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  • [ANNONCE] Une semaine psychédélique pour la métropole

    [ANNONCE] Une semaine psychédélique pour la métropole

    Le psychédélisme a décidément la cote auprès des mélomanes ces dernières années. Le Montreal Psych Fest, maintenant défunt, a tenu trois éditions de 2013 à 2015. Ecoutedonc.ca avait d’ailleurs crû bon m’envoyer sur place pour donner un compte rendu de trois soirées époustouflantes ayant fait défiler une quinzaine de groupes sur les planches d’une salle vétuste de la métropole. Les Nuits Psychédéliques de Québec se sont établies au printemps suivant et ont tenu trois superbes éditions, pour le plus grand plaisir des mélomanes de la vieille capitale. La troisième édition des Nuits n’avait pas encore donné le coup d’envoi que le festival appelé à prendre la relève du MPF s’annonçait déjà avec un nouvel intitulé, tout simplement baptisé Distorsion. Ce festival aura lieu la fin de semaine prochaine, de jeudi à dimanche, mais ce n’est pas tout en ce qui concerne  le psychédélisme rocheux dans la bourgade de Denis Coderre.

    Mardi soir, le Cabaret la Tulipe recevra la superbe formation The Brian Jonestown Massacre, qui présentera pour l’occasion le matériel de son imposante discographie, dont le plus récent, Musique de film imaginé, est une sorte d’hommage au cinéma français des années 50-60 (Truffaut et Godard bonjour). La soirée, présentée par Blue Skies Turn Black, Evenko et Greenland, devrait permettre aux mélomanes de faire le plein de musique lyrique et planante par moments, généralement épique et parfois très chargée. On n’annonce pas de première partie pour ce concert tout simplement intitulé « Une soirée avec The Brian Jonestown Massacre » et qui sera présentée à guichets fermés.

    Même si le Festival Distorsion ne commence que le jeudi, une autre excellente formation psychédélique foulera les planches d’une salle de concert mercredi soir, et pas la moindre. Il s’agit en effet d’un septuor australien hyperactif qui vient de publier un album fort attendu et apprécié, son premier en 2016, lui qui avait publié deux albums par année depuis trois ans, et j’ai nommé King Gizzard & The Lizard Wizard. Ils seront donc à Montréal pour présenter les titres de Nonagon Infinity, le très énergique et abrasif nouvel album qui succède au quasi acoustique Paper Mâché Dream Balloon. Accompagnés par Holy Data pour cette soirée présentée par la boîte montréalaise Blue Skies Turn Black, KG&TLW, comme TBJM la veille, affiche complet.

    Le coup d’envoi de ce nouveau Festival Distorsion se donnera donc jeudi, avec des formations locales et en visite. Toutes les célébrations sont prévues pour le Mathari Loft sur l’avenue du Mont-Royal) incluant une relecture d’Aladdin réunissant entre autres Macaulay Culkin, Devandra Banhart et Regina Spektor. Parmi les groupes devant se produire entre le 12 et le 16 mai dans le cadre du Distorsion, on note les fameux I.D.A.L.G., anciennement Il Danse Avec Les Genoux, que vous devriez voir cet été dans un festival près de chez vous. Les six musiciens ont publié l’excellent Post-Dynastie à la fin de l’année dernière et sillonnent les routes occidentales depuis pour annoncer la bonne nouvelle. Trois autres sensations montréalaises se produiront aussi durant le weekend, soit UUBBUURRUU, Technical Kidman et Adam Strangler, en plus des halifaxo-torontois Crosss et du rockeur pop-psyché montréalais Paul Jacobs.

    Le reste de la programmation et le détail des soirées est disponible sur leur site internet ou encore sur leur page facebook.

    François-Samuel Fortin

    6 mai 2016
    Festivals, Nouvelles
    Adam Strangler, blue skies turn black, brian jonestown, Crosss, distorsion, Evenko, I.D.A.L.G, king gizzard, Montréal, paul jacobs, Psychédélique, technical kidman, UUBBUURRUU
  • [ALBUM] Rednext Level et Argent Légal : quarante mille nuances de rouge

    [ALBUM] Rednext Level et Argent Légal : quarante mille nuances de rouge

    Bien que le terme d’ovni musical commence à être galvaudé lorsqu’on parle de la musique produite par la grosse gang de chums qui gravite dans l’univers déluré de la seule troupe post-rigodon bas-canadienne, Alaclair Ensemble, force est d’admettre qu’il commence à peine à décrire la provenance conceptuelle de cette galette cosmique que nous offrait Rednext Level le 15 avril dernier, gracieuseté de Coyote Records. D’emblée, on se doutait que les sonorités allaient explorer d’autres territoires, que les thèmes et les textes seraient la suite logique du projet précédent et que globalement, le groupe serait le théâtre de toutes les audaces pour les deux MCs bien connus et appréciés du public québécois, Maybe Watson et Ogden AKA Robert Nelson, pour le DJ Tiestostérone ainsi que pour le producteur Tork, un ami d’enfance de Maybe Watson qui gravitait davantage dans les sphères électroniques que dans le territoire rap-queb-champ-gauche occupé d’habitude par nos deux moineaux lyricaux.

    On pourrait dire qu’Argent Légal est un album concept, bien que les pièces réunies ici sont assez diversifiées, mais construites la plupart du temps autour d’un noyau dur fait d’un savant alliage de house, funk, rap, trap, r&b et pop. Les thématiques coulent d’une pièce à l’autre, le voyage, la fête et l’argent occupent le centre névralgique des textes, qui sont par ailleurs truffés de références et de pointes d’ironie. Des pièces pouvant rappeler Maroon-5, un autre verse rap emprunté à Madonna, amenant un côté électro et pop au rap que laissait déjà préfigurer des titres d’Alaclair Ensemble, notamment «Mon Cou», qui pastichait déjà la reine du pop et son phrasé saccadé. Ici, on pousse vraiment la dose jusqu’au niveau suivant, et même jusqu’à l’autre d’après, le post-post-rigodon étant une sorte d’enfant bâtard surdoué qui serait né de l’union entre le rap-queb et Rouge-FM. La seule raison pour laquelle l’enfant en question, on le trouve beau au final, c’est que les parents sont assez talentueux pour donner la cohérence, l’authenticité et la qualité à un projet aussi audacieux et risqué à la base. Les mélodies et les refrains risquent d’en faire sourciller plus d’un, advenant le cas où on en venait à prendre au pied de la lettre et au premier degré les compositions de Rednext Level, qui sont par ailleurs à peu près toujours caractérisées par un jeu d’ironie et de références pouvant rendre hommage et faire dommage aux sources d’inspirations. La simplicité apparente du produit cache pourtant un travail de confection et de création assez novateur et cohérent avec leur parcours.

