Karina et Caroline présentent leur tops albums et spectacles avec quelques autres coups de cœur au travers. À écouter:
Alexandre Poulin visitait le Moulin Michel à Bécancour pour la toute première fois le 27 octobre dernier. Son public le plus fidèle l’attendait depuis longtemps, si bien que le spectacle a affiché complet assez rapidement.
Alexandre est un amoureux de l’histoire et du français. Dans son spectacle, il raconte autant d’histoires qu’il chante de chansons, même que je pense qu’il raconte plus qu’il chante. Selon moi, c’est ce qui fait que ses spectacles n’ont jamais besoin d’énormément de promotion pour être complets. Les gens savent que le spectacle ne ressemblera en rien à ses albums qu’on écoute chez soi. J’ai été tellement prise par ses histoires que j’ai oublié que je devais prendre des notes. C’est un spectacle où il faut se laisser aller et vider ses émotions.
Le spectacle commence avec la pièce Couleurs primaires, sorti de son tout récent album, Les temps sauvages. Comme c’est le spectacle de sa tournée pour cet album, je m’attendais à entendre ses chansons populaire telles que L’écrivain et Souffler sur les braises lors du rappel. C’est toutefois en début de spectacle que quelques plus vieilles chansons ont été jouées, et je dois avouer que j’ai été surprise, mais surtout très heureuse de ne pas attendre deux heures avant de les entendre.
Je le savais conteur, mais je ne le savais pas rockeur. Oui oui, il a offert un segment du spectacle où son côté plus fêtard ressort en chantant, entre autres, la pièce Fernand. Tout au long du spectacle, il nous raconte les histoires de sa vie avec comme fil conducteur la persévérance et l’importance de croire en ses rêves. Il raconte comment un livre sur Maurice Richard a changé sa vie. Il a terminé en nous bourrant d’émotions pour s’en retourner chez soi avec la chansons Entre chien et loup.
En plus d’être généreux pendant sa performance, il l’est tout autant avec son public, âgé de 7 à 77 ans. Il a d’ailleurs tenu à aller à sa rencontre après le spectacle.
Je n’avais pas de photographe sur place, mais il y avait des caméras vidéo, alors nous pourrons voir bientôt des images de ce magnifique spectacle dans cette salle. Si vous n’êtes jamais allé au Moulin Michel, je vous jure que vous manquez quelque chose! Pour toute la programmation, c’est ici : http://www.pleinsud.ca/spectacle
Impromptue, intime et authentique. C’est de cette manière que je décrirais la soirée passée en compagnie de Ken Villeneuve, Marc-Antoine Guay et Philippe Gosselin. Au deuxième étage de la Microbrasserie le Temps d’une pinte, à peine dix personnes dans le public, ça fourmillait en bas, et les gens n’avaient pas l’air de se douter qu’en haut, nous autres, maudit qu’on était ben.
Le premier est un conteur natif et vivant toujours à Sainte-Rose-du-Nord, petit village au Saguenay-Lac-St-Jean situé sur le bord de la rivière Saguenay. Ken Villeneuve raconte l’histoire de sa famille, de son village, et de son entourage de manière humoristique, en entrecoupant son récit de chansons bien ancrées dans un folk régional. Avec son langage tout droit sorti du Saguenay, il faut quand même être un public averti pour bien comprendre ce qu’il raconte, mais ce n’est pas moins intéressant. J’ai beaucoup aimé replonger dans le passé d’un endroit pas trop loin de ma ville natale que je connaissais très peu. L’univers du conteur est bien précis, et donne certainement envie d’aller faire un tour dans son coin de pays pour voir les installations démesurées de M. Dynastie.
Cela nous mettait donc dans l’ambiance raconteur, simple, comme si on était autour du feu entre amis à s’échanger les potins du village. Je crois que c’est ça que Marc-Antoine et Philippe souhaitent un peu créer en invitant Ken à ouvrir le bal pour eux. Le joyeux personnage est tellement attachant qu’il nous fait tout de suite sentir comme chez nous.
