C’est par un long dimanche pluvieux que les plus courageux sont sortis rencontrer, au Nord-Ouest Café de Trois-Rivières, les Bretons des 22 Longs Riffs et les Montréalais de Dissidence, pour une soirée punk rock antifachiste francophone.
Ceux sont les Montréalais de Dissidence qui ont ouvert la soirée, ce qui m’a permis de découvrir ce groupe aux rythmes énergiques, mais je dois admettre que j’attendais avec impatience les 22 Longs Riffs. Nous venons de la même ville, Saint-Brieuc, et je ne les avais pas vus sur scène depuis de nombreuses années. J’avais hâte d’entendre les pièces de leur nouvel album sorti cette année, Balle Populaire. Ils ont joué plusieurs morceaux dudit album, accompagnés par d’autres pièces de leur premier album. J’étais ainsi heureux de pouvoir retrouver 22 LR, la Crise, Désobéissance et de découvrir Alerta ou encore Petit Soldat. Les mots d’ordre restent inchangés; Les 22 Longs Riffs prônent avec ferveur la résistance à toutes les formes d’oppressions, qu’elles soient politiques, policières, économiques, sociales ou encore religieuses, comme entre autres le morceaux Voleur de Vie écrit contre Daech.
Pour les amateurs de vinyles, je dois vous dire que le celui du premier album était magnifique et le nouveau devrait sortir d’ici la fin de l’année. En attendant, vous pouvez toujours vous procurer leur split réalisé avec Dissidence chez Dure Réalité qui a organisé leur tournée. Commencée le 6 octobre dernier à Montréal avec le Revolution Fest, il vous reste encore quelques dates si vous n’avez pas encore eu la chance de les voir.
17 octobre à Montréal au Traxide
18 octobre à Québec au Scanner
19 octobre à Toronto à Coalition
20 octobre à Windsor à The Beer Exchange
21 octobre à Hamilton au Doors Pub
Après GILLES, ce fut au tour de Catherine Leduc, anciennement du duo Tricot Machine, de se produire sur scène jeudi soir aux Apéros FEQ au District St-Joseph.
C’était la première fois à Québec que Catherine Leduc venait pour y présenter son projet solo. Quelque peu fébrile, elle s’est bien entourée de ses complices Matthieu Beaumont (claviers), Maxime Castellon (basse), Guillaume Éthier (batterie) pour l’occasion. Leduc a su me captiver, tout comme la foule, par sa folk psychédélique aux accents de dream pop. Elle a pris de l’aisance sur scène.
Catherine Leduc offre un son bien différent de celui de son ancien duo. Elle sait comment doser les chansons plus mélancoliques – Un bras… et Rookie(Houston, Anticosti, Un bras de distance avec le soleil) – et d’autres plus rythmées. Elle a son univers bien à elle. Ses musiciens l’accompagnent brillamment, tout en lui laissant la place. Pour une première fois sur scène, Leduc a utilisée une harpe électronique qui a ajouté une touche de nouveauté aux pièces.
Au cours de l’heure de sa présence sur scène, nous étions dans un autre monde, presque comme sur un nuage. Elle a un projet qui lui colle à la peau.
On a eu la chance de recevoir Alex Dorval, de la Microbrasserie Le Temps d’une pinte. On a aussi parlé du GAMIQ, de Boogat et on a fait jouer plein de nouvelles pièces d’artistes émergents. À écouter:
Jeudi dernier, c’était le coup d’envoi pour les soirées Apéros FEQ au District St-Joseph. 24 artistes seront en compétition pour gagner leur place sur une des scènes du Festival d’été de Québec et pour le grand prix de 10 000 $.
C’est tout en douceur que GILLES a débuté sa performance pour séduire le jury et les curieux. Le groupe qu’on avait vu auparavant au Festival d’été de Québec et au Festif de Baie St-Paul a eu un été chargé avec plusieurs performances. Ils ont donc gagnés en maturité et ils ont toujours du plaisir à jouer ensemble sur scène.
Les anciens de l’Ampli ont réussi à mélanger à la fois des chansons d’amour (T’as jeter les yeux sur moi, Télégramme) et des chansons qui font réfléchir (Laxmi, Sortir de la ville). Ils ont aussi utilisés, avec justesse, l’actualité pour jouer la pièce Les voisins, en lien avec la tuerie à Las Vegas plus tôt dans la semaine.
