Ah, la rentrée musicale! Les mélomanes et les médias courent partout dans la ville comme des poules pas de tête pour essayer de tout voir. Jusqu’à ce qu’on arrive au premier show du Pantoum. Là, le temps s’arrête, le temps de déguster pendant quelques heures.
Cette année, le show d’ouverture avait une petite twist. Aucun nom d’artiste n’avait été dévoilé au préalable (même si on avait eu quelques indices qui permettaient de deviner un ou deux noms). Même les personnes impliquées ont fait mine de ne rien savoir. Même Simon Provencher (La Fête, ecoutedonc.ca), que j’ai croisé en entrant, n’a pas voulu me dire qui jouait. J’ai probablement posé la mauvaise question…
J’allais le savoir quelques minutes plus tard.
Qui vois-je monter sur scène avec Samuel Gougoux et Laurence Gauthier-Brown? SIMON PROVENCHER (sale traître), mesdames et messieurs! L’honneur d’ouvrir cette nouvelle saison du Pantoum allait donc à :
Victime
Le trio « vegan punk rock » (description de Simon) déplace de l’air, c’est le cas de le dire! Les morceaux défilent à un rythme infernal, au grand plaisir des spectateurs qui se lâchent lousses (du moins, aussi lousses qu’ils peuvent, la foule est compacte ce soir!). Laurence chante, joue de la basse et du clavier en même temps, Simon torture sa guitare pendant que Samuel caresse ses caisses avec un brin de tough love.
Évidemment, ça s’est terminé comme ça a commencé : très vite!
Landisles
Après s’être fait nettoyer les oreilles ben comme il faut, c’est au tour de Landisles, formation originaire de Gatineau, de monter sur scène. Leur synth-pop un brin funky a un petit je-ne-sais-quoi qui me plaît, moi, vieillard qui a connu les années 1980 pendant l’adolescence. Musique parfaite pour un film bon cop-bad cop de l’époque mettant en vedette un Belushi ou un Murphy (pourquoi pas les deux). Parfait pour les scènes de poursuite en voiture! Sur le parterre, ça danse joyeusement. Même les photographes se déhanchent en prenant leurs photos. Merci pour ce petit moment de nostalgie!
Bad Dylan
On vous avoue assez candidement qu’après l’entrevue que Marie-Eve a réalisée avec J-E, on avait pas mal deviné la tête d’affiche et on en était bin bin bin contents. Ce mélange d’électro, de psychédélique et de percussions chaudes a été chaleureusement accueilli par un parterre qui dansait tellement qu’on en ressentait les vibrations à côté de la cuisine, là où je me suis réfugié pour écouter sagement et prendre des notes. Bien que ça ne soit pas tout à fait ma tasse de thé, il faut admettre que les membres du groupe se sont montrés extrêmement convaincants dans leur proposition. M’est d’avis qu’on va les revoir très bientôt!
Après avoir sillonné presque toutes les routes de la province avec leur album Chien noir, les gars de Caravane sont de retour avec un deuxième album qui confirmera leur statut de rockeurs au coeur tendre, le bien-nommé Fuego.
À la réalisation, le quatuor a de nouveau fait appel à Guillaume Beauregard, qui avait coréalisé l’album avec Hugo Mudie et le band, ainsi qu’à Guillaume Chartrain (qu’on connaît pour son travail avec Louis-Jean Cormier). Cette fois, Beauregard ne s’est pas contenté de superviser le travail, il a aidé Dominic Pelletier et Raphaël Potvin à peaufiner leurs textes (qui étaient un point faible de Chiennoir)afin que ceux-ci s’harmonisent avec les mélodies accrocheuses que Pelletier est capable de pondre presque sans effort. Sur ce point, on peut dire « Mission accomplie ».
Bien sûr, ce n’est pas encore de la grande littérature, mais dans un contexte rock, ça marche parfaitement et les gars atteignent leur objectif de faire du rock en français qui sonne comme une tonne de briques et qui n’a pas l’air fou dans une liste de lecture composée de gros succès US.
