Je dois vous confesser ceci… (Presque) jeune Mauricien, je n’ai jamais eu l’occasion d’aller encore au Cercle de Québec. Je le sais, quand on collabore à ecoutedonc.ca, c’est un crime de lèse-majesté. Il a donc fallu donc un événement spécial pour enfin régler ce problème: un spectacle de Pierre Kwenders.
La salle de spectacle est construite d’une manière que je trouve plutôt brillante; davantage en largeur pour cadrer aux dimensions de la scène. Ainsi, lorsqu’on se retrouve au centre, on a vraiment l’impression que notre vue est complètement immergée dans la prestation. Concernant le spectacle dont le présent article fait l’objet, cet aspect géométrique change complètement la manière de vivre notre soirée. Ce n’est pas pour rien que l’endroit s’appelle Le Cercle – Lab vivant.
Après ce moment d’émerveillement, un empereur arrive sur scène… Pas nécessairement celui des Bantous, mais celui qui décide du commencement et de la finalité du temps et de l’espace. En trois ans, le personnage scénique de Kwenders a évolué, et pour le mieux. Autant il y a trois ans il était une bête de scène initiant un gros party, autant, en 2017, quelque chose de magique se produit: Le temps était en effet suspendu et l’espace avait été avalé par un univers musical non seulement original et intéressant, mais par un raz-de-marée de plaisir, de professionnalisme, d’émotions et de jambes incapables de ne pas bouger, même pour les moins déliés d’entre nous.
L’auteur-compositeur-interprète a commencé sa prestation avec la pièce WTFU. En entendant les notes, on est supris par la pureté du son de la guitare de Vincent Duhaime Perreault (qui, paraît-il, accompagne Kwenders que depuis deux semaines, à mon grand étonnement) et de la basse d’Olivier Pépin. J’avais quasiment l’impression d’entendre des notes comme s’ils ne sortaient pas d’une console de son, mais plutôt tout droit sorties des cordes, comme si on était juste en face.
De son côté, la batterie et les percussions électroniques de Philippe Bilodeau apportent des rythmes enlevants et encore plus entraînants qu’en studio. Notons également les consoles électroniques de Pépin qui rendent possibles des effets renforçant l’ambiance ensorcelante. Par exemple, l’assistance a pu entendre des effets de voix qu’on retrouvent sur le dernier album de Kwenders, Makanda – At the End of Space, the Beggining of Time, comme des échos ou de la superposition.
L’éclairage, très travaillé, contribue également à rendre la soirée magique. Qu’il soit plutôt tamisé pour créer un effet d’intimité pour Rendez-vous ou cinématographique (l’usage de la fumée et des jeux de lumières sont vraiment loin de donner un résultat «quétaine» ou forcé), cet aspect du spectacle, combiné à la vue en largeur, démontre un souci du détail dont certains vétérans devraient prendre note.
Les chansons, quant à elles, se retrouvent habillées d’une attention particulière dans leur version en spectacle. L’exemple le plus frappant est la dernière présentée: Woods of Solutide. Si en studio on plane, sur scène, on se promène dans le Sahara avec une version blues désertique évoquant Tinariwen.
Cette soirée va sans doute s’inscrire dans le top 5 des meilleurs spectacles que j’ai vu ces cinq dernières années…
Ouf, ça en fait du monde qui passe sur une scène! Pour le lancement de leur premier album, Mon Doux Saigneur a décidé de s’organiser un mini festival au Cercle en cette chaude soirée de septembre. La soirée était belle, le monde était content, les groupes étaient en feu, on a donc tous passé un très beau moment.
Simon Kearney
Le rock de Simon est sincère, sans détour et puissant. Il est à base de solides compositions supportées par une brochette de bons musiciens et assaisonné par une belle présence scénique. Laissez le tout mijoter et savourez sans modération. En effet, les musiciens savent très bien se débrouiller, en particulier le sujet principal du groupe, qui livre des solos de guitare agiles et bien sentis. Il a présenté des mélodies accrocheuses tout au long de son (court) moment sur scène qui ont réuni, en chantant et en tapant des mains, le public sans cesse grandissant. Du rock, il y en a beaucoup à Québec, mais peu de groupes arrivent à la qualité que Simon et sa bande proposent. Le trio guitare, basse et batterie a bien réchauffé la foule pour le début de cette belle soirée.