Par la suite, les deux jeunes musiciens nous ont offert un moment évoquant le paysage saguenéen, la forêt, les voyages, la simplicité et le plaisir de se retrouver pour jouer de la musique. Ils s’inspirent de leurs racines, de leurs expériences. Sur leur page Bandcamp, il y a seulement trois pièces disponibles, ce qui est un peu dommage car ce qu’ils proposent mérite de l’attention. La voix plus rauque de Marc-Antoine, rappelant parfois un jeune Daniel Boucher, et celle plus claire de Philippe se marient à merveille. La complémentarité de leurs mélodies à la guitare est également fort intéressante. Ils disaient enregistrer une chanson de temps en temps, quand ils peuvent, pour finalement avoir un album par accumulation. « On ne fait pas ça à la manière traditionnelle, nous autres » disait Marc-Antoine. C’est conséquent avec la manière qu’ils ont de se présenter. Très détendus, sans artifice, mais plein de réel bonheur d’être là où ils sont.
Ils ont essayé de conclure avec la chanson que nous avons fait jouer sur les ondes de CFOU 89.1 cette semaine, la pièce On est ben, sortie en décembre 2016. Toutefois, comme on se sentait entre amis, nous avons fait des demandes spéciales pendant près d’une heure supplémentaire, tout en riant et en s’amusant. Quelques chansons plus sérieuses, d’autres plus humoristiques, et des improvisations également. Bref, un moment empreint de sincérité et qui a fait passer une belle soirée aux quelques curieux qui se sont déplacés, outre la gang d’ecoutedonc.ca que nous étions.
Crédit photo : Adrien Le Toux
C’était jeudi le 31 août que Medora lançait son album Ï en compagnie de Choses Sauvages, un band de Montréal, au Cercle.
Dans un écran de fumée et sous un éclairage coloré, le groupe montréalais ne cachait pas son plaisir d’être là pour ouvrir la piste de danse pour Medora. Très vite, Choses Sauvages a fait le bonheur des spectateurs avec sa ligne de guitare à la sauce funk. L’énergie de Félix Bélisle, Marc-Antoine Barbier, Tommy Bélisle, Philippe Gauthier Boudreau et de Thierry Malépart était contagieuse. Le groupe a invité plusieurs fois les gens à danser. Leur punk-funk en français m’a beaucoup plu. Il a réussi à survolter l’ambiance qu’il y avait au Cercle.
Le clou du spectacle a été Medora, qui lançait son Ï. Déjà un succès médiatique (et aussi sur notre blogue), le quatuor de Québec a joué l’entièreté de l’album. Son chanteur, Vincent Dufour, est authentique et charismatique. Le plaisir était véritablement là sur scène, mais aussi dans la salle de spectacle. Je sentais de la maturité et des inspirations diverses dans l’interprétation musicale de Charles Côté, Vincent Dufour, Guillaume Gariépy et Aubert Gendron Marsolais. Les sonorités indie-rock ont réchauffées la température extérieure, ramenant l’été alors que l’automne approche à grands pas. Je m’étais délectée de l’album, et la même chose s’est produite au Cercle. La salle bien remplie ne laisse entrevoir que de belles perspectives pour eux.
Comment ne pas passer une belle soirée à la Librairie St-Jean-Baptiste? L’accueil toujours sympathique de Stéphane, les quelques réguliers et bien sûr, les murs tapissés de livres. Les recueils de philosophie, d’histoire, de manifestes anarchistes et de poésie nous invitent à recevoir de belles chansons et être à l’écoute des paroles. Mélanie Venditti a très bien su profiter de l’espace et rendre honneur aux mots avec sa douce poésie imagée et sa guitare Gretsch noire de rockeuse aquatique.
