et lui poser quelques questions.
Entrevue
Bien sûr, on a été tenté de lui poser la question à 100$ sur ses cheveux. On s’y est cependant pris de biais en lui demandant quelles réactions cela avait causées dans son entourage. «Avant que je décide vraiment de le faire, quand j’en parlais à des gens en disant ‘Ah j’aimerais peut-être ça me raser les cheveux à un moment donné’, les gens me répondaient ‘Mais non, fais pas ça ! Tes cheveux !’ et des choses comme ‘Ben non tu peux pas faire ça !’, explique-t-elle. Je me suis dit : ‘voyons, c’est ben plate comme réponse !’. C’est plate de vouloir enfermer quelqu’un dans une image que t’as de lui et de jamais vouloir que ça change. Bref, ça je trouvais ça drôle, mais à partir du moment où j’ai décidé de le faire pour vrai, ce n’était pas si pire. C’était plus positif peut-être. Donc il n’y a pas vraiment eu après ça de gens qui étaient contre.»
Et même si des gens proches ou moins proches lui avaient montré quelque opposition, Klô Pelgag l’aurait sûrement fait quand même. C’est en tout cas ce qu’on peut déduire de ce qu’elle pense de son image en tant qu’artiste : «À partir du moment où tu décides de faire quelque chose qui est plus public, ça ne t’appartient plus ton image. Faut accepter de se détacher de ça un peu. Je m’en fais moins avec ce que les gens disent, ça ne me dérange pas,» explique en effet l’auteure-compositrice-interprète. Cependant, elle s’empresse quand même d’ajouter : «J’imagine que des fois ça me dérange, ça dépend. Je ne suis pas complètement détachée non plus, parce que c’est quand même personnel tout ça, mais à une certaine limite j’ai laissé ça aller. » C’est selon elle une chose qui nécessite un certain effort, mais qui reste intéressante à faire. «C’est pas nécessairement un exercice difficile, ajoute-t-elle, parce que si tu ne le fais pas, si tu ne te détaches pas un peu, tu vires fou. Faut pas être trop control freak.»
Le détachement qu’a opéré Klô Pelgag par rapport à son image et à sa musique semble d’autant plus nécessaire que sa démarche artistique s’avère être très personnelle. C’est en tout cas ce qu’on a pu constater en parlant avec elle de son album paru en 2013, L’alchimie des monstres : «Cet album-là, je l’ai écrit pour me faire du bien, quand je feelais moins, quand y’avait quelque chose à faire sortir. C’est pour ça que ça s’appelle L’alchimie des monstres aussi : tu transformes quelque chose de mauvais en quelque chose de plus grand. Je n’écris pas beaucoup quand je suis vraiment joyeuse. Je ne suis pas capable d’écrire une toune en majeur !» D’ailleurs, même le choix de son vocabulaire sur l’album découle d’un processus personnel d’expression : «J’essaie d’aller crissement creux dans ma tête, dans mon cœur, et d’aller creuser pour essayer de trouver les mots pour décrire avec la plus grande justesse tout ce que je ressens. L’humain est vraiment complexe et il existe beaucoup de mots pour un sentiment, donc c’est dur de trouver les mots justes. Et, en même temps, ça ne veut pas dire que ce sont les mots justes pour les autres. C’est juste pour moi.» Ces mots justes, ce sont souvent des mots inusités, qui font naître dans ses chansons des décors surréels. Ce sont pourtant des émotions bien réelles qu’expose Chloé Pelletier Gagnon : «C’est la réalité, mais il y a une part d’imaginaire. Souvent ça vient d’une émotion très réelle qui se transforme. En fait, je n’aime pas dire les choses… je n’ai jamais vraiment écrit de façon très descriptive, parce que je ne trouve pas ça intéressant. Ça ne me fait pas du bien de dire, par exemple : ‘la table était verte et puis il y avait un miroir’. Ce qui me fait vraiment du bien, ce qui me rend heureuse quand j’écris, c’est de trouver la façon de dire, une façon non pas imagée ou poétique, mais une autre façon de décrire les choses.»
Se faire du bien en écrivant des chansons est une chose, mais Klô Pelgag cherche aussi à s’amuser à travers sa composition : «Tant qu’à écrire, j’écris aussi pour aimer ça parce qu’après, la toune, tu la joues 300 ou 400 fois. Il faut que tu la sentes pour vrai dans tes tripes, parce que sinon c’est plate en hostie.» Elle applique d’ailleurs cette façon de penser à ses spectacles, qui ont souvent été renouvelés autant sur le plan de la mise en scène que des arrangements musicaux tout au long de sa tournée qui a compris plus de 220 représentations. Et on y retrouve souvent des choix plus que judicieux : «Des fois c’est des affaires qui peuvent avoir l’air vraiment très connes, mais qui me font triper! L’autre fois, raconte Klô, j’avais un show dans lequel la première partie c’était un gars qui mangeait du spaghetti avec de la musique électronique jouée par deux musiciens avec des têtes de chat. Ils jouaient du classique, mais électronique [Pour les spectateurs du OFF 2015, on saura reconnaître ici Glenda Gould à ses tout débuts]. Et moi je trouvais ça vraiment malade, parce que ça me fait rire. Je trouve que c’est une criss de belle image !» Ce genre de folies prend aussi racine dans le goût de rendre son spectacle plus attrayant pour les spectateurs : «J’ai aussi la peur que ça soit plate, parce que moi je trouve ça plate en général […]. J’aime mieux écouter un album parce que souvent en spectacle après vingt minutes j’ai de la difficulté à me concentrer. Il faut vraiment qu’il y ait des affaires qui viennent me chercher pour que je reste attentive parce que sinon je vais me concentrer sur le mur ou bien checker le monde qui regarde le show, leurs faces, parce que j’trouve ça vraiment beau.» La solution à cela, pour elle, se trouvait dans les costumes et l’action dont elle pimenterait ses spectacles. Elle semble d’ailleurs s’être inspirée des rares spectacles marquants pour elle : «J’ai vu beaucoup de shows dans ma vie, mais il n’y en a pas beaucoup dont je me souviens ! Par contre, je me souviens, quand j’avais 15 ans, du show des Goules à Québec dans lequel il y avait du monde déguisé en oiseaux et un gars avec une camisole de force. Ils pitchaient des graines dans la foule. Ça m’a marquée parce que c’était cool comme show ! »
