Quand après la troisième chanson de la soirée, Kouna a crié : « Bonsoir Club Soda! », on a cru que c’était une façon de piquer la foule, mais il en a remis quelques secondes plus tard et en réalisant sa méprise, il a décroché hilare; on a compris que c’était une erreur et qu’il avait visiblement encore un peu la tête dans la salle de la rue Saint-Laurent.
C’est devenu un des trois « running gags » de la soirée aux côtés d’André Arthur, à qui il a dédié la fabuleuse Shérif, ainsi que du troisième lien, crié ironiquement (il va sans dire) entre quelques chansons pour cette soirée préélectorale.
C’est la très « bérurière » Vache qui ouvrait la soirée et malgré toute la puissance sonore, on pouvait légitimement s’inquiéter pour la voix de Kouna. À l’entendre, on pouvait craindre qu’il peinerait à passer la soirée tant il semblait avoir tout gueulé au lancement à Montréal. Heureusement, tel un surhumain, non seulement la voix a tenu le coup, mais la performance enflammée, malgré quelques erreurs çà et là, a sans aucun doute comblé la foule de fidèles présente à l’Impérial. Au parterre, on était d’ailleurs à même de constater que l’album Bonsoir Shérif avait fait son chemin jusqu’aux oreilles des fans, ceux-ci chantant vieux classiques et nouvelles pièces tout au long de la soirée.
Ce qui frappe après ce généreux concert de plus de deux heures, c’est l’efficacité de la discographie de Kouna. Il peut passer d’agressives chansons à l’âme punk (Entre les vagues, Comme des macaques, Madame), à des tounes rock truffées d’agréable vers d’oreilles (Tic Tac, Poupée, La Joyeuse), à des pièces groovy (Congo, Doubidou – cette dernière chantée avec l’aide d’une foule enthousiaste) pour ensuite puiser dans ses ballades mélancoliques (Labrador, Napalm, Berceuse ou Batiscan). Ça donne un concert varié et riche en émotions diverses. On aime le côté ras-le-bol social de la proposition, mais aussi la touche poétique de la riche plume de Keith Kouna.
Si visuellement la proposition n’a rien d’éclaté, de sobres projections des musiciens sur six écrans rectangulaires, le groupe en fait bien assez côté énergie pour maintenir l’attention malgré le marathon musical. Parmi les très bons moments, il faut noter la très sentie performance solo d’Anna, la très punk Marie et ses paroles acerbes: « les humains c’est de la merde », chantées en coeur, ça fonctionne pas à peu près! Il y a aussi eu cette brillante performance de Kouna et son guitariste Martien Bélanger sur la maintenant classique Le tape. Bref, Keith Kouna, une valeur sure depuis déjà un bon bout de temps, a confirmé qu’on passe systématiquement une belle soirée en sa compagnie; imaginez lorsque le spectacle sera bien rodé…
En première partie, Joël Martel a présenté ses chansons volontairement brouillonnes et absurdes devant une foule interloquée qui observait le curieux personnage affublé d’un chapeau de pirate chanter à propos de légendes amérindiennes (Ouananiche ou hot-dog), du fait d’être « feeling » et autres sujets aux tendances absurdes. Si le pouvoir de réécoute me semble limité, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas être divertissant.
Ah, Agrirock! J’avais souvent entendu parler (toujours en bien) de toi, il fallait bien que j’aille constater par moi-même ce qui te rend si charmant!
Le Festival Agrirock célèbre l’arrivée de l’automne dans un torrent de décibels qui déferle sur le centre-ville de Saint-Hyacinthe. À partir de son quartier général, le très sympathique bar Le Zaricot, la musique s’invite dans de nombreux lieux (parfois inusités) visités par de non moins nombreux curieux. Rien de trop compliqué, rien de trop grandiose, juste une belle programmation remplie d’artistes qu’on aime découvrir et redécouvrir. Pas de choix déchirants (les shows se succèdent), pas de course contre la montre entre deux lieux (on marche bien davantage ailleurs, d’ailleurs), on peut consacrer tout notre temps à la musique.
Nous sommes donc allés, il y a quelques jours, assister aux deux tiers de la cinquième édition de ce festival qui vient de tomber dans la liste de mes coups de coeur. On a manqué la journée du jeudi (avec Bad Dylan, Georges Ouel, Robert Fusil et les chiens fous ainsi que Tintamare), travail oblige, mais on a manqué bien peu de choses du vendredi et du samedi. On vous présente ça sous forme de léger compte rendu accompagné de quelques photos!
Après avoir passé l’après-midi du vendredi à flâner dans le centre-ville (traduction : boire du cidre avec les guêpes au Zaricot), direction Fréquences le disquaire pour un petit tête à tête avec Antoine Corriveau. J’ai vu ce gars-là jouer dans presque toutes les formations possibles à toute heure du jour, mais jamais je ne l’avais vu seul avec sa guitare. Ça fait quand même un petit choc d’entendre toutes ces chansons, d’ordinaire si joliment arrangées, se retrouver toutes nues! S’il avait bien préparé quelques chansons pour l’occasion, au milieu de sa prestation, il a laissé le public choisir… Pauvre de lui, un spectateur lui demande de jouer Corridor, sa si magnifique reprise de la chanson de Laurence Jalbert. Corriveau s’essaie, mais il peine à trouver les bons accords (à sa défense, c’était la première fois que je l’entendais ailleurs qu’à la télé). Un Antoine à la bonne franquette, sans filet, qui s’essaie devant le public. On l’aime de même.
