Les soirées se suivent, mais elles ne se ressemblent pas au Festival d’été de Québec! Si, hier, nous avions opté pour la pop feutrée et le country-folk apaisant, aujourd’hui, nous étions surtout dans le rock énergique et la pop très dansante. Désolé, Michel Fuguain et les Backstreet Boys!
Fred Fortin – PopUP FEQ, Le SPOT
On voyait le gros nuage noir s’approcher dangereusement de la ville et on craignait le pire pour cette prestation surprise qui avait tout pour faire rêver. Fred Fortin à droite, son fidèle complice Olivier Langevin à gauche. Le ciel de plus en plus gris en haut. « C’est ça que ça fait, de pas être fin avec le petit Jésus! »
Les moins chanceux ont eu deux chansons et trois quart avant l’arrivée de la pluie. La toujours jolie Oiseau, puis deux vieilles tounes de Gros Mené, soit L’amour à l’échelle et Venus. On soupçonne d’ailleurs la Vénus de Milo d’avoir pleuré toutes les larmes de son corps pour que cesse ce doux moment avec Fred.
De nombreuses personnes, dont votre pas très humble serviteur, sont allées se réfugier dans les voûtes voisines. D’autres, qui auraient pu se croire moins chanceuses, se sont cachées sous un petit chapiteau où Fortin et Langevin sont venus les rejoindre, guitare à la main, pour une Ultramarr acoustique qui n’a pas suffi pour faire réapparaître le soleil.
Fuck you, Venus! (Jacques Boivin)
Heat – Scène Fibe
L’orage s’était calmé, direction la haute ville dans un autobus en folie où le chauffeur faisait jouer les grands succès des Backstreet Boys, au plus grand plaisir des jolies trentenaires nostalgiques de leur adolescence. Pour ma part, je me disais que j’allais me reprendre avec la formation montréalaise Heat, qui se produisait sur la scène la plus propice pour les découvertes locales, soit la jolie scène Fibe.
La pluie est revenue nous narguer après seulement deux chansons du groupe, qui ont dû quitter la scène quelques instants avant de revenir rocker les gens qui sont restés. Ouf! Susil Sharma et ses complices avaient tant à offrir, ça aurait été dommage de ne pas en profiter encore quelques minutes!
Pas trop d’artifices sont nécessaires quand on a du bon stock à proposer! Et c’est exactement ce que Heat avait à offrir, entre autres, avec les chansons de l’excellent Overnight. De l’indie rock qui goûte un peu le new wave et qui, dans leur exécution sur scène, peuvent parfois faire penser à du War on Drugs, ce qui est loin d’être un défaut. (Jacques Boivin)
Samito – Scène Hydro-Québec
C’est un Samito généreux et chaleureux, ravivé par le soleil suite à un orage vigoureux, qui s’est pointé sur la Scène Hydro à D’Youville. Par sa fougue et sa vibe positive, l’artiste a su démontrer pourquoi Radio-Canada en a fait sa Révélation 2015-2016 en musique du Monde. C’est pas simple d’ouvrir au grand soleil, devant une place presque vide, mais le chanteur a tout donné pour ravir ses fans qui ont fini par emporter tout le monde avec. Avec son électro dansant aux saveurs cosmopolites, le Montréalais est un ambassadeur multiculturel émérite, lui qui livre une performance en plusieurs langues. (Christian St-Pierre)
Geoffroy – Scène Fibe
Au tour de Geoffroy de prendre d’assaut la Fibe. Contrairement à ses prédécesseurs, le beau temps est au rendez-vous et le public a répondu à l’appel (le site était rempli!). Parmi les nombreux curieux (qui avaient probablement entendu son nom lorsqu’il participait à l’émission La Voix – OK, mon quota de « La Voix » est épuisé pour le FEQ), on retrouvait également une foule de fans qui connaissaient les paroles des chansons par coeur et qui groovaient sous la pop électro de l’artiste. La prestation avait pour fondation l’excellent album Coastline. Un album qu’on aurait pu croire difficile à rendre sur scène tellement il est riche en textures. Mais non, Geoffroy et ses trois musiciens y arrivent facilement! On a les bleus, mais les hanches bougent toutes seules. On aurait peut-être aimé un peu moins de timidité de la part de l’artiste, qui donne l’impression de se servir de ses claviers comme une barrière entre lui et son public. Un bémol très mineur quand on considère toute la belle musique qu’on a entendue pendant une bonne heure! (Jacques Boivin)
Mydy Rabycad – Scène Hydro-Québec
Définitivement, le glam et le glitter sont en vogue en ce 50e Festival d’été. Dans sa bio, le groupe tchèque Mydy Rabycad était annoncé comme faisant un électro-swing rappelant celui de Caravan Palace. Certes, on a eu droit à quelques pièces du genre, mais la prestation allait dans un registre beaucoup plus large, passant du funk au disco, rappelant même parfois les envolées planantes de Donna Summer. D’autant plus que l’argenté, le rose et les paillettes étaient bien présents et que la chanteuse y va joyeusement en ce sens. C’est donc un band ultra motivé et intense qui s’est présenté sur la scène Hydro-Québec, et les spectateurs sur place n’ont pas hésité à lui emprunter le pas avec des applaudissements nourris.
