C’était devant un public conquis d’avance que Charles-Auguste s’est produit hier.
En première partie, c’est l’auteur-compositeur Jordan Jack. Nouveau dans la scène folk à Québec, ses chansons en anglais, et une bilingue, gagnent du public. Prenant de plus en plus d’assurance sur scène, il sera à suivre dans les prochains mois.
Puis, l’auteur-compositeur Charles-Auguste Lehoux et Jonathan Sonier ont réchauffé la salle. Prenant le pari de l’authenticité et d’un public attentif, ils ont ponctué le spectacle de confessions en lien avec les chansons interprétées. Jonathan Sonier, le guitariste de Charles-Auguste, accompagne celui-ci avec justesse et ajoute de la profondeur. Le contrebassiste Thierry Sterckeman a lui aussi mis sa touche aux chansons de Lehoux. Deux reprises, Dixie et Dimanche au soir à Châteauguay, sont venues s’ajouter aux chansons provenant du EP Les Miettes. Le mini-album, qui sortira le 26 octobre prochain, permet à Charles-Auguste de tirer son épingle du jeu avec son folk authentique. Dans son univers où les histoires de filles se mélangent à quelques périodes plus sombres, j’ai facilement embarqué dans sa musique. Aimer peut-être a reçu une belle dose d’amour et de participation d’une foule qui aurait pris des chansons de plus. Une expérience sans nul doute gravée dans leur mémoire.
Comme une odeur de déclin est le deuxième album complet de Maude Audet, cette fois réalisé par Ariane Moffat et soutenu par la maison de disques Grosse Boite. Initialement, le titre provient d’une adaptation francophone de la titanesque Smell Like Teen Spirit parue l’an dernier sur son Bandcamp et depuis disparue dans le gouffre sans fond de l’Internet.
Gallaway Road ouvre l’album d’une façon convaincante avec sa délicate mélodie de guitare mélancolique. C’est déjà, dès la première chanson, parmi les meilleures compositions que Maude Audet nous ait offertes jusqu’ici. Sur Nos lèvres retournées, on retrouve des sonorités évoquant ses chansons précédentes. On retrouve cependant un petit quelque chose de plus riche dans l’ensemble, ce qui faisait parfois défaut sur l’offrande précédente plus linéaire d’Audet. Est-ce la batterie inventive, ou plutôt les délicats choeurs en arrière-plan? Ce qui est certain, c’est qu’à l’écoute de ces compositions on entend rapidement la volonté des artisans de ce projet d’enrichir globalement les sonorités de ce disque. Plus loin, impossible de ne pas avoir un immense coup de coeur pour la merveilleuse Dans le ruisseau sur laquelle Antoine Corriveau vient y poser sa voix. Sans être essentiel à la pièce, cet ajout est fort sympathique et la pièce sied bien à l’univers de ce dernier. Les arrangements de cordes par la polyvalente Marianne Houle sont somptueux et ils en font une pièce maitresse de ce disque. Léo complète avec délicatesse la solide première moitié de ce disque.
Si après l’interlude quasi instrumental Dépeuplée, quelques pièces tombent un peu à plat, l’album se conclut de belle façon. Il y a d’abord Mirage, la pièce la plus rock de l’album, sur laquelle on peut sans aucun doute déceler l’influence de Marie-Pierre Arthur (qui a d’ailleurs fait grâce de ses talents de bassiste sur cet album), puis l’épilogue de ce court disque intitulé La montagne, est une autre magnifique pièce soutenue par un subtil rythme chevaleresque de la batterie de Robbie Kuster (connu pour son travail avec Patrick Watson).
Les textes flirtent souvent autour des très fertiles thèmes des relations amoureuses, parfois belles, parfois difficiles, sans jamais sombrer dans le misérabilisme ou le kitsch. La plume vaporeuse et poétique de l’auteure, soutenue par l’écrivaine Erika Soucy, est efficace. Cette fois cependant, c’est l’apport des mélodies vocales plus travaillées et des textures sonores plus variées qui permet à Maude Audet de délivrer un des très bons disques de cette rentrée.