On peut dire que Les Trois Accords étaient attendus de pied ferme par un public bondé à l’Impérial pour cette supplémentaire de leur plus récente tournée soulignant la sortie de leur sixième album intitulé Joie d’être gai. Je m’attendais à ce que cette dernière offrande soit largement mise de l’avant lors de ce concert mais le groupe avait plutôt réservé à ses nombreux fans un récital varié, pigeant dans tout son répertoire où les chansons était enchaînées par ordre alphabétique.
C’est ainsi qu’une Bamboula rentre-dedans débuta en trombe le spectacle et que s’ensuivit Caméra Vidéo, Dans le coin et Dans mon corps. Quel départ canon!
Les excellents musiciens, dangereusement en forme, ont joué un concert très rock où il faisait abondamment chaud devant une foule en délire sur un plancher et sous un toit qui auraient pu céder à tout moment. Ça chantait fort, ça sautait partout et ça hurlait de joie, la totale! Une ambiance du tonnerre.
Beaucoup apprécié le segment plus country avec des pièces moins radiophoniques du groupe, Mas-tu dit et Montagne de fumier. Même Pièce de viande, chanson non prévue mais demandée par la foule fut improvisée en version acoustique.
Tous les succès du quatuor drummondvillois (22 chansons en tout) se sont alignés au grand plaisir du public conquis. Ce fut un spectacle explosif donné par un groupe au sommet de son art, rien de moins!
Gab Paquet
C’est un Gab Paquet heureux, tout en voix, de cuir et de paillettes qui a eu le bonheur d’ouvrir le show pour sa première présence à l’Impérial. Le chanteur de charme de Québec avait de nombreux admirateurs dans le public mais une grande majorité de spectateurs le découvrait pour la première fois. La réception fut des plus chaleureuses pour celui venu nous présenter les chansons de son dernier album Santa Barbara et sa bande de six comparses de scène : trois gars et trois filles. Vive la parité! C’est beaucoup plus qu’un hommage pastiche aux Pierre Huet et autres Evan Johannes qu’il nous offre, c’est solidement assumé et incarné, ça groove et ça nous met automatiquement un sourire dans le visage! Ce que nous avons grandement besoin de ce temps-ci.
Je suggère fortement au Festival d’été de recréer à nouveau la magie de ce doublé parfait sur scène au Parc de la Francophonie un beau soir de juillet…
J’avais hâte de renouer avec July Talk, véritables bêtes de scène, dans une salle plus intimiste, ayant découvert la formation par pur hasard lors d’une fin de soirée FEQ au Cercle en 2014. Découverte coup de cœur, faut-il mentionner.
Il va sans dire que leur dernière présence en ville lors de la plus récente édition du même festival sur les Plaines en ouverture des très attendus et courus Red Hot Chili Peppers a permis à July Talk de se faire connaitre et d’agrandir son public, expliquant certainement le spectacle complet de mardi soir au temple Bell.
D’entrée de jeu, la foule a acclamé bruyamment le groupe de Toronto qui semblait déjà en feu, les chanteurs Peter Dreimanis, déchainé, et Leah Fay en tête. Fort bien soutenus musicalement par les autres membres du quintette, les deux protagonistes principaux s’amusent follement ensemble et se la jouent en symbiose totale et en mouvement continu, empruntant souvent au théâtre et à la danse contemporaine dans leur prestation rock.
Venu présenter son nouvel album «Touch» sorti le 9 septembre au public québécois, ce dernier, chauffé à bloc et des plus énergiques et sympathiques vu depuis longtemps à l’Impérial, en redemande. July Talk, très généreux, ne se fait pas prier pour embraser encore plus le parterre survolté. C’est sans compter sur Leah Fay, tout en souplesse et des plus sensuelles, qui s’est offert un bain de foule s’improvisant funambule sur le muret central séparant les paliers de la salle avant d’entamer « Push + Pull» qui enflamma littéralement l’enceinte et distribuant même plus tard des gorgées de Jameson aux spectateurs en liesse.
Décidément, le Feu a pris sur St-Joseph un mardi soir pluvieux grâce à la flamboyante performance de July Talk, dont le retour à Québec, au dire du groupe, ne saurait tarder.
Kingswood
En première partie, le groupe d’Australie Kingswood avait la tâche de réchauffer la salle déjà compacte de l’Impérial, ce qui fut chose faite malgré le rock convenu aux sonorités des années 80 du quatuor. Néanmoins, la foule enthousiaste a semblé apprécier la musique des Australiens.
Écoutez mon vieux, j’ai pris un billet pour santa barbara, alors en route!