Direction l’entrée du Zaricot où les rappeurs de La Carabine s’exécutent. C’est énergique, les gars débitent leur flow avec entrain, la présence d’une batterie donne un rythme qui semble plaire aux spectateurs de la terrasse. On est peut-être un peu trop timides pour aller groover devant les gars malgré leurs invitations à le faire, ça ne veut pas dire que le public n’apprécie pas. Je vous avoue que j’aimerais bien les revoir dans un contexte différent (parce que j’avoue qu’entre Corriveau et Tire le coyote, j’étais peut-être pas trop dans un mood pour écouter du rap…).
On retourne chez Fréquences, cette fois pour une prestation qui avait été annoncée à peine quelques jours plus tôt, soit celle de Tire le coyote. Seul avec son fidèle Shampouing, on a pu entendre des versions acoustiques de quelques-unes de ses belles chansons tirées de Désherbage. Le magasin s’est rapidement rempli, même la gang de Matt Holubowski, qui jouait ailleurs en ville ce soir-là (dans un cadre autre que celui d’Agrirock) est passée faire un tour. Comme ce fut le cas avec Corriveau, le plaisir résidait dans l’interprétation toute nue de ces chansons si magnifiquement arrangées sur l’album, le tout présenté avec humour et simplicité, comme toujours. Gros pouce en l’air pour sa Jeu vidéo, adaptation fort réussie de Video Games d’une certaine Lana Del Rey.
On retourne au Zaricot, cette fois pour ne plus en sortir avant la fin de la soirée. On nous avait promis un traitement choc : Chocolat, Duchess Says et Les Breastfeeders.
Le premier groupe, celui mené par Jimmy Hunt, est toujours plaisant à voir et à entendre. On ne sait pas dans quel mood les musiciens seront (ça va de plutôt sage à complètement déchaîné), mais on sait que ça va être bon. Chocolat nous envoie des tonnes de briques au visage, une brique à la fois. Guillaume Éthier, qui jouait de la batterie avec le groupe pour une première fois, marquait le rythme avec énormément d’assurance. Les fans de Rencontrer Looloo et de Tss Tss en ont eu pour leur argent. Les guitares bien fuzzées nous ont fait bien voyager, à peu près autant que le saxophone de Christophe Lamarche-Ledoux. (En passant, on va pouvoir revoir Chocolat avec Cobrateens et Mauves au Pantoum le 25 novembre prochain… on vous le dit tout de suite, comme ça, vous pourrez mettre ça à votre agenda!)
La soirée se poursuit avec le post-punk déjanté de Duchess Says. On a pu entendre les chansons de Sciences nouvelles, le dernier album, ainsi que quelques plus vieux morceaux. On ne vous le cachera pas, la vraie vedette du groupe, c’est sa chanteuse, A-Claude, probablement la meilleure bête de scène qu’on a pu voir tout le week-end. Et les spectateurs le lui ont bien rendu : le job de photographe n’était pas de tout repos avec les mosh pits enthousiastes et spontanés! On se disait qu’après ça, les Maskoutains n’auraient plus d’énergie pour la suite…
On s’est trompé!
Notre vendredi soir s’est terminé avec Les Breastfeeders, qui étaient accompagnés d’un « nouveau » guitariste, un certain… Sunny Duval, qui a renoué (avec un plaisir manifeste) avec son ancien groupe! Si Les Breasts n’ont toujours pas de nouveau matériel à nous offrir (on en est encore à Dans la gueule des jours, paru en… 2011), c’est pas grave. On a droit à un show de greatest hits, comme le dit si bien Luc Brien! Pendant plus d’une heure, on danse, on sue, on regarde Johnny Maldoror se pitcher partout, on est juste heureux de retrouver Sunny en train de rocker comme un petit bum. Mais on a quand même hâte d’entendre du nouveau.
Après une bonne nuit de sommeil et un copieux déjeuner, il y avait Joëlle Saint-Pierre qui nous attendait avec son vibraphone et son clavier dans un café santé. Saint-Pierre a pris le temps d’expliquer son instrument (et la différence entre un xylophone et un vibraphone) aux curieux présents pour l’entendre jouer. Il y avait même un ado lui-même joueur de vibraphone qui observait attentivement son jeu. Saint-Pierre chantait ses chansons de sa douce voix qui se mariait magnifiquement bien avec les ondes émises par le vibraphone. Des chansons que vous pouvez entendre sur son fort joli album Et toi tu fais quoi.
Je suis passé rapidement voir Vedana qui s’exécutait au marché. Malheureusement, j’ai manqué une bonne partie de la prestation – j’avais laissé quelques éléments essentiels à ma chambre et à mon retour, le groupe avait déjà fini. Dommage, ça jazzait pas mal!
On s’en va ensuite au Bilboquet pour voir Les Louanges en formule Vincent Roberge solo. Une prestation qui m’a surpris par la vulnérabilité de Roberge, d’habitude trop cool (dans le bon sens). Cette fois, sans le groove de ses musiciens, on a eu droit au côté sensible de Vincent. Des sonorités moins jazzées, plus signer-songwriter qui lui vont très bien.
