C’était la première fois que j’assistais à un spectacle de musique au Cabaret le Satyre, salle qui a ouvert ses portes cet été. La soirée s’annonçait vraiment intéressante en compagnie de The Bright Road en première partie et de Fire/Works, groupe de Montréal qui visitait Trois-Rivières pour la première fois ensemble.
Fire/Works en studio – entrevue
Avant leur spectacle, je me suis entretenue avec Jonathan Peters, David Lagacé auxquels se sont joins Francis Ledoux et Étienne Dupré. Nous avons principalement discuté de leur nouvel album qu’ils sont présentement en train d’enregistrer. Ils cassaient justement quelques chansons durant la soirée, et ça paraissait qu’ils avaient hâte. Jonathan me disait d’ailleurs que leur musique avait changé depuis ce temps. « Maintenant, c’est la chanson avant tout. On est rendu à un point où les chansons sont plus fortes. On n’a pas besoin de tout l’habillage. Pas que je renie ce que j’ai écris, mais j’ai l’impression que c’est plus assumé. On peut enlever toutes les couches qu’on avait sur Shenanigans.» Il parlait également du fait que sur le nouvel album, les chansons ont toutes un groove de fond qui est présent du début à la fin. Le groupe a beaucoup évolué depuis le dernier album et on sent que leur manière de travailler a également prit une autre tournure, car les deux nouveaux membres participent entièrement à la création. «On apporte le squelette sur lequel travailler. Étienne va composer la « basse » , Frank : le drum et tout le monde donne son avis aussi. Ça amène les chansons ailleurs. » De plus, ils n’ont pas autant de pression que pour Shenanigans, où ils devaient enregistrer l’entièreté du long-jeu en seulement deux semaines. Maintenant, ils y vont tranquillement sans se donner de deadline, car plusieurs membres du groupe ont des projets connexes. Bien que leur musique soit en train de changer un peu, je leur ai demandé s’ils n’avaient pas peur de perdre l’essence de ce qu’ils ont créé originairement. J’ai beaucoup aimé la réponse que Jonathan m’a donné : «peu importe ce que tu fais, peu importe le projet artistique, quand tu restes authentique, ça transparaît. Tu peux changer la couleur de l’habillage, ça reste les mêmes personnes qui l’ont fait. C’est sûr qu’on reconnait le band.» J’ai eu la chance de discuter avec quatre gars passionnés de musique qui ont un plaisir contagieux à jouer, autant ensemble que sur scène.
Fire/works – spectacle
Bien qu’il n’y ait pas eu tellement de public présent au Cabaret Satyre en ce premier vendredi de festival western de St-Tite, les gars de Fire/Works étaient en feu. Ils n’avaient pas joué depuis un bon moment et avaient hâte de grimper sur la scène; ça paraissait. On pouvait facilement faire la distinction entre les nouvelles chansons, même sans que Jonathan les présente, seulement à voir le groupe jouer les pièces. En effet, ils semblaient vraiment heureux de pouvoir les partager au public et on devinait la fierté qu’ils avaient. Après avoir discuté avec eux j’ai compris ce qu’ils voulaient dire en parlant des chansons éclectiques. Ils n’ont pas de « recette gagnante » qu’ils répètent, mais on peut dénoter une cohérence dans leur travail. J’ai beaucoup aimé le groove qu’ils me parlaient et le folk aux connotations quelque peu country par moment. J’avoue être impatiente de voir leur 3e album et la suite de ce qu’ils vont nous présenter. Prochainement, ils enregistreront une session live qu’il sera possible de visionner en ligne, ce qui risque d’être fort intéressant.
The Bright Road
J’avais déjà assisté à une prestation de The Bright Road en février 2015 au Centre Culturel Pauline- Julien, mais le groupe était différent. En plus d’avoir maintenant un nouvel album en magasin, Ocean, Léa Boudreau s’est jointe à la formation, et j’avoue que j’aime beaucoup cet ajout. Quelques chansons sont harmonisées de sa voix cristalline qui ponctue bien la musique de Philippe Garceau, Kevin Juneau et David Brisson. Le dernier album était beaucoup inspiré d’un voyage en Norvège et l’on voit la continuité dans leur inspiration. Cette fois, le folk-pop alternatif de The Bright Road explore des thèmes marins, tout en continuant l’espèce de touche ambiante bien à eux qui a su charmer l’assistance du Cabaret Satyre.
Je conclue avec les photos de Jacques Boivin datant du spectacle avec Marie-Pierre Arthur du 27 Février 2015, parce qu’elles sont magnifiques!
En entrevue dans la loge du Petit Théâtre du Vieux Noranda, Alex Ortiz est catégorique : “C’tait malade!”
Le chanteur de We Are Wolves parle du premier FME des loups à Rouyn avec Duchess Says, en 2008, exactement sur la même scène où ils se produiront dans quelques heures.
Ils étaient peut-être parmi les porte-étendards de la relève musicale à l’époque, mais aujourd’hui, à nouveau invités dans la programmation du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, ils sont plus ambivalents quant à leur appartenance à la grande catégorie un peu fourre-tout de l’émergence : “Y a quelque chose avec le mot émergent qui m’agace un peu, dit Vincent Lévesque, le claviériste de la formation. Ça sous-entend qu’il va y avoir une émergence réelle à un moment donné, qu’on travaille là-dessus, tsé. Mais notre musique n’est pas telle que ça va être gros à un moment donné…”“ C’est pour ça qu’on est constamment émergent!” conclut Ortiz avec humour.
