Comme nous n’arrivons pas à être partout en même temps, mais qu’on a des bien bons amis, on a demandé à Camille Goulet, ancienne trifluvienne, mélomane et jeune femme à la plume magnifique, de nous faire un résumé de son expérience à La Noce.
Salut La Noce, veux-tu ben m’épouser?
Je n’ai jamais rêvé secrètement d’un mariage irréaliste comme ceux qu’on voit dans les films. Mais à ma grande surprise, en ce samedi 8 juillet 2017, l’envie d’épouser, non pas un homme en particulier, mais plutôt un événement musical au grand complet, s’est emparée de moi.
En avril dernier, le divertissant et futé Philippe Brach, porte-parole de l’événement, nous invitait via un vidéo en direct du Pakistan, à La Noce du Saguenay, un événement auquel « faudrait être cave en osti pour pas se pointer » selon ses dires. Déjà « teasée » solide par sa publicité et la programmation qu’il annonçait, je me suis dépêchée de me trouver des billets. Quelques mois plus tard, le jour de La Noce arrivait.
Après de multiples péripéties et quelques heures de route, j’arrive à Chicoutimi, l’âme emballée. La Zone Portuaire s’ouvre à moi. Accueillie par ceux qu’on appelle les Clowns noirs et un décor construit avec les personnages colorés que l’on retrouvait sur toutes les publicités de l’événement, j’entends déjà Le Gros Groupe offrir à une foule éclectique, quelques mélodies instrumentales. Il y a des « food trucks » pour tous les goûts et des artisans locaux qui occupent des kiosques pour nous offrir leurs produits. Les festivaliers se déplacent avec le sourire pendant qu’un célébrant offre des mariages à 10 $. C’est La Noce, t’sé. L’organisation a poussé le concept jusqu’au bout, au plaisir de tous. De mon côté, je me prends une bière et je me promène sur le site pendant que Mordicus pousse la note.
L’horaire de l’événement était partagé sur deux scènes qui se succédaient merveilleusement. Après le spectacle de Mordicus sur la grande scène, Le Gros Groupe accompagné de Philippe Brach, prennent place sur la petite scène pour quelques chansons. Vers 15 h 30, le groupe éclaté Violett Pi (que j’adore) anime la grande scène. Tous costumés, les membres jouent des pièces tirées de leur premier EP ainsi que de leurs deux albums, devant des fans extasiés. S’en suivent des prestations alternées de LAB, Gazoline, puis Martel Soloen Duo qui nous offre de la musique pour nous accompagner pendant l’heure du repas.
En début de soirée, c’est l’entrée en scène des Hôtesses d’Hilaire. En plus des pièces interprétées, on a droit à un spectacle d’humour de la part du chanteur Serge Brideau. Les fous rires éclatent sous une pluie fine qui nous quitte aussitôt. Sur la petite scène, les festivaliers assistent aux prestations de Chantier, Soucy et La Famille Bédard qui se relayent toujours avec celles de la grande scène. Vers 19 h 30, le très attendu Philippe Brach est acclamé par la foule. L’artiste offre comme toujours, un spectacle extraordinaire. Il parcourt la scène en sautillant et en dansant au travers de ses musiciens talentueux, tout en étant en parfait contrôle de sa voix à la fois puissante et mélodieuse. Sa chanson Si proche et si loin à la fois, interprétée en duo avec Klô Pelgag a su mettre en appétit les spectateurs pour la performance subséquente de cette dernière. La toute petite femme au talent immense, accompagnée de ses multiples musiciens chevronnés a su offrir un spectacle fabuleux. La clôture de La Noce s’est faite avec Les Goules, qui attirent, à chaque fois, de nombreux admirateurs nostalgiques et ardents. Tous hurlaient les chansons à l’unisson avec Kouna au micro. Pour les plus coriaces, La Noce prenait fin aux petites heures au Sous-Bois avec un « after ».
C’est avec de beaux souvenirs, un léger mal de tête et le sourire aux lèvres que je lève mon chapeau et mon verre aux initiateurs de l’événement, les gars d’Ambiances Ambiguës, Éric Harvey et Fred Poulin ainsi qu’à Diffusion Saguenay pour cet événement original, festif, agréable et orchestré à merveille. Longue vie à La Noce!
Les Rencontres qui chantent sont désormais une tradition de longue date à Petite-Vallée. En effet, 2017 marquait la 12e édition de cette résidence d’auteurs-compositeurs-interprètes provenant d’un peu partout dans la francophonie. Ils étaient donc 12 artistes samedi matin à monter sur la scène du Camp Chanson de Petite-Vallée pour présenter le fruit de leur travail des dix derniers jours.
Il s’agissait de ma deuxième expérience à titre de spectatrice des Rencontres qui chantent et je dois avouer qu’à mon sens, c’est l’un des plus beaux moments du festival. La complicité qui se tisse entre les artistes en résidence et le contenu livré est toujours étonnant et touchant. Ça nous permet non seulement de découvrir douze artistes de la relève, mais également douze humains d’exceptions qui nous offrent le privilège d’entrer dans leur univers. La présence de formateurs comme Gaële et Jipé Dalpé en est également pour beaucoup dans ce cheminement.
Je vous ferai donc part de mes coups de coeur de cette 12e cohorte d’artistes.
Mon premier coup de coeur se dirige sans contredit vers Laurent Fellot provenant de Lyon en France qui a, je le crois, conquis le public dès son anecdote humoristique, mais combien attachante d’introduction. Sa composition China à saveur orchestrale et aux arrangements vocaux puissants nous a transporté dans une marée d’amour pour la «petite China».
Martine nous provenant de Sudbury en Ontario est mon second coup de coeur de ce spectacle. Sa pièce Théière saisonnière était dosée au compte goûte d’un mélange de blues, de jazz et de folk. Sa voix apaisante mêlée à la chaleur du texte et des mots nous aurait donné le goût de s’installer devant un feu de foyer, chocolat chaud à la main.
Finalement, Vaero de la Saskatchewan est mon troisième coup de coeur avec sa pièce Zélie en rose, destinée à l’une de ses amies, fictive ou réelle, on ne le sait trop. Il s’agissait de son deuxième passage aux Rencontres qui chantent et elle semblait très émue de s’y retrouver à nouveau. Toute en douceur au piano accompagnée légèrement d’une mandoline, la réaction du public était unanime quant à la profondeur du texte et à l’interprétation de l’artiste.
Je vous invite également à aller découvrir les autres artistes de cette 12e résidence : Mylène Vallée, Belle Grand Fille et Monsieur Raph du Québec; Saint-Jack et Myriam Arseneau du Nouveau-Brunswick, FLO de l’Ontario, Patrick Dunn de l’Alberta, Bastien Moh de la France et JYES de la Belgique.
KLÔ PELGAG – THÉÂTRE DE LA VIEILLE FORGE – 16H
Mon entrée dans la salle du Théâtre de la Vieille Forge fut complexe comme le spectacle de Klô Pelgag fessait presque salle comble. J’avais hâte d’assister à son nouveau spectacle ayant déjà vu son dernier, L’alchimie des monstres, dans un contexte tout à fait différent.
Comme à son habitude, la mise en scène et la scénographie du spectacle étaient incroyables. Elle et ses musiciens étaient vêtus d’une sorte de chienne de travail sur laquelle s’opposaient, à l’aide de «velcro», diverses figurines. Nous avons eu le droit à une composition juste équilibrée des chansons de son premier et de son deuxième album. Plusieurs pièces, principalement celles se retrouvant sur le premier album, avaient été légèrement réarrangées pour en offrir des versions parfois plus soul-blues, parfois plus orchestrales.