On a acheté nos billets d’avion, on a enfilé nos plus belles chemises et robes de soie, on est allé se poudrer le nez dans la salle de bain une dernière fois avant le commencement du party le plus pailleté de l’automne. Vol direct pour Santa Barbara, il fera chaud, il fera beau, la piscine sera chlorée et les sacoches pleines de cachets. C’est le lancement tant attendu du nouvel album de la légende à moustache Gab Paquet.
Je me mêle à la foule, fébrile dans un décor paradisiaque. Tableaux rococos, lumière tamisée, bouquets de fleurs qui sentent bon le plastique et banderoles aux couleurs du soleil couchant. De petites tables et nappes de dentelles ont été installées partout dans la grande salle pour le plus grand bonheur de nos fessiers délicats: une belle attention pour remplir l’espace multi de Méduse où faire le piquet est trop souvent le comportement de rigueur. Je parviens à me faufiler vers le plancher de danse pour m’assurer une place dans le feu de l’action quand la voix suave du narrateur Miguel Moran annonce l’arrivée imminente de l’homme.
C’est ainsi que Gab Paquet apparaît sur scène tout de blanc vêtu, tel un Jésus Christ ressuscité passé dans la laveuse à grand coups d’eau de Javel. Le coup d’envoi est donné avec l’excellent hymne national de ton coeur, j’ai nommé la pièce titre Santa Barbara. On connaît déjà très bien les choubidoubidou et les yabadabadou que l’on reprend tous ensemble avec l’entrain de fans conquis mais la grande surprise du morceau est l’ajout de ce son suave salivé de saxophone sexy. On l’avait adoré sur Relations sexuelles 2 et on le retrouve à Santa Barbara dans tout son éclat cuivré. Oh, joie.
Céline Dion pour aller se rhabiller puisque Gab la bat définitivement au temps alloué à se changer en coulisses. Et quelle garde-robe! Cette chemise en plumes de paon n’est-elle pas des plus élégantes ? Notre chanteur de charme est un coquet, il ne sors jamais sans son séchoir à cheveux. Il a les outils, il a le style, rien que le meilleur pour pomponner sa crinière de babine.
J’ai rencontré la femme en moi
Elle est venue nue dans mon rêve pour un clin d’œil timide du bout des lèvres
Ce qui est beau dans les concerts du crooner de Québec, c’est que son public se fait charmer à tout coup que l’on soit homme, femme, indécis, républicain ou athée. Après tout, qui donc refuserait de porter au cou un collier de diamant ? Et de finir la soirée en beauté dans une partouze avec nuls autres que Ginette Reno, Hank Williams et Nana Mouskouri? La vie est belle tant que l’on n’invite aucun voyou.
De chemises en pantalons de cuir en passant par la robe de chambre, Gab Paquet se donne tout entier à son public -pubique comme dirait Anne-Marie Losique-. Ça danse, ça chante et ça se déhanche. La foule est une mer houleuse qui embarque le chanteur sur son radeau de mains baladeuses. Elle recrache sur la scène un corps suitant de sueur salée et Barbara devient le nom de proue d’un fabuleux paquebot qui nous embarque dans la nouba. Son intimité est de la couleur du corail.
Après la première partie du spectacle consacrée entièrement à Santa Barbara, ce serait une hérésie de se priver des hits de Sélection Continentale. On s’est bien réchauffés en Californie et pour le reste de la fête on retrouve les très dansants Casio pad et moustache, Consommations, Soucoupes Volantes et Papa, maman, bébé, amour pour ne nommer que ceux-là. Partout autours de moi, je vois des minois souriants.
Ce fut un beau lancement très réussi.
Merci à notre précieuse Llamaryon pour les photos !
On va se le dire tout de suite, j’ai été charmée. Oui, oui, merci, c’est mon meilleur jeu de mot à vie, cessez vos applaudissements, vous me faites rougir.
Non, sérieusement, c’est un petit bijou que les garçons du Charme nous offrent cet automne. Après les quelques tergiversations musicales de ces dernières années, la formation de Québec accouche d’un excellent premier album qui se sert des projets précédents comme d’un terrain solide à l’épanouissement de leur musique. Récit de mon histoire d’amour avec une oeuvre toute en contrastes, en nerfs et en douceur.
Le rideau s’ouvre sur une ligne de guitare toute simple qui compose la mélodie directrice du premier morceau: Rêve de feu pour les jeunes humiliés. Le pizzicato du guitariste Sébastien Delorme est hyper-efficace, insidieux, il nous berce doucement l’oreille avant de nous surprendre avec de puissantes envolées mélodiques. J’ai l’impression d’être dans le wagon du Monstre, j’ai le même thrill qu’au moment où le manège monte lentement la première pente et t’entends les tac tac tac tac tac avant d’être grimpé jusqu’en haut.
