Les 10 et 11 février dernier se tenait à Trois-Rivières le Festival brassicole l’aurore boréale. L’événement regroupant l’ensemble des microbrasseurs de la région et d’ailleurs n’a pas attiré que les amateurs de bières, qui étaient aussi bonnes que la musique. Et quelle musique ? Vilains Pingouin était sur scène devant une salle comble le vendredi soir. Cela faisait bientôt deux ans que nous ne les avions pas vu à Trois-Rivières, où leur dernière apparition remonte à l’édition 2015 du Festivoix, qui vient de dévoiler les premiers noms de la programmation de 2017. Rudy Caya semblait heureux de retrouver la ville où il est remonté sur scène après son AVC.
Dans la soirée, le groupe, qui vient de fêter ses trente ans, a interprété des pièces de l’ensemble de ses quatre albums. Peut-être qu’un cinquième viendra un jour s’y ajouter? Qui sait? Je pense que cela ferait plaisir à plus d’un. Évidemment, les grands classiques n’ont pas été occultés et nous avons ainsi retrouvé Salut Salaud mais aussi Le Train, dans le rappel. La suite en images.
Vilain Pingouin n’a jamais arrêté de tourner et Rudy Caya écrit encore des chansons qui viennent nous chercher. N’empêche, samedi soir, il y avait un air de nostalgie à ce spectacle soulignant le 25e anniversaire du premier album de Vilain Pingouin dans un Cercle rempli de quadragénaires pour l’occasion. C’était un de ces soirs où votre humble serviteur n’avait pas l’impression d’être parmi les plus vieux dans la salle. Et c’était un de ces soirs où il connaissait toutes les chansons par coeur.
Le groupe s’est pointé sur scène sans son chanteur pour lancer les festivités avec un Passe-moi le celt on ne peut plus énergique. Il n’en fallait pas plus pour que le public manifeste sa joie. Sans attendre un instant, les gars ont poursuivi avec François, au début de laquelle un Rudy Caya prêt à faire la fête est monté sur scène. Chanceux, Caya. Il avait une chorale à lui tout seul! Tout le monde chantait. Le gars de la sécurité chantait. Les employés au bar chantait. Je chantais en prenant mes photos. Je gagerais que même la portière chantonnait joyeusement! Voilà, ça allait être un de ces concerts de type bouillon de poulet : prévisible mais délectable.
Je dis « prévisible », mais je n’avais pas prévu que Vilain Pingouin installerait une table et deux chaises sur scène pour y inviter à tour de rôle des spectateurs à s’y assoir et à manger du gâteau (d’anniversaire). « Vous allez voir comment ça sonne ici », lance Caya avec un grand sourire, avant de lancer Délinquance, puis son plus grand succès solo, Mourir de rire. Que tout le monde chante en choeur, bien entendu.
On a eu la visite d’Hugo Mudie, qui est venu en pousser une petite avec le groupe. Sur le côté de la scène, la communauté des rockeurs chums de Caya chante avec autant de plaisir que les fans sur le parterre. Caya, de son côté, n’a pas l’air d’un gars qui a eu un ACV il y a à peine quatre mois. Il nous rappelle que Vilain Pingouin ne s’est jamais arrêté et qu’il écrivait encore constamment de nouvelles chansons. Comme La faim du monde, une chanson récente qui montre que la plume de Caya est toujours aussi juste.
Après un petit segment plus doux (faut bien donner la chance à un couple d’amoureux de danser un slow sur la scène au son de Sous la pluie), la fête reprend de plus belle avec Le droit de chialer et Marche seul, qui finissent de mettre le feu au Cercle. Après avoir invité tout le monde à poursuivre la fête de l’autre côté après le spectacle, les gars de Vilain Pingouin ont terminé ce concert avec vigueur, entonnant Le train et Merci, une belle façon de donner tout ce qui reste dans la tank avant de rallumer les lumières.
