Beau programme triple jeudi dernier à L’Anti… et beaucoup de féminité!
Tout d’abord, Val Thomas nous a présenté les chansons qui composeront sont EP qui paraîtra en novembre. Ceux qui, comme nous, ont déjà vu Val à quelques reprises cette année auront peut-être eu peu de neuf à se mettre sous la dent, ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas eu de plaisir, bien au contraire! J’ai pu assister à l’évolution de ce projet et Val et sa bande sont plus tight que jamais.
Ensuite, Thus Owls est venu présenter quelques nouvelles chansons, ce qui a fait plaisir au fan que je suis. En effet, ça fait du bien d’avoir du nouveau matériel quelque deux ans après la sortie du EP Black Matter. Bien appuyés par un Samuel Joly toujours aussi précis et complexe à la batterie, Erika et Simon Angell proposent toujours une musique aérienne qui se situe entre le Canada de Simon et la Suède d’Erika. Erika a une des voix les plus hallucinantes (merci Julien pour l’adjectif) qu’on peut entendre tandis que le jeu de Simon à la guitare, qu’il manie avec un archet ou une brosse à dents, est à lui seul digne d’un intérêt soutenu.
Enfin, lorsque les membres de Blood and Glass sont montés sur scène avec leur lampes frontales (un essai intéressant – et peu coûteux – sur le plan visuel, mais un peu frustrant pour le photographe, mais hé, c’est pas pour moi qu’on fait le show!), on savait que la game venait de changer. Venu nous présenter Punk Shadows, sorti au printemps dernier, le quatuor mené par Lisa Moore a su capter l’attention des spectateurs présents grâce à la théâtralité de la chanteuse/claviériste et aux solides mélodies du groupe (composé également de Morgan Moore, Robbie Kuster et Mélanie Bélair). On a eu droit à un programme solide, bien équilibré, qui a lentement mais sûrement donné le goût aux spectateurs de se lever et apprécier le spectacle.
Bon, nos vacances sont terminées, on dirait! On a quelques beaux petits spectacles à vous proposer cette semaine à Québec. On a particulièrement hâte à celui de Blood and Glass, Thus Owls et Val Thomas qui sera présenté jeudi à L’Anti Bar et Spectacles, mais ce n’est pas notre seule proposition!
Common Holly + Marianne Poirier
(22 août, 20 h, Maelstrom Saint-Roch)
On connaît bien Marianne Poirier, qu’on a vue à plusieurs reprises avec sa jolie voix aérienne et ses chansons douces.
De son côté, Common Holly propose un mélange d’indie et de folk (sur lequel elle appose l’étique dark folk). Si on se fie aux quelques extraits de l’album Playing House (à paraître le 4 septembre), on devrait être gâtés.
Au beau milieu de la semaine, on vous invite à entendre le rock contemporain et théâtral de La Greffe, les chansons poétiques de Fria Moeras et l’indie mélodique de Charles Garant. 8 $ à la porte.
On a eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec Val Thomas cette année. En seulement quelques simples et après quelques prestations, on a pu apprécier l’étendue du talent de la jeune femme originaire de Montréal. À (re)découvrir.
Avec Thus Owls, on sort constamment des sentiers battus. La formation menée par Erika et Simon Angell propose une pop unique, un brin expérimentale, parfois déroutante, mais jamais inintéressante. Magnifique fusion entre l’Europe et l’Amérique du Nord!
Parlant de sortir des sentiers battus, la pop de Blood and Glass ne donne pas sa place! Lisa Iwanycki-Moore et ses complices n’ont pas peur de briser les règles, de décoller les morceaux pour les recoller quelques minutes après.
Rendez-vous Limoilou avec Laura Niquay, Safia Nolin, King Abid et Shauit
(26 et 27 août, dès 19 h, Parc de l’Anse-à-Cartier)
Pour célébrer le 150e anniversaire du Canada, Limoilou en Vrac propose un événement rassembleur sur les lieux de la « découverte » de Québec, au parc Cartier-Brébeuf. Le volet musical de l’événement aura lieu juste à côté, au parc de l’Anse-à-Cartier. Samedi, l’auteure-compositrice-interprète attikamekw Laura Niquay et la toujours excellente Safia Nolin (qui a habité le quartier) viendront présenter leurs chansons. Et Safia a sûrement quelques belles reprises à offrir au public limoulois… Dimanche, on change de ton : le reggae/dance hall de King Abid précédera le reggae innu de Shauit!
