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    ENTREVUE : Fred Fortin

    Fred Fortin traverse un printemps fertile en événements, notamment grâce à la sortie d’Ultramarr. Détourné des riffs de distorsion et du son rock qui ont permis à l’auteur-compositeur-interprète d’établir sa notoriété dans le paysage musical du Québec, l’album prend un virage introspectif, plus homogène sans toutefois être dépouillé d’intensité. En tournée de promotion à Québec, Fortin s’est arrêté à la Brûlerie Saint-Roch où je l’attendais, visiblement fébrile. Or, dans une franche simplicité, il a vite fait d’installer une ambiance bon enfant qui a jeté les bases pour parler de musique, son sujet de prédilection.

    (Photos : Marion Desjardins)

    Ultramarr

    Fred Fortin« La réponse est plus grosse que j’aurais espéré. Ben j’espère jamais rien, dans l’fond, quand je fais ça » a-t-il répondu, quand je lui ai demandé de me décrire ses impressions sur l’accueil favorable de son dernier opus. « C’est plus l’fun que l’monde aime ça que de se faire ramasser. Faque, je suis vraiment content».

    À la première écoute d’Ultramarr, on réalise rapidement que Fortin a voulu explorer de nouvelles façons de composer la musique. Sans travestir le son qui lui est propre, on sent qu’il se calme, qu’il recherche une atmosphère plus uniforme: « En ayant fais le Gros mené en 2013, ça comme rempli une case pour moi qui est l’fun. J’pensais pas en refaire du Gros Mené, nécessairement. Pour moi, le poisson était mort! La manière que j’étais parti pour ce projet-là; je voulais faire de la musique organique avec des rythmes. Mais à la minute où j’ai fait les textes, je me suis dit “osti c’est du Gros Mené ça!”» avoue-t-il. De plus, même si Fortin n’écrit pas les chansons de Galaxie, il est très impliqué dans le projet et baigne forcément dans le rock. C’est pourquoi, en sachant qu’il allait travailler avec les Barr Brothers et qu’il désirait faire des « formes de musique répétitives qui ne sont pas compliquées dans la tête», il s’est enligné vers ce qui allait devenir son 5e album en carrière. « Je voulais que les tounes, autant que possible, se mettent en valeur entre elles et non pas se faire de l’ombrage. Dans des albums, il y a des fois une toune qui est complètement rock au milieu de quelque chose de doux. Je l’ai fait souvent ça aussi. J’avais vraiment une intention de faire autre chose».

    Cette volonté de faire les choses autrement se transpose d’ailleurs dans la façon de livrer les pièces du dernier album en spectacle : « C’est pas mal un défi, mais c’est volontaire. Installer une vibe de rock dans une salle où tout le monde boit de la boisson, c’est pas très difficile en général», dit-il en riant. « C’est plus difficile de faire passer des tounes qui ont un mood plus introspectif. Tu dois être disposé à ce genre de toune-là parce que t’es pas tout le temps dans cet état d’esprit avant un spectacle. C’est sur que c’est plus exigeant, ça demande que la salle soit disposée à ça aussi». Néanmoins, Fortin assure qu’il y a quelque chose de viscérale et de complètement trippant à communiquer la musique par des moyens différents. Lors des spectacles à venir, il puisera sans doute dans Gros mené et dans ses albums précédents pour s’assurer de «donner un show d’une heure et quart». Rien n’est cependant encore défini, même s’il sait qu’il cherchera à concevoir un concert équilibré :    « On va voir ce que ça nous dit quand on fait le show, de quoi on aurait le goût de faire», dit-it, « Olivier me connait pas mal par coeur, on est pas mal d’accord en général».

