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    [Entrevue] Suuns

    IMG_1398À l’aube de lancer leur 3e album Hold/Still, le groupe montréalais Suuns s’embarque dans ce qui sera sans doute une éreintante tournée. Des mélomanes partout en Amérique du Nord et en Europe vibreront dans les prochains mois au son de la musique oppressante, entêtante et singulière du quatuor. À l’écoute de ce 3e chapitre, un disque exigeant, mais tout aussi magistral que le précédent, il semble que le groupe n’avait qu’un but: outrepasser ses propres frontières. J’ai eu l’opportunité de rencontrer Ben Shemie (chanteur et guitariste) et Joseph Yarmush (guitariste et bassiste) avant une représentation à la sympathique taverne de Saint-Casimir.

    (Photos de l’entrevue Simon Desjardins / Concert Julien Baby-Cormier)

    IMG_1404Si le groupe avait enregistré les deux disques précédents à Montréal, ils ont cette fois décidé de sortir de leur zone de confort et d’aller enregistrer au Texas dans un modeste studio. «Nous avions l’option d’enregistrer n’importe où, mais l’idée était de sortir de Montréal pour nous concentrer 100% sur l’album chaque jour», explique Ben. Ils ont enregistré avec John Congleton, un réalisateur réputé (il a réalisé des albums pour des artistes de tout acabit, tels War on Drugs, St Vincent, Erykah Badu ou Sigur Ros). Questionné à ce sujet il poursuit: «On l’avait rencontré une ou deux fois, c’était un fan, il nous avait contactés pour nous dire qu’il voulait travailler sur notre prochain album. C’était super.» Le groupe a aussi modifié sa façon d’enregistrer, essayant de donner vie aux chansons en direct dans le studio plutôt que d’y aller avec des superpositions (overdubs). «Les chansons, nous les avions jouées, mais ce n’était pas des versions finales, on espérait que John nous aide à les finir et à choisir les meilleures versions(…) c’était plus comme des répétitions enregistrées». En parlant du processus de sélection, on apprend que certaines pièces dataient des débuts du groupe. «Translate (le premier extrait) par exemple était complètement différente, on l’avait déjà enregistré 3 fois», explique Joseph. Ils ont ainsi considéré autour de 17 chansons pour arriver à ce tout extrêmement cohérent et concis qu’est l’album Hold/Still.

    IMG_1405Le groupe voyage énormément pour supporter ses albums et si pour la première tournée (pour le disque Zeroes QC) le groupe faisait surtout des premières parties, celle derrière Image du Futur à vu le groupe être propulsé en tête d’affiche dans la plupart des grandes villes où il passait. Lorsqu’on leur demande s’ils avaient hâte d’embarquer dans cette tournée, Ben se fait convaincant: «on fait tellement de « prod » sur l’album et là c’est beaucoup de presse et de (répétitions) prétournée que je me dis : Let’s just fucking play some shows, et on est habitués maintenant (aux multiples allers-retours)». Suuns tente aussi de modifier la grille de chansons tous les soirs pour tenter de capter l’énergie parfois très changeante du public avec en trame de fond le désir de ne pas sombrer dans la facilité. «Ce ne sont pas toujours les mêmes chansons qui fonctionnent d’une place à l’autre», explique-t-il. Lorsqu’on leur demande quel a été le spectacle le plus marquant de la précédente tournée, ils élaborent sur un festival européen en particulier: «Glastonbury  (immense festival en Grande-Bretagne) c’était comme un rêve, c’est magique. C’est comme une ville-festival massive, c’est incroyable. On a été chanceux d’être sur un stage super-cool avec un bon line-up.» Ce n’est pas toujours le cas. Dans la catégorie des concerts bizarres, il y a celui au festival d’été en première partie de Marillion. «On jouait devant leurs fans… they hated it… Ils nous avaient demandé si on voulait faire ce spectacle-là et on a répondu oui sans hésiter. On a fini par avoir du « hate-mail » à cause de ce show-là.» Cependant, ils ont aussi leur part de louanges. Les Inrocks, célèbre magazine parisien, n’hésite pas à qualifier Suuns de groupe qui évolue dans une classe à part; parmi les meilleurs groupes du monde, rien de moins. À Saint-Casimir, malgré la maigre foule, ils ont projeté sur scène une unité qui transcende celle de bien des groupes de haut calibre; il fallait les voir enchainer les nouveaux morceaux dans ce spectacle avec une maitrise digne des fins de tournée. Des pros.