Pour voir le groupe suivant, on n’avait qu’à traverser la rue et entrer dans une galerie d’art où nous attendaient nos amis de De la Reine. On avait arrangé l’espace d’une drôle de façon : le groupe jouait à l’entrée, et les spectateurs étaient répartis entre l’arrière de la galerie, où on avait installé des sièges, et l’extérieur (on avait ouvert la porte de garage). Derrière le groupe, de belles toiles remplies de couleurs qui accompagnaient bien la musique pigmentée de De la Reine. Le trio de Québec nous a présenté ses chansons pop-rock-groovy-cool qu’on commence à bien connaître. Des morceaux efficacement interprétés grâce à la voix toujours parfaite d’Odile, du jeu de guitare de Vincent et des mains magiques de Jean-Étienne (qui alternent entre sa batterie et son clavier).
On avait déjà vu Louis-Philippe Gingras jouer dans un dépanneur, mais là, dans un restaurant spécialisé en shish taouk, on vous avoue qu’on est abasourdi! Difficile de mieux accompagner la poésie savoureuse des chansons du quotidien de Gingras qu’avec une belle odeur de patates à l’ail qui vient nous chatouiller les narines pendant que le troubadour nous chante Tigre géant, cet hymne grandiose à ce grand petit magasin! Gingras était en pleine forme devant un public aussi occupé à écouter qu’à savourer un bon petit début de souper.
Chose que j’aurais dû faire… j’ai eu faim toute la soirée, maudit!
On retourne au Zaricot pour un dernier droit pas piqué des vers et qui commence avec Lydia Képinski, qui me demande, pendant qu’elle s’installe, si je suis pas tanné de la voir. Ben Lydia, pour une fois qu’il ne pleut ou qu’il ne neige pas pendant que je te vois, maintenant que je sais qu’il n’y a pas de risque que la génératrice tombe en panne juste au moment où je peux pleinement profiter de ton show plutôt que de te prendre en photo, non, je ne suis pas tanné!
Fidèle à son habitude, Képinski se lance avec sa chanson inspirée des Mystérieuses cités d’or (que les spectateurs chantent avec entrain le moment venu). Oui, il y a bien eu quelques chansons de son EP (divine Brise-glace avec une finale pendant laquelle Blaise Borboël-Léonard se déchaîne au violon, et toujours trépidante Andromaque), mais on a aussi entendu sa reprise space des Temps fous, de Daniel Bélanger. J’ai même eu droit à Pie IX (que je ne me souviens pas d’avoir entendue à Québec)! Mais pas d’Apprendre à mentir, qui est probablement sa plus connue. En revanche, un gros direct au menton de Mélanie Joly et de nombreux sourires! Et quelques fans à l’avant qui connaissaient les chansons de Lydia par coeur (je te jure, y’avait pas juste moi).
Gros Soleil était mieux connu sous le nom de Les Truands. Le groupe originaire du coin avait visiblement de nombreux amis sur place, parce que ça communiquait beaucoup dans les deux sens, toujours dans la bonne humeur. La prestation a été divisée en deux : la première avec le matériel de Gros Soleil, la deuxième avec celui (et la formation) des Truands. Une heure pendant laquelle on a touché à pas mal toute la palette du rock. Un show qui a fait plaisir aux fans, qui se donnés à fond!
Pour le clou de la soirée au Zaricot, on nous a réservé une primeur : le grand retour de Keith Kouna en solo!
Un Keith Kouna qui aurait bien pu annuler son spectacle : un petit Kouna est venu au monde il y a à peines quelques heures et le chanteur avait très peu dormi ces derniers jours! Quoiqu’avec la prestation qu’il a donnée, on se dit qu’une chance que Kouna n’était pas en forme… Comme toujours, l’auteur-compositeur-interprète a communié avec son public pendant que ses (excellents) musiciens ajoutaient de la couleur à ses tableaux pas toujours jolis de la société dans laquelle on vit. Si on a eu droit à quelques morceaux choisis de son nouvel album (qui paraissait quelques jours plus tard), on a aussi eu droit à de nombreux classiques qui ont permis aux spectateurs de se défouler à fond. Parmi les nouvelles, il y a cette Vache, qui risque d’entrer dans vos têtes pour ne plus jamais en sortir.
Mais le vrai clou de la soirée, c’était Gab Paquet! D’ailleurs, vous me pardonnerez si je suis bref, c’est que voyez-vous, une fois de temps en temps, il est plus plaisant de participer au spectacle que de l’analyser. Surtout quand on peut danser comme s’il n’y avait pas de lendemain en criant les paroles des chansons comme 90 % des spectateurs présents. Cathartique. Et rempli d’amour.
Une fois le spectacle fini, direction le lit. C’était déjà la fin. Deux jours qui ont passé follement vite, même si l’ambiance d’Agrirock est plutôt relaxe. Aucun show en opposition, aucun choix déchirant. Une programmation linéaire, mais variée et équilibrée qui a donné une longue série de bons moments.
Chapeau à la petite gang d’organisateurs d’Agrirock qui font visiblement ça pour l’amour. De la musique, mais surtout de leur ville, qu’ils animent toute l’année durant!
Ça finit bien un gros été de festivals. En graffignant en douceur!