Zagata
Ce groupe, c’est le projet de Jesse Proteau (oui, oui, le frère de Joey). D’ailleur, Joey (Ego Death de son petit nom) participe à son projet comme guitariste. Zagata propose une musique très pop où les beaux synthés de Marie-Pierre Bellefeuille apportent une petite touche rétro années 80 au groupe. Les musiciens sont tous très bons, ils exécutent à la perfection leur rôle et Jesse prend celui de rock star très au sérieux. Leur musique détonnait cependant lors de cette soirée. Elle m’a semblé un peu superficielle, vide de contenu artistique. Les textes sont très pauvres: ils décrivent souvent la vie urbaine avec des histoires d’amours qui ne fonctionnent pas ou des histoires de boîtes de nuit. Ce groupe n’avait pas vraiment sa place juste avant Mon Doux Saigneur, on les aurait beaucoup plus appréciés au Show de la Rentrée (la veille) ou dans une soirée dansante au District. C’est une pop rassembleuse et commerciale qui divertit plus qu’elle satisfait notre appétit de mélomane.
Mon Doux Saigneur
L’anticipation était palpable. Je pensais qu’on serait une poignée d’adeptes à boire leur musique lors de la soirée, mais finalement, c’est devant un Cercle bien rempli que la formation Mon Doux Saigneur a débuté le spectacle de lancement de leur premier album. Leur musique est sincèrement délicieuse, elle vient chercher exactement ce dont on a besoin, parfois en nous réconfortant et parfois en nous faisant danser. Ce rock franco comme on l’aime a une petite touche folk grâce au lapsteel, manié d’une main de maître par David Marchand. Les gars ont vraiment l’air doux avec leurs barbes, les petites lunettes du bassiste Étienne Dupré, leurs bières sans gluten. On pourrait qualifier cet indie-rock de «rock sans gluten» (aucunement péjoratif). On a eu droit a de belles balades qui évidement, se sont fait couvrir par les discussions trop fortes du Cercle (maudit…). Le groupe nous a remerciés plusieurs fois pour notre écoute, alors que le public ne le méritait vraiment pas. Merci à cette très belle formation d’être passée par Québec nous livrer leur album (procurez-vous le maintenant!) ainsi qu’un spectacle flamboyant.
Paupière
Peut-être que c’était une erreur de placement des groupes, peut-être que quatre groupes pour un jeudi soir à Québec, c’est un peu ambitieux, mais la salle s’est drôlement vidée avant Paupière. C’est dépassé minuit que le trio électro-pop a foulé les planches un peu fatiguées de cette soirée. L’heure tardive et le manque d’énergie de la foule n’a pas empêché le groupe de livrer une performance énergique, mais quand même marquée par quelques moments de découragement dû au caractère passif des auditeurs. Vers la moitié du spectacle, deux des musiciens ont ensevelit une des chanteuses sous une montagne de gros rubans roses, ce qui a ajouté un caractère un peu excentrique à leur prestation. Avec les synthés et les séquences, Paupière a présenté une synth-pop très actuelle avec un son 80’s tant à la mode ces temps-ci. C’était tout de même un bon spectacle, bien que je suis convaincu que la formation soit capable de beaucoup plus.
C’était jeudi le 31 août que Medora lançait son album Ï en compagnie de Choses Sauvages, un band de Montréal, au Cercle.
Dans un écran de fumée et sous un éclairage coloré, le groupe montréalais ne cachait pas son plaisir d’être là pour ouvrir la piste de danse pour Medora. Très vite, Choses Sauvages a fait le bonheur des spectateurs avec sa ligne de guitare à la sauce funk. L’énergie de Félix Bélisle, Marc-Antoine Barbier, Tommy Bélisle, Philippe Gauthier Boudreau et de Thierry Malépart était contagieuse. Le groupe a invité plusieurs fois les gens à danser. Leur punk-funk en français m’a beaucoup plu. Il a réussi à survolter l’ambiance qu’il y avait au Cercle.
