Après cette deuxième journée très chargée, nous sommes de retour sur l’île Sainte-Hélène pour le troisième jour du festival Osheaga. Voici un petit itinéraire de notre journée de concerts très chargée.
C’est déjà le dernier jour d’un des plus grands festivals de musique du Canada. Nous allons commencer les festivités avec les gars de X Ambassadors. Faisant dans l’indie-rock plutôt commercial, le groupe saura peut-être piquer notre curiosité. Je dois avouer que la dernière fois que je l’ai ai vu, je n’avais pas trop apprécié. Par contre, leur dernier album a montré une évolution sonore pour les Américains et j’ai bien hâte de voir si cette progression sera visible sur scène.
L’après-midi sera consacré à faire des découvertes un peu partout sur le site, sans itinéraire précis. Par contre, dès 15h45, Father John Misty sera en vedette sur la scène principale pour quarante-cinq minutes d’un excellent folk. Son dernier album I Love You, Honeybear est très accrocheur et la présence scénique du chanteur est toujours sans faille. Par contre, est-ce que la grande scène est faite pour lui? On verra….
Suivra un de nos coup de coeur du Festival d’Été de Québec 2015Future Islands. La voix unique de Samuel T. Herring fera raisonner les hauts-parleurs du festival Osheaga. Avec ses pas de danses loufoques, je suis convaincu que la foule sera sans voix devant ce groupe si talentueux.
J’adorerais voir le rock du groupe The War on Drugs, mais les deux suédoises de First Aid Kit m’attireront sur la scène de la Vallée. Leur folk-country est si accrocheur que je vais, sans aucun doute, être charmé par les deux artistes. Je vous conseille vivement leur dernier album Stay Gold.
Après une petite dose de punk avec Brand New et une échappée pop avec Broods, je n’ai toujours pas décidé si le rock alternatif des excellents Alt-J allait réussir à me priver de Tove Lo et de Klô Pelgag. La présence scénique des britanniques d’ALt-J ne m’a jamais accroché malgré leur grand talent sur album. Ce qui est certain, c’est que nous allons finir avec le rap de Tyler, The Creator à 21h30 sur la scène Verte. C’est avec cet excentrique artiste que nous allons conclure notre périple dans le 514 pendant que d’autre iront voir The Black Keys sur la scène principale.
Finalement, le voyage à Toronto en a valu la chandelle : Field Trip Music and Arts, le festival organisé par l’étiquette torontoise Arts & Crafts, est juste parfait : savant mélange de découvertes et de valeurs sûres, prix raisonnables, mais surtout, une dimension humaine que certains grands festivals semblent avoir oubliée. À notre arrivée samedi, l’ambiance était bon enfant, les gens entraient lentement, sans se presser et quelques groupes avaient déjà investi les deux scènes du site.
Première constatation : Field Trip est un festival apportez votre couverture. On vient passer la journée ici, mais c’est pour apprécier la musique, pas pour se tuer les pieds en restant debout toute la soirée. Les gens se lèvent selon le groupe ou la chanson, l’ambiance est vraiment, mais vraiment conviviale. On vient en famille, on installe les couvertures, on se bourre la face de bouffe de rue (y’a même quelques poutines dignes de ce nom) et on veille tard.
Field Trip a été mis sur pied au départ pour célébrer le 10e anniversaire d’Arts & Crafts. Pour la troisième édition, on a moins fait appel à la galaxie Broken Social Scene et on est allé chercher de solides têtes d’affiche (My Morning Jacket, Alabama Shakes, Marina and the Diamonds, De la Soul). En fait, toute la programmation de la fin de semaine était de qualité, même si certains artistes avaient parfois une drôle de place sur l’horaire. Mais bon, ça, c’est le propre de pas mal tous les festivals…
Nous sommes arrivés juste à temps pour la prestation du groupe dark popThe Belle Game. La formation vancouvéroise, qui est déjà venue au Festival d’été de Québec en 2013, avait du nouveau matériel à proposer et on comprend pourquoi Kevin Drew les a invités à participer au festival. Y’a du BSS chez ces jeunes musiciens là!