Keith Kouna, héros local et poète sombre, nous revient avec un 4e album solo intitulé Bonsoir Shérif. Le dernier disque « régulier » de Kouna, Du plaisir et des bombes (l’incroyable projet de Voyage d’hiver étant une relecture de 24 lieds de Schubert), voyait le chanteur iconoclaste emprunter un virage plus pop. Pop ici est un terme relatif à la quantité de vers d’oreille encore bien ancrés dans le cortex de tout mélomane ayant donné quelques écoutes attentives à l’album; on est loin d’un artiste pop au sens aplaventrisme devant les radios commerciales pour plaire au plus grand nombre du terme.
Cette fois, malgré les airs pop d’une chanson comme Poupée, on retrouve une plus grande variété dans les sonorités, passant du post-punk style années 80 sur Vaches, aux brulots rock très Kounesque de Shérif, Madame ou Marie, au groove surprenant de Congo et à l’inclassable Doubidou. Cette dernière, un hymne de style cabaret dédié à la déchéance de l’homme capitaliste est accompagné d’un rythme de clavier que n’aurait pas renié Pierre F. Brault, créateur de la musique pour Passe-Partout. Cette dichotomie chère à l’oeuvre de Kouna entre une musique plutôt joyeuse et un texte furieusement cynique n’a jamais été aussi frappante. Malgré cette vaste palette sonore, l’album est assez linéaire côté thématique. On parle généralement de déchéance humaine (Poupée, Vaches et Pays) parfois vue sous la lentille de la guerre (l’excellente Marie et Congo), de la répression policière (la très évocatrice Shérif), de la dépression (Madame) et de l’apocalypse (Berceuse).
Si l’ensemble est très cohérent, la pièce d’ouverture Ding Dang Dong, laisse perplexe. La poésie énumérative de Kouna est aussi très présente, le procédé étant utilisé dans la plupart des chansons peut devenir irritant à la longue. Certaines chansons, comme Poupée et Pays, seront d’ailleurs de solides défis mnémotechniques pour l’interprétation en concert, mais Kouna n’a jamais été terrorisé par les longs textes (il suffit de penser à Godichons). Malgré ces petites doléances, Bonsoir Shérif, est un autre bon disque de Keith Kouna qui est heureusement devenu un incontournable de la scène musicale québécoise.
Comme nous n’arrivons pas à être partout en même temps, mais qu’on a des bien bons amis, on a demandé à Camille Goulet, ancienne trifluvienne, mélomane et jeune femme à la plume magnifique, de nous faire un résumé de son expérience à La Noce.
Salut La Noce, veux-tu ben m’épouser?
Je n’ai jamais rêvé secrètement d’un mariage irréaliste comme ceux qu’on voit dans les films. Mais à ma grande surprise, en ce samedi 8 juillet 2017, l’envie d’épouser, non pas un homme en particulier, mais plutôt un événement musical au grand complet, s’est emparée de moi.
En avril dernier, le divertissant et futé Philippe Brach, porte-parole de l’événement, nous invitait via un vidéo en direct du Pakistan, à La Noce du Saguenay, un événement auquel « faudrait être cave en osti pour pas se pointer » selon ses dires. Déjà « teasée » solide par sa publicité et la programmation qu’il annonçait, je me suis dépêchée de me trouver des billets. Quelques mois plus tard, le jour de La Noce arrivait.
Après de multiples péripéties et quelques heures de route, j’arrive à Chicoutimi, l’âme emballée. La Zone Portuaire s’ouvre à moi. Accueillie par ceux qu’on appelle les Clowns noirs et un décor construit avec les personnages colorés que l’on retrouvait sur toutes les publicités de l’événement, j’entends déjà Le Gros Groupe offrir à une foule éclectique, quelques mélodies instrumentales. Il y a des « food trucks » pour tous les goûts et des artisans locaux qui occupent des kiosques pour nous offrir leurs produits. Les festivaliers se déplacent avec le sourire pendant qu’un célébrant offre des mariages à 10 $. C’est La Noce, t’sé. L’organisation a poussé le concept jusqu’au bout, au plaisir de tous. De mon côté, je me prends une bière et je me promène sur le site pendant que Mordicus pousse la note.
L’horaire de l’événement était partagé sur deux scènes qui se succédaient merveilleusement. Après le spectacle de Mordicus sur la grande scène, Le Gros Groupe accompagné de Philippe Brach, prennent place sur la petite scène pour quelques chansons. Vers 15 h 30, le groupe éclaté Violett Pi (que j’adore) anime la grande scène. Tous costumés, les membres jouent des pièces tirées de leur premier EP ainsi que de leurs deux albums, devant des fans extasiés. S’en suivent des prestations alternées de LAB, Gazoline, puis Martel Soloen Duo qui nous offre de la musique pour nous accompagner pendant l’heure du repas.