Et si j’attends La fin du monde,
Qu’on m’assassine,
Qu’on pose une bombe!
Mon passage préféré commence à deux minutes, c’est le peak de la piste, un solo des mieux ficelés, emmené par une guitare rugissante posée sur une batterie fucking solide. Ça monte, ça monte, puis ça tombe tout d’un coup: on revient à la petite mélodie initiale puis la bass line reprend le flambeau et ça remonte lentement, encore, comme un amant infatigable. Portés par la voix aérienne de Maximilien Nolet, on savoure une délicieuse montagne russe d’intensité. Le rêve se termine et t’as envie de le repartir pour en revivre l’énergie.
Dum dum dum dum duuum…
– La basse de David Philibert
Le chant des sirènes est plus tranquille. Les instruments habillent la prose de Nolet et lui laissent toute la place pour se faire valoir jusqu’au solo instrumental de la fin. C’est une danse jouée entre les cordes; si on écoute bien, on entends la guitare et la basse se répondre et se lancer alternativement des phrases musicales, toujours guidés par le drum impeccable de Daniel Hains-Côté. Belle harmonie de groupe. Puis la voix se retire et, un peu à la manière du premier morceau, la montée est lente vers une fabuleuse explosion instrumentale. Miam!
La force de Fitzcarraldo c’est le mouture de ses ambiances sonores. L’album au complet baigne dans un grand bain de sons en tonalité mineure, en tonalité triste pour parler autrement. C’est un choix artistique que j’approuve par goût personnel mais encore plus lorsque je porte attention aux textes du chanteur. On ressent une certaine angoisse exprimée au-travers de sa prose qui me rejoint particulièrement, rendue vivante par l’utilisation d’images littéraires évocatrices. Ici, un extrait de Rubicon qui peint un paysage d’enfance tachée, de désillusion devant la pauvre réalité du monde. La nihiliste en moi est repue.
Je veux toucher toute la beauté du monde
Les deux pieds dans la fange du réel
Je veux croire en la magie du monde
Dans le noir du noir de ses prunelles
On reconnaît ici que les contrastes ne sont pas présents que dans la construction musicale, ils rehaussent aussi les textes, pour le plus grand plaisir des âme littéraires.
Puis arrive la track qu’on boit comme un espresso, shooter de caféine, codéine, adrénaline: Faux pas nous réveille de la lente lourdeur dans laquelle nous a plongé Rubicon. Ça fesse et ça fait du bien. Coup de fouet après la première moitié de l’album qui est, malgré plusieurs écarts de conduite, somme toute plutôt atmosphérique. C’est aussi la piste la plus courte, trois minutes vingt-neuf parmi des tounes qui durent cinq minutes et demi en moyenne, c’est la longueur dont on a besoin pour apprécier toute la complexité des parties instrumentales. On est donc repartis sur une cavalcade épique de drum high sur le speed accompagné de la complainte grinçante de Delorme.
Le trip se poursuit avec Refus Global. La guitare tricote, tricote des mélodies, mais attention, elles n’ont pas la douceur de l’écharpe donnée en cadeau par votre grand-tante à Noel. Elles ont plutôt le mordant d’un piège-à-ours caché dans les feuilles qui gâche votre shooting photo automnal. OUCH.
Les deux premières minutes nous ré-embarquent dans
un manège d’up and downs doux et agressifs dont Le Charme possède le secret. À ce stade-ci, on pourrait même dire que ça ressemble à leur signature. Ça pète ou ça caresse à coup drum à pétard à mèche. C’est simple, on croirait que Nosferatu lui-même s’est invité au studio du Pantoum pour y glisser sa petite touche personnelle.
La douce L’outre-mer (pour Marie Uguay) nous éloigne de la rive sans bouée de sauvetage et nous recrache sur la grève sans trop de séquelles.
Avec Rêve de feu pour les jeunes humiliés, Faux pas et Refus global, la pièce titre Fitzcarraldo boucle le top quatre de mes meilleurs chansons sur l’album. Le morceau réunit tous les éléments musicaux chéris par le groupe et dispersés à différentes sauces durant tout l’album : lignes de bass-guitar très bien choisies, dissonances à la Bauhaus dans In the flat field, alternances extrêmes de dynamiques. Musicalement complexe et abouti, avec une très belle harmonie entre les membres, c’est un album qui mérite d’être réécouté plusieurs fois afin d’en apprécier les subtilités.
Bravo également à Mélina Kerhoas pour la superbe illustration de pochette et à Guillaume Leaim pour l’élégance du graphisme final.