    Questionnaire musical en vrac:

    Y a-t’il un album qui a fait l’unanimité dans la van lors de la dernière tournée?

    Joseph:«Yes, Kendrick»

    Ben: «C’était la thématique de l’année cet album (To Pimp a Butterfly)»

    Dernier album acheté?

    Joseph:«L’album de Pang Attack» (un groupe de Montréal qui assure la première partie de Suuns pour quelques concerts)

    Ben: «Kaitlyn Aurelia Smith, tu connais? C’est vraiment bon, c’est de la musique électronique avec un peu de chant… it’s cool!»

    Quel serait votre album exutoire?

    Ben: «Du techno ou AC/DC»

    Joseph: «Des fois quand je suis stressé je joue Undertow de Tool, souvenirs d’adolescence…»

    Avez-vous des plaisirs coupables?

    Ben: «Probablement Madonna, l’album True Blue.»

    Joseph: «N’importe quoi de Rihanna.»

    Finalement la fameuse question. Quel serait votre album-île déserte?

    Joseph: « That’s tough… it’s a impossible question… White Album?»

    Ben: « Impossible Spaces de Sandro Perri, je l’écoute encore régulièrement, j’adore cet album-là»

    Suuns joue en compagnie de Moon King, Buck Gooter, Rishi Dhir, Pang Attack et Yonathan Gat au complexe Méduse, le vendredi 15 avril à partir de 20h dans le cadre des Nuits Psychédéliques.

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    Julien Baby-Cormier

    12 avril 2016
    Entrevues
    Ben Shemie, Joseph Yarmush, suuns
  • [ALBUM] Fred Fortin – Ultramarr

    [ALBUM] Fred Fortin – Ultramarr

    Déjà six ans se sont écoulés depuis que Fred Fortin a « plastré» de nouvelles compositions en solo. Il y a bien eu le corrosif Agnus Dei signé Gros Mené, véhicule créatif permettant à Fortin de nous balancer des pièces plus sales et juvéniles, mais inutile de dire que le successeur de l’excellent Plastrer la Lune était attendu. Il semble d’ailleurs que l’aventure Gros Mené lui a servi d’exutoire parce que Ultramarr, son nouveau disque, fait la belle part aux chansons folk alors que l’auteur du Lac semble avoir abandonné les guitares grinçantes et les riffs bétonnés. Loin d’être un reproche, on se retrouve avec un album plus homogène et mieux ficelé. Homogène oui, mais pas dans la structure des chansons; une des grandes qualités de cet album étant justement sa richesse mélodique.

    Fred Fortin a eu l’aide de Joe Grass pour le pedal steel guitar, de Brad et d’Andrew Barr (qui apparaissent sur 5 chansons) pour l’élaboration de ce riche paysage sonore. Quant à lui, Olivier Langevin, collaborateur depuis toujours, empoigne cette fois-ci la basse sur quelques chansons, tâche qui revient habituellement à Fortin. François Lafontaine aux claviers et Sam Joly aux percussions complètent le tableau avec l’aide de Pierre Girard pour la prise de son.

    L’album s’ouvre sur la douce Oiseau, fable aviaire fidèle à l’univers spleenétique de Fortin soutenue par l’habile batterie d’Andrew Barr. Dans Douille, le protagoniste qui cherche d’abord ses cigarettes vit dans un univers qui s’effrite entre les murs d’une psychose. La mélodie chantée par Fortin (appuyé par les synthétiseurs) accentue l’inquiétude qui émane d’une telle débarque. 10$, la pièce qui a inspiré la magnifique pochette réalisée par Martin Bureau semble dépeindre un curieux parallèle entre les courses de char et la vie effrénée d’artiste. Il y a ensuite des pièces comme Gratte (superbe solo de guitare de Brad Barr) ou la fabuleuse Tête perdue qui sont de curieuses bêtes mélodiques. Il y a d’ailleurs sur cette dernière un petit côté progressif qui rappelle par moment son album Planter le décor (on pense entre autre à la puissante Châteaubriand). La touche country-folk est toujours présente grâce à l’envoutante Molly et à Tapis Noir, une sympathique ode à la procrastination. Gros coup de cœur aussi pour Grippe, une magnifique pièce au rythme particulier où Fred chante un certain mal de vivre dans un rendu qui rappelle un peu Leloup. Chanson ironique pour notre ancien premier ministre, L’amour Ô Canada est jouissive malgré sa courte durée. C’est un pièce qui porte définitivement la signature de Fortin par sa richesse mélodique. Ultramarr, pièce titre de l’album, apporte un peu de soleil avec son rythme honky-tonk qui illustre la vie d’un couple de garagistes qui attendent impatiemment l’arrivée de la fin de semaine pour s’éclater un peu. Tite dernière, brève chanson écrite pour la série Les beaux malaises évoque des adieux pour conclure cet album magistral.