    Deux titres ont été révélés au public cet hiver, accompagnés de clips mémorables et créatifs, et c’est d’abord l’hyperactive et watatatowesque «Sri Lanka»,  infusée au dance et house des années 90 et bardée d’autotune, tout comme c’est d’ailleurs le cas de la majorité des onze titres réunis ici, qui a charmé les mélomanes en manques de sonorités estivales, au plus creux de l’hiver. Quelques semaines plus tard, ce fût au tour de ce qui est devenu entre temps le véritable hymne national de la classe moyenne, la géniale «40K», qui fait l’apologie d’un taxe-payeur, d’un costco-magasineur, d’un Ford-Escape-conducteur, d’un rapport-d’impôts-faiseur et d’un carnet-Desjardins-à-jour-metteur. La pièce, qui est à mon goût le titre le plus réussi, est aussi le porte-étendard du concept de l’album Argent Légal, axé de A à Z sur le contratste entre l’activité et le résultat, la lutte au quotidien et l’amour de la fête, la vie d’un quidam avec des rêves de jet privé, et finalement, le réalisme et la résilience qui vient avec le fait de rentrer dans les rangs, en quelque sorte, et adopter une activité mature et productrice en vue de s’assurer un confort matériel relativement modeste mais pourtant difficile d’accès pour un rapper voulant vivre de son art.

    L’album a des visées commerciales évidentes mais n’a pas tout sacrifié à l’aune de son éventuel potentiel radiophonique, les titres gardant un caractère fort ludique, original, novateur, enjoué et vivant, qui manque souvent cruellement aux créations musicales de l’industrie culturelle qui occupent la majorité du temps d’antenne des radios commerciales. Deux habituels collaborateurs d’Ogden et Maybe viennent mettre l’épaule à la roue pour aider les gars, issus d’un milieu habituellement boudé par les radios commerciales, le hip hop, à pénétrer le coffre-fort des succès radiophoniques et entrer en rotation. Avec des refrains aussi accrocheurs et des mélodies estivales de ce type, si aucun de ces deux titres n’en vient à passer à la radio de manière assez soutenue, titres où apparaissent respectivement Claude Bégin et Karim Ouellet, deux chouchous des ondes ces dernières années, je ne sais pas comment les artistes de ce milieu pourront faire une percée dans le domaine grand public. Pour les deux collaborations, d’abord la très sucrée et funky «Faible pour toi» avec Claude Bégin au refrain et à la production, et ensuite, la mélancolique et mélodique «Partir» avec Karim Ouellet, les artistes ont concocté des refrains qui respectent les canons de la pop et se mémorisent à la vitesse de l’éclair pour rester bien incrustés dans les molles fibres du cerveau, même plusieurs heures ou jours plus tard, ce qui leur confère à mes yeux un potentiel radiophonique que j’aurais difficilement pu imaginer possible, en tous cas pas avec un tel aplomb, et tout autant compatible avec l’univers décalé et juvénile qui accompagne leur groupe Alaclair Ensemble depuis les tous débuts.

    Argent Légal a parfois le défaut de ses qualités. Pour la plupart d’entre nous, les onze titres réunis ici sont très très sucrés, ce qui pourrait faire sourciller les plus réfractaires à la musique pop, dont j’ai longtemps fait partie. L’exploit réussi par Rednext Level, c’est de faire écouter et aimer une musique construite à la base sur du dance plutôt kitch et très 90s, à des gens qui n’auraient jamais osé imaginer qu’une musique de ce type aurait des chances de leur plaire. On succombe assez facilement aux charmes du groupe, mais l’expérience est assez contre-intuitive au début, surtout pour un mélomane aguerri qui écoute autant du grindcore que du free jazz. Le niveau de qualité ici est assez élevé pour justifier l’intérêt qui doit être porté à la galette pour bien l’apprécier. Celle-ci gagne sans contredit à être écoutée dans des écouteurs, sans quoi la production tonitruante de Tork et les références ludiques et brillantes mises sur la table par les deux MCs pourraient passer à côté de l’expérience et ôter la riche subtilité de leur bébé sucré. On se croirait souvent au beach-club de Pointe-Callumet ou dans les quartiers populaires de Laval, si on en restait au premier degré, mais le tout prend plus souvent des allures de caricatures pince-sans-rire de tout ce qui tombe dans leur mire. La pièce testament de l’album, «Tatouer» est un bon exemple de cette approche à la fois sérieuse et trollesque, avec sa faute d’orthographe (« le rap québécois, je l’ai tatouer »). Le résultat est une superbe pastiche d’une chanson qui aurait pu exister sérieusement, à quelques détails près, comme confession d’un rappeur-couleuvre.

    La direction empruntée ici par Ogden et Maybe Watson pour ce projet parallèle est à des années lumières de celle préconisée par Eman et VLooper, lauréats hip hop à l’Adisq pour 2015, mais on peut facilement remonter à une source commune avec Alaclair Ensemble, dont les aspects constituants ont été hypertrophiés différemment par ces deux projets. Alors que les gars prévoient enregistrer un nouvel opus d’Alaclair Ensemble à l’automne, l’album Argent Légal semble pour eux un parfait mélange de 9-à-5 et de récréation, soit une très divertissante activité parallèle qui pourrait s’avérer lucrative. Le travail acharné et le plaisir coupable qui ont donné naissance à cet album très estival devraient permettre aux trois protagonistes de se payer des Ah! Caramel, des cannes de thon et de la Bud-light en masse, à condition que les gens osent les suivre dans cette aventure – et ils ont tout intérêt à le faire. Fake pas l’funk pis boude pas l’fun, prends une portion de ton salaire horaire et va chez le disquaire acheter ta copie pis payer tes taxes dessus, surtout que tu viens juste d’avoir ton retour d’impôts el gros.   

    [bandcamp width=100% height=120 album=3881061328 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]

    François-Samuel Fortin

    25 avril 2016
    Albums
    Alaclair Ensemble, argent légal, Claude Bégin, Coyote Records, Karim Ouellet, maybe watson, Montréal, ogden, quebec, rednext level, robert nelson
  • [Nouvelle] Le Pouzza Fest dévoile sa programmation finale

    [Nouvelle] Le Pouzza Fest dévoile sa programmation finale

    En mars dernier, le Pouzza Fest annonçait sa programmation musicale avec plus de 150 groupes réunis pour l’occasion dans la métropole. Parmi ces têtes d’affiches, on y retrouve Less Than Jake, Sick Of it All, The Sainte Catherines, The Suicide Machines, The Planet Smashers et Big D and the Kids Table. On peut ainsi compter sur une panoplie de groupes locaux et internationaux de la scène émergente.

