Le 30 novembre dernier, j’ai bravé ma grosse grippe d’homme pour me rendre au sous-sol du Cercle où se tenait une soirée électro avec deux efforts musicaux naissants : Nerdish et Gramofaune. Cette même grippe m’aura empêché d’assister à la prestation de Nerdish, alors je me contenterai de livrer mes impressions quant à Gramofaune :
Ce que fait Gramofaune s’inscrit dans la lignée de ces quelques groupes de musique électronique qui ont, à travers les années, refusé de faire dans la facilité : Boards of Canada, Bonobo ou même Ratatat. On retrouve en effet le même côté « analogique » dans la musique de Gramofaune. Le numérique n’y occupe une place que très accessoire et le montage d’extraits sonores tirés d’on-ne-sait-trop-où est à l’honneur. L’essentiel de la prestation ne se situe toutefois pas au seul niveau sonore : des projections de courtes séquences visuelles accompagnent les morceaux et rehaussent vivement l’intérêt de la prestation live. Tout ici est « joué » : toutes les séquences, tant audio que visuelles, sont déclenchées par le musicien, rendant le spectacle unique et intriguant. Habile, la composition des morceaux s’inspire de la musique classique ou électro-acoustique et les différentes pièces, tout en offrant une agréable continuité, s’enchaînent de façon fluide sans se répéter.
La prestation aurait certes bénéficié d’une meilleure salle (d’une scène, d’un éclairage et d’une sonorisation plus puissante, entre autres choses), mais a été vivement appréciée par le public. On a hâte de voir Gramofaune se produire en de meilleures circonstances.
Friands de découvertes musicales ? Les deux efforts électro Nerdish et Gramofaune vous offrent une soirée en leur compagnie le 30 novembre au sous-sol du Cercle.
Vous pouvez avoir un aperçu de ce qu’il en retourne ici :
« Une âme crisse, faites pas les difficiles. En avez-vous rencontré beaucoup des âmes ces derniers jours ? ».
C’est à Pierre Foglia que l’on devrait ces propos, lui qui se demandait sans doute comment ça pouvait bien se faire qu’un auteur-compositeur-interprète aussi monumental que Fred Fortin soit à ce point boudé du grand public.
Si la question se posait à l’époque où Foglia écrivait ces mots – Fortin n’était-il pas, pourtant, l’Ô combien digne héritier des Leclerc, Vigneault et autres héros de la poésie chantée qui faisait jadis la fierté d’un Québec en proie à une certaine soif identitaire ? – il faut croire, au vu du triomphe auquel il a eu droit à l’Impérial samedi soir, que cette époque est révolue.
Il m’a semblé que l’on reconnaissait enfin le génie de Fortin et qu’on était bien décidé à lui faire sentir.
Bien que l’ancien théâtre ait mis du temps à se remplir, Fred et ses acolytes se sont bien produits devant une salle comble d’un public qui en aurait redemandé jusqu’au lendemain.
Sans grande surprise, la troupe fortinesque a débuté avec la magnifique « Oiseau », première pièce du dernier album de Fortin, sous un éclairage incertain qui laissait place à des images projetées en arrière-plan de la scène. Une entrée en matière bien choisie qui allait servir d’avertissement au public : pas question de faire de la folk ici ! Ceux qui auront perçu cet album comme le moins lourd de la carrière de Fortin se seront bien fourvoyés. Cette première chanson, livrée au son tonitruant des guitares électriques et du jeu de batterie fort efficace de Sam Joly annonçait que la soirée allait être au rock.
S’en est suivi la très excellente « 10$ » qui, aurait-on pût croire, allait sans doute être un peu moins nourrie que sur l’album, compte tenu de l’absence des frères Barr. Mais il faut se rappeler que Fortin est accompagné sur scène de deux véritables guerriers de la guitare à savoir son fidèle acolyte Olivier Langevin et le très excellent Jocelyn Tellier (les deux maniant la basse à tour de rôle lorsque Fortin assure la guitare), de quoi nous faire oublier l’absence de ces deux frangins qui, mentionnons-le, ont fait un travail tout à fait remarquable avec les chansons de Fortin.
Le groupe a enchaîné avec « Douille » puis, une « Madame Rose » qui m’aura fait remarquer que le public, chantant de bon cœur le refrain, n’était pas si ignorant de la musique de Fred d’avant Ultramarr. J’ai toutefois été quelque peu agacé par l’inattention de celui-ci (du public) alors que les premiers accords de « Plastrer la lune » se sont fait entendre. Je me suis même permis de rappeler à certaines qu’il y avait un excellent spectacle à écouter devant et que le récit de leur week-end pouvait sans doute attendre. Qu’à cela ne tienne, j’ai tout de même pu fermer les yeux et m’immerger dans le récit psychédélique que livre cette fabuleuse chanson. « Gratte » nous a ensuite annoncé l’hiver avant le temps avant que la dansante « Tapis noir » nous fasse nous réchauffer un petit peu.