Je commence sérieusement à me demander ce que les gars d’Alaclair Ensemble mettent dans leurs céréales, parce que les exploits se multiplient à un rythme où nous, les gens normaux, arrivons avec peine à les compter. Le pire, c’est que la plupart d’entre eux ont aussi une ptite-moyenne-grande famille et qu’ils préparent la relève humaine de qualité pour demain. Les gars viennent de droper ensemble un album assez génial et très très hip hop en plus de s’apprêter de partir pour un megatour avec Brown et Koriass, puis séparément, ils ont l’air pas mal bookés de leurs bords respectifs aussi.
D’abord, les deux que je connais depuis le plus longtemps et qui sortent d’Accrophone: Eman sort un album adulé par la critique et couronné à l’ADISQ, Claude Bégin est dans le RougeFM All-star avec ses chansons et celles qu’il a produites pour Karim Ouellet.Ensuite, Ogden et Maybe font aussi courir (et jumping jacker) les foules à toute vitesse avec leur projet parallèle Rednext Level, mi cour d’école mi neuf à cinq, ça c’est sans compter le fait que Ogden AKA Bobby Nel est aussi derrière le gros succès du Punch Club!, une ligue de street impro qu’il a cofondé et qui a le vent dans les voiles depuis. Également, VLooper est derrière les machines avec Alaclair, mais aussi avec un certain Eman mentionné précédemment, puis aussi, au sein d’un projet avec sa copine Modlee (entendue sur XXL mais aussi dans des projets antérieurs et gratuits sur bandcamp, Flowers, toujours avec VLooper). Enfin, le récemment partiellement rebaptisé, ou reboombaptisé, KNLO, lui aussi père de famille et membre émérite d’Alaclair, en plus d’être membre du K6A (Jam est d’ailleurs au nombre des invités de marque sur l’album).
Acteur principal d’un court-métrage annonciateur de quelque chose de gros pour l’an 16, KNLO a longtemps été un des beatmakers principaux d’Alaclair Ensemble, étant prolifique à souhait sur les machines et ayant par ailleurs publié une bonne dizaine de volumes d’instrumentaux gratuits, disponibles comme la plupart des projets mentionnés dans cet article au sein de la section « musique » du site alaclair.com Le court-métrage L’an 16 dévoilé plutôt laissait augurer quelque chose de gros et n’a pas menti ou exagéré les traits pour construire le hype: Long Jeu dépasse les attentes, même si tout ce que je connais des gars ont mis la barre très haute, incluant le très récent Frères Cueilleurs publié sur 7ième Ciel, comme l’opus dont il est question ici et celui qu’Eman & VLooper ont dûment ADISQé l’an passé. KNLO, tout comme E&VL et Alaclair Ensemble sur leur plus récent disque, poursuit avec brio la hiphopisation du post-rigodon-bas-canadien.
Long Jeu, c’est le premier vrrrai album de KNLO malgré plein de belles affaires du passé (Flattebouche c’était un assez bon mixtape pour passer pour un album mais bon), avec une intro qui rappelle les aventures de Canaw Cocotte & Cocotte Pondu Sur les terres d’Armand Viau, c’est à dire que c’est de la nouvelle musique à base de soul et de funk pas mal champ gauche (post-motauwn?). Ça dure à peine une minute, ça se passe en compagnie de la dulcinée Caro Dupont, également membre du groupe Miss Sassoeur & les Sassys qui carbure à ce genre d’harmonieux délires musique-voix, et puis ça reste ancré au plus profond de la tête en plus mettre de bonne humeur. Ensuite, c’est une avalanche de gros hits jusqu’à la fin du disque, à un point tel que les mots peineront certainement à rendre justice à tout ce qui est mis en oeuvre ici.
Écoutez le premier extrait Justecayinque assez souvent pour avoir tout saisi ce qui se passe et on s’en reparlera. C’est très ludique et très brillant, comme le vidéo qui popularise la pièce aussi, très créatif avec beaucoup d’impact aussi; j’ai pas entendu de tracks aussi dopes depuis longtemps, et j’en envie de l’écouter sur repeat jusqu’à l’an prochain, j’exagère à peine. Les références sont parfois obscures mais toujours judicieuses, on jongle avec les mots, les hommages à des artistes présents et futurs, on jongle aussi avec des sens multiples (le terme « double sens » ne suffisant pas non plus à rendre justice aux prouesses lyricales (je sais que ça se dit pas, lyrical, en français)). Parmi ses acolytes de la troupe de post-rigodon bas-canadien préférée de tout le monde, on retrouve Eman sur l’excellente Merci et Ogden sur l’hallucinante B.B.I.T.C. Les pièces Ville-Marie avec Lou Phelps et Coquillages avec la dulcinée susmentionnée Caro Dupont, c’est aussi deux moments forts de l’album. Je n’entrerai pas trop dans les détails parce que je recommande à tous d’aller voir par soi-même le prodige à l’oeuvre.