    Pour sa 6e édition, le festival ajoute de la nouveauté à sa programmation. Désormais, on y retrouve une multitude d’activités destinées à un public de tout âge. Vous pourrez assister à des BBQs acoustiques, manger dans plusieurs Food Trucks, rire aux après-midi d’humour Pouzza Laughs, vous faire compétition dans les tournois de baseball, déjeuner aux brunchs de musique hardcore, visiter des expositions d’arts visuels et même pratiquer la relaxation et la méditation grâce aux cours de yoga extérieurs Pouzzasana. Ce sera également une belle occasion d’amener vous tout petits au nouveau volet Pouzza Bambino. De quoi enchanter tous les parents avec ces nouvelles activités familiales.
    Bref, de quoi plaire à tous !

    Avec cette programmation renouvelée adressée à un public plus large et avec la collaboration de leurs précieux partenaires Beau’s All Natural Brewing Co., la Micro-brasserie Le Trou du diable et Sailor Jerry, le Pouzza espère ainsi accueillir quelque 20 000 spectateurs, du 20 au 22 mai prochain.

    De la musique, de la cuisine, du sport, de l’humour, des arts visuels, et plus encore !

    Programmation complète

     

    À propos du Pouzza Fest

    « L’ambition première est de mettre de l’avant un festival de calibre international, inclusif, incorporant des activités pour tous et donnant une vitrine indispensable à un style musical hors des standards ».

    Jessica Audet-Delarosbil

    17 avril 2016
    Festivals, Nouvelles
    activités, Festival, Montréal, musique, Pouzza Fest, punkrock
  • [SPECTACLE] Saam, Ego Death et Los en programme triple au Pantoum

    [SPECTACLE] Saam, Ego Death et Los en programme triple au Pantoum

    Hier soir je me rendais au Pantoum pour la première fois depuis un bon moment, à l’exception de ma visite dans la seconde partie du complexe musical lors du lancement VIP d’Anatole. J’allais donc gravir les marches en redoutant le capharnaüm des bottes et de manteaux qui semble-t-il est, depuis belle lurette, chose du passé. À la place, on trouve un sympathique vestiaire à mi-chemin pendant l’ascension et l’entrée de la salle est donc beaucoup plus dégagée qu’elle a pu être les années précédentes. La saison hivernale rendait habituellement mes visites au Pantoum à moitié périlleuses, ce qui fait que j’attendais une occasion en or pour retourner voir un concert sur place, mais aussi un concert qui ne commencerait pas trop tard, pour faire plaisir à mes vieux os.

    Saam
    SAAM (Photo: Marion Desjardins)

    C’est un programme triple avec deux bands de Québec et un de Montréal qui m’a donné l’occasion que j’escomptais et la soirée fût très agréable. C’est la formation rock délurée et légèrement psychédélique montréalaise SAAM qui ouvrait la soirée. La bassiste de Ponctuation Laurence Gauthier-Brown accompagnait le groupe pour l’occasion, alors que le bassiste habituel était en voyage en France. Le groupe promet un nouvel extrait en plein coeur de l’été et une parution longue durée pour la fin août peut-être, et les pièces qui ont été interprétées hier vont, pour notre plus grand bonheur, en partie figurer sur la galette à venir. La performance s’est déroulée sans faux pas, les compositions sont originales, les paroles étaient parfois difficiles à comprendre mais le chant éclectique et théâtral du chanteur-compositeur avait quelque chose de très divertissant qui complétait bien les compositions pop-psychédéliques de son crû. Une demie douzaine de chansons se sont succédées et les gens réunis sur place ont eu l’air d’apprécier cette entrée en matière fort à propos. Le titre fort efficace Cheville Blanche, tiré d’un court EP de deux pièces qui porte le nom de l’autre titre, « Vacance », était un moment fort de la performance et le EP est disponible gratuitement sur le bandcamp de l’artiste, si vous voulez un support audio pour mieux comprendre la proposition artistique de Saam.

    Ego Death
    Ego Death (Photo: Marion Desjardins)

     Après une brève entracte arrive Ego Death, le projet de Joey Proteau (feu-Modern Primitive) mais à géométrie variable pendant le concert. En effet, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Québec était parfois accompagné de Kevin Robitaille (Los) à la batterie, Symon Marcoux (feu-X-Ray Zebras) à la basse,  Maxine Maillet (Los, EP4) au clavier et Marie-Pier Gagné au violoncelle, mais aussi, pas mal toujours accompagné de son frère Jesse à la guitare et à la voix, qui venait admirablement bien compléter les harmonies vocales familiales. Les compositions très délicates mais mémorables qui figurent sur le EP « Grief » ont été pas mal toutes interprétées devant une assistance respectueuse et docile qui écoutait la performance avec un calme olympien. Une ovation chaleureuse et bien sentie faisait suite à tous les morceaux présentés et avec raison, la justesse de l’interprétation était très impressionnante. Une reprise d’Elliot Smith s’est glissée dans le set aussi, venant compléter le corpus avec d’autres sonorités. Les compositions au caractère très intimiste résultent d’un travail d’introspection créative qui a culminé avec la parution du EP l’automne dernier et il faut dire qu’avec un style de musique aussi dépouillé à la base, les mélodies de guitare et les vocaux feutrés en étaient l’apanage, il faut absolument que la précision soit au rendez-vous, parce que toute bourde si petite soit-elle a la chance de faire chavirer un moment magique et de nous ramener à la réalité. Toutefois, on peut déclarer que le spectacle était un succès car on aurait eu bien du mal à trouver des taches au dossier vocal des frères Proteau. En écoutant les pièces réunies sur « Grief », on peut craindre que leurs versions live perdent un peu en justesse mais le tout était vraiment impeccable et bien senti. Chapeau bas!

    Le fait que Ego Death vienne après la performance plus mouvementée de Saam me paraissait étrange au début, mais l’alternance était au final fort intéressante pour le déroulement de la soirée, en plus de laisser la chance à la formation suivante de relever le niveau d’énergie dans l’assistance qui émergeait à peine d’un moment de contemplation béate.