Le 10 décembre au Grand Théâtre de Québec
Marquant, son spectacle du 10 décembre dernier l’était aussi. En guise d’introduction, Robert Nelson s’est présenté sur scène dans un panier d’épicerie pour nous faire le coup des fruits mangés avec la pelure. Un bon vingt minutes d’incompréhension délectable devant un type qui mange un ananas ou un melon en entier sur de la musique épique. C’est d’ailleurs un exploit à voir aussi dans le vidéoclip d’Alaclair Ensemble intituléPomme, qui met encore en scène le même rappeur québécois. Tout au long du spectacle, ayant pour thème les fruits, on a eu droit à des folies, des mascottes, des changements de décors et de costumes. Côté musique, on n’a pas non plus été laissés en reste. On a d’une part eu droit à des réarrangements très intéressants des pièces de l’album de Klô Pelgag, souvent proches du blues (pour lesquels il faut remercier Mathieu Pelgag, le frère de Klô). Le plus marquant reste à mon avis la version bluesy et reggae de Le soleil. D’autre part, quelques nouvelles chansons furent aussi jouées. En outre, la formule de la jeune artiste a bien fait son effet : elle avait un plaisir visible à jouer sur scène, autant que ses musiciens. Ce fut un plaisir bien rendu par la foule éclectique du Grand Théâtre, même si elle était un peu timide. La finale, quant à elle, était à couper le souffle et à mourir de rire, puisque ça s’est terminé en duo (Serge Brideau des Hôtesses d’Hilaire, en pijama, s’est joint à la chanteuse) sur Les yeux du cœur, chanson pendant laquelle ils ont même joué une bagarre de bouteilles de bière. Les mots étant insuffisants pour expliquer l’inexplicable, je vous conseille d’aller voir les photos de la galerie pour mieux apprécier ces descriptions.
Il ne faut pas non plus oublier de mentionner la performance de la première partie, Stéphane Robitaille. À l’aise sur scène, il a fait des blagues d’entrée de jeu, porteuses de son humour léger teinté de cynisme qui a aidé à faire passer les textes plus durs de ses chansons. Sa musique et ses mélodies s’inscrivaient dans la lignée des grands chanteurs québécois et français. Avec un accompagnement instrumental assez simple (guitare, contrebasse), ses chansons mettaient surtout le texte de l’avant. Et quels textes ! Acerbes, mais parfois comiques, ils traitaient de sujets aussi variés que le suicide (hop la vie !), l’amour entre vieux ou le quartier fétiche du chanteur : Saint-Jean Baptiste. Ce fut somme toute une belle introduction à la prestation éclatée de Klô Pelgag.
Après ce spectacle de clôture et son pendant à Montréal le 12 décembre dernier, l’artiste entre maintenant en phase création. On a déjà hâte d’entendre ses nouvelles chansons et de la revoir en spectacle, cette fois sans pompon, afin de savoir quelles autres merveilles elle cache dans son sac. En attendant, je vous invite à consulter la galerie photo, dans laquelle Llamaryon vous présente ses meilleurs clichés de la soirée du 10 décembre autant devant que derrière la scène. On vous laisse aussi sur une petite anecdote racontée par Klô Pelgag lors de son entrevue.
Une anecdote pour finir
As-tu un contrôle total sur ce que tu fais par rapport à ta maison de disques ? «Ouais, total. C’est juste que des fois ils me donnent des idées. Ici [à Québec], on fait ce qu’on veut pas mal, mais en France il y a une équipe qui réfléchit beaucoup à ce qu’on pourrait faire, pis souvent ils n’ont pas de bonnes idées! Dans ce temps-là, il faut que je leur dise ‘arrête !’. » Un exemple ? «Ben, à un moment donné il fallait vraiment que je fasse un vidéoclip pour un deadline. Et là ils m’ont dit ‘ah fais nous confiance, ça va vraiment marcher avec ce réalisateur-là, c’est un réalisateur français’. Je ne le connaissais pas tant que ça, mais j’ai répondu ‘bon OK, je vous fais confiance parce que là je suis en tournée et que vraiment je n’ai pas le temps de rien faire’. Une fois arrivés, on a fait trois ou quatre jours de tournage. Ensuite j’ai reçu le clip un peu plus tard et je me suis dit : ‘oh mon dieu !’. Je me suis pitchée par terre, j’ai versé une larme, pis j’me suis sentie…violée ! Pis là, il est jamais sorti… il est jamais sorti parce que c’était vraiment une mauvaise idée c’t’affaire là ! Depuis le début ! Donc là au moins je sais maintenant quand…quand dire ‘arrête’!» a-t-elle conclu en riant.
on a passé un temps fou ensemble, toi et moi, au cours de ce dernier quart de siècle. En fait, notre relation date même d’un peu avant, à la fin des années 1980, quand je t’ai vu envahir mon écran de télé en chantant Alger ou Printemps-Été. Mon premier spectacle avec toi, c’était au Spectrum, à l’automne 1989. J’avais 16 ans (HA!) et le spectacle gratuit était commandité par Budweiser. Je m’en souviens parce que j’avais un peu trop bu ce soir-là. Tu m’avais soufflé. L’Amour est sans pitié n’était pas encore sur les tablettes des disquaires, mais tu avais trouvé ton personnage, ton John the Wolf que nous allions aduler pendant toutes ces années.
Je t’ai revu à quelques reprises au Spectrum, sur lequel tu as régné bien avant le Métropolis. Les cheveux platine. Les hauts-de-forme. Les moshpits incroyables et mémorables sur Laura. Les duos avec Mitsou. Avec L’Amour est sans pitié, tu nous as plongés tête première dans les années 1990. T’as tourné un peu partout, puis t’es disparu, pour réapparaître en 1996 avec Le Dôme. Tu savais que t’avais frappé un coup de circuit avec ce disque-là, hein? Vingt ans plus tard, on peut le dire, Le Dôme fait partie des plus grands classiques du rock québécois. On te savait déjà rockeur, mais là, c’est le parolier qui est sorti de l’ombre. Fuck, man. Faire des enfants. La chambre. Pigeon. Le fuckin’ monde est à pleurer. T’as pas perdu de temps, t’as suivi ça tout de suite avec Les fourmis et La vallée des réputations. T’as suivi tout ça de concerts big band jouissifs où t’as fini par tuer Jean Leloup et devenir Jean Leclerc. Tu t’es perdu. On t’a perdu aussi. Ça n’allait pas bien.