Je retrouvais sur scène une Klô Pelgag encore plus à l’aise et assumée, tant dans ses interactions avec le public que son aisance à laisser son corps s’adonner à des mouvements saugrenus. Son humour ironique s’ajoute au personnage et gagne autant le coeur du public que sa musique. Je ne pourrais également passer à côté des arrangements musicaux et vocaux qui m’épatent toujours d’une fois à l’autre. La présence de deux violonistes, une violoncelliste, un bassiste et un batteur redonne puissance et prestance à toutes ces chansons qui sont déjà à elles seules magiques. Bref, Klô Pelgag m’a encore une fois conquise et transportée quelque part dans un monde fantastique.
LES SOEURS BOULAY – GRAND CHAPITEAU QUÉBÉCOR – 20H
Le spectacle des soeurs Boulay était très attendu à Petite-Vallée cette année comme elles agissaient à titre d’artistes-passeuses de cette 35e édition. Les filles qui viennent de la région semblent toujours avoir un faible de revenir chanter par ici et de venir à la rencontre des gens qu’elles connaissent.
Comme j’avais déjà vu à deux reprises leur actuel spectacle tiré de leur deuxième album 4488 de l’amour, j’avais en tête de revoir sensiblement la même formule, mais à mon grand étonnement, j’ai eu droit à un concept renouvelé et bonifié. En effet, la plupart de leurs chansons avaient été retravaillées et offraient des sons très rétro, à la limite exotiques comme pour Jus de boussole qui avait un «groove» très différent. Certaines autres compositions, comme dans Alexandre, étaient rehaussées d’un tempo électro qui m’a d’abord surprise, mais qui s’insérait très bien dans l’ensemble musical.
Pour l’occasion, Les soeurs Boulay avaient des invités d’exceptions avec qui elles se sont prêtées à une rencontre autour d’un micro ambiant. C’est donc à tour de rôle que ce sont alternées Marie-Pierre Arthur, Amylie et Klô Pelgag pour chacune interpréter aux côtés des soeurs Boulay une chanson de ces dernières et une autre de leur répertoire. Avec très peu de pratique, les chansons coulaient tout de même fluidement et ça a donné place à un moment intimiste malgré un chapiteau rempli de quelques centaines de personnes.
Mon coup de coeur de la soirée, et je crois que c’était relativement unanime pour le public, a été la reprise de la chanson Tous les cris les SOS de Marie-Denise Pelletier. Les soeurs Boulay savent tout naturellement redonner une deuxième vie à toutes les chansons qu’elles reprennent. Sans instrument en main, elles ont offert une performance vocale incroyable qui a littéralement fait frissonner le grand chapiteau.
À regarder les centaines de personnes assissent paisiblement sous le chapiteau et attentives au spectacle, cela m’a rappelé à quel point la musique à Petite-Vallée prend tout un autre sens. Il s’agit d’une grande communion où la musique est en le point de convergence et où tous les mélomanes se rassemblent dans le respect de cet élément.
Merci Les soeurs Boulay!
FUUDGE – THÉÂTRE DE LA VIEILLE FORGE – 23h30
Le groupe Fuudge terminait la soirée au Théâtre de la Vieille Forge avec leur musique rock, grunge, progressiste, psychédélique. Bref, qui déménage. Avec seulement deux EP à leur actif, il était un peu limité dans le contenu, mais a tout de même livré 1h15 de contenu. Le groupe n’en était pas à sa première visite à Petite-Vallée, bien que deux des musiciens étaient en remplacement.
Ils ont respectivement fait l’ensemble de leurs chansons des deux EP en plus d’offrir un rappel d’une chanson progressive traduite en français (que je ne connaissais malheureusement pas.)
Malgré la foule d’environ 30 à 40 personnes, nous avons quand même un droit à un mini «mosh pit» en avant de la scène. Une autre belle soirée qui se terminait à la Vieille Forge.
RETOUR À LA MAISON
J’en suis maintenant à mon départ. Même si je ne suis restée que deux jours à Petite-Vallée pour assister à la merveilleuse programmation, j’y ai vécu des moments toujours aussi forts. Bien qu’un ciel gris couvrait dernièrement les festivals au Québec, principalement ceux en région, dû entre autres au manque de financement, je crois que tranquillement pas vite, le ciel se dégage et laisse passer les rayons du soleil. Cette 35e édition à Petite-Vallée s’annonce prometteuse et je souhaite à tous d’y passer au moins une fois dans sa vie pour y respirer l’air frais et les douces notes de musiques qui résonnent de par la mer.
On va avoir beaucoup envie de tout laisser tomber et de traverser le Parc le 8 juillet prochain pour aller à Saguenay. Diffusion Saguenay et Ambiances Ambiguës ont annoncé ce matin la venue d’un nouvel événement qui aura lieu le 8 juillet dans la Zone portuaire de Saguenay, La Noce, un événement musique, arts bouffe et plus qui possède une affiche fort impressionnante pour un événement d’une journée!
Du côté des prestations musicales, on pourra voir (et entendre) Philippe Brach, Klô Pelgag, Les Goules, Gazoline, Les Hôtesses d’Hilaire, Mordicus, VioleTT Pi et Le Gros Groupe.
On peut s’attendre à des numéros assez spéciaux… Quand on sait que Philippe Brach a participé à l’élaboration du menu, ça risque d’être éclaté! La journée, qui commencera à 13 heures, pourrait s’étirer jusque tard dans la nuit si on compte les nombreux afters qui risquent de se tenir après l’événement.
Les billets sont déjà en vente et si cette journée vous intéresse, on vous invite à ne pas perdre trop de temps : les 500 premiers billets ne coûtent que 15 $ (une fucking aubaine!). Le prix régulier en prévente est de 20 $. Et si jamais vous vous décidez à la dernière minute, c’est 25 $ qu’il vous faudra payer à la porte (vous voyez pourquoi je parle d’une aubaine!).
Pour acheter vos billets ou obtenir plus de renseignements, visitez le site Web de La Noce au http://lanoce.net
Mercredi dernier, Klô Pelgag était de passage à Trois-Rivières pour la tournée de son dernier album, L’étoile thoracique. Pour la première fois depuis le début de sa tournée, les fameux costumes de velcro ont été oubliés. Malheureusement, nous n’avions pas eu la chance de voir le spectacle avec cette mise en scène.
Vêtue d’un long manteau rouge, elle a débuté sa prestation derrière le clavier avec la pièce Insomnie. Elle a utilisé le début instrumental de cette pièce pour entrer sur scène de manière théâtrale, offrant des arrangements plus psychédéliques à la chanson.
Étonnamment, elle a enchaîné avec Le sexe des étoiles, une pièce qu’on pensait entendre en fébrilité de fin de spectacle pour sa grande orchestration.
Clairement, c’était une présentation de ses musiciens qu’elle nous faisait en toute subtilité. Cette pièce, qui comprend plus de deux minutes instrumentales, nous a permis de rencontrer le trio à corde qui l’accompagnait. L’harmonie du violon alto de Lana Tomlin et du violon de Fany Fresard (Sarah Toussaint-Léveillée), accompagnée de la fameuse Marianne Houle (Antoine Corriveau) au violoncelle, rendait un bel hommage à l’aspect orchestral de l’album. Klô a ensuite retrouvé sa simplicité qu’on apprécie tant en se retournant vers le piano à queue pour nous jouer la pièce Le tunnel, qui figure sur son premier opus, L’alchimie des monstres.
Après ces trois pièces, elle a salué le public, assise très à l’aise devant le piano. Elle nous a fait beaucoup rire avec ses histoires un peu absurdes et son délire habituel, avant de poursuivre avec Comme des rames,où l’on a pu apprécier les rimshots du batteur, Charles Duquette. Durant Les instants d’équilibre, les musiciennes ont quitté leurs instruments à corde pour siéger les deux au pianos à la place de Klô Pelgag, et Marianne Houle nous a joué quelques passes de synthétiseur.