Leur interprétation de The Boxer de Simon & Garfunkel était bien réussie, toute en harmonie et en douceur. Ils ont terminé le spectacle avec leur chanson Passé Pékin.
Si on se fie à la qualité du spectacle de ce soir, il y a fort à parier que les juges auront des choix déchirants à faire pour choisir qui se méritera les prix en jeu.
Ce jeudi, les Apéros FEQ accueillent Catherine Leduc. 18 heures, District Saint-Joseph. Entrée libre.
Mardi soir, les organisateurs du GAMIQ (Gala de l’alternative musicale indépendante québécoise) ont annoncé les finalistes de leur douxième gala qui aura lieu le 26 novembre prochain. La liste est longue, alors on ne perdra pas de temps à tout vous présenter, à l’exception de trois petits points :
Alaclair Ensemble domine la liste!
ecoutedonc.ca est finaliste dans la catégorie média numérique de l’année avec d’autres beaux médias (Le Canal auditif, Feu à volonté, CHOQ.ca et Livetoune)! Vous pouvez votez pour nous si le coeur vous en dit (mais on ne vous en voudra pas trop si vous votez pour un de nos quatre homologues, y sont tous bons).
Tant qu’à faire dans la plogue sans scrupules… CKRL et CFOU, qui diffusent notre émission, sont aussi en nomination dans la catégorie radio de l’année.
Alors voici sans plus tarder la liste de beaux artistes finalistes…
PRIX DU PUBLIC
Alaclair Ensemble
Avec pas d’casque
Burning The Oppressor
Caravane
Chassepareil
Chocolat
Dead Obies
Floating Widget
Guy Brière
Harfang Karen St-Laurent Trio
L’Oumigmag
La Carabine
Matt Hulobowski
Orloge Simard
Quebec Redneck Bluegrass Project
The Blaze Velluto Collection
The Bright Road
The Johans
Tintamare
ALBUM FOLK
Avec Pas d’Casque – Effets spéciaux
Leif Vollebeck – Twin Solitude
Les Hay Babies – 4e Dimension
Louis-Philippe Gingras – Troisième rangée
Samuele – Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent
EP FOLK
Ada Lea – EP
Aliocha – Sorry Eyes
Helena Deland – Drawing Room
Meteor Ranchero – Incomplet
Noé Talbot – Déballer le présent (extra)
ALBUM POP
Gab Paquet – Santa Barbara
Groenland – A wider space
KROY – Scavenger
Le Couleur – P.O.P
Peter Peter – Noir Éden
EP POP
Emilie & Ogden – 10 000 (solo)
Jeffrey Piton – Après le déluge, après le froid
Karim Ouellet – Aikido
Lydia Képinski – EP
Van Carton – La Saison
ALBUM ELECTRO
Das Mörtal – Always Loved
Ouri – Superficial
Suuns – Hold/Still
Valaire – Oobopopop
Xarah Dion – Fugitive
EP ELECTRO
Dear Criminals – Seven songs for Nelly
Gold Zebra – Un amour d’été (OST)
HWYS – Beaches
Millimetrik – Sour Mash EP
Of Course – Naufrage un Jeudredi
ALBUM RAP
Alaclair Ensemble – Les frères cueilleurs
C-Drik – Liqueur forte
KNLO – Long jeu
Lary Kidd – Contrôle
Nomadic Massive – The Big Band Theory
EP RAP
Dead Obies – Air Max
L’Amalgame X Of course – Le Prix du Funk
La Brigade des Moeurs – La Brigade des Moeurs
Le Nouveau Rappeur – Cristobal Huait
Yes Mccan – PS. Merci pour le love
ALBUM ROCK
Barry Paquin Roberge – Voyage massage
Chocolat – Rencontrer Looloo
Les Dales Hawerchuk – Désavantage numérique
Les Deuxluxes – Springtime Devil
O Linea – O Linea
EP ROCK
Floating Widget – The Sounds of Earth
Jesse Mac Cormack – After the Glow
On a créé UN MONSTRE – Insectarium
Rodney the Walrus – Code Morse II
zouz – EP1
ALBUM INDIE-ROCK
Antoine Corriveau – Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter
Blood and Glass – Punk shadows
Catherine Leduc – Un bras de distance avec le soleil
Corridor – Supermercado
Lesbo Vrouven – Grifff Pifff
EP INDIE ROCK
Abrdeen – Endless Nights and Dreamlike Mornings
Adam Strangler – Key West
Cédrik St-Onge – Les yeux comme deux boussoles
L’Indice – Cycles Un
Mélanie Venditti – EP
ALBUM OU EP FOLK-BLUEGRASS
Canailles – Backflips
Élixir de gumbo – Le beau piège
Le Winston Band – Bolton Boogie
Quebec Redneck Bluegrass Project – Royale Réguine
Raphaël Dénommé – Raphaël Dénommé EP
ALBUM OU EP POST-ROCK/POST-PUNK
Co/ntry – Cell phone 1
Duchess says – Sciences Nouvelles
Le monde dans le feu – Le miracle de la température
Oromocto Diamond – Atlantis
We Are Wolves – Wrong
ALBUM OU EP PUNK
Boids – Demo bag
Cirrhose et Cendrier – Hey le Trognon!