Je t’avoue, j’ai décroché un brin. Même avec Mille excuses Milady, je suis demeuré méfiant.
Puis, en 2013, tu t’es tapé une méga-tournée de festivals. T’es venu montrer que t’allais mieux. Sur les Plaines, tu nous a sorti tes plus grosses tounes une après l’autre. Un show tight comme j’ai jamais vu de toi. Ma copine, mes enfants et mon amie (avec qui j’ai usé sa copie du Dôme tellement on l’a écouté ensemble), nous étions contents de retrouver notre grand Leloup.
Quand tu es revenu avec À Paradis City cette année, j’étais ravi d’entendre que tu allais beaucoup mieux. Toujours aussi bon conteur, te voilà maintenant aussi personnel qu’universel. Du moins, c’était ce que je pensais. J’ai acheté tes billets pour tes deux spectacles de l’automne à la minute où ils ont été mis en vente. Tu m’as soufflé à l’Halloween au Capitole. Non seulement t’étais encore tight en sapristi, mais en plus, c’était tellement plaisant de te voir content de faire ce que tu fais le mieux : rendre les gens autour de toi heureux.
Tu peux pas savoir combien j’avais hâte à ce samedi soir. J’attendais de te voir seul avec ta guitare depuis 25 ans. Sais-tu combien c’est long, 25 ans? Une éternité!
Pour ce spectacle au Grand théâtre, je ne pouvais être qu’à un seul endroit : en première rangée. Pour te voir. Te voir regarder tout le monde devant toi, te voir t’émouvoir devant ces 1875 personnes prêtes à se jeter dans le vide avec toi pour ce 474e rappel éternel!
Je t’avoue, j’ai un peu triché. Je suis allé prendre mes photos la veille. T’avais l’air un brin nerveux, vendredi. Je me trompe? Du moins, t’avais chaud, tu t’es empressé d’enlever ta veste après une chanson! En tout cas, samedi, t’étais zen. T’étais heureux. Tu rayonnais en maudit pour un fantôme. Le fantôme de Paradis City, c’est celui qui prend le contrôle du fantôme qui se trouve en chacun de nous. C’est pour ça que tu peux faire ce que tu veux de nous, qu’en quelques giddup, giddup, giddup, près de 2 000 personnes se sont levées pour taper des mains et chanter avec toi.
Tu nous as fait rire en commençant par un trio de chansons mauditement tristes, puis tu nous le fais remarquer. C’est vrai, Jean. Mais t’as vu la désinvolture avec laquelle tu nous les racontes? Cette légèreté avec laquelle tu nous parles de toi, de tes hauts, de tes bas? On ne fait que te suivre dans ces montagnes russes émotionnelles que sont tes chansons! Et à travers tous ces appartés qui viennent jeter une nouvelle lumière toute crue! Beaucoup de paroles ont pris tout leur sens samedi soir.
Tu permets que je parle de deux ou trois autres personnes que toi? Juste pour souligner leur travail. Yves Archambault, de l’atelier Décor Kamikaze, t’a fait un méchant beau crâne. Et ces projections de la firme 4U2C? Aussi magnifiques que discrètes. Voilà. Fallait le dire.
Parce que tout le reste, c’était toi qui te mettais à nu comme jamais auparavant. Toi et ta guitare. Toi qui te montrais plus lucide que jamais. Parce que si avant, nous nous reconnaissions dans tes chansons, samedi soir, c’était ton fantôme qui était dans chacun des couplets. Jamais la fable du dôme ne m’a paru aussi transparente. Jamais Pigeon ne m’a parue aussi actuelle tout en demeurant un peu ta version de Taxman. On sentait ton four crématoire intérieur dans Fashion Victim. Tu t’es même permis une petite lueur d’espoir en interprétant la belle, mais trop peu entendue, Petite fleur, pour ensuite nous faire chanter comme jamais en te lançant dans I Lost My Baby, Johnny Go et Le Dôme. Tu m’as sûrement entendu crier de bonheur quand tu t’es mis à jouer Décadence, n’est-ce pas? C’était pour ça, le clin d’oeil?
Pouvais-tu mieux finir la soirée au rappel qu’avec une Zone zéro qui marque parfaitement la fin, la fois où tu meurs et tu penses que tu vis. T’es reparti comme t’es venu, seul avec ta guitare, sous les applaudissement nourris de 1875 autres fantômes, tous repus.
Tu étais déjà grand, Jean. Ceux qui en sont sortis grandis ce week-end, c’est nous. Merci pour tout.
PS : La prochaine fois que tu chantes Bertha en ma présence, peux-tu regarder quelqu’un d’autre que moi au refrain? Je me sentais un brin pachydermique… 😉
J’avais mes billets pour ce spectacle depuis la mi-février. Ça vous donne idée à quel point j’avais hâte de voir Benoit Pinette, mieux connu sous son nom de plume Tire le coyote, et ses acolytes. Surtout que pour ce retour à la maison, dans la salle Octave-Crémazie du Grand théâtre de Québec, le gagnant de deux Lucien au GAMIQ 2015 (album folk et vidéoclip de l’année) a mis le paquet : un invité spécial de taille, Luc De Larochellière, et une belle brochette de musiciens invités (une violoniste – Marie-Christine Roy – et une violoncelliste – Marie-Pier Gagné, Sylvia aux choeurs, ainsi que l’excellent Vincent Gagnon au piano) qui s’ajoutaient à la formation de base (Shampouing, Cédric Martel, Jean-Philippe Simard et Jean-Daniel Lessard).
