Après une courte nuit de sommeil et un spectacle sur la scène Fibe, je suis retourné à la Méduse tout excité, plusieurs visages familiers de la veille sont présents à mon arrivée pour cette soirée des plus éclectiques.
L’impro multi
La salle multi était disposée en mode cabaret pour le premier numéro de la soirée. En arrivant dans la salle, je constatai la belle brochette d’artistes présente sur scène. La danse, les arts visuels, le slam, la musique, le théâtre, les éclairages, une dizaine de représentants de ces disciplines étaient réunis devant un seul but : créer. Comme en match d’impro théâtral, les participants se font donner un thème et un caucus s’en suit pour se faire un plan de match avant de se lancer dans la performance. Nous avions une vraie équipe de professionnels devant nous, plusieurs moments magiques se sont passés ce soir là. En musique, Jean-Étienne Collin Marcoux du Pantoum (ou son clone, c’est clair qu’il se dédouble) aux percussions et Luke Dawson des Chercheurs d’or à la contrebasse nous ont transporté dans des univers uniques. Bravo à tous les artistes pour ce beau défi, vive l’art multidisciplinaire!
Le Havre
Avec un peu plus d’une heure de retard, le duo Montréalais commence à jouer devant un public de plus en plus dense. Charles-David Dubé à la guitare et synthés a chanté ses chansons luxuriantes qui nous emportent dans le rythme. Parlant de rythme, le batteur Oli Bernatchez assure une présence sur scène très solide. Il manie les synthétiseurs tout en jouant de son drum. Son hi-hat (qu’il a arrangé pour plus de puisssance) gruge peu à peu ses baguettes qui semblent vouloir exploser à chaque moment. Le duo présente une rythmique audacieuse qui nous rappelle des accents de rock progressif. Leur son, très aérien et à la fois bien ancré dans un groove puissant, se rapproche des sonorités pantoumesques (la formation est d’ailleurs venue jouer au Pantoum cette année). Le groupe utilise aussi quelques séquences très bien placées et pertinentes. Ils ont principalement joué des pièces de leur plus récent album Trajectoires.
Rakam
Créature étrange, la formation montréalaise s’est produite à la Méduse en trio. La basse, les claviers et parfois saxophone parfois guitare jouaient une pop année 80 bien kitch et absurde. Le chanteur, semblant provenir d’un monde parallèle vraiment funky récite ses textes saugrenus en presque spoken word, un peu à la Tom Waits. Le gros bémol de ce groupe franchement bizarre est le drum machine. Trop fort, peu intéressant, il posait le groupe sur une base trop régulière et un peu agressante. Leur énergie déroutante n’a laissée personne indifférent. Plusieurs ont adoré et sont restés danser avec le groupe jusqu’à la fin, alors que plusieurs sont allé profiter de la chaleur extérieure (pour vrai, il fait froid à la Méduse).
Hologramme
Ils sont montés sur scène à 1h15, on était pas mal fatigué, mais l’attente a valu la peine. Hologramme est un hommage aux synthétiseurs, une glorification de l’électronique et c’est très réussi. Le doux son des synthés a rempli la salle multi tard dans la nuit devant les quelques survivants encore debout pour danser leur vie comme s’il n’y avait pas de lendemain. Les musiciens sont très solides et bien préparés, leur spectacle s’est déroulé sans faute avec une fluidité très agréable. Les synthétiseurs produisent tantôt des mélodies quasi ecclésiastiques, tantôt très dansantes, ce qui procure à leur spectacle une belle diversité. Ces différentes ambiances sont entre autre dues à la très grande maîtrise des effets et des sons des leurs appareils. Ils construisent de très beaux moments où la foule a pu se déhancher furieusement jusqu’à très tard dans la nuit.