    Question de casting

    Fred FortinSur Ultramarr, Fortin a eu recours aux talents des frères Barr, de François Lafontaine, de Sam Joly, d’Olivier Langevin et de Joe Grass, tous de grosses pointures de l’industrie musicale québécoise actuelle. Comment choisit-il les musiciens avec qui il travaille?  « C’est vraiment du casting. Il y a d’excellents musiciens avec qui j’aimerais jouer, mais qui fitteraient pas sur ce genre de toune-là» affirme-t-il. « Bon, les Barr ça été une rencontre à Saint-Prime dans le garage à mon père. Je connaissais leur musique, je venais de voir leur show pis on a jammé un peu. On s’est dit que ce serait l’fun de faire quelque chose ensemble et ça m’est resté dans la tête.» En entrant en studio, Fortin voulait créer des structures musicales qui reflétaient les personnalités des frères Barr. Elles étaient le point de départ et une influence notable dans l’écriture de l’album. « C’est du monde qui m’inspire en partant», dit-il. « Sam Joly est un drummer avec qui j’ai joué un petit peu. Il a une personnalité tellement l’fun. Il est venu au Lac, à mon chalet et on a écouté de la musique. C’est un trip de muse qu’on se fait dans l’fond». Fortin reconnait que tous et chacun ont contribué beaucoup à l’album: « François Lafontaine, c’est une banque d’idées inépuisable. C’est un gars qui joue avec plein de monde, mais il est capable de se renouveler et d’être unique dans le rôle qu’il a à faire sur le disque. Pis Joe Grass, ben ça juste pas de bon sens».

    Ch’tun mélomane

    Fred FortinGros Mené, Galaxie, la musique de la série les Beaux malaises et ses albums solos sont des projets qui se distinguent les uns aux autres sans nécessairement s’opposer. Selon l’artiste, c’est le reflet de sa culture musicale très étendue. «J’écoute plein d’affaires. On est aussi dicté par nos moyens, par nos forces et par notre potentiel musical. Je m’enlignerais pas de faire un album Jazz parce que ce n’est pas ma force, même si la musique m’inspire beaucoup. C’est le fait d’aimer la musique qui fait qu’on fait de la musique comme on la fait. C’est le fun de pouvoir avoir plusieurs influences». D’ailleurs, pendant l’enregistrement de l’album, Fortin révèle qu’il écoutait Randy Newman, JJ Cale, Tom Waits, John Coltrane, Ray Charles, Nina Simone; bref des «affaires qui reviennent souvent» dans ses vinyles. « Il y a tellement de la bonne musique, c’est fou! Ch’t’un mélomane», proclame-t-il.  Durant la même période, il a également découvert l’album Pet Sounds de The Beach Boys: « Quand j’ai découvert Pet Sounds, je savais que c’était un album classique. Je connaissais déjà des tounes dessus que j’avais déjà entendues, mais je me le gardais comme une bouteille de vin. Il y a des albums de même que tu te dis  »je suis donc ben chanceux de ne pas l’avoir encore écouté » parce que tout le monde le connait». Il s’est gâté, s’est imprégné de l’oeuvre et a visionné plusieurs documentaires retraçant la vie de Brian Wilson: «Pour moi, le gars représente un Beatles à lui tout seul, incluant George Martin. C’est toute sa sensibilité au delà de toute qui m’a touché». Le côté borderline mental des personnages campés dans Ultramarr sont d’ailleurs inspirés, en partie, par les personnalités comme Wilson, Syd Barrett ou Daniel Johnston, des êtres extrêmement sensibles qui ont sombré dans la folie.

    L’industrie de la musique selon Fred Fortin

    Fred FortinFaisant de la musique depuis longtemps, Fred Fortin a été témoin de la mutation de l’industrie musicale au Québec. Difficile de résumer en quelques mots tous les changements qui ont eu cours ces dernières années, mais l’Internet a selon lui eu une incidence considérable sur la façon de produire des disques. « J’ai connu l’agonie des gros major comme  BMG qui étaient les rois de l’industrie. Il se vendait plus de disques, mais les artistes se faisaient plus fourrer aussi», dit-il. Aujourd’hui, les compagnies se sont plus adapté aux artistes et entretiennent des rapports plus proches avec eux. On parle davantage d’échange et de partage. Fortin avoue toutefois qu’il aimerait voir les ventes de disques augmenter plutôt que de gagner en téléchargement, mais capitule devant cette réalité qui, d’après lui, n’est pas sur le point de changer. « Moi, de toute façon, je fais des albums encore dans ma tête comme si c’était 1960. Moi j’aime ça avoir une pochette et un album.»

