Oh que Le Cercle – Lab vivant était content d’annoncer cette belle nouvelle ce matin, surtout au lendemain de cette belle sélection comme finaliste de la catégorie Salle de spectacles de l’année au GAMIQ (on sait à qui téter un lift)! Voyez-vous, la salle de la rue Saint-Joseph annonce en ce moment même un nouveau partenariat fort important avec Première Ovation (de la Ville de Québec). Une belle contribution financière de l’organisme permet au Cercle de présenter une nouvelle plateforme musicale qui laisse toute la place à la relève.
Ça s’appelle Le grand Boum. Qu’est-ce que c’est? Il s’agit d’une toute nouvelle série de concerts mettant en vedette des artistes de la scène dite émergente et ce, dans de nombreux styles : rock, pop, jazz, électropop et folk. Vous allez me dire « mais le Cercle fait déjà plus que sa part, non? », ce à quoi nos amis du Cercle semblent répondre NON de façon assez retentissante.
Donc, pour l’automne, Steve Guimond, infatigable directeur de la programmation du Cercle, ainsi que son équipe, ont concocté tout un menu. En plus de tout ce qu’on vous a déjà annoncé!
Le Grand Boum sera inauguré ce vendredi 2 octobre par la jeune chanteuse Liana Bureau, de Québec. L’ancienne participante à La Voix (ils sont partout, ces jours-ci!) nous promet un spectacle pop et Rn’B comme on en voit trop rarement à Québec. Ça devrait être assez rafraîchissant.
On pourra également voir, entre autres, Raton Lover, Peter Henry Philips, le Winston Band (à voir!), Jérôme Casabon, nos amis de BEAT SEXÜ, X-Ray Zebras et Popléon. Ajoutez à cela du jazz de qualité et des ateliers de formation.
Les billets du Grand Boum sont disponibles sur lepointdevente.com. Vous pourrez également vous procurer des forfaits-découverte (2 spectacles dans le même style pour 19,99 $ + taxes et frais de service) à partir de vendredi matin.
Bon, ce n’est pas dans nos habitudes de fanfaronner avec un spectacle qui affiche déjà complet depuis plusieurs mois, mais quand il s’insère dans une série comme les Nuits FEQ organisées par nos amis du Festival d’été de Québec à l’Impérial Bell, qui présente la crème de nos artistes d’aujourd’hui et de demain à un prix qui frôle le ridicule(ment bas – 15 $), on se dit qu’on n’a pas le choix.
On a été plusieurs à acheter nos billets pour la soirée du jeudi 1er octobre dès que l’annonce a été faite. Les billets pour le retour de Coeur de pirate se sont tous envolés en quelques heures. Faut dire que ce retour de Béatrice Martin est assez attendu… et que son plus récent album, Roses, fait fureur sur les palmarès. On a des fans finis dans notre équipe et ceuxi-ci ont plutôt hâte de voir la jeune auteure-compositrice-interprète de près.
Pour lancer la soirée, madame Martin sera bien entourée : K ROY (le projet solo de Camille Poliquin, que vous connaissez sûrement comme moitié de Milk & Bone) et l’ancien Chinatown Félix Dyotte (qui a été sélectionné comme finaliste au GAMIQ dans quelques catégories) auront l’honneur de réchauffer la foule, qui sera sûrement plus pop que « musique émergente ».
Évidemment, nous serons présents pour couvrir le spectacle. Si ça ne vous suffit pas, Coeur de Pirate sera de retour au Grand Théâtre le 24 mars prochain.
Quant aux Nuits FEQ, deux autres soirées sont prévues cet automne : Loud Lary Ajust et ses invités fouleront les planches de l’Impérial Bell le 14 novembre prochain. Le 28 novembre, ce sera au tour des cols bleus de l’indie Canadien Arkells de s’inviter à l’Impérial. Le groupe sera précédé de Fanny Bloom et Final State.
C’est ce soir qu’on annonçait les sélections du Gala de l’Alternative Musicale Indépendante du Québec (GAMIQ), qui aura lieu le 29 novembre prochain à Montréal et au cours duquel les meilleurs artistes, groupes, organismes et autres intervenants de la scène musicale indépendante québécoise seront récompensés.