Le plus beau dans tout ça, c’est que c’est gratuit!
Fermeture du SPOT (Tous Azimuts, Beat Sexü, Blaze Velluto Collection et Bad Dylan)
(26 juillet, 19 heures, Le SPOT)
Y’a eu moins de shows au SPOT cet été, mais celui-là, il fesse avec quatre groupes chouchous de la scène musicale! Tous Azimuts a lancé récemment un excellent album, Beat Sexü met le party dans la place, quelle que soit l’heure, Blaze Velluto Collection nous transporte avec son folk bleu marine, et Bad Dylan fait danser tous les parterres où il passe. Il va faire chaud!
Autres spectacles à surveiller :
Le spectacle de la rentrée au Cégep de Sainte-Foy avec Lubik, Jérôme St-Kant et Émile Bilodeau (23 août, 18 h 30)
Los / Bodywash au Sous-sol du Cercle (26 août, 21 h)
Je ne comprends pas comment les choses deviennent populaires. Certains groupes qui remplissaient à peine un Métropolis à Montréal reviennent six mois plus tard, à tord ou à raison, jouer au Centre Bell. Pendant ce temps, des groupes aux qualités indéniables, possédant souvent une sensibilité pop les éloignant de la musique de niche, semblent vouer à jouer devant des foules conquises, mais modestes. Thus Owls incarne ce mystère. Chaque fois que j’ai eu la chance de voir le duo composé de Simon et Erika Angell j’ai été frappé par la facilité avec laquelle ils conquièrent leur auditoire. Le spectateur sera rapidement captif autant du jeu aigu et créatif de Simon que par la voix hallucinante d’Erika. Même devant les néophytes (je pense ici à leur performance en première partie de St Vincent il y a 2 ans au FEQ) ils réussissent en quelques mesures à faire taire les foules les plus indisciplinées (comme celles des festivals) et à les envoûter. Et pourtant, nous étions (seulement) une quarantaine d’irréductibles à venir apprécier la matière de leur tout récent EP Black Matter.
Le duo était accompagné par l’incroyable Sam Joly qui a fait un travail fabuleux étant particulièrement flamboyant sur la percussive pièce titre du dernier EP. La chimie semblait si bonne qu’on en vient à espérer qu’ils collaborent éventuellement en studio. Pour le concert, ils ont alterné entre les nouvelles pièces issues du EP et celles de leur dernier album complet Turning Rocks.
Si la performance était encore une fois irréprochable, la grille de chansons semblait curieusement séquencée. On pense à As Long As We Try A Little, qui perd un peu de son efficacité en milieu de programme alors qu’elle serait excellente en ouverture de concert ou de rappel. Quant à elle, leur reprise de Wicked Game de Chris Isaak aurait sans doute mieux fonctionné ailleurs qu’au rappel. Une ou deux chansons «upbeat» supplémentaires (on pense à Museum ou Turning Rocks ) auraient sans doute ajouté un peu d’intensité au programme somme toute assez calme. Est-ce seulement le désir de voir Sam Joly et Simon Angell s’éclater davantage avec leurs instruments respectifs?
Si on fait fi de ces minuscules détails, force est d’admettre que les spectateurs présents étaient tous conscients de la chance qu’ils avaient d’écouter le trio dans une configuration aussi intime. Reste maintenant à leur souhaiter que la reconnaissance critique soit suivie de la reconnaissance populaire qu’ils méritent.
Black Matter est un album qui est passé sous plusieurs radars cet automne. Peut-être est-ce le format EP qui a relégué l’oeuvre de Thus Owls aux oubliettes. Pourtant avec ses 6 chansons qui s’étirent pratiquement sur 30 minutes, il y a là autant de substance que bien des albums complets. C’est donc une 4e parution pour le groupe suédo-montréalais dont l’âme repose sur la complicité entre Erika et Simon Angell. En 2014 ils avaient d’ailleurs lancé Turning Rocks, un album accompli qui laissait entrevoir des sonorités parfois un peu plus électro.