Bien sûr, le menu de la soirée était composé principalement des pièces de l’excellent Panorama, sorti au début de l’année sous une pluie de critiques positives, mais Pinette s’est aussi gâté en jouant quelques morceaux plus anciens qui ont plu aux nombreux fans de la première heure. Les frissons n’ont pas tardé à s’installer avec cette version bonifiée de Jésus. En fait, toutes les chansons au programme avaient juste un peu plus de punch que d’ordinaire, parfait pour un fan fini comme votre pas très humble serviteur qui avait l’impression de voir un tout nouveau spectacle.
Les cordes de Mmes Roy et Gagné ajoutaient une couche d’émotions à des chansons qui en ont déjà leur lot, mais Pinette s’est montré sage en ne beurrant pas trop épais. Les musiciens ne jouaient pas sur les chansons où on aurait pu les sentir de trop. Il y a eu même quelques moments à trois (Pinette, Shampouing et Lessard), de petits bijoux d’intimité qui n’ont pas manqué de donner la chair de poule aux spectateurs des premières rangées. D’un autre côté, Confetti, une chanson déjà riche et complexe, a pris son envol avec l’ajout des cordes et du piano. Ça coulait salé sur de nombreuses joues, dont les miennes. C’est tellement beau!
Lorsque Blowin’ in the Wind (avec le piano, le Dylan de 2015 aurait été fier en maudit) a suivi Chanson d’amour en sol standard, j’ai eu cette pensée : si les Texans parlaient français, cette soirée aurait constitué un maudit bel enregistrement d’Austin City Limits. Oui, la foule avait du plaisir, mais devant nous, les dix personnes sur la scène prenaient visiblement leur pied. Ça se souriait, Martel et Simard se taquinaient tout en fredonnant joyeusement les paroles à l’arrière, même Vincent Gagnon, d’ordinaire sérieux et concentré, avait du fun!
J’ai eu quelques doutes quand on nous a annoncé que Luc De Larochellière serait l’invité spécial de la soirée. Je ne sais pas pourquoi, l’intérêt ne me sautait pas aux yeux. Les deux artistes ont de méchantes belles plumes, j’en conviens, mais j’avais du mal à concevoir comment leurs univers réussiraient à se mélanger. Pinette, lui, savait ce qu’il faisait en l’invitant. Une chanson comme J’ai vu, tiré de son plus récent (*hum*) album solo, s’intégrait parfaitement à l’univers proposé pour la soirée, surtout avec les cordes ajoutées! Luc De est venu faire quelques tours tout au long de la soirée, dont au rappel (qui a été généreux, quand on y pense!). Un bel ajout, surtout de la façon dont on l’a intégré au spectacle!
Dans l’ensemble, nous avons passé une soirée magnifique. Un répertoire généreux, un auteur-compositeur-interprète génial qui a su s’entourer de complices talentueux, plusieurs générations de fans dans la salle. Si 2015 a été une belle année pour Tire le coyote, ce spectacle montre une chose : ça ne fait que commencer.
En cette froide soirée d’Halloween, le roi du Métropolis de Montréal a traversé la 40 pour venir rendre visite au public de Québec. Durant les longues minutes dans la file d’attente au dehors du théâtre, nous pouvons constater que Leloup attire plusieurs générations. Des jeunes et moins jeunes composent l’énorme foule qui attendait le grand retour de cette icône dans la Capitale. Avec son nouvel album (certifié platine) À Paradis City qui s’est hissé au sommet des palmarès et qui a raflé jusqu’à maintenant deux Félix, le chanteur a pris place sur scène avec son orchestre aux alentours de 20 h 30.
Intitulé Jean Leloup et son orchestre en concert à Paradis City, ce spectacle est le premier d’une série de deux concert thématiques. Le deuxième, Jean Leloup solo : le fantôme de Paradis City sera présenté en décembre. C’est donc avec ses sept musiciens qu’il entre en scène sur une balustrade. Guitare à la main, il se dandine et se fait acclamer. Derrière lui, un impressionnant décor composé d’un soleil et de nombreuses marguerites. Il entame donc Barcelone devant une foule enjouée et costumée. Tout en confiance, il enchaîne immédiatement avec un des ses classiques : Isabelle. Avec la foule comme choriste, Jean Leloup est pétillant et souriant. Il ne se lasse pas de danser devant son pied de micro. Ce n’est pas pour rien qu’on indique que le chanteur est au sommet de sa forme. Il offre un spectacle impressionnant sur le plan visuel, mais aussi musicalement impeccable. Le concert n’est pas seulement pour les spectateurs, mais aussi pour lui-même. Il est si heureux sur scène, et ce, tout au long de la performance. Il s’amuse à de multiples reprises avec ses musiciens tout en modifiant quelques accords des différentes pièces présentées.
Ce spectacle marque le retour sur scène de l’icône, mais aussi le dépoussiérage de certaines pièces de vieux albums dont Le Dôme et Edgar, Leloup prend ensuite un petit temps de repos, assis sur les premières marches de sa balustrade, et entame la première pièce de la soirée de son plus récent opus : Petit Papillon. Avec toute la tendresse et la délicatesse du chanteur, la foule est d’un calme exemplaire et boit les paroles de Leloup.
Après la très réussie Paradis Perdu, nous assistons à un autre retour qui en réjoui plus d’un, c’est l’heure de Fashion Victim. Ne délaissant jamais sa guitare, le chanteur se promène de gauche à droite en dansant au rythme de la pièce. Il nous offre ensuite une version 2.0 de la désormais célèbre pièce Willie. En effet, la plupart des chansons tirées d’À Paradis City ont subi une transformation pour le concert. Alternant entre le chant et l’aparté de parole, Leloup sait captiver son public sans même lui adresser directement un seul mot. Demandant au public de lever les bras pour illustrer les flammes de la cabane à Willie, Leloup s’amuse à regarder la foule s’exécuter. Avant de quitter pour l’entracte, il lance Le monde est à pleurer. Tel un dictateur, il ordonne au public de sauter, ce dernier répond à l’appel sans se faire prier.