Le clou du spectacle a été Medora, qui lançait son Ï. Déjà un succès médiatique (et aussi sur notre blogue), le quatuor de Québec a joué l’entièreté de l’album. Son chanteur, Vincent Dufour, est authentique et charismatique. Le plaisir était véritablement là sur scène, mais aussi dans la salle de spectacle. Je sentais de la maturité et des inspirations diverses dans l’interprétation musicale de Charles Côté, Vincent Dufour, Guillaume Gariépy et Aubert Gendron Marsolais. Les sonorités indie-rock ont réchauffées la température extérieure, ramenant l’été alors que l’automne approche à grands pas. Je m’étais délectée de l’album, et la même chose s’est produite au Cercle. La salle bien remplie ne laisse entrevoir que de belles perspectives pour eux.
Après les maxis Ressac (2014) et Les arômes (2016), Medora lance finalement son premier long jeu : Ï (i tréma). Évoluant dans le milieu depuis maintenant plus de quatre ans, le groupe a tôt fait de laisser tomber l’épithète «Old» qui précédait son nom. Cette première métamorphose était à l’image du processus de définition artistique qui allait suivre au fil des spectacles et des compositions. Avec Ï, le groupe semble cerner véritablement son identité tout en se défaisant de ses étiquettes. On en a parlé avec les quatre musiciens : Vincent Dufour, Charles Côté, Aubert Gendron et Guillaume Gariépy.
Composition expérimentale
Selon le groupe, la genèse de Ï a d’abord été l’occasion de tester une nouvelle façon de composer. «V’là un an, en fait, Charles et moi, on est allés à mon chalet dans l’idée de faire un album», nous raconte Vincent, le chanteur. «Ça faisait un ou deux ans qu’on avait accumulé des riffs, des mélodies. On a composé les premiers embryons des pièces… une vingtaine en tout. Après ça, on les a toutes réarrangées en band. » Le gros de la composition s’est produit de cette façon, bien que le processus se soit poursuivi tout au long de l’été.
L’ensemble du groupe y a trouvé son avantage, aux dires des musiciens. «Les Arômes, ça a été composé les quatre ensemble, puis ça menait à des débats, des conflits. Tandis que là [Vincent] apportai[t] une idée, puis on dirait que vu que l’idée était déjà construite, on avait comme moins tendance à la débattre», explique Aubert. «Oui, elle avait son contexte», réplique Vincent. «Ça faisait aussi que les pièces étaient plus solides, je trouve, comparé aux Arômes», a ajouté Guillaume.
Plus solides, mais aussi plus senties et émancipées. Comme si, dans certaines pièces telles que Tsunami, on pouvait entendre «quelque chose qui grondait à l’intérieur», pour reprendre les mots du chanteur. Pourquoi ? «Quand tu as une idée, si tu restes tout seul avec toi‑même [pour composer], tu sais où aller. Pas besoin de la communiquer… Pas besoin de la rationaliser», explique-t-il. Selon lui, cela désentrave le processus de création.
Un collage musical méticuleux
Par ces moyens, le groupe en est arrivé à rassembler une multitude de nouveau matériel. La matière première de l’album était là, mais c’était loin d’être terminé. «La rythmique, la basse, tout ça a été changé… Les structures ont bougé», énumère Vincent. Comme un collage musical, les pièces ont été montées et travaillées dans le détail, couche par couche.
Ce qui reste sur le disque a d’ailleurs été sélectionné méticuleusement : «On avait quarante riffs, mais on en a choisi sept là-dedans», précise Charles. «Le Maine, justement, c’était les mélodies de deux tounes qu’on a mises ensemble», ajoute Vincent à titre d’exemple.
«Je me rappelle que la première fois que j’ai écouté [les maquettes], je me suis dit : shit, l’album est déjà composé», raconte Aubert. «En fait, au début, je ne pensais pas que ça allait changer tant que ça…», ajoute-t-il. «Ça a changé en estie!», rétorque Charles. «Ça, c’est Alex», précise-t-il.