Black Matter s’ouvre directement sur la voix singulière de la Suédoise qui est subtilement accompagnée de claviers. Les arrangements se déploient par la suite avec beaucoup d’élégance, laissant l’auditeur baigner dans l’univers onirique du groupe. S’en suit un crescendo soutenu par des cordes qui accompagne inlassablement Erika qui chante: » I will give myself to you when i’m able », superbe. Il faut souligner le fabuleux travail aux percussions de Liam O’Neill (ex The Stills) tout au long du disque.
La chanson suivante, pièce-titre de l’album, en est aussi la pièce centrale. Le rythme à la fois envoûtant et inquiétant de la pièce est encore bâti autour d’une batterie inventive. La guitare s’immisce çà et là par le biais de curieux sons; puis la présence de Simon Angell se fait enfin sentir en épilogue. C’est exactement le genre de morceau où brille la voix singulière d’Erika Angell.
L’amalgame entre les mélodies folk et les sonorités électroniques se poursuit ensuite sur Shields et Turn Up the Volumes. Cette dernière est un excellent exemple de la richesse de la palette sonore du couple. Les arrangements de cordes par Daniel Bjarnason sont habilement intégrés; il faut dire que j’ai toujours eu un faible pour le pizzicato.
Vector est une courte pièce instrumentale qui fait office d’introduction pour la dernière pièce de ce EP. We Leave / We Forget est une douce ballade construite en crescendo. S’il s’agit d’un épilogue serein et réussit, ce n’est pas non plus le moment fort du disque.
Thus Owls a donc sorti un des excellents EP de 2015. Mon seul souhait serait de profiter encore davantage de la présence de Simon Angell à la guitare (sa présence est plus importante sur scène qu’en studio) puisqu’il s’agit d’un des guitaristes les plus inventifs de la scène musicale montréalaise. Avec Erika au chant, le groupe devrait sans doute s’imposer lors de la sortie du prochain opus complet.
Nota : Aujourd’hui, plutôt que de vous offrir un compte rendu à quatre ou à six mains, on va séparer ça en quelques articles parce que t’sé, écrire et traiter des photos en même temps, c’est pas toujours facile. L’article de Marion au Parc de la Francophonie suivra un peu plus tard. Alice nous a aussi préparé un compte rendu de la soirée de jeudi sur les Plaines, que nous vous présenterons un peu plus tard aussi. Et puis, bien entendu, on vous offrira un bref aperçu de cette 10e journée du Festival d’été, dont la fin approche très (trop?) rapidement.
Qu’est-ce qu’on peut dire quand on va vécu un moment de perfection? Un orgasme musical? Une soirée où il faut recalibrer notre Échelle Patrick Watson de la communion parce que ce même Patrick Watson a allègrement pété le 10/10? Sur les Plaines, en plus?
Soyons honnêtes, j’avais d’énormes craintes à propos de cette soirée, qui était un pari des plus risqués. Proposer les Plaines à un artiste qui a fait de la proximité sa marque de commerce? Un artiste québécois, mais anglophone, qui jouit d’une immense indie cred, mais qui ne joue jamais à la radio et dont les grands médias ne parlent pour ainsi dire jamais? Un spectacle qui demandait une écoute quasi-religieuse? Avouons-le, c’était un méchant gros risque, celui qui peut miner une carrière pour très longtemps.
Pourtant, hier soir, Patrick Watson et ses complices, aidés de Brigitte Poupart à la mise en scène, ont désamorcé toutes mes craintes une par une en offrant une des prestations les plus magiques auxquelles j’ai eu la chance d’assister au cours des 42 premières années de ma vie, et ils l’ont fait tout en restant eux-mêmes! Oui, il y avait beaucoup de monde sur scène (une chorale en plus du trio de choristes de feu, des cordes, des cuivres en masse, ainsi que Mishka, Robbie, Frank, Joe et Pat), mais un peu comme lorsque Watson avait joué avec l’OSQ, tout ce monde-là ne faisait qu’ajouter une (magnifique) couche de vernis à une oeuvre qui était déjà superbe. En plus, j’ai pu le vérifier, le son était absolument parfait à peu près partout sur les Plaines. P-A-R-F-A-I-T!
