Une foule de personnes de tous âges et en tout genre s’était massée devant la scène de l’Anti hier soir pour accueillir Avec pas d’casque. Précédé de Marie-Ève Roy, le groupe a su installer une ambiance féérique autant par sa musique que par ses interventions sur scène.
Avec pas d’casque
Avec pas d’casque, c’est cinq (bons) musiciens et une ribambelle d’instruments dont les sons, mélangés, offrent une richesse de couleurs musicales ; lap steel, cor, synthétiseurs et les traditionnelles guitares, basse, batterie contribuent à créer une atmosphère tantôt énergique, tantôt très introspective. Le tout est accompagné des textes humbles et poétiques de Stéphane Lafleur qui, en une économie de mots, nous livre tant de belles images.
Avec pas d’casque – L’Anti Bar et spectacles – 26 novembre 2016
Le groupe a commencé avec quelques pièces plus récentes tirées d’Effets spéciaux, leur dernier album sorti en septembre. La qualité du son (merci David au son) et la maîtrise des musiciens leur ont permis non seulement d’atteindre un résultat comparable à celui de l’album, ils le bonifiaient d’une ambiance et d’une force qu’on ne connaissait pas aux chansons. L’effet était visible sur les spectateurs, comme si leurs âmes resurgissaient sur leurs visages tandis qu’ils se balançaient de gauche à droite sur leurs pieds. Derviches tourneurs avait particulièrement du mordant en live, surtout qu’elle était bonifiée d’un solo de guitare de Simon Trottier, qui a intégré le groupe cet été et qui savait se démarquer sur scène.
Avec pas d’casque – L’Anti Bar et spectacles – 26 novembre 2016
Stéphane Lafleur et les autres musiciens ont aussi beaucoup interagi avec l’auditoire au cours de la soirée sur un ton chaleureux et blagueur. Le chanteur s’est même levé pendant une bonne partie du spectacle pour voir et être vu par les spectateurs à l’arrière, lui qui joue habituellement assis. On a pu fredonner Hu-hum tous en chœur avec le groupe, rire en leur compagnie. L’attitude des musiciens sied bien leur musique qui, même quand elle est triste, reste pleine de lumière.
Les amateurs du groupe n’ont pas été laissés sans reste. Comme c’était le dixième anniversaire de leur album intitulé Trois chaudières de sang, Avec pas d’casque l’a dépoussiéré pour nous jouer En attendant que ça paye, au plus grand plaisir des fans de longue date. Plusieurs chansons phares des autres albums ont aussi été jouées, que ce soit Talent, La journée qui s’en vient est flambant neuve, ou encore L’amour passe à travers le linge. Ces pièces ont toutes en commun leur énergie contagieuse, qui a rapidement investi la foule pour lui commander de sautiller, de sourire et de danser.
D’autres titres, comme Walkie-Talkie ou Joël, nous ont fait chanter ensemble. À la demande du groupe, on a même dansé un slow sur Nos corps (en ré mineur). J’ai moi-même eu pour compagne Marie-Ève Roy, et ce fut l’occasion de plusieurs fous rires !
Avec pas d’casque – L’Anti Bar et spectacles – 26 novembre 2016 : Le slow
Marie-Ève Roy
Après 20 ans de tournée avec les Vulgaires Machins, Marie-Ève Roy était prête pour autre chose. C’est ce qu’elle est venue nous montrer en nous offrant les premières chansons de sa carrière solo.
Marie-Ève Roy – L’Anti Bar et spectacles – 26 novembre 2016
Tantôt au piano, tantôt à la guitare, elle nous a fait découvrir une musique sobre, pleine de tendresse et teintée de mélancolie. Ses chansons étaient entrecoupées d’interventions comiques ou à cœur ouvert sur son passé punk dans son «groupe de gars». Sa prestation a permis de commencer le spectacle tout en douceur.
Le jazz et la philosophie sont descendus de leurs hautes sphères hier soir pour venir partager une idylle avec nous sous la forme de Flâneurs Romantiques. Compte-rendu du lancement du troisième disque de la Troupe, merveilleusement introduit par la performance de Miss Sassoeur & les Sassys.
La Troupe des Flâneurs Romantiques
La Troupe des Flâneurs Romantiques / Crédit photo: Émilie Tremblay
Pour l’occasion, la Troupe est venue en version full band. Aux quatre membres habituels – soit Gabriel Côté à la guitare, Thierry Sterckeman à la contrebasse (le GROS violon), Audrey-Anne Roberge au saxophone et Alexandre Therrien au trombone à pistons – se sont ajoutés deux des trois musiciens qui ont contribué à l’album : Philippe Grant au piano et Édouard Poliquin-Michaud à la batterie.
Afin de mettre la table, le groupe a commencé avec quatre pièces de leur dernier album, Égoportrait. Les accords bien placés du pianiste et les rythmes originaux du batteur sont venus ajouter de nouvelles couleurs aux chansons qu’on connaissait déjà et la formule à six musiciens permettait de bien accompagner chaque solo.
Grâce à une «transition extraordinaire», telle qu’annoncée par Gabriel Côté, nous sommes ensuite passés aux quatre pièces de résistance qui composent La simultanéité des contraires. On a été agréablement surpris par la fougue des musiciens dans les parties improvisées. La légèreté a tout de suite donné le ton du troisième album : on y retrouve le mélange (ou plutôt le contraste) entre le jazz cool et langoureux du premier et le groove sous-jacent du deuxième. Cependant, c’est avec La diaphanéité qu’on a pu remarquer que le groupe avait aussi exploré de nouvelles avenues avec ce disque, sans doute en raison de la collaboration de nouveaux musiciens.