Beaucoup de beaux noms, des choix déchirants et des (parfois énormes) surprises :
Album POP de l’année
domlebo — Bricolages
Félix Dyotte — Félix Dyotte
Geneviève et Matthieu — La Jamésie ostie / Les Enfants du plomb
Guillaume Beauregard — D’étoiles, de pluie et de cendres
Jérôme Minière — Une île
Julie Blanche — Julie Blanche
Milk & Bone — Little Mourning
Navert — Temps bipolaire
Secret Sun — Cold Coast
Album ROCK de l’année
Chocolat — Tss Tss
Dany Placard — Santa Maria
Deux Pouilles en Cavale — Tambour et temps morts
Femme Accident — Hum
Lubik — Jusqu’au boutte
Les Marinellis — Île de rêve
Ponctuation — La réalité nous suffit
EP ROCK de l’année
Choses Sauvages — Japanese Jazz
Heat — Rooms
She Serpent — She Serpent
The Muscadettes — Side A
Ultrapterodactyle — Sludge Pop
Album INDIE ROCK de l’année
Bernhari — Bernhari
Julien Sagot — Valse 333
La Bronze — La Bronze
Oromocto Diamond — Opononi
Poni — Poni
Album FOLK de l’année
Anique Granger— Aimer comme une émeute
Bears of Legend — Ghostwritten Chronicles
Coco Méliès — Lighthouse
Elliot Maginot — Young/Old/Everything.in.between
Fire/Works — Shenanigans
Kandle — In Flames
Phil Moreau — Paratonnerre
The Loodies — The Loodies
Tire le Coyote — Panorama
Willows — Willows
EP FOLK de l’année
Feathers — Unions
Jane Ehrhardt — Terminus
Mentana — Western Soil
Saratoga — Saratoga
The Great Novel — Buffalo Trace
Album HEAVY (PUNK & MÉTAL) de l’année
Carotté — Punklore et Trashdition
Kraspoutine — Plus grand que Satan
Krokmitën — Omicron-Omega
Reanimator — Horns Up
Sandveiss — Scream Queen
Album MUSIQUE ÉLECTRONIQUE de l’année
Alexeï Kawolski — My DC Offset Fields and the Leftovers
C’était soir de messe samedi au Grand théâtre de Québec alors que Louis-Jean Cormier se produisait devant une salle Louis-Fréchette bien remplie de fans (pas mal finis) de l’auteur-compositeur-interprète. Premier spectacle d’une tournée qui le mènera un peu partout au Québec. Des complices efficaces en Simon Pedneault (guitare, voix), Adèle Trottier-Rivard (percussions, voix), Guillaume Chartrain (basse) et Marc-André Larocque (batterie).
Une grande toile, qui a l’air d’une grande feuille de papier, occupe le fond de la scène. Des lampes sont placées çà et là pour donner une ambiance chaleureuse et intimiste au spectacle. C’est pas parce que nous ne sommes pas à La Taverne de Saint-Casimir que nous n’avons pas le droit de nous sentir à l’aise entre nous!
Cormier et son équipe se sont présentés sous un tonnerre d’applaudissements. Public enthousiaste. Foule vendue d’avance. Ils allaient l’avoir facile. Ça n’a pas empêché au band de tout donner dès le départ, qui s’est passé sur les chapeaux de roues avec un trio infernal composé de Les hélicoptères, St-Michel (une bombe en spectacle) et Si tu reviens, qu’il a interrompue pour goûter pleinement à ce beau moment de bonheur.
À plusieurs moments, on avait l’impression d’assister au concert au beau milieu d’une chorale de près de 2000 chanteurs enthousiastes, ce qui ajoutait aux frissons déjà donnés par Louis-Jean et sa bande.
Du côté de la musique, le spectacle de Louis-Jean Cormier était principalement axé sur Les grandes artères. Alors qu’on aurait pu s’attendre, comme sur l’album, à une omniprésence du banjo, Cormier a préféré y aller full pin avec les guitares. Le résultat? Un son beaucoup plus rock pour la plupart des chansons, même à une Le jour où elle m’a dit je pars, chantée avec émotion par Louis-Jean… et la foule. Y’avait beaucoup de monde qui avait les yeux pleins d’eau! Heureusement, on n’était pas encore dans le bout tout doux du spectacle, et Complot d’enfants nous a relancés dans l’action illico.
Pour le segment en douceur du spectacle, Louis-Jean a invité son frère Benoit, violoniste à l’OSQ (et sur l’album). Beau moment de complicité (pis les petits brins de femmes à côté de moi le trouvaient donc cute!).