Clavicule Slingshot – Phénix Rôtis
Fuck Toute – Fuck toute
Mute – Remember death
ALBUM OU EP METAL
Apes – Lightless
Krokmitën – Heta
La Corriveau – Black Sorrow
Never more than less – Peace, War, Whatever
Obey the Brave – Mad Season
ALBUM OU EP EXPÉRIMENTAL
Atsuko Chiba – The Memory Empire
Héliodrome – Le Jardin des espèces Julien Sagot – Bleu Jane
Les Martyrs de Marde – Extinction de foi
Téhu – EP Boulevard
ALBUM OU EP WORLD
Afrikana Soul Sister – Afrikana Soul Sister
Di Astronauts – Lova Notes and Outta Space Poems
DJU – Fracas des racines
Gadji Gadjo – Regards
The Brooks – Pain & Bliss
ALBUM OU EP JAZZ
L’Oumigmag – Territoires
Parc X trio – Dream
SHPIK – Fabulation
Trio Jonathan Turgeon – Les rêves errants
West Trainz – Train Songs
VIDÉOCLIP DE L’ANNÉE
Alaclair Ensemble – C’était ça que c’tait
Antoine Corriveau et Fanny Bloom – Constellations
Athena – Acide
Bad Nylon – Rappa
Canailles – Rendez-vous galant
Chocolat – Ah ouin
Das Mörtal – Midnight Rendez-Vous (feat. French Fox)
Dead Obies – Waiting
Dear Criminals – Nelly
Degueu ça pu – Je fais le bacon
Élixir de Gumbo – Gang de rue
Gazoline – L’amour véritable est aux rebelles
Geoffroy – Sleeping on my own
KNLO – Justeçayinque
KROY – Learn
Le Couleur – Premier Contact
Matt Holubowski – Exhale/Inhale
Mauves – Longtemps
Mundy’s Bay – Glow
Rouge Pompier – Mercredi
Saratoga – Je t’attends dehors
Simon Kinsgbury – Comme douze
Valaire – GOLDEN RULE Do The Oobopopop (feat. Alan Prater)
VioleTT Pi – Betsey Johnson
We are Wolves – Wicked Games
POCHETTE D’ALBUM DE L’ANNÉE
Atsuko Chiba – The Memory Empire
Avec pas d’casque – Effets spéciaux
Chocolat – Rencontrer Looloo
Héliodrome – Le Jardin des espèces
Julien Sagot – Bleu Jane
Mardi Noir – L’Oeil de la tempête
Mauve – Coco
Nomadic Massive – The Big Band Theory
Of Course – Naufrage un jeudredi
Ripé – Rock Ripé
CHANSON DE L’ANNÉE
Alaclair Ensembe – Ça que c’tait
Beyries – Wondering
Corridor – Coup d’épée
Lydia Képinski – Apprendre à mentir
Matt Holubowski – Exhale/Inhale
SPECTACLE DE L’ANNÉE
Alexandre Desilets – Windigo
Black Tiger Sex Machine
Chocolat
Dear Criminals L’osstidtour – Alaclair Ensemble, Koriass, Brown
ARTISTE DE L’ANNÉE
Alaclair Ensemble
Antoine Corriveau
Dear Criminals
Émile Bilodeau
Louis-Philippe Gingras
RÉVÉLATION DE L’ANNÉE
Beyries
Blood and Glass
Lydia Képinski
Zen Bamboo
zouz
MÉDIA NUMÉRIQUE DE L’ANNÉE
Choq.ca Ecoutedonc.ca
Feu à volonté
Le Canal auditif
Livetoune
SALLE DE SPECTACLE DE L’ANNÉE
Bar Le Ritz PDB
Le Cercle
Le Divan Orange
Le Mouton Noir
L’Esco
Une ambiance festive règne toujours à la shop du Trou du Diable – Wabasso, alors que les habitués se réunissent pour venir profiter de spectacles de qualité et de bonnes bières brassées sur place. En ce début de saison automnale, nous avions droit à une programmation très colorée pour la soirée.