    Los
    LOS (Photo: Marion Desjardins)

     Ce qui était annoncé comme le clou de la soirée, c’était la performance de la formation de Québec LOS, une formation qui a beaucoup changé ces derniers temps, délaissant le rock garage accrocheur et mordant des deux premières parutions pour un rock alternatif sophistiqué que leur dernier 7″ laissait augurer. Le line-up actuel est composé des membres fondateurs Kenny Turgeon à la guitare-voix et aux compositions et de Kevin Robitaille à la batterie, fidèles à eux-mêmes. Le groupe, désormais un quintet, était complété par Maxine et Symon qui avaient également accompagné Ego Death un moment, ainsi que par Jean-Daniel Lajoie (ex frère d’armes de Joey dans feu-Modern Primitive). La foule était déjà un peu plus clairsemée pour voir la performance de Los, qui ont présenté essentiellement des titres de leur nouveau répertoire, dont la consécration est prévue pour l’automne avec la parution de leur premier long-jeu. Ironiquement, les moments qui semblent le plus avoir été appréciés et insufflé d’énergie à la foule, c’est le titre « Jelly Spoon » qui les a procurés. C’était l’occasion de se rappeler du génial 7″ Romances sur lequel figure la pièce qui, avec la chanson titre de leur autre 7″ Peace in general, étaient les seules provenant de leur ancienne vie. Les nouvelles compositions semblent de qualité mais on peine à trouver un angle d’approche ou une clé pour les décoder, l’aspect global des pièces semblant parfois relayé au second plan derrière une recherche sonore tout de même intéressante. Le mordant catchy de leur premier répertoire se fait plus rare, comme celui de la géniale « Nature Boy », reprise par Beat Sexü sur Open House QC mais délaissée par Los au profit des pièces qui cadrent mieux avec l’esthétique indie-alternative qui est visée dorénavant. Si les gars ont l’air de savoir où ils vont, le trip a des allures de recherche personnelle et curieusement, alors qu’on semble vouloir se diriger vers des contrées plus facilement commercialisables et accessibles, le degré de raffinement atteint des niveaux qui font que plusieurs semblent peiner à comprendre où tout ça se dirige, comme en témoignaient à quelques reprises les applaudissements timides ou confus entre les pièces. Au niveau technique, la performance était somme toute impeccable mais cela ne semble pas tout à fait avoir suffi pour donner à l’assistance le goût d’embarquer à fond de train, hormis un slam aux allures ironiques qui a pris les mélomanes à bras-le-corps vers la fin du concert. Alors que l’assistance réclamait timidement un rappel, je descendais tranquillement les marches en me disant que j’avais hâte d’entendre la version endisquée des morceaux présentés ce soir, qui pourront peut-être me faire apprécier avec un oeil nouveau, ou une oreille nouvelle, les pièces du corpus 2.0 de Los. La parution, fort attendue, sera une gracieuseté de Sexy Sloth, et devrait voir le jour à l’automne, le pendant visuel restant à élaborer pour accompagner les pièces dont l’enregistrement vient d’être achevé.

    C’est bien beau les mots, mais ça aide toujours d’avoir un support audio visuel pour mieux comprendre ce dont il est question. Allez donc faire un tour sur les pages bandcamp des artistes et écoutez ça en regardant la somptueuse galerie photo préparée par notre LLamaryon nationale!

    https://saamsaam.bandcamp.com/releases

    https://ego-death.bandcamp.com/releases

    https://lostheband.bandcamp.com/

    François-Samuel Fortin

    9 avril 2016
    Région : Québec, Spectacles
    alternatif, anglo, Ego Death, folk, franco, Indie, LOS, Montréal, pantoum, quebec, rock, saam
  • [EP] Red Mass et son nouveau EP franco « Rouge No2 »

    [EP] Red Mass et son nouveau EP franco « Rouge No2 »

    Il y a de ces formations bigarrées et intenses qui incarnent l’urgence de vivre avec un certain esthétisme. La troupe garage-punk montréalaise Red Mass en est un bon exemple et elle s’amène avec un nouvel opus fort surprenant qui prouve qu’il est possible de se réinventer et de garder ce qui fait leur succès, soit une forme d’énergie brute qu’ils déploient autant sur disque que sur scène. Pour ceux qui ont déjà suivi de près ou de loin la formation menée par Roy Vucino (CPC Gangbangs, Birds of Paradise, PyPy), les titres réunis ici surprennent principalement pour deux raisons. D’abord, les vocaux de ce Rouge No2 EP présentent des textes écrits dans la langue de Molière, ce qui n’est peut-être pas une première mais n’est certainement pas l’apanage de cette formation habituellement anglophone. Ensuite, différents styles viennent garnir le corpus d’influences thématiques et musicales de Red Mass, dont le nom fait maintenant penser autant à une masse (comme une masse de gens) qu’à une messe (ce phénomène culturel catholique du dimanche, habituellement…) qui prend plus des allures satanistes, comme en témoigne la pochette du disque d’ailleurs.

    Les sonorités rétros ajoutées rappellent parfois des styles comme l’industriel avec une tournure métal, le new wave, le cold wave et le post punk, mais on garde aussi souvent un côté assez rock, très abrasif, lo-fi… garage quoi. La pièce « Possession » ouvre le bal, ou la danse macabre, avec brio, mettant tout de suite cartes sur table question de style, les paroles en français sont pro éminentes et agressives, les thèmes bien amenés, les images fortes. La batterie semble être un drum machine et le riff très répétitif rappelle presque Bérurier Noir, mais avec un beaucoup plus vaste registre sonore et rythmique ainsi que plus de métal dans les riffs. La pièce suivante, « Noir et blanc » ressemble plus à du Red Mass typique, mais toujours avec des vocaux en français. Les pièces continuent en alternant entre des tempos plus lents et rapides, comme sur la très stylée « Confession d’un Chacal », qui rappelle l’énergie d’Ed Schrader’s Music Beat, au tempo plus lent et dramatique et aux vocaux proéminents, qui cède sa place à « Infidèle », qui commence dans le prélart à la fast-punk ou trash-métal et qui varie assez dramatiquement par la suite vers des sons plus proches du noise adjoints de spoken word. Le punk-rock-psyché revient ensuite sur « KDAVR » alors que « Après Moi le Déluge » donne plutôt dans le rock commercial avec une tournure décalée.

    Au final, l’EP est assez satisfaisant pour mériter plusieurs écoutes dans différents contextes, à la fois festifs et sombres, comme le EP d’ailleurs, qui présente un visage polymorphe mais en même temps étrangement cohérent. L’étendue des styles couverts permet d’espérer davantage d’expérimentations sonores pour le groupe, mais aussi, la réalisation du potentiel de certaines des avenues empruntées ici à toute vitesse.

     

    Lien pour aller vivre ça en personne sur le bandcamp de leur étiquette, Slovenly:
    https://slovenly.bandcamp.com/album/red-mass-ep-rouge-n-2-12

    Pour aller vivre ça encore plus en personne à Montréal, leur lancement:
    https://www.facebook.com/events/1523699927934998/

    François-Samuel Fortin

    31 mars 2016
    Albums
    garage, Montréal, punk, ray vucino, red mass, slovenly records
  • [ALBUM] Gone Dogs – EP

    [ALBUM] Gone Dogs – EP

    Nous ayant fait attendre pendant près de trois mois avec leur unique piste  Livin’ Free, la formation Gone Dogs de Montréal nous présente officiellement son court, mais combien efficace, EP de trois extraits à la saveur hard rock. Composé d’Alexandre Larocque (vocal), Alexandre Michaud (Guitare), Vince Jo (Guitare), Michael Wagner (Basse) et Dominic Ogden (Batterie), Gone Dogs nous offre une énergie hautement contagieuse.