Pendant quelques heures, j’étais à nouveau un petit jeune de 17 ans plein d’idéaux qui chantait OOH OOH OOOH, je marche seul le poing levé avec plein d’autres ados de mon âge. Merci, les gars.
Simon Kearney
Écoutez, on ne perdra pas trop de temps, on vient à peine de voir Simon pas plus tard que mercredi et il était excellent. Cette fois-ci, il était en duo acoustique avec son (contre)bassiste Christophe. Toujours aussi à l’aise, toujours aussi heureux d’avoir une place où jouer ses tounes, Simon a rocké la guitare acoustique comme il rocke la six-cordes électrique, avec un entrain et une énergie qui se sont répandus chez les spectateurs qui ont remplacé leurs applaudissements polis du début en applaudissements nourris à la fin.
On aurait apprécié une meilleure qualité d’écoute, à l’image de celle qui régnait quand Vilain Pingouin est monté sur scène, mais Simon, lui, a plus que tenu sa part du contrat.
Depuis quelques années, on remarque une recrudescence d’excellents artistes et groupes rock qui veulent se faire connaître (et qui y parviennent). Pas besoin de chercher très loin, on ne parle que de ça ici-même sur ecoutedonc.ca. Ça me rappelle mon entrée dans le monde des adultes, lorsque j’ai terminé mon secondaire et commencé mon cégep dans les alentours de 1990.
Mise en contexte
On sortait d’une période plutôt sombre sur le plan musical au Québec. Oui, les « grands esprits » Paul Piché, Michel Rivard et Richard Séguin ont tenu le fort, même Pagliaro faisait encore des albums, mais les jeunes, eux, s’étaient tournés vers les Américains, les Britanniques… et les Français. Pendant que notre scène était encore imprégnée du rock et du folk des années 1970, le reste de l’Occident sortait du New-Wave et entrait à pieds joints dans la dernière décennie du 20e siècle. En même temps que les Nirvana, Nine Inch Nails et autres groupes qui allaient changer la donne. Une fois de plus.
Heureusement, de jeunes artistes québécois avaient faim et ils voulaient jouer de la musique comme ils en entendaient quand ils allaient aux Foufs ou à la Fourmi. Jean Leloup et sa Sale affaire nous contaminaient avec leur folie. Daniel Bélanger proposait une relecture moderne du folk-pop (il le propulsera plus tard dans un Spoutnik). Les Parfaits Salauds débarquaient avec leurs cuivres. Et il y avait ce groupe que j’ai aimé beaucoup dès que j’ai entendu Le train et Salut salaud pour la première fois : Vilain pingouin. Le premier album (homonyme) avait pris bien des gens par surprise en raison de sa qualité et de son originalité, tant du côté des textes que de la musique. D’un côté, les textes étaient particulièrement engagés et collaient parfaitement aux préoccupations des jeunes de l’époque : le racisme, le suicide, la politique, le mal de vivre, tout y passe. Les X et les Y se sentent enfin interpellés. Musicalement, la troupe de Rudy Caya et ses complices mélange joyeusement le folk-rock américain à la Springsteen et l’esprit festif des Pogues avec de nombreux éléments du rock alternatif français (on peut sentir l’influence de groupes comme Bérurier noir dans des chansons comme Régime de fer). Des instruments qu’on n’a aucunement l’habitude d’entendre viennent agrémenter les chansons du groupe : banjo, accordéon, cuivres accompagnent les guitares qui s’alourdissent sur Roche et roule, un des meilleurs albums de rock québécois des années 1990.
C’est à la première montréalaise du groupe au vieux Club Soda, le 24 avril 1991, que j’ai commencé ma manie d’arriver des heures à l’avance pour avoir la meilleure place dans la salle (la bière sur le stage!). Je me souviens de ce spectacle comme si c’était hier. Un groupe nerveux en raison de la présence des nombreux médias, mais qui offrait un spectacle rodé au quart de tour (à l’époque, on tournait partout au Québec avant de triompher à Montréal…). Au rappel, une fois les médias partis (la fameuse tombée, celle qui n’existe plus aujourd’hui), Rudy s’est senti beaucoup plus à l’aise et le party, déjà bien pris, est devenu démentiel. J’avais 17 ans à l’époque.