    Histoire de basse

    Fred FortinFred Fortin possède des instruments qu’on peut qualifier de mythique pour lesquels il aime se remémorer des anecdotes amusantes. C’est le cas pour sa Fender Jazz Bass 1962 qu’il a acquis à l’âge de 18 ans. « L’instrument traînait dans un magasin à Saint-Félicien et je l’avais acheté pour 400$ pour un gars qui allait au cégep d’Alma. Mais là, j’ai eu la basse toute la fin de semaine chez nous et je me suis dit que je ne pouvais pas la laisser partir. Je savais que le gars n’était pas trop musicien, faque je lui ai offert ma Yamaha, pis il m’a donné 600$. Je me suis ramassé avec une Jazz Bass (qui vaut plusieurs milliers de dollars aujourd’hui) et une belle motte de hash». Pourtant, l’histoire ne s’arrête pas là: « Je me suis fait voler ma basse en déchargeant le stock chez Langevin. Ils l’ont oubliée sur la clôture pis il y a un gars qui est parti avec. Il a essayé de la vendre, faque il l’a montrée à des amis musiciens. Moi je la cherchais,  faque je l’avais trouvée, mais le gars ne voulait pas me la redonner; il voulait me la vendre pour 400$, ironiquement. C’était de l’extorsion. J’ai mis la police là-dedans. Je lui ai dit  »toi mon clown, c’est assez!’’»

    Fortin enchaîne avec l’historique de sa Gibson EB2D: « C’est une basse que je voulais parce que quand j’étais petit, un chum de mon père est arrivé avec ça à la maison et je trippais ben gros dessus. Faque un moment donné, j’ai dit à mon père d’appeler son chum et de lui demander s’il veut la vendre». Malheureusement, ce n’était pas possible puisqu’elle appartenait à une tierce personne. Fortin a donc abandonné le projet. Mais le destin a fait ce qu’il fait de mieux:« Un moment donné, j’entends parler d’un gars qui veut échanger sa basse contre une Rickenbacker. Faque je voyage, je m’en vais à Alma et je rencontre le gars. Il me dit qu’il avait trouvé sa basse à Saint-Prime… Faque j’ai retrouvé la basse que je jouais dessus quand j’avais 10 ans». Incroyable.

    Questionnaire musical en vrac

    Fred FortinVinyle ou Cd?

    FF: « Ah! Vinyle. Moi j’ai tout le temps eu des vinyles depuis que je suis petit. J’avais pas de toutou, j’avais des 45 tours! J’ai eu mon premier tourne-disques super jeune, pis j’ai jamais arrêté d’avoir des vinyles. J’ai tout le temps eu une table tournante. J’aime ça le contact physique et le son des vinyles. Des fois j’écoute juste un bord, je me permets ça!».

    Quels sont tes classiques?

    FF: « Ah il y en a tellement! Il y a Pet Sounds, parce que c’est ça que j’ai dans la tête. J’ai grandi avec les Beatles, évidemment. Pagliaro, c’est mon premier idole, faque le premier Pag, j’ai encore ça en vinyle. Après ça, il y a les albums de Ray Charles, de Nina Simone, de John Coltrane, de Tom Waits. J’en ai tellement!»   

    Qu’est-ce que tu écoutes quand t’es in the mood for love?

    FF: « Oh! Je sais pas… Je te dirais… Je sais vraiment pas! Ce qui joue dans le moment, ça dépend. De toute façon, je suis tout le temps in the mood for love!

    Les meilleurs albums pour faire du char?