Préproduction – Une collaboration qui a porté ses fruits
Le guitariste parle ici d’Alexandre Martel (Anatole, Mauves… a-t-il-vraiment-besoin-de-présentation ?), qui a collaboré avec le groupe à titre de réalisateur. «On s’est dit que ça nous prendrait un réalisateur pour l’album, explique Charles. Parce que je ne suis pas prêt à dire qu’on est des geeks de son et puis parce que… prendre des décisions sur le son d’un album et sur quelle piste est la meilleure, quelles tounes garder ou ne pas garder…»
«On est trop proche des tounes [pour ça]», complète Vincent. Et pour eux, la personne toute désignée s’est imposée rapidement. Ayant travaillé avec Martel pour leur spectacle des Arômes, ils avaient apprécié sa façon franche et directe de travailler. Mais surtout, ajoute Vincent : « Ce qu’Alex sait bien faire ‑ et ça, je pense que c’est la plus grande qualité pour un réalisateur ‑ c’est qu’il comprend où on veut aller. Il nous amène là, alors qu’on ne serait peut‑être pas capables d’y aller par nous‑mêmes parce qu’on est trop proche de nos tounes. Et il essaie toujours de nous amener encore plus loin.»
La pièce Les tracas dans les cellules de la tête illustre bien comment les musiciens ont été amenés à sortir de leur zone de confort, à retravailler leur matériel lors de la préproduction. À la blague, le groupe l’aurait transfigurée pour lui donner des airs d’afrobeat. «À ce moment-là, ça se passait tellement qu’Alex ne voulait pas qu’on doute, explique Vincent. Il nous a poussés dans cette direction-là.» Bien que la pièce originale fût déjà montée à ce moment-là, ils ont finalement refait toute la maquette, ce qui donne à la pièce sa saveur actuelle.
La question des étiquettes
Au-delà même de l’exotique trame de fond des tracas, l’album dans son ensemble revêt des couleurs nouvelles. «Ce que je retiens surtout de i tréma, c’est qu’au final en écoutant l’album tu passes par plusieurs sons différents», conclut le chanteur. «Notre trip, c’était d’avoir la plus grande ouverture… Parce qu’il fallait se redéfinir d’une façon», ajoute-t-il.
En effet, avec Ï, Medora a voulu se défaire d’une étiquette : «C’est tellement facile de chanter en français, d’avoir des guitares électriques et de se faire associer à [d’autres groupes indie-rock franco]», poursuit Vincent. «Les gens t’étiquettent, et c’est facile de rester conservateur. Je pense qu’on l’a été dans nos deux premiers EP parce qu’on n’avait pas la maturité ou l’audace de dépasser ça. Là, en ayant un réalisateur aussi qui nous poussait à aller plus loin, on s’est ouvert.»
Charles Côté renchérit : «En fait, on écoute tous de la musique très variée. On n’écoute pas rien que de l’indie-rock. Si on a fait une toune afrobeat, c’est parce que j’en écoute, de l’afrobeat. Et Aubert, lui, écoute du jazz… je pense qu’avec cet album‑là, on s’est permis de faire fuck off.»
D’autres fils conducteurs
En se permettant de piger dans d’autres styles, Medora décidait de pencher du côté de l’éclectisme instrumental. Faut-il voir l’album comme un ensemble disparate ? Pas selon Vincent Dufour : «C’est plus le type de composition qui, selon moi, a donné une couleur forte [à l’album]. Et il y a quand même un son Pantoum qui vient ramener ça un peu, là.»
«Il n’y a aucun band au Pantoum qui sonne comme nous, je trouve», proteste Charles. «Non, avoue le chanteur, mais on a enregistré au Pantoum et je trouve que juste ça, ça se transpose [dans notre musique]». On pourrait aussi mentionner l’uniformité donnée par la direction artistique et qui transparaît à l’écoute.
Charles Côté, lui, s’est montré disposé à nous présenter un autre fil conducteur fort de l’album : les textes. Il nous a raconté comment le thème de l’album lui est venu à l’esprit.