Pour la partie régulière du spectacle, je savais pas mal à quoi m’attendre : j’ai déjà vu le show de la présente tournée à deux reprises (une fois à l’Anglicane, l’autre à Trois-Rivières), ce n’est donc pas comme si je me préparais à faire une grande découverte. Ça ne m’a pas empêché d’être très surpris lorsque j’ai vu la chorale arriver au tout début du spectacle, menée par une Erika Angell (Thus Owls) qui chantait comme seule la Suédoise peut le faire. Évidemment, tout ce beau monde vêtu de blanc cachait la vedette de la soirée, déjà assise derrière son piano, prête à se lancer dans la pièce-titre de son plus récent album, Love Songs for Robots. Patrick, qui semble avoir oublié sa sempiternelle casquette lorsqu’il l’a enlevée à Trois-Rivières, est encore à contre-jour, ce qui doit faire jurer quelques photographes dans le pit, mais hé, de loin, c’est tellement beau (j’étais tellement collé sur la scène les deux premières fois… parce que justement, j’essayais de prendre des photos de ce contre-jour)! Watson a tout de suite enchaîné avec Good Morning, Mr. Wolf, une de mes chansons préférées du dernier album. Dieu que le piano de Watson et la pedal steel de Joe Grass (qui s’est tapé les deux spectacles ce soir avec le même entrain et la même grosse face de bébé trop heureux de jouer avec ses jouets… CHAPEAU!) se marient bien ensemble! Oui, Simon Angell était excellent, mais Joe complète tellement bien Patrick et sa joie de vivre est tellement contagieuse, ça nous rapproche encore plus de la communion parfaite! C’est ni meilleur, ni pire, c’est juste une expérience différente. Et un show de Patrick Watson, C’EST une expérience.
Robbie, Mishka et Frank n’étaient pas en reste! Lafontaine (qui en était à sa je ne sais plus combientième présence au FEQ cette année) avait son sourire cabotin des grands jours. Robbie Kuster tapait partout avec bonheur et Mishka Stein avait sa GoPro sur le manche de sa basse, un peu à la Dire Straits. D’ailleurs, des caméras étaient installées un peu partout au plus grand plaisir des fans qui étaient loin. Ça ajoutait un élément visuel spécial, on avait vraiment l’impression d’être avec les gars.
En plus des cordes, des cuivres et de la chorale, les trois choristes des grandes occasions, Erika Angell (Thus Owls), Lisa Iwanycki-Moore (Blood and Glass) et Marie-Pierre Arthur, étaient là pour accompagner Watson. On savait déjà qu’Angell complétait très bien Watson (Into Giants), mais oh boy, Marie-Pierre? C’est un match parfait conclu au paradis. Fallait les entendre tout mélanger sur un espèce de mashup entre In Circles (Watson) et Le silence (Arthur). C’était tellement magnifique qu’une larme ou deux ont été versées.
Puis est venue Adventures in Your Own Backyard. Je suis redevenu un petit garçon qui jouait aux cowboys et aux Indiens dans la cour. Et je suis visiblement un parmi tant d’autres, car Philippe Papineau, du Devoir, a illustré parfaitement cette chanson :
Il n’y avait au début qu’une toute petite guitare grattée gentiment, puis une voix d’ange derrière est apparue, et le batteur Robbie Kuster qui frappait l’anneau de ses tambours pour imiter le cheval qui galope. Ensuite la guitare « morriconienne » a fait soulever le vent, et puis le choeur a soufflé encore plus fort. Et il manquait encore les cuivres, les cordes, bref, c’était toute la cavalerie qui nous faisait avancer à toute allure dans le désert. On pouvait presque voir les vallées désertiques et entendre les coups de fusil.
Mais le clou de la soirée, c’était l’arrivée de Robert Charlebois sur Je te laisserai des mots, une rare pièce en français de Watson. Bon, on l’avait appris la veille, mais la magie était quand même entière. Tout de suite après, sans transition, la troupe avait enchaîné avec Lindberg, avec Watson dans le rôle de Louise Forestier. Quelle belle folie se dégageait de la scène! Tout autour de moi, les gens souriaient, bien sûr! Comment faire autrement! Deux générations d’artistes de grand talent, qui ont marqué (et marquent encore) notre histoire musicale! Deux grands compléments sur tous les plans, même linguistique!