Après une vingtaine de minutes, le chanteur est de retour sur scène avec un nouveau costume et un décor légèrement changé (le soleil cède sa place à la lune). Cette deuxième partie laisse place à quelques classiques, mais aussi à de nombreuses pièces du plus récent opus. En introduction, L’innocence de l’âme (une pièce d’un certain Jean Leclerc) part le bal. Le rythme est plus difficile à reprendre après cette pause. Par contre, la foule se réveille rapidement dès les premières notes de Voyageur. Étant littéralement en feu lors de l’interprétation de la pièce, Jean Leloup est vocalement impeccable. Il adore danser pour la foule et ses musiciens. C’est derniers semblent aussi très heureux de jouer devant une si belle foule. Petite escale du côté de la Vielle France avant d’interpréter un des moments forts de la soirée : Fourmis. Ce classique était attendu, et le chanteur a su livrer la marchandise. Les jeux de lumières étaient à couper le souffle et l’intégration de tout l’orchestre est indescriptible. Nous continuons avec des pièces d’À Paradis City, dont Retour à la maison et Flamants Roses. Cette dernière nous permet de voir le talent de Leloup à la guitare. La foule agit toujours à titre de choriste, encore une fois sans faille. Le chanteur multiplie les longues introductions musicales et s’adresse à la foule dans cette deuxième partie du spectacle.
Un des moments forts de la soirée est sans contredit l’interprétation de la pièce Le Roi se Meurt. C’est à se moment que nous remarquons l’importance de la section des cordes dans cette tournée. Étant composée pratiquement uniquement de femmes, dont Shonna Angers et Édith Fitzgerald aux violons, Sarah Martineau au alto et Camille Paquette-Roy au violoncelle. Du côté de la contrebasse, Martin Roy est la présence masculine de cette section de cordes. Productif et efficace tout au long du spectacle, le groupe nous surprend pendant Le Roi se Meurt en nous offrant un performance digne du plus grand orchestre du monde. Le son des instruments vient introduire et appuyer la voix de Leloup. N’oublions pas le reste de l’orchestre qui fait un travail de maître en tentant de suivre les désirs du chanteur. Chapeau à Alain Bergé à la batterie et David Mobio aux claviers.
Avant de quitter, Leloup nous donne une « leçon d’arriver », en grimpant son escalier pour reproduire une arrivée spectaculaire. Belle introduction à Je suis parti. Il lance ensuite la très attendue Paradis City. Avec tout son orchestre, les huit musiciens se donnent corps et âme dans l’interprétation de la pièce. Une trouble-fête vient danser sur scène, au grand dam de la sécurité. Leloup accepte la présence de la blondinette et s’amuse avec elle. Ils dansent ensemble tout en jouant de la guitare. Elle vit un moment unique et hors du commun, après quelques minutes, elle est expulsée de la scène et la troupe reprend l’interprétation de la pièce. Une pluie de confettis vient clore le programme de la soirée.
Le rappel se fait alors attendre. On croit que Leloup se laisse désirer ou qu’il se fait faire un petit briefing par les agents de sécurité. Oh non. Lorsque le rideau se lève, notre ami revient, le visage tout blanc, les pommettes rouges. LELOUP S’EST OFFERT UN PETIT DÉGUISEMENT! Puis il déterre une autre chanson qu’on n’a pas trop souvent entendue en spectacle : Pigeon. Puis La Chambre. Puis La vie est laide. Puis Sang d’encre. Ça t’aurait tué pas mal tous les publics. Mais pas celui du Capitole, qui en redemande encore. Leloup revient une deuxième fois, cette fois seul, sur sa passerelle qui se tourne (enfin) vers nous, et nous joue de la guitare avant d’interpréter, avec toute sa spontanéité qui le rend si grand tout en étant si humain, Feuille au vent. Fin d’un spectacle mémorable.
Jean Leloup a offert une performance hors du commun. Avec un orchestre de maîtres, il était en forme et au sommet de son art. Cette tournée est un incontournable pour tous les fans du chanteur. Il est énergique, souriant, heureux et en voix. Il se fait plaisir à chaque seconde du spectacle et cela devient contagieux dans la salle. Plusieurs qualifient cette tournée comme étant le meilleur concert de Jean Leloup en carrière, et j’en doute pas une seule seconde. Tout est parfait, en passant par la grille de chansons jusqu’aux effets scéniques, le monde de Paradis City tel qu’inventé par le chanteur a enfin pris forme. Nous sommes dans la tête et l’esprit de Jean Leloup, dans cet endroit qui nous permet de nous évader et d’avoir une belle soirée de près de deux heures trente.
Jean Leloup sera de retour ce soir au Capitole de Québec, mais c’est complet. La tournée Jean Leloup et son orchestre en concert à Paradis City repassera par Québec les 15, 16 et 17 janvier prochain. Il reste quelques places pour la soirée du 17 janvier. Des dates au Métropolis de Montréal ont aussi été ajoutés.
La tournée Jean Leloup solo : le fantôme de Paradis City se mettra en branle le 5 décembre prochain du côté de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal. Des dates à Québec sont aussi prévues à l’horaire, soit les 11 et 12 décembre prochain. Il ne reste que quelques billets pour le premier des deux soirs.
Retrouvailles très attendues avec un monument cette semaine alors que Plume Latraverse a foulé les planches de la salle Octave-Crémazie deux soirs de suite. Il aurait facilement pu remplir la Louis-Fréchette, l’oncle Pluplu, mais ce nouveau spectacle intitulé Récidives, acoustique et intimiste, était parfait pour la « petite » salle. On avait été avertis longtemps à l’avance : le prolifique Plume venait nous présenter des chansons qu’il avait rarement jouées en spectacle, question de nous rappeler qu’il n’était pas que l’auteur de Bobépine et autres chansons grivoises. Jeudi et vendredi, on laissait la place aux chansons à textes, les intemporelles comme les plus récentes (vous savez, celles qui n’ont que 20 ans?). Permettez-moi de vous parler du spectacle de vendredi :
Visiblement moins nerveux que la veille (oui, oui, on a eu des échos), Plume arrive avec Jean-Claude Marsan (guitare) et Grégoire Morency (contrebasse), et se sert théâtralement une gorgée… d’eau, sous les rires du public. Le message est lancé : l’oncle Pluplu est ici sérieux et professionnel. Commence par Auterfois et Depuis qu’elle marche à pied. Ne perd pas de temps et poursuit sans interruption avec Élégie.