Samedi dernier, le grand squelette dandy Anatole était de retour sur scène à Québec après une absence de quelques mois. En période transitoire avant de s’enfermer pour l’écriture et l’enregistrement du successeur de L.A./Tu es des nôtres, le prophète de la Nouvelle L.A. est venu présenter quelques nouvelles chansons en plus de pousser quelques pièces maintenant classiques de la scène locale.
Comme toujours, l’entrée en scène était spectaculaire. Faut dire qu’Anatole a pu se servir de la célèbre machine à boucane du Cercle (vous savez, celle dont on aime bien rire de temps en temps) pour ajouter un élément visuel digne du prophète qu’il est! Pendant que ses musiciens se lancent sur leurs instruments, Anatole monte, éventail et cigarette à la main, dans un costume digne des plus grands designers de Paris. Il a pris du galon, notre ami!
Le reste, vous le connaissez si vous avez déjà vu la formation sur scène : pendant que les musiciens jouent avec hargne, Anatole chante, crie, se promène sur scène et sur le parterre, monte sur les haut-parleurs, crache au visage des méchants médias qui l’utilisent pour vendre du papier avec leurs faux scandales (je pense que c’est nous, ça), s’étend lascivement de tout son long, que ce soit sur la scène ou sur le bar, où il susurre des mots doux aux spectatrices qu’il ne se lasse jamais d’impressionner. Évidemment, il s’attaque au clavier d’un de ses musiciens (y’avait-il de la #POUD dessus? J’avais pas le bon angle!) et fait plein de gestes ultra-suggestifs qui en auraient choqué plus d’un si on avait été ailleurs que dans la ville où Anatole a installé son pied-à-terre. Comme on l’aime!
Comme je le disais un peu plus haut, en plus de ses hits, Anatole a profité de son passage pour mettre à l’essai quelques nouveaux morceaux qui semblent indiquer que notre homme n’a pas perdu la touche magique. Comment on dit ça, déjà, « évolution dans la continuité »? Quelque chose du genre.
Le concert s’est terminé par le « C’EST MA TOUNE » de nombreux disciples, soit la toujours dansante Discollins, où Anatole s’est même permis un brin de body surfing. Glorieux. Pour nous récompenser de notre enthousiasme, Anatole est revenu sur scène pour interpréter un autre de ses grands succès, soit Grosse massue, qui n’a rien enlevé à Sledgehammer!
Hologramme
En première partie, la formation Hologramme n’a pas eu de mal à faire bouger les spectateurs présents avec son électro-pop instrumental dansant. Si l’attitude du groupe sur scène est beaucoup plus calme et posée que celle du groupe qu’il précédait, les rythmes, eux, invitaient aux déhanchements et à l’échange de grands sourires. C’est une bonne chose : les gens étaient beaucoup trop occupés à danser pour discuter bruyamment! Faut dire qu’avec des morceaux irrésistibles comme l’explosive Les bohèmes, on ne peut pas faire autrement.
Party réussi! Mais on va devoir se passer du prophète pendant un moment, le temps qu’il renouvelle sa bonne nouvelle…
Mercredi dernier avait lieu la quinzième édition du Show de la Rentrée à l’Université Laval. Pour cette occasion, les organisateurs ont inauguré une toute nouvelle scène. Située à l’extérieur sur le stationnement en face du pavillon Alphonse Desjardins, on y retrouvait aussi différents jeux gonflables et un assortiment de food trucks qui furent accessibles dès 15h pour bien commencer la soirée.
Chaque année un spectacle à grand déploiement, le Show de la Rentrée s’étalait cette fois-ci sur six scènes différences, totalisant un nombre de 17 performances. Trois membres de notre équipe sont allés explorer quelques scènes et apprécier la musique et l’ambiance de la soirée. On vous laisse ici nos compte-rendu et impressions pour les scènes Jazz, Folk, Rock et Festive. Hormis cela, il faut tout de même mentionner la présence de The Black Coffees et de Gab Paquet au 5 à 7 de la Terrasse ainsi que les DJ sets de BEAT SEXÜ et d’Alaclair Ensemble à la scène électro, auxquels nous n’avons malheureusement pu assister.