    Fred FortinFF: « Wow! L’année passée j’ai ben trippé à écouter du Kurt Vile dans l’char. Je trouve que ça coule sur le long du Saint-Maurice. Souvent, dans mon téléphone, j’ai pas tant d’affaires que ça. Des fois je suis sur random, faque ça se promène entre plein d’affaires. Mais je te dirais Kurt Vile, Walking on a Pretty Daze, j’ai beaucoup aimé cet album. L’autre d’avant aussi, pis l’autre d’après aussi».

    Ton plaisir coupable?

    FF: «J’en ai pas mal plusieurs. J’ai des vers d’oreille. J’ai une maladie; j’ai une curiosité que quand je me souviens d’une toune, j’essaie de m’en souvenir, mais je ne m’en rends même pas compte. C’est comme une curiosité morbide. Je peux écouter la radio, pis pogner une toune, pis essayer de comprendre qu’est-ce que la personne avait dans la tête quand elle l’a faite. Faque ça me rend coupable de ben des affaires. C’est pas un plaisir, c’est plutôt une curiosité morbide et un masochisme assumés.»

    V: « Comme les tounes de la Chicane… Ça t’arrives-tu d’en avoir dans la tête? »

    FF: « Faut pas que tu le dises… Parce que là je vais me mettre à spiner de la Chicane dans’tête… Ben oui ça m’arrive! J’adore mon Boom! »

    Quelle chanson aimerais-tu qu’on joue à tes funérailles?

    FF:« Oh! Tabarouette! Je sais pas, je l’entendrai pas! »

    Valérie Vinet

    10 avril 2016
    Entrevues
    Barr Brothers, François Lafontaine, Fred Fortin, Galaxie, Gros méné, Grosse boîte, Joe Grass, Olivier Langevin, Sam Joly, Ultramarr
  • En bref… POP Montréal et Coeur de Pirate!

    En bref…  POP Montréal et Coeur de Pirate!

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    C’est cette semaine que le (merveilleux) festival Pop Montréal a annoncé la première vague d’artistes qui performeront dans divers lieux de Montréal du 16 au 20 septembre prochains.

    Est-ce la plus belle programmation du festival à ce jour ? Probablement. En tête d’affiche, nul autre que le dieu du disco en personne, Giorgio Moroder. Il sera en spectacle à l’Église Saint-Jean-Baptiste le 18 septembre prochain.

    Parmi les autres noms, plusieurs groupes locaux, parce que c’est la vocation du festival, notons Coeur de Pirate au Métropolis, la sensation indie de l’heure Ought et Will Butler d’Arcade Fire.

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    En plus de promouvoir les talents d’ici et d’ailleurs, de l’émergent au très connu, Pop Montréal fait dans la diversité. Autant par les choix musicaux que par les lieux. Cette année, la pop de Coeur de Pirate et le métal de Godflesh se retrouvent sur la même affiche. C’est fantastique!

    Pop Montréal, c’est la proximité. La plupart des lieux ont quelques choses de significatif et de peu communs. La proximité du public et de l’artiste est de mise. Lors de l’édition 2013, Les Soeurs Boulay ont foulé la ‘scène’ du studio Breakglass. Un moment qui est encore gravé dans ma tête.

    Des centaines d’autres groupes seront dévoilés au courant des prochains mois. Les billets pour les concerts déjà annoncés sont disponibles ici.

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    Surprise! La charmante Béatrice Martin, mieux connue sous le nom de Coeur de Pirate, annonce aujourd’hui son troisième album solo. Intitulé Roses, l’album sera composé de pièces en français et en anglais, tel qu’annoncé précédemment par la chanteuse. Ce troisième opus fait suite à Blonde, paru en 2011. Il sera disponible chez tous les disquaires dès le 28 août prochain. Aucun autre détail n’a été dévoilé par Grosse Boîte.

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    Dans le même communiqué, Coeur de Pirate annonce qu’elle sera en supplémentaire le 24 mars 2016 au Grand Théâtre de Québec! En effet, son spectacle du 1er octobre à l’Impérial Bell est déjà complet! Vous pouvez vous procurer vos billets pour le concert en mars ici.

