C’est d’une façon totalement anodine que j’ai été informé samedi d’un spectacle de musique au salon Wabasso, plus connu sous le nom de La Shop du Trou du diable.Mon collègue Joé Lacerte m’a en effet appelé vers 19 h pour me demander si cela m’intéressait d’aller voir un spectacle à Shawinigan. « On part vers 20 h », qu’il m’a dit. Hum! va donc pour le show.
À vrai dire, le concert en question était un concert reporté. En effet, il devait à l’origine avoir lieu à la salle le Satyre, située au centre-ville de Trois-Rivières. Le spectacle a cependant été annulé en raison de la fermeture de l’établissement. Heureusement pour les fans, le concert a, en fin de compte, été reporté quelques mois plus tard au salon Wabasso par l’initiative de Nicolas, le bassiste de Nova Spei.
Cela dit, trois groupes étaient sur place, le premier étant Ripé, qui vient de Montréal. Ripé joue, selon les dires du groupe, du « rock de badass », comme c’est inscrit dans le centre d’intérêts de la formation sur leur page Facebook. La désignation est assez pompeuse à mon avis, mais il est vrai que leur chanson Spin a été bien accueillie par le public, avec, à l’heure actuelle, plus de 55 000 visionnements sur Youtube, d’autant plus que le groupe est pris en charge par le label Slam Disques.
Le premier concert de la soirée commence donc vers 21 h 15. Pour ma part, j’aime bien l’univers satirique dans lequel Ripé nous plonge. Ça me fait presque penser à du Mononc’ Serge lorsqu’il collaborait, par exemple, avec Anonymus. La guitare groove; il y a quelques jurons dans les paroles, et la voix du chanteur m’a même surpris. Le public était toutefois surtout passif face à la musique de Ripé. Enfin, le seul hic par rapport au concert de hier soir demeure, selon moi, que leur musique n’avait pas de grand lien avec celle des deux autres groupes.
Le second groupe en prestation, Nova Spei, vient de Trois-Rivières. Bien qu’il soit moins connu sur la toile que Ripé, j’ai trouvé que leur musique était un peu plus mature et aboutie que le groupe d’ouverture. Prenons, par exemple, quelques paroles de la chanson Les vivants-morts, premier EP sorti sur CD et aussi disponible sur Youtube :
Les vivants-morts dans leurs têtes, leurs idées
contrôlés par une bête.
Les humains nous considèrent comme des traîtres
quand on n’acquiesce pas à toutes leurs requêtes.
Les vivants sont morts dans leurs quêtes,
Leurs images contrôlées par une bête
Les humains nous considèrent comme des traîtres
quand on
s’éloigne de leur beau paraître.
Nova Spei (« nouveau départ ») dresse donc par ces quelques lignes un portrait pessimiste de l’individu contemporain, qui serait d’une certaine façon dépossédé de sa nature humaine. Pour revenir au spectacle, je dois dire qu’il a été très bon, mais malheureusement, le son n’était pas tout à fait bien ajusté à mon goût. Cela dit, ça n’a pas empêché les spectateurs de se lever.
Le troisième groupe, Kermess, joue du rock alternatif francophone. Il fut actif de 1995 à 2004. Ils ont eu un succès intéressant, comptant à leur actif trois albums vendus à 22 000 exemplaires, plus de 300 spectacles, deux nominations au Gala de l’ADISQ et deux succès radio, soit Y’a pas grand-chose dans l’ciel à soir et Le nouveau millénaire. Toutefois, je dois dire que je ne les connaissais que de nom. Leur spectacle a été agréable à voir et à entendre, sans parler de leur énergie sur scène. J’ai bien aimé la participation du chanteur de Nova Spei pendant l’une des chansons du concert. La foule, quant à elle, réagissait bien à l’énergie de Kermess. J’ai personnellement été content de découvrir l’univers du groupe, car après le spectacle, je suis allé creuser leur discographie, disponible gratuitement en ligne, et franchement, ça en vaut le détour.