Scène Jazz
18h – Duo Grégoire Godin
Le duo Grégoire Godin, composé de Francis Grégoire et Laura Godin, deux étudiants en musique à l’université Laval, ouvrait la scène jazz. Le duo a interprété, au piano et à la voix, plusieurs classiques du jazz ainsi que leurs propres arrangements de chansons pop, le tout avec une belle énergie et présence sur scène. Le Fou Aelies s’est peu à peu rempli au cours de leur prestation, de gens venant y prendre une bière pour débuter la soirée, mais aussi de leurs amis, et d’amateurs de jazz.
Après une performance d’environ une heure, le duo Grégoire Godin a laissé place à la Troupe des Flâneurs Romantiques, ou plutôt «électroromantiques». C’est bien ce que nous a spécifié Gabriel Côté, guitariste et fondateur de la Troupe, faisant ainsi un clin d’œil à leur choix d’instruments pour la soirée. Les quatre musiciens jazz ont d’ailleurs aussi troqué leur cool jazz contre quelque chose de plus groovy et blues ce soir-là, en commençant en force avec un So What de Miles Davis bien revisité. Ils ont poursuivi dans cette lignée en reprenant différents standards bien à leur façon. Il était intéressant de les voir sortir des sentiers battus, ce qui s’est aussi senti dans leurs solos un peu plus hardis qu’à l’habitude. Ça a certainement plu aux spectateurs, qui n’ont su résister au groove bien longtemps et qui se sont spontanément mis à taper des mains pendant la mythique pièce de Herbie Hancock, Chameleon.
Tous Azimuts, groupe originaire de Québec, débutait la soirée sur la scène folk, située à l’extérieur, sous une lune brillante et presque pleine. À mon arrivée, un peu avant l’entrée musiciens, nous n’étions que quelques-uns devant la scène, mais le parterre s’est rempli dès les premières chansons. Ils ont interprété des compositions parues sur leurs deux albums, mais aussi quelques nouvelles pièces, qui se trouveront sur le prochain. Leur musique rock, folk et vivante fait rapidement oublier le froid. Un téléphone rouge dans lequel chantait Jordane créait des échos aériens, et la présence du violoncelle ajoutait une couleur intéressante. À la fin de leur prestation, ils ont été salués par une foule enthousiaste.
Véronique Parent
20h30 – The Seasons
De retour d’Europe depuis peu, The Seasons sont embarqués sur scène avec une pêche qu’on leur a rarement vue. Apparemment, leur voyage leur a aussi fait traverser les années, et leurs mélodies accrocheuses des sixties semblent avoir maturé elles aussi vers des accents plus psychédéliques de fin de décennie. Ils nous ont joué une version revisitée des pièces de leur album Pulp, paru il y a deux ans, mais ils se sont surtout concentrés sur leurs nouvelles chansons. On a ainsi pu avoir un aperçu de la nouvelle direction que prend le groupe, franchement plus assumée et plus rock.
Marie-Ève Fortier
21h30 – Plants & Animals
C’est Plants & Animals qui avait le mandat de clore la soirée sur la chouette scène folk, une nouveauté appréciée cette année pour son emplacement extérieur et ses food trucks. Le groupe présentait la matière de l’excellent Waltzed In From the Rumbling paru plus tôt cette année. Dès les premières notes de We Were One, le quatuor a démontré son impressionnante force de frappe, enchainant les différentes sections de cette complexe pièce avec brio. Sans être exaltée, la foule a apprécié la performance bâtie autour de nouvelles pièces. Puisque le groupe ne jouait pas devant un public nécessairement conquis d’avance, quelques ballades auraient pu être écartées au profit de pièces plus entrainantes de leur maintenant vaste répertoire. Le spectateur moyen à l’attention déficiente aurait peut-être accroché davantage. Le groupe a néanmoins offert une splendide performance, Warren Spicer ayant les atouts vocaux permettant de déployer une riche palette d’émotions. À ne pas manquer au Cercle en novembre lors d’une prestation complète qui sera présentée devant leur fidèle public qui saura profiter autant des bombes comme Fearie Dance et Lightshow que des superbes ballades telles Flowers ou l’hybride So Many Nights. Gros coup de coeur pour Je voulais te dire en rappel, brillante œuvre qui met en valeur tous les aspects qu’on affectionne chez le quatuor montréalais.