C’est l’Ontarien Friendly Rich, déjà venu à Shawinigan l’an dernier, qui a ouvert le bal en cassant son français, mais en y allant de compliments pour charmer le public. « Que vous êtes beaux », disait-il, et voilà, j’étais conquise. Il a récemment lancé son 11e album studio en carrière, The Great Blue Heron, qu’il trimbale en petite tournée pour 6 dates au Québec et en Ontario. Dans une entrevue accordée au Huffington Post, il disait qu’en spectacle, sa grande force est au niveau du lien avec l’audience, ce que j’ai pu remarquer durant sa prestation. Toujours prêt à faire une petite blague pour présenter ses chansons, faisant participer le public de manière humoristique (ex.: le faire claquer des doigts entre les différentes chansons, le faire répéter des bouts de chansons impossibles, le faire siffler, etc.) il s’amusait tout autant que les gens présents à la shop.
Il veut également partager le meilleur de sa musique et encore une fois, mission accomplie! Ne connaissant aucunement ce qu’il faisait, j’ai été captivée par les mélodies folkloriques, aux sonorités de bluegrass par moment, et même de country. Que ce soit par le biais du talent de Steve Ward au trombone, le son impressionnant de la guitare de Phil Miles et le rythme endiablé de Joe Sorbara aux tambours. Friendly Rich s’est entouré de musiciens brillants. Les 4 parties de Terry Fox Suite ont été particulièrement intéressantes. Je pouvais imaginer l’athlète pendant son marathon de l’espoir être accompagné de cette trame musicale. Une belle surprise de découvrir cet artiste qui accumule les projets intéressants (il a notamment fait la musique du Tom Green Show) et qui ne cesse de surprendre.
S’ensuit alors les majestueux Jardin Mécanique, que j’ai vu il y moins d’un an au regretté Cabaret Satyre. À ce moment-là, je les découvrais avec un plaisir incommensurable, lors de la journée de l’Halloween. C’était le moment opportun pour un tel spectacle! Cette fois, je savais que j’appréciais déjà l’univers qu’ils proposent: un opéra rock d’horreur qui valse autour des thèmes de la révolution, de l’apocalypse et du pouvoir. Les trois personnages, Augustache, Camélius et Edwidge, sont tous affublés de costumes et de personnalités caricaturales que l’on comprend rapidement. De plus, leur talent fait tôt de captiver l’audience et de la faire sauter à pieds joints dans le sombre monde du sinistre Théâtre Tintamarre.
À nouveau, ils m’ont impressionnée de par leur justesse incroyable, l’efficacité des différentes interventions théâtrales entre les chansons et l’évolution de l’opéra. J’ai également confirmé ma passion pour la rythmique des tambours de Philippe Coulombe et du côté dramatique intense qu’elle apporte aux chansons. Chacun des membres du trio macabre utilise autant ses forces vocales qu’instrumentales. Francis Gagnon, Philippe Coulombe et Sylvain de Carufel sont magistraux dans leur interprétation du déviant Augustache, du narcissique Edwidge et du tourmenté Camélius. Je le répète, mais un spectacle de Jardin Mécanique dans une ambiance automnale, lorsque ça refroidit tranquillement à l’extérieur, c’est immanquablement parfait. Seule petite déception: j’ai vu deux fois le même épisode, mais j’aurais adoré découvrir quelque chose de nouveau, ou alors voir le premier épisode!
Truckfighters est probablement le meilleur groupe au monde, et pourtant une tournée américaine n’arrive pas assez souvent, encore moins un passage à Québec puisque leur dernier show dans la ville date d’il y a 3 ans sur les Plaines d’Abraham en première partie de Soundgarden. Samedi soir, ils étaient venus avec 2 autres représentants du stoner rock pour venir transpirer de la bière, et moi de voir les lumières fumantes de l’Anti Bar fusionner avec eux.
Floating Widget, Montréal, Canada.