Mélanie Venditti a lancé en grand sa carrière solo cette année. Elle a sorti son EP sans titre (est-ce rendu une mode, ne plus nommer son album? *Voir EP et EP2 de FUUDGE) le 21 février dernier. Elle a de plus participé à la plus récente édition des Francouvertes et du Cabaret Festif cette année où elle s’est fait remarquer pour son « rock aquatique » et ses paroles imagées. Avant de proposer ses chansons, elle jouait déjà comme altiste auprès de d’artistes comme Klô Pelgag, Philippe Brach, Caltâr-Bateau et Mathieu Bérubé (d’ailleurs présent dans la salle, fidèle compagnon de route). Formée en musicienne classique, Mélanie Venditti m’a avoué avant le spectacle être un peu nerveuse à l’idée de chanter ses chansons seule, sans groupe pour l’appuyer, alors que la guitare et la voix ne sont pas ses instruments premiers. Nous sommes tous bien content qu’elle ait foncé, car nous avons tous été touchés par ce spectacle chaleureux.
Compte rendu d’une très belle soirée.
Dans l’intimité des quelques personnes présentes à ce spectacle de rodage, une atmosphère décontractée planait sur le public, tous très heureux d’être au rendez-vous.
« On est comme chez quelqu’un » s’exclame Mélanie en commentant le décor accueillant de la librairie.
Elle ouvre d’abord son spectacle avec une magnifique version de Sous la loupe, chanson présente sur son premier EP. Sa voix veloutée et douce nous a tout de suite transporté dans un état apaisant. Le spectacle regorgeait de chansons ne figurant pas sur son EP (on a déjà hâte à l’album!) et elles nous ont permis de plonger et mieux apprécier son univers. Nous avons eu droit à une chanson sur « quelqu’un qui sack des assiettes par terre », une autre sur l’expression cogner des clous, une autre sur le triangle de débauche montréalaise entre les célèbres Quai des brumes, L’esco et La Roquette. Les thèmes abordés dans ses chansons sont créatifs et différents entre eux. Ceux-ci sont rafraîchissants parmi toutes les chansons d’amour un peu redondantes qui existent depuis trop longtemps. Le titre très rock de son EP, Pompéi, était joué en version balade avec des arpèges à la guitare. Mélanie nous avoue que cette chanson rendait hommage à ses racines italiennes (Venditti, nom très peu commun au Saguenay), mais aussi qu’elle a composé cette chanson à la suite de son passage à l’exposition du Musée des Beaux Arts de Montréal sur la ville ensevelie par le Vésuve. Cette interprétation épurée nous a permis de saisir toute la complexité de ses accords, plus difficile à déceler avec sa formule full band.
Cette soirée fut ressourçante, empreinte du bonheur simple de se rassembler pour se laisser bercer par une musique sincère avec des amis dans un lieu hautement anticapitaliste, comme on les aime. Prendre du temps pour profiter de la beauté d’une chanson, n’est ce pas une forme de non-conformisme, de révolution?
Merci pour ce beau moment, Mélanie Venditti et un gros merci spécial à Stéphane de continuer à faire vivre ce sanctuaire des mots!
C’est dans la cour intérieure du Grand Théâtre qu’a eu lieu la présentation d’un laboratoire d’essai de matériel par les huit artistes sélectionnés par Destination Chanson Fleuve (Juste Robert, MCC, Laura Babin, Rose Bouche, Étienne Fletcher, Boule, Simon Daniel et Lou-Adrianne Cassidy). Ce stage regroupe en fait des ateliers, des formations, du coaching, des rencontres et des spectacles s’étalent sur une période d’un mois. Tout ceci prenant vie grâce à une collaboration entre le Festival en Chanson de Petite-Vallée et celle du Festival de la Chanson de Tadoussac. La bande d’artistes est déjà montée sur les planches à l’occasion des Francofolies le 12 juin passé et elle nous présentait cette fois-ci le résultat de leur travail durant ce séjour à Québec, sous la direction du chanteur folk québécois Benoît Pinette (Tire le Coyote).