    Les amis! C’est avec grand plaisir que je peux vous annoncer que l’album sera disponible le 28 août 2015, et qu’il s’intitulera Roses.
    Je commencerai la tournée le 16 septembre 2015, dans le cadre de Pop Montréal, au Métropolis! Comme le spectacle à l’Impérial de Québec affiche déjà complet, il y aura aussi une supplémentaire au Grand Théâtre de Québec le 24 mars 2016!
    J’ai tellement hâte de vous retrouver. Vous m’avez manqué terriblement.

    C’est le 5 avril dernier que la chanteuse avait dévoilé le premier extrait de son album. Il est disponible en deux versions, soient une en anglais et une en français. Ce premier extrait laisse entrevoir un album d’une qualité incroyable. C’est de la pop très prometteuse.

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    Matthieu Paquet-Chabot

    8 mai 2015
    Nouvelles
    Coeur de pirate, Dare To Care, Giorgio Moroder, Godflesh, Grand Théâtre de Québec, Grosse boîte, Impérial Bell, Les Soeurs Boulay, Métropolis, Ought, Pop Montréal, roses, Will Butler
  • [ENTREVUE] Socalled nous parle de son nouvel album « Peoplewatching »

    [ENTREVUE] Socalled nous parle de son nouvel album  « Peoplewatching »
    Socalled à l'émission Chéri-e, j'arrive, diffusée sur les ondes de CHYZ 94.3 Crédit photo : Matthieu Paquet-Chabot / www.ecoutedonc.ca
    Socalled à l’émission Chéri-e, j’arrive, diffusée sur les ondes de CHYZ 94.3
    Crédit photo : Matthieu Paquet-Chabot / www.ecoutedonc.ca

    C’est dans les studios de CHYZ 94.3 que Josh Dolgin, alias Socalled, nous accueille. Il est en performance et en entrevue avec Émilie Rioux pour Chéri-e, j’arrive. Après un magnifique rap et plus de 10 minutes d’entrevue, il vient s’asseoir avec nous pour environ vingt minutes. Nous en profitons donc pour parler de son nouvel album Peoplewatching, de sa longue liste de collaborateurs et de son spectacle du 8 mai au Cercle.

    Juste au moment où nous débutons la conversation, un invité plutôt inattendu se joint à nous. Il se nomme Poopsie. C’est le chien du chanteur, qui le suit partout où il va. Nous débutons notre ménage à trois en parlant du nouvel album qui est disponible depuis le début du mois. Josh Dolgin m’explique le processus complexe de la création de Peoplewatching dans un bon français, mais alternant en anglais de façon régulière. Revenons donc à l’album. Il collecte, en tout temps, des échantillons sonores. Il réfère à ce processus comme étant une collection de samples. Il les prend de vinyles et de divers rythmes hip-hop. Cela fait plus de vingt ans qu’il fait grandir sa collection. Il qualifie même cela de «Fucking Pretty Scary». Il choisit ensuite quelques sons et s’inspire. C’est de là qu’émergent les idées, les contes de chansons et d’albums. Il garde d’ailleurs un carnet de notes avec lui en tout temps pour pouvoir y écrire des idées, des sentiments et des jeux de mots pour les transformer en chansons par la suite.

    Socalled - Peoplewatching (Dare To Care)
    Socalled – Peoplewatching
    (Dare To Care)

    La prochaine étape du processus d’album de Peoplewatching est de trouver les collaborateurs disponibles. Socalled m’a confié avoir voulu réduire le nombre d’invités sur l’album. Il a donc réussi a couper et n’avoir qu’une …. trentaine d’invités! C’est tout un casse-tête de tout coordonner. C’est, entre autres, pour cela que l’album est en chemin depuis 2011. Il enregistre divers morceaux ou diverses partitions avec ses collaborateurs. Socalled s’occupe du clavier et collection tous les échantillons pour la prochaine étape du projet… le montage.