1er groupe sur la scène à 20h30 pétantes, ce groupe de Montréal à l’influence Sabbathique et Voivoidienne (note : ils ont fait un morceau avec le chanteur). L’énergie est là, les riffs sont lourds, la voix est rauque, les échanges avec le public tout fonctionne.
Telekinetic Yeti, Dubuque, Iowa, USA.
Quand soudain, 2 barbus aux cheveux longs s’installent sur scène. Grosse batterie, grosse guitare à 7 cordes et des pédales à n’en plus finir. Un effort de mise en scène se fait sentir avec 2 spotlights, dont un contrôlé manuellement par le pied du chanteur/guitariste. Musicalement, c’est assez fort, ca part nettement dans le psychédélique avec toutes sortes de wah-wah et de distortion, ca reste lourd et efficace.
Truckfighters, Örebro, Suède.
Ozo, Dango et Pezo prennent le relai. Une setlist de 7 morceaux sur une assiette en carton, ca parait court comme concert, mais le secret des chasseurs de camions réside surtout dans l’improvisation. Des morceaux d’en moyenne 7-8 minutes se voient rallonger de 5-6 minutes avec des sections plus légères et atmosphériques. L’interaction avec le public est toujours aussi démente avec Dango pouvant se permettre un bain de foule sans souci de câblage, même si quelques fois c’était le public qui éteignait accidentellement ses pédales pour cause de bousculade excessive. Le groupe s’est aussi permis de donner le micro à des fans pour chanter ou hurler les paroles. Et puis question énergie, comment te dire ? C’est assez difficile de prendre en photo un guitariste qui saute toutes les 10 secondes, surtout si tu es complètement devant la scène.
J’ai encore mal à ma nuque quand je me penche en avant.
Ah, Agrirock! J’avais souvent entendu parler (toujours en bien) de toi, il fallait bien que j’aille constater par moi-même ce qui te rend si charmant!
Le Festival Agrirock célèbre l’arrivée de l’automne dans un torrent de décibels qui déferle sur le centre-ville de Saint-Hyacinthe. À partir de son quartier général, le très sympathique bar Le Zaricot, la musique s’invite dans de nombreux lieux (parfois inusités) visités par de non moins nombreux curieux. Rien de trop compliqué, rien de trop grandiose, juste une belle programmation remplie d’artistes qu’on aime découvrir et redécouvrir. Pas de choix déchirants (les shows se succèdent), pas de course contre la montre entre deux lieux (on marche bien davantage ailleurs, d’ailleurs), on peut consacrer tout notre temps à la musique.
Nous sommes donc allés, il y a quelques jours, assister aux deux tiers de la cinquième édition de ce festival qui vient de tomber dans la liste de mes coups de coeur. On a manqué la journée du jeudi (avec Bad Dylan, Georges Ouel, Robert Fusil et les chiens fous ainsi que Tintamare), travail oblige, mais on a manqué bien peu de choses du vendredi et du samedi. On vous présente ça sous forme de léger compte rendu accompagné de quelques photos!
Après avoir passé l’après-midi du vendredi à flâner dans le centre-ville (traduction : boire du cidre avec les guêpes au Zaricot), direction Fréquences le disquaire pour un petit tête à tête avec Antoine Corriveau. J’ai vu ce gars-là jouer dans presque toutes les formations possibles à toute heure du jour, mais jamais je ne l’avais vu seul avec sa guitare. Ça fait quand même un petit choc d’entendre toutes ces chansons, d’ordinaire si joliment arrangées, se retrouver toutes nues! S’il avait bien préparé quelques chansons pour l’occasion, au milieu de sa prestation, il a laissé le public choisir… Pauvre de lui, un spectateur lui demande de jouer Corridor, sa si magnifique reprise de la chanson de Laurence Jalbert. Corriveau s’essaie, mais il peine à trouver les bons accords (à sa défense, c’était la première fois que je l’entendais ailleurs qu’à la télé). Un Antoine à la bonne franquette, sans filet, qui s’essaie devant le public. On l’aime de même.
Direction l’entrée du Zaricot où les rappeurs de La Carabine s’exécutent. C’est énergique, les gars débitent leur flow avec entrain, la présence d’une batterie donne un rythme qui semble plaire aux spectateurs de la terrasse. On est peut-être un peu trop timides pour aller groover devant les gars malgré leurs invitations à le faire, ça ne veut pas dire que le public n’apprécie pas. Je vous avoue que j’aimerais bien les revoir dans un contexte différent (parce que j’avoue qu’entre Corriveau et Tire le coyote, j’étais peut-être pas trop dans un mood pour écouter du rap…).