La formation rock de Saint-Jean-sur-le-Richelieu O Linea lançait il y a quelques semaines un cinquième album intitulé tout simplement O Linea. Le groupe mené par Julien Vézina propose ici une collection de pièces où les guitares dominent (enterrant même parfois les voix).
Les 13 pièces ne manquent pas d’entrain, loin de là, on sent l’influence punk derrière l’indie rock mélodique du groupe. Les fans de The Hives devraient d’ailleurs bien apprécier.
Cette énergie qui traverse l’album, on la ressent dès les premières notes de Casseur de codes, et elle ne nous quitte qu’à la fin de Ton Printemps, qui termine l’album. Vézina y chante comme s’il était branché sur le 220, comme s’il y avait une grande urgence dans ses propos. Seul bémol : O Linea ne prend pas vraiment de répit (même dans les moments plus doux) et la voix de Vézina finit par être un brin monotone. On aurait peut-être aimé quelques moments de répit çà et là, mais il n’y en a pas vraiment. C’est dommage, parce que prises individuellement, les 13 chansons sont toutes bonnes.
On va donc intégrer O Linea à notre liste de lecture, mais on va y aller à petites doses, question de faire durer le plaisir.
Pour l’instant d’une soirée rock, je me suis transportée dans ma Capitale-Nationale natale. J’y ai découvert L’Anti, cette superbe salle dont j’entends parler par l’équipe de Québec depuis des mois. Je ne vous cacherai pas que ce qui m’intéressait surtout dans cette soirée, c’est le duo rock Rouge Pompier. Toutefois, j’aimais l’idée que cette soirée débuterait avec trois groupes que je n’ai encore jamais vu en spectacle.
Athena
La partie de plaisir commence avec Athena, groupe rock francophone de St-Jean-sur-Richelieu. Les premières chansons se font entendre et je me dis que ce n’est pas nécessairement aussi barbare que je m’attendais… mais c’est beau! Je vis un beau moment et j’ai le sourire aux lèvres. Les têtes dans le public se font aller les cheveux à toute allure en avant de la scène. Après nous avoir diverti avec les pièces de leu album Mononucléose, il font place au groupe suivant en nous disant: « On vous aime, on vous embrasse. Sur ces belles paroles, on se quitte ». Je ne les connaissais pas du tout et je vous avoue que ça a été ma découverte coup de coeur de la soirée.
Les conards à l’orange
Le groupe Sherbrookois de ska-punk-rock-reggae Les conards à l’orange, qui a sorti l’album Bave de robot en septembre 2015, sont embarqués sur scène avec la première pièce de l’album : Comme du bétail. Déjà, l’entrain et la rythmique du refrain nous donnent envie de chanter et il s’installe une rare connexion avec le public après seulement deux chansons.
Pour avoir fait la critique de leur plus récent album, j’ai trouvé que le côté reggae ressort encore plus en spectacle, ce qui donne un air léger à leurs paroles engagées. En plus, on a été gâtés parce qu’ils ont fait leurs chansons qui bougent le plus. Ils ont aussi joué des pièces de leurs autres albums comme Ah! si nous étions tous des vedettes pour finir avec le Numéro de ta soeur de L’album Le pied.
Kamakazi
Les gars de Kamakazi ont tout un concept, lorsqu’ils montent sur scène, rattaché avec le titre de leur dernier album Regarde maman i’m on the TV. On a donc devant nous deux écrans montés de chaque côté de la scène qui diffusent des vidéos d’images quelconques. Les gars ont l’air plus qu’heureux d’être ici, à Québec, de retour après une trop longue absence selon eux. Je dois avouer que c’est la portion de la soirée qui était le moins en concordance avec les autres groupes rock, mais leur prestation a été tout de même énergique et agréable.