Puis, se sont fait entendre les premiers accords de ce que je considère comme le meilleur morceau d’Ultramarr, l’une des plus grandes chansons de Fortin jusqu’à maintenant et l’une des plus belles chansons d’amour à avoir été écrite au Québec ces dernières années, à savoir « Molly ». Difficile de ne pas apprécier la façon dont Fortin est parvenu à manier un champ lexical résolument country tout en écrivant une chanson qui n’a absolument rien de kitsch. Ou plutôt, si kitsch il y a, celui-ci est dosé d’une si belle façon qu’on ne peut faire autrement que vouloir s’y prélasser, s’y enrouler, comme on s’enroule dans une couverture de loup en « minou ». Bref, cette chanson est réconfortante, romantique et empreinte de cette nostalgie qu’on voue à une flamme de jeunesse qu’on peine à oublier (« il y a si longtemps que t’es toujours aussi belle … »). Fred sait-il qu’il nous fait pleurer ?
Question de nous faire revenir sur terre, « Tête perdue » et « Grippe » ont précédé la classique « Ti-chien aveugle » tout droit tirée de Planter le décor qui, je dois dire, se fondait à merveille dans la saveur plutôt psychédélique du spectacle. C’est la très excellente « Scotch » (cette chanson détermine toujours mes choix de breuvages !) qui serait venue clore cette soirée, si, bien entendu, le public n’en avait pas demandé davantage.
À la grande surprise de tous, Fred est revenu seul sur scène pour nous chanter « Chaouin », une chanson tirée des boules à mites (ou plutôt, du Plancher des vaches), mais qui est sans doute passée à la légende depuis que Fred l’eut chanté à nul autre que Dédé Fortin.
J’ai dit tout à l’heure que Fred avait à son compte l’une des plus belles chansons d’amour, mais je corrige : il en a au moins deux ! Olivier Langevin l’a rejoint pour jouer « Mélane », chanson triste s’il en est, mais pour laquelle le public s’est (enfin) fait silencieux et attentif.
Puis, pour nous rappeler qu’« y’a toujours de la tiraille à recracher dans l’assiette » la très pesante « Chateaubriand » s’est fait entendre, annonçant par le fait même deux titres tirés d’Agnus Dei, le dernier album de Gros Mené, à savoir « Vénus » et « L’amour est dans l’ROCK ». C’est le cas de le dire : y’avait de l’amour et y’avait du rock. Fortin nous a même rappelé que lui aussi était capable de nous envoyer des solos de guitare par la figure.
Voyant que le public en redemandait encore et cherchant visiblement quelque chose de pas trop compliqué à jouer – je pense que Fred et sa troupe avait pas mal atteint le bout de son répertoire du moment ! – Fred, amusé, a entamé « Le cinéma des vieux garçons », ce qui nous a valu une performance vocale (tout à fait oubliable) de Jocelyn Tellier.
La soirée s’est terminée par un tête à tête entre Fortin et le-loin-d’être-le-dernier-ou-le-moindre François Lafontaine qui nous ont chanté « Ultramarr » en chœur avec un public ravi.
Une très belle soirée et un excellent show qui nous auront rappelé que le Québec compte encore quelques perles musicales.
Jérôme St-Kant aura ouvert la soirée d’une belle façon en nous présentant ses chansons humoristiques. Si le personnage peut sembler, au premier abord, un peu difficile à cerner, il n’aura fallu que quelques chansons pour nous accrocher à ses textes intéressants, quoique par moment un peu crus, et à son humour marqué.
« Hey ! C’est quoi le band qui jouait à soir ? Ça Valaire bon ! »
– « Ouais, ça Valair’ vraiment le détour ! »
Savoureux calembours à part, il s’agirait d’un euphémisme que de dire que Valaire a cassé la baraque mercredi soir à l’Anti.
À dire vrai, et pour solidement parler à travers mon chapeau, jamais samedi soir à St-Roch n’aura été si funky !
Parlons-en, d’ailleurs, de ce nouveau son funk steviewonderojamesbrownesque :
D’aucun aurait pût s’inquiéter de ce que la performance scénique de Valaire se vit affectée par un changement de registre musical aussi senti.
Et bien, monsieur D’aucun se serait alors fourvoyé ! Les gars de Valaire, de déjà très réputées bêtes de scène, n’ont jamais eu l’air si heureux de faire guincher les demoiseaux-selles. Il faut dire que la présence du monumental Alan Prater n’aura en rien aidé à calmer le jeu !