Faut dire que les gars étaient inspirés : Dominic avait perdu la voix l’année dernière et il s’est tout à coup retrouvé avec beaucoup de temps libre. Night Life. Joies. Peines. Saint-Roch. Amour. Amitié. Des sujets qu’il réussit à faire groover avec son sens de la mélodie. Évidemment, qui dit St-Roch dit aussi scène locale très foisonnante. C’est ainsi qu’on retrouve Gabrielle Shonk et Odile Marmet-Rochefort aux choeurs, Simon Pedneault aux percussions et Maxine Maillet au piano. OUI, AU PIANO.
Musicalement, on retrouve ce qui avait fait le succès de Chien noir, soit un rock bluesé, quelque part entre les Black Keys (pour ses guitares blues) et Franz Ferdinand (pour son côté extrêment groovy). Sans réinventer la roue (les gars n’ont jamais prétendu le faire), c’est d’une redoutable efficacité et le popotin se shake tout seul, même sur une chaise.
Le point le plus fort de cet album, c’est justement la belle variété de chansons. Oui, celles-ci sont en grande majorité des tunes rock groovy, mais il y a aussi cette perle, au milieu de l’album intitulée Arago, où Pelletier chante avec une vulnérabilité qu’on ne lui connaissait pas. On y trouve d’ailleurs les plus belles paroles de Fuego :
Le monde tourne pas assez vite Noyé dans l’encre de ma plume Mon coeur est un vieux piano Tout c’qui en sort sonne faux
La montée à la fin, avec les choeurs, le piano, pis toutte, donne des frissons. Sérieux!
Si on n’avait pas détesté Chien noir, on va vous avouer que Fuego nous prend par les tripes. Le rock n’est pas mort. Loin de là. Et il ne s’est jamais aussi bien chanté en français.
La formation rock de Saint-Jean-sur-le-Richelieu O Linea lançait il y a quelques semaines un cinquième album intitulé tout simplement O Linea. Le groupe mené par Julien Vézina propose ici une collection de pièces où les guitares dominent (enterrant même parfois les voix).
Les 13 pièces ne manquent pas d’entrain, loin de là, on sent l’influence punk derrière l’indie rock mélodique du groupe. Les fans de The Hives devraient d’ailleurs bien apprécier.
Cette énergie qui traverse l’album, on la ressent dès les premières notes de Casseur de codes, et elle ne nous quitte qu’à la fin de Ton Printemps, qui termine l’album. Vézina y chante comme s’il était branché sur le 220, comme s’il y avait une grande urgence dans ses propos. Seul bémol : O Linea ne prend pas vraiment de répit (même dans les moments plus doux) et la voix de Vézina finit par être un brin monotone. On aurait peut-être aimé quelques moments de répit çà et là, mais il n’y en a pas vraiment. C’est dommage, parce que prises individuellement, les 13 chansons sont toutes bonnes.
On va donc intégrer O Linea à notre liste de lecture, mais on va y aller à petites doses, question de faire durer le plaisir.
Si on se fie à la foule massée près de la petite scène de L’Anti Bar et spectacles jeudi dernier, la visite de KROY, alias Camille Poliquin, était fort attendue. La jeune femme vient tout juste de lancer un joli premier album intitulé Scavenger, une proposition promise à un bel avenir autant ici qu’à l’étranger.
Accompagnée de deux musiciens, Poliquin s’installe derrière sa quincaillerie, qu’elle ne quittera qu’à la fin du concert. La bande est entourée de petits poteaux qui forment ensemble un système d’éclairage sophistiqué tout en conservant un caractère intimiste. Pas besoin de plus, nous sommes là pour écouter. De toute façon, c’est pas comme si Camille allait se mettre à faire des chorégraphies à la Beyoncé.
Dès les premières notes de Hull, qui commence également l’album, les spectateurs se taisent et ouvrent grands leurs yeux et leurs oreilles. Sur Bones, on commence à taper joyeusement du pied. Sur scène, le trio prend son pied, Poliquin chante ses airs tristes avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles.
Toutes les fois que j’ai croisé Poliquin (avec KROY, Milk and Bone et autres), j’ai eu la même réflexion : Quelle voix! Douce, cristalline, juste, une voix de petite fille qui raconte des histoires un brin macabres. Et sur Stay, Poliquin réussit sur scène à faire ce qu’elle fait si bien sur disque : nous faire planer et nous préparer à la très trip-hop Days et son groove langoureux.
