C’était mon troisième concert de Bellflower et mon premier en tant que presseur de boutons sur boîte noire à objectif ajustable. Cette soirée au théâtre du Petit Champlain pour le groupe montréalais était spéciale puisqu’ils n’avaient pas de première partie, ce qui signifiait que pour les nombreux curieux, une découverte des 8 musiciens pendant 2h (comptant entracte de 10 minutes) leur était proposée, tandis que pour les connaisseurs du groupe, c’était l’occasion de les voir dans un espace plus intime.
Allons-y tout de go, c’était certainement leur meilleure performance à vie. Ils ont rempli leurs 120 minutes de la meilleure manière avec notamment des introductions longues et planantes comprenant des notes d’instruments à vent en boucle, mais aussi et surtout des solos fabuleux pour tous les instruments pendant les chansons. L’énergie débordait, tous les morceaux et les musiciens étaient convaincants et Em Pompa aimait beaucoup taper sur la cloche et chanter les notes des autres instruments.
Tout était fantastique.
J’ai un peu pleuré aussi tellement c’était bien.
Comme elle en a fait du chemin en trois petites années, Salomé Leclerc! Je me souviens du spectacle auquel j’avais assisté alors qu’elle venait nous présenter Sous les arbres. J’étais assis à la même place, mais Salomé était plus loin derrière avec ses complices. J’avais été charmé par son folk riche et complexe, par sa voix bien sûr, mais aussi par cette façon qu’elle avait de laisser ses chansons évoluer. L’album n’avait que quelques semaines et pourtant, certaines chansons n’avaient déjà plus tout à fait la même enveloppe!
Quand on sait à quel point 27 fois l’aurore marque un grand pas dans l’évolution de la jeune auteure-compositrice-interprète, on doit l’admettre : nos attentes n’étaient pas moins que stratosphériques en cette première de tournée!
Alors, qu’en était-il?
Tout d’abord, il y a le fait que Salomé Leclerc était accompagnée d’un groupe complet (Benoit Rocheleau, Audrey-Michèle Simard, José Major et Philippe Brault). Elle n’avait plus le choix, elle devait occuper le devant de la scène. Ça tombe bien, parce qu’elle y est tout à fait à l’aise avec ses deux Gretsch qu’elle manie comme si c’étaient des poids-plume.
Salomé a ouvert le spectacle avec une Caméléon transformée, mais encore tout à fait reconnaissable. Sans tarder, elle a suivi avec une En dedans magnifique qui représente bien l’esprit du nouvel album (et qui a tout l’espace pour évoluer au fil des prestations).
Évoluer. Respirer. Qui a reconnu dès le début Partir ensemble, qui avait un petit côté pop rythmé (avec les frappes sur le tambour, j’ai pensé à Ellie Goulding)? Pas moi, en tout cas. Et cette énième version de Tourne encore? Toujours aussi bonne, quelle que soit son enrobage.
Évoluer. Respirer. Les chansons de 27 fois l’aurore sont aussi vivantes que leur auteure. Sur L’icône du naufrage, on entendait beaucoup mieux la guitare de Salomé, ce qui ajoutait un brin de chaleur à une chanson originalement glaciale. Pour Attendre la fin, je me suis fermé les yeux. Cette chanson nous touche, nous frappe, nous envoûte déjà sur disque. En spectacle, elle prend est plus grande que nature, plus grande que le Petit-Champlain.
Au rappel, Salomé Leclerc a offert une version chaleureuse de La vie d’factrie de Clémence DesRochers. Pas besoin de vous dire que le public a apprécié. Puis en clôture, Devant les canons s’est étirée en un long jam qui nous a permis d’apprécier le talent de tous les musiciens présents.
Seule déception : il restait encore beaucoup de place dans la salle. On aurait bien aimé qu’une plus grande foule vienne découvrir ce que Salomé avait dans le ventre, mais bon, le spectacle était en avant, et il était plus que bon.
On va retourner la voir dans son terrain de jeu bientôt, sûr et certain.
Les attentes? Allègrement dépassées. Quelqu’un est surpris?
Dire que les gens de Québec avaient hâte au retour de Lisa LeBlanc pourrait être considéré comme un euphémisme. Voyez-vous, c’est dans un Petit-Champlain à guichets fermés et rempli à craquer que la grande Acadienne est venue livrer ses chansons, dont quelques-unes de son nouveau maxi à paraître le 4 novembre prochain (Highways, Heartaches and Time Well Wasted).