On ne peut aborder la Troupe des Flâneurs Romantiques sans parler de leur auteur-compositeur et porte-parole Gabriel Côté. À travers ses interventions d’éternel philosophe – déstabilisantes, mais toujours drôles – il nous guidait à travers les pièces ou nous racontait des anecdotes plus ou moins douteuses. Après La simultanéité des contraires et Égoportrait, ce dernier nous a invité à entendre aussi quelques pièces de leur tout premier album, apparemment «extraordinaire pour faire ses devoirs ou pour accompagner les actes de l’amour». Après avoir laissé beaucoup de place à ses musiciens dans les premières pièces, Gabriel a choisi cette occasion pour nous montrer de quoi il était capable.
Au rappel, le groupe a redoublé d’énergie pour nous livrer un standard retentissant : Tenor Madness de Sonny Rollins.
Miss Sassoeur & Les Sassys
Miss Sassoeur & les Sassys / Crédit photo: Émilie Tremblay
Quoi de mieux pour commencer la soirée que la belle découverte musicale que fut Miss Sassoeur, la chanteuse principale, et les Sassys, ses choristes? Avec leur mordant, leur attitude et leurs chorégraphies, les membres du groupe qui «a plus de S que toé» ont vite installé une belle ambiance. Le public, timide mais attentif, n’avait besoin que de cela pour se laisser aller graduellement à son enthousiasme. Décidément, le groupe avait travaillé sa mise en scène.
En revisitant différentes musiques populaires d’influence afro-américaine ou latine (soul, gospel, blues, Motown, calypso, habaneras, etc.), le groupe de Montréal trouve son originalité dans ses textes chantés dans une langue qui leur est propre : un post-créole qui mélange anglais, français et jargon québécois pour rythmer les pièces. Les harmonies a capella des choristes recréaient l’ambiance des girl groups des années 1960 tandis que la chanteuse nous charmait avec sa voix riche en émotions et très soul. Nul besoin d’autre chose qu’un clavier pour accompagner le tout.
Depuis ses ébats littéraires infidèles avec Arielle Galarneau au lancement de Lesbo Vrouven, mon chroniqueur Simon Provencher a apparemment pris l’habitude de délaisser mes articles du Pantoum. Il a dit qu’il avait un spectacle en même temps que le mien, mais je ne le crois pas. MENSONGE. J’ai essayé d’être drôle à sa place, mais je n’ai pas autant de talent que lui. REVIENS SIMON ! JE TE JURE QUE JE VAIS CHANGER !
Clay and Friends, qu’on a eu l’occasion de voir au Show de la rentrée 2015 à l’Université Laval, ont lancé un troisième simple le 16 novembre dernier. Intitulée TITO, la chanson raconte une histoire d’amour déçu et de vol de guitare, apparemment basée sur des faits vécus. Le tout a été mis en images avec la collaboration de Karimi Lite, qui s’est occupé entre autres de l’animation.
https://www.youtube.com/watch?v=KGjN40ADBoQ
Avec TITO, qui suit Dans ma citéet Don’t Need, Clay and Friends montrent la variété dont ils sont capables en conservant malgré tout la touche qui leur est propre. Ces chansons, toutes accompagnées d’un vidéoclip, nous ont été dévoilées à plusieurs mois d’intervalle depuis avril dernier. Elles laissent entrevoir la vibe qu’aura le prochain album, sur lequel le groupe travaille actuellement en studio.
Pour ceux qui seraient à Montréal, on pourra y voir Clay and Friends en performance dans le cadre du GAMIQ ce dimanche.
Les Rock & Pabst, «une initiative lorettaine», animent depuis quelques années la vie étudiante du Cégep Sainte-Foy. C’est en général l’occasion de découvrir des groupes locaux ou émergeants dans une ambiance pour le moins festive. Jeudi dernier, les organisateurs faisaient un légère entorse à la règle en présentant un groupe déjà assez bien établi parmi la relève à Québec : VioleTT Pi.
Seul nom sur l’affiche, le groupe a attiré une bonne quantité de spectateurs, de sorte que le café Wazo était bien rempli. La soirée s’annonçait mouvementée et assez bien arrosée, à voir aussi l’achalandage au bar (qui vend maintenant autre chose que de la Pabst !) dès le début de la soirée. Les musiciens, dans leurs meilleurs accoutrements, ont pu commencer à jouer vers 20h45. On a d’autant plus pu apprécier leur musique que le réglage du son était réussi, ce qui faisait parfois défaut dans les Rock & Pabst précédents.
VioleTT Pi / Crédit photo: Gabriel Potvin Caissy
Comment décrire la musique de VioleTT Pi ? C’est vraiment un défi. C’est avant tout un punk-rock franco éclectique, avec un côté fête foraine déjantée. Les musiciens y mêlent parfois des mélodies à saveur électro, tandis que le chanteur à la voix pour le moins versatile fait tantôt des vocalises suraiguës, tantôt du rap ou du scream assez expérimental. Le tout, assez dissonant, déborde d’énergie en raison de l’intensité et de la précision des musiciens.
Le public des Rock & Pabst, qu’on connaît aussi pour son intensité, n’a pas mis trop longtemps avant de sauter partout, transformant le parterre presque en entier en moshpit festif. Plusieurs spectateurs connaissaient les paroles des chansons du groupe, les chantaient avec lui. On a eu autant droit à des pièces de Ev, leur plus ancien album, qu’aux nouvelles chansons de Manifeste contre la peur, paru à la fin d’avril.
VioleTT Pi / Crédit photo: Gabriel Potvin Caissy
VioleTT Pi n’est pas resté de glace devant l’admiration et l’intensité de ses spectateurs. À la fin du spectacle, alors que le public en demandait encore, les musiciens sont montés une deuxième fois sur scène pour jouer Petit singe robot, un classique de leur répertoire. Selon certaines sources informées, le groupe ne fait pas systématiquement des rappels. Il faut croire que si la foule du Rock & Pabst a été charmée par VioleTT Pi, elle a aussi quelque chose de charmant pour les groupes au son desquels elle vibre.
Il y avait un monde fou au Pantoum vendredi dernier à l’occasion du lancement de Chocolat. Dès 20h30 c’était plein, et dès 21h le fun musical commençait. Compte-rendu d’une soirée où l’ambiance, comparable aux grilled-cheese Nutella servis pour l’occasion, était à la fois intense, insolite et délicieuse.