Le moment fort de la soirée a été la pièce Les animaux,durant laquelle on se laissait emporter non seulement pas la voix juste et gracieuse de Klô Pelgag, mais par les sonorités envoûtantes de l’ehru. Cet instrument d’origine asiatique rend la chanson très unique en son genre et représente bien tout ce qui entoure l’univers bizarroïde de cette artiste complète.
Elle a terminé le spectacle avec Ferrofluides-fleurs, qu’on aime pour le ukulélé du refrain joué par le bassiste François Zaïdan.
« Merci pour les mains », a-t-elle dit en revenant sur scène pour le rappel. Elle a salué au passage les gens présents de la corporation de Secondaire en spectacle, étant la porte-parole de l’édition 2017.
Elle nous a touchés avec sa pièce la plus sensible, Incendie, qu’elle a interprété pratiquement seule avec sa guitare électrique. Elle a terminé à sa façon avec La Fièvre des fleurs qui, selon moi, est la pièce qui lui a fait prendre plus de place sur la scène musicale québécoise.
Le vendredi 31 mars dernier, j’ai eu le privilège d’avoir en entrevue l’auteure-compositrice-interprète Klô Pelgag. Lors de cet entretien téléphonique, prélude à son spectacle qui aura lieu le 12 avril prochain à Trois-Rivières, il a été surtout question de son album L’Étoile thoracique et de sa plus récente tournée. Discussion avec une artiste, porte-parole de Secondaire en spectacle 2016-2017, qui n’obéit qu’à sa soif artistique.
David Ferron: La première question, c’est assez basic. C’est quoi L’Étoile thoracique ?
Klô Pelgag: C’est le titre de mon deuxième album qui est sorti en novembre passé. Et voilà !
DF: En fait, on dirait que j’essaie encore de faire le lien entre le titre et le reste de l’album. Peut-être que j’y réfléchis trop.
KP: Pour moi, L’Étoile thoracique c’est quelque chose que je trouvais [extrêmement] beau. Ça représente le cœur en fait. Le cœur c’est la base de toutes les « tounes ». Dans ce sens-là, il y a un lien très direct avec les chansons pour moi. Voilà !
DF: Dans Les ferrofluides-fleurs, il y un passage qui dit : « J’ai bu tout le sucre de l’érablière. À présent, mes pensées sont plus claires. » J’ai l’impression que la nature réglerait quelque chose, si on se fie au reste de l’album, que les relations humaines malsaines ou compliquées ne peuvent régler.
KP: Ben oui, je pense que c’est clair. En fait, la nature c’est la chose la plus simple et complexe à la fois. Puis, nous en tant qu’humains, on est influencés par tout ce qui est relié à notre environnement mais qui n’est pas nécessairement relié à la nature. Surtout quand on habite en ville. On est constamment submergés de plein d’informations. On arrive à oublier en fait c’est quoi le silence, c’est quoi réfléchir par soi-même. Puis quand on se retrouve dans la nature ensuite. La nature, c’est quelque chose de très violent, tout en étant stable dans le mouvement et au niveau visuel par exemple […] C’est pour moi une source d’inspiration qui est quand même inépuisable, puis qui devrait l’être je pense, qui l’est probablement pour tout le monde […] Il y a plein de références à la nature dans l’album. Parce que c’est quelque chose de très fort, d’insaisissable.
DF: Parlant de la folie urbaine, il y a, dans la chanson Au musée Grévin, une impression de quelque chose de défouloir, avec les poupées de cire qui fondent par le feu. Est-ce qu’il y a, dans l’album justement, des chansons qui vous ont permis de vous défouler ?
KP: Parfois j’ai envie de faire des « tounes » qui musicalement sont dégueulasses. J’ai envie de faire du noise [branche du heavy metal] des fois. De virer complètement dégeulasse pour me défouler physiquement, intellectuellement; peu importe ce que je fais. [Au musée Grévin], c’est une « toune » qui exprime un sentiment de désillusion et un regard sur tout ce qu’est devenu la société, à quel point on vit en surface. C’est rare en fait que tu vas avoir une discussion qui n’est pas influencée par l’extérieur avec quelqu’un qui a un vrai avis.
DF: Dans le deuxième album, j’ai trouvé que l’orchestration était plus importante que sur le premier. Est-ce qu’avec votre frère, qui s’occupe de cet aspect dans vos albums, vous étiez en accord avec l’évolution de cette orchestration ?
KP: En fait, moi je travaille avec lui et les gens avec qui je veux travailler. Parce qu’ils vont être capables de traduire ce que moi je veux faire. En fait, je trouve que le premier album [L’Alchimie des montres] était plus chargé. Le deuxième album, c’est l’orchestre à cordes. Il y a beaucoup de choses aussi, mais c’est plus de masques qui ont des voix. C’est plus patient que dans l’autre, dans le sens que la musique est plus évoluée : je laisse plus le temps de poser des trucs. Dans [L’Alchimie des montres], j’avais 20 ans, j’étais ben énervée. Je capotais. J’avais juste envie de tout faire en même temps. De crier. La moitié des arrangements c’est moi aussi qui les ai fait. Mon frère est super important dans les deux albums parce que, oui effectivement, il a ce langage plus classique. C’est aussi une personne hyper brillante qui a une sensibilité et une écoute. D’être en accord avec la « toune ». Ça, c’est quand même précieux.
DF: Vous avez plusieurs influences, de Klaus Nomi [chanteur d’opéra allemand qui, sur scène, affichait un maquillage ostentatoire] à Richard Desjardins. De plus, sans doute qu’au fil des années votre doit s’enrichir. Comment fait-on pour qu’au niveau de la créativité, ça ne devienne pas le « bordel » ? Est-ce que le tout s’intègre facilement ?
KP: À partir du moment où tu es intègre et sincère, je pense que tu peux faire des choses merveilleuses, quand tu n’es pas trop influencé par l’extérieur. Je ne suis pas les règlements qu’on s’impose. C’est difficile pour tout le monde de démêler le vrai du faux. Le mot authentique a tellement été dénaturé avec le temps et utilisé à mauvais escient. Finalement, on ne sait même plus ce que ça veut dire. On l’attribue à des trucs qui n’ont pas rapport. Faut juste penser par [soi-même] et tout va bien aller.
DF: Quand on est en tournée, est-ce possible d’être créative, de pouvoir penser à de nouvelles chansons, à de nouveaux arrangements ?
KP: Ça dépend de quel genre de tournée tu fais. Avec le premier album, on a beaucoup tourné en Europe aussi. Je n’avais jamais de moment calme. En même temps, comme inconsciemment, tu emmagasines plein de trucs quand tu voyages. Je pense que quand ton âme éponge, il y a moyen d’être créatif partout et juste d’accumuler plein d’idées.
DF: En février, vous avez fait une tournée en France avec plusieurs dates en quelques jours. Dans l’annonce de la tournée, il y a une annonce de 35 musiciens qui vous accompagne…
KP: En fait [rires] il y a un petit astérisque à côté du 10 juin au FrancoFolies. En bas, le petit astérisque explique l’« Orchestre du Temple thoracique » qu’on fait le 10 juin au Théâtre Maisonneuve. C’est juste à Montréal.
La réalité de la musique au Québec et à plein d’endroits dans le monde, c’est que c’est pas mal impossible de tourner avec 35 musiciens. Nous, on tourne avec six musiciens puis on est souvent huit sur la route avec les techniciens et c’est déjà énorme ! [Le 10 juin prochain] ça va être un show spécial qui a été commandé par les Francos. On va faire l’album intégral [L’Étoile thoracique] avec les arrangements de l’orchestre. Je pense que ça va être le fun !
DF: Je vous ai vue live il y a quelques années. En fait, il semble avoir un univers pas mal différent sur disque. Sur scène, il y a des blagues, de la bonne humeur. Avec la deuxième tournée, est-ce que c’est encore possible de garder le côté le fun sur scène même s’il y a davantage de chansons qui évoquent un univers plus sombre ?