    On commence en force avec Expectations, une longue pièce de 5 minutes. Le tout débute avec une courte introduction avec des rythmes de guitare aux sonorités de rock classique des années 70-80 pour ensuite faire place au vocal d’Alexandre Larocque se démarquant par sa véhémence et sa tonalité rappelant Scott Hill de Fu Manchu, un cran plus agressif et détonnant dans les aigus. Suivent ensuite vers le milieu de la pièce des mesures d’orgues alternés de solos de guitare éclatants par Alexandre Michaud. Un peu cliché, mais toujours agréable à entendre.

    S’enchaîne ensuite Finding My Way, composition qui tire ses racines du stoner mais qui, par ses tempos relativement rapides, dégage un caractère plus vif. Après les premières notes de guitare, on remarque la présence de l’orgue qui vient supporter certaines mélodies, donnant ainsi une légère touche psychédélique à la Deep Purple, tout en gardant sa lourdeur.

    Enfin, Livin’ Free est, selon moi, la pièce qui se démarque du lot par son côté accessible et radiophonique, sans toutefois tomber dans la pop. Se laissant désirer de par son introduction à la basse fuzzy, elle tombe rapidement dans un style rock n’ roll et punk. Contrairement à sa version “démo”, celle sur leur EP est réenregistrée avec une guitare rythmique additionnelle, ce qui vient combler le vide du solo et ajouter de la puissance aux autres parties de la pièce.

    Sans réinventer la roue Gone Dogs nous offre un style énergique et ferme qui fusionne le stoner le punk et le classic rock. On aime leur musique surtout pour leurs mélodies accrocheuses et les solos de guitare que pour les paroles qui profiteraient d’un peaufinage linguistique. La suite sera attendue avec impatience!

    Gone Dogs – EP by Gone Dogs

    Julien Babin

    22 mars 2016
    Albums
    gone dogs, Montréal, rock, Stoner
  • [SPECTACLE] Tintamarre et Orkestar Kriminal prennent l’Anti d’assaut

    [SPECTACLE] Tintamarre et Orkestar Kriminal prennent l’Anti d’assaut

    Deux formations montréalaises qui donnent dans l’instrumentation traditionnelle s’étaient réunies hier soir à l’Anti pour un concert qui s’annonçait festif, réunissant Orkestar Kriminal et Tintamare. C’est finalement un peu après 21h, après les habituels délais qui prennent des allures de guet-apens incitatifs à la consommation, que les premières notes se sont fait entendre.

    C’est Orkestar Kriminal qui avait la tâche parfois ingrate de casser la glace, ce qu’ils ont fait avec brio, armés qu’ils étaient de leur répertoir de chansons criminelles de toutes origines et chantées dans près d’une dizaine de langues par la prolifique Gisèle Webber. Les histoires varient entre des rivalités entre prostituées, des meurtres pour de l’argent, des révoltes d’ouvrier, etc. Leur arsenal: scie chantante, ce qui semblait être un sousaphone, une guitare, un violon, de l’accordéon et la batterie accompagnaient la chanteuse, qui était parfois jointe par Anna Frances Meyer des Deuxluxes qui venait doubler les vocaux. Ils ont majoritairement enchaîné les titres de leur excellent et poly-glotte album Tummel, paru l’an dernier. La chanteuse animait les interstices avec son charme habituel, alors que les musiciens prenaient parfois de petits moments pour ajuster leurs instruments ou changer de formation. Les gens réunis sur place semblent avoir apprécié leur expérience même s’ils donnaient l’impression de s’être déplacés surtout pour le groupe suivant, ce qui ne les a pas empêchés de réclamer un rappel lorsque le titre qui était annoncé comme le dernier, Der Shmayser, qui ouvre l’album, a pris fin.

    Tinta1

    À mesure que l’entracte progressait, une foule de plus en plus nombreuse se massait à l’avant de la salle, afin de pouvoir danser et skanker comme s’il n’y avait pas de lendemain sur la musique de Tintamare. Les jeunes musiciens ont interprété les titres Du sociobruitage, après avoir demandé à la foule si elle aimait l’album et avoué, suite à l’approbation de cette dernière, qu’eux s’en étaient lassés. On peut comprendre pourquoi, parce que la musique, bien qu’elle partageait plusieurs similitudes avec celle de la formation précédente, s’avérait plus simpliste en termes de sonorités et de genres abordés, mais aussi de textes, la particularité étant qu’ils étaient en général chantés dans la langue de Molière (ou Falardeau?) et parfois dans celle de Shakespeare, avec une bonne dose de la-la-lai. La foule conquise d’avance a slammé, dansé et skanké sur les chansons qui n’étaient pas sans rappeler celles de Molotov ou de Louise Attaque. La fatigue m’a incité à quitter d’avance, alors que le concert commençait à s’apparenter à une session de trop passée au cégep. Les interprètes étant pour la plupart excellents, on surveillera tout de même la prochaine parution du groupe, qui semble motivé à se renouveler. En attendant, le vinyle de Tummel d’Orkestar Kriminal saura étancher ma soif de cosmopolitisme musical et de musique aux accents balkans.

    François-Samuel Fortin

    26 février 2016
    Région : Québec, Spectacles
    balkans, fanfare, folk, L’anti, Montréal, orchestre, orkestar kriminal, tintamare
  • [ALBUM] Karneef s’attaque à l’impossible

    [ALBUM] Karneef s’attaque à l’impossible

    Véritable ovni musical puisant à la source des grands disparus du rock champ gauche, Musique Impossible, le plus récent opus du natif d’Ontario mais montréalais d’adoption Karneef, a de quoi en faire sourciller plus d’un, mais des écoutes répétées révèlent un joyau finement ciselé après une première impression pouvant s’apparenter à celle d’un client du dimanche devant une table particulièrement pittoresque d’un marché aux puces hétéroclite. Rapidement, on sent les influences des regrettés Frank Zappa et David Bowie, mais avec une fragrance nouvelle et un grain de folie supplémentaire. Si on cherche chez les modernes, on pourrait trouver des résonances chez un autre musiciens oeuvrant à Montréal, Sean Nicholas Savage, ou encore chez les américains Xiu Xiu ou Tune-Yards. Le résultat jongle avec le soul, le funk, le rock, le jazz et le pop. On pourrait aussi dire que c’est un peu le Of Montreal des pauvres, mais ce serait réducteur et ça ne ferait pas le tour de tout ce qui se passe ici.