Dans la salle, on a la mâchoire à terre. Plume nous offre ses belles! J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Morency se fait aller l’archet sur sa contrebasse. Plume est peut-être plus vieux et rabougri, sa livraison (… par en arrière) est toujours aussi juste et touchante. Sans interruption, Plume nous offre Le lac multicolore et Les bleus d’la plinthe, où Marsan se permet quelques prouesses. Après un clin d’oeil à Nicolas Houle du Soleil (qui s’était plaint de la sono la veille – les problèmes ont visiblement été corrigés), Latraverse nous offre La chanson de Jean-Claude et son solo de gazou. La première partie du spectacle continue ainsi à fond de train (oh, un autre titre d’album!) et on se fait servir plein de belles chansons nouvelles et pour toutes sortes de monde (Le ramoneur, La tarentelle della tarentule). Et un doublé de tangos : Tango-Pital et Le tango des concaves.
On nous avait avertis : il y avait quelques nouvelles chansons dans ce spectacle et elles allaient terminer le premier acte. La première, Le monde fatal (oooooooooh, devions-nous dire en choeur!), se termine sur une boutade dans laquelle Plume imagine Gregory Charles diriger une chorale… tout en faisant un changement d’huile et en préparant des crêpes. En même temps. Rires généralisés. Dans Vieux os, Plume nous rappelle qu’il n’a plus 20 ans et qu’il se soucie un peu plus de ce qui se passe dans les CHSLD que dans les garderies. Puis, sur Le noctambule égaré, il met au défi l’éclairagiste d’allumer les lumières de la salle Octave-Crémazie au dernier accord de la chanson. Défi relevé sous les applaudissements de la foule.
Il s’est vendu plus de bière que d’habitude au bar pendant l’entracte. Un fan de Plume, ça a soif! Les têtes grises se mélangeaient aux jeunes début vingtaine. Il y avait même plusieurs préados qui accompagnaient leurs parents (faut dire qu’il y a pire que Plume pour faire apprécier la chanson d’ici).
De retour dans la salle, Plume et ses acolytes repartent la machine : dans le désordre, on savoure Euthanazie, 1837, Les patineuses, la savoureuse (et trop rare) Gisèle (avec 2 L), Faux dur (et trouble-fête), Le mal du pays (qui a fait verser quelques larmes), Rince-cochon et plusieurs autres. Ah, il y avait aussi Le fermier Jean, où nous avons joyeusement participé à coups de hooooooon et de ooooooooh! Ma chanson éducative préférée!
En fin de parcours, Plume nous a offert d’autres belles chansons, dont Dans la piaule de Louis et le Serre-Volant (sur une musique de Gerry!). Au total, ce furent plus de 30 chansons, interprétées en tout ou en partie, que Miiiiiiiiiiiiichel nous a offertes. Des maudites belles chansons qui nous ont rappelé que Plume, c’est tellement plus que Rideau et La balade des caisses de 24!
Notre monument national sera de retour les 1er et 2 avril 2016, toujours à la salle Octave-Crémazie. Bon, c’est un peu plus cher qu’un petit spectacle au Pantoum (plus de 50 $), mais cette leçon d’histoire et de poésie n’a pas de prix. Ne perdez pas trop de temps, les billets s’envolent rapidement. INFOS
On peut difficilement faire plus chargé comme fin de semaine de musique. Les mélomanes devront faire des choix difficiles. Pour vous aider, voici ce que nous vous suggérons :
Jeudi 22 octobre
Tout d’abord, il faut parler de la formation trifluvienne Bears of Legend qui fait un retour au Théâtre Petit-Champlain après avoir rempli la salle le printemps dernier. Porté par l’excellent Ghostwritten Chronicles, le populaire septuor nous livre une parfaite symbiose de valses, de rythmes amérindiens, de modulations progressives, de chœurs, de folklore et d’envolées vocales. Inspiré d’un mystérieux journal de bord retrouvé en mer, Bears of Legend nous raconte la vie d’un équipage aux histoires métaphoriques vivement inspirantes. Billets : 30 $ à 35 $. Le spectacle est à 20 heures. INFOS
Pendant ce temps, District 7 Production et Le Cercle – Lab vivant présentent The Posterz (+ Hashed Out). Après avoir transformé le sous-sol du Cercle en sauna plus tôt cette année, les jeunes rappeurs récidivent, cette fois dans la grande salle. Il reste encore de la place, alors n’hésitez pas à acheter votre billet (15 $). Les portes ouvrent à 19 heures, le spectacle est à 20 heures. INFOS
Au Grand Théâtre, Plume Latraverse présente son spectacle Récidives en formule trio. Une heure et demie des chansons les plus poétiques du très prolifique auteur-compositeur-interprète. Si on se fie à ce qui a été présenté à Montréal, il s’agira d’un magnifique voyage qui nous permettra d’entendre un paquet de chansons que l’oncle Pluplu n’a pas fait très souvent en 45 ans de carrière. C’est complet, on a annoncé des supplémentaires en avril prochain. Pour ceux qui ont déjà leur billet, c’est à 20 heures. INFOS
Sur la rive sud, Ariane Moffatt sera à L’Anglicane de Lévis pour y présenter son spectacle 22h22, un spectacle qui groove en beauté. La première partie sera assurée par la non moins excellente Rosie Valland. Il ne reste que quelques billets, alors on vous suggère de ne pas tarder. Le spectacle est… à 20 heures. INFOS
À L’Anti Bar et spectacles, le rock sera à l’honneur avec la formation EL DIVER (+ Repartee). 20 heures. 7 $. INFOS
Il a peut-être été candidat à l’émission La Voix, mais Mathieu Holubowski s’est aussi mérité de belles accolades depuis, notamment au festival ARTEFACT de Valleyfield, où il jouait son folk bien à lui à la maison. Il sera au Centre d’art La Chapelle ce soir, dès 20 heures. 32 $. INFOS
Vendredi 23 octobre