Emmanuel Éthier (qui a réalisé le maxi à paraître) s’est d’ailleurs joint au groupe composé de Maxime Gosselin (batterie), Jean-Philippe Hébert (guitare) et LeBlanc. Ce spectacle allait être lourd sur les cordes, on a pu s’en rendre compte dès l’introduction, toute en western spaghetti, qui nous a menés à une J’pas un cowboy survoltée. Motel, Cerveau Ramolli et un tas d’autres chansons de son excellent premier album se sont succédés.
Bon. Évidemment, un bon nombre de personnes étaient là pour entendre Aujourd’hui, ma vie c’est de la marde, et LeBlanc n’était pas là pour les décevoir, même s’il y avait beaucoup de dérision dans le ton de l’auteure-compositrice-interprète. Radiohead a Creep, Lisa a Marde.
Si la première partie du show avait tout pour plaire aux fans de la première heure, la deuxième, de son côté, avait de quoi capter l’attention des curieux, comme moi, qui ont hâte d’entendre le maxi.
C’est donc avec ravissement qu’on a donc entendu LeBlanc chanter Gold Diggin’ Hoedown. Oh boy. Highways, Heartaches and Time Well Wasted ne sera pas un album propre! On avait déjà eu la chance d’entendre la magnifique You Look Like Trouble (But I Guess I Do Too), qui commence en douceur pour se terminer dans un chaos infernal, mais contrôlé. Pensez Cerveau Ramolli, puissance 10. Comme pour le prouver, LeBlanc enchaîne avec un classique de… Mötorhead, Ace of Spades, qui a tout à fait l’air à sa place même si elle a été jouée avec aucun ménagement.
Pour le premier rappel, après une plus que vraie Y fait chaud (en hostie), LeBlanc a sorti une autre nouvelle pièce, RaceTrack, qui bénéficie d’une énergie semblable aux deux autres présentées précédemment. J’aimerais vous rappeler qu’on est en fin de spectacle (ou en rappel) et que Lisa LeBlanc nous présente ses nouvelles chansons, bien après que ses classiques en devenir soient joués! Faut avoir confiance en titi dans son matériel pour faire ça. D’ailleurs, le plaisir qu’avait LeBlanc à jouer ces pièces était contagieux, ça dansait et ça headbangait à qui mieux-mieux dans un Petit-Champlain toujours aussi bondé.
Pour le deuxième rappel, LeBlanc en avait une autre, en franglais, juste pour nous : God Knows (qu’y fera pas beau). Jouée seule à la guitare, ce morceau donne le motton. D’ailleurs, Lisa était elle-même plutôt émue. Elle a décidé de jeter le programme de la soirée aux poubelles et de nous interpréter quelques reprises, dont une version touchante de Le monde a bien changé (1755), et, pour terminer, une interprétation juste et sympathique Dreams, de Fleetwood Mac.
Wow. Quelle belle façon de « boucler » une tournée! Montréalais, il reste encore un spectacle le 30 septembre au Lion d’Or. Vous ne voudrez absolument pas manquer ça.
Les Deuxluxes
C’était la deuxième fois que j’avais la chance de voir les Deuxluxes appliquer leur Traitement deuxluxe devant une foule et bien que pour moi, l’effet de surprise avait fait place à des attentes élevées, ce n’était pas le cas du public présent qui a tout de suite été charmé par le rock n’ roll sale et bluesé d’Étienne Barry et Anna Frances Meyer.
De mon côté, j’ai pu apprécier combien le couple s’était amélioré en un peu moins de six mois. Faut se comprendre, ici : la bombe, c’est Meyer, qui danse, chante, joue de la guitare comme si c’était sa dernière prestation. Une vraie rockeuse. Mais les bombes, ça n’explose pas tant que la mèche n’est pas allumée. Là-dessus, le jeu précis de Barry à la guitare et à la batterie provoque tout ce qu’il faut d’étincelles pour permettre à sa complice d’occuper l’espace scénique et envouter les fans.
Mise à jour : Shit! J’ai oublié de vous parler de la belle complicité qui existait entre Lisa LeBlanc et les Deuxluxes, qui ont partagé la scène à trois reprises au cours de la soirée. Moments fort agréables!
Programme – Lisa LeBlanc, 27 septembre 2014
Théâtre Petit-Champlain
Intro – J’pas un cowboy
Motel
Cerveau ramolli
Du duvet dans les poches
Lignes d’Hydro
Kraft Dinner
Câlisse-moi là
Downtown
Chanson d’une rouspéteuse
Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde
Gold Diggin’ Hoedown
You Look Like Trouble (But I Guess I Do Too)
Ace of Spades (reprise de Motörhead)
(1er rappel) Y fait chaud
(1er rappel) Race Track
(2e rappel) God Knows Y fera pas beau
(2e rappel) Le monde a bien changé (reprise de 1755)
(2e rappel) La danse de Mardi Gras (traditionnel cajun)