Poliquin glisse quelques mots çà et là entre les chansons avec une chaleur qui détonne avec la froideur de la musique. Elle nous présente ses musiciens (Guillaume Guilbault, fidèle au poste aux claviers, et Charles Blondeau, véritable métronome à la batterie), avec qui elle a déjà beaucoup de plaisir (nous n’en sommes qu’au deuxième concert de ce cycle, après tout).
Fallait s’y attendre, KROY n’a pas une grosse discographie et après près d’une heure, tout était déjà terminé. On en aurait tellement pris davantage! On se reprendra à son retour. Et en attendant, on pourra se rabattre sur la venue de Milk and Bone au Cercle en décembre prochain.
Scavenger est disponible dès maintenant sur vos plateformes et chez vos disquaires préférés.
Ego Death
Quelle belle idée que de programmer Joey Proteau (et frangin Jesse, dont on va vous parler très bientôt) et son projet Ego Death avant KROY! À première vue, on aurait pu croire que le folk très intimiste d’Ego Death s’éloignerait trop de la pop électro de KROY, mais non, au contraire, ce sont deux univers qui se sont complétés à merveille.
Les voix douces des deux frères Proteau créent ensemble de magnifiques harmonies accompagnées de guitares totalement au service des mots. On n’a qu’une envie : écouter ce que Proteau a à dire et souhaiter une suite à Grief, un EP aussi court qu’excellent (vous comprendrez que je le trouve trop court). Ce fut sûrement une belle découverte pour plusieurs.
Ça commence par une question. Could you at least wait ’til I’ve had my coffee before you break up with me? Y’a même pas 30 secondes de passées qu’on comprend déjà que le deuxième album de Lisa LeBlanc, intitulé Why You Wanna Leave, Runaway Queen?, est dans une classe à part. L’album d’une fille qui a l’air de dire Fuck toute à tous ses ex et qui le fait dans un folk rock trash bien à elle.
Could You Wait… sonne parfois comme du Lennon. Le petit effet à la voix. Les paroles un brin caustiques. La structure en crescendo plutôt que le bon couplet/refrain/couplet/refrain/bridge/refrain. Même la mélodie super accrocheuse, les répétitions (it’s fine répété 10 fois, suivi de quelques ciao! bye! bien sentis), sérieux, j’ai beau avoir déjà écouté l’album à de nombreuses reprises, je ne me tanne pas de cette chanson qui sent le discours libérateur. Note à moi-même : si jamais je veux crisser Lisa là, le matin, c’est pas l’idéal, elle va me ramasser!
On continue dans le rock and roll avec la très dansante City Slickers and Country Boys. Lisa chante chante avec une telle assurance, on la voit, sur un stage dans une grange avec une boule disco qui brille de tous ses feux et une bande de villageois qui dansent le rock and roll comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Dans Dump the Guy ASAP, une pièce aux accents hawaiiens, Lisa adopte un ton beaucoup plus posé, mais c’est pour mieux faire entrer le poignard. Cette fois, elle s’en prend au copain (qu’on comprend un peu trou du cul) de son amie, qu’elle aimerait bien voir prendre le bord, et ce, de façon peu subtile. Note à moi-même : vérifier si ma blonde est amie avec Lisa.
I Love You I Don’t Love You I Don’t Know est une autre pièce folk-rock de fille au coeur brisé. La touche du réalisateur Joseph Donovan, qui s’y connait en Canadiana (Sam Roberts), est assez évidente, ici. Et ça va comme un gang à notre Lisa, qui ne se perd pas du tout dans les harmonies vocales de la fin, bien au contraire.
Bon, Lisa est assez agressive depuis le début, mais elle a quand même ses petits moments d’introspection, comme cette magnifique Why Does it Feel so Lonely (When You Are Around). La solitude quand la personne que t’es supposée aimer est à tes côtés, c’est un feeling assez désagréable, et Lisa le traduit bien dans cette chanson juste assez rugueuse pour ne pas tomber dans le mélo. Note à moi-même : Si jamais Lisa pis moi on est ensemble, passer mon temps à l’extérieur de la maison. Elle va se sentir moins seule.