Ça va?
Près de 25 ans plus tard, me voilà dans un café de Place d’Youville, assis en face d’un gars visiblement heureux d’être en vie et capable de faire encore ce qu’il aime aujourd’hui. Caya nous a fait une petite peur ce printemps, victime d’un AVC. « La réhabilitation suit son cours », me répond-il lorsque je lui demande comme va la santé. « Ça progresse plus vite que ce qu’on avait anticipé. Je suis patient à propos de certaines choses et moins patient sur d’autres. » Alors qu’on lui a dit qu’il aurait besoin d’un an pour être complètement rétabli, il fonctionne déjà très bien quatre mois après l’accident et il espère pouvoir se considérer rétabli dans deux mois. Les médecins lui ont dit que c’était sa tête de cochon et son mode de vie qui l’avaient dirigé vers l’AVC. La même tête de cochon allait travailler de pied ferme pour reprendre toutes ses forces.
Sa tête de cochon. Rudy Caya aime la vie et il est prêt à se battre pour elle. « Je veux continuer encore longtemps. Je dis souvent que ma retraite, je vais la prendre au cimetière. »
Du rock en français qui bûche? Oui, ça se fait!
Le show du 12 septembre prochain sera un peu spécial. Ce sera le jour du 25e anniversaire du lancement du premier album de Vilain Pingouin. Je dis à Rudy qu’il y a toute une génération de nouveaux fans à conquérir, des jeunes qui ne connaissent pas le groupe, mais qui ont la chance de vivre un boum créatif semblable à la période au cours de laquelle Vilain pingouin est apparu. « Je suis pas mal sûr qu’on vit un autre âge d’or du côté de la musique québécoise, présentement. Indépendamment de la langue. » Ce n’est pas parce qu’il a choisi de chanter en français qu’il a quelque chose contre l’anglais. « Mon grand-père est un Américain de Boston. Un Irlandais. Les trois quarts de ce que j’ai écouté étaient en anglais. J’ai appris à adorer le français parce que mon père était prof de français. J’aime les deux langues, mais je suis plus à l’aise en français parce que j’ai grandi dans une société francophone. »
J’ai envie d’en savoir plus sur les influences de Vilain pingouin à l’époque. On sent autant Springsteen que la chanson française dans les chansons écrites par Caya. On remarque tout le métissage, tous ces instruments qui pouvaient nous sembler insolites parce qu’on avait perdu l’habitude de les voir. « Mes années formatrices musicalement, je les ai vécues dans un creux pour la musique québécoise », raconte Caya. Il ne restait à peu près plus qu’Offenbach. Caya, lui, préférait de loin Black Sabbath. « Au début du groupe, quand on nous demandait nos influences on donnait des réponses comme les Clash. Nos interlocuteurs insistaient : « oui, mais du côté francophone? » ». Trop jeune pour Beau dommage et Harmonium. Ça lui prenait quelque chose de plus heavy. La seule référence d’ici pour le jeune Caya, c’est un album en anglais de Pagliaro. « Un chef-d’oeuvre, aussi bon que le meilleur des Eagles ou des Allman Brothers. » Avec son groupe précédent, Les taches, Rudy va en France. Il y découvre La mano negra, Bérurier noir et plein d’autres. « OK, ça se fait! De la musique arrache comme j’aime, du punk, du metal qui brasse, mais avec une attitude. » Il trouve sur la scène française une subtilité qu’il ne retrouve pas sur la scène américaine. Les Français vivaient, cinq ans avant leurs cousins québécois, une belle période d’effervescence créative sur tous les plans. « J’ai signé avec Boucherie Records (la maison des Garçons bouchers). On allait aux partys de la Mano Negra, On s’est rendus compte que du rock en français, comme ma génération l’aime, c’est possible. » Même le nom Vilain pingouin est calqué sur l’approche française un objet, une qualité. Comme les Négresses vertes, par exemple.
