Je suis toujours en retard. Sur tout. Films, séries télé, livres et musique. Sur la mode aussi mais ça, c’est un autre dossier. Y’a tellement de choses à découvrir que si je veux en profiter pleinement, il faut que je m’arrête un peu. Pas le choix. Je suis incapable de butiner. Je n’ai pas ce talent qu’ont mes collègues d’assimiler tout rapidement et d’écrire ensuite quelque chose de pertinent. J’aime prendre mon temps, rêvasser, écouter les disques mille fois, dans des lieux différents, jusqu’à connaître les paroles et les solos par cœur. Et puisque ce merveilleux blogue de passionnés me laisse la liberté de vous parler de ce que je veux quand je le veux (c’est-y pas beau la vie?), j’ai décidé d’assumer ma lenteur et de vous présenter cet album paru en mai 2015.
J’ai découvert le duo The Milk Carton Kids en regardant Another Day, Another Time (le documentaire-concert hommage à la musique du film Inside LLewyn Davis des Frères Coen) il y a deux semaines. Dès les premières notes, j’ai été séduite par la beauté de leurs voix en harmonie, la richesse de leurs mélodies et par la douce mélancolie qui émane de leur musique. Leur son est si apaisant qu’il arrive même à me faire supporter la foule de la ligne orange à l’heure de pointe. Rien que pour ce refuge, je leur serai éternellement reconnaissante.
The Milk Carton Kids, c’est Kenneth Pattengale (le type au picking de feu) et Joey Ryan, deux guitaristes-chanteurs de Los Angeles qui avaient leur propre projet solo avant d’avoir, en 2011, l’excellente idée d’unir leurs talents. Un premier album intitulé Prologue voit le jour la même année et permet aux deux comparses de faire de la tournée en ouvrant pour différents groupes de la scène folk. En 2013, sur l’étiquette Anti (Tom Waits, Calexico, Nick Cave) le duo sort Ash & Clay, titre qui leur vaudra une participation à la prestigieuse émission Austin City Limits (PBS), une nomination aux Grammy Awards et le prix du meilleur groupe de l’année aux Americana Music Awards.
Ce n’est pas pour m’excuser de l’avoir découvert si tard, mais Monterey n’aurait à mon avis pas dû paraître au printemps. C’est plutôt l’album idéal pour passer à travers la grisaille de l’automne, accompagné d’une p’tite laine et d’un vin chaud aux épices. Ashville skies, la superbe première pièce, dépeint d’ailleurs parfaitement l’arrivée de la saison et le besoin soudain de se mettre le cœur au chaud :
Good god, is it November?
The leaves burn auburn red
The Ashville skies and timber
Are holding onto it
But I cannot remember
That feeling hopeful song
That rose of our September
My word, what have we done?
I’d love nothing more than to cover my face
Forget who I am and get out of this place
Pretend to be somebody other than me
And go on living that way
Sur ce troisième album, Pattengale et Ryan explorent donc avec la même nostalgie et un brin de cynisme politique (qui pourrait le leur reprocher?), les thèmes de l’appartenance, de la fuite, de la liberté et du voyage. Pas étonnant qu’ils aient choisi d’enregistrer les onze chansons sur la route, avant leurs concerts, laissant ainsi leur son profiter de l’espace scénique et confiant à un seul micro la délicate tâche de capter tout ça. Le résultat est tout simplement magnifique et témoigne d’un grand abandon et d’une exceptionnelle justesse de la part des musiciens.
Deux guitares, deux voix, réunies en toute simplicité. Il faut parfois si peu pour atteindre la beauté…
Pour écouter la chanson « Monterey »:
Pour écouter l’album complet:
Pour écouter ce qu’ils ont réussi à faire avec une pièce de Pink Floyd (rassurez-vous, ce n’est pas sur l’album):