La scène rock, située dans le Grand Salon, s’anime dès l’arrivée sur scène de Medora. Cette formation, composée de quatre musiciens, au rock indie, aérien et flottant, faisait danser le public dont le nombre augmentait au fil du spectacle. Une partie de la foule, visiblement, les connaît et les apprécie, tandis que d’autres les découvrent.
22h – Fuudge
Le groupe montréalaisFuudgeprit ensuite la place, avec un son à la fois grunge et planant. Rapidement, un moshpit se formait devant la scène et l’enthousiasme festif persévérait malgré la forte présence des gardiens de sécurité. Le passage récent de Fuudge au Festival Off se ressentait dans le fait que leurs chansons étaient connues par les spectateurs, qui étaient venus les revoir.
IDALG (il danse avec les genoux), également venus de Montréal, mais ayant joué à Québec plusieurs fois récemment, leur succédèrent pour continuer de faire danser le public avec une grande énergie. Leur musique aux accents psychédéliques entretenait l’ambiance festive qui régnait dans la salle, de plus en plus ivre, mais toujours de bonne humeur.
Anciennement appelé Viet Cong, le groupe canadien Preoccupations est venu bien terminer la soirée. Bien que certains aient quitté à cause de l’heure tardive ou des autres spectacles, ceux qui y étaient toujours ne cessèrent pas pour autant de danser et le moshpit réapparaissait avec énergie et optimisme chaque fois qu’on le forçait à se disperser. La foule quitte finalement contente de sa soirée, bien qu’un peu contrariée de n’avoir pas pu danser tout à fait comme elle l’aurait voulu, pour rentrer chez soi, ou continuer vers les autres scènes.
C’est Floes a démarré la soirée à la scène festive de l’Atrium avec leur électro planant aux beats irrésistibles. À leur arrivée sur scène, une cinquantaine de spectateurs les attendaient patiemment, bière en main. Une bonne partie des gens sont ensuite arrivés à mesure que le groupe présentait ses pièces. Ils ont principalement joué celles qui figurent sur Shade & mirror, et ce avec une exactitude technique à souligner. Le public, timide mais attentif, semblait écouter avec intérêt. Le trio a ainsi performé pendant une trentaine de minutes, temps qu’on aurait bien aimé voir s’étirer un peu plus longtemps. Le groupe se produira en novembre à Gatineau en compagnie de KROY.
Bad Dylan a été accueilli par un public un peu plus nombreux, mais toujours aussi timide qu’au spectacle précédent. Cependant, au fur et à mesure qu’ils déballaient leur électro festif et complexe dans leurs beaux vestons et avec tout leur enthousiasme, ça a commencé à danser un peu partout dans la foule. Aux alentours de 22h50, heure pivot, on pouvait dire que l’Atrium était pratiquement plein. C’est là que le groupe nous a lancé ses sonorités les plus exotiques et suaves pour finir ça en beauté. On pouvait voir des gens danser de toutes les façons imaginables, le fun ayant pris le dessus.