    Quelques écoutes suffisent pour comprendre que Fred Fortin a outrepassé les attentes. Sans renier son style habituel, il réussit à surprendre l’auditeur. Il y a toujours ce voile de fumée qui vient brouiller la frontière entre l’autobiographique et la fiction. Il y a toujours ces progressions d’accords inventives qui soutiennent des textes riches même si l’esprit juvénile d’autrefois fait place à une poésie plus rugueuse et recherchée. Il y a toujours ces tournures de phrases efficaces et d’une triste beauté comme dans Tapis noir: « J’ai un p’tit coeur patché au gaffeur tape loin du tien en hiver » ou Grippe: »Tu seras le fantôme de quelqu’un que t’étais et que t’as mis aux oubliettes ». Et il y a celui qui livre systématiquement des albums de qualité, mais qui atteint avec Ultramarr des sommets inégalés. C’est un disque somptueux et concis qui se dévoile tranquillement et qui a donc un très haut pouvoir de ré-écoute.

    Ce sera d’ailleurs intéressant de voir la grille de chansons du spectacle puisqu’on risque d’avoir droit à un concert plus tranquille. Les bonnes candidates ne manquent pas sur les albums précédents… à moins que le principal intéressé en décide autrement?

    Des concerts devraient être annoncés pour une tournée cet automne.

    Julien Baby-Cormier

    18 mars 2016
    Albums
    Brad Barr, Fred Fortin, Joe Grass, Olivier Langevin, Sam Joly, Ultramarr
  • [ALBUM] Les Goules – Coma

    [ALBUM] Les Goules – Coma

    Quelque part dans la nuit entre le 29 février et le 1er mars, sorti de nulle part, le spectre des Goules s’est rematérialisé laissant ses disciples dans une émotion trouble mixant stupeur et excitation. Les Goules seront restés dans le coma pendant 9 ans (avec quelques soubresauts d’éveil pour de rares concerts anniversaires), période pendant laquelle son chanteur Keith Kouna s’est lancé dans une aventure solo remarquée. Ils avaient d’ailleurs prétendu ne pas vouloir surfer sur la nostalgie plus longtemps; un futur retour des Goules s’accompagnerait de nouveau matériel. (voir à ce sujet l’excellente entrevue avec Keith Kouna parue en mai 2015 sur voir.ca)

    Nous y sommes: il y aura de nouveaux spectacles et du nouveau matériel. L’excellente nouvelle, il va sans dire, c’est que ce nouveau matériel est ancré dans l’ADN des Goules et les chansons sont d’une redoutable efficacité. C’est parfois irrévérencieux; Folk, ce pastiche Kaïn-ish en est l’exemple le plus probant, mais il y a aussi Parle Parle et Fermez vos gueules. Puis, d’autres pièces inquiétantes comme Coma, une des pièces les plus lourdes du catalogue des Goules, ou Bateau Mort. On retrouve bien sûr ces petits brûlots typiques de l’univers des Goules, Piranhas et Coat de Cuir, portraits de types tourmentés amalgamés en une critique sociale. Régimes, un autre sommet sur l’album, propose une habile corrélation entre les régimes alimentaires et politiques. Efficace. Que dire de Bouddha, étrange fable érotico-biblique où le personnage visualise un Bouddha qui traine avec des pornstars, le tout sur une mélodie punk et luxuriante. Finalement on retrouve 2 pièces, Blanc Boeuf et Bergerie (cette dernière semble née de l’union entre Paradis et Napalm, deux pièces du disque de Kouna Du plaisir et des bombes), qui auraient sans doute pu trouver leur place sur un album solo de ce dernier puisqu’elles se rapprochent davantage de l’univers (légèrement, il faut relativiser!) plus propre de ce dernier. Tout ça forme un tout cohérent et extrêmement efficace. Les vers d’oreille sont nombreux et vont assurément peupler l’imaginaire de votre cerveau de mélomane. Mention spéciale aussi à la superbe et inquiétante pochette de Pierre Bouchard.