Pourtant, si on parle de l’émergence réelle comme d’une percée sur la radio commerciale, We are Wolves préfère rester dans ses bois. “Ce n’est pas comme si c’était un combat constant que d’essayer de convaincre ces gens-là d’écouter notre musique. Pis on est plusieurs à vivre de cette façon-là : moi, je n’écoute pas la radio commerciale et ça ne me dérange pas de pas y passer tant que ça, parce qu’il a d’autres façons de rejoindre le public, affirme Lévesque. Ça serait mieux pour mon chèque de SOCAN, mais ultimement, ça ne change pas la relation du band avec son auditoire.”
Pierre-Luc Bégin, batteur de We are Wolves et membre du groupe Paupière ajoute : “Y a ce qui passe à la radio commerciale, y a dans des festivals comme ici, parce que le FME est rendu une référence, mais y a beaucoup plus underground aussi.”
Et justement, si ce n’est pas nécessairement au FME, où trouve-t-on donc cette émergence? Pour Ortiz, c’est du côté de la programmation de festivals comme Pop ou Suoni por il Popolo qu’il faut chercher : “C’est sûr qu’il y a beaucoup de musique plus avant-garde, expérimentale ou noise. Il y a aussi des trucs qui sortent de nulle part, mais qui sont quand même accessibles.” Bégin, quant à lui, nous recommande de découvrir Pat Jordache (par ici —> https://patjordache.bandcamp.com/).
***
Pour des gars habitués de sillonner le continent, une virée à Rouyn pour manger du méchoui (au 5 à 7 d’ouverture! MERCI FME!) et jouer un show, c’est de la petite bière. Tant mieux, car ils n’en seront pas à leur dernière promenade. Pour promouvoir leur prochain album qui sortira le 30 septembre prochain sous l’étiquette Fantôme Records, ils seront en tournée tout l’automne, au Québec principalement, mais aussi en Allemagne.
Ce cinquième album studio, Wrong, dont on connaissait déjà l’extrait “Wicked Games”, se tourne davantage vers la pop influences 80 sans toutefois délaisser entièrement l’énergie caractéristique du groupe qui s’est fait connaître au début des années 2000 avec son dance-punk presque garage. “L’album est définitivement moins brut, moins brutal, moins primitif. Il y a moins d’urgences agressives, qualifie Ortiz. Il est peut-être plus émotif, une sensibilité plus assumée.” “C’est moins sauvage, mais y a des ostie de beaux moments!”, ajoute Lévesque. C’est plus lumineux, en général.”
Si les pièces du prochain album détonent des productions plus brutes des débuts, cette progression ne surprend pas Ortiz qui l’explique par le fait qu’ils ont “appris à jouer, entre autres… On a commencé comme ça, sans savoir. Oui, y a eu une exploration et oui, elle est devenue plus polie, mais pour ma part, je n’ai jamais joué plus dénudé et plus simplifié que ça. C’est bizarre parce que maintenant, j’sais mieux jouer qu’auparavant et c’est maintenant que je devrais faire des trucs plus complexes…” “Étrangement, renchérit Lévesque, les tounes semblent plus travaillées, mais y pas tant d’affaires que ça. L’exercice est justement d’en mettre moins, de choisir les moments, de laisser respirer les choses.”
Les loups sont-ils donc rendus moins sauvages?
S’ils sont certainement plus matures aujourd’hui, dit Ortiz, Bégin nous rassure que si cette impression est donnée avec l’enregistrement studio, en live, l’énergie reste la même.
Et effectivement, pour We are Wolves, la musique passe beaucoup par la performance, comme l’explique le chanteur: “Y a une part d’intimité qui existe dans ces shows-là, le feu de communion directe. Parce qu’on joue rarement dans des grosses salles avec 1000 personnes ou plus. On se nourrit de cette proximité-là de la foule.” Cette idée de la communion, du rituel, est d’ailleurs très présente: “L’idée même de la performance, la performance comme happening, continue Ortiz, le partage, être là avec l’autre, ce feel-là de communion, d’être en symbiose avec l’autre qui est là pour t’écouter, te regarder, mais qui finit par t’alimenter suffisamment pour que lui aussi devienne un élément à part entière du spectacle.”
Au-delà de l’aspect performatif, We are Wolves s’appuie aussi sur univers visuel qu’Ortiz et Lévesque, tous deux issus du milieu des arts visuels, ont développé au cours des années. Costumes, accessoires de scène, posters, vidéoclips, pochettes : tout participe à une esthétique et une iconographie qui leur est propre. Lévesque qualifie la relation entre l’aspect visuel et la musique ainsi: “Ce sont deux parties d’un même langage, qu’on partage, moi et Alex. On a beaucoup de références en commun pis on aime les mêmes trucs. L’intérêt artistique nous a permis de développer des façons de penser le produit. Parce qu’en bout de ligne, l’album, c’est un peu un tout. On pense à ce que cet objet là, globalement, veut dire.” Ortiz renchérit: “On pense constamment à tout ça, de façon presque tentaculaire. Tu te retrouves à conceptualiser des t-shirts, des objets, des vidéoclips, des photo-concepts… C’est un langage commun qui se construit d’une façon musicale et visuelle et philosophique.”
“On se sert de la pochette pour ajouter une profondeur de lecture, dit Lévesque. Comme là (sur ce prochain album), la pochette est vraiment particulière. Elle traduit notre perception de l’album, là où on est rendus…la pochette est vraiment lumineuse.”
Que la lumière soit!
Et que Wrong sorte pour qu’on danse sous ses rayons!
Juste avant son test de son à La Légion pour le spectacle qu’elle a présenté au FME 2016, je me suis entretenue avec Laurence Nerbonne.
J’ai d’abord voulu savoir comment ça se passe depuis son départ en solo lorsqu’elle fait des spectacles puisque c’est sa première fois avec son nouveau projet au FME.