Parmi la série d’exercices prévue par leur formateur, l’un d’eux consistait à créer une chanson en équipe de deux en seulement deux heures. Le résultat de cette activité ayant eu lieu la veille nous était présenté, de même qu’une chanson faisant déjà partie du répertoire de l’artiste en performance. Ce spectacle nous a donc offert des formations variées : en solo, en duo, en trio et même, tout le monde ensemble, pour notre plus grand bonheur. La complicité entre les membres s’est fait sentir dès l’instant où je suis arrivé sur place, pour la fin de leur test de son.
Petit résumé d’un spectacle charmant où le talent était au rendez-vous.
Le spectacle a débuté par une pièce de Tire le Coyote, accompagné par son fidèle guitariste Shampoing et Paule-Andrée Cassidy en tant qu’invitée surprise. Le trio nous a livré une belle balade folk avec un micro central comme seul outil de captation. J’ai vraiment un faible pour ce type d’amplification, qui demande un habile savoir-faire pour jauger et jouer avec les distances afin de créer des nuances très subtiles.
Laura Babin a ensuite présenté un duo ambiant avec Étienne Fletcher, accompagnés par Simon Daniel au cajun, avant d’enchaîner avec la chanson titre de son premier EP «Water Buffalo». La jeune artiste nous a présenté ses chansons de sa voix grave et chaude. Sa chanson en solo comportait de belles dissonances ainsi qu’une belle alternance entre une ambiance plus atmosphérique et plus rock.
Par la suite, Étienne Fletcher, un franco-saskatchewanais fier de parler français, nous a offert à la guitare un duo très solide avec MCC (Marie-Claudel Chenard) au piano. Leur timbres de voix s’harmonisaient à merveille pour laisser briller un beau texte aux couplets francophones et refrain anglophone. Cette chanson a été un des grands moments du spectacle, avec sa douce finale de berceuse.
Simon Daniel, natif de Moncton, parle le chiac. Ceci apporte à sa musique une richesse incroyable, qui l’a certainement démarqué positivement par rapport à ses pairs. Sa voix, bien maîtrisée, porte ses beaux textes aux accents maritimes. Sa chanson en solo (Rue Jones) était sincèrement incroyable. Son texte, finement ficelé, démontrait une maîtrise impressionnante de la plume.
Juste Robert nous a présenté sa poésie humoristique et rafraîchissante. Son duo avec Boule nous a tous bien fait rire avec son propos un peu vulgaire, tandis que sa chanson solo, accompagnée par MCC, était plus candide. L’ajout des claquements de doigts des autres musiciens a contribué à l’atmosphère bon-enfant de cette chanson. Le manque de maîtrise de son instrument, admis par l’artiste même, ne le limite pourtant pas dans la créativité de ses accords et de ses mélodies!
Munie de son accordéon, Rose Bouche, quant à elle, nous a d’abord fait entendre une berceuse aux accents de musique traditionnelle québécoise, avant d’enchaîner avec un duo très pop avec Lou-Adrianne Cassidy, au piano. Sa voix puissante et très bien contrôlée nous a gardé attentifs tout au long de sa performance.
MCC, artiste de haut niveau, nous a charmés par sa voix au timbre réconfortant et sa présence honnête sur scène. L’auteure-compositeur-interprète de Valleyfield a livré avec Laura Babin une composition intime où le mariage des voix était envoûtant. Sa personnalité captivante nous a accompagnés tout au long de sa très jolie pièce solo.