    Le montage se déroule à Ottawa. Josh a un attachement à ce studio de la Capitale fédérale, car il est là bas depuis les tout débuts de sa carrière musicale. Puisque tout est virtuel, dans sa collection, le montage est une étape importante et longue. Il doit tout mettre bout à bout ses extraits pour en faire un album. Une fois le casse-tête réussi, il s’envole pour Paris afin de mixer le tout avec nul autre que Renaud Letang (Feist, Amadou et Mariam, Gonzales).

    Finalement, nous y sommes, me dit-il. Il a masterisé l’album ici, à Montréal, pour ensuite le diffuser au public. Il n’y a rien de facile avec Socalled. Il est un passionné, et ça parait. Il y a toujours quelque chose qui lui passe par la tête, une idée folle et originale.

    Nous restons sur l’album Peoplewatching. Je suis encore sous le choc du nombre d’artistes invités qu’il implique dans son projet. Je lui demande donc pourquoi il aime tant s’entourer sur album. Il me répond simplement : « Ça, c’est ce que je fais »! Il aime s’entourer des maîtres me confient-ils. Il a une liste de contact ou d’artistes qu’il considère comme étant des maîtres de leurs instruments et il souhaite ardemment travailler avec eux. Josh est un homme si humain et sympathique. Il aime les rapports humains et les contacts. Il me dit qu’il adore collaborer avec des gens avec qui ça clique autant humainement que musicalement. C’est à la fois un défi me raconte-t-il… et il aime ça! Il essaie toujours de pousser plus loin les sons, les amalgames, les mélanges de style et de genre. Ça ne marche pas toujours me raconte-t-il, mais il persiste pour que le tout soit agréable à l’oreille. Il rajoute, pour clore le sujet, que le tout demande une grande « vigueur hybride ».

    [bandcamp width=100% height=120 album=801807650 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=2600124914]

    Suite à l’écoute de l’album et de la performance du MC sur les ondes de CHYZ, je lui demande pourquoi il a enfin décidé sur son cinquième album de mettre l’accent sur le rap. Josh me raconte donc qu’il est un mordu de musique du genre et que c’est ce qu’il fait tous les jours. Rappelons-nous que Socalled aime beaucoup les beats. C’est donc un retour aux sources pour l’artiste. De plus, sur Sleepover, son album paru en 2011, il y avait très peu de rap. Il a donc voulu faire de Peoplewatching  son album le plus axé sur le rap pour pallier le tout. Il y a un aspect spectacle à cette décision aussi. Il voulait arrêter d’apprendre les raps des autres et les faire lui-même.  En concert, ce sera plus vrai, plus sincère et plus enflammé.

    Bannière publicitaire du concert de Socalled par District 7 Production
    Bannière publicitaire du concert de Socalled par District 7 Production

    Parlons-en du spectacle. Ce vendredi, au Cercle, ce sera la première du spectacle Peoplewatching. Il ne semble pas nerveux à l’idée de présenter pour la première fois son nouveau matériel devant public. Il est même excité, car il avait hâte de jouer du nouveau stock. Il aime encore jouer ses plus anciennes pièces (il y en aura vendredi!), mais il avait hâte de renouveler son spectacle qu’il roulé pendant quatre ans. Les anciennes pièces amènent un niveau de confiance, Socalled aime les défis. Il a donc très hâte de relever ce défi au Cercle. Les membres du groupe n’ont pas encore pratiqué le spectacle ni les pièces. Il me confie donc que vendredi sera un show en bon et du forme, mais un peu improvisé. Les cinq membres du groupe (six au total avec Josh) vont avoir du bon temps sur scène tout en présentant / répétant les pièces. Qui sont ces cinq comparses? Il y a Jamie Thompson (du groupe The Unicorns) à la batterie, Patrice Agbokou à la basse, JS Williams à la guitare, Erik Hove au saxophone et sa comparse Katie Moore à la voix.