C’est vraiment différent. Ce n’était pas ma décision. Je pense que j’avais toujours en tête d’avoir un projet solo, mais je ne pensais pas que ça arriverait là. Quand ça a arrêté, je n’avais pas envie d’arrêter de faire de la musique. J’ai toujours eu envie de faire de la pop et là je me suis dit « hey, j’ai tous les outils nécessaire, pourquoi pas ?».
Comment tu t’y es pris ? Tu as approché des gens pour y arriver?
J’avais un peu le vertige, j’étais triste et surprise et ça m’a donné l’énergie de créer. J’avais peur et j’ai appelé Philippe Brault pour lui demander « Je fais quoi? » ; il a dit « Vas-y toute seule, tu es capable » et ça m’a donné le courage nécessaire.
La réponse du public face à l’album est comme tu l’espérais?
C’est un album qui me ressemble et qui me permet d’avoir une proximité avec le public. Je pense que beaucoup de gens attendaient un album qui leur ressemble plus.
Et composer en français c’est important pour toi?
La musique en français peut être trendy, mais c’est plus complexe. La sonorité pour de la pop c’est plus facile en anglais. Ce n’est pas tout le monde qui écoute de la musique en français, j’ai des amis qui ne savent même pas c’est qui Louis-Jean Cormier.
Les projets anglophones c’est totalement correct, il en faut. Par contre, je trouve que ça peut être aussi bon en français. La musique francophone est beaucoup dans le folklore et je veux qu’elle évolue. J’ai essayé de donner de nouvelles sonorités et de la traiter à ma façon. C’est important que les jeunes continuent d’écouter de la musique en français.
Est-ce que tu as l’impression de parler avec une nouvelle génération?
Je pense que oui, mais beaucoup de gens se sentent concernés je pense, autant les jeunes qu’un monsieur de 50 ans.
Comment ça se traduit en spectacle? Parce qu’en écoutant l’album, on a envie de faire la fête !
C’est la fête, ce n’est pas un DJ set. C’est beaucoup de travail pour monter tout ça parce que c’est très électro avec un mélange de synthétiseurs. C’est festif et c’est fort ! Le public répond bien. La plupart des gens ne connaissent pas les chansons, mais il y a une grande écoute. Ce n’est pas le genre de musique qu’on est habitué d’entendre. Il y a beaucoup d’enfants qui viennent me voir et j’aime ça. Ils n’ont pas de filtre alors quand ils viennent me dire qu’ils aiment ça, ça me fait plaisir.
La critique du spectacle à la Légion au FME 2016 se trouve juste ICI. Suivez Laurence Nerbonne sur ses médias, car elle aura un automne chargé en tournée promotionnelle et entrevues un peu partout au Québec au travers de quelques spectacles.
Photos de son spectacle au FME, par Sébastien Ouellet:
Parce qu’on ne fait rien comme les autres, on est allé voir presque tous les spectacles, exceptés Yann Perreau et Half Moon Run (sauf deux chansons, mais ça ne compte pas). Pendant que la file s’allongeait dans les rues de Rouyn, nous on était un peu partout ailleurs dans la ville. Voici donc un compte rendu de la journée de l’équipe.
Boogers
Quoi de mieux que d’explorer cette ville qu’on ne fait que commencer à aimer au son des speakers ambulants de Boogers. Le gars a un ampli dans son sac à dos directement branché à la station de radio qui diffuse en direct ses divagations musicales. On nous distribue des ghettos blasters, radios à batteries plantées sous le bras, et la marche commence au-travers des rues de Rouyn-Noranda. Sourire aux lèvres, on croise des badauds qui se laissent impressionner par le spectacle peu commun de cet orchestre lo-fi improvisé. La musique du musicien français est un joyeux petit rock qui se consomme parfaitement bien sous un soleil d’après-midi, on a eu entre-autre droit à une reprise de Where is my mind des Pixies parmi plusieurs délicieuses compositions originales. Le convoi nous emmène jusqu’à la Place de la Citoyenneté, parc central dans Rouyn et qui accueille le reste de l’expérience musicale. (Arielle Galarneau)
Colonie de vacances
Définitivement l’un de mes coups de cœur du FME 2016, la formation Colonie de vacances, composée des groupes français Pneu, Marvin, Electric Electric et Papier Tigre. Imaginez quatre bands sur quatre scènes différentes qui se font face. Maintenant vous les faites jouer simultanément dans une synchronisation parfaite. Dans cette mise en scène, les lois du spectacle sont éclatées, la foule est prisonnière en souricière d’un mur de son à trois-cent-soixante degrés. Et QUEL MUR! Du rock psychédélique gras et lourd au moins autant que le jambon que j’ai mangé au resto ce matin. Ils se lancent la balle ou jouent en même temps des lignes différentes sans jamais verser dans le chaos désorganisé. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire au soleil et les mélomanes autours de moi avec… Flabbergastés. À la seconde où je me suis dit »ce serait fou qu’ils fassent un canon »(t’sais, le canon de Pachelbel?), ils ont lu dans mes pensées et l’ont FAIT. Reprenant la même phrase musicale en décalé à la guitare, puis à la voix, la basse et le synthé… symphonie psychédélique adorée. (Arielle Galarneau)
Foreign Diplomats
On se téléporte à la scène Évolu-Son pour aller voir les gars de Foreign Diplomats. Boy band assumé avec choeurs et chanteur hyper-charismatique. C’est simple, les premiers rangs du parterre étaient remplis de fans qui craquaient pour la gueule et les trémolos désinvoltes d’Élie Raymond, frontman à la note juste et aux yeux de bébé chien. Je salue au passage le clavier-tromboniste Thomas Bruno-Faubert qui n’avait souvent que deux temps pour faire la transition entre son trombone et son synthé. (Arielle Galarneau)
Laurence Nerbonne