La Fête
La Fête / Crédit Photo: Marion Desjardins
La Fête était en charge de mettre l’ambiance avant l’arrivée de la tête d’affiche. Cocktail composé d’Antoine Provencher (Hoboïï, Vague Station, Les Avalés), de Samuel Gougoux (Nimbes, Pure Carrière, Victime), de Jean-Michel Letendre-Veilleux (Mom Jeans, BEAT SEXÜ, Anatole, Pure Carrière, etc… ) et de Simon Provencher (Nimbes, Victime, Medora), le groupe peut être perçu comme l’aboutissement des influences de ses différents membres.
Pendant que les deux grosses caisses de son crachaient leur musique psycho-planante aux rythmes complexes, les spectateurs écoutaient attentivement ou dansottaient. Le groupe a joué quelques pièces de son dernier maxi, paru en juillet dernier en version numérique sous l’égide de Pantoum records. On a aussi eu droit à une poignée de nouveautés. La Fête a su nous tenir en haleine pendant presque une heure avec ses chansons qui surprennent au détour de certains accords. Le costume flamboyant et les mimiques de Simon Provencher y étaient peut-être aussi pour quelque chose.
La Fête / Crédit Photo: Marion Desjardins
Entre les deux spectacles, la faune du Pantoum a eu un temps pour socialiser et se rafraîchir. Il y avait pour moi autant de visages connus que de visages nouveaux et l’ambiance était aussi festive que chocolatée.
Chocolat
Les membres de Chocolat sont arrivés sur scène vers 22h45, entourés du halo de leur renommée. Difficile à vraiment cerner, leur musique s’enroule autour du progressif, du rock psychédélique et d’un je ne sais quoi un peu déjanté qui fait leur charme. La voix de Jimmy Hunt ajoute une touche vaporeuse à des paroles décapantes ; synthés et saxophone colorient et enrichissent les chansons. Le tout est exécuté à merveille par des musiciens accomplis.
Chocolat / Crédit Photo: Marion Desjardins
Bien qu’on ait appelé la soirée «Lancement de Chocolat», le programme du groupe s’est avéré être beaucoup plus riche qu’on pouvait le penser. Ils ont été généreux avec un public qui a su profiter de cette opportunité. On se rappellera que Jean-Étienne Collin Marcoux, dans une entrevue donnée précédemment, nous avait dit que le groupe avait été invité en partie pour faire un cadeau à leur clientèle et en partie parce que «la gang de Chocolat, ce sont des musiciens avec qui on travaille à d’autres moments dans l’année et qui avaient vraiment envie de faire ça ici parce que c’est un projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont envie de le faire avec des amis plutôt que dans une salle de spectacle lucrative».
Alternant donc entre nouveautés et anciennes pièces, le groupe nous faisait osciller entre découvertes et retrouvailles. Ça n’a pas pris beaucoup de temps avant que ce mélange explosif fasse lever la foule. Sautant, se bousculant amicalement, chantant, hochant de la tête, dansant, les spectateurs ne pouvaient faire autrement que de bouger face à l’intensité délivrée par le groupe et qui n’a pas tarie avant la fin du spectacle. Le plancher en tremblait. Seul hic, à travers les chansons déjà bien connues de leur dernier album Tss Tss, il a été plus difficile de distinguer les nouvelles pièces du groupe ainsi que leur évolution par rapport aux anciennes. C’est une découverte qu’on pourra tous faire en écoutant l’album !
Chocolat / Crédit Photo: Marion Desjardins
Toujours est-il que la soirée dans son ensemble a été un succès. Vers la fin de la soirée, les spectateurs ont pu reconnaître Ah Ouin, le simple du nouvel album qui était sorti un peu avant le disque complet. Au final, Chocolat nous a laissé sur notre faim même après un rappel de deux chansons, et on aurait bien pris un autre set complet pour nous enivrer davantage.
«Chocolat c’est Pink Floyd qui a tourné à gauche au lieu d’à droite en 1971.»
– Hubert Michaud
Chronique n°3 par Simon Provencher [Extrait d’une vraie conversation]
«C’est comme ça que je cruise en fait» – Simon Provencher
Votre chroniqueur dévoué / La Fête / Crédit Photo: Marion Desjardins
Veux-tu savoir quelque chose de cool? Je joue dans un band. Ouais on est pas pire je pense. Nos influences principales c’est U2, Linkin Park et Steeven Reich. Ouais je sais c’est quand même vraiment expérimental mais ça marche bien ensemble. Je suis tanné de voir des bands qui osent pas, il faut savoir être provocateur avec la musique, tu sais. Le public à Québec comprend pas vraiment.
Ouais on a joué avec Chocolat, ils sont correct là j’ai quand même hâte de moins jouer avec des groupes locaux. Messemble qu’on est un peu trop bons pour ça. Je sais pas trop ce qui s’est passé par contre, notre technicien de scène a du faire quelque chose à ma guitare, je sonnais pas trop accordé. Et c’est dur faire un bon spectacle quand j’ai pas de fromages dans la loge. Il y avait pas vraiment de loge en fait. Le Pantoum c’est pas la meilleure place, ils sont pas vraiment professionnels.
Si tu veux on a une chambre d’hôtel. Les trois autres gars sont là mais ils sont habitués.
Vous avez peut-être récemment entendu parler de Tous Azimuts, un groupe de Québec qui a joué au Show de la Rentrée de l’Université Laval cet automne. Après la sortie de leur deuxième album complet en mai 2015 (Kilomètre Zéro), ils ont fait quelques spectacles à Baie-Saint-Paul, Montréal et Québec. On pourra d’ailleurs les voir au Pantoum ce vendredi 28 octobre.
C’est cependant en studio qu’ils se sont le plus souvent retrouvés au cours de la dernière année, et ce, dans le but d’enregistrer un troisième album à paraître bientôt. Pour l’occasion, on a rencontré Jordane Labrie et Clément Desjardins, deux membres du groupe, pour discuter de l’album et, au passage, de la scène émergente en général.