Pour terminer (avant l’inévitable rappel, bien sûr), Cormier a frappé fort : trois de ses canons du 13e étage, revisités pour mieux s’insérer au spectacle (et parce que c’est le fun, des fois, de réarranger ses chansons pour éviter que ses fans ne se tannent). Ça nous a pris du temps avant de reconnaître Bull’s Eye (« Ça se peut que nous-mêmes, on reconnaisse la chanson après un bout! »), mais que le grand cric me croque si le public n’a pas explosé de bonheur quand les premières paroles de la chanson ont été prononcées. Nul besoin de vous dire que les Le coeur en teflon et Tout le monde en même temps ont fini de nous achever!
Cormier avait gardé la magnifique Deux saisons trois quarts pour le dessert. Question de nous laisser repartir les yeux brillants, le sourire large comme une porte de grange. Autant les fans finis de Karkwa que ceux qui sont montrés dans le train après avoir découvert Louis-Jean à La voix ont passé une belle soirée.
Louis-Jean Cormier sera de retour dans la région en formule beaucoup plus intime à L’Anglicane de Lévis le 4 mars 2016. Faites vite, les billets vont s’envoler!
Après avoir passé les derniers jours à écouter attentivement (et en boucle) L’issue du soir, j’avais bien hâte de voir comment les nouvelles chansons de Simon Paradis allaient se défendre sur scène. C’est justement ce que Paradis a montré vendredi soir dernier, et ce, de bien belle façon, devant un public nombreux composé de parents, d’amis, de fans, de mélomanes et de curieux venus d’aussi loin que Fredericton au Nouveau-Brunswick!
Même s’il nous a offert quelques vieilles compositions, Paradis s’est concentré sur les magnifiques pièces de L’issue du soir (après tout, on lançait l’album!) accompagné de ses musiciens et amis (Renaud Pilote, Jane Ehrhardt, Hugo LeMalt, Serge-André Amin). Comme sur l’album, les chansons étaient donc belles, interprétées par un band visiblement émotif, et le public était là, écoutant tranquillement ce qui se passait devant (est-ce que le public du Cercle s’est donné le mot cet automne pour devenir agréable, coudonc?). Kim Drouin-Radcliffe est même venue jouer un brin de violoncelle sur quelques chansons.
Tout le monde y a trouvé son compte (chacun a sa chanson préférée sur L’issue du soir). Personnellement, mon moment à moi s’est produit au rappel, sur Appartement, mon nouveau ver d’oreille préféré (tasse-toé, Consommations de Gab Paquet!). Je ne suis pas le seul à avoir bien apprécié, les applaudissements étaient plutôt nourris.
Simon, ta nouvelle carrière de gourou attendra encore un peu.
Alexandre Martel
C’est le chanteur/leader des formations Mauves et Anatole, Alexandre Martel, qui a eu la tâche de réchauffer le public. Pour ce faire, il n’avait pas de grosse touffe de poils sur la tête, ni de costume de dandy ou de squelette. Mais il avait un public conquis d’avance, prêt à le suivre dans ses aventures les plus folles. Il en a donc profité pour nous jouer… des nouvelles compositions de Mauves (et d’Anatole) seul, à la guitare, ben straight. En mode chansonnier! [NDLR : Hé, c’est pas comme si on n’avait pas déjà assez de photos du torse nu d’Alexandre dans nos archives!]
Du beau matériel plein de potentiel suivi d’un retour en arrière avec le St-Jean-Baptiste Country Club, le temps d’une chanson.
Il y avait une belle petite foule alors que le Pantoum ouvrait ses portes exceptionnellement un jeudi soir pour le spectacle de lancement de Rosie Valland. Un prof y avait même convié ses élèves pour leur apprendre à faire une critique de spectacle (j’aurais donc dû suivre ce cours, moi!). Beau petit public, donc, venu se faire charmer par une auteure-compositrice-interprète qui vient de lancer son premier album, Partir avant, qu’on a beaucoup aimé ici.
Comme j’avais raté sa prestation au Show de la rentrée, j’avais hâte de la voir défendre cet album sur scène. Mes camarades montréalais m’ont dit tellement de bien sur cette jeune femme, j’étais impatient de voir ce qu’elle avait dans le ventre.