À quoi s’attendre le 12 septembre
On retourne à la raison première de cette journée de promotion à Québec : le spectacle que Vilain pingouin donnera au Cercle le 12 septembre prochain. Rudy Caya nous avertit : on va avoir mal à la tête! « Mets du Tom Waits pas trop loin, pis attends-toi de te lever pis d’être dans la brume jusqu’à au moins une heure, une heure et demie. » Aucun invité surprise n’est prévu, c’est le 25e de Vilain Pingouin avec… Vilain Pingouin. Ensuite, la tournée se poursuit. « Honnêtement, on n’a jamais arrêté. On a toujours fait 15-20 shows par année! C’est pas un retour des Pingouins. » Si on lui demande comment se déroulent les retrouvailles, Caya répond « pareil comme à toutes les années. » Le fait que la présente série de spectacles correspond avec le 25 anniversaire du groupe amène une plus grande visibilité, mais Vilain Pingouin a toujours été actif.
Caya compose encore, il y a de nouvelles chansons sur l’anthologie (Les belles années, sur étiquette Pingouin Records), et il y en avait aussi sur l’album live paru au début des années 2000. Il aime bien jouer ses anciennes chansons, question de remercier son public pour la belle carrière qu’il a eue (et qu’il a encore, disons-le), jouer Le Train comme on s’y attend, nous voir sauter de joie en chantant, l’adrénaline que tout ça donne, mais il n’est pas nostalgique. Le chanteur avoue n’avoir aucun disque de Vilain Pingouin : « Mes enfants ont une copie du dernier vinyle, mais moi, j’en ai pas. » S’il apprécie le passé, il apprécie encore plus le présent et l’avenir. « Pourquoi vivre une moitié de vie pis la revivre après? J’en ai une complète, je veux la vivre au complet! »
Un nouvel album, avec ça?
Tant qu’à parler de nouveautés, on parle d’un éventuel album complet : « Je vais sûrement préparer un album solo. Monter 12 chansons avec les Pingouins, avec nos jobs, c’est difficile. On y va à coup de quatre tounes. Comme on l’a fait avec l’anthologie. » Quand il se met en mode composition, Caya est all-in. C’est pour cela que le prochain album risque de ressembler à une compilation de sa participation à divers projets. Par exemple avec Bod’haktan. « C’est mes chums. J’ai envie de jouer avec eux, pas juste par marketing! » Caya est aussi un fan fini de Sandveiss. Du stoner en plein dans ses cordes. « Ce qui est le fun avec ces bands-là, c’est que leurs tounes sont bonnes, mais c’est le trip de chums que le monde va voir. Ils ont l’impression de faire partie de la gang. » Il parle aussi des Épicuriens, « un band de ska. On pourrait appeler le projet Rudy SCaya. » Il nomme aussi Fidel Fiasco et termine avec les Pingouins. Finalement, ça donnerait un album d’une douzaine de chansons avec quatre ou cinq groupes différents. « Et ça veut pas dire que je chanterais chaque toune, donner d’autres couleurs, c’est le fun! »
Bon ben salut, salaud!