Après une Places You Will Go toujours aussi efficace (et votre humble serviteur qui affiche un sourire béat qui ne veut pas se décrocher), Watson demande qu’on éteigne toutes les lumières. Ce qui est fait. Il lance The Great Escape, seul au Piano, pendant que des ballons s’envolent. Je l’avoue, j’ai pleuré de joie. Et je ne suis visiblement pas le seul. Finir un rêve par une telle apothéose, ça devrait être interdit.
Patrick Watson a conquis les Plaines. Ainsi que le coeur d’un paquet de monde de Québec. J’ai l’impression que les billets pour son prochain spectacle vont s’envoler rapidement… Surtout, il vient de montrer qu’il faisait maintenant partie des grands. Des grands qui savent garder une dimension humaine.
La grande scène de Bonnaroo 2016, mon Patrick? 🙂
♥♥♥♥♥
Sur l’échelle Patrick Watson de la communion, ce spectacle se mérite un 12/10.
The Barr Brothers
En première partie, Brad Barr et ses complices ont offert une prestation sans faille, comme on peut s’attendre de ce groupe plein d’affinités avec Patrick Watson. Que ce soit sur Oscilla ou sur Half Crazy (et sa finale teintée de blues), les frères Barr, Joe Grass et Sara Pagé (divine, une fois de plus, à la harpe) ont conquis le coeur des nombreux curieux présents. Juste au moment où mon ami me lance qu’ils ont beaucoup d’affinités avec Pink Floyd (en effet), les vlà-t’y pas qui se lancent dans une magnifique (et complète) Shine on You, Crazy Diamond. Avec de la harpe. Et de la pedal steel. Joie, bonheur, plénitude. Quelle belle façon de nous préparer pour Patrick Watson! David Gilmour serait tellement fier de ces gars (et de cette fille) là!
♥♥♥♥♥
Evelyne Lavoie
Sur les douze coups de midi, Evelyne Lavoie se présente sur la scène Hydro-Québec, prête à montrer à tous les curieux présents tout ce qu’elle a dans le ventre! Elle commence toute seule, mais après une chanson en solo, la voilà accompagnée de Catherine Lefrançois et Steve Bernard. Le folk-pop plein d’images, inspiré de livres pour enfants (ah, la joie d’être parents), a su convaincre la foule qui s’était déplacée. On en veut plus!
♥♥♥♥
Pierre-Hervé Goulet
On a l’habitude de voir le jeune auteur-compositeur-interprète jouer seul avec sa guitare. Pour cette prestation au Festival d’été, Goulet s’est payé un peu de luxe : un groupe complet avec des percussions, du saxophone, de la harpe et j’en passe! Goulet, que j’ai déjà comparé à un Renaud avec de la voix, semblait lui-même ravi des nouvelles textures qui accompagnaient ses chansons. Nous aussi. À un point tel qu’on se dit que ce gars-là, avec un peu plus de moyens, pourrait avoir une carrière incroyable. SÉRIEUX! Signez-le, quelqu’un, faites de quoi!
Ah, là, là! À peine deux petits jours et je suis déjà comblé! Mes deux artistes (francophone et anglophone) préférés de l’année 2014 sont derrière la cravate! Hier soir était pour moi un soir de basse-ville, loin des artifices de la grande scène et du rockabilly sympathique de Daniel Bélanger. Paraît que même Vintage Trouble a cassé la baraque!
Je suis arrivé tôt au Petit Impérial, question de pouvoir faire un petit coupe-file devant ceux qui attendaient dehors pour entrer dans la grande salle. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un tour de passe-passe pour les médias ou les dignitaires, tout le monde peut le faire, s’agit d’arriver à partir de 17 heures et de prendre au moins une consommation. On peut même apporter son lunch! Mais n’en parlez pas trop fort, il y a un petit quelque chose de sadique de voir le monde attendre à l’extérieur pendant qu’on sirote notre petite bière.