En début de soirée, c’est l’entrée en scène des Hôtesses d’Hilaire. En plus des pièces interprétées, on a droit à un spectacle d’humour de la part du chanteur Serge Brideau. Les fous rires éclatent sous une pluie fine qui nous quitte aussitôt. Sur la petite scène, les festivaliers assistent aux prestations de Chantier, Soucy et La Famille Bédard qui se relayent toujours avec celles de la grande scène. Vers 19 h 30, le très attendu Philippe Brach est acclamé par la foule. L’artiste offre comme toujours, un spectacle extraordinaire. Il parcourt la scène en sautillant et en dansant au travers de ses musiciens talentueux, tout en étant en parfait contrôle de sa voix à la fois puissante et mélodieuse. Sa chanson Si proche et si loin à la fois, interprétée en duo avec Klô Pelgag a su mettre en appétit les spectateurs pour la performance subséquente de cette dernière. La toute petite femme au talent immense, accompagnée de ses multiples musiciens chevronnés a su offrir un spectacle fabuleux. La clôture de La Noce s’est faite avec Les Goules, qui attirent, à chaque fois, de nombreux admirateurs nostalgiques et ardents. Tous hurlaient les chansons à l’unisson avec Kouna au micro. Pour les plus coriaces, La Noce prenait fin aux petites heures au Sous-Bois avec un « after ».
C’est avec de beaux souvenirs, un léger mal de tête et le sourire aux lèvres que je lève mon chapeau et mon verre aux initiateurs de l’événement, les gars d’Ambiances Ambiguës, Éric Harvey et Fred Poulin ainsi qu’à Diffusion Saguenay pour cet événement original, festif, agréable et orchestré à merveille. Longue vie à La Noce!
Samedi passé, c’était jour de fête au Scanner Bistro! Pour fêter les vingt ans du bar, on a invité Keith Kouna et sa bande, avec une telle valeur sûre, les organisateurs n’ont pas raté leur coup. Le Scanner, pour moi, c’est la place idéale où atterrir quand, après une soirée arrosée passée en haute-ville, t’as envie de t’arrêter prendre une bière pour la route à mi-chemin vers Limoilou. En plus, il y a la lampe chauffante. LA LAMPE CHAUFFANTE. Qui te permet le luxe immense d’oublier ton manteau d’hiver à l’intérieur le temps de fumer ta clope. C’est simple, les caraïbes ont leur ambassade au 291, St-Vallier Est.
La soirée a débuté vers 23h30 et déjà, la salle était pleine à craquer puisque les fêteux ayant passé leur soirée au Cercle pour la Ligue Rock se sont rejoint après le show pour poursuivre ce que Xavier Caféine, Les Hôtesses d’Hilaire et Royal Caniche avaient commencés.
– Ding dang dong!
– Qui est là?
– Des nouvelles tounes!
Quel beau cadeau de fête que des chansons inédite du punk à cravate! Kouna prend le temps de nous apprendre les refrains pour être sûr qu’on les chante comme on aime chanter ses vieilles et moins vieilles chansons. Il nous invite au carnaval des animaux pour traire les vaches(!?) et ça fitte bien avec l’ambiance du parterre puisque la foule est rapidement devenue un cirque de chiens galeux et de chats de gouttières qui tètent non pas des pies de vache mais des bouteilles de whiskey et de la Death Valley(miam, c’est bon).
Après nous avoir traités de mal-élevés, le party continue avec des pistes de ses deux autres albums Du plaisir et des bombes et Les années monsieur. J’ai quand même bien hâte à la sortie du prochain, pour mieux apprécier les paroles sans les hurlements du public!
À ce stade-ci, votre humble serviteure est encore sèche de sa personne. Mais combien de temps cela va-t-il durer? Rester sec dans un show qui bouge autant, c’est comme compter sur les déneigeuses pour qu’elles fassent une bonne job. Ça marche pas, et au petit matin tu scrape tes bottes dans une flaque de slush. Youpi!
J’ai juste failli perdre mes lunettes deux fois dans le slam, j’ai frôlé la commotion cérébrale après un surf un peu périlleux dans une foule éméchée, et mes vêtements ont eu besoin d’un bon lavage. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour jouer les gonzos! Malgré quelques problèmes techniques (le claviériste s’est enfargé dans ses fils après un body-surfing un peu houleux et hop! une petite virée sur bandcamp pour se souvenir des paroles) la soirée était tout ce qu’on pouvait espérer de meilleur pour célébrer la réputation du Scanner. Vingt ans de folie et on souhaite que ça continue encore longtemps!
Malgré quelques soubresauts de vie (une paire de concerts anniversaires pour souligner les 10 ans de l’album éponyme) Les Goules avaient été placés sur le respirateur artificiel et c’est de façon aussi soudaine qu’inespérée qu’ils ont repris vie de manière fort éloquente avec leur nouvel album Coma, paru début mars. Ils venaient enfin présenter le fruit de cette résurrection vendredi soir dernier dans un Cercle paqueté et suintant. Ils étaient attendus et le moshpit s’est déchaîné en même temps que les premières notes de Parle Parle, la foule s’exécutant après les 4 coups de baguettes du batteur Igor Wellow. Le ton était donné.