Je ne peux pas m’en cacher, c’était l’un des spectacles que j’avais le plus hâte de voir. Ayant écouté son album en boucle depuis la sortie en mars dernier, on peut dire que les attentes étaient élevés. En entrevue plus tôt dans la journée, Laurence me disait que ce serait la fête et c’était le cas. La salle est devenue rapidement une piste de danse et sur scène la belle vêtue de rose sautillait et dansait sans arrêt. Dans son interprétation de ses chansons, on y retrouve un peu l’attitude du monde du hip-hop et elle me disait être beaucoup influencée par des artistes tels que Dead Obies et Koriass. D’ailleurs, dans la chanson Balade Luxueuse, Lary (Loud Lary Ajust) a un petit solo de rap et, comme il n’était pas là, Laurence a appris la séquence et nous l’a faite en mentionnant « Je l’ai pratiqué hier jusqu’à très tard alors même si ce n’est pas bon, applaudissez-moi pour m’encourager s’il-vous-plait ». Je ne pense pas qu’elle y développera une carrière hip-hop, mais c’était tout de même très audacieux de sa part. Celle qui a décidé de se lancer dans le vide en solo suite à l’annonce de la fin d’Hotel Morphée, groupe dont elle était la chanteuse principale, nous a offert une performance rafraîchissante, authentique et énergique. Très peu bavarde, elle nous a fait toutes les pièces de son album pour terminer avec Rêves d’été, la toute première chanson à être parue avant même la sortie de l’album. Avec cette performance, elle nous a prouvé qu’elle avait sa place et que sa pop-électro francophone se taille tranquillement une place parmi les grands. (Karina Tardif)
Aliocha
Ce jeune artiste que j’allais voir avec curiosité pour les 5 dernières chansons qui restaient au spectacle m’a complètement chamboulée. N’ayant pas pu me rendre à temps pour le début du spectacle, qui était aussi le lancement de son tout premier album, le détour était tout de même obligatoire. Quel charme il a ce grand bout d’homme! Assis devant son piano, accompagné de ses trois musiciens, il joue et chante avec une facilité désarmante. C’est une performance sans artifice qui laisse place à son talent brut et aux mélodies de ses chansons marqués par l’influence des artistes comme Bob Dylan et Elliot Smith. La chanson qu’il a composé le jour où il a signé avec Audiogram mentionne que « Something is starting today » et je pense bien qu’il avait raison, lui qui a Jean Leloup comme mentor, est en train de vivre les débuts de quelque chose qui deviendra grand. (Karina Tardif)
Chantal Archambault
Chantal est apparue sur scène plus femme que jamais, toute en douceur et en sensualité. Elle nous a livré ses quelques nouvelles chansons tirées de son EP À hauteur d’homme, sorti en mai dernier. Les pièces se sont enchaînés avec tellement de légèreté et de bonheur que je me sentais le cœur léger. Avec la talentueuse Chloé Lacasse aux claviers et Michel-Olivier Gasse à la basse, elle et son « band » nous ont préparé un spectacle spécialement pour l’occasion puisque l’album complet de Chantal ne sort qu’en octobre prochain. À mesure que le spectacle avançait, on se sentait comme si on buvait une bouteille de vin avec elle et ses musiciens et qu’on devenait de plus en plus réchauffé. La douceur du début s’est transformée en envie de chanter fort et de taper des mains. Elle-même avait de la difficulté à croire qu’elle était bel et bien sur la scène de l’Agora des arts du FME. En plus d’avoir aussi revisité quelques anciennes pièces, on a eu droit en exclusivité à la pièce Saratoga, du duo du même nom qu’elle forme avec Gasse depuis quelques temps, en formule « full band ». Quelle belle idée, qui fut fortement appréciée !! (Karina Tardif)
Lakes of Canada
Ce fut pour moi une découverte inattendue. Plusieurs personnes m’ont recommandé d’aller les voir et j’avoue que le fait de choisir entre eux et Half Moon Run me déchirait beaucoup. Jamais je n’ai été aussi heureuse de ma décision puisque j’y ai découvert un groupe qui sort des sentiers battus en mélangent les styles et en offrant plusieurs variantes dans leur performance. Après avoir offert une performance forte et intense, les membres du groupe se sont transportés dans le public pour nous offrir deux pièces a capela avec, en plus, le bassiste qui s’est transformé en beat boxer pendant que les autres claquaient des doigts et tapaient du pied. L’ovation énorme que le public a donné à la fin du spectacle était à la hauteur du spectacle qu’on venait de vivre ! (Karina Tardif)
Avec pas d’casque
En toute simplicité, assis sur leurs chaises, les gars de Avec pas d’casque nous ont livré leur nouvel album Effets spéciaux, sorti cette semaine, au complet et dans l’ordre devant un public plus qu’attentif. Les gens ont bu leurs paroles et ont accueilli à bras ouverts toutes les nouvelles pièces, tellement que Stéphane Lafleur en a fait une mention spéciale. (Karina Tardif)
La soirée hip-hop (KNLO, Brown et Dead Obies)
À mon arrivée tardive dans la salle de spectacle Paramount, la soirée est déjà bien entamée. Le rappeur de talent KNLO (Alaclair Ensemble) se balade énergiquement sur scène et dans la foule, bien accompagné par Caroline Dupont une habituée de la scène hip-hop québecoise. Le premier plancher de la salle se réchauffe, on bouge et chante en harmonie avec KNLO qui jongle habilement les enchaînements sans accrochage. On a eu une ouverture de la première soirée hip-hop du FME 2016 haute en qualité. Le trio familial Brown vient ensuite livrer sur scène leur premier album éponyme : impossible de résister au charme de Snail Kid (membre de Dead Obies), celui de son frère Jam (Alaclair ensemble) et de leur père Robin Kerr. Les membres de la formation débordent d’énergie et nous communiquent une belle vague de chaleur humaine. Mes attentes étaient élevées, et elles sont comblées. Pour fermer la soirée au Paramount, le public attendait fébrilement Dead Obies. Rapidement les fans se sont massés sur le premier plancher. Sur la ligne de front, les fans gardent leur téléphone allumé pour ne pas manquer l’entrée en scène des membres. Dès les premières verses (après un petit délai de problème technique), la foule s’enflamme, rien ne pouvait éteindre l’ambiance à l’intérieur du Paramount. En espérant que la salle sera autant remplie ce soir pour la deuxième soirée hip-hop du FME. (Marie-Clarys Taillon)
Yonatan Gat
Après une journée passée à courir les entrevues et les musiciens ambulants, le déferlement de décibels en pleine gueule de fin de soirée de ce deuxième jour du FME était grandement mérité et surtout, le bienvenu! Le New-Yorkais d’adoption, israélien de naissance, Yonatan Gat a livré la marchandise avec son punk-rock psychédélique qui en a jeté à toutes nos figures rassemblées au sous-sol du Petit Théâtre du Vieux-Noranda.