Bon, allez, assez divagué, résumé de la journée :
Imam Baildi (scène Hydro-Québec – place d’Youville)
La formation grecque des frères Falireas a bravé le temps incertain et un parterre plutôt vide (l’heure du midi n’est pas toujours facile) en offrant une prestation fort dynamique où les airs folkloriques grecs des années 1940 et 1950 sont passés à la moulinette et mélangés à des rythmes ultramodernes. Ça donne du bouzouki mélangé à du hip-hop ou des cuivres qui accompagne un MC particulièrement motivé et une chanteuse charismatique et fort expressive.
C’était fort agréable. Il est juste dommage que le soleil n’ait pas été au rendez-vous.
Thus Owls (Impérial de Québec)
C’était ma troisième rencontre avec ce groupe montréalo-suédois dirigé par le couple Erika et Simon Angell. J’aurais dû savoir à quoi m’attendre. Pourtant, je suis encore une fois tombé à la renverse en entendant le mélange magnifique de la voix angélique d’Erika et des guitares abrasives (et particulièrement fortes) de Simon. Sur disque, ce groupe est sage, mais sur scène, il dégage une énergie hors du commun. Un groupe unique sur la scène indé québécoise.
En passant, je n’ai pas eu le temps de vous en parler, mais leur dernier album, Turning Rocks, est excellent.
San Fermin (Impérial de Québec)
Armée d’une nouvelle chanteuse (Charlene Kaye) qui apporte un peu d’expérience, la formation new-yorkaise a offert une prestation un peu brouillonne, mais sympathique. La trompette n’est pas toujours juste, Allen Tate, malgré sa belle voix, a une drôle de présence sur scène, on est peut-être encore loin de l’exécution d’un Sufjan Stevens et de l’énergie d’un Arcade Fire, les brillantes compositions d’Ellis Ludwig-Leone font quand même de l’effet lorsqu’on les entend sur scène.
La base est là, ne manque qu’un peu d’expérience. On devrait les revoir, ces huit-là.
En passant, mention spéciale au batteur qui semblait particulièrement heureux d’être là.
St. Vincent (Impérial de Québec)
Depuis le temps que je rêvais de voir Annie Clark de près (depuis Bonnaroo 2012, en fait)… La jeune femme de 31 ans a concocté un spectacle théâtral et cérébral, tout à fait à l’image de sa musique aux accents intello, mais aux débordements parfois très lourds.
On savait dès les premières notes de Rattlesnake (qui ouvre son excellent nouvel album St. Vincent) que nous allions avoir affaire à une Annie Clark particulièrement en forme (ça aide, une semaine de repos).
J’étais agréablement surpris de constater que les 800 personnes présentes à l’Impérial (qui était bien rempli sans qu’on soit tassés comme des sardines) et qui avaient préféré St. Vincent à Lady Gaga l’avaient fait en connaissance de cause : Ça récitait les paroles en choeur, ça dansait sur les rythmes cuivrés de Digital Witness, ça criait de joie dès les premiers mots de Cruel.
Accompagnée de ses fidèles collaborateurs, Clark a livré la marchandise promise avec ses petits pas de danse très moderne (non, ne vous inquiétez pas, on est loin des chorégraphies de l’autre diva d’en haut de la côte) et ses interventions fort sympathiques (mais très recherchées – énumération « points en commun »), mais c’est vraiment avec sa voix et sa musique qu’elle nous a impressionnés. Faut dire que du haut de son piédestal, elle avait l’air divine lorsqu’elle nous a interprété Cheerleader, probablement sa pièce la plus connue. C’était fantastique de faire du headbanging à l’unisson sur le refrain, comme si c’était du Mastodon!
Seule déception : que St. Vincent n’ait pas interprété la très punk Krokodil au rappel. Mais hey, de quoi je me plains? Elle a joué Strange Mercy, seule sur son perchoir avec sa guitare, puis elle a enchaîné avec une version déchaînée (de près de 10 minutes) de Your Lips are Red, qui figure sur son premier album (Marry Me). Vraiment déchaînée. Y’a quelques mâchoires qui se sont décrochées, je vous en passe un papier.