J’ai gardé mes questions les plus délicates pour la fin. Est-ce qu’il serait possible de sortir une chanson comme Salut, Salaud en 2015 et avoir le même effet qu’en 1990? Après tout, on en sait plus sur la dépression et d’autres maladies mentales responsables d’un bon nombre de suicides. Rudy reconnaît que ces maladies existent, mais si son regard était déjà perçant, on le voit s’animer comme il ne l’avait pas fait avant. Il me répond que l’effet aurait été le même parce que les gens se sont reconnus dans la chanson. « C’est une histoire qu’une fille m’a racontée, et j’ai mis en paroles et en musique les sentiments qu’elle a exprimés. » Quand les gens lui racontaient leur histoire, Caya ne comprenait pas vraiment, c’était une situation qu’il n’avait jamais vécue lui-même! « De façon dont on m’en parlait, j’avais l’impression que j’avais bien compris le message de cette fille-là. »
Ces sentiments, il a eu l’occasion de les ressentir lui-même il y a trois ans quand le père de la meilleure amie de sa fille a commis l’irréparable. Dans le cercle d’amis de sa fille, il était l’autre papa-poule, celui qui faisait toujours des lifts aux filles pour s’assurer de leur sécurité. Quand il a fait ça, Caya a dit : « Mon tabarnak! T’as pas le droit de dire à ta fille que c’est une solution! J’accepterai jamais que tu rejettes tes problèmes sur les autres! » Réaction très forte, certes, mais si vous êtes passé par là, vous l’avez ressentie, ne dites pas le contraire. « Jamais je vais donner à mes enfants ce message-là, que le suicide, c’est la solution. C’est toute ma vie, pis n’importe qui qui oserait même penser leur faire du mal, il n’a aucune idée de la tempête! Impossible que je sois cette personne-là. »
Te retourne pas, sur Roche et roule, est un peu le yang du yin qu’est Salut, salaud. Caya a une anecdote au sujet de cette chanson : « C’était à un genre de conférence de la SOCAN. On devait apporter une chanson et un panel en faisait la critique. On ne voulait pas brûler des tounes qui seraient peut-être un succès, on s’est dit qu’on allait prendre la moins hit dans le tas. On a pris cette chanson-là. On s’est fait dire « Ah, la structure est bizarre », pis là, Claude Rajotte a dit « Attention, c’est Vilain Pingouin, vous savez pas qui ils sont, je les ai eus comme invités et je vous le dis, le rock québécois est sur le bord de changer avec des bands comme Vilain Pingouin. » Wow, j’avais tellement de respect pour Claude, pis c’était le seul qui avait compris de quoi la chanson parlait. » Pour Caya, être normal dans un monde comme le nôtre, c’est pas normal. Avoir des problèmes, c’est normal, et comme de nombreux musiciens, il lui est arrivé de lancer ce genre de cri d’alarme. « Pour 90 % du monde, cette chanson-là leur est passée 100 pieds au-dessus de la tête. Les 10 % qui sont sensibles à ça, eux, l’ont compris. »
Le droit de voter, c’est aussi (mais pas juste) le droit de chialer
On parle de deux chansons de circonstance en cette campagne électorale, deux chansons toujours aussi criantes d’actualité : Le droit de chialer et, bien entendu, Viva l’élection. « La seule chose que je regrette de cette chanson-là, c’est que c’est pas comme ça que je l’entendais, j’aurais voulu faire du Setzer big band bien avant Setzer, du big band arrache. Mais bon, j’aime la chanson, j’aime les paroles, j’aime le swing, ça manque juste de trompettes et de trombones à mon goût. » Viva l’élection est encore totalement d’actualité. Les panneaux électoraux, les beaux discours… « C’est triste de voir que ça n’a pas changé, que c’est le même manège! » Quel que soit le parti! Caya ajoute : « Un gars qui joue au hockey, que ce soit pour les Bruins, les Black Hawks ou les Nordiques, il joue au hockey. Un politicien de carrière, c’est pareil. On change de parti deux, trois fois, l’idéologie n’est pas nécessairement à la base de leurs motivations politiques. La vie de politicien les intéresse. C’est pareil chez les musiciens! On en voit qui veulent devenir des rock stars parce que c’est le mode de vie qui les intéresse plutôt que l’idée de faire de la musique.