    Il met aussi l’accent sur le choix de la salle. Socalled a joué plusieurs fois au Cercle depuis le début de sa carrière. Il a toujours du bon temps, le public est enflammé et généreux à chaque représentation et il est toujours prêt à faire le party. Ce sera certainement un concert à ne pas manquer. C’est avec ces belles paroles que l’on se quitte après vingt minutes. Socalled et Poopsie doivent reprendre la route vers Montréal.

    Vous voulez assister au concert? Ça se passe au Cercle le vendredi à 20h00 avec Mehdi Cayenne Club en première partie. C’est 20$ et présenté par District 7 Production!

    Merci énormément à Socalled d’avoir répondu à nos questions. Un merci particulier à Dare To Care pour la rencontre et à CHYZ (et son animatrice Émilie Rioux) pour l’accueil dans leur studio.

    Matthieu Paquet-Chabot

    5 mai 2015
    Entrevues
    CHYZ, CHYZ 94.3, Dare To Care, District 7 production, EnVedette, Grosse boîte, Le Cercle, Le cercle – lab vivant, Peoplewatching, Socalled
  • [ALBUM] Jean Leloup – « À Paradis City »

    [ALBUM] Jean Leloup – « À Paradis City »
    Jean Leloup À Paradis City (Le Roi Pompon/Grosse boîte)
    Jean Leloup
    À Paradis City (Le Roi Ponpon/Grosse boîte)

    Ah, Jean Leloup. Artiste génial qui nous a montré qu’il était capable du meilleur (Le Dôme est sans contredit un des cinq albums les plus influents de l’histoire au Québec) comme du pire (Vous vous souvenez de cet album paru sous son vrai nom, Jean Leclerc, vous?). Capable de donner des shows historiques (j’ai quelques souvenirs mémorables de Leloup au défunt Spectrum de Montréal… et au D’Auteuil à Québec) et de nous faire regretter de nous être déplacés (concert décevant au FEQ 2001, débâcle au Colisée en 2008). Après une tournée en 2013 qui lui a permis de remonter dans les bonnes grâces d’à peu près tout le monde (dont votre humble serviteur), revoilà Leloup avec une nouvelle galette!

    Un certain buzz entourait l’album, composé de chansons écrites un peu partout sur la planète au cours des dix dernières années. Certains prétendaient qu’À Paradis City était son meilleur album depuis Le dôme. J’avais donc très hâte de pouvoir me faire une idée par moi-même.

    Alors?

    Ben alors, si À Paradis City n’est pas Le dôme, il est aussi très loin de figurer au bas de la liste. En tout cas, c’est une nette amélioration par rapport à Mille excuses Milady (qui, avec le recul, n’est pas vilain du tout). Leloup nous attend là où on s’y attendait, avec une proposition d’inspiration folk-rock qui ne réinvente certes pas la roue, mais qui est ô combien efficace!

    Il y a longtemps que Leloup nous avait autant donné le temps de chanter avec lui tout en tapant du pied. Notre ami a manifestement toujours le sens de la mélodie et du rythme, et on lui connaissait déjà une sensibilité pop qui lui permet de nous accrocher quand il le souhaite. Le groove de la pièce titre, Paradis City, est imparable. Ajoutez à cela des textes magnifiques écrits par un gars qui a énormément gagné en sagesse ces dernières années.

    C’est encore sombre, les histoires sont encore macabres, mais on comprend beaucoup mieux ce qui se cache derrière les éternelles métaphores du roi ponpon. Et il y a cet espoir, cette lumière qui continue de briller dans toutes ces chansons! Si maître Edgar est mort dans Le dôme, ici, Jean Leloup et ses personnages survivent. Et s’ils n’y arrivent pas, le cycle de la vie, lui, continue. Ainsi va la vie qui va, quoi.

    Il vieillit, notre Jean Leloup national. Quand il chante une chanson comme Petit Papillon, il est aussi sage qu’un Thomas Fersen! Il y a 25 ans, il n’aurait pas été aussi philosophe que sur Les bateaux et sa superbe finale où Leloup est accompagné de violons.