Nous avons malheureusement manqué la prestation des monstres de De La Soul, qui étaient là, de leur propre aveu, pour faire lever le party avant une magnifique soirée de rock.
Tout d’abord, il y a eu The War on Drugs et son rock hyper atmosphérique qui a dû confondre de nombreux sceptiques. Adam Granduciel n’a pas eu besoin de parler beaucoup entre les chansons, celles-ci suffisaient pour que le courant passe jusqu’à l’arrière. Prestation assise très solidement sur l’excellent Lost in the Dream (c’est tant mieux). Des premières notes de Burning à la fin de l’émouvante In Reverse, la foule s’est laissée transporter par le War on Drugs Express.
Granduciel et sa bande ont été suivi des cols bleus Arkells et leur Canadiana proudly made in Hamilton. Si je trouve parfois leur pop facile, il faut avouer que sur scène, c’est beaucoup plus efficace, surtout après un bon repas et quelques petites canettes bien froides. Disons que ça manquait quand même un peu de panache après le rock planant des War on Drugs.
Puis arriva le dessert lorsque Britanny Howard et Alabama Shakes sont entrés en scène. Voilà un groupe que j’avais hâte de mieux voir après les avoir entendus à Bonnaroo en 2012. En plus, Sound & Color est venu ajouter un peu de complexité à la rétro-soul du groupe. Je n’étais pas dur à convaincre, mais Howard voulait s’assurer de tous nous avoir dans sa petite poche avec Future People. À la quatrième chanson, l’entraînante Shoegaze, il ne restait plus personne assis sur les couvertures : tout le monde dansait et tapait des mains avec en affichant un sourire béat. La chair de poule s’intensifie avec les Gimme All Your Love et autres Be Mine (un moment fort de la fin de semaine… waou!). En fait, on dirait bien que les gens n’ont remarqué l’absence de Hold On au programme que le lendemain! Quand tu te permets de ne pas jouer la chanson qui t’a fait connaître et que personne ne s’en plaint, c’est bon signe…
Pour la journée du dimanche, nous sommes arrivés à temps pour voir Absolutely Free. Simon en avait dit tellement de bien lorsqu’il les a vus au Pantoum il y a à peine 2 semaines, mes attentes étaient élevées. Mais bon, difficile pour le groupe de se mettre en valeur à 14 heures devant plein de petites familles de la même manière qu’il le fait dans une petite salle sombre. Le groupe a su s’adapter et offrir un programme mieux adapté au festival. Mais quand même, le petit côté psychédélique et Krautrock dont parlait Simon dans sa couverture du spectacle au Pantoum, ça déstabilise quand t’es encore en train de digérer ton Cora!
Suivait le chanteur soul Lee Fields et ses Expressions. Ce qu’on a raté en ratant De La Soul, on allait l’avoir au centuple avec Lee Fields. Ce jeune homme de 64 ans ne roule pas sa bosse depuis plus de 43 ans pour rien! Les tout-petits s’en sont donné à coeur joie, leurs parents se trémoussaient le pompon en sirotant lentement leur cidre et les jeunes qui attendaient la suite du programme étaient déjà comblés!
Après l’avoir vu l’an dernier en solo au FEQ, j’avais très hâte de voir J. Tillman redevenir Father John Misty, bête de scène sexy et assumée. Le cynisme et l’autodérision sont toujours très forts chez ce jeune homme, mais il fallait le voir se dandiner comme une vraie rock star (parfois un peu à la Mick Jagger) pour comprendre à quel point le personnage envahit l’homme. À une fan qui lui a crié qu’elle l’aimait, il lui répond qu’il l’aimait lui aussi, mais que son amour était plutôt égoïste. Personnage de rock star, qu’on vous disait! Et cette voix d’ange, toujours parfaite, que de nombreux chanteurs plus à voix qu’à textes doivent envier… Évidemment, on a pleuré… de rire sur Bored in the USA et ses rires en canne là où ça fait très mal. Un autre clou à un festival qui en a compté plusieurs en deux petites journées.