    Les Goules supporteront ce nouveau matériel lors d’une tournée de spectacles qui s’arrêtera entre autres au Cercle à Québec le 29 avril et à la taverne de Saint-Casimir le lendemain.

    Julien Baby-Cormier

    7 mars 2016
    Albums
    Coma, Igor Wellow, Keith Kouna, Ken Pavel, Klaudre Chudeba, Les Goules, Rabin Kramaslabovitch
  • [Spectacle] Mara Tremblay + Maude Audet au Cercle le 26 février 2016

    [Spectacle] Mara Tremblay + Maude Audet au Cercle le 26 février 2016

    Lors de la dernière visite de Mara Tremblay à Québec, la salle Octave Crémazie m’avait semblé un peu froide pour accueillir autant de chaleur humaine. Ça avait été un bon spectacle, mais j’étais fort heureux de pouvoir renouer avec sa musique dans une salle plus intime. Vendredi soir, en rentrant au Cercle, petite déception en constatant qu’on avait placé des chaises devant la scène. C’est toujours une surprise pour moi d’écouter Mara assis puisque pour chaque chanson comme Douce Lueur, il y a une chanson pas mal plus rock et dansante comme Tout nue avec toi ou Toutes les chances.

    Maude Audet
    Maude Audet

    Qu’à cela ne tienne, nous avons pris place pour écouter quelques ballades folk de Maude Audet. Si les premières notes ont réussi à capter l’attention des spectateurs assis au Cercle, c’est avec sa magnifique guitare électrique Gretsh qu’elle a interprété les pièces les plus convaincantes de son nouvel album Nous sommes le feu. Si elle regrettait l’absence de ses musiciens, elle a tout de même su imposer le silence et remplir sa mission à merveille. Son univers sied bien à celui de Mara Tremblay.

    Mara Tremblay
    Mara Tremblay

    Mara s’est présentée sur scène avec son fils Victor Tremblay-Desrosiers et son amoureux Sunny Duval. Dès les premières notes de Lumières et diamants le spectateur aguerri a compris qu’il découvrirait des chansons ré-imaginées. La basse était plus fuzzée, la guitare plus tranchante et la section rythmique (un hybride de batterie et de « drum machine » ) plus inventive. Après avoir enchainé quelques chansons, Mara nous a présenté son groupe avec toute sa candeur et sa joie habituelle. Avant de jouer la merveilleuse La Chinoisse, elle a mentionné que l’album dont cette pièce est issue (Papillons) fêtait cette année son quinzième anniversaire. Le début du spectacle s’est poursuivi alors que le trio a pigé principalement dans le répertoire des deux derniers albums, servant des versions particulièrement inventives de Sans toi (chanson écrite par son garçon) et Tu n’es pas libre. Puis, chose rare au Cercle, Mara a quitté la scène pour un entracte après une magnifique version solo de la pièce au violon Le Voyage. Je ne suis pas convaincu que ce choix a bien servi le spectacle. Le Cercle, une place qui semble favoriser le bavardage, a semblé perdre un peu de sa concentration et malgré une deuxième moitié de spectacle plus musclée et voyageant davantage dans sa riche discographie, j’ai eu l’impression qu’une (petite) partie de la foule avait plus envie de discuter que de se laisser transporter.

    Mara Tremblay
    Sunny Duval

    Mara a tout de même poursuivi dans la bonne humeur, livrant des versions tantôt salies volontairement, tantôt un peu brouillonnes de succès tels Elvis, Les Bois d’amours, Le teint de Linda ou Le Printemps des Amants. Cette formule trio en est encore à ses balbutiements, alors on comprend et on se laisse charmer par les petites imperfections de ce trio parfait. Mara a aussi abandonné son ingrate guitare-piano sur Aurait-il plu? livrant ainsi une version pas mal bonifiée. Malheureusement, un spectateur qui se croyait seul dans le Cercle a fini par faire perdre patience à Sunny Duval (avec raison!), jetant un timide malaise à la fin de cette généreuse deuxième partie. Le trio est tout de même revenu faire 3 chansons en rappel dont la rare J’aime Ton Bordel écrite alors que son talentueux fiston était encore bambin. Ils ont ensuite terminé la soirée en beauté avec Les aurores chantée à l’unisson avec la foule.