Changement de formation
En fait, le prochain disque se trame depuis longtemps : « Durant le processus de Kilomètre Zéro, incluant la promotion et tout ça, on a continué à composer des chansons », explique Clément. Pendant cette période, le groupe a aussi été amené à revoir sa formation : « On s’est retrouvé à ramener [les chansons] à leur plus simple expression, à les jouer moi, Jordane et Hubert à trois, et ça sonnait super bien », ajoute-t-il.
Cette nouvelle formule, qui a tout d’abord été imposée par différentes contraintes, s’est aussi avérée être pour eux l’occasion d’expérimenter de nouvelles avenues musicales, comme le raconte Jordane, la chanteuse du groupe : « Avant on attendait d’être disponible tous les cinq pour pratiquer [les deux guitaristes, la chanteuse, le bassiste et le batteur], mais on a réalisé qu’il y avait beaucoup de force aussi à changer la formation et à jouer avec de nouveaux musiciens. On essaie de rendre ça un peu plus collaboratif. Ça amène les chansons ailleurs et ça amène de nouvelles idées. »
Tous Azimuts: Clément Desjardins, Jordane Labrie, Hubert Michaud . Crédit photo: Elias Djemil
L’enregistrement
Tous Azimuts, session d’enregistrement. Crédit photo: Elias Djemil
L’enregistrement du troisième album reflète bien ces deux nouveaux aspects. En effet, ce dernier s’est fait en deux sessions relativement différentes sur le plan instrumental. La première, plus intime, avait selon les musiciens interrogés quelque chose de magique. « C’était en décembre, durant le temps des fêtes, tempête de neige, raconte le guitariste. On a placé un dispositif de studio dans un vieil appartement en bois, on a amené tout le monde, on avait beaucoup de bière… c’était vraiment un moment parfait! Et là on a ouvert les micros, pis ça s’est juste passé », poursuit-il. « On s’était dit : on va prendre trois ou quatre sessions pour enregistrer cinq tunes, et sérieusement, on a fait une soirée et on a tout enregistré », complète Jordane. « Le mojo de ces tracks-là est tellement hot qu’on se dit qu’on ne serait jamais capables de refaire ça si on voulait », explique Clément.
Ils ont pourtant rejoué quelques premières chansons lors de la deuxième session, cette fois en version full band. « La deuxième [session], c’était à la même place, au mois d’avril, explique Clément. On a refait le même setup en espérant recréer la magie, ce qui est quelque chose qui arrive rarement. Ça s’est quand même bien passé », conclut-il. « On a retravaillé sur les premières chansons qu’on a faites, on a ajouté drum et clavier. Pas sur tout, sur certaines », ajoute Jordane. Ils ont aussi complété l’ensemble de leur album en enregistrant les pièces manquantes.
L’album, comme on peut le deviner, est donc presque complet. Le groupe est cependant partagé quant au choix des versions à mettre dessus : « On est un peu hésitant à savoir si c’était meilleur juste le momentum de la première fois ou si la jonction de ces deux moments-là donne quelque chose de plus intéressant, explique en effet Jordane. Et on a des avis un peu divisés là-dessus », poursuit-elle.
Une question professionnelle
Outre ce choix artistique, le groupe est aussi confronté à un choix professionnel à la veille de la parution de leur album : « On s’est demandé si, après avoir fait dix chansons, on devait en ajouter une qui pourrait passer à la radio, parce que le constat qu’on a eu, c’est qu’il n’y en a pas une qui a le potentiel de jouer à la radio dans l’état où elles sont. » C’est un enjeu nouveau pour le groupe, qui a eu depuis longtemps comme objectif de faire de la musique sans même penser à faire de concessions artistiques à l’industrie.
Or, maintenant qu’ils sont plus établis, qu’ils ont un studio et qu’ils sont en un sens autarciques en terme de production d’albums, les membres du groupe ont un avis plus partagé sur la question : « Je me dis que c’est plate d’avoir travaillé autant et d’avoir autant de chansons fortes, qu’il manquerait peut-être une tune un peu plus hit pour qu’on soit connus, explique d’une part Jordane. J’ai l’impression que, des fois, il faut juste une porte d’entrée pour entrer dans un album et apprendre à l’apprécier. Si c’est juste cette tune-là qui nous manque, ça vaut peut-être la peine de plancher dessus pour mettre en valeur les autres. »
D’autre part, Clément a une opinion opposée : « En ce moment, je ne le ferais pas. Je sortirais l’album, j’en ferais un autre, pis fuck them. De toute façon on n’en vend pas plus, de la musique », lance-t-il tout d’abord. Après réflexion, il ajoute ensuite, en parlant des deux sessions d’enregistrement : « On a comme deux moments, deux éphémérides qui sont super complets, et moi, en réécoutant l’album, je trouvais qu’il était prêt. Ça convient bien au thème de l’album aussi, la fragilité du temps qui passe et qui est irrécupérable. »
Tous Azimuts: local d’enregistrement, dans un bâtiment maintenant détruit. Crédit photo: Elias Djemil
Un problème d’industrie
Clément, qui fréquente depuis longtemps la scène québécoise, se dit en effet que l’industrie n’a plus de quoi soutenir financièrement les groupes émergents : « Il n’y a plus de classe moyenne en musique. Rednext Level, quand ils chantent sur le fait qu’ils espèrent juste gagner 40 000 $ en faisant de la musique, c’est parce que ça n’existe plus pantoute. Je me demande si Daniel Bélanger pourrait gagner sa vie en musique en 2016 et je n’en suis pas certain. »
L’industrie est selon lui fortement affectée par les nouvelles plateformes de musique en streaming : « C’est avantageux pour Madonna pis pour Taylor Swift ou Metallica, mais… la compagnie de disque [où je travaille] a fait, je pense, 2000 $ en tout avec ça, et tu ne payes même pas l’imprimante avec ce montant, explique Clément. Il y a une partie des revenus qui s’est effondrée. C’est pas redistribué nulle part », poursuit-il.