Caya indique qu’il a changé d’idée à propos de Le droit de chialer : « Dans ce temps-là, c’est ce que je pensais. La chanson, c’est ma version française d’If you want to bitch, vote. Avec le recul, je me suis rendu compte que voter, c’est tellement pas suffisant à moins que ça soit une bonne excuse pour se déculpabiliser et se déresponsabiliser. Si tu veux vraiment que les choses changent, oui, va voter, c’est une des étapes, mais c’est la plus facile. Faut que tu t’impliques dans un dossier que tu te connais. Je me rappelle de Michel Chartrand qui disait à Bernard Derome qu’il ne voulait pas gagner. « Mais si vous ne voulez pas gagner, qu’est-ce que vous faites là? » Il a répondu quelque chose comme « Un gouvernement est aussi bon que son opposition. » Il voulait être le chien de garde. C’est parfait, il voulait jouer son rôle. » Selon Caya, les intentions de Chartrand étaient bonnes et pures. « Dire que le gouvernement ou les syndicats, c’est de la marde, c’est dire que le monde, c’est de la marde. Ils représentent le monde. Ce qu’ils en font, comment ils le manipulent, le corrompent, ça, c’est une autre histoire. » Le problème, selon lui, ce ne sont pas les institutions, mais ce que nos représentants en font. Ce n’est pas vrai qu’on peut rien faire. « Personne ne me contrôle si je ne l’écoute pas. « Ouais, mais t’as pas le choix! » Mais oui j’ai le choix! « Mais t’auras pas d’argent, t’auras pas ci, t’auras pas ça! » J’men câlice. Garde-le, ton argent! Là, il peut pu rien faire. » Le seul pouvoir qu’ont ces personnes, c’est celui qu’on leur donne.
Déjà une demi heure!
Je regarde l’heure. Ça fait déjà plus de 30 minutes qu’on jase. Rudy Caya a une autre entrevue avant d’aller se reposer. On se serre la main, on se dit à samedi le 12. Je quitte le café avec une certitude : je vais arriver tôt au Cercle samedi, question d’être en avant. La bière sur le stage. En train de crier Ooh ooh ooh, je marche seul! avec du monde de 18 à 55 ans. Ça devrait être une bonne soirée.
En plus, Caya va avoir la chance de rencontrer un autre trippeux de musique puisque c’est Simon Kearney qui assurera la première partie. Grosse semaine pour Simon, qui joue également au Show de la rentrée ce mercredi soir.
Le spectacle est à 20 heures, les portes ouvrent à 19 heures, et les billets sont disponibles à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com.
Le Festivoix de Trois-Rivières vient d’annoncer sa programmation complète et franchement, il y en a pour tous les goûts! Des Cowboys fringants à Patrick Watson en passant par un spectacle-hommage à Michael Jackson, les jeunes comme les moins jeunes en auront plein à se mettre sous la dent.
On va juste mettre les noms qui nous intéressent le plus ici (j’insiste sur « le plus », parce qu’on pourrait passer beaucoup de temps sur la prog), mais on vous invite à aller voir la programmation complète au festivoix.com. Alors, voici ce qui nous donne envie de plonger dans l’été avec nos amis trifluviens :
26 juin
Le choix logique, c’est le spectacle des Frères Lemay suivi de nos amis Les cowboys fringants sur la grande scène Loto-Québec. Ça fait longtemps qu’on a pas vu la gang de joyeux drilles sur scène, des retrouvailles sont de mise. On va sûrement vous reparler des Cowboys fringants dans un petit dossier que je prépare pour le Festivoix.
En fin de soirée, nous serons certainement très déchirés : David Marin, qu’on voulait revoir, Mononc Serge, qu’on aime toujours revoir ou Dead Obies et son beat incroyable? Ça va être difficile.
27 juin
Deux jeunes sensations à ne pas manquer sur la même scène : Elliott Maginot et Bobby Bazini. Deux jeunes hommes qu’on va voir très longtemps dans notre paysage.