Finalement, les histoires de coeur de la vingtaine, ça m’a l’air d’être un maudit beau filon!
(Self-Proclaimed) Voodoo Woman nous emmène du côté du blues. Ça commence tout doucement, mais la fin, avec ses guitares tueuses et les cris (du coeur, bien entendu) de Lisa, vous hérissent les poils assez solidement!
Arrive enfin Ti-Gars, LA chanson en français de tout l’album. La langue change, mais pensiez-vous que Lisa allait laisser tomber sa mine d’or d’inspiration? Ben non. Ti-gars, il est parti. Pour toujours. Pour tout le temps. Pis surtout, il est parti avec son char. Pis ça, elle le prend pas. C’est simple, mais c’est diablement efficace, surtout avec le rythme marqué par le… triangle! Note à moi-même : Je suis OK, j’ai pas de permis de conduire!
Sur 5748 km, c’est une Lisa vulnérable qu’on retrouve. Évidemment, c’est LA chanson où elle utilise la phrase « I Love You » (après avoir dit que cette relation à distance est probablement l’idée la plus stupide qu’elle a jamais eue). On sent le motton dans la voix. Nul besoin de vous dire que le motton, c’est contagieux! Note à moi-même : Déménager dans l’Ouest!
Eh cher (You’ve overstayed your welcome) a un petit côté southern folk qui n’est pas sans déplaire aux oreilles de votre humble serviteur.
Dead Mans Flats est une pièce instrumentale qui n’a qu’une fonction : nous préparer à la tempête qui suit : Ace of Spades. Oui, oui, la reprise de Motorhead. Lisa prend même le grain qu’on retrouve dans la voix de Lemmy. On l’avait entendue à de nombreuses reprises en spectacle, mais comme ça, sur une galette, on peut apprécier la qualité de cette reprise, que Lisa s’est vraiment appropriée. En spectacle, ça va vraiment brasser! Note à moi-même : Accompagner fiston dans les shows de metal, c’est une bonne inspiration pour la jeunesse!
L’album se termine sur une I Ain’t Perfect Babe, qui ferme la porte sur cette période mouvementée de Lisa sur le plan du coeur. Une autre chanson pleine de vulnérabilité, toute douce, qui annonce une fois de plus de grandes explorations pour cette jeune femme de Rosaireville! L’album, qui se commençait par une question, se termine par une déclaration : T’as raison, je ne suis peut-être pas si mauvaise que ça, mais je dois le constater par moi-même.
Certaines personnes ont reproché la réalisation proprette de Why You Wanna Leave, Runaway Queen. Pourtant, suffit de mettre le premier album dans le lecteur pour se rendre compte que Louis-Jean Cormier avait lui aussi bien enrobé l’oeuvre. Joseph Donovan a bien réussi à astiquer les pièces sans leur enlever leur personnalité. Ce qu’on entend, ici, c’est bel et bien Lisa LeBlanc telle qu’elle a choisi de se dévoiler. C’est un album très personnel qui établit très bien le contact entre l’auteure et l’auditeur. Les émotions, elles sont sincères, on les ressent d’ici, sans aucun effort. La musique, les paroles, tout nous envahit, nous transporte. Et les 40 minutes de l’album s’écoulent si vite qu’on se surprend de vouloir reprendre l’écoute dès qu’on arrive à la fin!
Quand elle a sorti son EP, je disais qu’on risquait de perdre Lisa. Les Canadiens, avec qui elle a beaucoup d’atomes crochus, l’aiment déjà beaucoup. Quand les Américains vont la découvrir, ils vont l’adorer. Pas parce qu’elle est si originale, ni parce qu’elle représente une révolution. Non. Parce que Lisa LeBlanc, le personnage, est très près de Lisa LeBlanc, l’être humain. Au point où on se demande laquelle des deux ne semble réussir ses relations amoureuses que si elle est à 5748 km de la personne qu’elle aime.