KP: C’est important d’avoir du fun […] Il y a beaucoup d’impro aussi. Une partie que le public apprécie c’est qu’un truc n’est pas pareil, pas identique, qu’il y ait toujours un nouveau spectacle à chaque soir. Il n’y pas de blague qui se répète. Je ne peux pas me changer vraiment non plus. Je ne peux pas changer de personnalité entre chaque album.
DF: Autant vous avez une démarche réfléchie sur l’album, et sur scène, hop, on s’amuse ! Donc, vous avez une personnalité multi-facettes
KP: Tout le monde est complexe…
DF: … Mais c’est le fun !
KP: Ben oui, c’est le fun ! C’est sûr que sur un album, tu travailles là-dessus pendant un an. [Sur disque], il y a quelque chose qui doit marquer que c’est la fin, que la « toune » va être sur l’album. Mais live, on peut emmener plein de variations, on peut s’éclater d’une autre façon et emmener l’impro là-dedans.
DF: Entre les deux tournées, quelles sont les différences ? Par exemple, êtes-vous plus à l’aise, moins nerveuse ? Le fait que vous soyez six sur scène et huit en tournée, par exemple, doit faire en sorte qu’on aborde la scène de manière différente.
KP: Depuis le début on est sept sur la route. Là on est sept aussi. Parfois, il y un éclairagiste.
DF: L’expérience de la route et de la scène aussi doit entrer en ligne de compte.
KP: La première tournée, on a tellement fait de route qu’à un moment donné, j’ai décidé de faire moins de shows… Les gens ne se rendent pas compte mais c’est vraiment intense. Parce que t’es tout le temps sur la route. C’est épuisant et intense. C’est le fun aussi. Mais ce qui a changé, c’est qu’on fait quand même un peu moins de shows. On fait parfois de plus grandes salles. On fait des choix. Puis, on a toujours envie de jouer le soir venu. Il ne faut jamais que ça devienne un travail. Jamais, jamais que ça devienne un travail ! De sentir que je vais comme à la job. Je veux avoir du fun dans la vie. C’est précieux pis faut juste garder cette envie de faire ce qu’on fait.
DF: Je vous remercie beaucoup de nous avoir accordé une entrevue
KP: Un grand merci à toi. Au plaisir !
DF: Bonne tournée et continuez de nous proposer votre univers !
Le public de Québec était convié à toute une nuit FEQ à l’Impérial jeudi soir. Trois femmes au talent débordant venaient se succéder sur scène au plaisir du public, qui faisait d’ailleurs salle comble.
Déjà, dès les premiers accords d’Helena Deland, le premier parterre était compact et attentif. Il faut dire qu’en très peu de temps, Deland a gagné en aplomb; ou est-ce la salle qui lui sied mieux que le Petit Impérial quelques mois plus tôt? Rapidement, ses ballades envoûtantes et sa voix encline aux mélodies accrocheuses ont conquis l’auditoire. À voir les regards approbateurs autour, on a la confirmation que Helena Deland a bien saisi l’occasion de faire découvrir sa musique. Les musiciens, quant à eux, la soutiennent efficacement, ajoutant une certaine lourdeur à la proposition de la jeune chanteuse originaire de Québec. Ce rôle parfois ingrat de première partie de la soirée s’est avéré rempli à merveille par Deland; il faut dire qu’elle semblait médusée de se tenir debout sur cette scène où elle avait, selon ses dires, vu nombre de concerts. Elle a joué quelques pièces de son premier EP, Drawing Room, et à l’écoute des nouvelles chansons, la suite risque d’être fort intéressante.
Émilie Kahn, la harpiste derrière le projet Émilie & Ogden, suivait sur les planches de l’Impérial. Elle a principalement défendu son excellent premier disque, 10 000, emplissant la salle de ses mélodies oniriques et délicates. Elle est soutenue par deux excellents musiciens, Dominic Lalonde (guitare et basse) et Francis Ledoux (batterie), qui officiait à nouveau sur scène puisqu’il accompagnait également Deland. Ce soutien se fait tout en finesse, laissant toute la place aux pincements de son gracieux instrument. Elle a aussi profité de l’occasion pour jouer une nouvelle chanson où elle construisait tranquillement un moment musical envoûtant à l’aide de boucles savamment superposées. Tout ça dans une ambiance feutrée qui commandait une écoute exemplaire, ce à quoi la foule s’est pliée sans difficulté tant la jeune chanteuse montréalaise a su être convaincante.
Un orchestre de cinq musiciens composé d’un trio de cordes (Fany Fresard, Lana Tomlin et Marianne Houle), de François Zaïdan à la basse et aux autres instruments et de Charles Duquette à la batterie s’est présenté sur scène sous le rythme frénétique de la pièce Insomnie, tirée du tout dernier disque de la très attendue Klô Pelgag. Cette dernière a fait son apparition sous une salve d’applaudissements, avec un accoutrement digne d’elle-même; un costume qui permet d’ajouter et d’enlever des peluches à l’aide de velcro, tout ça sous une gigantesque cage thoracique.
S’il y a beaucoup d’artifices sur scène et un désir d’y aller d’interventions délibérément décalées entre les chansons, ce n’est assurément pas pour camoufler un manque de préparation musicale. Dès les premières notes, Klô Pelgag a montré une maîtrise totale de son instrument de prédilection : sa voix. Elle l’utilise d’une manière fort originale, y allant de puissantes inflexions que confère aux mélodies une exquise singularité. Le trio de cordes fait un travail d’accompagnement essentiel. Plusieurs gros coups de cœur ont ponctué le début du spectacle; pensons à la pièce Le sexe des étoiles ou à la plus vieille La fièvre des fleurs avec sa mélodie très cabaret. D’ailleurs, ces pièces issues de L’alchimie des monstres obtenaient des réactions particulièrement bruyantes de la part des spectateurs. La chanteuse nous a aussi expliqué la genèse de la pièce Au musée Grévin, écrite après avoir vu une publicité dudit musée avec des répliques de George Clooney, Céline Dion et… Guylaine Tremblay. Ce « clash » était suffisant pour inspirer cette pièce habilement soutenue par le trio de cordes.
Le spectacle a défilé à un rythme fou, se terminant par un gros trio de chansons : la somptueuse Samedi soir à la violence, Nicaragua et Les ferrofluides-fleurs, classique instantané s’il en est un. La troupe est revenue pour interpréter la pièce Au bonheur d’Edelweiss avant de ré-imaginer une reprise de Zombie des Cranberries avec les membres des premières parties. C’est le batteur Charles Duquette, en bedaine, qui interpréta ce classique, se sacrifiant volontairement pour le plaisir amusé de la foule. Et du plaisir, il y en a eu en cette magnifique soirée musicale. Un énorme programme qui dépassa sans aucun doute les attentes du plus réticent mélomane.
Le 12 décembre dernier, Klô Pelgag abandonnait son pompon et se faisait raser les cheveux sur scène au Club Soda pour Leucan, et ce dans une mise en scène époustouflante. Même si elle avait encore ses cheveux le 10 décembre, elle est aussi venue à Québec pour nous présenter cette prestation inédite, qui marquait la fin d’une tournée d’une durée de près de deux ans. Et quel spectacle ! Mais avant d’aller se planter au Grand-Théâtre pour écouter ça, on en a profité pour rencontrer Klô et lui poser quelques questions.
Entrevue
Bien sûr, on a été tenté de lui poser la question à 100$ sur ses cheveux. On s’y est cependant pris de biais en lui demandant quelles réactions cela avait causées dans son entourage. «Avant que je décide vraiment de le faire, quand j’en parlais à des gens en disant ‘Ah j’aimerais peut-être ça me raser les cheveux à un moment donné’, les gens me répondaient ‘Mais non, fais pas ça ! Tes cheveux !’ et des choses comme ‘Ben non tu peux pas faire ça !’, explique-t-elle. Je me suis dit : ‘voyons, c’est ben plate comme réponse !’. C’est plate de vouloir enfermer quelqu’un dans une image que t’as de lui et de jamais vouloir que ça change. Bref, ça je trouvais ça drôle, mais à partir du moment où j’ai décidé de le faire pour vrai, ce n’était pas si pire. C’était plus positif peut-être. Donc il n’y a pas vraiment eu après ça de gens qui étaient contre.»