    Je répète : LELOUP EST ACCOMPAGNÉ DE VIOLONS.

    Et c’est bien ainsi. D’ailleurs, côté cordes, Leloup s’est payé la totale sur Le roi se meurt. Que vous allez adorer!

    On ne peut qu’être content de retrouver ce bon vieux Jean Leloup qu’on aime, qui fait ses propres choeurs et qui a manifestement retrouvé le plaisir d’écrire des chansons. Et on ne peut qu’attendre avec impatience un retour sur scène pour mettre ces nouvelles chansons à l’épreuve.

    Zone zéro, l’endroit où t’as peur
    et où tu penses que tu pries.

    [bandcamp width=100% height=120 album=965475926 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=377939625]

    Jacques Boivin

    2 février 2015
    Albums
    86/100, À Paradis City, Grosse boîte, Jean Leloup, Le roi ponpon
  • Critique : Cœur de Pirate – « Trauma – Chansons de la série télé »

    trauma coeur de pirateL’enregistrement d’une bande originale destinée à un film ou à une série télé, ce n’est pas toujours facile. Il faut se plier aux diktats des producteurs, des réalisateurs et des auteurs. Si, en plus, il s’agit d’enregistrer des reprises, il faut s’assurer de libérer les droits associés aux chansons tout en respectant les conditions associées. Ajoutez cela le fait que d’autres artistes vous ont précédé avec panache, et vous voilà avec toute la pression du monde.

    Béatrice Martin, que vous connaissez également sous le nom de Cœur de pirate, se préparait justement à entrer en studio lorsque Fabienne Larouche lui a demandé de s’occuper de la BO de la cinquième saison de Trauma. Évidemment, l’artiste a dit oui et nous voilà, quelques mois plus tard, avec le résultat.

    Tout d’abord, disons-le tout de suite, c’est joli. J’ai toujours trouvé que la voix de Béatrice Martin était plus riche et complexe dans la langue de Zooey Deschanel que dans celle de Vanessa Paradis. Bien sûr, tout n’est pas parfait, on pourrait reprocher à la chanteuse le fait qu’elle mâche ses mots en anglais, ce qui peut être suffisant pour en faire décrocher quelques-uns.

    Côté musique, nous sommes gâtés : les chansons qui ont été reprises ont reçu un traitement sobre et souvent minimaliste. Certaines sont plus réussies que d’autres : Summer Wine (originalement de Nancy Sinatra et Lee Hazelwood) s’apprécie fort bien et Coeur de Pirate interprète merveilleusement Amy Winehouse. Et Lucille, de Kenny Rogers? Déshabillée au point de ne constituer qu’un piano-voix, c’est une toute autre chanson, où Martin est juste parfaite.

    D’un autre côté, Last Kiss, avec le reverb dans le piton, on s’en serait peut-être passé.

    La plus grande difficulté avec ce genre d’album, c’est de trouver un rythme, un ordre des pièces qui nous donnera envie d’écouter les pièces plutôt que de mettre l’album en musique de fond pendant qu’on épluche des patates. Dans le cas d’une série, où toutes les chansons ont souvent le même rôle (marquer le moment le plus dramatique de l’épisode) et une intensité semblable, la chose est encore plus difficile. Sur ce plan, mission accomplie, avec le matériel en mains, on ne s’ennuie pas.

    Et ça finit plutôt bien, avec une combinaison The Great Escape (Patrick Watson) et Flume (Bon Iver) que Béatrice Martin n’a pas hésité à mettre à sa main. Attachant.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=DnqbNnnzbUA&w=480]

    Ma note :
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    Cœur de Pirate, « Trauma – Chansons de la série télé » (Grosse boîte)

    Jacques Boivin

    15 janvier 2014
    Albums
    7/10, Albums, Coeur de pirate, Grosse boîte, janvier 2014, Trauma
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