“Ça faisait un mois qu’on avait pas joué”, racontait Yonatan Gat. Et c’est particulièrement long pour cette formation qui carbure à l’énergie brute de performances live dont le rythme effréné et l’intensité laissent l’audience sonnée, tremblante, survoltée. La performance d’hier n’y a pas fait exception. Installé au centre de la salle sombre, entouré par la foule médusée, le groupe a alterné des pièces mitraillées et les pauses planantes qui n’agissent que comme espace d’anticipation pour la prochaine salve du batteur Gal Lazer.
Son débit frénétique a, comme à l’habitude, captivé la foule massée autour des musiciens pendant que Yonatan Gat et Sergio Sayeg glissaient sur leurs cordes, comme possédés par la musique. Interprétés avec beaucoup de liberté et une sauvage dose d’improvisation, dans un esprit proche du free jazz, les pièces de Yonatan Gat prennent vie dans la performance. Celle-ci est nourrie par un jeu de lumières simple, mais efficace, qui focalise d’attention de la foule sur les musiciens ouvrant littéralement le feu et incendiant la pièce de décibels. La proximité physique des musiciens donne aussi accès à cette énergie brute et déchaînée à laquelle nous étions venus nous abreuver hier.
Le choix entre Yonatan Gat et Fred Fortin, qui était en spectacle au même moment au Cabaret de la dernière chance, a été déchirant pour plusieurs (mais on se reprend ce soir) et Yonatan Gat ne s’est pas produit hier devant une salle comble. Celles et ceux qui sont venus ont toutefois eu droit à tout un spectacle, encore plus délirant qu’à l’habitude, résultat peut-être d’un besoin de défoulement des musiciens arrivés en voiture à Rouyn depuis New York quelques heures à peine plus tôt.
Devant un public mixte de fans et de curieuses et curieux, ils ont donné une solide interprétation de certaines pièces de leur dernier album, Director, et quelques nouvelles compositions, avec des ajouts vocaux plus ou moins efficaces de Gat, qui se retrouveront probablement sur le prochain album, à paraître dans en 2017.
En coulisses, Yonatan parlait d’ailleurs de ce prochain album comme l’aboutissement d’un long processus avec lequel il a hâte d’en finir. Cet album est presque terminé et une première écoute (parce qu’Écoutedonc.ca a ses entrées!) confirme que le son unique de Yonatan Gat arrive à maturité. Se déployant toujours en envolées psychédéliques à la guitare, ponctuées de pauses atmosphériques et toujours appuyées par la batterie de Lazer, la musique de Gat intégrera cette fois-ci des échantillons de “dead Spanish singers”, dit-il.
On a bien hâte d’entendre la version finale, mais d’ici-là, on en profite à chaque fois qu’on peut se faire décoiffer par Yonatan Gat et faire le plein de décibels, que ce soit à Rouyn, comme hier, ou en début octobre à Québec (5 octobre), Montréal (6 octobre) ou St-Prime (7 octobre). (Sarah Bélanger-Martel)
La soirée musicale se continue au sous-sol du Petit Théâtre du Vieux Noranda. Je fais la file pour aller me baigner la tête dans un bain de rock psychédélique sacré servis par les tendres, les terribles, les sublimes Yonatan Gat. Je suis amoureuse. Ils nous servent de ces rythmes déchaînées en chemise de soie et pantalons cigarettes, bouteille de whiskey en renfort -pour m’en être fait offert, c’était une bien gentille bouteille- Jamais groupe si déjanté n’aura été aussi bien habillé. Le batteur érigé en christ en pleine épiphanie échappe sa baguette, ferme les yeux et tends la main pour que le destin la lui redonne en mains propres. Et le Seigneur dit »Joue, mon fils. » Et ils jouent.
Trio hyper-actif délirant, route 66, serpents peyote et chamans, le trio partage ses révélations et ça goûte bon. Un drum éclatés en miettes mets fin à la transe, il ne ressuscitera pas après trois jours. (Arielle Galarneau)
UUBBUURRUU
Uubbuurruu ferme la soirée, mais à la place on est allé voir un combat de crêpes volantes dans la ruelle. Oops !