    Malgré ce que son titre semble présager, les pièces de Musique Impossible sont pour la plupart ornées de vocaux en anglais et quelques unes d’entre elles sont laissées libres de paroles, procurant des instrumentales de transition plus que bienvenues, placées ici et là sur cet album monstre de près de quatre-vingt-cinq minutes. La chanson titre ouvre l’album et voit son titre traduit, pour devenir Music Impossible, une pièce groovy et évolutive avec une dimension imprévisible et expérimentale. Elle représente bien l’album: excentrique, ambigue, ornée de sons disparates, parfois pathétiques, un peu comme Mr. Oizo peut en employer afin de se donner une contrainte ludique qui donne à sa musique, un fois le défi relevé, une touche originale et enjouée. La composition n’est en rien laissée au hasard, comme on peut déjà le constater sur la seconde pièce, une épopée instrumentale alliant la puissance contemplative d’un Philip Glass à l’imagine fertile de Frank Zappa quant aux rythmiques, aux mélodies et aux instruments employés, la fin de la pièce rappelant le travail de Ruth Underwood, fidèle collaboratrice du prolifique compositeur et guitariste. Lorsque le troisième titre commence, la comparaison avec Zappa et les Mothers se confirme alors qu’on semble plonger dans sa période de musique weirdo-léchée et synthétisée.

    Le reste de l’album révèle l’imagination débridée et la polyvalence de Karneef, qui mélange les genres tout en insufflant aux pièces un style assez caractéristique et reconnaissable comme une marque de commerce. Des grooves bizarroïdes qui pourraient rappeler la plus récente et quasi géniale parution de Neon Indian, alliant une pop des années 80 passée dans le tordeur du chillwave moderne, et dans ce cas-ci, par une bonne dose de Zappa. C’est notamment le cas de l’excellent titre « Homme Poubelle », qui présente par ailleurs encore une fois des paroles en anglais, malgré ce que le titre pourrait encore suggérer. La musique garde toujours un côté pop, un côté bizarroïde et un côté rétro, alors que la composition est finement tissée et le souci du détail est souvent évident.

    La durée de l’album passe proche d’être un handicap à certains moments, car certains titres vraiment plus étranges brisent un peu le rythme et rendent l’expérience moins fluide, mais l’artiste sauve la mise en insérant juste au bon moment d’autres titres finement confectionnés avec un groove agréable et une originalité rafraîchissante. Ce n’est pas pour rien qu’on lui colle parfois l’étiquette d’un « Jean Leloup  ontarien », il semble avoir de légers mais ludiques troubles mentaux, compose de la musique réussissant le tour de force d’être aussi originale qu’accrocheuse. Si on accepte d’ajouter l’indie électro rock américain des dernières années à l’éventail de ce québécois bien-aimé, on peut dire que l’épithète est appropriée. La polyvalence est aussi poussée à un degré supérieur et la musique est davantage mise à l’avant-plan que sur les parutions de ce dernier. Karneef s’impose comme un être étrange mais divertissant, dont les moments de folie contribuent à façonner le personnage sans devenir lourds, la manière dont il assume parfois ses accès d’excentricité étant tout à fait louable.

    (Photo par Antoine Bordeleau)
    (Photo par Antoine Bordeleau)

    Une fois bien digéré, l’album s’impose comme une oeuvre alliant la sensibilité, l’imagination, la culture et l’intelligence, le tout avec une touche excentrique fort assumée et un talent pour les mélodies accrocheuses et les rythmes changeants. Il serait avisé de le déguster dans des écouteurs pour bien apprécier la subtilité, sans quoi on pourrait passer à côté du plaisir que procure une écoute attentive de cette oeuvre aussi hétéroclite qu’aboutie.

    François-Samuel Fortin

    21 février 2016
    Albums
    bowie, funk, impossible, jazz, karneef, Montréal, musique, ontario, pop, rock, weird, zappa
  • [ALBUMS] Paupière et Bronswick lancent leur EP électro-pop franco

    [ALBUMS] Paupière et Bronswick lancent leur EP électro-pop franco

    Deux parutions fraîches que l’on doit à Lisbon Lux Records seront lancées conjointement lors d’une soirée organisée à l’occasion du troisième anniversaire de l’étiquette électro montréalaise. Deux EPs sous la barre des vingt minutes, mais qui apportent tout de même de l’eau au moulin de la scène électro montréalaise et qui capitalisent sur des voix féminines et des textes en français.

    Il faut avouer que la bande de LLR semble toujours dénicher des trucs qui concordent avec leur esthétique solide et envoûtant, la plupart des artistes proposés par l’étiquette jouissant d’une sonorité hallucinante et d’éléments stylistiques fignolés avec soin. De Beat Market à Le Couleur en passant par Das Mortal, leur marque de commerce a toujours impliqué des sonorités électroniques inspirées tant des succès commerciaux européens qu’américains et par une esthétique léchée. Les deux formations dont il est question ici ne font pas exception à la règle fixée par l’étiquette lors de sa fondation.

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    On retrouve d’abord Paupière, une troupe menée par Pierre-Luc Bégin (We Are Wolves) et complétée par deux filles au doux timbre de voix et au joli minois, que l’on peut d’ailleurs admirer dans le vidéoclip qui sert de carte de visite à l’hypnotisante «Cinq heures», le premier extrait de «Jeunes instants». Ce n’est que sur le troisième titre qu’une voix masculine vient donner la réplique aux demoiselles, outre les sept petits mots dans la chanson mentionnée précédemment, et on se demande pourquoi ce nouvel élément vocal, bien stylé et juste assez sobre, n’est pas davantage exploité dans leurs compositions. Les paroles sont empreintes de symboles et assez énigmatiques. Les quatre pièces sont par ailleurs à la fois variées et cohérentes, mais elles constituent davantage une mise en bouche qu’un plat de résistance. L’album que laissent présager ces quatre morceaux, parfois downtempo et parfois plus dansant, devrait être fort intéressant.

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    La seconde formation qui lance son premier EP, «Chassés-croisés», c’est Bronswick, un duo formé de Catherine Coutu et Bertrand Pouyet. Le projet est né sous l’initiative de Pouyet et Coutu est arrivée lorsqu’il cherchait un vocal féminin pour compléter ses compositions. Tout porte à croire qu’il a adoré le vocal de sa comparse car il lui a fait la part belle dans le mix, pêchant par l’excès à mon goût, car la proéminence des vocaux empêche de bien apprécier la musique à sa juste valeur. L’esthétique ici est plus commerciale, mais les synthétiseurs amènent un effet de nostalgie vraiment intéressant, surtout sur le premier titre, «Comme la mer». La production est vraiment réussie ici aussi, et on reconnaît encore l’esthétique Lisbon Lux. Leurs influences allant de Mylène Farmer à Depeche Mode en passant par The Knife, The XX et The Dø.  Le tout est assez posé et diversifié pour susciter l’intérêt, bien que ce soit parfois un peu trop sucré et fruité.