C’est en partie en raison de cette précarité monétaire plus générale, selon Jordane, que les artistes émergents ont aussi la vie plus dure : « Il y a moins de diffuseurs qui sont intéressés à avoir de la musique originale que les gens ne connaissent pas nécessairement, parce que c’est moins safe et qu’il y a moins de buzz qu’il pouvait y en avoir avant pour de nouveaux artistes. » La question du public est, en outre, un autre cas.
Le domaine de la musique permet donc de moins en moins, selon les deux musiciens, d’être reconnu en tant que professionnel de la musique, c’est-à-dire d’être rétribué en conséquence au sein de la société, tout en conservant l’aspect original et artistique de sa création : « T’as un compromis à faire, et c’est de choisir entre le mode de vie et la qualité artistique », explique Clément.
Le groupe a choisi la deuxième option en espérant tout de même un jour vivre de sa musique : « Si on est capable un jour de vivre uniquement de ça, ça serait le meilleur des mondes… Faut pas non plus être naïf en se disant que ça va arriver si on ne fait rien. On met toutes les chances de notre côté, on fait tout ce qu’on peut. Et il ne faut pas trop se décevoir si ça ne se fait pas dans l’immédiat, parce que c’est difficile », affirme Jordane. Clément, lui, déplore la condition sociale et économique des artistes émergents dont Tous Azimuts fait partie : « Faut vraiment faire ça par passion parce que sinon… c’est dur de faire ça en se disant que ça ne sert à rien… c’est dur de vivre avec l’idée qu’on ne sert à rien », conclut-il.
En conclusion
Tous Azimuts. Crédit photo : Elias Djemil
Somme toute, les membres de Tous Azimuts ont décidé de ne pas se laisser abattre par cette réalité et de poursuivre longtemps leur activité artistique. Ils travaillent déjà, d’ailleurs, à leur prochain album. « C’est pas drôle, on prépare notre quatrième et on n’est pas connus! », dit Clément à la blague avant d’ajouter, sur le même ton : « Jordane a vingt-trois ans, moi aussi, alors à trente ans, on va en avoir au moins cinquante, des disques! »
Le troisième album, qui aura pour nom La course du soleil, abordera la question de l’éphémère, du deuil, mais aussi de thèmes récurrents du groupe comme le temps qui passe ou la route. Peut-être pourrez-vous en entendre quelques-unes au Pantoum ce vendredi! On peut aussi s’attendre à un lancement haut en couleur, selon ce qu’a laissé entendre le groupe en entrevue.
Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées au Pantoum hier soir à l’occasion du lancement de Le Charme. Fuudge était au rendez-vous pour mettre de l’ambiance et Walrus, de passage à Québec, s’est ajouté au programme. Compte-rendu d’une soirée qui aurait mérité le titre de nuit psychédélique.
Walrus
Walrus Crédit: Alice Chiche
C’est Walrus qui a fait résonner les premières notes de la soirée, aux alentours de 21h45. Originaire d’Halifax, le groupe était en tournée depuis trois semaines et terminait son périple au Pantoum. Dès les premières volutes de leur musique rock digne de l’époque de Woodstock, l’atmosphère psychédélique s’est installée doucement. À la manière de groupes comme Jefferson Airplane, ils nous ont fait voyager et retrouver le sens originel du terme planant, utilisé de nos jours à toutes les sauces. Il est intéressant de souligner la force des contrastes que le groupe savait faire ressortir en jouant tantôt avec une lenteur savoureuse et tantôt avec une vitesse enivrante.
Fuudge
Fuudge Crédit: Alice Chiche
Vers 22h50, Fuudge prend place et nous balance son rock psychédélique aux couleurs variées qui s’accompagne tantôt de voix en harmonie, tantôt de la performance vocale (cris, grognements, chant) du chanteur principal. Si le groupe de Montréal cherche à être original en augmentant le nombre de u dans son nom – paraît que c’est la seule façon de se différencier des dizaines d’autres groupes portant le nom de Fudge et qu’ils pensent à s’ajouter un troisième u – leur musique elle aussi se distingue et se compare à peu d’autres. On peut seulement dire que si la musique de Walrus peut s’apparenter à un trip de champignons magiques, celle de Fuudge peut se comparer à une ligne de coke ou deux, plus trash, plus brusque, uptempo et contenant une bonne dose de maîtrise technique et d’énergie.
Le Charme
Si l’on voulait pousser l’analogie encore plus loin, il faudrait aller jusqu’à dire que Le Charme, qui a présenté son disque aux alentours de minuit, nous a fait entrer dans le monde des héroïnomanes. Nous plongeant parfois dans des atmosphères intenses pendant lesquelles les musiciens exploraient les sonorités et les dissonances de leurs instruments (big up au batteur qui s’est montré particulièrement habile à ce jeu), ils nous surprenaient à d’autres moments par un rock stoner sur les bords, accompagné par les cris du guitariste ou la voix vaporeuse du chanteur. Et si Walrus était doué pour les contrastes de vitesse, ce sont ici les contrastes de dynamique qui étaient marquants.
Signé avec le Pantoum, Le Charme a présenté la soirée d’hier comme marquant le jour 1 d’une ère nouvelle pour le groupe. En quelque sorte au début de leur parcours musical, on les a sentis peut-être un peu dispersés au début du set, jusqu’à ce qu’ils gagent en assurance pour nous lancer au visage leur dernière pièce, jouée avec intensité et plus d’aisance. Ils ont été applaudis chaudement par le public à la fin de leur spectacle et on est tous rentrés chez nous ivres de psychédélisme (et ivres aussi, pour certains), les mauvais effets en moins.
Le Charme Crédit: Alice Chiche
Chronique de la porte #2:
J’aimerais bien écrire un commentaire mais je n’ai pas pu voir le spectacle. Non pas parce que j’étais prisonnier de la porte, mais bien parce qu’il se trouvait, gravé dans mes rétines, le spectre obsédant d’un spectacle pornographique non désiré.