La journée en photos par Marie-Clarys Tailon et Sébastien Ouellet:
J’ai eu la chance de m’entretenir avec Simon et Alexandre du groupe Les Trois Accords, accoté sur une petite table du Café Morgane sur la rue Notre-Dame au centre-ville de Trois-Rivières. Les gars étaient en ville pour une journée promotionnelle pour le Festival de la Poutine de Drummondville qui aura lieu du 25 au 27 août 2016. La programmation est très alléchante, comme à l’habitude avec:
Jeudi: Les jeunes de Secondaire en spectacle,Dead Obies, 2Frères etBernard Adamus
Vendredi: Les jeunes de Cégep en spectacle,Philippe Brach,KoriassetLes Cowboys Fringants
Samedi:La famille Ouellette,Safia Nolin,Vilain Pingouinet Éric Lapointe
Voici, dans l’ordre et dans le désordre, un résumé des discussions avec les organisateurs:
Qu’est-ce que vous voulez que les gens retiennent de leur expérience au Festival de la poutine ?
On veut un événement avec des artistes qui attirent le plus de gens possible et on veut des artistes pour tous les goûts. Aussi, on aime mélanger les styles dans la programmation d’une journée. Par exemple, le jeudi, il y aura Dead Obies suivi de 2Frères et avec Bernard Adamus en tête d’affiche. C’est aussi dans un objectif de créer un nouveau public aux artistes, ce qui fera en sorte que les gens vont se déplacer les prochaines fois qu’ils seront en spectacle dans leur ville. On intègre aussi des jeunes de Secondaire en spectacle et Cégep en spectacle parce qu’on veut que la relève ait une motivation à continuer, mais aussi pour leur donner une expérience professionnelle dans un festival.
Parmi votre programmation de cette 9e édition, quel est votre coup de coeur ?
Alex: Mon coup de coeur c’est la journée de jeudi, mais j’ai aussi un gros coup de coeur du côté de la poutine pour Jérôme Ferrer (Europea), avec une poutine exclusive au festival.
Simon: Moi j’ai hâte de voir Bernard Adamus. C’est tout le temps la fête avec lui, mais je ne l’ai jamais vu en tête d’affiche de festival comme ça. Je suis vraiment content que Dead Obies soit là aussi et le retour de Vilain Pingouin le samedi, ce sera une belle soirée. Safia Nolin en première partie d’Éric Lapointe aussi, ce sera intéressant.
Comment a été reçue l’idée de partir un festival de poutine par la ville et les partenaires lors de la toute première édition?
C’était difficile à expliquer ce qu’on voulait faire. À « Drumond », les gens prennent plus la poutine pour acquis, donc les gens se demandaient pourquoi faire un festival là-dessus? Au fur et à mesure que les démarches avançaient, le volet musical venait aider au sérieux de la chose. Aussi, le fait que ce soit notre groupe qui en fasse la demande aidait à la crédibilité du projet et les gens ont tous fini par embarquer.
Est-ce que ça a pris du temps pour que l’événement prenne de l’ampleur ?
La première année à été assez violente. On a été rodé rapidement parce qu’on avait Éric Lapointe et on vendait des bières dans des bouteilles de vitre. Disons que les gens derrière le bar ont encore des cicatrices de cette soirée-là. Aussi, le festival a pris de l’ampleur parce qu’il y a plus de spectateurs, mais aussi du côté de la logistique, ce qui fait que maintenant on répond bien à la demande.
Avant de conclure, Alex et Simon rappellent aux gens d’arriver tôt (ouverture du site à 17h00) et de venir partager la poutine avec vos amis tout en écoutant et découvrant les artistes d’une programmation éclatée.
Parmi les 5 organisateurs, Alexandre s’occupe, entre autres, des bars, de la centaine de bénévoles, des réseaux sociaux et du service à la clientèle et Simon s’occupe des finances, de la direction et des relations avec les partenaires publics et privés.
Le groupe de Québec Les Évadés lançait récemment un superbe album homonyme et c’est dans ce contexte que j’ai crû bon poser quelques questions à la violoncelliste Marie-Pier Gagné afin de mieux comprendre le phénomène des Évadés. Quant à Arielle, elle a produit la magnifique illustration de style bédé ci-haut, inspirée de leur récent passage au Cercle pour le lancement de l’album.
1.Depuis combien de temps jouez vous ensemble? c’est votre premier projet ensemble?
Marie-Christine, Alain et Mathieu on joué en trio pendant un moment ensemble, mais c’est à l’hiver 2014 que je me suis joint au groupe. On a mijoté des idées pour donner une nouvelle orientation au projet et Olivier s’est finalement joint à nous cette même année. Ça a beaucoup apporté d’ajouter des percussions, et surtout du drum. Ça a permis la genèse de pièces comme « Places d’armes » et « Embuscade ».
2. Êtes vous tous du domaine académique?
Oui. MC a un bacc en jazz et a commencé une maîtrise. Alain a une maîtrise en jazz et envisage le doctorat à l’automne. Oli a un bacc en enseignement de la musique et Matt un bacc en interprétation jazz. Moi j’ai un bacc en interprétation classique et je commence une maîtrise à l’automne. On a tous étudié à L’UL.
3. John Zorn et les Dreamers semblent influencer votre univers musical, est-ce une inspiration partagée par vous tous? quelles autres influences nommeriez vous?
John Zorn a été la première inspiration pour ajouter le violoncelle au groupe. On a beaucoup écouté son projet Masada et on a d’ailleurs joué plusieurs pièces de Zorn avant de composer. Je pense qu’on peut dire qu’Alain est particulièrement fan de Zorn 😉
Pour ce qui est des autres influences, on aime beaucoup les musiciens de la « vague » israélienne comme Avishai Cohen et Tigran Hamasyan. Oli est d’ailleurs allé étudier les percussions en Israël. Sinon, Bill Frisell, Astor Piazzolla, Ludovico Enaudi et même Philip Glass sont certainement des inspirations importantes.
4. Comment fonctionnez vous pour composer? À 10 mains? Ou bien certains prennent parfois ou souvent les devants? Et qui a fait le choix des reprises?