    La soirée de double lancement pour Bronswick et Paupière pour le troisième anniversaire de Lisbon Lux vient avec une performance des deux groupes et des DJ sets par Le Couleur et Fonkynson+Das Mortal, le vendredi 26 février au Théâtre Fairmount à Montréal.

    Plus d’info par là:
    https://www.facebook.com/events/840273516119265/
    http://lisbonluxrecords.com/

    François-Samuel Fortin

    12 février 2016
    Albums, Spectacles
    Bronswick, électro, franco, Indie, Lisbon Lux Record, Montréal, Paupière, pop
  • [ENTREVUE] Organ Mood et la version vinyle de « Comme si nous étions déjà libres »

    [ENTREVUE] Organ Mood et la version vinyle de « Comme si nous étions déjà libres »

    Après avoir publié la version numérique de son plus récent opus en juin 2015, le talentueux duo audio-video électro-psychédélique montréalais Organ Mood allait passer des mois à attendre la version vinyle et à tenter de régler le litige avec la compagnie responsable de sa production. Le groupe a finalement obtenu les copies physique cette semaine, alors qu’ils auraient pu les avoir aussi tôt qu’avril selon les engagements de la compagnie. C’est dans ce contexte résolument plus joyeux qu’Écoutedonc.ca s’est entretenu avec les membres du duo, Christophe et Mathieu, à propos, entre autres, de leur mésaventure. Entrevue.

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    COMMENT AVEZ VOUS DÉCIDÉ DE FAIRE DE LA MUSIQUE ENSEMBLE? AVEZ VOUS COLLABORÉ MUSICALEMENT AVANT ORGAN MOOD?

    Christophe: En réalité, on fait le projet ensemble, mais je suis exclusivement en charge de la Musique et Mathieu se charge de l’aspect arts visuels. On avait collaboré avant, mais ça remonte à avant 2007, sur des projets de posters pour des événements ou des festivals, mais finalement en s’est décidé à faire un projet ensemble pour explorer quelque chose qu’on avait pas facilement l’occasion de faire dans nos disciplines respectives.

    QUELLES SONT VOS INFLUENCES À LA FONDATION DU GROUPE ET QUELLES INFLUENCES SE SONT AJOUTÉES ENTRE TEMPS? 

    Christophe: Ce qui nous a réunis au départ c’est clairement la vague Krautrock des années fin 60 et 70, l’aspect transe et jam souvent accompagné d’une identité visuelle forte.  Entre temps il y a beaucoup de choses qui se sont passées, certains projets interdisciplinaires comme Lucky Dragons, ont captés notre attention.  J’ai commencé un bacc en Intermedia/Cyberarts à Concordia et ç’a beaucoup apporté de nouvelles sources d’inspirations conceptuelles, des nouvelles idées d’interfaces.   Musicalement, je peux pas dire qu’avec le temps on s’est rapproché d’une scène en particulier.

    L’EXPÉRIENCE EN CONCERT PERMET D’APPRÉCIER LA MUSIQUE SOUS UN NOUVEAU JOUR ET VOUS PERMET D’ÉLARGIR VOTRE PUBLIC, C’EST CERTAIN. EST-CE QUE C’EST POUR VOUS UN MAL NÉCESSAIRE PAR RAPPORT À LA RÉALISATION D’ALBUM? PRÉFÉREZ VOUS ENREGISTRER OU DONNER UN SPECTACLE?

    Mathieu: C’est vraiment en spectacle que le projet prend tout son sens et qu’on a réellement l’impression d’amener les gens dans notre univers. Le choix de faire un vinyle et d’inclure un livre à l’album est une façon de recréer cette expérience là.

    ALLEZ-VOUS FAIRE UNE TOURNÉE MAINTENANT QUE VOUS AVEZ FINALEMENT PU METTRE LA MAIN SUR LES COPIES PHYSIQUES DE VOTRE PLUS RÉCENT DISQUE, COMME SI NOUS ÉTIONS DÉJÀ LIBRES? 

    Christophe: Nous avons tourné cet automne sans copies physiques, je ne crois pas que ça nous a empêché de faire quoi que ce soit.    Ç’a surtout empêché de faire des ventes en concerts …  Pour un groupe DIY et autoproduit comme nous, ça peut-être un gros obstacle de ne pas vendre de disque c’est bien entendu, mais nous avons fais pas mal de performances et les fan de OM ont été vraiment supers à ce niveau.

    D’AILLEURS, D’OÙ VIENT LE TITRE? LES TITRES ONT SOUVENT UNE RÉSONANCE INTÉRESSANTE, COMME SUR GRANDS PROJETS, OÙ ILS ENTRE-ALIMENTENT AVEC LA MUSIQUE UNE ESPÈCE D’AMBIANCE DE MARCHE EN AVANT D’UNE HUMANITÉ RÉSILIANTE ET POSITIVE. 

    Christophe: Le titre vient d’un livre de David Graeber, en fait, c’est le nom qui voulait donner à son livre « the democraty project » mais l’éditeur n’aimait pas.  C’est l’éditeur Français qui a accepté que son livre se nomme ainsi.  nous avons écris à Graber pour avoir son autorisation et il était enchanté par l’idée.  Graeber, est l’un des instigateurs de Occupy Wall Street, ses ouvrages critiquent de façon très constructive l’aristocratie élective que l’on nomme démocratie.   Dans Comme si nous étions déjà libres, il explique entre autre l’origine du mouvement OWS et raconte comment les groupuscules de travail sont arrivé à s’organiser sans structures horizontales de hiérarchie.  Pour nous ça évoque un potentiel utopique immense, ça nous a beaucoup inspiré.

    LA MUSIQUE INSTRUMENTALE SEMBLE POUVOIR TRANSMETTRE DES MESSAGES POUR VOUS, D’UNE CERTAINE MANIÈRE (BON C’EST CERTAIN QUE LES TITRES AIDENT MAIS SOUVENT LES MUSIQUES PARLENT AUSSI D’ELLES-MÊMES.) AVEZ-VOUS UN AGENDA CACHÉ? DES PROJETS POLITIQUES? À CET EFFET, AVEZ VOUS EU UN BON TAUX DE RETOUR POUR LES CARTES DE SUGGESTIONS DE PROJETS ADRESSÉES AU PEUPLE? 

    Christophe: Les cartes de projet (cartes postales blank invitant les gens à nous envoyer leur « Grands Projets pour l’humanité » inclues avec le LP) ont révélées ce qu’elles devaient révélées je crois.   Très peu sont parvenues jusqu’à nous et la majorité étaient des dessins d’enfants, mais tout le monde adore l’idée.   C’est difficile à dire si c’est simplement parce que c’est par la poste et que la poste c’est « compliqué » comparé à internet, mais je crois surtout que les gens ont été intimidé au moment de passer à l’acte, de nous dessiner / expliquer leur projet.  Je pense que les gens ont des Grands Projets pour eux-mêmes et parfois pour leur communauté et ne pensent pas que ces projets sont valides pour l’ensemble de l’humanité.  Je crois qu’on a arrêté à un certain moment dans la transition vers l’âge adulte de penser aux mondes utopiques possibles et de s’investir dans ces projets / mondes.  Avec les temps qui courent c’est compréhensible mais c’est pour ça qu’on fait ce qu’on fait et qu’on insiste sur la nécessité de cultiver les utopies, les Grands Projets, et surtout de considérer que des modèles différents sont viables et séduisants.