    La foule du Cercle aura donc été fidèle à sa réputation d’enfant bavard alors que Mara aura elle été encore cette fille imperturbable qui jouera pour la majorité silencieuse… et charmée.

    Maude Audet – Photo : Jacques Boivin
    Mara Tremblay – Photo : Jacques Boivin
    Mara Tremblay
    Mara Tremblay
    Mara Tremblay
    Mara Tremblay – Photos : Jacques Boivin

    Julien Baby-Cormier

    27 février 2016
    Région : Québec, Spectacles
    District 7 production, Le Cercle, Le cercle – lab vivant, Mara Tremblay, Maude Audet
  • [ENTREVUE] Julie Blanche

    [ENTREVUE] Julie Blanche

    Julie Blanche vient de passer une année artistique riche. En plus de collaborer avec une pléiade d’artistes qu’elle apprécie, son premier album éponyme a trouvé écho chez les mélomanes québécois, accumulant les critiques élogieuses et se frayant un chemin dans plusieurs listes de fin d’année. Il faut dire que les dix pièces le composant forment un tout délicat et fort abouti; le genre d’album qui amène un peu plus à chaque nouvelle écoute. À quelques jours d’une nouvelle représentation dans la ville de Québec, j’ai eu la chance de m’entretenir avec la sympathique chanteuse pour parler de ses accomplissements, mais aussi des orientations qu’elle voudrait emprunter pour son prochain disque.

    Le présent

    Fin janvier, Julie Blanche présente son spectacle à la Sala Rossa de Montréal en compagnie de Pietro Amato (Torngat, Bell Orchestre), corniste réputé de la scène musicale montréalaise qui dirigeait un quatuor d’instruments à vent. Lorsqu’on lui demande si le concert s’est bien passé, elle acquiesce : « Ça a super bien été, c’est une salle que j’aime beaucoup, il y a beaucoup d’âme. Le quatuor d’instruments à vent c’est fou. Pietro a fait des arrangements raffinés. Ce n’était pas trop chargé. Puis Brad Barr c’était magique. Il est magnifique ce gars-là. C’était supposé être un autre artiste (on découvrira plus tard dans l’entrevue que ce devait être Patrick Watson) qui a eu un empêchement de dernière minute. » Brad Barr remplace donc Watson à la dernière minute et propose la magnifique The Bear at the window. Il fallait y être! On peut supposer que le stress était plus grand qu’habituellement, mais il n’en est rien: « J’ai drôlement commencé ce projet en faisant un show « sold-out » au Lion d’or en première partie de Klô Pelgag, puis il y a eu les Francouvertes devant les juges, donc j’ai souvent été dans des situations où c’est un gros show. J’ai le trac, mais je le gère bien. »

    Le commencement

    Concernant l’enregistrement du premier disque Julie Blanche aux mythiques studios Breakglass, elle se remémore: « Pietro Amato a beaucoup de chapeaux dans mon projet (ingénieur pour l’enregistrement de l’album en plus d’y jouer) et il avait déjà travaillé comme ingénieur dans ce studio, ce qui fait que Jace Lacek (le propriétaire) nous a laissé le studio pendant 9 jours. Il y a une cuisine, un salon, un Nintendo. On était comme chez nous. » Si Pietro est devenu irremplaçable jouant cor et claviers en concert, Mathieu Charbonneau, un autre musicien du groupe instrumental Torngat a aussi participé activement à l’élaboration du disque comme réalisateur et musicien. « J’aime beaucoup la musique instrumentale et la scène anglophone de Montréal. Quand j’ai approché Mathieu, je lui ai fait entendre 3 chansons guitare/voix. Je le connaissais juste un peu et il a dit : pas de problème Julie Blanche, j’embarque. » « Je ne sais pas qu’est-ce qui se passe, mais tout le monde me dit oui tout le temps. »