Au Grand Théâtre, Plume Latraverse présente une deuxième fois son spectacle Récidives en formule trio. Une heure et demie des chansons les plus poétiques du très prolifique auteur-compositeur-interprète. Si on se fie à ce qui a été présenté à Montréal, il s’agira d’un magnifique voyage qui nous permettra d’entendre un paquet de chansons que l’oncle Pluplu n’a pas fait très souvent en 45 ans de carrière. C’est complet, on a annoncé des supplémentaires en avril prochain. Pour ceux qui ont déjà leur billet, c’est à 20 heures. INFOS
On les a vus à plusieursreprises ces dernières années et chaque fois, ils ont livré la marchandise. Canailles est de retour au Cercle pour nous présenter un spectacle plus que rodé. En première partie, l’excellent Timothy Luke Dawson. Le party va pogner, c’est évident. Présenté dans le cadre du Grand Boum. Les billets sont 15 $ et les portes ouvrent à 19 heures. Un incontournable. INFOS
Évidemment, à Québec, les spectacles incontournables ne viennent jamais seuls. C’est pour ça qu’en plus de Plume et de Canailles, on aura la chance de voir (ou de manquer, c’est selon) l’archi-talentueuse auteure-compositrice-interprète Basia Bulat au Palais Montcalm, qui nous chantera des pièces de Tall Tall Shadow et bien d’autres chansons envoûtantes de son répertoire. La première partie sera assurée par la vibraphoniste Joëlle Saint-Pierre, qui nous a fait rêver tout récemment avec son album Et toi, tu fais quoi?. Les billets sont 38 $. 20 heures. INFOS
Les amateurs de punk rock seront bien servis à L’Anti avec le spectacle de Fullcount, Jeffrey Lost Control et Hate It Too. Seulement 5 $. 21 heures. INFOS
Samedi 24 octobre
Ce samedi, ça se passe sur la rive sud avec un doublé Cégeps en spectacle au Vieux bureau de poste avec Émilie et les Why Five et Alicia Deschênes. On vous a déjà brièvement parlé d’Alicia, c’était la courageuse jeune femme qui s’était portée volontaire pour faire la voix féminine sur Chanson d’amour en sol standard avec Tire le coyote en avril dernier. Eh bien, c’est pas juste une courageuse, elle est aussi une auteure-compositrice-interprète prometteuse qu’on surveille de près. Les billets sont 17 $ et le spectacle commence à 20 heures. INFOS
Comme toujours, il ne s’agit que d’une sélection. Pour en savoir plus, visitez Quoi faire à Québec.
« Il était temps! », nous lance Pierre Flynn à sa première intervention.
Oui, après plus de 10 ans d’absence en solo, il était temps que Flynn revienne nous voir. La parution en avril dernier de Sur la Terre, un « grower » qui s’apprécie au fil des écoutes, était le prétexte idéal. D’ailleurs, Flynn et ses musiciens (loyal Mario Légaré à la basse, André Papanicolaou à la guitare, Jean-Sébastien Fournier aux claviers et José Major à la batterie) nous ont proposé un spectacle axé en grande partie sur les nouvelles chansons du Montréalais.
Qu’à cela ne tienne, nous avons eu le temps d’apprendre les chansons de Sur la Terre et c’est avec plaisir que nous avons accueilli Le dernier homme, qui a lancé les festivités. Pendant les deux heures qui ont suivi, nous avons été accrochés aux lèvres de l’ancien Octobre, qui ne fait pas du tout ses 61 ans. Sa voix est toujours aussi magnifique, capable de descendre dans les profondeurs et de grimper l’Everest avec une belle intensité. Sans aucune hésitation.
Flynn accompagne souvent ses chansons de petites anecdotes, racontant ses itinérances musicales ou son incapacité d’écrire des chansons chez lui. C’est ainsi qu’on a appris que dans sa famille, ils sont nombreux à posséder un chalet. C’est ainsi qu’on a pu mieux comprendre ce qui se cache derrière Le parc Lahaie.
Évidemment, Flynn, qui possède un répertoire quand même assez intéressant (c’est un euphémisme, Pierre!), ne pouvait pas passer à côté de certaines de ses chansons les plus mémorables, toutes réarrangées à la sauce 2015. C’est ainsi qu’on a pu entendre une version a capella de Possession qui a tôt su inciter les spectateurs à taper des mains et à chanter en choeur. Exit les synthés 80s sur L’ennemi et Sur la route. Versions magnifiquement acoustiques d’En cavale et Croire. Gros rock pour Jardins de Babylone. Aux nostalgiques d’Octobre, il a offert Le chant du guerrier (y’a quelques babyboomers qui se sont levés à la fin de la chanson, je vous le jure!).
Ajoutez à cela une magnifique reprise d’une chanson mauditement triste de Hank Williams et un petit coup de 12 hommes rapaillés (sublime Ma rose éternité), et voilà un programme bien rempli comme les spectateurs, qui n’ont pas eu assez d’un rappel (et qui en ont obtenu un deuxième), aiment en avoir.
Maintenant, tout ce qu’on souhaite, c’est que Pierre Flynn ne nous fasse pas attendre aussi longtemps avant de revenir à Québec.
Mardi soir à, la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre, on avait l’impression que quelqu’un avait joué avec l’espace… et le temps, qui semble s’être arrêté pendant près de deux heures, le temps que Florent Vollant et ses amis nous guide dans un voyage qui nous a amenés au Nitassinan, la terre des Innus.
Vollant, accompagné de ses complices Réjean Bouchard, Kim Fontainee, Louis-Philippe Boivin et André Lachance, a offert une prestation en toute simplicité, teintée du country-folk dans lequel ces braves gaillards baignent depuis des années. Les chansons étaient bien sûr principalement tirées de Puamuna, le dernier album de Vollant qui nous fait rêver, mais l’auteur-compositeur-interprète n’avait pas oublié ses premiers albums, ni l’époque à laquelle il s’était fait connaître (Kashtin).