Rouge Pompier
Pourquoi faire du rock comme tout le monde alors que tu peux être un duo rock qui réinvente les idées préconçues comme Rouge Pompier ? Alexandre Portelance et Jessy Fuchs ont installé leurs instruments sur leur tapis en plein milieu de la salle, oui oui, dans la foule ! Alex s’assoit à la batterie, l’air nonchalant en mâchant sa gomme, pendant que Jessy accorde sa guitare électrique. Ça part en force avec Même si tu frottes, l’une de mes pièces préférées de l’album Chevy Chase sorti en mars dernier. Les yeux de Jessy Fuchs lorsqu’il regarde ses fans, ça vaut de l’or. Ce n’est pas juste du plaisir, on voit dans ses yeux toute la reconnaissance qu’il a envers son public et c’est magnifique. Jamais je n’ai vécu une soirée rock aussi respectueuse, douce et sympathique. Ça ne veut pas dire que ça n’a pas dégénéré, mais tout s’est fait dans la gentillesse. Le « wall of death » a permis à ceux qui voulaient se donner à fond de le faire, mais a aussi donné la possibilité aux autres de regarder le spectacle que ça donnait sur la chanson Paquet d’choses. Juste après, Jessy joue des notes qui ressemblent étrangement à We will, we will rock you.. et ça n’en prenait pas moins pour que tout le monde dans la place commence à la chanter !
Après avoir chanter fort des OUUUuuuuuuUUdepelaille, après avoir récité les règles de Rouge Pompier, après avoir chanté à tour de rôle dans le micro qu’Alex faisait passer dans la foule, après tout ça, on a fait et filmé en direct un « circle pit » sur Autobus.
Je suis ressorti de cette soirée-là avec de l’énergie à revendre et un méga sourire dans la face.
Merci à l’Anti ! Merci pour l’audace de faire un spectacle avec une scène improvisée, originale et complètement hors du commun. J’ai bien hâte de voir ça quelque part à Trois-Rivières un jour !!
Voici les photos de Jacques Boivin (attention, Jacques s’est gâté, il y a PLEIN de photos de chaque band):
Ça faisait longtemps qu’on avait eu des nouvelles du trio On a créé UN MONSTRE. On avait bien vu les gars en spectacle cet hiver et ils nous avaient bien offert quelques nouvelles chansons, mais on avait bien hâte d’entendre du nouveau matériel bien assis à la maison.
Eh bien voilà, le 6 mai prochain, François Larivière, Antoine Lachance (qui vient de présenter un album solo) et Ghislain Lavallée nous offrent Théâtre des catastrophes, EP qui marque un tournant qui s’entend bien : les chansons ont été composées au piano et au clavier.
Qu’est-ce que ça change? Beaucoup de choses, en fait : les chansons sont plus pop, moins éthérées, mais elles gagnent aussi en douceur sans perdre ces mélodies si propres au groupe. Pour vous montrer de quel bois nos amis se chauffent, voici en primeur les deux premiers extraits du EP : Par-dessus bord et Théâtre des catastrophes.
Ma dernière sortie musicale de l’année 2015 a été pour aller au Nord-Ouest le 17 décembre au spectacle de Félix-Antoine Couturier. Ce fut un mois de décembre assez chargé alors j’ai essayé d’entrer cette soirée dans mon horaire parce que j’y tenais. C’est pourquoi je suis arrivée à la salle après la quatrième chanson du spectacle. C’est mieux que rien, non?
Comment ne pas être dans une belle ambiance quand tu entres au moment où il est en train de chanter Mes blues passent pu dans’ porte. Je suis déjà bien charmée par tout ce qui se passe ici et encore plus lorsque je me rend compte qu’il est accompagné de musiciens incroyable, dont Antoine Lachance de On a créé UN MONSTRE.
Je m’assoie confortablement sur le petit banc de la table bistro et on me chuchotte à l’oreille que j’ai raté le moment où il a dit en début de soirée avoir fait un spectacle devant quatre personne dans les derniers jours. Alors, il est bien content du public de ce soir, soit près d’une trentaine de personnes vraiment attentives et dans l’attente d’entendre les prochains mots qui vont sortir de sa bouche.