(Christian St-Pierre)
IDALG – Impérial Bell
C’est à IDALG, un sextuor de Montréal que revenait la tâche de réchauffer la foule pour cette soirée sous le thème du rock. Leur musique emprunte au rock garage et au post-punk avec un penchant pour des mélodies inquiétantes. La présence d’un tambouriniste évoque bien sûr les légendaires Breastfeeders, sans toutefois emprunter leur touche rock n’roll/yéyé. IDALG a présenté plusieurs pièces du récent Post Dynastie dont l’excellente Demi-Serpents en début de concert. Ils se sont bien acquittés de la tâche, alternant des chansons instrumentales par d’autres chantées généralement par Yuki Berthiaume-Tremblay. La foule était à l’écoute, même si le groupe n’est jamais véritablement parvenu et créer un contact fort. Il faut dire que la présence scénique timide des membres du groupe entretient une certaine distance. (Julien Baby-Cormier)
Le Couleur – Scène Fibe
On ne pouvait espérer mieux pour terminer la soirée sur la plus belle scène du Festival d’été de Québec. Un coucher de soleil magnifique accompagnait la formation Le Couleur, quelques fans prêts à danser leurs vies sur le bord de la rampe, et de la pop entraînante pendant près d’une heure. La formation menée par Laurence Giroux-Do a montré, une fois de plus, pourquoi son plus récent album P.O.P. se trouvait sur la liste longue du Polaris, mais cela ne rend aucunement justice à l’énergie déployée par la formation sur scène. Il faut voir Laurence s’élancer sur la scène, sautiller partout, inviter le public à danser avec elle, pour vraiment vivre l’expérience Le Couleur. Une bête de scène qui se cache sous des traits de jeune femme sage!
Évidemment, une prestation de Le Couleur ne serait pas complète sans les succès du groupe et c’est avec un grand bonheur qu’on a pu entendre les Club italien, Concerto rock et autres Voyage amoureux (dans une finale enlevante). Sans surprise, un nombre grandissant de curieux s’est massé sur le parterre, préférant rester quelques minutes de plus, quitte à manquer La Chicane ou Nick Jonas. À notre avis, c’était un excellent choix.
La vie est belle quand elle est aussi colorée. (Jacques Boivin)
Death From Above – Impérial Bell
La dernière présence de DFA1979 remontait à la tournée conjointe avec les rednecks d’Eagles of Death Metal. Ce soir-là, le chanteur/batteur Sebastien Grainger présentait certains signes de fatigue inhérents aux fins de tournée. Hier soir, dès les premières notes de Right On, Frankenstein!, nous avons compris que ce spectacle serait pas mal plus énergique et épique. Ils ont enchainé les pièces de leurs deux albums, Grainger étant en mesure de chanter avec l’énergie nécessaire à ce genre d’exercice et avec l’attitude rock très assumée de Jesse Keeler à la basse nous avons la chance de prendre plein la gueule. La foule s’est particulièrement réveillée lors de la 3e pièce, Turn It Out, qui ouvre l’album culte du duo You’re A Woman, I’m A Machine. Ils ont puisé également dans leurs deux albums jouant même Dead Womb une petite bombe de leur premier EP. Ils ont également performé deux nouvelles pièces, dont le simple Freeze Me, qui suit la mode actuelle de flirter davantage avec la pop. Heureusement, sur l’autre pièce, Caught Up, Death From Above semble ne pas avoir totalement vendu son âme au mercantilisme ambiant dans le monde de la musique.
Ils ont poursuivi leur set le pied au plancher, nous servant deux des pièces les plus efficaces de l’album Physical World en rappel: la pièce titre et l’excellent Government Trash. Reste à espérer qu’ils reviennent nous voir avec en main un album qui ne dénature pas ce qu’on aime du groupe, c’est-à-dire leur énergie brute quasi juvénile avec leur fameux son de basse fuzzé à souhait. (Julien Baby-Cormier)
Pink Martini – Scène Hydro-Québec
Quand on pense au jazz et au big bands, il nous vient tout suite le mot raffinement en tête. Et c’est le mot exact pour qualifier la prestation qu’à donnée Pink Martini hier soir sur la Scène Hydro-Quebec. C’est devant ce qui est est peut-être la plus grande foule jusqu’ici à Place D’Youville que le petit orchestre américain a déroulé son matériel dans des saveurs jazz, évidemment, mais aussi latin et lounge. Non seulement le groupe assure par sa virtuosité, mais c’est par ses chansons polyglottes. Je ne le suis pas moi-même, mais il me semble avoir entendu de l’anglais, du français, de l’espagnol et peut-être même de l’italien… je n’est suis pas 100% sûre. Mais toujours est-il que c’est à une prestation très classe et distinguée que nous avons assisté sous la lune plus tout à fait pleine. Une soirée où il fait bon entendre la vie en rose. (Christian St-Pierre)