Dan Mangan avait la lourde tâche de suivre FJM et ça n’a pas été facile au début. Mangan avait l’air plutôt dans sa bulle alors qu’on le connaît un peu plus loquace et animé. La foule et Mangan se sont réveillés un peu en même temps, dès les premiers accords de Mouthpiece, une des chansons les plus entraînantes de Club Meds. On vous avoue qu’avec les attentes qu’on avait, on était un brin déçu. Peut-être que si on avait inversé Mangan et Misty… On aura la chance de se reprendre, mon Dan, je sais que t’es capable de mieux.
La pluie a commencé à tomber de façon intermittente, juste assez pour en envoyer quelques-uns se cacher sous les arbres. C’était l’ouverture qu’on attendait pour se rapprocher de la scène. Et nous n’étions qu’à quelques mètres lorsque la magnifique Marina and the Diamonds est montée sur scène dans son costume noir pour entonner Bubblegum Bitch. Magnifique prestation sur mesure pour un festival : même s’il y a eu quelques moments plus calmes, ceux-ci étaient juste assez courts pour reprendre notre souffle et nous remettre à danser sans penser à demain. Avec des pièces comme Froot et Primadonna, dansé sans penser à demain nous avons volontiers!
Le plus beau dans tout ça, c’est que ces jeunes ont abandonné l’avant-scène aux plus vieux pour le clou du week-end, le groupe que moi j’allais voir sans aucune possibilité de compromis : My Morning Jacket. Une amie est allée voir Rhye, mon autre copain est allé plus sagement à l’arrière. Mes voisins se sont fait jouer le même tour par leurs amis, nous étions une bande de superfans supersolitaires ensemble. Dès les premières notes de Believe (Nobody Knows), nous n’étions plus qu’un, le sourire accroché au visage jusqu’au dodo dans l’autobus. Jim James et sa bande avaient un plaisir fou à jouer leur rock brillant digne des plus grandes scènes (quand je vous disais que The Waterfall était un album fait sur mesure pour les gros shows…) et nous, nous étions là, la gueule grande ouverte, à en demander encore plus! Quand les gars se sont lancés sur Wordless Chorus (un excellent morceau de Z), on savait qu’on allait en avoir pour notre argent. Même si les retours vers les vieux albums étaient appréciés, les fans torontois semblaient surtout apprécier le matériel tiré des deux plus récents, comme les cris de joie le montraient si bien pendant le trio Spring (Among the Living) – Circuital – In its Infancy (The Waterfall). La prestation s’est terminé par une One Big Holiday endiablée qui a permis à tous les membres du groupe de montrer tout ce qu’ils avaient encore dans le ventre. De loin la meilleure prestation que j’ai vue depuis le début de l’année (désolé, Patrick). Une expérience incroyable, une leçon de rock comme il s’en fait trop peu de nos jours.
Pendant que Muse fait du mauvais Queen, il est rassurant de voir que des groupes comme My Morning Jacket sont là pour garantir que le rock a un bel avenir.
Apothéose mémorable d’un festival qui a trouvé la formule parfaite pour plaire à un public qui n’a pas nécessairement envie de se défoncer toute la fin de semaine (Bonnaroo, je te vise, là). On va sûrement y retourner les prochaines années. Peut-être même en famille, qui sait!
Prochain festival : Festival de la chanson de Tadoussac. À ton tour, Marie-Ève!
En juin prochain, j’irai au festival de musique Field Trip à Toronto pour couvrir une fin de semaine de célébrations musicales qui devraient rester gravées longtemps dans ma mémoire. Ce sera pour moi le début d’une saison des festivals complètement folle. Un voyage « scolaire » pas comme les autres dans la capitale de l’Ontario!
En 2013, les gens de la compagnie de disques Arts and Crafts voulaient souligner leur dixième anniversaire en frappant un grand coup. Le label, qu’on connaît surtout en raison du groupe de son cofondateur Kevin Drew (Broken Social Scene), voulait mettre en vedette ses artistes. En cette décennie des festivals, on n’a pas eu l’idée la plus originale, mais l’exécution, elle, était parfaite.