    Ce qui suivra

    Le cycle du premier album tire à sa fin, il était donc primordial de sonder la principale intéressée sur les avenues qu’elle souhaite emprunter pour la suite. « J’ai deux nouvelles compositions et je commence à regarder pour collaborer avec d’autres auteurs-compositeurs. C’est le début, mais je veux travailler fort pour que ça se fasse pour 2017. » Si elle collaborerait à nouveau avec Stéphane Lafleur (auteur de la superbe chanson La Vie Facile qui clôt l’album de Julie Blanche), elle pense enregistrer une seule chanson avec Antoine Corriveau (compositeur principal des pièces du premier disque) histoire de créer un pont entre les 2 albums. Elle souhaite donc ouvrir de nouvelles portes. À ce sujet, je l’ai questionnée à savoir si elle aimerait composer ses propres chansons: « Je suis là-dedans. Travailler avec Antoine m’a beaucoup aidée parce que c’est des chansons très personnelles, c’est mon histoire. Là, j’ai commencé à écrire et ça va super bien. Ce sera plus au piano par contre. Mon nouveau guitariste (Daniel Baillargeon) a un autre style de guitare (que celui d’Antoine), je pense que ça va donner quelque chose de vraiment intéressant. »

    Comme on le fait de plus en plus à ecoutedonc.ca (merci miss Vinet!) nous avons fait passer un petit quiz à Julie Blanche question de sonder son univers musical.

    -Quel est le meilleur spectacle que tu as vu récemment?

    Ayoye… José Gonzalez? Non… Organ Mood, sont vraiment « hot ». C’est très visuel. J’aime beaucoup la musique instrumentale.

    -Quel est le meilleur disque pour te défouler?

    J’en ai beaucoup. La dernière fois que j’ai couru, c’était sur le dernier album de David Bowie. Débile. Je capote. Je l’ai acheté le vendredi à sa sortie et je l’ai écouté en boucle toute la fin de semaine. Le dimanche soir, quand il est mort, j’ai réécouté les paroles et whoaaa. C’est capoté. Quel être!

    -Quel serait ton classique absolu?

    Je pourrais te dire que mon coup de coeur de 2015. C’est l’album de Colin Stetson avec Sarah Neufeld sorti sur Constellation. Je lis et j’écris beaucoup alors j’ai besoin d’écouter de la musique instrumentale. Par contre je n’ai jamais vu Stetson en concert encore.

    -Quel artiste aimerais-tu le plus découvrir en spectacle?

    The Luyas. (groupe dont fait parti son collaborateur Mathieu Charbonneau) Ils sortent un album bientôt.

    -Quel est le dernier disque que tu as acheté?

    C’est gênant, mais c’est le dernier Barr Brothers. On faisait une toune alors j’en ai profité pour acheter l’album au complet!

    Julie Blanche présentera ses douces chansons au cercle jeudi soir prochain, le 4 février 2016. Félix Dyotte est aussi de la soirée. Des billets sont disponibles ici :

    Il faut aussi voir le magnifique clip pour sa pièce Le manège sorti l’automne dernier.

    Julien Baby-Cormier

    2 février 2016
    Entrevues
    Julie Blanche
  • [ALBUM] Thus Owls – Black Matter EP

    [ALBUM] Thus Owls – Black Matter EP

    Black Matter est un album qui est passé sous plusieurs radars cet automne. Peut-être est-ce le format EP qui a relégué l’oeuvre de Thus Owls aux oubliettes. Pourtant avec ses 6 chansons qui s’étirent pratiquement sur 30 minutes, il y a là autant de substance que bien des albums complets. C’est donc une 4e parution pour le groupe suédo-montréalais dont l’âme repose sur la complicité entre Erika et Simon Angell. En 2014 ils avaient d’ailleurs lancé Turning Rocks, un album accompli qui laissait entrevoir des sonorités parfois un peu plus électro.

    Black Matter s’ouvre directement sur la voix singulière de la Suédoise qui est subtilement accompagnée de claviers. Les arrangements se déploient par la suite avec beaucoup d’élégance, laissant l’auditeur baigner dans l’univers onirique du groupe. S’en suit un crescendo soutenu par des cordes qui accompagne inlassablement Erika qui chante:  » I will give myself to you when i’m able », superbe. Il faut souligner le fabuleux travail aux percussions de Liam O’Neill (ex The Stills) tout au long du disque.

    La chanson suivante, pièce-titre de l’album, en est aussi la pièce centrale. Le rythme à la fois envoûtant et inquiétant de la pièce est encore bâti autour d’une batterie inventive. La guitare s’immisce çà et là par le biais de curieux sons; puis la présence de Simon Angell se fait enfin sentir en épilogue. C’est exactement le genre de morceau où brille la voix singulière d’Erika Angell.