    ON PARLAIT PLUS TÔT DU FAIT QUE VOUS AVIEZ « ENFIN » EU VOS DISQUES VINYLES, CE QUI RÉFÉRAIT À VOTRE MÉSAVENTURE AVEC LA COMPAGNIE EN CHARGE DE PRODUIRE LES DISQUES. ON SAIT QUE L’ALBUM DEVAIT SORTIR CET AUTOMNE ET FINALEMENT LES GENS ONT DÛ SE CONTENTER DE LA VERSION NUMÉRIQUE EN ATTENDANT QUE L’IMBROGLIO NE SE DÉNOUE. QU’EST-CE QUI S’EST PASSÉ FINALEMENT? 

    Christophe: Lorsque j’ai terminé l’album au mois de janvier 2015, je l’ai envoyé immédiatement en production à une usine qui nous avait promis un délai de douze semaines de production. À l’époque nous voulions sortir le disque au mois de mai, mais nous avons rapporté le tout afin d’être sûr et certains d’avoir nos vinyles. Nous avons fait le lancement le 11 juin, sans toutefois les avoir reçus.  Ensuite il y a eu beaucoup d’attente, les gens qui avaient acheté en pré-vente ont été vraiment patients, et voilà nous avons envoyé une mise en demeure cet automne pour forcer la situation.   Nous allons recevoir nos vinyles cette semaine, près de 12 mois après avoir envoyé les bandes maîtresses.
    Mathieu:  C’est vraiment le risque qu’on court quand on produit  soi-même un album aujourd’hui, mais bon ça nous a permis d’avoir un produit qui correspondait exactement à ce qu’on voulait.

    LE DISQUE VIENT D’AILLEURS AVEC UN LIVRE, POUVEZ VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR LA MANIÈRE DONT IL VIENT COMPLÉTER L’EXPÉRIENCE SONORE? LE PENDANT VISUEL A TOUJOURS ÉTÉ IMPORTANT POUR LE GROUPE. COMMENT LE LIVRE SE SITUE-T-IL PAR RAPPORT À VOS PROJECTIONS? C’EST LIÉ OU COMPLÈTEMENT DISTINCT?

    Mathieu: Comme on expliquait pour les spectacles plus haut, le livre permet de recréer le moment ou on peut vraiment entrer dans l’univers de l’album, s’y plonger et l’écouter d’un bout à l’autre et en faire une expérience. Le livre développe les images utilisées durant les projections et donne aussi une idée de ce qu’elles évoquent, des idées qui nous ont inspirées pendant qu’on composait l’album. Elles donnent une profondeur aux projections qu’en spectacle on peut se contenter de ressentir comme une ambiance. Comme on a pas de paroles on a aussi mis des extraits de discussions qu’on a eues ensemble sur la route ou entre nos pratiques: ça donne une autre idée de l’univers qui est à l’origine de notre projet.

    L’ESSENTIEL EST QUE LES DISQUES SONT MAINTENANT DISPONIBLES POUR LES AMATEURS DE VINYLES. PRÉVOYEZ VOUS QUELQUES DATES ET FESTIVALS POUR CÉLÉBRER SON ARRIVÉE? UNE VISITE EN EUROPE OU AUX USA ?

    Christophe: Pour l’instant nous avons quelques concerts au Québec / Ontario de prévus et on travaille sur une première tournée en Europe au mois de mai avec un booker européen.  J’adopte le mode de vie « snow bird » l’année prochaine et je m’en vais passer une bonne partie de l’hivers à Austin au Texas donc on verra pour les USA.

    COMMENCEZ-VOUS DÉJÀ À PENSER À LA SUITE DE  CET ALBUM OU À D’AUTRES PROJETS?

    Christophe: D’autres projets, toujours, mais aussi d’aller plus loin avec le concert. Nous avons une nouvelle joueuse dans l’équipe ( Estelle F.-Vallière ) qui s’occupe des éclairages et ça donne la possibilité de faire du grand déploiement, comme ce qu’on a fait à l’église St-Jean Baptiste pour Pop MTL en première partie de Giorgio Moroder.
    Mathieu: On aimerait trouver un musicien également pour compléter la performance musicale de la même manière… mais il n’y a rien de concret encore.

    SI VOUS POUVIEZ COLLABORER AVEC QUELQU’UN, VIVANT OU MORT, POUR UN ALBUM, CE SERAIT QUI? 

    Christophe: Grosse question… vivant, Colin Stetson, Andy Stott, Tim Hecker…  mort, John Coltrane, Syd Barrett, Franz Schubert.
    Mathieu: Comme on peut dire n’importe quoi je dirais les artistes de l’atelier Van Lieshout ou Buckminster Fuller, peut-être le réalisateur Adam Curtis, pourquoi pas!

    EST-CE QUE LA MUSIQUE INSTRUMENTALE VOUS VIENT NATURELLEMENT, PAR CHOIX, OU PAR UN MÉLANGE D’HASARD ET NÉCESSITÉ? AIMERIEZ-VOUS FAIRE DE LA PRODUCTION POUR DES CHANTEURS OU CHANTEUSES OU ÇA IMPLIQUERAIT TROP DE SACRIFICES POUR LA MUSIQUE?

    Christophe: la musique d’Organ Mood n’est pas exclusivement instrumentale, mais la raison pour laquelle elle l’est en majorité c’est que le but de notre travail est de soutenir  les pensées des gens qui assistent/écoutent.  C’est davantage une trame sonore/visuelle pour tes propres idées, on veut surtout mettre les gens dans un état d’esprit positif et optimiste, déterminé.
    Mathieu: Alors dans cet objectif, s’il y a trop de paroles ça devient plutôt comme si on imposait un message que comme si on voulait encourager les gens à la réflexion.

    —
    Les fans d’Organ Mood qui avaient commandé l’album le recevront dans les semaines qui viennent et pour les autres, Comme si nous étions déjà libres est disponible à Montréal au Phonopolis et à L’oblique.  Peut-être aux 33 tours aussi, et assurément enfin sur le bandcamp du groupe: https://organmood.bandcamp.com/

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    François-Samuel Fortin

    13 janvier 2016
    Entrevues
    david graeber, électro, krautrock, Montréal, Organ Mood, Psychédélique
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