Vollant a ponctué le voyage musical d’anecdotes et de récits, souvent racontés tout simplement, sans chercher nécessairement à livrer un punch humoristique, même si l’humour ne manquait pas dans son propos. Le public écoutait sagement, buvait les paroles de ce raconteur qui partageait avec nous la vie au sein de sa communauté. Fallait être là pour l’entendre nous raconter comment il avait dessiné des cordes sur des bouts de bois et planté des bâtons de hockey à l’envers pour imiter… les Beatles avant de lancer Don’t Let Me Down avec grâce et subtilité. Une sympathique relecture qui donnait un autre point de vue sur une chanson qu’on a entendue des milliers de fois.
Tant qu’à être à Québec, aussi bien recevoir une invitée spéciale, Pascale Picard, venue chanter avec Vollant Apu peikussian, une chanson bâtie sur le même squelette musical que sa Haunted Spaces. Un beau moment de simplicité et de complicité, une fois de plus.
À la fin du spectacle (pendant Tshinanu, pour ceux qui tiennent le compte), un groupe de jeunes femmes est spontanément monté sur scène pour danser. Alors qu’un préposé est accouru aussitôt pour les sortir de là, Vollant, tout sourire, a lancé un gros « Laisse-les faire! » et invité tout le monde à se joindre à lui. Disons que les spectateurs non autochtones hésitaient beaucoup à faire le Makusham avec Vollant… moi, dans le fond de la salle, je riais de bon coeur, et je pensais à ma blonde (innue itou), qui allait rire encore plus lorsque j’allais lui raconter le tout.
Parce qu’au fond, un spectacle de Florent Vollant, c’est pas mal ça, une célébration. Une célébration de la vie, qu’elle se passe dans une grande ville ou quelque part entre le premier et le troisième but du grand terrain de baseball d’Indian Point à Labrador City.
Florent Vollant est un auteur-compositeur-interprète innu qui est né au Labrador et a grandi à Maliotenam, juste à côté de Sept-Îles, après qu’on ait déplacé sa communauté parce qu’une minière avait pollué le lac près duquel elle vivait. Là-bas, il fait la rencontre de Philip McKenzie (une légende), qui l’a pris sous son aile et l’a initié à la scène.
Plusieurs d’entre vous le connaissez sûrement pour sa participation au groupe country-folk Kashtin, qu’il a formé dans les années 1980 avec Claude McKenzie. On a tendance à l’oublier, mais Kashtin a longtemps été le plus grand groupe de musique des Premières nations. McKenzie et Vollant ont fait le tour du monde. Chez eux, les membres de Kashtin sont des superstars.
Le premier album du groupe s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires au Québec seulement, et il a ensuite été certifié double platine! C’est énorme pour un groupe qui chante dans une langue comprise par à peine 12 000 personnes dans le monde! On a tous vu le clip E uassiuian (notre enfance) au moins une fois. Une magnifique chanson qui a fait le tour du monde.
Si tout allait bien à l’extérieur, la vie était moins facile pour les membres de Kashtin. McKenzie vit de nombreux problèmes personnels. Vollant n’est pas en reste : il doit s’occuper de sa famille et de ses enfants. Le groupe s’arrête donc quelque temps après la sortie de son troisième album (probablement le plus abouti).
Florent Vollant commence alors une belle carrière solo. Son premier album, Nipaiamianan (Noël), connaît un grand succès. Faut dire qu’il offre un regard tout neuf sur le temps des fêtes : toutes les chansons sont en langue innue. Vous avez sûrement entendu sa version folk de la pièce-titre, un bijou chanté avec émotion et sincérité. L’album connaît un grand succès, autant critique que commercial. Vollant réussit à déringardiser l’album de Noël! L’album est même béni par le pape Jean-Paul II (en plus de recevoir un Juno). C’est peut-être peu impressionnant dans un société postreligieuse comme la nôtre, mais chez les Innus, encore très croyants en 2015, c’est la consécration. À Maliotenam, Vollant est un monument.
https://www.youtube.com/watch?v=fGp5_RAjfb8
Ses albums suivants, Kataq et Eku Mamu, ont aussi une belle carrière. Chez les non Autochtones, on ne considère plus Vollant comme une curiosité world locale. Non, maintenant, on le considère plutôt comme un des excellents auteurs-compositeurs-interprètes folk de notre génération. Ses chansons sont des modèles de douceur et de subtilité, même dans les moments les plus intenses.
Florent Vollant est également un homme extrêmement impliqué dans sa communauté. Avec Philip McKenzie, il lance en 1985 le festival Innu Nikamu, qui a fêté cette année son 30e anniversaire. L’événement est une belle célébration, une fête à laquelle tout le monde, Autochtones comme non Autochtones, est invité. Vollant a également ouvert son propre studio, Makusham, un lieu magnifique qui permet non seulement aux artistes de la région d’enregistrer leurs chansons dans un contexte professionnel, mais qui crée également des emplois motivants et valorisants au sein de la communauté.
Au début de 2015, Florent Vollant lance Puamuna(Rêves), son quatrième album solo et, de loin, son plus abouti. Enregistré entièrement à Makusham (une première dans le cas de Vollant, aussi ironique que cela puisse paraître), Vollant a fait appel à ses amis Réjean Bouchard et Kim Fontaine, qui l’ont accompagné, ainsi que Richard Séguin et Pascale Picard, qui lui ont offert des chansons. Un album riche, rempli de textures, d’émotions, de mélodies accrocheuses, que votre humble serviteur a bien aimé.
Depuis, Vollant est parti en tournée, une tournée qui l’amène à Québec ce mardi 20 octobre. Bien sûr, les chansons de Puamuna seront à l’honneur, mais on pourra aussi entendre d’autres pièces du répertoire de ce troubadour innu au coeur grand comme le territoire couvert par le train entre Shefferville et Sept-Îles. Les amateurs de folk à l’américaine, qui trippent sur la guitare de Réjean Bouchard (qu’on peut entendre sur plusieurs albums de Richard Séguin), seront comblés.
Nous y serons et nous vous en parlerons avec le plus grand des plaisirs.
QUI : Florent Vollant OÙ : Grand Théâtre de Québec, salle Octave-Crémazie
QUAND : Mardi 20 octobre 2015, 20 heures
COMBIEN : 38,50 $ à 45,50 $ (BILLETECH)