Et même si des gens proches ou moins proches lui avaient montré quelque opposition, Klô Pelgag l’aurait sûrement fait quand même. C’est en tout cas ce qu’on peut déduire de ce qu’elle pense de son image en tant qu’artiste : «À partir du moment où tu décides de faire quelque chose qui est plus public, ça ne t’appartient plus ton image. Faut accepter de se détacher de ça un peu. Je m’en fais moins avec ce que les gens disent, ça ne me dérange pas,» explique en effet l’auteure-compositrice-interprète. Cependant, elle s’empresse quand même d’ajouter : «J’imagine que des fois ça me dérange, ça dépend. Je ne suis pas complètement détachée non plus, parce que c’est quand même personnel tout ça, mais à une certaine limite j’ai laissé ça aller. » C’est selon elle une chose qui nécessite un certain effort, mais qui reste intéressante à faire. «C’est pas nécessairement un exercice difficile, ajoute-t-elle, parce que si tu ne le fais pas, si tu ne te détaches pas un peu, tu vires fou. Faut pas être trop control freak.»
Le détachement qu’a opéré Klô Pelgag par rapport à son image et à sa musique semble d’autant plus nécessaire que sa démarche artistique s’avère être très personnelle. C’est en tout cas ce qu’on a pu constater en parlant avec elle de son album paru en 2013, L’alchimie des monstres : «Cet album-là, je l’ai écrit pour me faire du bien, quand je feelais moins, quand y’avait quelque chose à faire sortir. C’est pour ça que ça s’appelle L’alchimie des monstres aussi : tu transformes quelque chose de mauvais en quelque chose de plus grand. Je n’écris pas beaucoup quand je suis vraiment joyeuse. Je ne suis pas capable d’écrire une toune en majeur !» D’ailleurs, même le choix de son vocabulaire sur l’album découle d’un processus personnel d’expression : «J’essaie d’aller crissement creux dans ma tête, dans mon cœur, et d’aller creuser pour essayer de trouver les mots pour décrire avec la plus grande justesse tout ce que je ressens. L’humain est vraiment complexe et il existe beaucoup de mots pour un sentiment, donc c’est dur de trouver les mots justes. Et, en même temps, ça ne veut pas dire que ce sont les mots justes pour les autres. C’est juste pour moi.» Ces mots justes, ce sont souvent des mots inusités, qui font naître dans ses chansons des décors surréels. Ce sont pourtant des émotions bien réelles qu’expose Chloé Pelletier Gagnon : «C’est la réalité, mais il y a une part d’imaginaire. Souvent ça vient d’une émotion très réelle qui se transforme. En fait, je n’aime pas dire les choses… je n’ai jamais vraiment écrit de façon très descriptive, parce que je ne trouve pas ça intéressant. Ça ne me fait pas du bien de dire, par exemple : ‘la table était verte et puis il y avait un miroir’. Ce qui me fait vraiment du bien, ce qui me rend heureuse quand j’écris, c’est de trouver la façon de dire, une façon non pas imagée ou poétique, mais une autre façon de décrire les choses.»
Se faire du bien en écrivant des chansons est une chose, mais Klô Pelgag cherche aussi à s’amuser à travers sa composition : «Tant qu’à écrire, j’écris aussi pour aimer ça parce qu’après, la toune, tu la joues 300 ou 400 fois. Il faut que tu la sentes pour vrai dans tes tripes, parce que sinon c’est plate en hostie.» Elle applique d’ailleurs cette façon de penser à ses spectacles, qui ont souvent été renouvelés autant sur le plan de la mise en scène que des arrangements musicaux tout au long de sa tournée qui a compris plus de 220 représentations. Et on y retrouve souvent des choix plus que judicieux : «Des fois c’est des affaires qui peuvent avoir l’air vraiment très connes, mais qui me font triper! L’autre fois, raconte Klô, j’avais un show dans lequel la première partie c’était un gars qui mangeait du spaghetti avec de la musique électronique jouée par deux musiciens avec des têtes de chat. Ils jouaient du classique, mais électronique [Pour les spectateurs du OFF 2015, on saura reconnaître ici Glenda Gould à ses tout débuts]. Et moi je trouvais ça vraiment malade, parce que ça me fait rire. Je trouve que c’est une criss de belle image !» Ce genre de folies prend aussi racine dans le goût de rendre son spectacle plus attrayant pour les spectateurs : «J’ai aussi la peur que ça soit plate, parce que moi je trouve ça plate en général […]. J’aime mieux écouter un album parce que souvent en spectacle après vingt minutes j’ai de la difficulté à me concentrer. Il faut vraiment qu’il y ait des affaires qui viennent me chercher pour que je reste attentive parce que sinon je vais me concentrer sur le mur ou bien checker le monde qui regarde le show, leurs faces, parce que j’trouve ça vraiment beau.» La solution à cela, pour elle, se trouvait dans les costumes et l’action dont elle pimenterait ses spectacles. Elle semble d’ailleurs s’être inspirée des rares spectacles marquants pour elle : «J’ai vu beaucoup de shows dans ma vie, mais il n’y en a pas beaucoup dont je me souviens ! Par contre, je me souviens, quand j’avais 15 ans, du show des Goules à Québec dans lequel il y avait du monde déguisé en oiseaux et un gars avec une camisole de force. Ils pitchaient des graines dans la foule. Ça m’a marquée parce que c’était cool comme show ! »
Le 10 décembre au Grand Théâtre de Québec
Marquant, son spectacle du 10 décembre dernier l’était aussi. En guise d’introduction, Robert Nelson s’est présenté sur scène dans un panier d’épicerie pour nous faire le coup des fruits mangés avec la pelure. Un bon vingt minutes d’incompréhension délectable devant un type qui mange un ananas ou un melon en entier sur de la musique épique. C’est d’ailleurs un exploit à voir aussi dans le vidéoclip d’Alaclair Ensemble intituléPomme, qui met encore en scène le même rappeur québécois. Tout au long du spectacle, ayant pour thème les fruits, on a eu droit à des folies, des mascottes, des changements de décors et de costumes. Côté musique, on n’a pas non plus été laissés en reste. On a d’une part eu droit à des réarrangements très intéressants des pièces de l’album de Klô Pelgag, souvent proches du blues (pour lesquels il faut remercier Mathieu Pelgag, le frère de Klô). Le plus marquant reste à mon avis la version bluesy et reggae de Le soleil. D’autre part, quelques nouvelles chansons furent aussi jouées. En outre, la formule de la jeune artiste a bien fait son effet : elle avait un plaisir visible à jouer sur scène, autant que ses musiciens. Ce fut un plaisir bien rendu par la foule éclectique du Grand Théâtre, même si elle était un peu timide. La finale, quant à elle, était à couper le souffle et à mourir de rire, puisque ça s’est terminé en duo (Serge Brideau des Hôtesses d’Hilaire, en pijama, s’est joint à la chanteuse) sur Les yeux du cœur, chanson pendant laquelle ils ont même joué une bagarre de bouteilles de bière. Les mots étant insuffisants pour expliquer l’inexplicable, je vous conseille d’aller voir les photos de la galerie pour mieux apprécier ces descriptions.