C’est parés de nouveaux déguisements que les Goules ont transmis leur folie à la foule dans une joyeuse épidémie… Ça sautait, poussait, lançait de la bière, crachait les paroles avec acharnement. Le tour de force aura été de constater que les fans massés au-devant de la scène connaissaient déjà très bien le nouveau matériel. Ainsi, des chansons comme Coat de cuir, Piranhas ou Régimes auraient donné l’impression à un néophyte qu’il s’agissait de vieux classiques. Pour ceux-ci, le groupe a eu l’excellente idée de les insérer partout à travers les nouvelles chansons. On a donc pu entonner Taupe, Matelot ou Les Animaux assez tôt dans la soirée. Plusieurs moments goulesques sont venus ponctuer cette soirée dont cette incapacité qu’a eu le chanteur Keith Kouna à faire taire cet enfant terrible qu’était la foule alors qu’il essayait tant bien que mal de faire l’intro de la chanson Folk guitare «déploguée». Après un succès mitigé (pas certain que les gens en arrière aient saisi quoique ce soit de la partie acoustique de la chanson), il y a eu un moment de confusion alors que Kouna a manqué un «cue» de mise en scène lorsqu’il a déposé sa guitare classique à la fin de la chanson. Celle-ci semblait avoir été épargnée avant d’être hargneusement fracassée sur la scène dans ce qui semblait être un véritable exutoire. Le moment « Mes Aïeux », dixit Keith Kouna, se terminait d’une drôle de façon. Plus tard, on a dû deviner qui de Bobby Bazini ou Andrée Waters avait été le premier vivant aperçu par le groupe à son réveil du coma. Nous fûmes bernés par Monsieur Kill… Ils nous ont aussi servi une douce chanson d’amour: Pendaison, une hyperbole! Quand on croyait que la soirée ne pouvait être plus étrange, Kouna avouait être le professeur de danse de Yann Perreau, Beyoncé et Snoopy. On pourrait presque y croire…
Le concert a donc déboulé à un rythme effréné et le public qui en redemandait sans cesse en a reçu plein les tympans. Cette séance s’est terminée par la performance jubilatoire de Crabe, puis le rappel n’a fait que confirmer le statut mérité de groupe culte qui colle aux Goules, même s’ils n’en ont probablement rien à faire. Que ce soit durant Montagne, Biker, Dynamite ou Ville, le groupe a mis le public à sa main. Du devant de la scène au fin fond du Cercle, des spectateurs en transe chantaient et trippaient constatant que le groupe fétiche dépassait largement les cadres d’une réunion nostalgique. Rabin Kramaslabovitch, Ken Pavel, Klaudre Chudeba, Kouna et Wellow ont semblé profiter du buzz comme il se doit. Nous avons assisté à une renaissance et ce n’est certainement pas Québec qui allait s’en plaindre.
En première partie, Gerbia a garroché son punk-hardcore crasseux rappelant The Exploited. Pour le peu qu’on saisissait, on comprenait vite le créneau: une exécution ultra rapide sur fond de rébellion. Efficace, mais un brin répétitif n’en déplaise aux fidèles qui se réchauffaient dans le slam.
Moins de deux mois avant le coup d’envoi du 33eFestival de la chanson de Tadoussac, l’organisation a rendu officiel sa programmation. Ce sont près de 40 artistes qui se succèderont sur les six scènes installées sur la magnifique région de Tadoussac. Pendant quatre jours, du 9 au 12 juin prochain, les festivaliers pourront s’amuser aux rythmes de légendes de la chanson tout en découvrant la crème de l’émergence.
En tête d’affiche, nous retrouvons le légendaire Plume Latraverse et Isabelle Boulay. Avec eux, Bernard Adamus, Les Sœurs Boulay, Steve Veilleux, Yann Perreau et Thomas Fersen amèneront une bonne dose de musique à Tadoussac. Le spectacle Sept jours en mai, projet inusité de Michel Rivard, Luc de Larochellière, Mara Tremblay, Éric Goulet, Gilles Bélanger et les Mountain Daisies, sera aussi présenté pour la seule fois en formule festival selon le calendrier de tournée.
Du côté des découvertes et de la relève, Tadoussac a réussi a dégoter de belle prises avec des soirées bien rythmées incluant Busty and the Bass, Poirier, Dumas, Cherry Chérie et Laurence Nerbonne. Les amateurs de folk et de douceur seront servis avec Safia Nolin, Laura Magnan et Rosie Valland. Les rockeurs ne seront pas en reste avec Keith Kouna, qui offrira un spectacle solo, Zébulon, Pandaléon, Les Goules et Galaxie, tout deux sur le bord de l’eau (!).
Le nouveau directeur de la programmation, Marc-André Sarrault, concernant la programmation 2016 :
Cette année, pour son 33e anniversaire, le Festival fait quelques clins d’oeil au passé, a les deux pieds dans le présent et l’oreille résolument tendue vers l’avenir. L’édition 2016 caressera, surprendra, bercera, écorchera, chatouillera et satisfera les oreilles, des plus jeunes aux plus expérimentées.
L’an dernier nous avions adoré notre séjour à Tadoussac. Le festival fait vivre des moments uniques aux festivaliers. Le compte-rendu est disponible ici.
Les billets sont en vente sur le site web du festival selon divers forfaits. Le festival a lieu du 9 au 12 juin prochain, et il représente votre seule chance de voir Les Goules et Galaxie rocker sur le bord de l’eau
Morts et enterrés depuis neuf ans, les Goules ont largué une bombe la semaine dernière en sortant leur nouvel album, Coma. Pour l’occasion, j’ai rencontré Rabin Kramaslabovitch et Keith Kouna dans une ambiance décontractée au Valentine sur la 3e avenue à Limoilou.