J’explique: j’ai fait la connaissance, via mon ami Vincent, d’un dénommé Ashraf. Et j’ai pris la mauvaise habitude de l’ajouter à toutes mes conversations de groupe sur Facebook. Ce vilain personnage a lui aussi une mauvaise habitude, celle d’envoyer de la pornographie à ses destinataires à des moments inopportuns et de les insulter dans un anglais somme toute vacillant.
Vendredi était une de ces journées où je m’amusais à le «niaiser» sur l’internet avec l’aide d’une complice. Un sain plaisir de la modernité selon moi, du moins jusqu’à ce que notre ami indien tombe étrangement amoureux de la dite complice et nous envoie des preuves vidéos de ses rituels masturbatoires.
Ainsi, j’ai fait la porte au Pantoum, blessé dans mon intimité, imperméable à l’art, mais néanmoins impressionné d’avoir pu faire partie des rites tactiles d’un étranger à l’autre bout du monde. Mes oreilles se sont régalées, moi aussi en fait parce que les grilled-cheeses d’Alice étaient savoureux, mais mes yeux ne pensaient qu’à Ashraf.
«Je ne te parle pas des femmes, je te parle des sirènes. Pour celles que je navigue, la terre des hommes.» C’est avec ces paroles de sa chanson Terre des hommes que Pierre-Hervé Goulet a introduit tout en musique le thème de l’album qu’il nous présentait hier soir au District, en formule 5 à 7. Monté sur scène aux alentours de 18h et accompagné de deux musiciens (François Turcotte au cajun et Marie-Pierre Bellefeuille au clavier), il nous a présenté dans le désordre les différentes pièces de Faut qu’on bouge, entre histoires de femmes et hommages aux réalités de la vie.
Pour cette occasion, amis, famille, proches et curieux s’étaient réunis et comblaient les tables, les bancs et le parterre du District. Une atmosphère de bonhomie était installée avant même le début du spectacle, atmosphère qui s’est prolongée tandis que Pierre-Hervé discutait avec le public en présentant ses chansons. Nous avons même eu droit à quelques titres bonus ainsi qu’à une finale éclatante pendant laquelle les musiciens reprirent différentes chansons d’Eminem, ce «grand poète américain», dans un medley coloré et festif.
Côté musique, on peut dire de Faut qu’on bouge qu’il y en a pour tous les goûts. Du blues éraillé de Paumé aux accents plus reggae de Terre des hommes en passant par des chansons plus uptempo, Pierre-Hervé Goulet explore une grande variété de styles qui dialoguent entre eux à travers la guitare, le clavier et le cajun. Tout cela pour mettre en évidence la voix du chanteur, qui lui est propre. On l’a comparée tantôt à Daniel Bélanger, à Jimmy Hunt ou même à un François Pérusse sérieux, mais elle a son individualité et sa polyvalence. Et qui dit voix dit textes, qui jouent dans Faut qu’on bouge avec les mots pour créer des rimes et des rythmes intéressants. La maturité de l’ensemble dévoile une expérience musicale derrière l’impression de nouveauté que laisse l’idée d’un premier album.
Nombreux sont ceux qui ont contribué au succès du 5 à 7, et il faut d’ailleurs souligner le travail de Richard Samson et de Clément Desjardins qui se sont respectivement occupés des décors aux saveurs de bord de mer et des projections vidéo bien à propos. En somme, tous les éléments d’une bonne soirée étaient réunis et chacun a semblé y trouver son compte. Au premier rang : Pierre-Hervé Goulet tout sourire qui a quitté la scène après un rappel qu’on a chaudement applaudi.
Dans le cadre de la série ORBITE des Nuits psychédéliques, le Pantoum a accueilli hier soir une faune assez différente de celle qu’on y trouve à l’habitude. Surtout vêtus de noir, grandes barbes et cheveux longs, ils (et elles, mais sans les barbes) étaient venus apprécier l’intensité des trois groupes à l’affiche : Metacognition, Hopital et Grand Morne.
Metacognition
C’est Metacognition qui a commencé le spectacle vers 21h30 avec ce qu’on pourrait qualifier d’une expérience sonore. Son de guitare déformé par les multiples distorsions, sons synthétiques réglés à la console, tout n’était que son et le peu de notes qu’on a entendu évoquaient les sifflements de machine plus que des instruments quelconques. Le résultat : du noise qui rappelle la musique contemporaine des années 1945 (musique concrète et bruitisme). À la fin de la performance, le public a chaudement applaudi les musiciens.
Hopital
Hopital nous a ensuite présenté son rock uptempo au rythme complexe et changeant. L’atmosphère harmonique, créée à l’aide une guitare électrique et de samples, était constante et plutôt répétitive, ce qui se rapprochait d’un effet de transe. Le public écoutait, attentif, et plusieurs hochaient la tête. Il faut saluer l’intensité du duo (batteur et guitariste), qui m’a rappelé la verve de Yonatan Gat lorsque je les avais vus au Festival OFF 2015.
Grand Morne
Finalement, aux alentours de 23h, Grand Morne prend place sur scène. Les gens se pressent sur le parterre pour voir le groupe, qui lançait hier soir son dernier album : Recifer. Ils nous ont balancé à la figure leur stoner prog. Qu’est-ce que c’est ? Des instruments électriques qui jouent des airs machiavéliques dans le registre très grave et avec beaucoup de distorsion sur un beat qui oscille entre le très lent et le très rapide. Une musique pour hocher de la tête et avoir l’air méchant. Si certains ont trouvé que le groupe était quelque peu répétitif dans sa musique, d’autres y ont trouvé un aspect coloré et poétique.
Chronique du vestiaire #1: les sons fatigués des crottes de nez
Simon Provencher, un habitué/bénévole du Pantoum ainsi qu’un rédacteur chevronné, se permet d’envahir mes articles pantoumesques pour y mettre sa touche de folie.