La foule était bien réchauffée quand les gars de Rednext Level puis leurs amis sont montés sur scène. Pour plusieurs, ce groupe composait le clou du spectacle et l’ambiance a été à son paroxysme pendant toute la durée du show. Ils ont joué leurs compositions ainsi que des pièces tirées du répertoire d’Alaclair Ensemble, collectif de post-rigodon dont ils font aussi partie. En tant que tel, Rednext level se définit par son public cible et par son objectif : la classe moyenne. C’est un rap varié sur des beats électro-pop dignes des gros producers américains. Les textes comiques sur fond amer valent la peine qu’on s’y attarde, mais malheureusement l’Atrium produisait un effet d’écho qui rendait le tout difficile à déchiffrer, ce qui s’est heureusement replacé avant la fin.
La foule, elle, ne s’en est pas préoccupée et s’est donnée à fond tout le long du spectacle, sautant, chantant, buvant, fêtant. Le tout s’est étiré jusqu’à minuit trente, le groupe enjoignant les spectateurs à saisir la morale du spectacle : «faire de la vitesse dans le sens légal du terme» et «danser avec ses poignets».
Les premières notes de Upright jouées par Hologramme sont parvenues à rassembler les quelques fêtards qui restaient dans l’Atrium après le rap-de-marée. Le groupe a livré une belle performance, se donnant dans leurs solos et improvisant sur différents titres, se concentrant d’abord sur la musique de leur album homonyme. Le public, en état général d’ébriété, a su malgré son petit nombre maintenir une ambiance très festive. Pas un spectateur qui ne dansait pas ou ne hochait pas du moins de la tête. Plusieurs semblaient apprécier à juste titre la musique qui leur était présentée avec ses teintes électro-rock-psychédélique. Vers 1h45, le groupe a conclu quelle attitude avoir devant les circonstances : «On va buzzer», nous annonce alors le claviériste. On a eu droit, en guise de final triomphant, à des explorations musicales intenses ficelées autour des toutes dernières compositions du groupe. Et ainsi s’est clos la toute dernière édition du Show de la Rentrée 2016, sous les yeux des quelques survivants tenant encore debout.
Marie-Ève Fortier
Nos impressions générales
Un peu moins affluent que par les années précédentes, et ce peut-être en raison de la température incertaine pour la scène extérieure, le Show de la rentrée était réussi dans son ensemble.L’ajout d’un vaste périmètre extérieur permettait aussi de mieux répartir les spectateurs, offrant un peu plus d’espace pour danser, par exemple.
Il faut souligner le fait que plus de la moitié de la programmation était composée de groupes locaux (c’est-à-dire de la ville de Québec) et qu’elle était faite de façon à pouvoir voir au moins 15 minutes de chaque spectacle. Les groupes étaient assez bien agencés, mais on aurait trouvé avantage à mettre Hologramme avant Rednext Level pour la progression musicale ainsi que la rétention du public.
Question technique, les spectacles ont presque tous commencé à l’heure prévue. Le son était bon dans la plupart des salles, malgré quelques accrocs par exemple à l’Atrium, où l’on entendait pas toujours bien selon le groupe ou notre emplacement dans la pièce. Autrement, l’éclairage était particulièrement réussi dans son ensemble.
Côté organisation, quelques uns ont été dérangés par le blocage de la rue entre le Desjardins et la scène extérieure. En outre, la présence et la quantité d’interventions des gardes de sécurité à la scène rock a paru excessive pour plusieurs étant donné l’ambiance pacifique et chaleureuse.
Somme toute, malgré ces quelques commentaires, nous comme la plupart des spectateurs avons bien profité de la soirée, qui s’est déroulé dans la bonne humeur et la festivité.
Les portes du Pantoum se sont fermées aux alentours de 9h vendredi dernier, puisque leur spectacle affichait déjà complet, chose rare pour la salle réputée pour ses heures tardives. Soit l’ouverture des portes à 20h a su, cette fois, motiver le public à arriver d’avance, soit il y en avait plus d’un qui attendait ce spectacle avec impatience. Toujours est-il que c’est une salle bien remplie (autant en quantité qu’en qualité) qui a accueilli Hologramme dès 9h30.