On retourne chez Fréquences, cette fois pour une prestation qui avait été annoncée à peine quelques jours plus tôt, soit celle de Tire le coyote. Seul avec son fidèle Shampouing, on a pu entendre des versions acoustiques de quelques-unes de ses belles chansons tirées de Désherbage. Le magasin s’est rapidement rempli, même la gang de Matt Holubowski, qui jouait ailleurs en ville ce soir-là (dans un cadre autre que celui d’Agrirock) est passée faire un tour. Comme ce fut le cas avec Corriveau, le plaisir résidait dans l’interprétation toute nue de ces chansons si magnifiquement arrangées sur l’album, le tout présenté avec humour et simplicité, comme toujours. Gros pouce en l’air pour sa Jeu vidéo, adaptation fort réussie de Video Games d’une certaine Lana Del Rey.
On retourne au Zaricot, cette fois pour ne plus en sortir avant la fin de la soirée. On nous avait promis un traitement choc : Chocolat, Duchess Says et Les Breastfeeders.
Le premier groupe, celui mené par Jimmy Hunt, est toujours plaisant à voir et à entendre. On ne sait pas dans quel mood les musiciens seront (ça va de plutôt sage à complètement déchaîné), mais on sait que ça va être bon. Chocolat nous envoie des tonnes de briques au visage, une brique à la fois. Guillaume Éthier, qui jouait de la batterie avec le groupe pour une première fois, marquait le rythme avec énormément d’assurance. Les fans de Rencontrer Looloo et de Tss Tss en ont eu pour leur argent. Les guitares bien fuzzées nous ont fait bien voyager, à peu près autant que le saxophone de Christophe Lamarche-Ledoux. (En passant, on va pouvoir revoir Chocolat avec Cobrateens et Mauves au Pantoum le 25 novembre prochain… on vous le dit tout de suite, comme ça, vous pourrez mettre ça à votre agenda!)
La soirée se poursuit avec le post-punk déjanté de Duchess Says. On a pu entendre les chansons de Sciences nouvelles, le dernier album, ainsi que quelques plus vieux morceaux. On ne vous le cachera pas, la vraie vedette du groupe, c’est sa chanteuse, A-Claude, probablement la meilleure bête de scène qu’on a pu voir tout le week-end. Et les spectateurs le lui ont bien rendu : le job de photographe n’était pas de tout repos avec les mosh pits enthousiastes et spontanés! On se disait qu’après ça, les Maskoutains n’auraient plus d’énergie pour la suite…
On s’est trompé!
Notre vendredi soir s’est terminé avec Les Breastfeeders, qui étaient accompagnés d’un « nouveau » guitariste, un certain… Sunny Duval, qui a renoué (avec un plaisir manifeste) avec son ancien groupe! Si Les Breasts n’ont toujours pas de nouveau matériel à nous offrir (on en est encore à Dans la gueule des jours, paru en… 2011), c’est pas grave. On a droit à un show de greatest hits, comme le dit si bien Luc Brien! Pendant plus d’une heure, on danse, on sue, on regarde Johnny Maldoror se pitcher partout, on est juste heureux de retrouver Sunny en train de rocker comme un petit bum. Mais on a quand même hâte d’entendre du nouveau.
Après une bonne nuit de sommeil et un copieux déjeuner, il y avait Joëlle Saint-Pierre qui nous attendait avec son vibraphone et son clavier dans un café santé. Saint-Pierre a pris le temps d’expliquer son instrument (et la différence entre un xylophone et un vibraphone) aux curieux présents pour l’entendre jouer. Il y avait même un ado lui-même joueur de vibraphone qui observait attentivement son jeu. Saint-Pierre chantait ses chansons de sa douce voix qui se mariait magnifiquement bien avec les ondes émises par le vibraphone. Des chansons que vous pouvez entendre sur son fort joli album Et toi tu fais quoi.
Je suis passé rapidement voir Vedana qui s’exécutait au marché. Malheureusement, j’ai manqué une bonne partie de la prestation – j’avais laissé quelques éléments essentiels à ma chambre et à mon retour, le groupe avait déjà fini. Dommage, ça jazzait pas mal!