J’ai un défaut, un seul: je me fouille encore dans le nez. J’ai essayé souvent d’arrêter, sans succès. Je le fais sur un disque de Fet.Nat, je le fais en prenant vos manteaux, je le fais en tentant de séduire les quelques filles présentes au Pantoum, je le fais en écoutant Absolutely Free et je le fais en vous redonnant votre manteau. J’entends en sourdine le bruit assourdissant du premier groupe alors que le vestiaire entame un vinyle de Wild Domestic. Je vais aux toilettes… drôle d’odeur quand je vais en chercher une bonne croquante, peut être que je ne me suis pas assez lavé les mains. Marie-Ève me dit que ça ne la dérange pas… elle n’a pas de manteau. Je monte voir Hôpital. Je trouve ça excellent et je fouille à outrance.
Si vous avez eu la malchance de vouloir découvrir de la nouvelle musique vendredi soir, de sortir de chez vous pour vous baigner dans la culture avec un grand C, vous avez été en contact avec mes muqueuses, avec mes crottes de nez, avec un grand C.
«Québec c’est plate.» Vous l’avez déjà entendue aussi, celle-là ? Eh bien, on peut remercier l’entièreté de notre scène locale et émergente, qui nous permet de démentir cette affirmation. Parmi ses différents acteurs, on compte les membres fondateurs du Pantoum, devenu un véritable centre culturel pour les musiciens de la ville et d’ailleurs. Ils nous invitent d’ailleurs ce vendredi à sortir une fois de plus de notre zone de confort pour aller voir un spectacle de la rentrée dont la programmation est entièrement inconnue : ils nous gardent la surprise. À l’occasion de cet évènement, nous sommes allés interroger les deux musiciens à l’origine de cet endroit mystérieusement caché quelque part près du coin de la patate.
Mais qu’est-ce que le Pantoum ?
Jean-Etienne Collin Marcoux et Jean-Michel Letendre Veilleux DJ set de leur groupe BEAT SEXÜ au Festival OFF Crédit: Marion DesjardinsLe Pantoum Crédit: Marion Desjardins
Certains me le demanderont. À la base, c’était le projet de deux musiciens qui avaient envie de créer un «espace multifonctionnel doublé d’une communauté et de gens qui travaillent à développer la scène […], le tout recoupé dans un même espace», comme l’explique l’un d’entre eux. Cette idée, Jean-Michel Letendre Veilleux et Jean-Etienne Collin Marcoux (aux ambitions aussi grandes que leurs noms composés) la mènent à bien depuis 2012. Depuis, le Pantoum s’est doté d’une salle de spectacle, de studios de pratique et d’enregistrement, d’un service de sérigraphie ainsi que d’une boîte de diffusion et de production d’évènements relativement récente (Pantoum Records).
«Pendant longtemps le projet de label est resté un peu plus latent, puis finalement on a décidé de grossir notre équipe quand on a commencé à avoir un peu plus de groupes qui étaient vraiment nés du Pantoum, je pense entre autres à BEAT SEXÜ […]. On s’est dit que ça prenait vraiment un organisme de plus qui supporte ces bands-là et c’est là qu’on a décidé de partir la maison de disques, qui devient de plus en plus officielle, de plus en plus sérieuse depuis un an et demi ou deux ans», nous explique Jean-Etienne.
En effet, le Pantoum cherche surtout à répondre aux besoins des musiciens plus ou moins indépendants qu’ils regroupent : «C’est un peu ça l’objectif du Pantoum, ajoute Jean-Etienne. Il y a plein de services ici. Toi t’es un band indépendant, tu prends ce dont tu as besoin dans le pool.» Ils visent donc non seulement à regrouper tous les services qu’un band indépendant à Québec a besoin, mais aussi à personnaliser ces services en fonction du groupe avec lequel ils travaillent : «On n’appuie pas de la même façon des projets comme Le Charme, versus BEAT SEXÜ, versus Gab Paquet », conclut-il. En outre, la collaboration des groupes avec d’autres acteurs (maisons de disques, salles de spectacles, etc.) est favorisée par l’offre non exclusive de services au Pantoum, qui vise surtout à ouvrir les horizons de ces groupes.
Afin de parvenir à ces résultats, le duo est soutenu par une large équipe de bénévoles qui les aident à maintenir les activités du Pantoum ainsi qu’à organiser différents projets et évènements, comme le spectacle de la rentrée de vendredi.
Le show de la rentrée du Pantoum
Hologramme au Pantoum Crédit: Marion Desjardins
«Chaque année, on essaie de garder cet aspect-là un peu d’essayer de faire en sorte que les gens viennent et soient prêts en général, dans d’autres salles de spectacle, à débourser pour aller découvrir quelque chose qu’ils ne connaissent pas, m’explique Jean-Michel. J’pense que ça fait partie de notre manière de travailler à l’émancipation de la curiosité chez les gens.»
Cette année, la stratégie est simple : personne ne saura quels groupes ils vont voir jouer. «On leur impose d’avoir du fun, c’est un peu ça l’idée», ajoute Jean-Etienne. Cette idée de surprise plait beaucoup aux organisateurs, qui aiment se permettre des programmations complètement éclectiques. «Cette année, explique Jean-Etienne, il y a quand même une certaine liaison entre les bands. Il y a des trucs qui les unissent, mais ça reste tout de même trois univers complètement différents.»
Mais encore, à quoi peut-on s’attendre ? Selon les deux organisateurs, le spectacle devrait plaire autant aux novices qu’aux plus grands mordus de la scène indépendante. Au sujet de la tête d’affiche, Jean-Etienne nous confie que c’est «quand même un band qui actuellement vit une belle hype à Québec, qui a fait des shows cet été à Québec, et au OFF, et au Show de la Rentrée de l’université.» Ce dernier fera sans doute plaisir à ceux qui le connaissent comme à ceux qui le découvrent.