Les idées mélodiques de base de la plupart des pièces viennent de MC. Les gars arrivent ensuite avec des idées de groove et de « riff », d’harmonie, on jam tout ça ensemble, MC fait des arrangements de cordes qu’on peaufine en duo. Ce n’est pas pour rien que les pièces sont si différentes les unes des autres, on y reconnait vraiment l’influence de chacun! C’est MC qui a choisi les reprises, mais c’est d’un commun accord qu’on les a mises sur l’album. « Soledad » et « Caravan » étaient déjà sur le EP, mais on a particulièrement travaillé « Invitation » pour qu’elle s’insère de manière cohérente avec le reste.
5. Pensez-vous qu’il faut du courage pour faire de la musique instrumentale? C’est un choix assumé depuis le début?
Je pense que ça prend effectivement du courage, parce que ce n’est pas ce qui est « mainstream ». Cependant, on ne s’est pas vraiment posé cette question là en le faisant. MC et moi on vient quand même d’un milieu classique ou la musique instrumentale va de soi, alors je pense que c’était peut-être moins questionnant pour nous de faire ça. Et, comme le dit si souvent Mathieu, l’important pour que ça marche, c’est d’assumer ce qu’on fait! Je pense aussi qu’on va dans un créneau de la musique instrumentale qui n’est pas surexploité en ce moment, ce qui nous laisse peut-être un peu plus d’espace. Et l’idée de convertir du vocal en violon ne nous est jamais passé à l’esprit. On compose de la musique instrumentale, that’s it!
6. D’où vient votre nom? Et les titres? Les titres ajoutent souvent à l’aspect « visuel » de votre musique, on imagine facilement toutes sortes de scènes de film dessus. Le cinéma vous influence? Vous feriez de la musique de film?
Quand MC et moi on s’est mise à penser à un nom de band, on cherchait quelque chose qui n’était pas trop connoté. On avait encore du mal à définir clairement le genre de notre musique, on ne voulait surtout pas se faire coller une étiquette qui ne représentait pas vraiment ce qu’on faisait. On a clairement un côté world, mais world de où?! Et c’est à partir de là qu’est venu l’idée des Évadés. L’album, c’est un espèce de voyage, mais qui ne mène pas vraiment à un endroit en particulier. Il y a aussi l’idée qu’on s’évade des « clichés » de certains styles. On part d’influences, mais on s’en va ailleurs.
Pour ce qui est des titres, on est parti des images qu’évoquent pour nous chaque pièce. Si les titres ajoutent à l’aspect visuel de la musique, et bien je pense qu’on est parti de l’aspect visuel de la musique pour choisir les titres!! Je pense qu’il y a une certaine intensité assez présente dans tout l’album et on a cherché à l’illustrer avec les titres. Et oui, si on avait l’occasion de faire de la musique pour le théâtre ou le cinéma ce serait super! On est conscients qu’il y a quelque chose de très cinématographique dans notre musique.
Et point non négligeable, on tenait à avoir un nom de band et des titres de pièces en français sans que ça tombe dans le kitch.
7. Comment se déroulent les prochains mois pour vous? des shows, des tournées? l’Europe?
Les prochains mois seront consacrés à faire la promotion de l’album et à booker des shows. On a un spectacle à Victoriaville le 21 juillet, mais rien d’autre à l’agenda. On a été tellement pris par l’album qu’on a mis un peu de côté le booking, mais on va se reprendre! On veux également tourner un vidéo prochainement.
Pour les tournées et bien…. on verra où tout cela nous mènera!!
J’ai eu la chance de m’entretenir avec Meggie qui faisait récemment son tout premier concert avec le projet Abrdeen, dans le cadre de la Fête de la Musique de Québec, et qui en fera un autre cette semaine, lors d’une soirée en plateau double avec Pékan qui sera présentée le vendredi 8 juillet au bar Le Sacrilège par le Festival OFF de Québec.
Depuis combien de temps fais-tu de la musique, même pour toi-même? Si c’est récent, pourquoi maintenant et pas avant? Ça fait combien de temps que la musique (jouée ou écoutée) fait partie de ta vie vraiment plus sérieusement?
J’ai commencé à jouer de la guitare en 2014. Cependant, j’ai toujours chanté ici et là, avec mes amis pendant des jams, surtout du Beatles. (Je suis fan finie!!) Pourquoi maintenant? J’ai eu 30 ans et c’était, comme Elvis a dit, now or never! Je voyais mes amis avec leurs bands et je me disais : « Come on, you could do this, it’s fucking awesome! » Puis, mon amoureux m’a acheté une petite Renegade en cadeau de Noël avec le livre de toutes les chansons des Beatles contenant les accords. Par la suite, j’ai plein d’amis qui ont contribué à mon apprentissage de la guitare, Pat Leblond, Jean-Pascal Houde, Jean Raby et Benjamin Ganne. Sans eux, je jouerais encore « She loves you ». Finalement, j’ai commencé à écrire des textes et boom, je savais que je tenais quelque chose de nice!
Quelles sont tes influences principales pour ce projet, selon toi? c’est un choix conscient ou constaté après coup?
Je suis très pop et nécessairement, The Beatles ont influencé ma structure de tunes. Je suis très Couplet/Refrain/Couplet/Refrain. Du coup, j’ai beaucoup écouté Lana Del Rey et Kurt Vile quand j’ai commencé à composer. Smooth, sexy et toujours catchy!
Avec quel artiste local aimerais-tu partager la scène?
Honnêtement, je pense qu’Abrdeen pourrait facilement faire la première partie de Los. On a un peu le même genre de vibe. J’aime bien leur petit EP, Small Surf. Très sympa.
Si tu pouvais chanter un duo avec n’importe qui, mort ou vif, ce serait qui?