L’ambiance chaleureuse se transforme en ambiance amicale lorsqu’il dit, un peu à la Louis-Jean Cormier, « La, c’est le bout où je te tutoie Trois-Ri ».
Il y a des fois où tu vas voir un spectacle et tu as l’impression d’être choyé de vivre un moment unique… et bien ce soir-là, c’était ça. On a été énormément gâté, d’autant plus lorsqu’il a défait sa queue de cheval pour nous montrer sa crinière à la « Claude Bégin ».
Mon moment préféré a clairement été lorsqu’il a fait Dans cette vie, en solo, sans ses musiciens. Il a demandé à avoir plus de « reverb » dans son micro, mais c’était impossible et c’était bien parfait comme ça. C’était du Couturier à l’état brut : poignant, beau et attentionné.
Bien que certains puissent l’avoir connu à l’émission La Voix, il faut savoir que son parcours à débuter il y a bien plus longtemps que cela. Il s’est beaucoup impliqué dans le groupe Kodiak, avec qui il a fait des spectacles à travers le Canada de 2002 à 2012 en tant que guitariste, entre autres. Parallèlement, il a joué avec le groupe O Linéa jusqu’à tout récemment, groupe qui existe encore, mais dont Couturier ne fait plus partie.
« O Linéa continue, mais nos chemins se sont divisés avec la trentaine, les choix, la route, etc. Ça a été un choix difficile, mais on est encore des amis », me dit-il, en supposant que rien n’est impossible pour l’avenir.
J’ai donc eu envie de savoir ce qui l’a poussé à partir en solo.
« En 2008, j’ai envoyé ma maquette au Festival en chanson de Petite-Vallée, un peu en cachette, pour relever un défi personnel. J’ai été sélectionné, mais je n’avais jamais fait de spectacle seul. Je me suis cassé la gueule. Depuis cette fois-là, j’ai fait environ 6 concours, pour arriver à la première édition de La Voix ».
Il précise aussi qu’entre temps, il a eu une professeure de chant, Marie-Claire Séguin, qui l’a accompagnée. Il exprime aussi sa fierté de ne pas être resté accroché avec l’image de La Voix et d’être resté authentique tout au long du cheminement de ce concours télévisé. Toutefois, il avoue que cela lui a certainement permis de lui ouvrir des portes et il en est très reconnaissant.
L’année 2015 a été énormément chargée pour lui et j’ai voulu savoir ce qu’il en retirait et comment il avait vécu cette année?
« Oui, ça a été une grosse année. Une année où tout se concrétise. J’ai touché à toutes les facettes du métier avec mon album. Comme un seul homme est devenu ma carte d’affaires, puisque j’ai participé à toutes les étapes de la création, accompagnées de gens du milieu, bien sûr ».
C’est un album assumé qui résume des années de travail. Par le fait même, c’est un album qui a été bien accueilli par le public et il a profité des avantages du côté « jet set » du « show business ». Bien qu’il apprécie tout cela et que c’est davantage présent dans sa vie depuis le début de sa relation avec Beth Cossette, la fille du célèbre Sylvain Cossette, il précise que ce n’est pas le but de sa démarche.
Parlant de sa démarche, je l’ai vu en spectacle quelques fois avec O Linea, qui fait plus dans le rock, donc je lui ai demandé à quoi ressemblait un spectacle solo de Couturier.
« Ça dépend des shows, mais l’important c’est le contact avec le public, le contact intime. J’ai quatre musiciens avec moi sur scène et il y a beaucoup de « love ». Ils sont trippants et on fait beaucoup d’interventions. J’aime jouer avec le chaud-froid en spectacle ».
Que veut-il dire par « chaud-froid » ? Il va se mettre en « chest »? hmm attendons le spectacle de ce jeudi 17 décembre au Nord-Ouest Café pour le savoir.