Plonger dans l’univers d’Ï
«J’ai bien tripé sur La Grande Bellezza, un film italien de Paolo Sorrentino qui est sorti v’là deux, trois ans», raconte Charles. «Dans ce film‑là, selon ma perception du film, il essaie de recenser toutes les formes de beauté possibles. Il passe par l’amour, la jeunesse, la naïveté, l’art, la sculpture, l’architecture, la foi en Dieu, des trucs comme ça. Je trouvais que c’était comme un sujet de base qui était éclatable sur plusieurs autres microthèmes qui gravitent autour de ce thème central là. »
Une rencontre aurait ensuite amené l’auteur à donner un angle particulier à son thème. «Ça a donné la drive de l’album, en fait. Ce n’était pas tant que j’ai écrit l’album sur cette fille‑là. C’était plutôt l’énergie que j’avais à ce moment‑là. C’est ce qu’on sent dans les textes.»
Qu’elles parlent des deux personnages fictifs revenant à plusieurs reprises – Mïra et le narrateur – ou encore d’histoires vécues par le groupe et son entourage, les paroles gravitent ainsi autour des thèmes de l’amour, de l’amitié, de l’obsession. «Il y a aussi beaucoup de références au regard et à la désorientation, au fait d’être un peu étourdi», précise Charles. « Dans une des pièces, le narrateur fait une commotion et il y a comme un rappel de plusieurs phrases qui sont venues avant dans l’album, dans les textes.»
L’album se déroule en effet comme une longue histoire dont Mïra est le point central. «Je l’ai appelée comme ça parce que je trouvais que ça sonnait bien, mais surtout parce qu’en espagnol, c’est ‘regarder’.» C’est d’ailleurs dans la pièce qui porte son nom que se trouve la clé de compréhension du titre de l’album : Ï (i tréma).
«Pour moi, [i tréma] c’est juste le meilleur de ce qu’on a fait depuis le début», conclut Vincent. « Les tounes étaient meilleures, on avait plus de maturité pour les structures des chansons… On a fait un travail de préproduction, ce qui fait qu’à mon avis [i tréma] a la notoriété qu’un premier album doit avoir.»
Constatez-le par vous-même, après Ressac et Les Arômes, c’est réellement un produit peaufiné et travaillé que nous présente le groupe local. Un produit à leur image et qui, en résonnant dans vos oreilles, vous attrapera les tripes et le cœur.
Et en spectacle ?
D’ailleurs, vous aurez notamment l’occasion de l’entendre en vrai le 31 août prochain au Cercle. Et ce sous une formule qui, à en croire mon verbatim, risque d’assurer :
EDC : Qu’est‑ce que vous allez faire à partir de votre lancement, partez‑vous en tournée, faites‑vous des shows?
MEDORA : Oui, pas mal de shows.
EDC : Oui. Puis ça va avoir l’air de quoi en show, c’est‑tu quelque chose qui…
MEDORA : Ah, c’est un grand mystère.
EDC : Vous ne savez pas encore, vous allez voir quand vous allez…
MEDORA : Mais dis, dans l’article : ils nous ont dit que ça allait être incroyable, pyrotechnie assurée, puis on va s’arranger pour qu’il y en ait vraiment au show.
…Attention aux étincelles!
– 30 –
Un énorme merci à Tatiana Picard pour la transcription de l’entrevue-mastodonte-casse-tête
Pour le marathon des 10 jours de signaux de nuit, ce jeudi c’était au tour de Les indiens
et Big Brave à faire leurs prestations.
La soirée a débuté avec le groupe montréalais Big Brave et ses sons lourds et graves dirigés par les musiciens et une voix des plus aigües qui n’était projetée par nul autre que la chanteuse. J’avais écouté quelques vidéos pour me faire une idée avant de les voir jouer au cercle, mais sinon, je ne les connaissais pas. Également, moi qui ne suis pas habitué avec ce style musical, j’ai été agréablement surprise de leur prestation.
Pour terminer la soirée, c’est le groupe stoner rock Les indiens qui a donné une prestation tout en couleur. On sentait bien la ligne directrice de la soirée, des notes lourdes, des paroles pesantes, mais tout de même amené d’une manière à faire bouger la tête des gens.
Une soirée musicale réussie pour les fans de stoner rock !
En première partie de Duchess Says, Bernardino Femminielli a donné une prestation surprenante et haute en émotion. Dans une ambiance sombre, Bernardino était vêtu d’un débardeur scintillant entre-ouvert laissant voir de la peau avec des culottes de cuir assez serrées où l’on pouvait y voir un sous-vêtement dans le style «BDSM». Dans son rôle d’homme sans genre, il se trémoussait de manière provocatrice sur la scène.