Lou-Adrianne Cassidy, personnalité exubérante, pleine de confiance en elle, est arrivée très à l’aise sur scène, faisant des blagues avant de nous en mettre plein la vue avec deux compositions de très haut niveau. Cette jeune musicienne joue du piano avec une certaine aisance et surtout, arrive à construire des schémas mélodiques et harmoniques incroyables. Sa première chanson avec Juste Robert nous présentait une mélodie soignée au texte très prenant, l’atmosphère étant quasi post-apocalyptique. Elle s’est ensuite retrouvée seule au piano pour interpréter Ça va, Ça va une chanson que Philémon Cimon a écrit pour elle.
Le dernier artiste à présenter ses compositions est certainement mon coup de cœur de la soirée! Boule, visiblement plus âgé et plus expérimenté que le reste du groupe, vient de la France. Dans sa première chanson, qu’il a interprétée avec Lou-Adrianne, l’accent de la grande chanson française du milieu du XXe siècle se fait entendre. Les influences jazz, les descentes harmoniques typiques ainsi que de grandes phrases mélodiques posent tout de suite le ton du langage musical de cet artiste. Son deuxième morceau
était grandiose. Ses accords étendus et complexes à la guitare lui donnait une large possibilité de mélodies. Dans cette chanson, les autres participants de Destination Chanson Fleuve s’étaient réunis autour du micro central pour chanter les refrains tous en chœur et donner ainsi au public, un moment unique et émouvant.
Ce magnifique événement s’est clôt avec deux chansons de Tire le Coyote qui nous a bercés avec sa voix haute perchée et son folk apaisant.
Je vous invite à découvrir chacun des artistes ayant pris part à cette soirée:
MCC : https://marieclaudelchenard.bandcamp.com/
Laura Babin : https://laurababin.bandcamp.com/
Lou-Adrianne Cassidy: https://www.facebook.com/Lou-Adriane-Cassidy-1647451795504273/
Juste Robert : https://justerobert.bandcamp.com/releases
Rose Bouche : https://rosebouche.bandcamp.com/releases
Étienne Fletcher : http://www.etiennefletcher.com/fr/
Simon Daniel : http://www.simondaniel.ca/
Boule : http://www.sitedeboule.com/
C’est dans un cadre enchanteur que l’auteur-compositeur-interprète Pierre-Hervé Goulet livra son spectacle devant une salle conquise d’avance.
L’Anglicane ne pouvait pas être mieux décorée pour la soirée qui s’annonçait plus que prometteuse.
C’est avec Jérôme Casabon que le public fut dégourdi dès les premières notes. Son humour, sa musique entraînante et son énergie ne pouvaient pas mieux tomber pour mettre le sourire aux lèvres à chacune des personnes présentent dans la salle.
Puis ce fut le tour de celui que tout le monde attendait avec impatience! Bourré aux Advil en raison d’un virus, personne n’aurait pu deviner que sa performance y était touchée. Il enchaîna les succès de son premier album l’un après l’autre, et nous avons même eu droit à une nouvelle chanson, fraîchement terminée la semaine passée! Son décor incroyable, son band, avec qui il était sur scène pour la toute première fois, et sa familiarité donna au spectacle une touche magique! Les gens étaient très réceptifs et l’ambiance de party resta en place jusqu’à la toute fin.
Lors du rappel, il invita sa soeur, Marie-Gabrielle, à le rejoindre sur scène. Ils interprétèrent un medley du célèbre chanteur Eminem qu’ils avaient concocté ensemble. Les gens ont adoré.
Bref, soirée réussie pour celui qui se promène un peu partout au Québec avec son album Faut qu’on bouge!
Il y a de ces concerts qui nous marque et desquels on sort avec des images plein la tête. Je peux vous le dire : c’était le cas de celui de Matt Holubowski et de la sublime Gabrielle Shonk, en première partie, à l’Impérial Bell les 14 et 15 avril. Les deux spectacles sont déjà complets.