Dimanche, le 29 novembre dernier, la gang de Slam disques nous ont invités à venir dans les coulisses de l’enregistrement de Chevy Chase, le deuxième album de Rouge Pompier, qui paraitra en mars 2016.
On arrive aux Studios Piccolo vers 14h, les gars sont en plein enregistrement et nous font signe de nous asseoir, ce qu’on fait avec obéissance. Ils commencent à se parler en termes qu’on ne comprend pas, à reprendre 25 fois le même bout de la chanson, à jouer chacun leur tour, etc … Je regarde la scène et je me dis : Donc c’est de ça que ça a l’air deux rockers en studio? J’avoue, je suis impressionné du professionnalisme, de l’attention portée à chaque note et du souci du détail que les gars apportent à la chanson qu’ils enregistrent. Pour les avoir vus en spectacle plusieurs fois, on pense qu’ils font juste varger et crier, mais quand ça a l’air le fun et facile, on oublie souvent l’énorme travail qu’il y a derrière et c’est là que ce qui suit devient vraiment intéressant. Ça fait environ une heure que je regarde les gars faire leurs trucs et Alexandre sort du studio pour venir me rejoindre, pendant que Jessy peaufine une séquence.
J’en profite pour lui demander comment ça se passe à date ?
« On est un peu en retard » me dit-il, « On a juste fait trois chansons aujourd’hui, et il nous reste moins que trois jours ».
Malgré cela, le stress ne semblait pas du tout prendre le dessus. Au contraire, c’est la fébrilité et l’excitation qui se faisaient ressentir jusque dans les craques de plancher.
« Officiellement, on a envoyé 45 démos en groupes d’écoute et on en a ressorti 15 qu’on enregistre. Cette fois-ci, on n’a pas ajouté une chanson qui n’avait pas été choisie, comme pour Bled sur l’album Kevin Bacon ».
La séance de jasette non officielle se termine alors que Jessy vient de terminer ses ajustements. On se dirige ensuite vers la mythique cuisine des Studios Piccolo pour que les gars se remplissent le ventre de la pizza qui a été livrée il y a quelques minutes. Après un délire sur « on pourrait enregistrer des sons de bancs de gymnase » et « notre rêve est de s’acheter une toilette avec le banc chauffant et plein de boutons comme au Mexique », on entre dans le studio et on commence la portion entrevue de la journée:
Les gars, dites-moi, pour les groupes d’écoute, est-ce qu’il y avait juste des fans? Y avait-il d’autres types de gens?
« Non, en fait, il y avait le public cible et le public non cible. Pour nous, de faire ce processus, c’est de rallier le plus de monde sur nos chansons, et les chansons qui ont été choisies, au final, c’était plutôt unanime dans les votes ».
Est-ce que ce sont les chansons que vous pensiez?
« Oui, mais il y a quelques surprises. Moi (Alexandre) je suis déçu de ne pas mettre Pauvre en criss ». Jessy ajoute « On avait même fait des demandes de financement avec des pièces qui finalement n’ont pas été sélectionnées par les comités d’écoutes ».
Jessy poursuit avec des commentaires sur la façon de voter pour les chansons :
« Il y avait beaucoup de chansons que les gens mettaient 6 ou 7 et ça me donnait l’impression qu’elles étaient ignorées, comme si elles n’étaient pas détestées, mais pas aimé non plus. Si ça leur donnait une bonne note au final, le fait d’avoir beaucoup de 6 ou de 7 avait beaucoup d’importance pour moi ».
Il faut dire que c’est difficile ce que vous demandez aux gens quand même, non?
« Oui parce qu’on ne donne pas de barèmes. On ne peut pas prévoir comment les gens vont écouter l’album. Il faut que ça reflète la réalité ».