En fin de soirée, vous vous en voudrez si vous manquez Milk and Bone. Leur électropop minimaliste est tout simplement charmant. Aussi bien en profiter avant qu’elles n’explosent et qu’elles fassent le circuit des énormes festivals.
30 juin
Nous ne sommes pas friands des groupes-hommage à ecoutedonc.ca, mais on vous avoue que la possibilité de revoir Vilain Pingouin après toutes ces années, ça nous chatouille un peu, surtout que le lendemain, c’est férié! Est-ce qu’on vous a déjà dit que Jacques avait vu la première médiatique du premier spectacle de la bande à Rudy Caya au VIEUX Club Soda? Yep, il est vieux de même!
1er juillet
Ici, il faut remercier les organisateurs du Festivoix pour le choix le plus déchirant de leur programmation : Allons-nous voir Les Hay Babies et Vincent Vallières ou préférerons-nous assister au spectacle des Barr Brothers (qui ont lancé un nouveau maxi!!!) dans un cadre intimiste? Si vous choisissez la deuxième option, tout n’est pas perdu, Vivianne, Katrine et Julie donnent un autre spectacle en fin de soirée!
2 juillet
Double plateau de feu avec Fanny Bloom et Pierre Lapointe. Ça va chanter, danser, taper des mains, faire la fête, alouette! Cependant, on aurait aussi aimé aller voir Adam Cohen, qui se dégage de plus en plus de l’ombre de son père malgré des traits plus que ressemblants. Faut croire qu’il y a une part d’hérédité dans le talent. On va tous finir la soirée en douceur avec les chansons imagées de Philippe B.
3 juillet
Bernard Adamus et Zachary Richard? Sérieux? Mais quelle belle idée! Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt? Bon, ça brasse toujours un peu pendant un show d’Adamus, mais les deux auteurs-compositeurs-interprètes sont loin d’être incompatibles! Joli coup.
On aurait aussi aimé jeter un coup d’oeil à Patrice Michaud.
Enfin, cette soirée risque de se terminer de façon très festive! D’un côté, Dany Placard en duo, de l’autre, les énergiques Damn The Luck qu’on a déjà vu cet hiver!
4 juillet
On vous avoue qu’on monterait surtout pour la fin de la soirée avec des shows de feu des Frères Goyette, de Ponctuation (les frères Chiasson) et de Pierre Kwenders. Va falloir faire des choix difficiles!
5 juillet
En fin d’après-midi, on va sûrement aller dire un petit bonjour à Boogat et ses rythmes chauds avant de se garrocher sur la scène principale où on pourra voir Emily & Ogden, The Franklin Electric et Patrick Watson. Sérieux, on se demande comment on peut mieux clore un long festival comme le Festivoix. On a vu Watson en rodage il y a quelques semaines et on est encore sous le choc. C’est à encercler plusieurs fois sur votre calendrier.
Maintenant, parlons argent : le passeport régulier, qui donne accès à pas mal tout ce que j’ai nommé, n’est que 39 $ en prévente. Oui, c’est ce que j’ai dit, 39 $. Des billets journaliers sont aussi disponibles pour ceux qui ne voudraient faire qu’un aller-retour. Bien sûr, nous irons faire plus d’un tour.
Note : Nous vous présenterons dans les prochaines semaines une série de textes sur certains artistes présents au Festivoix, plus particulièrement sur notre rapport avec eux. Premier texte : les Cowboys fringants. Ça devrait être intéressant. À suivre!
Oh, là là, encore une grosse fin de semaine côté spectacles. Comme toujours, il s’agit de nos choix. Vous trouverez une liste exhaustive sur des sites comme l’excellent quoifaireaquebec.com.
VENDREDI 20 MARS
Kandle est avec ses Crooks au Vieux bureau de poste de Saint-Romuald. La jeune femme est en feu depuis le lancement de son plus récent album, In flames. Si vous aimez votre rock très old school, vous ne voudrez pas manquer la prestation de la fougueuse blonde. Le spectacle commence à 20 heures, les billets sont 20 dollars.