Le groupe de Montréal a commencé en force avec une pièce plus dansante, et ce devant un public déjà assez enthousiaste. Enfilant les chansons de leur album homonyme, Hologramme est passé à une section plus downtempo, remplie à souhait de synthé (on comptait alors trois claviers pour deux musiciens sur trois) et étirée par différentes improvisations musicales. Ça a donné le coup d’envoi pour la soirée, puisque le public déjà chaleureux s’est alors dégêné puis déchaîné. On a même eu droit à un épisode de bodysurfing difficile à décrire. Le tout s’est terminé avec une finale plus rock, pour ensuite déboucher sur la dernière chanson, où le groupe a donné toute l’intensité qui lui restait pour nous faire bouger sur un tempo accéléré.
Fait intéressant : depuis leur dernier spectacle à Québec, Hologramme ont décidé de changer leur formule live et de laisser plus d’espace aux jams. C’est à mon avis une nouvelle formule gagnante, puisqu’on leur a trouvé une intensité nouvelle dans les abondants solos de synthés ou encore dans les passes de basse et de batterie d’hier soir. La musique d’Hologramme, un heureux mélange de synthétiseurs, de rock, de groove et d’échantillonnage, se prête ainsi mieux à la performance sur scène, l’endroit où leur musique fait bouger tout le monde.
À l’arrivée de Ghostly Kisses, la fête s’est pour ainsi dire suspendue. Accompagnée ce soir-là par trois musiciens de talent de la ville de Québec (Antoine Angers, Vincent Lamontagne et Jean-Étienne Collin Marcoux), Margaux Sauvé a charmé le public avec sa voix douce et riche. En plus de ses simples plus connus, elle nous a joué différentes pièces qui explorent ses diverses influences (ballade rock, pop, électro) ainsi que quelques reprises. On a aussi eu droit à une nouvelle chanson, puis la chanteuse nous a annoncé que d’autres «surprises» arriveraient bientôt.
Côté musique, Ghostly Kisses a un certain talent pour mélanger le lyrique (piano, violon, voix) et le rythmique (basse, guitare, batterie). En live, les musiciens qui accompagnaient Margaux Sauvé savaient s’effacer tout en ajoutant leur touche personnelle. C’est que le groupe est habituellement composé de Margaux Sauvé et de Dragos Chiriac (Men I Trust), compositeur.
Ils ont livré une belle performance, plus intimiste et réservée que celle d’Hologramme. Les premières rangées ont d’ailleurs écouté le spectacle attentivement, mais on entendait en bruit de fond ceux qui étaient restés dans l’esprit de la fête en arrière. On aurait peut-être pu inverser l’ordre des spectacles pour assurer une meilleure écoute à Ghostly Kisses et un public déjà réchauffé pour danser sur les pièces d’Hologramme.
Toujours est-il que la soirée s’est bien déroulée et que, le spectacle se terminant exceptionnellement à 11h30, le public a pu se disperser et profiter du temps qui restait pour fêter ou parler entre amis. Décidément, on aime les spectacles de ce genre !
Ok. On sait maintenant pourquoi le Pantoum ne fait pas de spectacles l’été. Le terme «chaud» ne peut même plus exprimer l’intensité de la température qu’il faisait à l’intérieur hier soir à la rentrée. Le public, moi inclus, devait se relayer pour prendre des pauses d’air frais. Cependant, à travers cette nuit torride (c’est le cas de le dire) s’est tissée une ambiance superbe entre le public et les artistes.
Tout a commencé à Garbage Face. Les aléas de la vie étant ce qu’ils sont, je n’ai pu arriver qu’après cette prestation. Selon les dires de notre photographe et des quelques personnes que j’ai interrogées, Garbage Face a été apprécié pour son audace. En bon showman, il se serait donné et aurait beaucoup interagi avec son public, au milieu duquel il jouait, installé sur une étoile satanique en tape. Côté musique, il s’accompagnait lui-même avec des loop pedals et rappait par dessus. On m’a dit que ses paroles valaient la peine qu’on s’y attarde.