Suite à la sélection effectuée avec les résultats des écoutes, les gars ont pratiqué les 15 pièces avec les plus hauts scores au total. Certaines ont été créées il y a plus de trois ans, ce qui fait qu’elles ont dû subir quelques modifications ou réajustements. J’ai voulu en savoir plus sur les morceaux qui allaient se retrouver sur l’album:
« Il va y avoir Chat, Même si tu frottes, Autobus, VHS et Mercredi, entre autres. Autobus c’est parce que ça dit souvent autobus, mais ça pourrait changer de nom. » C’est donc ce qu’on a pu savoir pour le moment. Jessy ajoute que « pour Mercredi, il n’y avait pas de paroles au début. C’est quand j’ai décidé de mettre du vocal que ça l’a propulsé et maintenant elle va être sur l’album ».
Ça ne vous dérange pas de remettre au hasard, aux mains des gens, votre « playlist » de chansons?
« Non, des fois il y a des chansons moins le fun à jouer, mais on se dit que c’est ce que les fans veulent. Tout comme avec Kevin Bacon, il y a des pièces qu’on n’aurait naturellement pas choisies, mais on est obligé de ne pas avoir une vision juste de gars de bands parce que ça ferait un album de gars de bands. D’ailleurs, les notes des gars de bands qui ont écouté les pièces sont complètement différentes des autres ».
Et est-ce que l’ordre des chansons est choisi ou vous attendez de voir selon l’enregistrement? (attention, c’est mon moment préféré de l’entrevue)
« Oui l’ordre est choisi, on a une bonne technique (échange de petits sourires entre les gars). On a pris l’album Nevermind de Nirvana, on a regardé chacune de nos toons et on les a associés aux toons de Nevermind, pour que chaque toon qui se ressemble soit dans le même ordre. Par exemple, on s’est dit laquelle ressemble le plus a Smells like teen spirit, et on l’a mise à la même place sur Chevy Chase ».
Mais pourquoi cet album-là?
« Parce que c’est le plus gros de tous les albums tsé ».
Le studio a été loué pour quatre jours et on est au deuxième déjà, êtes-vous stressé?
« Non, mais l’objectif aurait été d’en faire plus que le nécessaire, mais on se dit on va tu avoir le temps de finir les toons qu’on voulait mettre sur l’album? ».
Et comment vous arrivez à statuer qu’une pièce est terminée?
« Pour Chevy Chase, on recherche un son, (…) mais on n’est pas des musiciens pros, plus des semi-pros. La réaction qu’Alex a eue hier est le meilleur exemple. Il s’installe couché sur le divan derrière la console et il écoute la toon les yeux fermés. Quand la toon a fini, il s’est retournée et a dit Ok c’est là. (…) Quand tu viens d’avoir un nouveau frisson sur une toon que tu fais depuis trois ans, c’est ça que tu veux ».
En studio, avez-vous des façons de faire définies?
« Le plus important pour moi (Alex), c’est le clic (le métronome). Quand je regarde Jessy, ça veut dire que ça va bien et que je suis dedans. Ton cerveau est stimulé une fois par temps, c’est fatigant à la fin d’une journée. Hier, on a commencé par deux toons rapides et je n’avais plus de jus après. En studio, à comparer d’en spectacle, c’est moins au feeling parce qu’on est sollicité mentalement ».
Après les avoir vus au travail, la phrase suivante de Jessy vient faire un bon résumé:
« Il faut savoir relativiser et avoir une bonne attitude pour être content de notre travail. »
Les gars tenaient à parler du fait que, bien qu’ils soient entourés de gens compétents du milieu, il n’y a personne réellement qui peut porter le titre de réalisateur de l’album et c’est tout à fait correct comme ça.
« On pourrait écrire en arrière de l’album quelque chose du genre : Cet album a été réalisé avec plein de monde trippant ».