Il y avait des gens de tous les âges à ce concert dans un Impérial Bell en ambiance feutrée avec ses chandelles à toutes les tables. Petite surprise pour les spectateurs : alors qu’une première partie n’était pas inscrite sur le billet, c’est Gabrielle Shonk, de sa voix chaude et unique, qui a assuré cette tâche. Cette artiste sera aussi à l’Impérial ce soir. Accompagnée de la guitare sèche de son musicien Jessy Caron (membre de Men I Trust), Shonk a été ma révélation de la soirée. Elle en a profité pour jouer des chansons qui sont à paraître dans son prochain album, entre autres, Habit. Si on se fie à la qualité de ce qu’on entendu hier soir, ce sera un succès infaillible. Gabrielle Shonk en a aussi charmé plus d’un avec sa reprise de Fast Car, de Tracy Chapman.
Matt Holubowski est apparu sur une scène tamisée. Son spectacle, rodé au quart de tour, a permis à l’auteur-compositeur-interprète de présenter ses chansons. Seul sur scène, puis rejoint par ses musiciens au fil des minutes, il a joué notamment The Warden and the Hangman, qui a été revampée par les improvisations du talentueux musicien et par la guitare envoûtante de Simon Angell. Exhale / Inhale a permis à Marianne Houle, la violoncelliste, de montrer l’étendue de son talent.
J’ai eu un énorme coup de cœur pour A Home That Won’t Explode, interprétée au ukulélé par Holubowski, accompagné par Marc-André Landry (basse) et Stéphane Bergeron (batterie). La complicité était manifeste entre les musiciens sur scène, et tous ont eu l’occasion également de montrer à quel point ils sont talentueux.
Holubowski en a profité pour improviser à quelques endroits sur ses pièces, comme sur La Mer / Mon père, donnant une valeur ajoutée au spectacle. Le duo contrebasse et violoncelle de Landry et Houle en ont charmé plusieurs lors de l’interprétation de Feuille d’argent et feuille d’or.
Les jeux de lumière et l’ambiance de la salle ont permis à la foule de s’imprégner de la musique de Matt Holubowski durant des moments comme Face to Face ou L’imposteur.
Autre moment fort du concert : cette reprise de Lua (Bright Eyes), interprétée par lui et Gabrielle Shonk. Il fallait y être, car c’était définitivement un bijou à entendre. Solitudes a terminé le concert sur une haute note.
Les chansons interprétées par Matt Holubowski m’ont permis de m’évader pendant quelques heures et m’ont émues.
Pour ceux et celles qui les auraient manqués et qui n’auraient pas de billets, vous pourrez vous reprendre au Festival d’été, où ils seront en plateau triple avec Leif Vollebekk et Bobby Bazini le 12 juillet prochain. Gabrielle Shonk, pour sa part, sera en concert au Festival d’été le 10 juillet.
Voyez les photos de Jacques Boivin.
Je suis vraiment bien situé à Sherbrooke. Mon appart’ se trouve à exactement vingt-six pas de la Petite Boite Noire, où je suis allé voir les Deuxluxes la semaine dernière. Et si je fais ces vingt-six pas dans la direction opposée, je me retrouve au Théâtre Granada, où je suis allé voir le plus récent spectacle de Valaire vendredi dernier. Et quel spectacle, mesdames et messieurs.
Comme la dernière fois, j’étais en compagnie de mon photographe/ami d’enfance Zachary et ce spectacle s’annonçait un petit trip de nostalgie. En effet, avec Acid Rap de Chance the Rapper, l’album Golden Bombay de Valaire (R.I.P. Misteur) fut une partie intégrante de notre soundtrack de secondaire. Une fois rendus au parterre du théâtre, nous entreprîmes l’écriture d’une liste de chansons que nous voulions absolument entendre dans la soirée :
Eh bien nous fûmes servis ce soir-là, car non seulement est-ce que Valaire a joué toutes ces chansons, mais les gars (originaires de Sherbrooke, en passant) ont profité de leur retour au bercail pour en mettre plein la vue aux spectateurs, qui étaient vendus d’avance.