À voir en spectacle le 8 octobre à Saint-Prime (Coup de grâce musical), le 13 octobre à Québec (Impérial Bell), le 5 novembre à Shawinigan (Centre des arts), le 11 novembre à Bécancour (Moulin Michel). Bien sûr, y’a plein d’autres dates sur lisaleblanc.ca!
Vous connaissez Camille Poliquin en tant que moitié de Milk and Bone. Eh bien maintenant, vous devrez aussi vous rappeler de ce nom : KROY, un projet solo dans le cadre duquel elle vient tout juste de lancer un premier album intitulé Scavenger, où elle projette à la fois l’ombre et la lumière.
Sur Scavenger, KROY présente son univers bien à elle, toujours avec cette voix pure et aérienne, mais cette fois, la musique, presque exclusivement électronique, est loin de toujours suivre le ton des paroles. Certains morceaux sont accrocheurs pas possible (Bones donne une une envie irrésistible de taper du pied et de laisser le reste de son corps suivre le rythme, qui est pourtant loin d’être démentiel!) alors que d’autres semblent tout droit sortis d’un rêve (envoûtante Stay). Days est une excellente leçon de trip-hop. À cette musique plus souvent qu’autrement douce, Poliquin a collé des paroles sombres, tristes. Un brin lugubres, même. L’album s’appelle Scavenger. Vous vous attendiez à quoi? C’est quand même chanté avec une légèreté impressionnante, comme une voix d’enfant qui vous raconte une scène macabre.
Tout compte fait, il s’agit d’une excellente entrée en matière pour Camille Poliquin. Scavenger est un fort joli album de pop électronique qui permettra à la jeune femme de continuer à s’élever parmi les jeunes artistes d’ici à surveiller à l’échelle internationale.
Disponible partout sur étiquette Dare to Care. KROY présentera son album à L’ANTI BAR ET SPECTACLES ce jeudi 29 septembre à 20 heures (Invité : Ego Death). Elle sera aussi à la salle Louis-Philippe Poisson de Trois-Rivières le 16 février 2017.
C’est une belle idée qu’ont eue Arté Boréal et Le Cercle de tenir, jeudi dernier, une soirée folk au cours de laquelle les amoureux de la plume et des cordes allaient pouvoir se régaler : pas moins de neuf artistes se sont succédés sur la scène de la salle de la rue Saint-Joseph! Photoreportage :
Le tout a commencé avec Alex Fortin, qui a lancé les festivités seul à la guitare. Il a plus tard invité deux autres musiciens, Rami Filo à la basse et Hubert Michaud à la lap steel. Folk tranquille, mais sincère. Et du Wilco en prime!
Quelques minutes plus tard, Cold Folks se présentait en duo (Gabrielle Bégin au banjo et David Raymond Leblanc à la guitare) pour nous faire faire un petit voyage dans le temps. Plusieurs classiques folk et bluegrass se sont succédés. C’était juste assez entraînant pour conserver l’attention du public venu en grande partie voir le duo suivant.
Les Ontariennes francophiles de Scarlett Jane étaient visiblement très attendues si on se fie à la réaction des spectateurs (qui restaient loin derrière faute de place assise à l’avant, qui formait un trou béant… on prend des notes : la formule cabaret, c’est plus efficace). Le temps d’installer quelques tables de plus à l’avant, voilà, l’ambiance est dix fois plus agréable et on peut se concentrer avec bonheur sur les magnifiques compositions et reprises du duo. Elles chantent si bien ensemble!
Pour continuer, Timothy Luke Dawson prend place seul sur scène. Il nous montre au passage que s’il est bien de savoir écrire des chansons, y’a rien de mal à bien interpréter celles des autres. Allez donc écouter son maxi Old Lovers, disponible sur Bandcamp!
Jérôme St-Kant suit, accompagné de Simon Kearney (et de son sac à dos!). Se présentant comme étant Régis Labeaume, le jeune Jérôme a su démontrer en deux interventions et trois chansons tout son humour (et son esprit tordu). On en aurait voulu un peu plus, mais ce ne sont pas les occasions qui risquent de manquer!