Parlant de l’album, j’ai eu le privilège d’avoir le « scoop » du visuel de la pochette. Je ne peux pas vous en dire plus, outre le fait que je dois m’instruire davantage sur tout ce qui est en lien avec Chevy Chase pour comprendre toutes les subtilités. C’est donc difficile de dire si j’aime ou non, en lien avec mon savoir déficient à ce sujet, mais j’avoue trouver le résultat très attirant pour l’œil. D’ailleurs, les gars en sont très fiers et proclament même : « On est surpris de comment proche on est (…) c’est tellement right on ce qu’on voulait. On pourrait gagner le prix pour Album de l’année ».
Parlant d’album, avez-vous des idées pour le lancement ? ou pour un vidéoclip même?
« On ne fera peut-être pas de lancement officiel, on trouve que c’est un peu passé date. Dans les shows prévus, il y en a aucun qui va porter le nom de lancement. Ca fait tellement longtemps qu’on en parle, ce n’est pas une nouvelle tsé ».
En poursuivant sur les attentes que les gens peuvent avoir face à la sortie de cet album, les gars ajoutent :
« L’objectif n’est jamais de conquérir le monde, l’objectif c’est juste d’avoir du plaisir. Kevin Bacon c’est un Dream come true. On ne s’attendait pas à atteindre ce qu’on a atteint. Faire un deuxième album c’est : si le monde aime ça, tant mieux. Au moins, on s’est donné la chance que l’album soit bon (…) on ne l’a pas fait à peu près ét on s’est donné une chance de composer beaucoup de toons,. Ce n’est pas parce qu’on est au Studio Piccolo que l’album va bien tsé, ça c’est juste du luxe ».
Après 30 minutes de discussion avec les gars, l’entrevue se termine avec Jessy qui parle des attentes face à un deuxième album :
« Tu ne te fies pas sur ta pochette pour pogner plus, tu ne te fies pas sur de quoi t’a d’l’air sur tes photos de presse ou si ton lancement est gros? Tu te fies sur On as-tu des bonnes chansons? Ca va-tu plaire à un certain public? Et ce certain public là, s’il est satisfait on a tout gagné dans le fond. On n’est pas obligé de plaire à tout le monde, mais si on plait au public qui aime ce que nous on fait, on a réussi. Si tous nos fans étaient comme : Kevin Bacon c’était vraiment bon, mais Chevy Chase c’est de la grosse marde, ce serait peut-êre le seul échec qu’on pourrait dire, mais il n’y aura pas un échec de quantité. L’objectif ce n’est pas le financement, et ce n’est pas de plaire à un public plus large non plus. En fait le seul échec serait que lui (Alex) et moi on n’aimerait pas notre propre album. J’ai appris dans la vie aussi que l’échec c’est de ne pas essayer, ça fait que de ne pas faire Chevy Chase, ce serait un échec.»
**Vous vous demandez peut-être pourquoi il y a un cadre devant la batterie? C’est juste une histoire d’échange de cadeaux familiale qui a mal fini. Maintenant il a la place la plus importante. « Aucun cadre n’a eu autant d’importance » ajoute Jessy.
Voici les photos prises par Jacques Boivin tout au long de notre présence dans les Studios Piccolo avec les gars de Rouge Pompier, Alexandre Portelance et Jessy Fuchs:
Merci à Alexandre Portelance et Jessy Fuchs pour leur temps et merci à Slam disques, surtout à Emma-Geneviève Murray- St-Louis, pour la confiance et pour l’opportunité
Dimanche dernier, avant de se rendre au GAMIQ, on a eu l’immense privilège d’être invité à aller jaser avec les gars de Rouge Pompier, à prendre des photos et à assister à une heure d’enregistrement au Studio Piccolo à Montréal (je sais vous êtes jaloux, et il y a de quoi).
Alexandre et Jessy semblaient dire qu’ils avaient un peu de retard sur le « planning » initial. En ce mardi 1er décembre, ils sont en train de terminer l’enregistrement du deuxième album, Chevy Chase, à paraître en mars 2016.
Restez à l’affût pour la sortie de l’entrevue complète des coulisses de l’enregistrement dans les prochains jours