La première partie était assurée par Khali Abdu. Alors qu’il chantait sur des rythmes tantôt électro, tantôt tropicaux en se pavanant sur scène, son DJ restait bien effacé derrière sa console et son portable Mac. La formule était très simple et malheureusement plutôt ennuyante. Disons que l’arrivée de Valaire se faisait attendre. Khali revint sur scène plus tard dans la soirée pour accompagner le groupe avec une énergie nouvelle qui lui allait à merveille.
Par la suite, le spectacle commença et tout de suite, on eut droit à l’excellente «Mama Donte», abrégée et remixée pour l’évènement. Et ça sonnait aussi bien que lorsque le groupe l’avait joué en version acoustique dans un barbershop, quelques années plus tôt. Décidément, les musiciens sont versatiles dans ce groupe. Pour rendre tout ça encore plus intéressant, nous apprîmes qu’un invité spécial allait chanter et jouer du trombone tout au long de la soirée : Alan Prater, véritable légende de la musique soul et l’un des secrets les mieux gardés de Montréal.
Après quelques chansons de leur plus récent album, les gars, qui étaient dotés d’un uniforme custom-made, entamèrent une routine réglée au quart de tour. Le reste du spectacle allait être constitué de jeux de lumières époustouflants, de chorégraphies, d’invités spéciaux (allô Fanny Bloom! Allô Alan Prater!), de marionnettes géantes et même d’un immense bonhomme vert avec soufflerie qui dansait au devant de la scène. Époustouflant, ridicule, incroyable.
Quelques moments forts : toutes les notes aigues de Prater, la chanson de Fanny Bloom («November N.3»), le tshirt de Fanny Bloom («I’m the brain behind the Sherbrooke Machine»… #Sherbylove #UdeS), les quelques solos de trompette et le medley final, qui se termina avec une reprise extrêmement funk de «Where It’s At» de Beck qui fut sauter la foule au complet. Décidément, il s’est passé beaucoup de choses durant ce spectacle. Mais comme absolument tout semblait être axé sur l’expérience du moment, je ne saurais trop vous recommander de vous procurer vos billets le plus vite possible… Je dis ça comme ça, bien entendu.
Vendredi le 24 février dernier avait lieu, à la Shop du Trou du diable – Salon Wabasso – à Shawinigan, un programme triple. Une soirée dans laquelle sons industriels, EDM (electronic dance music), new wave, punk et alternatif ont embrassé la salle d’une atmosphère théâtrale, vaporeuse et étouffante. Donc, on oublie les termes « feutré » ou « chatoyant »…
Technical Kidman
La tâche d’inaugurer ce triple programme revenait à ce trio montréalais. Je dois vous avouer quelque chose, son disque Something Stranger Coming on the Horizon a été une vraie claque dans ma face (merci Poulet Neige pour ce moment délicieux de masochisme!). Inutile de dire que j’étais fortement curieux de découvrir la formation sur scène…
Le groupe, formé de Mathieu Arsenault (voix et arrangements), Pierre-Luc Simon (batterie) et Thomas B. Champagne (claviers et arrangements) ont livré des chansons inédites. Même si Technical Kidman n’a pas la même notoriété que Duchess Says, les spectateurs se montraient attentifs et évitaient de parler comme s’ils étaient dans un café-bistro.
Le groupe s’est montré fidèle à son univers avec les nouvelles compositions. Un univers marqué par des échantillonnages, des voix ralenties et robotiques, des percussions puissantes et des notes électroniques lancinantes. Même le merci d’Arsenault, lancé après la pièce Mercedes, était travaillé pour produire de l’écho. Élément toutefois surprenant, mais qui a été bien intégré : une guitare électrique pour Construction. Une pièce aux effluves trip-hop malgré l’instrument à cordes.
Une belle surprise! Déroutant certes, mais il ne faut pas s’attendre à ce que le trio offre une « doudoune » musicale.