Tous comptes faits, ça va prendre plus que plusieurs écoutes pour digérer cette galette et c’est vraiment pas parce qu’elle est indigeste, au contraire. C’est juste qu’elle est bourrée de tellement de nutriments que nos organismes moyennement évolués doivent s’armer d’une patience bovine pour bien assimiler les ingrédients. Les références et sens multiples qui sont cachés ici et là vous remercieront de votre patience, et préparez vous à être agréablement surpris continuellement sur une assez longue période. « Jamais vu ailleurs des bonnes valeurs de même nahmean. »
Mercredi soir, j’ai eu la chance d’assister à un concert semi privé avec des jams aventureux truffés de mélodies hypnotisantes et de prouesses rythmiques. Un band de New York et un band de Québec, les deux situés dans le champ gauche du rock, ont occupé la scène de l’Anti.
Le premier des deux, c’est le Charme, anciennement connu sous le sobriquet bunuelien «Le Charme Discret de la Bourgeoisie», un quatuor de Québec qui a connu maintes transformations au fil des ans mais pour qui on sent une sorte d’apogée en ce moment, avec la parution d’un excellent nouvel album prévue pour le 14 octobre prochain au Pantoum. Le set a débuté avec l’excellente «Refus Global», une pièce de Fitzcarraldo, et a pour l’essentiel été constitué du répertoire de ce nouvel opus. L’ensemble a manifestement une belle complicité et une belle créativité et le tout est interprété avec justesse, témoignant d’un réel progrès à bien des égards. C’était la mise en bouche toute désignée pour ouvrir la voie au délire-déluge qui allait suivre.
Pour ceux qui n’ont jamais vu Yonatan Gat, c’est assez difficile à rendre justice à l’expérience en mots, comme pourront en témoigner ceux qui l’ont vu au Festival OFF 2015 ou aux Nuits Psychédéliques 2016. D’abord, tout se passe sur le plancher des vaches, le band refusant de monter sur le stage depuis aussi longtemps que je les connais, préférant s’installer au beau milieu de la foule (relativement clairsemée pour l’occasion, je dois l’admettre). Les lumières environnantes s’éteignent avant la performance et les lampes du groupe, une rouge d’abord pendant l’intro menée par le guitariste qui donne son nom à la troupe, puis une verte qui donne le signe d’envoi au bassiste et au batteur qui offriront une trame musicale quasi ininterrompue pour la prochaine heure. Le principe est généralement le même: des jams frénétiques inondent les oreilles des spectateurs pour lier entre elles les pièces des deux plus récentes parutions, Iberian Passage et Director, toutes deux chez Joyful Noise. Au beau milieu d’une de ces transitions improvisées, Joe Dassin s’invite pour une dizaine de secondes ce qui m’a fait bien rire, alors que Yonatan interprète au passage une partie de la mélodie de «L’Été Indien», avec la face du gars qui se demande si son public va catcher la joke. La performance a été somme toute fort généreuse, comme d’habitude, et ce malgré la petite assistance réunie sur place, insuffisante pour énergiser vraiment les musiciens qui n’en ont finalement pas eu besoin pour donner une performance survoltée. Le batteur donnait parfois l’impression qu’il allait prendre feu, alors que les deux autres ne donnaient pas non plus leur place.
L’Anti a offert un beau contexte intime, d’autant plus intime qu’elle était à moitié vide, me donnant l’occasion d’assister somme toute à mon meilleur concert de Yonatan Gat, musicalement parlant, avec aucune note qui n’échappait à mon attention et une sonorisation plus qu’adéquate. Mais bon, il aurait pu y avoir deux fois plus de gens que je ne m’en serais pas porté plus mal. Dommage que les gens n’aient pas répondu à l’appel en masse, mais le concert était donc doublement plus précieux. Vous pouvez heureusement vous consoler avec les photos, une gracieuseté de Llamaryon.
Dernière journée de la première présentation de Saint-Roch Expérience, le nouveau bébé de 3E, la filiale du Festival d’été de Québec. S’il faisait un temps magnifique en après-midi, ce qui était parfait pour la portion Cuisinez Saint-Roch du festival, la pluie s’est malheureusement manifestée en fin d’après-midi, ce qui a quelque peu vidé le centre-ville. Les artistes n’ont pas semblés trop affectés par la pluie (sauf Perreau, qui a profité de sa balance de son pour jouer les stand-up comics devant la vingtaine de guerriers qui attendaient sa prestation… avec Yann, un citron, ça sert à faire de la limonade). Ouf!