Pour ma part, c’était la deuxième fois que j’avais l’occasion de le voir en spectacle, je savais quel type de réaction il pouvait susciter. Je savais qu’il ne fallait pas être choqué, mais plutôt être amené à se questionner. Ça me faisait plaisir de voir que certains étaient sceptiques au départ. Malgré tout, ils ont vite compris et se sont laissé emporter dans le délire de l’artiste pour danser avec lui.
Au programme : des textes puissants et poétiques, dirigés par une voix caverneuse et lourde, et accompagnés par des explorations sonores éclectiques allant du disco à l’électro qui laissaient place à des sons imprévisibles. Sans oublier une présentation vidéo composée d’images percutantes accompagnant des textes murmurés issus de l’album Plaisirs Américains.
Duchess Says
Encore un peu engourdie par la prestation précédente, j’avais très hâte d’enfin voir un spectacle des Duchess Says. Mes attentes étaient assez hautes en regard aux bons commentaires à leur sujet et surtout à propos de l’intensité de la chanteuse sur scène.
C’est avec la chanson Poubelle que tout a commencé et, pour combler mes attentes, la chanteuse affichait une forme explosive. À peine les canons de décibels avaient fait feu qu’elle scandait à la foule : «Saran-wrapez moi ça !».
Ils m’ont semblé habitués par cette demande, car la foule s’est empressée de prendre le rouleau énorme prévu à cet effet pour ensuite se «saran-wraper» entre eux tout en ouvrant une séance de slam. En enchainant les chansons de leur plus récent album Sciences nouvelles, sorti en 2016, Duchess Says a imposé un délire infernal et mené le party dans le lieu tout au long de la soirée!
Photos : Joanie Paquet (sauf photo de couverture – Jacques Boivin)
Comme si j’avais pas assez du Festival d’été pour m’occuper, je suis allé faire une petite saucette au Cercle pour terminer la soirée en beauté et en rock avec deux groupes qui décoiffent : Lubik, digne représentant de l’Abitibi, et Les Hôtesses d’Hilaire, groupe acadien qui me fait vibrer pas mal…
Lubik
Le parterre n’était pas encore rempli lorsque Lubik est monté sur scène. Tant mieux, ça va faire davantage d’espace pour danser et lâcher notre fou. Le groupe de La Sarre, qui a la réputation d’être branché sur le 220, a mis le feu aux planches grâce à son rock and roll puissant (en français SVP) et à l’extraordinaire présence scénique d’Alexandre Picard. Faut voir Picard haranguer la foule et sauter partout comme un kangourou pendant que ses complices (Christian Frenette, Jean-Sébastien Trudel Langevin et Michaël Nault) balancent un mur de briques sonore.
La prestation, axée principalement sur le dernier album Vivant, s’est déroulée à fond de train, sans temps mort. Vincent Peake est même venu faire un petit tour, question de survolter davantage le public qui n’en demandait même pas tant.
Après l’excellente Couscous en finale, on était déjà repu! Et on n’avait pas encore touché au dessert!
Les Hôtesses d’Hilaire
On ne compte plus le nombre de fois qu’on a vu Les Hôtesses d’Hilaire dans les deux dernières années. Pourtant, on se garroche à chaque occasion de les revoir et de participer à leurs grands-messes! Serge Brideau, d’une belle robe moulante transparente aux motifs léopard, était particulièrement en verve, se permettant de taquiner la foule parfois un brin trop enthousiaste au son des Moonshine, J’me souviens des p’tits bouttes, Murdochville (toujours aussi complètement hallucinée, grâce entre autres aux claviers de Léandre et à la guitare de Mico), Eastbound and Down, MDMA et David Akward(toujours aussi le fun d’entendre Maxence Cormier rapper en drummant), autant de belles vieilles chansons qui sont des classiques des spectacles des Hôtesses.