Violence
Ce groupe, qui succède Technical Kidman, est formé d’Éric Trottier et de Julie Morand-Ferron. Les deux artistes, originaires de la ville hôte, mais ayant déménagé à Montréal, puis à Oxford en Angleterre pour s’installer finalement à Ottawa, ont fait succéder avec leurs synthétiseurs et programmateurs des pièces s’enfilant comme la liste musicale d’un disc-jockey.
Le duo a propulsé des sons évoquant Nine Inch Nails pour ensuite nous emmener vers un territoire sonore à la Human League. Une proposition mélodique provoquant une dissonance cognitive avec le décor boisé de la Wabasso. Une fois habitué par ce clash audio-visuel, il suffisait d’accepter l’impression de participer à une fête musicale se déroulant dans un grand chalet en pleine forêt.
Je ne sais pas si c’est volontaire de la part du duo, mais il était très difficile d’entendre les paroles. On avait l’impression de capter une voix sortant d’une paire d’écouteurs à moitié branchée. Pourtant, l’écriture concise et très imagée de ce dernier aurait mérité d’être clairement entendue. Sinon, cette portion du spectacle a été une belle révélation.
Duchess Says
Faire place à ce groupe, c’est s’attendre à… Non, on ne s’attend à rien en fait!
Une foule prête à tout, surtout la partie qui s’est massée devant la scène, prête à accueillir le pivot de la soirée. Que ce soit le trucker barbu ou encore l’admiratrice en mode gothique, A-Claude (voix, clavier Korg), Ismaël (clavier, guitare), Phil Clem (guitare, basse) et Simon Says (batterie) étaient déterminés à leur brasser non seulement la cage, mais tout ce qui allait autour aussi.
Autant la première pièce Poubelle était chargée dans les arrangements, autant Inertia, P.I était davantage mélodieux, comme sur l’album Sciences Nouvelles, leur plus récente galette. Musicalement, il n’y a pas de réarrangements ou réorchestration spéciale. Si on aime les versions studios, on risque de se remémorer des versions scéniques. Bien sûr, ça suppose la fameuse énergie du direct, mais aussi parce que les musiciens ne badinent pas avec la scène. Ils la bouffent carrément. Même qu’au lieu d’être rassasiée, A-Claude décide de dévorer le quatrième mur à partir de la pièce Negative Thoughts. Et ce n’est ici qu’une des nombreuses manifestations du règne de celle qui est devenue l’Impératrice de la Wabasso le temps d’une soirée.
En chantant New York, la musicienne se permet même d’enrouler le public avec du gros ruban adhésif gris (duct tape) ou encore de le faire asseoir par terre. Elle se pare même d’une espèce de toge blanche, confirmant symboliquement son statut de papesse du rock québécois.
Par ses mimiques, ses yeux grands ouverts, le recours de la voix rauque jusqu’au timbre haut perché, il faut dire que l’esprit de la chanteuse allemande Nina Hagen s’est emparé d’A-Claude. Toutefois, la dernière fait passer la première pour une maniaque de tranquillisants! C’est dire…
De leur côté, ses collègues musiciens démontrent beaucoup de plaisir sur scène. Même si le groupe existe depuis 2003, la chimie semble toujours opérer entre ses membres.
Dire que la soirée a été mémorable, c’est vraiment cliché. C’est juste complètement autre chose. Le genre de chose dont nous ne sommes pas sûr du niveau d’appréciation au début, mais qui se relève fantastique lorsque nous laissons nos appréhensions et attentes dans le vestiaire.
P.S. : UN GRAND MERCI À PHIL CLEM POUR LA LISTE MUSICALE. Il faut dire qu’il a même accepté de verser de la bière dessus pour me laisser un souvenir de la soirée! Cette liste est disponible dans la galerie photo ci-bas.
Voici les photos de Adrien Le Toux.