Est-ce l’été passé auprès des très magnifiques circassiens de Flip Fabrique qui aura pourvu Valaire de cette fougue toute funky ? Sont-ce les charmes et les effluves de St-Roch qui auront poussé la troupe valairienne à s’abandonner ainsi aux démons de la danse, du rythme et de la soul ? Dieu et James Brown seuls le savent !
Dans tous les cas, tout le monde, tant les mordus qui, comme moi, n’ont pas encore décroché de Golden Bombay que les Gargouilles de l’Église St-Roch (?!) se seront fait prendre à se déhancher, faire le pogo-stick et le Oubopopop en cette exaltante soirée passée à partager sa sueur.
Kahli Abdu aura mené les préliminaires d’une main habile avec sa musique électro/hip-hop aux accents soul. On aurait pût souhaiter une première partie plus entraînante, mais enfin, il fallait bien nous garder en haleine pour les maîtres de soirée.
C’est inspiré par les paysages nordiques que le groupe saguenéen Chassepareil (anciennement Sweet Grass) nous a, semble-t-il, concocté un album qu’on a très hâte d’ouïr !
Paraîtrait que c’est à Ste-Rose-du-Nord que ces oisillons sont allés puiser leur inspiration pour la partie composition de l’album, alors que l’enregistrement s’est déroulé à l’Anse St-Jean, au studio Hors-Piste. Si les chansons sur l’album sont aussi magnifiques que ces endroits qui ont abrité leur couvaison, on a de quoi s’attendre à un petit bijou d’exaltation folk !
Le groupe a lancé il y a quelques jours une campagne de financement via le site web indigogo.com afin de financer la production de l’album. Vous pouvez consulter la page de la campagne ici :
La sortie de l’album est prévue pour le 13 octobre prochain.
Dates du lancement :
1er octobre, auberge aventure rose des vents à Sainte-Rose-du-Nord
13 octobre, lancement officiel au côté-cour de Jonquière
5 novembre au lion d’or à Montréal.
Alors qu’une bonne partie de l’équipe d’écoutedonc arpentait, pour votre plus grand bonheur, les rues de Baie St-Paul, vous servant d’yeux et d’oreilles lors du merveilleux Festif, je me prélassais sur la terrasse de la charmante auberge de jeunesse de la Malbaie à siroter de la Dominus Vobiscum, perdu dans la contemplation du fleuve et de ses splendides reflets.
Oui, je suis très conscient que j’étais à peine 100 kilomètres du Festif et que j’ai raté Fred Fortin, Cat Empire, Avec pas d’casque, Gab Paquet qui se dénude sur le stage (!) et tous ces autres artistes géniaux qui, parait-il, vous ont rempli la tête souvenirs inoubliables.
Bon, on fait tous des niaiseries dans la vie et de toute façon, j’ai pu vivre le Festif à travers les très excellents textes et les très excellentes photos de mes très excellents collègues !
Du reste, y’avait pas juste de la musique à Baie St-Paul ce week-end-là. Non, non ! Faut croire que la belle région de Charlevoix a son lot de petits charmes musicaux à offrir parce que j’ai pu assister à deux prestations fort appréciables à l’auberge de la Malbaie. Vous me permettrez donc de vous en dire deux-trois mots (qu’on me pardonne, au passage, le décalage horaire, ainsi que la trop longue introduction !) :
The Crazy Pony
Il vaut très certainement la peine de marquer le passage de ce duo composé d’une jeune chanteuse et contrebassiste et d’un moins jeune, mais si « british », joueur de banjo. Le groupe fait dans un bluegrass somme toute très fidèle au style, mais présenté avec un humour et une légèreté qui ne manque pas de plaire. Les gens présents, en plus d’avoir eût droit à un singulier numéro de lasso, ont pu savourer une reprise bien texane du célèbre Hallelujah de notre Leny national. Le groupe n’a sans doute pas grand-chose d’original, mais il est toujours intéressant d’entendre du bluegrass jouer avec des accents étrangers à ceux des États-Unis. Un effort musical très charmant qui vaut le détour.
Astheure
Nominé au GAMIQ 2015 dans la catégorie EP folk de l’année, Astheure font dans un mélange de style présenté avec goût et habileté. Avec ce charismatique duo, on voyage du jazz au trad en passant par le world, la musique acadienne et le cajun. On se fait transporter, tant par le charisme que la voix claire de Stéphanie – qui nous impressionne également de ses prouesses à la flute -, que par le jeu de guitare de François qui évoque parfois la guitare « fingerstyle » telle que pratiquée par Andy Mckee, Antoine Dufour, ou même Andrew York, la côté « plein la vue » en moins. Le duo nous raconte histoire sur histoire, dans une poésie simple et accessible, offrant des images qui rendent bien justice à leur musique. Une prestation franche et bien rodée qui s’accommodera très certainement de scènes plus imposantes et de publics plus attentifs que les publics d’auberge.