C’est entourée de trois excellents musiciens que Rosie monte timidement sur scène pour nous interpréter ses chansons. Dès le départ, on sent que ça va rocker beaucoup plus que sur l’album. Dès qu’elle met les mains sur sa guitare, la jeune femme timide gagne en assurance. Rosie regarde constamment le public qui le lui rend bien en écoutant religieusement. Les interactions avec le public sont rares (« Si vous voulez en savoir plus, je vous dis tout dans mes chansons! »). On avait été prévenus : Rosie se concentre sur l’essentiel.
Mon agacement à la première écoute de l’album avait fait place à l’émerveillement. Les musiciens sont tight. Les arrangements sont magnifiquement rock. Les guitares, omniprésentes, enveloppent la voix parfois tendre, parfois un brin rauque, de Valland. Une chanson comme Nucléaire, déjà plutôt envoûtante sur disque, prend son envol sur la scène. Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier les moments plus subtils, comme sur St-Denis, cette chanson résolument folk-pop sur laquelle personne n’a pu empêcher de se déhancher (en douceur).
Après une Olympe à la finale rock, riche en guitares, Rosie Valland nous termine ça avec une Finalement qui vient nous rappeler pourquoi on aime tant ce petit brin de femme. Capable d’allier subtilité et intensité, de rocker tout en finesse, de jouer avec les mots…
Après ce spectacle, il ne faisait aucun doute dans mon esprit que Rosie Valland a déjà trouvé sa place bien à elle dans notre univers. Un joli petit jardin qu’elle pourra cultiver longtemps. Très longtemps. Pour notre plus grand bonheur.
C’est avec un album en français que l’auteur-compositeur-interprète de Québec Simon Paradis réapparaît cet automne. Intitulé L’issue du soir, cet album de « pas folk »-pop est un petit bijou aux coins parfois un peu rugueux écrit par Paradis alors qu’il vivait une période charnière de sa vie.
Pour ce faire, il a fait appel à ses complices habituels Hugo LeMalt (guitare), Renaud Pilote (batterie), Jane Ehrhardt (claviers) et Serge André Amin (basse) et il a enregistré ses chansons à divers endroits, dont à St-Frédéric-de-Beauce, au Pantoum et à Avatar, où il travaille. Méchante belle gang pour rendre les chansons de Paradis plus grandes que nature.
De bien belles chansons, d’ailleurs.
Qu’elles soient joliment pop-rock (avec un glaçage de synthés) comme Salon Balcon ou qu’elles prennent des airs solennels comme sur Corbeau, les chansons de L’issue du soir vont dans de nombreuses directions (hé, come on, y’a du synthé à la Vangelis sur Tempête!), mais elles gardent ce fil qui nous donne l’impression de regarder par la fenêtre ces tableaux brossés par Paradis.
Bon, si vous êtes du genre Garou, vous allez peut-être un peu irrités par la voix de Paradis, mais je ne vois pas qui aurait pu chanter ces chansons à sa place. Quand il chante le refrain d’Appartement, c’est avec une voix de gars désespéré qui frappe à la porte sous l’orage à 3 heures du matin un mardi soir. Chaque syllabe de chaque mot est parfaitement sentie et ressentie.
Musicalement, même dans les moments les plus tristes, on se croirait au Jardin botanique tellement ça fleurit de partout! Dans les chansons les plus douces comme dans les plus entraînantes, on trouve plein de moments d’émerveillement qui changent au gré des chansons. La mélodie, le solo de guitare, la couche de synthés, le rythme, le piano (si joli), tout finit par nous chatouiller les neurones.
Avec L’issue du soir, Simon Paradis a dressé dix portraits dans lesquels l’infiniment personnel se marie au grandiose. Le tout donne un ensemble complexe, ambitieux, mais tout à fait accessible, qui nous donne envie de distribuer des câlins.
Depuis quelques années déjà, la saison des festivals se termine pour plusieurs dans un petit village du Lac Saint-Jean situé entre St-Félicien et Mashteuiatsh où quelques centaines de personnes se rassemblent dans une grange pour célébrer une dernière fois la grande messe du rock avant l’arrivée de la neige. Fondé par le promoteur Pierre Thibault et Noël Fortin (le père de Fred), le Coup de grâce musical revient cette année du 9 au 11 octobre pour une septième édition. La programmation a été annoncée il y a déjà quelques semaines, mais on va s’y attarder parce qu’elle en vaut la peine, surtout si vous n’avez pas couru tous les festivals de l’été.
Le vendredi, La Grange célèbrera le stoner rock en accueillant Prieur & Landry, Sandveiss et Galaxie. Une soirée qui va brasser. En fin de soirée, c’est le garage psychédélique de Ponctuation qui sera à l’honneur à l’hôtel Saint-Prime.