Il ne faut pas non plus oublier de mentionner la performance de la première partie, Stéphane Robitaille. À l’aise sur scène, il a fait des blagues d’entrée de jeu, porteuses de son humour léger teinté de cynisme qui a aidé à faire passer les textes plus durs de ses chansons. Sa musique et ses mélodies s’inscrivaient dans la lignée des grands chanteurs québécois et français. Avec un accompagnement instrumental assez simple (guitare, contrebasse), ses chansons mettaient surtout le texte de l’avant. Et quels textes ! Acerbes, mais parfois comiques, ils traitaient de sujets aussi variés que le suicide (hop la vie !), l’amour entre vieux ou le quartier fétiche du chanteur : Saint-Jean Baptiste. Ce fut somme toute une belle introduction à la prestation éclatée de Klô Pelgag.
Après ce spectacle de clôture et son pendant à Montréal le 12 décembre dernier, l’artiste entre maintenant en phase création. On a déjà hâte d’entendre ses nouvelles chansons et de la revoir en spectacle, cette fois sans pompon, afin de savoir quelles autres merveilles elle cache dans son sac. En attendant, je vous invite à consulter la galerie photo, dans laquelle Llamaryon vous présente ses meilleurs clichés de la soirée du 10 décembre autant devant que derrière la scène. On vous laisse aussi sur une petite anecdote racontée par Klô Pelgag lors de son entrevue.
Une anecdote pour finir
As-tu un contrôle total sur ce que tu fais par rapport à ta maison de disques ? «Ouais, total. C’est juste que des fois ils me donnent des idées. Ici [à Québec], on fait ce qu’on veut pas mal, mais en France il y a une équipe qui réfléchit beaucoup à ce qu’on pourrait faire, pis souvent ils n’ont pas de bonnes idées! Dans ce temps-là, il faut que je leur dise ‘arrête !’. » Un exemple ? «Ben, à un moment donné il fallait vraiment que je fasse un vidéoclip pour un deadline. Et là ils m’ont dit ‘ah fais nous confiance, ça va vraiment marcher avec ce réalisateur-là, c’est un réalisateur français’. Je ne le connaissais pas tant que ça, mais j’ai répondu ‘bon OK, je vous fais confiance parce que là je suis en tournée et que vraiment je n’ai pas le temps de rien faire’. Une fois arrivés, on a fait trois ou quatre jours de tournage. Ensuite j’ai reçu le clip un peu plus tard et je me suis dit : ‘oh mon dieu !’. Je me suis pitchée par terre, j’ai versé une larme, pis j’me suis sentie…violée ! Pis là, il est jamais sorti… il est jamais sorti parce que c’était vraiment une mauvaise idée c’t’affaire là ! Depuis le début ! Donc là au moins je sais maintenant quand…quand dire ‘arrête’!» a-t-elle conclu en riant.
Jeudi soir dernier avait lieu la première soirée cachée de la saison au bar La chasse-Galerie. Ces événements, organisés par CFOU en collaboration avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), ont lieu une fois par mois et ont pour principe de ne révéler l’artiste invité que la journée même de la prestation. Pour débuter l’année en grand, c’est nul autre que Klô Pelgag qui a ouvert le bal. La soirée fut teintée d’absurdité et de magie à l’image de cette jeune artiste. Retour sur ce spectacle et entrevue avec une fille pétillante.
Klo PelGag, Chloé Pelletier Gagnon de son vrai nom, est originaire de Gaspésie. Elle s’est vite démarquée par son talent indéniable pour manier les mots, sa voix fragile et insaisissable ainsi que par sa personnalité éclatante. Son premier album, l’Alchimie des monstres, a eu un franc succès, l’amenant même jusqu’en Europe. De retour depuis quelques temps d’une tournée européenne, Klô a monté sur la scène trifluvienne pour faire ce qu’elle fait de mieux: époustoufler et surprendre.
Les nombreux spectateurs présents ont eu droit à une prestation haute en couleurs. Les chansons s’enchaînaient avec fluidité, chacune amenant son lot d’émotions et nous faisant voyager loin de tout univers connus. La douce voix de Klô résonnait dans le bar avec son éclat habituel, chargée de frissons, de puissance et de magie, réchauffant au passage le cœur de la cent vingtaine de privilégiés présents. Entre deux mélodies, Klô y allait de commentaires des plus absurdes, portant fièrement son onepiece de squelette et divaguant sur des sujets sortis de nul part. À un moment donné, en plein milieu d’une chanson, elle est même allée verser une bière sur son batteur qui, il faut le spécifier, ne portait qu’un chandail bedaine et un speedo. La jeune artiste qui dit rechercher la surprise lorsqu’elle va voir des spectacles peut se venter d’en donner à revendre à son public.
Klo PelGag va terminer sa longue tournée le 12 Décembre prochain au club soda. Pour l’occasion, elle se fera raser les cheveux sur scène. Nous l’avons questionnée sur les raisons de cet acte « Je le fais pour plusieurs raisons, mais j’avais juste envie de me raser la tête, de faire fuck. Genre la pression de l’humain sur son image c’est horrible de nos jours. Peut-être que ça a toujours été comme ça, mais je vivais pas à ces époques là non plus. J’ai l’impression que l’image, elle prend tellement d’importance. Tout le monde est tout le temps en train de se regarder dans le miroir ou même dans les fenêtres du métro. C’est vraiment triste, c’est rendu plus important ça pour les gens que d’autre chose. En tout cas j’ai juste le gout de faire fuck, fuck off, fuck toute.» La jeune artiste mêle également ce désir de se débarrasser de sa pilosité capillaire à une bonne cause, comblant ainsi son envie d’aider des gens. Elle s’est donc associée à l’organisation Leucan.
Klô PelGag souvent reconnue pour la justesse de ses textes et la magie de sa voix nous a également confié son désir d’exploiter son talent dans autre chose que la chanson. « J’aimerais ça, mais je suis pas encore capable de l’assumer. J’aimerais ça peut-être faire un recueil un jour. Un recueil de poésie, de nouvelles ou même un roman… J’ai plein de choses qui m’intéressent en fait.» Pour le moment, elle se contentera de l’écriture de son prochain album. Son imagination débordante qui donne lieu à des chansons colorées est déjà à l’ouvrage. « C’est juste plein d’affaires qui trainent dans mon cerveau depuis un boutte et j’ai pas eu le temps de me dédier complètement à ça parce que je suis toujours en tournée depuis deux ans. Mais là, je vais pouvoir juste me consacrer à ça». Pour son deuxième album, elle souhaite changer ses habitudes d’écriture. Le premier à été écrit en majorité dans la maison familiale où elle puisait son inspiration de la faune et la flore des Bas-Laurentides.« J’essaie de me sortir un peu de ça tsé les habitudes, alors je vais essayer d’écrire un petit peu partout» L’artiste refuse de se donner un thème pré-établi et souhaite laisser libre recours à son imagination pour l’écriture de ses prochains textes.
Pour terminer l’entrevue en beauté, nous y sommes allés avec quelques questions en rafales:
On est entre nous, après la longue tournée que tu viens de faire, est tu tannée de chanter tes tounes?
(rires) Non, je suis pas tanné. C’est sûr que quand on faisait des six semaines intenses, d’être dans un camion tout le temps avec sept personnes, à un moment donné, à la fin de la tournée, on était très très très épuisés pis c’était peut-être moins nouveau, mais quand je prend une genre de petite pause après et que je retrouve le monde, j’aime ça. Je ne ferai pas autant de spectacles pour le prochain album, parce que là c’est ça, j’ai fait beaucoup trop de spectacles. (rires)
Ta recommandation musicale du moment?
En ce moment, j’écoute beaucoup Nick Drake et Elliott Smith. De la musique triste dans l’fond. Je suis également en train de redécouvrir les Beach Boys. Y’a Philippe Brach aussi qui va sortir un album, Je l’aime bin, il est drôle.
Ta Recommandation littéraire du moment ?
J’ai lu Karoo de Steve Tesich. C’est vraiment bon! Pis là, je lis tous les livres de cette maison d’édition là qui s’appelle Monsieur Toussaint Louverture. C’est vraiment drôle, les livres sont vraiment beaux et souvent bons. Mais je lis pas vraiment vite, alors ça va me prendre du temps.