Avant de commenter ce bruyant dimanche soir, je me dois de rectifier le tir quant à l’annonce publiée hier : le groupe qui allait ouvrir pour Eagles of Death Metal et Death from Above 1979 n’était pas Turbowolf, mais bien The Yardlets ! Les interwebs m’ont malheureusement induit en erreur, désolé !
Le groupe de Montréal a servi au public de l’Impérial Bell une très honnête prestation dans un style rock garage/grunge bien pesant. Plusieurs des compositions du groupe me rappelaient en effet les chansons plus « punk » des premiers albums de Nirvana (la voix déchirée à la Kurt en moins). On aurait aimé une performance moins timide, mais The Yardlets était définitivement un bon choix de groupe d’ouverture.
Vint ensuite le tour des Eagles of Death Metal.
Difficile de ne pas parler de Jesse Hughes la bête de scène : le moustachu est un sacré numéro et sait comment conquérir un public.
Le groupe a interprété la plupart de ses titres à succès, notamment « complexity », « save a prayer » (reprise d’un classique de Duran Duran) ou « I only want you », titres tout aussi entrainants – et caricaturaux – les uns que les autres. Le public a également eu droit à une guerre de solos entre Jesse et Dave qui s’étaient perchés sur les balcons de l’Impérial. Divertissant !
Pour clore la soirée, les gars de Death from Above 1979 allaient nous balancer leur violente musique (rock/grind/drum n’ bass/garage (???)) à la figure.
Je me disais qu’il leur serait bien difficile de livrer un spectacle plus fulgurant que celui d’il y a quelques années, au Pigeonnier, à la suite de nos Malajube et Galaxie nationaux, orage électrique en sus. Force m’a été de constater que le duo torontois n’a toutefois pas à envier à Mère Nature le volume de ses coups de tonnerre : une performance impeccable et « volumineuse » qui a très certainement réveillé le dimanche soir du public.
Demain, dimanche soir, ce ne seront pas les initiales « TLMEP » qui seront à l’honneur pour une fois : DfA et EoDM, Death From Above 1979 et Eagles of Death Metal, s’arrêteront à l’Impérial de Québec dans le cadre de leur tournée commune. Les britanniques de Turbowolf auront l’honneur d’ouvrir la soirée.
On s’y voit ?
p.s.: Je vous mets au défi de porter votre tuxedo (lire pourquoi ici http://deathfromabove1979.com/)
C’est devant un public très attentif que monsieur Phil Brach et sa belle brochette de musiciens se sont produits jeudi au Théâtre Petit-Champlain.
Le jeune boute-en-train, sacré révélation de l’année au dernier gala de l’Adisq, en est à sa deuxième tournée et bien que le spectacle de jeudi soir était le cinquième de la série seulement, le public du Petit-Champlain a clairement eu droit à une prestation haute en couleurs.
Bien que malade (à ses dires), Phil Brach était tout en voix (remercions à cet égard les morceaux de gingembre que l’interprète machouillait de temps à autre) et sa troupe était bien présente et audible.
J’avais beaucoup apprécié le spectacle de la dernière tournée, trouvant le trio musical – composé de Phil lui-même, Pier-Olivier Gagnon à la basse et David Couture à la batterie (il faudra d’ailleurs surveiller le projet solo de ce dernier!) – vraiment solide rythmiquement et « spectaclement ». Pour cette seconde tournée, et probablement en raison des arrangements plus ambitieux du second album, Phil s’est cependant grayé d’un quatrième bruiteur maniant quant à lui la guitare électrique.
Certains pourraient regréter le son plus « cru » qu’offrait la formule trio, mais l’addition d’une guitare lead ajoute sans l’ombre d’un doute de la profondeur aux méandres musicaux de Brach. Il va sans dire qu’un spectacle de la sorte s’apprécie mieux debout qu’assis : il faut bien rendre à un artiste (et à un groupe!) aussi généreux de son énergie la monnaie de sa pièce!
Phil n’a toutefois pas semblé en tenir rigueur au public lequel, il est vrai, s’abreuvait littéralement des vers et des délires et de la belle folie du jeune déjanté.
Une bien belle soirée!
P.S. : Pourquoi Dan Bigras ? C’est à Phil qu’il faut demander !
Les mélomanes qui aimeraient revoir Patrick Watson dans un contexte plus intime que lors de son dernier concert au FEQ seront certainement ravis d’apprendre que le talentueux montréalais sera de retour dans la Vielle-Capitale les 4 et 5 mars prochains, et que c’est à l’Impérial de Québec qu’il livrera un spectacle tiré de son dernier opus, Love Songs for Robots.
On a hâte!
Billets en vente dès vendredi midi, via imperialbell.com ou par téléphone au 418-523-3131.