Les jams du samedi à l’origine de la résurrection
La sortie inattendue de Coma a naturellement soulevé quelques questions. On se demande d’ailleurs depuis combien de temps les Goules travaillaient-ils sur l’album: « Ça faisait un bout qu’on savait qu’on allait faire un disque. Le disque est fini depuis le mois de décembre! », raconte Kouna. Les membres du groupe, qui sont aussi de vieux chums, n’ont jamais cessé de se voir. Or, c’est un peu avant le départ de Kouna pour la France, il y a trois ans, qu’ils ont commencé à se retrouver tous les samedis pour pratiquer et composer des chansons: «On le faisait tranquillement, il n’y avait pas de pression pour sortir un disque, il n’y avait pas d’urgence. On faisait ça une toune à la fois», dit Kouna, «du moment où on a commencé à faire des p’tits jams les samedis et qu’il y a eu des affaires le fun qui en sortaient, on se disait que la fibre était encore là.» Rabin précise que ça allait de soi de continuer le processus puisque les musiciens avaient du plaisir et produisaient du matériel intéressant. Par ailleurs, les Goules ont été très discrets sur leur éventuel retour. Kouna explique: «On ne voulait pas se donner de pression. On n’en avait pas eu du tout et on voulait éviter d’être affublé de questions et de demandes. On était enterré et mort. Ça ne nous tentait pas de revenir tranquillement, on voulait revenir d’une shot.»
En studio
L’album a été enregistré au Wild studio à Saint-Zénon (Lanaudière) avec Pierre Rémillard à la prise de son et Vincent Gagnon à la réalisation. Le Wild est un endroit très apprécié des musiciens, notamment pour sa localisation reculée dans la nature où les distractions sont rares. «C’était la première fois qu’on avait une subvention pour taper un disque et c’était la première fois qu’on avait accès à un vrai studio. On a checké deux ou trois options et on s’est dit que tant qu’à avoir des sous pour s’offrir un studio professionnel, ben on va y aller», dit Kouna, « on en a jasé avec Vincent et ça été un choix de band de s’en aller à Saint-Zénon.» Rabin ajoute que l’envie de travailler avec Pierre Rémillard, reconnu comme étant un très bon producteur, penchait beaucoup dans la balance. « On regardait avec qui on voulait travailler. Il y avait quelques noms, mais Pierre fittait avec le rock des Goules», avoue Kouna.
La réalisation
Pianiste jazz de Québec et pianiste de Keith Kouna depuis huit ans, Vincent Gagnon signe la réalisation de l’album. Comme l’univers musical des Goules contraste définitivement avec celui de Gagnon, on se demande par quels moyens les deux parties ont réussi à travailler ensemble. «On connaissait bien Vincent à cause de la collaboration qu’il avait avec Kouna», raconte Rabin, «je pense que c’est quelqu’un qui s’adapte bien, qui est ouvert d’esprit et c’est un très bon pédagogue.» Kouna croyait qu’il était le choix idéal pour les Goules parce que « Vincent est tellement structuré. On se mettrait tous ensemble et on n’aurait pas sa structure. Il est arrivé au studio avec un immense tableau sur lequel était écrit tout ce dont on avait à faire. Il est hyper calme et ne part pas su’a brosse.» Gagnon maintenait l’équilibre et son implication dans le projet était totale. Ayant «une bonne tête de musique, au clavier comme à la rythmique», Gagnon a entre autres misé sur la constance du rythme et a travaillé beaucoup avec le batteur. «Il a été vraiment excellent», affirme Kouna.
Quand Kouna écrit
On le sait, Keith Kouna possède un talent pour les mots. Il est d’ailleurs derrière les textes de Coma. Rabin tenait à dire que « quand Kouna était avec nous, ce qui était intéressant, c’est qu’il marmonnait souvent un peu n’importe quoi. À un moment donné, il y avait un mot qui sortait, comme coma justement. Il improvisait. Il est magnifique pour trouver des mélodies vocales sur le rock.» Kouna procède beaucoup par improvisation et apprécie composer pour les Goules: « Avec les Goules, je peux faire éclater le je et je me décolle de moi-même. L’univers des Goules me permet d’aller n’importe où, tout est permis et c’est franchement agréable. Je m’ennuyais de ça.»
Les spectacles à venir
Les Goules se produiront en spectacle dans les prochains mois et s’arrêteront au Cercle le 29 avril prochain. Comme le groupe est reconnu pour donner des shows complètement débiles, on peut se demander à quoi s’attendre: « C’est sur que la première stretch qu’on va faire va être dans les bars ou les petites salles. Il n’y aura pas de figurant, mais on va se débrouiller pour donner des shows assez intéressants», nous promet Kouna. «Un grand retour au 5 ans d’âge mental» renchérit Rabin. Les spectacles des Goules sont des exutoires, un gros «Fuck Off!» comme le disent Kouna et Rabin. C’est pourquoi, selon eux, ils ont réussi à créer un bassin de fans fidèles qui a permis aux Goules d’accéder au statut de groupe culte.
J’aime beaucoup terminer les entrevues avec un questionnaire qui permet de connaître les habitudes musicales des artistes qu’on aime. Kouna et Rabin se sont livrés au jeu et les réponses sont étonnantes et savoureuses.
Quel est votre album culte?