Jonah Hachéa poursuivi malgré la chaleur qui, à ce stade-ci, était déjà intenable. La salle était tout de même assez pleine. J’étais heureuse d’apercevoir de nouveaux visages, des novices au Pantoum. Seul sur scène, Jonah Haché variait beaucoup la couleur de sa musique, qui restait toujours cependant dans l’électro-pop rythmique. Les premières pièces tendaient plus vers le psychédélique (on aurait pu comparer à un mélange de Bonobo et de Tame Impala), puis il est s’orienté vers le pop-rock pour finir avec du hip-hip et du rap. Vers la fin de son spectacle, son matériel a malheureusement éprouvé quelques problèmes techniques (la chaleur était sûrement en cause). Haché en a profité pour partager une séance d’étirements avec son public, puis a terminé sur une pièce franchement old-pop et une autre un peu plus rock. Pendant toute la prestation, quelques courageux dansaient déjà devant la scène, bravant la sueur et les étourdissements.
Les danseurs avaient cependant gardé le plus gros de leur jus pour Uberko, visiblement un favori du public d’habitués. Que ce soit en écoutant attentivement ou en se balançant au son de sa musique, les gens présents partageaient l’intensité de l’artiste, qu’on lui connaît déjà. Sa musique, toujours très électro, un peu plus dansante que celle de l’artiste précédent, était aussi en partie jouée live. Avec sa caisse claire, son clavier, son micro et son ordinateur, il nous a balancé sa musique unique, un mélange d’ambiances (aérienne dans la mélodie et sauvage dans les rythmes). L’éclairage, composé de projections et de jeux de lumières, donnait lui aussi un effet très intéressant. Charmé par son auditoire, Uberko a conservé son intensité jusqu’à la fin malgré la température. Il nous a même présenté une de ses nouvelles chansons «datant d’avant-hier», celle-ci beaucoup plus introspective. Puis, il a terminé sur quelque chose de dansant. Il était presque une heure. On suait plus que dans un sauna, et c’était loin d’être terminé.
L’heure avancée et la chaleur en avaient déjà fait partir plus d’un lorsque Hologramme a commencé progressivement sa partie. Les trois musiciens se sont tout de même donnés, et le public qui restait (les survivants) leur a bien rendu. Suivant une belle progression dans les artistes, le groupe jouait presque tout lui même (basse, synthés, batterie, guitare), à l’exception de quelques échantillonnages. Ils venaient ajouter une touche groovy à la soirée à l’aide de leur électro-rock dansant. Avec des pièces plus courtes, plus punchées et moins répétitives que les artistes précédents, ils ont été à mon avis la cerise sur la coupe glacée (sundae en français) de la soirée qui s’est étirée jusqu’à deux heures du matin passées. La finale a été éclatante. Après une chanson sensuellement disco, on a eu droit à un spectacle de Poi (des boules illuminées au bout de cordes) d’un membre du public pour agrémenter les passes de keytar de Clément Leduc ou encore les solos de batterie de Laurent Saint-Pierre. Le public, qui s’est défoulé sur la piste de danse pour oublier la chaleur, ne voulait plus laisser partir Hologramme, scandant des «nous en voulons plus ». Le groupe nous a donc fait pas un, mais bien deux rappels entrecoupés de solos de keytar endiablés.
Cette soirée a bien donné le ton pour la 4e saison du Pantoum, qui devient de plus en plus développé et complet. Vous irez jeter un coup d’œil à leur nouveau site web pour le constater. Si vous parcourez les photos, vous pourrez aussi voir quelques uns de leurs locaux visités au passage par notre photographe Ludvig Germain Auclair. De mon côté, j’ai déjà hâte aux prochains spectacles, et j’ai maintenant une bonne raison d’apprécier les baisses considérables de températures à venir.