On s’en va ensuite au Bilboquet pour voir Les Louanges en formule Vincent Roberge solo. Une prestation qui m’a surpris par la vulnérabilité de Roberge, d’habitude trop cool (dans le bon sens). Cette fois, sans le groove de ses musiciens, on a eu droit au côté sensible de Vincent. Des sonorités moins jazzées, plus signer-songwriter qui lui vont très bien.
Pour voir le groupe suivant, on n’avait qu’à traverser la rue et entrer dans une galerie d’art où nous attendaient nos amis de De la Reine. On avait arrangé l’espace d’une drôle de façon : le groupe jouait à l’entrée, et les spectateurs étaient répartis entre l’arrière de la galerie, où on avait installé des sièges, et l’extérieur (on avait ouvert la porte de garage). Derrière le groupe, de belles toiles remplies de couleurs qui accompagnaient bien la musique pigmentée de De la Reine. Le trio de Québec nous a présenté ses chansons pop-rock-groovy-cool qu’on commence à bien connaître. Des morceaux efficacement interprétés grâce à la voix toujours parfaite d’Odile, du jeu de guitare de Vincent et des mains magiques de Jean-Étienne (qui alternent entre sa batterie et son clavier).
On avait déjà vu Louis-Philippe Gingras jouer dans un dépanneur, mais là, dans un restaurant spécialisé en shish taouk, on vous avoue qu’on est abasourdi! Difficile de mieux accompagner la poésie savoureuse des chansons du quotidien de Gingras qu’avec une belle odeur de patates à l’ail qui vient nous chatouiller les narines pendant que le troubadour nous chante Tigre géant, cet hymne grandiose à ce grand petit magasin! Gingras était en pleine forme devant un public aussi occupé à écouter qu’à savourer un bon petit début de souper.
Chose que j’aurais dû faire… j’ai eu faim toute la soirée, maudit!
On retourne au Zaricot pour un dernier droit pas piqué des vers et qui commence avec Lydia Képinski, qui me demande, pendant qu’elle s’installe, si je suis pas tanné de la voir. Ben Lydia, pour une fois qu’il ne pleut ou qu’il ne neige pas pendant que je te vois, maintenant que je sais qu’il n’y a pas de risque que la génératrice tombe en panne juste au moment où je peux pleinement profiter de ton show plutôt que de te prendre en photo, non, je ne suis pas tanné!
Fidèle à son habitude, Képinski se lance avec sa chanson inspirée des Mystérieuses cités d’or (que les spectateurs chantent avec entrain le moment venu). Oui, il y a bien eu quelques chansons de son EP (divine Brise-glace avec une finale pendant laquelle Blaise Borboël-Léonard se déchaîne au violon, et toujours trépidante Andromaque), mais on a aussi entendu sa reprise space des Temps fous, de Daniel Bélanger. J’ai même eu droit à Pie IX (que je ne me souviens pas d’avoir entendue à Québec)! Mais pas d’Apprendre à mentir, qui est probablement sa plus connue. En revanche, un gros direct au menton de Mélanie Joly et de nombreux sourires! Et quelques fans à l’avant qui connaissaient les chansons de Lydia par coeur (je te jure, y’avait pas juste moi).
Gros Soleil était mieux connu sous le nom de Les Truands. Le groupe originaire du coin avait visiblement de nombreux amis sur place, parce que ça communiquait beaucoup dans les deux sens, toujours dans la bonne humeur. La prestation a été divisée en deux : la première avec le matériel de Gros Soleil, la deuxième avec celui (et la formation) des Truands. Une heure pendant laquelle on a touché à pas mal toute la palette du rock. Un show qui a fait plaisir aux fans, qui se donnés à fond!
Pour le clou de la soirée au Zaricot, on nous a réservé une primeur : le grand retour de Keith Kouna en solo!
Un Keith Kouna qui aurait bien pu annuler son spectacle : un petit Kouna est venu au monde il y a à peines quelques heures et le chanteur avait très peu dormi ces derniers jours! Quoiqu’avec la prestation qu’il a donnée, on se dit qu’une chance que Kouna n’était pas en forme… Comme toujours, l’auteur-compositeur-interprète a communié avec son public pendant que ses (excellents) musiciens ajoutaient de la couleur à ses tableaux pas toujours jolis de la société dans laquelle on vit. Si on a eu droit à quelques morceaux choisis de son nouvel album (qui paraissait quelques jours plus tard), on a aussi eu droit à de nombreux classiques qui ont permis aux spectateurs de se défouler à fond. Parmi les nouvelles, il y a cette Vache, qui risque d’entrer dans vos têtes pour ne plus jamais en sortir.