Faut dire qu’organiser un festival est toujours plus facile quand on compte Stars, Feist, Bloc Party, Hayden et Zeus dans son écurie.
Mais bon, avec Broken Social Scene en tête d’affiche, le premier Field Trip organisé à Fort York (en plein coeur de Toronto) a connu un grand succès et les organisateurs ont voulu répéter l’exploit l’année suivante : il y avait déjà plus de viande autour de l’os – Interpol, Austra, Half Moon Run, A Tribe Called Red, un certain Vance Joy, un retour de Broken Social Scene, Constantines, Chvrches, Fucked Up et Badbadnotgood, entre autres, ont convaincu les gens d’Arts and Crafts qu’ils tenaient là un bon filon à exploiter.
Pour sa troisième édition qui aura lieu les 6 et 7 juin prochains, les organisateurs du festival ont invité Alabama Shakes et My Morning Jacket (deux soirées comptant sur de grands générateurs de frissons) à assurer la tête d’une affiche qui prend beaucoup d’ampleur. Ces deux groupes importants (on aimerait les voir à Québec un jour) partageront la scène avec Marina & The Diamonds, Arkells, The War on Drugs (Granduciel live dans ma face… rien à ajouter, votre Honneur), Father John Misty, Dan Mangan, Hayden et the Belle Game, entre autres. Une programmation bien équilibrée sur deux jours qui devrait donner des moments inoubliables aux spectateurs présents.
Field Trip, ce n’est pas que la musique : c’est aussi un festival familial où des tonnes d’activités attendent vos petits monstres (si, comme moi, vous avez encore le coeur jeune et mélomane après avoir fait votre part pour le renouvellement de la population). Votre progéniture pourra participer à des ateliers avec des artistes du jour. C’est aussi un festival où la bouffe torontoise sera mise en valeur avec de nombreux camions de rue présents sur place (comment peut-on se tromper avec une entreprise comme Fidel Gastro?).
Il reste encore des billets quotidiens et des laissez-passer pour le week-end. Pour plus de détails consultez http://fieldtriplife.com. Si vous ne faites pas le voyage dans la ville-reine, ne vous inquiétez pas, nous vous tiendrons informés toute la fin de semaine.
Troisième album pour The War on Drugs, deuxième depuis le départ de Kurt Vile, Lost in the Dream est une oeuvre magistrale d’Adam Granduciel. On se souviendra que je n’avais pas été tendre à l’égard de Slave Ambient (un gros 5/10). J’avais dit que Granduciel avait pigé dans les pires éléments de Tom Petty et de Dire Straits.
Eh ben, on peut dire que Granduciel en a fait du chemin en presque trois ans! Tout d’abord, même si Granduciel n’a pas touché à un poil de sa personnalité unique et de ces thèmes sombres qui lui sont chers, il réussit avec Lost in the Dream là où il avait échoué (à mon humble avis) avec Slave Ambient. Même s’il s’obstine à faire des chansons de sept ou huit minutes, ces huit minutes passent extrêmement vite. Le son vaguement eighties, mélange de Dire Straits, Springsteen et Dylan, est toujours là, mais au lieu d’être ennuyant, il est grandiose. Même le mur de guitares d’Under the Pressure, où il ne se passe pas grand chose pendant plus d’une minute, est assez riche et complexe pour être goûté et apprécié à sa juste valeur.
Granduciel prend le temps de raconter ses histoires. Par exemple, sur Suffering, le chanteur chante, mais à la fin, sa souffrance est chaude et langoureuse, à un point tel qu’elle se permet même quelques notes de saxo. Ou An Ocean Between The Waves, avec ses guitares lourdes et omniprésentes qui n’arrivent pas à enterrer les lamentations de Granduciel.
Lost in the Dream s’écoute comme un voyage au bout de soi-même, un road trip dans les coins les plus sombres du rêve américain.
J’avais dit que Slave Ambient ne levait pas? Eh ben pour un album terre-à-terre, Lost in the Dream est probablement ce que vous aurez offert de plus aérien à vos oreilles cette année.