J’ai terminé ma soirée avec Josué Beaucage, chanteur de Who Are You. La voix de Beaucage fait parfois penser à celle de Cat Stevens, surtout là, dans son plus simple appareil (guitare-voix). On espère avoir plus de nouveau matériel sous la dent!
J’ai malheureusement dû m’arrêter là, il était déjà passé minuit! J’aurais bien aimé voir les autres artistes au programme. Gageons qu’on va avoir la chance de se reprendre. Les organisateurs prévoient déjà une suite à cette soirée et c’est tant mieux. Faudra peut-être juste penser à raccourcir un peu les soirées… quitte à en faire plus!
En attendant le lancement de son album intitulé Santa Barbara le 20 octobre prochain (à la salle Multi de Méduse), Gab Paquet nous offre la pièce titre de l’album en vidéoclip. À quoi vous attendez-vous?
La formation montréalaise Groenland faisait son grand retour à Québec dans un Impérial Bell bondé de fans venus découvrir le deuxième album du groupe, A Wider Space.
Le groupe jouit d’un buzz immense dans la vieille capitale comme en font foi la succession de prestations à guichets fermés au cours des deux dernières années. La pop lumineuse et orchestrale trouve un écho dans la capitale du metal et c’est bien ainsi.
C’est donc avec un enthousiasme certain que le public a accueilli Sabrina Halde, Jean-Vivier Lévesque et leurs complices alors que ceux-ci se lançaient dans une Times of Survival déjà riche en arrangements magnifiques (et en pads électroniques). Sabrina, occupe la majeure partie du centre de la scène, Jean-Vivier est (seul, pour le moment) à sa droite, Jonathan trône à l’arrière de sa batterie pendant que Simon (le bassiste), Marianne (Bertrand, la violoncelliste) et Ariane (la violoniste) se laissent bercer au son de la douce musique qu’ils jouent eux-mêmes. Ajoutons à cela une gang de gars et leurs instruments à vent (les brass, dixit Sabrina), et nous avons là de quoi donner quelques orgasmes musicaux à nos tympans.
Pendant plus d’une heure, c’est un Groenland en symbiose avec les fans, du moins ceux qui écoutent (on y reviendra), qui s’exécute. Bien sûr, Sabrina, sa voix soul et le groupe nous ont servi une bonne assiettée de A Wider Space, qui fut accueilli bien gentiment par le public, mais pas autant que les pièces de l’album précédent, The Chase, qui a fait connaître le groupe. Oh que les fans se sont déchaînés sur ces magnifiques envolées orchestrales!
Déjà fort émotive lors du spectacle de lancement de la veille, Sabrina a encore eu du mal à terminer ses remerciements sans sanglotter. On sent même sur scène que cet album a été difficile à livrer et que le fait de se retrouver là, à chanter et à jouer de la musique devant nous, relevait des réalisations titanesques!
On pardonnera les (rares) erreurs de parcours du groupe sur scène et on a bien hâte de revoir Groenland dans une version rodée au quart de tour du même spectacle.
Le Couleur
Juste avant Groenland, Le Couleur est venu proposer sa pop électro qui nous replonge droit dans les années 1980, orgie de cloche à vache inclus (vous savez combien j’aime ça, moi, le cowbell, il devrait y avoir du cowbell pour toutes les occasions). Laurence Giroux-Do vient à peine d’accoucher et nous avertit, le groupe risque d’être un peu rouillé.
Si le groupe était rouillé, ça ne paraissait pas du tout! Faut dire que le groupe a joué safe en présentant surtout des chansons connues (pourtant, un nouvel album s’en vient) qui nous ont fait danser sans lendemain. Surtout, la musique dansante du groupe est parvenue à enterrer le bruit désagréable des conversations qu’on entendait à tout coup (on y reviendra). Le Couleur sera au Cercle le 24 octobre prochain. À ne pas manquer!
Anatole
Pour son dernier show avant son retour dans la nouvelle L.A., Anatole s’est fait plaisir avec ses visions (au tour de Groenland d’être transcendé… bienvenue dans le club – dont j’ai l’honneur de faire partie!) et il a tout donné dans une prestation de près de 45 minutes qui a bien sûr plu aux fans tout en frappant un mur d’incompréhension et de malaise chez les gens qui n’avaient jamais vu ce personnage théâtral.