Samedi, le vague de rock continue avec Les Fuses, Poni et Duchess Says dans La Grange. Au Vieux Couvent, on pourra voir Les Revenants et Mara Tremblay. Pour finir la soirée, on aura droit à un traitement spécial à l’hôtel St-Prime : un traitement Deuxluxes.
Le dimanche, on pourra voir Francis Faubert et Betty Bonifassi, qui achèvera le public de la grange avec son énergie unique.
Fait à noter, il n’y a pas de laissez-passer cette année, misant plutôt sur la vente de billets pour chacun des spectacles.
Pour en savoir plus sur Le Coup de grâce, visitez le site Web et la page Facebook de l’événement.
Après un premier maxi qui a fait tourner quelques têtes, voici le premier album, fort attendu, de la jeune auteure-compositrice-interprète Rosie Valland, Partir avant. Une très belle carte de visite folk nuancée aux accents atmosphériques qui s’écoute sans trop de mal du début à la fin, si ce n’est de cette impression constante qu’on a déjà entendu cette musique quelque part.
Album de rupture, un brin mélancolique, résolument atmosphérique, Partir avant a toutes les caractéristiques d’un album longuement mûri, peaufiné, travaillé. Accompagnée de Jesse MacCormack et de Jean-Philippe Levac (Pandaléon), Valland nous sert une collection de neuf chansons folk-rock sages, mais pas trop, qui lui ressemblent.
On a toujours peur quand on écoute un premier album, surtout quand il est fort attendu comme celui-ci. On a peur de se retrouver avec des chansons un peu naïves, un peu trop premier degré, remplies de rimes faciles et de jeux de mots primaires. Valland évite ces écueils : les textes sont beaux et touchants, le vocabulaire est riche, Valland chante ses émotions comme elle nous parle, et nous, ben nous restons là, suspendus à ses lèvres.
En musique, le power trio composé de MacCormack, Levac et Valland a réussi à envelopper ces textes avec de fort jolies musiques. Comme on l’a dit, c’est très atmosphérique, souvent très feutré, mais on n’a pas peur de sortir les sonorités plus rugueuses et intenses au besoin. Ce ne sont pas des chansons qu’on risque d’entendre très souvent à la radio (bien que Olympe et St-Denis ont un petit côté pop piqué des vers), mais ça, c’est surtout la faute des diffuseurs.
Seul hic, et dans mon cas, il est assez gros : dès les premières notes d’Oublier, on a une grosse impression de déjà entendu. Voilà, Rosie Valland a un timbre de voix qui ressemble beaucoup à une autre auteure-compositrice-interprète qui fait dans le folk-rock (Salomé Leclerc, pour ne pas la nommer). Ajoutons à cette (belle) voix un univers musical qui ressemble un brin à celui de Leclerc, et nous voilà un brin agacés. J’imagine que cet agacement sera moins grand chez ceux qui connaissent moins bien le répertoire de Salomé. J’imagine aussi qu’au fil des écoutes, cet agacement laissera sa place au plaisir d’écouter de bonnes chansons. Est-ce le fruit du hasard? Quand on lui demande de nous parler de ses influences, Valland parle plutôt de Cat Power, de Feist et de James Blake. Des influences que nous reconnaissons dans ces chansons, certes, mais pas aussi clairement.
Est-ce suffisant pour bouder son plaisir? Naaaah. Partir avant est un très, très chouette album qui, à notre avis, n’a qu’un vilain défaut. Combien d’artistes auraient rêvé pouvoir lancer leur carrière avec un tel album? Combien d’artistes ont des chansons qui frappent droit au coeur comme Finalement ou Nucléaire? Il y en a plein qui n’y arriveront pas, même en s’essayant pendant des années et des années.
Sur ce plan, Partir avant est une réussite. Rosie Valland est lancée et rien ne pourra l’arrêter. À 23 ans, elle livre déjà des chansons magnifiques, émouvantes, parfois un brin troublantes, qui parlent autant au coeur qu’à la tête. Une écoute est de mise.
Rosie Valland sera au Pantoum le 24 septembre prochain. Détails : https://www.facebook.com/events/878489625571511/
Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!
Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »
Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, maisj’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).
La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »
Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »
Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »
L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »
Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil, c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!
L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.
Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »
Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.
On va être là.
Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.
CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!