Qu’est-ce que tu préfères du public français?
Il y a souvent du monde bizarre, mais ce n’est pas tout le temps nécessairement l’fun. À un moment donné, il y avait un couple de français qui s’étaient déguisé en Québécois et qui sont rentrés dans notre loge pendant qu’on se changeait. Ils agissaient comme si on se connaissait, ils nous sautaient dessus, et il y avait comme un fille en bobette dans l’coin c’était juste vraiment bizarre. C’est ça, il y a vraiment des personnages drôles. On a même établis une liste des personnages les plus étranges qu’on a rencontré en tournée.
Qu’est-ce que tu préfères du public Québécois?
Ils sont plus libres et spontanés. Le public français est comme plus respectueux. Ils ne parlent pas parce qu’ils pensent que c’est ça le respect et à la fin du spectacle, là ils sont un petit peu moins gênés mais c’est ça. Je pense que les Québecois sont comme plus lousses, alors ça c’est l’fun.
Klo Pelgag est entrée dans le milieu de la musique grâce, entre autre, à sa personnalité rafraichissante et spontanée, mais c’est son talent immense qui lui a permis de s’y ancrer. Malgré le succès qu’elle connait, elle reste une jeune fille pétillante, énergique et tellement authentique. On lui souhaite de continuer sur sa lancée et de ne jamais perdre l’étincelle qui la rend si unique.
Klo Pelgag sera en spectacle le 10 décembre prochain au Grand Théâtre de Québec! Pour plus d’informations, visitez le http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/klo-pelgag-1810.html
Crédit photo: Charles Fontaine & Izabelle Dallaire ( https://www.facebook.com/izabelle.dallaire.photographe/?fref=ts)
Après cette deuxième journée très chargée, nous sommes de retour sur l’île Sainte-Hélène pour le troisième jour du festival Osheaga. Voici un petit itinéraire de notre journée de concerts très chargée.
C’est déjà le dernier jour d’un des plus grands festivals de musique du Canada. Nous allons commencer les festivités avec les gars de X Ambassadors. Faisant dans l’indie-rock plutôt commercial, le groupe saura peut-être piquer notre curiosité. Je dois avouer que la dernière fois que je l’ai ai vu, je n’avais pas trop apprécié. Par contre, leur dernier album a montré une évolution sonore pour les Américains et j’ai bien hâte de voir si cette progression sera visible sur scène.
L’après-midi sera consacré à faire des découvertes un peu partout sur le site, sans itinéraire précis. Par contre, dès 15h45, Father John Misty sera en vedette sur la scène principale pour quarante-cinq minutes d’un excellent folk. Son dernier album I Love You, Honeybear est très accrocheur et la présence scénique du chanteur est toujours sans faille. Par contre, est-ce que la grande scène est faite pour lui? On verra….
Suivra un de nos coup de coeur du Festival d’Été de Québec 2015Future Islands. La voix unique de Samuel T. Herring fera raisonner les hauts-parleurs du festival Osheaga. Avec ses pas de danses loufoques, je suis convaincu que la foule sera sans voix devant ce groupe si talentueux.
J’adorerais voir le rock du groupe The War on Drugs, mais les deux suédoises de First Aid Kit m’attireront sur la scène de la Vallée. Leur folk-country est si accrocheur que je vais, sans aucun doute, être charmé par les deux artistes. Je vous conseille vivement leur dernier album Stay Gold.
Après une petite dose de punk avec Brand New et une échappée pop avec Broods, je n’ai toujours pas décidé si le rock alternatif des excellents Alt-J allait réussir à me priver de Tove Lo et de Klô Pelgag. La présence scénique des britanniques d’ALt-J ne m’a jamais accroché malgré leur grand talent sur album. Ce qui est certain, c’est que nous allons finir avec le rap de Tyler, The Creator à 21h30 sur la scène Verte. C’est avec cet excentrique artiste que nous allons conclure notre périple dans le 514 pendant que d’autre iront voir The Black Keys sur la scène principale.
C’est aujourd’hui qu’evenko a levé le voile sur la programmation du 10e anniversaire d’Osheaga. Se déroulant du 31 juillet au 2 août au parc Jean-Drapeau de Montréal, le festival saura plaire aux amateurs d’indie-rock. Le festival s’étant bâti une solide réputation au courant des 10 dernières années avec des invités de renom, tels que Eminem et Jack White, il fallait s’attendre à une programmation solide pour leur dixième anniversaire.
On connaissait déjà plusieurs des noms de la programmation 2015 grâce à l’application En Route Vers Osheaga lancé le 18 mars dernier. Aujourd’hui, les têtes d’affiche et quelques autres noms ont été dévoilés. Analysons, en quelques points, cette magnifique programmation anniversaire d’Osheaga.
Les belles prises
Kendrick Lamar
Kendrick Lamar est le rappeur de l’année sans contredit. Il est la coqueluche des médias et des festivaliers de partout dans le monde. Il est en tête d’affiche de Boonaroo et du WayHome festival. Il n’est pas étonnant qu’il soit de passage pour une deuxième fois au parc Jean-Drapeau. Sa dernière performance remonte à 2013, qui est, soit dit en passant, sa seule performance en carrière à Montréal. Son dernier album, To Pimp A Butterfly, ne reçoit que des critiques dithyrambiques. Écoute donc ça ne fait pas exception, son dernier album à reçu une note de 94%! C’est à ne pas manquer!
Viet Cong
C’est au début de l’année 2015 que d’anciens membres du groupe canadien Women ont lancés leur premier album éponyme en temps que Viet Cong. Osheaga, ce n’est pas seulement de grandes têtes d’affiche, c’est aussi la crème de la relève. Viet Cong et leur indie-rock expérimental seront vous ramener aux racines du festival : du rock alternatif à son meilleur.
Florence + The Machine
C’est en 2012 que le public du festival a pu admirer la charmante Florence Welsh pour la première fois sur les planches du festival. Elle avait attiré la plus grande foule du week-end. C’était une performance énergique, généreuse et survoltée. Avec son troisième album qui paraîtra le 2 juin prochain, nous attendons rien de moins qu’une performance enflammée de la chanteuse
St. Vincent
St.Vincent est au sommet de sa forme. 2015 représente la deuxième année de sa tournée promotionnelle de son album éponyme lancé l’an dernier. Son passage au Festival d’Été de Québec l’an dernier avait marqué l’équipe d’Écoute donc ça. Nous sommes don très fébrile de la revoir au Québec! Mettons-nous l’eau à la bouche en nous remémorant son passage à l’Impérial l’été dernier.
Le grain de sel de Jacques : Tout à fait d’accord pour St. Vincent. À l’heure actuelle, elle est dans un état de grâce que peu d’artistes atteignent dans une carrière. Son spectacle est rodé au quart de tour et avouons-le, son petit air de guitar goddess un peu intello est vachement sexy. Je n’ai pas eu la chance de voir Florence + The Machine en 2012. Si je monte à Montréal, je vais avoir la chance de me reprendre. Oh, et ça faisait un petit bout qu’on n’avait pas entendu parler d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. Je sais qu’il y a eu quelques projets solos, mais on dirait bien qu’Alex Ebert a pris un break bien mérité. Jade Castrinos, elle, n’est toujours pas de retour avec le groupe. Curiosité. Et Stromae. Il a beaucoup de succès chez nos amis anglophones, mais ils vont capoter quand ils vont voir l’accueil que Montréal lui réserve.
Pas besoin de vous dire que je suis heureux pour les Stone (Angus et Julia), les Avett (frères), War on Drugs, Father John Misty, Future Islands, Decemberists, Rural Alberta Advantage et autres, mais ils font presque tous les festivals indie cette année, alors il n’y a pas vraiment de surprise ni de gros coup ici. Mais on va être content pareil.