Toujours dans son costume de squelette, Alexandre nous a fait ses chorégraphies habituelles : la coup de la cigarette sur scène (« Hein! Il fume! »), du mort sur scène (« Pourquoi il reste couché là pendant que le band joue! »), du changement de costume pendant Le grand sommeil (grimpé dans une des alcôves), de la coke (« hein, des sachets de poudre pis il sniffe! ») et des pieds nus (« Hein! C’est dangereux! »). Enfin, tout le monde s’est tu et s’est mis à danser pendant Discollins parce que cette pièce est tout simplement irrésistible.
Anatole est reparti dans ses terres après avoir évangélisé Québec. On soupçonne qu’il n’aime pas Mauves, qui revient à Québec avec un album intitulé… Coco. #Poud, quelqu’un?
VOS GUEULES!
Je sais, la foule qui parle pendant les premières parties, c’est pas nouveau. Mais vendredi dernier, on entendait énormément de gens parler PENDANT le spectacle de Groenland. C’était désagréable d’un bout à l’autre de la salle (j’avais des amis à l’avant, j’étais sur le balcon quand je ne prenais pas mes photos). Est-ce qu’on doit encore rappeler aux gens que s’ils ont payé pour le droit d’être là, leurs voisins aussi? C’est une question de respect le plus élémentaire.
La bande de chevelus originaires de Limoilou, Mauves, est de retour avec un troisième album intitulé Coco. Réalisé par l’hyperactif Emmanuel Éthier, Coco est la suite logique de Le faux du soir, bien qu’un peu plus léger que ce dernier.
Après avoir passé la dernière année à entendre Alexandre Martel faire de la synthpop avec Anatole, on vous avoue qu’on est contents de le voir rejoindre son frère Cédric, Charles Blondeau et Julien Déry pour cet album. À écouter l’album, on dirait bien que je n’étais pas le seul.
Le mélange de rock, de folk et de jazz (oui, oui, y’a des petites touches un peu partout) proposé par le groupe fait encore mouche, comme les sages paroles qui forment la base de chacune des chansons. Un méchant beau travail d’équipe, d’ailleurs. Toutes les chansons sont signées « Paroles et musique : Mauves », sauf Nouvelle Calédonie, coécrite avec Simon Paradis (qui fait aussi partie d’Anatole), Renaud Pilote et Serge-André Amin. Ils n’ont pas été les seuls à collaborer d’une manière ou d’une autre à l’album. Dans les crédits, on remarquera aussi Shampouing, Jean-Étienne Collin-Marcoux, Guillaume Martineau et plusieurs autres.
Alors, ça dit quoi, Coco, musicalement? Ça dit beaucoup de belles choses. Tout d’abord, cette collection de dix chansons réussit à maintenir l’intérêt de l’auditeur grâce à une belle variété tout en évitant le fouillis qui aurait pu si facilement se produire. À la très jazzée/bluesée J’ai tout essayé, on peut facilement opposer la très accrocheuse Longtemps, chanson pop par excellence avec ses mélodies qui nous replongent dans les années 1970. On retrouve autant des pièces leeeeeeeentes comme Les mots de gare, qui semblent sortir tout droit de l’époque des pianos-bars que des chansons très indie chantées par Julien (Parc du Portugal). Les textes peuvent sembler très intellos ou ressembler à un sympathique récit de voyage (Nouvelle-Calédonie – parler d’Oslo et de Rimouski dans la même chanson, faut le faire).
Après une très énergique Eh fille (où l’influence d’Éthier se fait sentir), l’album se termine sur la fantastique Le petit jour, toute en douceur et en subtilité… et en harmonies vocales, qui se marient donc bien à la voix nasillarde de Martel!
On ressort d’une écoute de Coco un peu de la même manière qu’on le faisait pour les albums précédents : Satisfait, mais très fatigué à force de chercher (et trouver) tout ce que les p’tits gars ont saupoudré sur cet album. Les mélomanes se délecteront sans aucun doute. Les autres auront peut-être besoin de quelques écoutes avant d’apprécier pleinement. Tout est là, suffit de le cueillir à son rythme!