Les amateurs de hip-hop se retrouveront pour leur part à l’Impérial Bell où les attendent la 19e édition du festival Boom. Au menu, Souldia, Vita Nova, PCL et 8eme ainsi que les finalistes du concours Boom 2015. Les billets sont 28,50 $, les portes ouvrent à 19 h 30 et le spectacle commence à 20 h 30.
Le groupe Whisky Legs, qu’on pourra voir la semaine prochaine à Limoilou, sera de son côté au Cosmos de Lévis. Un beau mélange de soul et de blues rock vous attend. Ça commence à 20 h 30 et c’est gratuit.
Pour leur part, Robbob et le Limoilou libre orchestra seront au Triplex suspendu de Limoilou pour fêter l’arrivée du printemps. Mélange très festif de folk, de musique cajun et de sonorités hawaiennes, on a souvent l’impression d’entendre des chansons pour enfants qui s’adressent aux adultes. Le tout dans la joie et la bonne humeur. C’est là que vous nous trouverez. 21 heures, contribution volontaire.
On serait fous de ne pas vous parler du spectacle de Les guerres d’amour et BEAT SEXÜ au Pantoum. Premièrement, parce que BEAT SEXÜ vient d’annoncer une campagne de sociofinancement pour produire un album mettant en vedette les artistes d’ici. Deuxièmement parce que j’ai entendu dire qu’on allait parler à BEAT SEXÜ la semaine prochaine. Troisièmement, parce que ces deux bands-là vont casser la baraque. Les portes ouvrent à 20 heures, les spectacles commencent vers 21 heures, ça coûte un gros 10 $ pis t’amènes ta bibine. 😉
SAMEDI 21 MARS
Les amateurs de folk indé atmosphérique se dirigeront vers Le Cercle, qui accueille l’excellent Mark Berube. La première partie sera assurée par Myriam Gendron, qui a mis en musique les mots de Dorothy Parker. Folk extrême. 17,50 $, les portes ouvrent à 19 heures, le spectacle commence à 20 heures.
Il y a aussi, dans un registre beaucoup plus festif, la gang de Bodh’aktan, qui va prendre d’assaut l’Impérial Bell et fêter la St-Patrick avec Rudy Caya (Vilain Pingouin) comme artiste invité, ainsi que l’auteur-compositeur-interprète-qui-a-déjà-été-victime-de-persécution TREMBLAY et les excellents rockeurs de CARAVANE en première partie. Le vert sera à l’honneur et l’ambiance sera au gros party. On en profite, parce que le groupe passe autant de temps en Europe qu’au Québec ces temps-ci! Gros party pour 25 $.
DIMANCHE 22 MARS
On vous en a parlé cette semaine, nous allons voir The Rural Alberta Advantage, qui débarque pour la première fois au Petit Impérial. Indie rock canadien très typique, mais avec une personnalité très forte et des refrains que vous ne pourrez pas vous enlever de la tête. En première partie, un autre Ontarien, Kalle Mattson. Pour seulement 13 $ le sésame, on parle d’une magnifique occasion à saisir!
Comme vous voyez, il s’agit d’un autre très gros week-end côté spectacles. Et encore, on n’a fait qu’effleurer la surface, j’ai vu plein d’autres spectacles au Café Babylone, au Cercle, au Scanner et dans de nombreuses autres salles! Alors si rien dans cette liste ne vous allume, consultez les calendriers de sites comme Quoi faire à Québec.
Allez, bons shows, amusez-vous bien, on se revoit demain pour un petit compte-rendu du spectacle de Robbob. Et lundi pour TRAA.
(et la semaine prochaine : on parle des nouveaux albums de Louis-Jean Cormier (qui vient à Québec en septembre) et Laura Marling (qui ne viendra pas à Québec, mais qui s’arrêtera à Montréal)… et de plein d’autres choses!)