Jacques Boivin – Anthony Roussel, Loïc April et La Bronze
L’après-midi a commencé avec Anthony Roussel, auteur-compositeur-interprète originaire de Québec. Accompagné, entre autres, d’Antoine Lachance (On a créé UN MONSTRE), le jeune chansonnier a su plaire au parterre avec ses morceaux qui, même s’ils ne brillent pas par leur originalité, sont finement taillés. La voix un brin rauque de Roussel plaisait bien à ce parterre principalement constitué… d’enfants qui dansaient joyeusement pendant que les parents regardaient la scène derrière, un grand sourire aux lèvres.
Après une pause de près d’une heure (c’est un peu long, les amis, va falloir travailler là-dessus pour l’an prochain), Loïc April apparaît sur la grande scène avec ses musiciens. L’indie rock teinté de shoegaze rappelle parfois Bernhari (sans la surdose de reverb qui caractérise parfois le genre) et il est livré avec une énergie qui a tôt fait de ramener les tout petits sur la « piste de danse ». Prime de 20 points pour avoir sorti Pedro the Lion (que je n’avais pas entendu depuis des années) des boules à mites.
Après une brève interruption (qui nous a fait manquer nos chevelus Mauves) afin d’animer notre émission de radio, nous retournons à la grande scène, cette fois sous la pluie. Nadia Essadiqi, que les mélomanes connaissent mieux sous le nom La Bronze, termine son soundcheck. Votre pas très humble serviteur est un brin nerveux : est-ce qu’il sera seul pour cette prestation? Eh ben non! Dès les premières notes, alors que Nadia tapoche joyeusement sur ses tambours, les gens répondent à l’appel! Bien sûr, il n’y a pas foule, mais dans les circonstances, une cinquantaine de sourires (tous visibles), ça remplace mille personnes indifférentes qui attendent la tête d’affiche, n’est-ce pas?
Comme toujours, La Bronze respire la joie de vivre (avec son chandail Montreal Beach) et même lorsque ses chansons sont un peu plus tristes, son interprétation demeure lumineuse comme un gros câlin. En fait, Nadia, c’est ça. Du rythme, des mélodies uniques, et une attitude « gros câlin » qui détonne.
Marie-Thérèse Traversy – Aliocha et Yann Perreau
Aliocha
Ayant véritablement apprécié le EP de ce nouveau venu dans l’industrie musicale, j’étais curieuse d’entendre les versions live de ses compositions. Verdict : Aliocha a offert une courte prestation fort convaincante, sa première à Québec, devant un public plutôt réceptif à sa proposition artistique.
C’est avec la pièce Into the Wild qu’il nous a fait entrer dans son univers aux mélodies folk-rock-vintage résolument accrocheuses, où l’influence de Dylan est indéniable. Il y a, dans la voix d’Aliocha, de légers chevrotements qui rendent son timbre tout à fait charmant et distinctif. Accompagné de ses trois musiciens (dont son frère Volodia à la batterie), l’artiste a également interprété la pièce-titre, Sorry Eyes, qui délie instantanément les corps, avant de dédier la nostalgique Sarah à un de ses amis, présent dans la salle, pour souligner son anniversaire.
En fin de parcours, le multi-instrumentiste s’est installé aux claviers puis, s’est présenté pour la première fois de la soirée. «Je m’appelle Aliocha. J’ai pris pour acquis que vous le saviez. C’est certain que personne ne le sait, c’est mon premier EP!», a-t-il lancé avec modestie avant de pianoter sur Let Me Laugh, en solitaire sur scène. C’est en interprétant cette brève composition que le talent d’acteur d’Aliocha refait particulièrement surface, alors qu’il vit pleinement l’émotion rattachée à chacune des lignes.
Bref, je n’ai pas entendu un acteur wannabe chanteur. Le potentiel est réel et j’ai bien hâte de voir comment l’expérience fera évoluer ce jeune talent prometteur.
Si vous voulez en apprendre plus sur Aliocha, je me suis entretenue avec lui dans les studios de CKRL 89.1, tout juste avant son concert. L’entrevue est disponible ici (sur notre balado!) vers 1 : 07 : 00.
Yann Perreau
Plutôt que de poursuivre la soirée au sec dans le confortable District, j’ai décidé de braver la pluie pour me diriger vers la scène extérieure, rue St-Joseph. Parce que Perreau ne déçoit jamais et que chacun de ses concerts apporte son lot de folie et de moments imprévisibles.
De quelques courageux éparpillés, nous sommes vite passés à un rassemblement assez dense. Sous les gouttes d’eau fuyant du ciel, la bête de scène s’est promenée allègrement parmi son répertoire tantôt dansant, tantôt touchant, en visitant notamment les albums Un serpent sous les fleurs et Le Fantastique des astres.