Le deuxième groupe, qui n’a joué qu’une seule fois à Québec dans un Rock & Pabst l’an passé, toujours selon les dires de Jean-Etienne, est encore très peu connu et constitue une «belle découverte pour la crowd d’ici». Finalement, le premier groupe qui jouera ce soir-là provient directement de la Ville de Québec, mais il est apparemment encore très jeune et donc encore à découvrir. «Tout le monde va trouver son compte dans ce genre de soirée là», conclut Jean-Etienne.
Un aperçu de la saison prochaine
L’Octopus au Pantoum Crédit: Jacques Boivin
Le spectacle de la rentrée amorcera aussi la nouvelle saison du Pantoum, qui est d’une certaine façon en continuité avec les saisons précédentes : «L’esprit de la place, c’est un espace de découvertes, explique Jean-Michel. Ça peut parfois déroger un peu de ça, mais dans l’ensemble le but de l’endroit c’est de faire découvrir des groupes et que cet endroit serve à des groupes qui en ont vraiment besoin.» C’est pourquoi il y aura au menu des groupes comme The Luyas (16 décembre), dont certains éléments sont connus et qui dans l’ensemble méritent de l’être, ainsi que Le Charme, groupe signé Pantoum qui lancera son album le 14 octobre prochain en compagnie de Fuudge.
Parlant de déroger, il ne faut pas manquer de parler de l’attendu lancement d’album de Chocolat, qui aura aussi lieu dans les murs du Pantoum en novembre. Pourquoi faire une exception pour un groupe aussi connu dans le milieu que Chocolat ? «Notre clientèle habituelle, explique Jean-Etienne, c’est quand même le genre qui trippent énormément sur Chocolat. Donc c’est un peu un cadeau qu’on fait à cette gang-là.» Parce que oui, le Pantoum gâte aussi ses spectateurs. «Et en même temps la gang de Chocolat, ce sont des musiciens avec qui on travaille à d’autres moments dans l’année et qui avaient vraiment envie de faire ça ici parce que c’est un projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont envie de faire avec des amis plutôt que dans une salle de spectacle lucrative», conclut-il.
Un passage précédent de Walrus au Pantoum Crédit: Marion Desjardins
Autrement, quelques groupes en tournée viennent aussi s’insérer dans la programmation. C’est le cas de Walrusqui, bien qu’ils soient devenus «le genre de band qui n’ont peut-être plus besoin de passer par le Pantoum» aux dires de Jean-Michel, passent par là le 14 octobre et seront donc accueillis par le Pantoum pour une soirée aux côtés de Le Charme et Fuudge.
Le Club Paradis : un nouveau projet dans les parages
De La Reine au Mammifest Crédit: Jacques Boivin
Parmi les derniers évènements dans lesquels le Pantoum s’est investi, on peut compter Open House QC, le Mammifest et le SPOT, pour lequel ils s’occupaient de l’évènementiel. Ces différents projets ont surtout pour but de faire rayonner la scène locale, qui est parfois(souvent) trop méconnue. Cette année encore, le Pantoum travaillera activement dans cette perspective par l’entremise de son partenariat avec le tout nouveau Club Paradis, sur Grande Allée.
«Le Club Paradis c’est pas quelque chose qu’on avait de prévu cette année, explique Jean-Etienne. On s’est fait approcher par Isaac Larose [l’auteur des Catfight Friday au Boudoir], qui est derrière le projet, qui est soutenu aussi par les propriétaires de la Taverne Grande Allée. […] Isaac proposait en fait d’exporter un concept de spectacle du Pantoum, qui est un concept très différent, très indie, dans une place qui est complètement loufoque : Grande Allée. » Attiré par le concept et charmé par l’ambiance intime de la salle, le Pantoum a accepté le projet.
C’est donc une sorte de pèlerinage par lequel le Pantoum cherchera à faire tout autant un «espèce de fuck you poli à Grande Allée» que de créer un «poste avancé de musique underground», qui d’habitude ne sort pas trop des limites de la Basse-ville, tel que l’explique Jean-Etienne.
Le Club Paradis, avec le Pantoum, fait aussi le pari d’aller chercher un nouveau public. «Il y a beaucoup d’enthousiastes de musique à Québec, poursuit Jean-Etienne. Au Festival d’Été, ce ne sont pas seulement des gens de l’extérieur qui consomment les spectacles. C’est principalement des résidents de la ville.» Et pourquoi ne viennent-ils pas en plus grand nombre aux spectacles de la scène locale et émergente ? «Est-ce que c’est parce que la Basse-ville fait peur, se demande Jean-Etienne. Est-ce qu’on est trop dans notre petit monde en Basse-ville ? L’idée c’est donc de créer quelque chose qui va être en Haute-ville, qui se frotte un peu aux trucs plus mainstream et aux trucs plus classiques.»
C’est comme ça qu’ils espèrent aller chercher des gens qui traînent sur Grande Allée et qui, curieux, entreront peut-être au Club Paradis. «Et là au lieu de tomber sur un chansonnier quétaine, ajoute Jean-Etienne, ils vont tomber sur un show de musique underground taggué Pantoum et à ce moment-là nous on espère qu’ils vont tripper sur ce qu’ils vont vivre.» Et si l’on se fie à la réaction des nouveaux visiteurs au Pantoum («Hein, il y a ça à Québec !»), selon le duo, le charme risque d’opérer.
Plus concrètement, le Club Paradis offrira donc, sous l’égide du Pantoum, des «soirées à 12 piastres dans un Club un petit peu perdu où tu vas avoir une espèce d’ambiance de feu», tel que décrit par Jean-Etienne. Ça commence dès demain, ce jeudi, avec IDALG et Funk Connection, et ça se poursuivra à raison d’un spectacle ainsi que quelques DJ sets par mois. C’est ce qu’ils ont décidé d’appeler les soirées Pantoum Paradise. «C’est lefun de pouvoir sortir des murs du Pantoum, conclut Jean-Michel. Il y a beaucoup de choses qui prennent du sérieux et ça commence à être vraiment excitant de manœuvrer ça.»
Pis, c’est tu plate Québec d’après vous ? Je vous mets au défi de le vérifier par vous-même.