On a quand même eu plusieurs chansons de Touche-moi pas là, dont Fais Faillite, qui a toujours son effet fédérateur dans une foule qui n’hésite pas à lever le poing avec enthousiasme en criant le refrain. Mais mon moment le plus fort, c’est quand les gars ont lancé C’est Glen qui l’a dit, qu’on n’entendait presque plus en spectacle. Cette chanson d’une dizaine de minutes, pendant laquelle Serge se lance dans une folle diatribe, est toujours aussi savoureuse. Évidemment, Superchiac Baby, Regarde-Moé et Machine à bière ont également été chantées en choeur, sauf à l’avant, où les spectateurs étaient bien trop occupés à se rentrer dedans avec passion pour chanter!
À travers tout ça, de nombreuses interventions hilarantes, quelques improvisations (dont une contre le gluten) et énormément de plaisir! Ah, pis les Mydy Rabycad, qu’on avait croisé plus tôt en journée au FEQ, étaient venus voir le phénomène. Ils semblent avoir bien apprécié!
On aurait cru, après l’épique Hilaire à boire, que Les Hôtesses n’avaient plus de jus. Pourtant, ils ne se sont pas fait prier pour remonter sur scène et présenter trois autres chansons (dont une nouvelle intitulée La poudre, c’est de la marde – qui devrait faire partie de leur projet d’opéra rock).
Je suis sorti du Cercle vers 2 h 30 du matin. Fatigué, un peu éméché, mais trop heureux d’avoir passé une soirée géniale!
Ce show-là, il est pas mal en haut de ma liste des prestations préférées. À vie.
C’est samedi soir que débutait une troisième journée du festival Signaux de nuit. À mon arrivée, vers 23 h, je constatais que la salle était déjà presque pleine. À mon sens, cela annonçait une bonne soirée festive. Cette fois-ci, le festival consacrait la soirée pour les «fans» de Rap. Pour commencer en force, c’est le groupe Morpheus’ arms qui a su animer la foule pour Loud qui était tant attendu par le public. On sentait une bonne cohésion entre les membres de même que les amis qui se sont joints pour quelques chansons. La foule n’a pas eu le temps de reprendre son souffle que David Lee a pris le rebond. On voyait les gens sauter partout, danser et chanter. Ils étaient prêts pour Loud, qui a finalement fait son entrée avec Shash’U pour quelques chansons. Sans trop laisser de place au silence, Loud enchainait les titres de son Ep qui étaient une fois de plus acclamés par le public. On sentait que les gens le connaissaient bien, malgré sa longue absence dans la ville de Québec (il ne s’est pas empêché de le souligner). Puis, en rappel avec son «hit» 56k, il a su complètement combler le public.
Le Cercle nous a offert hier une folle soirée. La slameuse Queen Ka a ouvert la soirée avec sa belle poésie percussive, accompagnée de supers musiciens qui ont su créé des ambiances fortes qui soutenaient très bien ses propos. J’étais très content (pour ne pas dire extatique) d’entendre une si belle poésie au Cercle en fin de soirée! Ce lieu de diffusion, reconnu pour son public bavard (fermez vos gueules comme dirait le boss), n’a pas fait exception à la règle ce soir-là, mais les incontinents verbaux se sont tous amassés au fond de la salle, laissant une tranche de mélomanes attentifs devant la scène pour mieux boire ses paroles. En plus des ambiances sonores créées par Stéphane Leclerc, le travail de Blaise Borboën-Léonard (oui oui, il jouait avec Lydia Képinski quelques heures plus tôt) est remarquable. Avec des mouvements d’une fluidité déconcertante, il alterne entre les claviers, l’électronique ainsi que son alto branché dans une impressionnante banque d’effets qu’il maîtrise à merveille. Aujourd’hui, faire de la poésie dans un bar, comme ce que Queen Ka nous a présenté est politique et ô combien important pour notre esprit critique et notre culture commune. Merci pour ce beau moment et merci de faire vivre l’art des mots.