    L’amalgame entre les mélodies folk et les sonorités électroniques se poursuit ensuite sur Shields et Turn Up the Volumes. Cette dernière est un excellent exemple de la richesse de la palette sonore du couple. Les arrangements de cordes par Daniel Bjarnason sont habilement intégrés; il faut dire que j’ai toujours eu un faible pour le pizzicato.

    Vector est une courte pièce instrumentale qui fait office d’introduction pour la dernière pièce de ce EP. We Leave / We Forget est une douce ballade construite en crescendo. S’il s’agit d’un épilogue serein et réussit, ce n’est pas non plus le moment fort du disque.

    Thus Owls a donc sorti un des excellents EP de 2015. Mon seul souhait serait de profiter encore davantage de la présence de Simon Angell à la guitare (sa présence est plus importante sur scène qu’en studio) puisqu’il s’agit d’un des guitaristes les plus inventifs de la scène musicale montréalaise. Avec Erika au chant, le groupe devrait sans doute s’imposer lors de la sortie du prochain opus complet.

    .

    Julien Baby-Cormier

    29 janvier 2016
    Albums
    Erika Angell, Simon Angell, Thus Owls
  • [ANNONCE] Ré-édition de l’album Memories des Goules

    [ANNONCE] Ré-édition de l’album Memories des Goules

    Groupe mythique de la ville de Québec, s’il en est un, Les Goules faisaient paraitre l’excellent « Memories » il y a maintenant 10 ans. Quand il vient le temps de célébrer, la maison de disque P572 sait faire les choses en grand et c’est donc en éditant une version vinyle de cette bête aux multiples classiques glauques comme « Poussin », « Lapins », « Turlutte » ou la déjantée « Dynamite » que le label de Québec a décidé de souligner cet essentiel anniversaire.

    Ça ne s’arrête pas là. Vous pourriez, si vous désirez pousser l’expérience, aller acheter votre copie directement des mains de feu-Les Goules au Knock-Out. Ils y seront demain soir, le 25 novembre pour un 5 à 7 festif.

    400 copies numérotées à la main, certaines copies couleur bouteille de bière claire(?!?)

    Il faut payer argent comptant.

    Pont-Rouge Panache!

    Julien Baby-Cormier

    24 novembre 2015
    Nouvelles
  • [SPECTACLE] The Dears (+We Are Monroe), 19/11/2015, L’Anti

    [SPECTACLE] The Dears (+We Are Monroe), 19/11/2015, L’Anti

    Certains groupes semblent renouveler facilement leur auditoire. D’autres semblent plutôt miser sur un public fidèle qui les suit d’album en album. C’est ce public fidèle qui s’est réuni jeudi soir à l’Anti pour acclamer les Dears, un groupe qui a émergé pendant l’avènement de l’indie-rock montréalais au tout début des années 2000. Il est dommage de constater que le groupe n’attire pas plus les foules puisqu’ils viennent de sortir un autre solide album (une constante chez eux si on exclut l’inégal Degeneration Street qui souffrait d’un manque de concision) et que leur performance est aussi efficace qu’impressionnante. L’Anti, que j’aurais cru trop petit pour les Dears, était rempli d’enthousiastes spectateurs et malgré le fait qu’on ne se pilait pas sur les pieds, l’ambiance était excellente tout au long de la soirée.

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    Leur performance a débuté avec le duo d’ouverture du nouveau disque; les pièces We Lost Everything  et la monstrueuse (dans le bon sens du terme) I Used To Pray for the Heavens to Fall. Sans surprise, la foule s’est révélée particulièrement bruyante lorsque le groupe a commencé à  piger dans le répertoire des albums cultes Gang  of Losers et No Cities Left. Nous avons entre autre eu droit à Whites Only Party, à la somptueuse Hate Then Love, à Lost in the Plot (encore une véritable bombe 12 ans plus tard) puis à la fabuleuse 22 : the Death of All the Romance en rappel. Les nouveaux morceaux joués s’intégraient très bien dans le concert et il ne fait aucun doute que les gens présents ayant manqué la sortie de l’album fin septembre seront curieux d’y prêter oreille. L’excellente réputation en spectacle des Dears n’a rien de surfaite. La présence de Murray Lightburn , un leader à la fois charismatique et énergique, combiné au travail méticuleux de Natalia Yanchak aux claviers et à la voix (dont on a pu apprécier toute la beauté lors de la magnifique pièce de clôture Onward and Downward ) ,d ’une section rythmique composé de Patrick Krief à la guitare, de Roberto Arquilla à la basse et de l’impressionnant Jeff Luciani à la batterie sont autant d’atouts nécessaire à cette cohésion. Ils sont excessivement doués et dépassent largement les standards techniques de groupes indie-rock de même acabit. Un groupe parfait pour une chaude soirée de festival au pigeonnier!