Rabin: King for a Day… Fool for a Lifetime de Faith No More. Je te dirais que c’est un album qui joue souvent, partout.
Kouna: Je ne sais pas si c’est mon album culte, mais c’est définitivement l’album que j’ai écouté le plus souvent depuis quelques années; Either/Or d’Elliott Smith. J’y reviens toujours. C’est le meilleur mélodiste depuis Lennon.
Qu’est-ce que vous écoutez quand vous êtes in the mood for love?
Rabin: Pour moi, Blues Funeral de Mark Lanegan et les albums de Mark Lanegan avec Isobel Campbell peuvent être de bons disques pour le in the mood.
Kouna: PJ Harvey, Let England Shake et Mark Lanegan Blues Funeral aussi.
Meilleure musique pour les roadtrips?
Rabin: J’aime bien tout ce qui est vieux métal pour les roadtrips. J’aime le vieux Metallica, le vieux Mötley Crüe, le vieux Maiden. Je veux pouvoir chanter dans mon char.
Val: As-tu essayé la bière d’Iron Maiden?
Rabin: Oui! C’est une bonne bière! Elle n’est pas trop forte.
Val: ah oui! Eh ben…
Kouna: Ah! du Hank Williams III. L’album Staright to Hell.
Dernier album que vous avez acheté?
Rabin: Un disque de Big Business que j’ai acheté en ligne. C’est un groupe qui ressemble beaucoup aux Melvins.
Kouna: Je pense que c’est Astronomie d’Avec Pas d’Casque.
Plaisir coupable?
Rabin: J’en ai pas mal. Lady Gaga, pour vrai. J’adore cette artiste. C’est quelqu’un de créatif. Elle a de bonnes mélodies et elle a l’air maître de ce qu’elle fait. Elle aime le métal et je trouve ça fantastique. C’est une artiste qui est très complète.
Kouna: Moi aussi j’ai le plaisir coupable «Lady Gaga». Pas mal moins depuis un bout de temps.
Rabin: Moi, quand j’entends Bad Romance, je suis content.
Kouna: Sinon, il y a le chanteur qui chante comme une chèvre.
Rabin: Alain Bashung?
Kouna: Non, celui qui chante «Mon espérance à moi»… JULIEN CLERC! Quand la toune passe à la radio, je suis satisfait.
Quelle chanson aimeriez-vous qu’on joue à vos funérailles?
Rabin: Si je meurs avant Kouna, je lui ai demandé de jouer Déo pour que le monde pleure. Sinon, j’aime bien Angel of Death de Slayer.
Kouna: Angel of death de Slayer ou du Electric Wizard. Bof, je mettrais Folk. (chanson à saveur incestueuse tirée de l’album Coma)
Rabin: Ou Kouna qui chante Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion.
Quelque part dans la nuit entre le 29 février et le 1er mars, sorti de nulle part, le spectre des Goules s’est rematérialisé laissant ses disciples dans une émotion trouble mixant stupeur et excitation. Les Goules seront restés dans le coma pendant 9 ans (avec quelques soubresauts d’éveil pour de rares concerts anniversaires), période pendant laquelle son chanteur Keith Kouna s’est lancé dans une aventure solo remarquée. Ils avaient d’ailleurs prétendu ne pas vouloir surfer sur la nostalgie plus longtemps; un futur retour des Goules s’accompagnerait de nouveau matériel. (voir à ce sujet l’excellente entrevue avec Keith Kouna parue en mai 2015 sur voir.ca)
Nous y sommes: il y aura de nouveaux spectacles et du nouveau matériel. L’excellente nouvelle, il va sans dire, c’est que ce nouveau matériel est ancré dans l’ADN des Goules et les chansons sont d’une redoutable efficacité. C’est parfois irrévérencieux; Folk, ce pastiche Kaïn-ish en est l’exemple le plus probant, mais il y a aussi Parle Parle et Fermez vos gueules. Puis, d’autres pièces inquiétantes comme Coma, une des pièces les plus lourdes du catalogue des Goules, ou Bateau Mort. On retrouve bien sûr ces petits brûlots typiques de l’univers des Goules, Piranhas et Coat de Cuir, portraits de types tourmentés amalgamés en une critique sociale. Régimes, un autre sommet sur l’album, propose une habile corrélation entre les régimes alimentaires et politiques. Efficace. Que dire de Bouddha, étrange fable érotico-biblique où le personnage visualise un Bouddha qui traine avec des pornstars, le tout sur une mélodie punk et luxuriante. Finalement on retrouve 2 pièces, Blanc Boeuf et Bergerie (cette dernière semble née de l’union entre Paradis et Napalm, deux pièces du disque de Kouna Du plaisir et des bombes), qui auraient sans doute pu trouver leur place sur un album solo de ce dernier puisqu’elles se rapprochent davantage de l’univers (légèrement, il faut relativiser!) plus propre de ce dernier. Tout ça forme un tout cohérent et extrêmement efficace. Les vers d’oreille sont nombreux et vont assurément peupler l’imaginaire de votre cerveau de mélomane. Mention spéciale aussi à la superbe et inquiétante pochette de Pierre Bouchard.
Les Goules supporteront ce nouveau matériel lors d’une tournée de spectacles qui s’arrêtera entre autres au Cercle à Québec le 29 avril et à la taverne de Saint-Casimir le lendemain.