Socalled a mis le feu au Cercle. Ces sept mots résument très bien le spectacle hautement énergique qu’il nous a livré hier soir avec des musiciens de feu! Et pour notre plus grand plaisir (j’étais comme un enfant), Sarah Toussaint-Léveillé s’est joint à la fête pour faire des «backs vocals» et même rapper! Socalled ayant réalisé son plus récent album «La mort est un jardin sauvage», la musicienne connaît bien le rappeur, même si parfois elle semblait un peu déstabilisée par sa folie contagieuse. Le groupe est allé dans toute les directions: du funk au Klezmer en passant par des chants d’inspiration arabes, toujours bien sûr avec du rap et une touche d’absurdité. Le multi-instrumentiste a su faire bouger la foule en retenant son attention tout au long de ce spectacle de deux heures en nous faisant chanter, danser, rire et sauter partout. Il a même présenté un tour de magie vraiment bien monté avec des cordes qu’il coupait et qui se rattachaient toutes seules. À un moment, Queen Ka a même été invitée à venir sur scène pour faire un freestyle. Le Cercle a été en fête jusqu’à deux heures!
Jeudi dernier, le Cercle accueillait la jeune sensation française Fishbach, qui faisait un arrêt à Québec avant ses passages fort attendus aux Francofolies de Montréal. On avait bien hâte de voir cette jeune femme, qui propose une pop qui peut rappeler à certains moments des airs qui ont bercé nos années 1980, et qui débarquait pour la première fois de notre côté de l’Atlantique.
Les discussions typiques du Cercle se sont toutes tues dès l’arrivée de la magnétique Fishbach et de ses musiciens, et pour cause : elle n’avait pas encore ouvert la bouche qu’il se dégageait un magnétisme, une présence qu’on voit (trop) rarement. Elle observe son public d’un regard perçant, semble se dire « ouais, ça va être une bonne salle » et entre immédiatement à un niveau supérieur. La suite est fort simple : pendant une heure, on a été hypnotisés par cette jeune femme, par ses chansons accrocheuses, par sa voix un brin androgyne et sa théâtralité qui n’est pas sans rappeler une certaine Catherine Ringer (Les Rita Mitsouko). Les chansons, qui mélangent mélancolie, romantisme et rythmes envoûtants, font danser les spectateurs qui eux-même semblent entrer en transe.
On avait beau ne pas connaître toutes les chansons de Fishbach (l’album complet n’est pas encore sorti ici), on ne pouvait faire autrement qu’accueillir les pièces en débordant d’enthousiasme. Oui, certains éléments du spectacle pouvaient avoir des airs de déjà vu (le coup de la clope, assise au bord de la scène, par exemple, Anatole nous l’a fait assez souvent). Mais on s’en fout, ça demeure fichtrement efficace.
Ce fut bref, mais ce fut intense. Et parfait pour oublier tous nos soucis pendant quelques minutes. Il faisait longtemps que je n’avais pas entendu d’applaudissements aussi enthousiastes à la fin d’un show. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est que Flora Fischbach et ses musiciens reviennent à Québec.
Vous êtes à Montréal? Fishbach sera sur la scène Sirius XM ce vendredi 22 heures aux Francofolies; vous pourrez également la voir en première partie de Bernhari ce samedi 19 heures à L’Astral. On vous le jure, ça vaut le détour!
Bernhari
Parlant de Bernhari, le grand Alexandre est venu faire un petit tour de piste en première partie. La pop vaporeuse de Bernhari atteint toujours (toujours) la cible et ses chansons, qu’elles viennent de son premier album ou du plus récent (Île Jésus), sont de véritables perles que je ne me lasse pas d’écouter. Ces chansons ont bien évolué depuis le temps (les deux univers un brin différents des deux albums se complètent de mieux en mieux) et leur interprétation est sans faille. Faut dire qu’avec un Emmanuel Éthier plus en forme que jamais aux guitares, et un Shawn Cotton groovy à l’os à la basse, difficile de ne pas faire mouche!
Seul (tout petit) bémol : Bernhari, dont j’apprécie l’intensité, semble bien sage caché derrière ses claviers. Oui, ça marche dans ses chansons les plus douces, mais on sent parfois qu’il aurait envie de se laisser aller davantage… Un tout petit bémol, que je disais!
Comme toujours, la prestation d’environ 45 minutes s’est terminée par une Kryuchkova déchaînée qui en a surpris quelques-uns dans la salle. C’était fort, c’était apocalyptique et explosif, comme un coup de foudre dans une manif! Du grand Bernhari!