Voici quelques trucs que vous avez manqués si vous n’y étiez pas :
«Mary Poppins» Perreau (pour reprendre la comparaison de Jacques)
Yann, agenouillé, qui hurle tel un animal sur Mon amour est un loup.
Une spectatrice, complètement investie, qui lui répond en hurlant de plus belle.
Un moment de tendresse entre Yann et le gars de la sécurité, alors que le chanteur lui susurrait les «c’est si bon» de Faut pas se fier aux apparences à l’oreille, tout en lui caressant la poitrine.
La détresse dans le regard du gars de la sécurité.
Des gens complètement trempés, mais clairement heureux.
Olivier Provencher Saint-Pierre – Blind Guardian
Ça faisait depuis 2010 que Blind Guardian n’avait pas joué dans la Vieille Capitale. Le groupe allemand, contrairement à quelques autres groupes de chasseurs de dragons (tousse, tousse, Sonata Arctica, tousse, tousse), ont clairement su créer la rareté auprès des fans de Québec, en témoignait le théâtre Impérial plein à son maximum (voire plus !). Avec un répertoire majoritairement tiré de l’album Imaginations from the other side, le groupe a sans doute ravi les fans les plus aguerris. Hansi Kürsh, tout en voix, a livré une performance absolument impeccable qui n’avait rien à envier à ses plus jeunes années. Un spectacle plus que généreux de la part de Blind Guardian, offert à un public conquis d’avance. Si vous étiez parmi les rares absents, vous avez sans doute raté l’événement – ou devrais-je dire « l’expérience » ? – métal de l’année à Québec.
Simon Belley – Mark Clennon et ABAKOS
La voix de Yann Perreau en écho, je m’engouffre dans un Anti tristement vide (on pouvais compter les gens présent sur nos deux mains, hormis le staff) pour le spectacle d’Abakos, projet de Pierre Kwenders et Ngabonziza Kiroko, de Dear Denizen. Mark Clennon, chanteur torontois (selon son SoundCloud, mais ajoutons qu’il a grandi en Jamaïque) assurait la première partie du duo en ce samedi 17 septembre pluvieux qui se prêtait à l’ambiance musicale offerte par les artistes pour la dernière soirée de St-Roch Expérience.
En effet, Mark Clennon flirte avec le R&B mélancolique et des rythmes électroniques très rythmées et dansants, par moment. D’emblée, les premières notes poussées m’ont rapidement fait penser à The Weeknd, circa House of Balloons. Une voix qui se module sans efforts aux divers rythmes réalisés par Joey Sherrett du trio rap montréalais The Posterz (quelque chose que j’ai appris au fil de mes recherches) et qui est toujours en émotion. J’ai senti tout au long de sa prestation que, vocalement, nous n’avons touché que la pointe de l’iceberg. Une belle découverte qui cadre parfaitement avec l’ambiance générale (déjà suggérée par la présence d’Abakos) de cette soirée. Malgré une minuscule foule, Mark Clennon n’as pas semblé trop affecté et restait énergique, prenant le tout avec légèreté et sourire. Une vibe qui sera présente au cours de toute la soirée, rendant le tout agréable malgré tout.
La pièce de résistance : Abakos. Le duo, vêtu d’habit de pilote (militaire là, pas pilote commercial), nous offre un crescendo qui culmine avec « New Constellation ». Empruntant les mêmes influences que Clennon et en y ajoutant une pincé de SBTRKT, on obtient un cocktail efficace qui allie le visuel et l’auditif. Le duo en est à son quatrième concert (ou cinquième, même pour eux cela ne semblais pas clair!) et il précise lentement les paramètres de leur performance. D’ailleurs, mention spéciale à leur musicien, dont le nom ne me semblait pas très clair mais qui, en l’espace de quelques secondes, passait de son drum machine à son looper, tout en scratchant au besoin. Il jouait aussi de la guitare, ainsi que du clavier. Bref, un homme aux multiples talents. Une des forces d’Abakos (et de Kwenders, par le fait même) est que le duo flirte facilement avec les genres, sans pour autant perdre l’essence véritable du projet, c’est pour ça que les catégoriser devient un peu futile puisqu’ils jouent sur plusieurs plateaux : parfois planants, parfois dansants, quelque fois mélancoliques, souvent optimistes. Kiroko et Kwenders, comme leur prédécesseur, semblaient apprécier leur soirée malgré la foule, se permettant quelques blagues au passage afin de conserver la légèreté ambiante.
Bref, une soirée qui était sous le signe de la découverte, personnellement. En effet, j’avais omis toute recherche sur les artistes avant de me pointer, histoire d’être déstabilisé. Un état d’esprit adéquat pour ce genre de soirée intimiste par la force des choses. Triste pour les artistes qui, par contre, ne peuvent que ressortir grandis de cette expérience (j’ose espérer).