Les coups de gueule
The Black Keys
Probablement le groupe que l’on souhaitait le moins voir sur la programmation. En même temps, c’était prévisible qu’ils soient sur l’affiche, car ils ont participé à trois éditions d’Osheaga, soit 2008, 2010 et 2012. Pourquoi The Black Keys est un coup de gueule? Parce que le duo est trop souvent de passage au Québec! Sans compter leurs trois passages au parc Jean-Drapeau, il ont fait 3 concerts au Centre Bell (2011, 2012, 2014), deux apparitions au Festival d’Été de Québec (2011, 2013) et un concert à Laval en 2013. Il est grand temps que ça cesse.
MilkyChance
Directement venu d’Allemagne, le buzz Milky Chance à envie l’Amérique en entier avec leur vers d’oreilles Stolen Dance. En réalité, ce ne sont que des chansons plutôt fades et sans intérêt… Leur performance en concert semble statique et l’on se demande vraiment ce que ce groupe pop fait sur une programmation indie-rock. Certes, ils sont très populaires, mais très peu talentueux. Ils auraient eu leurs places aux défunts Virgin Radio Festival.
GeorgeEzra
C’est dans le même optique que Milky Chance que nous insérons le nom de George Ezra dans les coups de gueule. Ayant un hit radio à son actif, le chanteur de Budapest saura attirer une foule directement tiré du 96,9 CKOI. Osheaga prend un virage pop depuis 2012, et nous ne constatons pas ce principe. Par contre, il ne faut pas perdre de vue l’aspect alternatif de l’évènement. George Ezra est beaucoup trop radiophonique pour l’événement, un peu comme Vance Joy l’an dernier.
Robin Schulz
Attendons-nous, l’électro à sa place à Osheaga. Par contre, ce n’est pas tous les artistes électros qui devraient pouvoir être sur l’affiche. Au départ, l’électro du festival était composé d’artistes de style PiknicÉlectronic. Robin Schulz est un de ces artistes EDM de style Beachclub ou New City Gas…. Il aurait été beaucoup plus approprié de le signer pour IleSoniq.
Le grain de sel de Jacques : Les Black Keys. Sept fois en cinq ans à Montréal (et Laval). Deux fois à Québec. Mais à chaque fois, il y a du monde. Good for them, qu’on dit. J’ai des gros doutes sur Patrick Watson, qui aura d’ailleurs un nouvel album à défendre. Peut-être parce que je l’ai vu si souvent dans des conditions parfaites et que ça m’étonnerait qu’il s’exécute à la Scène des arbres devant ses 100 plus grands fans. Mais je ne sais pas quelle scène pourrait lui rendre justice à Osheaga.
Les surprises
Nas
Nas est un des artistes qu’on avait rayé de la liste. Depuis quelques années, ses tournées sautaient Montréal systématiquement. Son dernier passage dans le 514 remonte à 2008. Récemment, il a joué Illmatic en entier, sans même penser à venir à Montréal. Il a fait la tournée des festivals l’an dernier (il a même fait Lollapalooza!) et il n’a pas posé le pied au parc Jean-Drapeau. En 2015, il n’a que trois concerts de programmés, dont un à Montréal! En espérant qu’il jouera son album Illmatic en entier, un classique de sa discographie.
Philip Selway
À défaut d’avoir Radiohead sur l’affiche (noté que l’organisation essaie chaque année de les signer), Philip Selway s’y retrouve! En effet, le célèbre batteur du groupe viendra nous présenter son plus récent opus, Weatherhouse. On se voit déjà, sur la scène des arbres, en fin d’après-midi avec un beau soleil. C’est à faire rêver. Petite déception… aucune pièce de Radiohead ne sera jouée s’il l’on se fie à ses concerts antérieurs.
Tyler The Creator
Le célèbre rappeur du collectif Odd Future revient à Montréal après son passage au Métropolis l’été dernier. Habitué de faire des concerts courts, énergiques et surprenants (souvenons nous l’incident de SXSW 2014), le rappeur fera vibrer l’Île Sainte-Hélène et, du même coup, fera saigner les oreilles des habitants de Saint-Lambert avec ses paroles explicites. Un incontournable de l’édition 2015 pour tous les fans de musique rap.
Patrick Watson
Patrick Watson, que dire de plus. Il y a très peu d’artistes locaux sur les diverses programmations d’Osheaga. Nous sommes donc très heureux de voir un talentueux québécois sur l’affiche 2015. Très peu de concert sont programmés à son agenda (il sera à l’anglicane de Lévis en avril, nous y serons!), Patrick Watson viendra présenter ses succès et quelques nouvelles pièces lors du festival !
Christine & The Queens
Les francophones d’outremer seront bien représentés cette année. En plus de Stromae, Christine & The Queens seront au festival. Son passage à Montréal en lumière cet hiver fut un succès sur toute la ligne. Le Métropolis était plein à craquer et sa scénique était impressionnante. Il est plutôt rare de voir des artistes francophones hors Québec présenter leurs efforts à Osheaga. Cette année est donc très novatrice sur ce plan…et personne ne va s’en plaindre.
Le grain de sel de Jacques :Excellente prise, Christine and the Queens. Excellente prise. Et Iron & Wine + Ben Bridwell? Mon chum Sam, ça serait super!
Et bravo pour les artistes d’ici. Klô Pelgag, Bernhari, Kwenders… entre autres. Ça donne le goût de rester à l’ombre de la scène des arbres toute la fin de semaine.
Les omissions
ATTENTION! Il est important de noter ici que l’équipe d’Écoute donc ça ne connait pas les conditions de négociation du festival Osheaga. Il est fort probable que l’équipe de programmation, dirigée par Nick Farkas, se soit penchée sur plusieurs de ces artistes, mais que les ententes ne se soient pas conclu. Voyez cette section comme étant nos déceptions personnelles, ou encore des espoirs qui ne se sont pas réalisés.
Alabama Shakes
Le groupe est sur beaucoup d’affiche et saute Montréal dans sa présente tournée. Il est dommage de ne pas les voir au festival cette année.
Belle and Sebastien
Encore une fois, nous sommes surpris de ne pas voir le collectif anglais sur l’affiche. Par contre, il ne serait pas étonnant de les voir au Festival de Jazz de Montréal.
Blur
Ils sont de retour! BLUR! Mais pas à Montréal, ce qui nous attriste beaucoup.
Death From Above 1979
Le groupe canadien est au Squamish Festival la semaine d’après, pourquoi ne pas faire un arrêt à Montréal? Ce sera pour une prochaine fois.
Björk
Les têtes d’affiche de 2015 sont vraiment d’un calibre inférieur. Björk aurait vraiment rehausser cette programmation, mais elle est en Europe.
Jacques : En effet. Où est Björk? Pas besoin de me répondre qu’elle est en Europe, je le sais! Quant à Blur… est-ce qu’on nous garde une surprise? Pour le Québec, où sont les Deuxluxes? Y’a tellement de petits bands qui pourraient profiter de l’occasion, comme Motel Raphaël l’an dernier!
Parlant d’omissions, on n’a pas parlé d’Interpol. C’est voulu? 😉
En conclusion, le festival Osheaga frappe très fort pour sa 10e édition, sauf pour ces têtes d’affiches. Elles sont clairement trop faible pour cette édition. Florence + The Machine et Kendrick Lamar sont d’excellents groupes, mais pas en têtes d’affiche. En ce que concerne The Black Keys, il est temps que ça cesse. Il y a de belles prises, comme FKA Twigs, NAS, The War On Drugs. Il y a beaucoup de contenu québécois aussi (comparé aux éditions précédentes). Bernhari, Klo Pelgag, Pierre Kwenders, Milk & Bone, Patrick Watson, The Franklin Electric et plusieurs autres y seront. Nous y serons! Et vous, que pensez-vous de cette 10e édition ?