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    En première partie, We Are Monroe a d’abord présenté une musique dance-punk un peu datée avant de tranquillement enchainer des pièces plus rock, plus recherché et franchement plus efficace. Cette performance en crescendo s’est terminée par une addictive pièce instrumentale suivie d’une des meilleures et énergiques pièces de la soirée.  Ce quatuor de Montréal sera à surveiller, surtout si la direction plus originale et inventive des dernières pièces jouées hier est empruntée.

    Photo : Sébastien Ouellet

    Julien Baby-Cormier

    22 novembre 2015
    Région : Québec, Spectacles
    L’anti, The Dears, We Are Monroe
  • [À voir] The Dears et We Are Monroe à l’Anti le 19 novembre

    photo par Richmond Lam
    photo par Richmond Lam

    C’est demain que The Dears viendra défendre son excellent nouvel album  Times Infinity Volume One. La troupe montréalaise n’a pas foulé les planches d’une salle de Québec depuis son apparition au théâtre Petit Champlain en janvier 2009. C’est donc de la visite trop rare que nous aurons la chance de recevoir dans l’intimité de l’Anti. En plus, le groupe a une excellente réputation en spectacle et les grilles de chansons des récents concerts promettent une soirée haute en couleur équilibrée entre les nouveaux (et meilleurs) titres de Times Infinity et les classiques tels Lost in the plot et Whites Only Party. Heureusement, il est toujours possible de se procurer des billets si vous ne les avez pas encore.

    Le groupe montréalais We Are Monroe assure la première partie.

    Julien Baby-Cormier

    18 novembre 2015
    Nouvelles, Région : Québec
  • [ALBUM] Francis Faubert – Maniwaki

    [ALBUM] Francis Faubert – Maniwaki

    Francis Faubert propose cet automne un deuxième album réalisé Dany Placard,  un artiste baignant d’ailleurs dans des eaux musicales similaires. Cet album intitulé Maniwaki nous transporte dans un univers mélancolique fréquemment appuyé par une guitare lourde écorchant un folk triste. Au fil des 10 chansons, Faubert nous transporte avec des textes directs et prenants. Le suicide, la dépression, les relations amoureuses houleuses, la vie de danseuse nue, tout y passe et on comprend vite que ce ne sera pas une joyeuse promenade. Il y a bien la pièce Le courage est mort hier, virulente critique politique au sujet de la peur de se séparer et de faire notre pays qui sort un peu du champ lexical général. Sinon, on comprend que ça ne va pas trop bien pour les différents protagonistes imaginés par Faubert.

    Si les textes et la texture des guitares sont intéressants, l’ensemble mélodique est un peu monotone. Où les albums d’un Fred Fortin (l’exemple n’est pas fortuit, les deux univers sont quand même proches) réussiront à déstabiliser l’auditeur à la fois avec des textes plus imagés ou des mélodies inventives prenant aux trippes, les chansons de Faubert forment un tout intéressant, mais un peu trop uniforme. Il y a bien Le Vent avec son univers , chanson très Led Zeppelin-esque qui vient chambouler cette uniformité; sinon on est rarement surpris par la musicalité de l’ensemble. Puisque Faubert prouve qu’il peut offrir ce niveau d’inventivité, on se met à espérer qu’il pousse encore plus loin l’exploration musicale la prochaine fois.

    Qu’à cela ne tienne, l’album est tout de même une solide offrande québécoise qui sied bien à la saison automnale qui s’effrite tranquillement. Il y a d’ailleurs de beaux bijoux sur l’album, dont la solide Moman et la superbe pièce d’ouverture Maniwaki.

    Paraît que ça écorche encore plus en spectacle, faudra sans aucun doute lui donner une écoute plus qu’attentive.

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    Julien Baby-Cormier

    11 novembre 2015
    Albums
    Dany Placard, Francis Faubert, Maniwaki
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