Mot de la fin
Voilà, notre couverture de la première édition de Saint-Roch Expérience se termine ainsi. On a pu voir une vingtaine d’artistes, pour la plupart émergents, dans de nombreux styles musicaux. Si la participation n’a pas toujours été parfaite (effet de nouveauté? proximité avec Envol et Macadam?), la qualité des spectacles, elle, était très haute.
Louis Bellavance a affirmé aux médias qu’il envisageait d’ajouter des scènes extérieures (payantes) dès l’an prochain et de devenir un mini FEQ. Il faudra toutefois faire attention. Il a beau faire beaucoup plus chaud en septembre que dans mon jeune temps, les soirées sont de plus en plus fraîches et la pluie est beaucoup plus désagréable qu’en juillet. On n’a qu’à penser aux Francofolies qui ont lieu en juin, alors que l’été ne s’est pas encore tout à fait installé : lorsque le temps est maussade, les assistances sont catastrophiques.
Néanmoins, on a adoré notre première expérience. Ce festival est taillé sur mesure pour des mélomanes affamés comme nous et nous a fait courir d’une salle à l’autre toute la fin de semaine. Parions que vous ferez de même dès l’an prochain.
MISE À JOUR : Les formations The Seasons et Plants and Animals ont été ajoutées à la programmation!
Le Show de la rentrée de l’Université Laval fête ses 15 ans en grand le 14 septembre. Ils ont lancé leur programmation pour tous les goûts.
C’est à 15h que la fête commence avec des camions de rue pour servir de la nourriture, le temps d’attendre que les spectacles commencent. Vers 18h, la plupart des spectacles commenceront.
Sur les 6 scènes, soit Indie, Folk, Rock, Électro, Jazz et 5 à 7, la relève musicale sera mise à l’honneur.
Pour la formule 5 à 7, Gab Paquet, suivi de Black Coffees débuteront votre soirée. La scène Rock propose Medora, Fuudge, I.D.A.L.G et aussi un artiste mystère pour clore la soirée. Sur la scène Indie, c’est Floes, Hologramme et un autre artiste mystère. La scène folk propose le groupe de Québec Tous Azimuts ainsi que deux artistes à dévoiler plus tard. Deux DJ sets, soit ceux d’Alaclair Ensemble et de Beat Sexü feront lever le party sur la scène Électro. La scène Jazz vous convie aux spectacles de La Troupe des Flâneurs romantiques et du Duo Grégoire Godin.
L’événement est gratuit pour tous, que vous soyez étudiants ou non.
Le quintet rock de Québec LOS dévoilait aujourd’hui au public la suite de sa stratégie d’accouchement pour Big Surf, après deux ans de gestation et deux mois après qu’on aie vu le bout du nez du bébé, avec le fort prometteur EP Small Surf . Les trois titres du EP seront à nouveau sur l’album qui comportera dix pièces au total. De superbes nouvelles illustrations de Thomas B. Martin ont été dévoilées un peu partout sur les réseaux sociaux pour accompagner la parution du disque. Ils en profitaient par la même occasion pour sortir un très beau premier vidéoclip qui rend hommage à la passion de diverses manières et qui trouve la beauté dans des recoins insoupçonnés de l’expérience humaine. C’est la pièce «Wonders» que Jean-François Leblanc a porté en images, une production de Colonelle films. Des dates de spectacles ont aussi été annoncées, deux chaque mois pour les trois prochains mois, à Québec, Montréal et Toronto.
Le MondoKarnaval a dévoilé sa programmation la semaine dernière. Le carnaval aura lieu le 3 et le 4 septembre prochain au lieu historique Cartier-Brébeuf. La route des Antilles sera le thème de ce festival haut en couleur et en chaleur tropicale.
Une performance surprise ouvrira le festival le 3 septembre à 17h30. Les artistes Wesli, Webster, Valérie Clio et Vox Sambou seront les portes-parole cette année avec l’ajout d’un parrain M Alix Renaud.
Des artistes d’ici comme Tamara Weber Fillon ou d’ailleurs comme Ilam, Yao ou Lasso et Sini Kan. Les amateurs de musique celtique pourront aller voir Crépuscule et ceux qui aiment la musique latine pourront voir Heavy Soundz versus Sonido Pesao.
La relève ne sera pas en reste: Just Wôan, du Cameroun, Chico Garcia y la Negra, Okapi versus Madmoizèle Girafe.
Diverses associations ethnoculturelles de Québec et écoles de danse interpréteront flamenco, samba, capoeira, danse orientale, etc. La salle de spectacle District Saint-Joseph présentera la soirée dansante DJ du monde : Ras Kiko, Crehall Soljah et RichInternational.