Mais le vrai clou de la soirée, c’était Gab Paquet! D’ailleurs, vous me pardonnerez si je suis bref, c’est que voyez-vous, une fois de temps en temps, il est plus plaisant de participer au spectacle que de l’analyser. Surtout quand on peut danser comme s’il n’y avait pas de lendemain en criant les paroles des chansons comme 90 % des spectateurs présents. Cathartique. Et rempli d’amour.
Une fois le spectacle fini, direction le lit. C’était déjà la fin. Deux jours qui ont passé follement vite, même si l’ambiance d’Agrirock est plutôt relaxe. Aucun show en opposition, aucun choix déchirant. Une programmation linéaire, mais variée et équilibrée qui a donné une longue série de bons moments.
Chapeau à la petite gang d’organisateurs d’Agrirock qui font visiblement ça pour l’amour. De la musique, mais surtout de leur ville, qu’ils animent toute l’année durant!
Ça finit bien un gros été de festivals. En graffignant en douceur!
Keith Kouna, héros local et poète sombre, nous revient avec un 4e album solo intitulé Bonsoir Shérif. Le dernier disque « régulier » de Kouna, Du plaisir et des bombes (l’incroyable projet de Voyage d’hiver étant une relecture de 24 lieds de Schubert), voyait le chanteur iconoclaste emprunter un virage plus pop. Pop ici est un terme relatif à la quantité de vers d’oreille encore bien ancrés dans le cortex de tout mélomane ayant donné quelques écoutes attentives à l’album; on est loin d’un artiste pop au sens aplaventrisme devant les radios commerciales pour plaire au plus grand nombre du terme.
Cette fois, malgré les airs pop d’une chanson comme Poupée, on retrouve une plus grande variété dans les sonorités, passant du post-punk style années 80 sur Vaches, aux brulots rock très Kounesque de Shérif, Madame ou Marie, au groove surprenant de Congo et à l’inclassable Doubidou. Cette dernière, un hymne de style cabaret dédié à la déchéance de l’homme capitaliste est accompagné d’un rythme de clavier que n’aurait pas renié Pierre F. Brault, créateur de la musique pour Passe-Partout. Cette dichotomie chère à l’oeuvre de Kouna entre une musique plutôt joyeuse et un texte furieusement cynique n’a jamais été aussi frappante. Malgré cette vaste palette sonore, l’album est assez linéaire côté thématique. On parle généralement de déchéance humaine (Poupée, Vaches et Pays) parfois vue sous la lentille de la guerre (l’excellente Marie et Congo), de la répression policière (la très évocatrice Shérif), de la dépression (Madame) et de l’apocalypse (Berceuse).
Si l’ensemble est très cohérent, la pièce d’ouverture Ding Dang Dong, laisse perplexe. La poésie énumérative de Kouna est aussi très présente, le procédé étant utilisé dans la plupart des chansons peut devenir irritant à la longue. Certaines chansons, comme Poupée et Pays, seront d’ailleurs de solides défis mnémotechniques pour l’interprétation en concert, mais Kouna n’a jamais été terrorisé par les longs textes (il suffit de penser à Godichons). Malgré ces petites doléances, Bonsoir Shérif, est un autre bon disque de Keith Kouna qui est heureusement devenu un incontournable de la scène musicale québécoise.
On peut dire que les astres étaient bien alignés le 27 septembre dernier : Olivier Bélisle (auteur-compositeur-interprète à l’imagination fertile) se produisait à la Librairie Saint-Jean-Baptiste (lieu idéal pour voir des prestations intimistes) dans le cadre de Route d’artistes (des tournées qui amènent les artistes jouer à quelques pouces de votre grosse face).
Pour un gars qui donnait son septième show en huit soirs, Bélisle n’avait pas l’air trop fatigué! L’auteur d’Une fois par jamais nous a joué ses chansons à personnages de sa douce voix un brin grave, chansons qu’il a présentées avec humour, notamment en nous lisant des extraits de livres qui se trouvaient sur les rayons de la bibliothèque derrière lui. C’est un peu ça, Route d’artistes et Olivier Bélisle : du monde qui sait nous mettre à l’aise pour qu’on passe un beau moment.