Définitivement Julian Casablancas que j’admire beaucoup. Je l’ai d’ailleurs rencontré par hasard dans les rues de Copenhague et pour moi, il est l’épitome du « cool ». J’aime The Strokes depuis leur début et malgré quelques albums plus inégaux, je suis certaine que leur comeback sera grandiose. Avez-vous vu le vidéo Threat of Joy, sorti cette semaine? Pur génie!
Comment s’est déroulé l’enregistrement de ton premier morceau?
Vivement 2016 pour toutes les possibilités que cela nous offre. J’ai enregistré le rythm guit et la voix bien comfo dans mon salon. J’ai envoyé ça à David Saint-Germain (KPLR) à Rivière-du-Loup où il a rajouté le lead guit. Finalement, j’ai renvoyé tout ça à Toronto à mon ami Marshall Bureau qui m’avait offert d’enregistrer le drum et boom, le démo Long Time est né! Ce démo a fait une boucle d’exactement 1998 km!! C’est quand même incroyable.
Comment les autres membres se sont joints à toi? C’est toi qui compose et c’est TON projet ou tout le monde s’y met un peu?
Honnêtement, Abrdeen a vu un nombre incroyable de musiciens différents en 2 ans. À la base, j’ai présenté mes chansons à mon bon ami Pierre Désaulniers et Thomas B. Martin. Ils ont tout de suite embarqué. Le band s’appelait Touch of Honey littéralement parce que je cherchais un nom et j’ai regardé une boîte de Cheerios. Par la suite, après des départs et des retours, la formation présente s’est solidifiée et nous avons rebaptisé le projet Abrdeen. Je compose les textes et la musique mais sans mes musiciens, le projet ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Je me sens extrêmement privilégiée de travailler avec Alexanne Grenier (basse), Maxime Goudreault (batterie) et Philippe Bourque (claviers). J’ai aussi la chance d’avoir un collaborateur en or de la personne de David Saint-Germain (guitare).
Quels sont les projets intéressants à Québec en ce moment? Et à l’international?
La scène locale est tellement en ébullition avec des projets comme Floes, Ego Death et Men I trust (wow, la ligne de basse de la chanson « Lauren »). Anatole m’a tellement fait rêver de monter sur une scène et j’ai d’ailleurs fait mon premier show dernièrement. Alexandre Martel est une force de la nature sur scène et il m’a beaucoup inspiré à avoir confiance en moi et à donner tout ce que j’avais à donner. Sinon, dans le monde, il y a tellement de bons bands, Car Seat Headrest, Beck, Tame Impala, c’est hallucinant!
Est-ce que le français est une option un jour pour les compositions d’Abrdeen? d’où vient le nom du band, d’ailleurs?
J’ai toujours évolué dans un univers très anglo donc non, le français n’est pas une option pour moi. Le nom vient tout simplement de ma rue. Fait à noter : c’est aussi le nom de la ville natale de Kurt Cobain.
Quand prévois-tu enregistrer un album ou un EP en version « physique »?
Je prévois appliquer sur le Volet Pro de l’Ampli de Québec cet été et je me croise les doigts pour être sélectionnée. Si non, je veux quand même enregistrer un EP en automne. Ça s’en vient!
Qu’est-ce qui se passe côté shows après le OFF? Avez-vous des choses en tête?
J’ai été invité à faire la première partie d’un artiste incroyable à la fin juillet mais j’ai promis de ne pas dévoiler le secret. Vous pouvez demander à Sam Murdock. Il vous dira peut-être!
Y a qqchose d’autre dont tu as envie de nous parler?
Encouragez les artistes locaux. Visitez leur bandcamp. Achetez les albums physiques au Knock-Out ou ailleurs. Surtout, allez voir les shows. Il y a tellement de talent au Québec et il y en a pour tous les goûts! Je veux aussi remercier Seb CheveuxDoux qui a été présent depuis le début et m’a toujours botté le derrière afin que je continue!
Mardi passé au Knock-Out rue Saint-Joseph, le groupe Raton Lover a lancé son 45 tours sur lequel on peut entendre le single Frencher des Françaises qui tourne régulièrement sur les ondes des radios québécoises. Une trentaine de personnes ont assisté à la prestation
mini-rock, très bien rodée soit-dit en passant, dans une ambiance intime et décontractée. À l’aube de leur départ pour une longue tournée estivale, les membres du groupe; Simon Lachance (voix, guitare et batterie), Simon Guénard (guitare), Eric Blanchard (guitare et lap steel guitare), Frédérick Desroches (claviers et batterie) et Martin Plante (voix et basse) m’ont accordé un entretien pendant lequel nous avons parlé de leur deuxième album en préparation, de leur participation au Festival Pause Guitare d’Albi en France et des spectacles à venir.
Un deuxième album teinté de grands espaces
Trois années s’écouleront entre le premier album homonyme paru au mois de septembre 2014 et celui que le groupe espère faire paraître en 2017. Juste assez de temps pour que les Ratons acquièrent une solide expérience en tant que musiciens de scène grâce aux nombreux concerts qu’ils ont donnés: « Plus on fait des shows, plus on est prêt en studio, plus on trippe et plus on peut aller loin dans les chansons », raconte Simon L. « Vu que le band a eu la chance de jouer beaucoup pendant ces dernières années, c’est sûr que lorsqu’on rentre en studio la pâte pogne plus vite, comme on dit ». Les trois dernières années auront donc servi à donner aux membres du groupe les outils nécessaires pour façonner une deuxième oeuvre qui se démarquera sans doute de la première. Mais à quel point? Réalisé par Dany Placard au studio Wild qui se situe au milieu d’un paysage boréal spectaculaire, l’album qui verra le jour l’année prochaine sera définitivement teinté de grands espaces : « On a de grandes salles où l’on place des micros de manière à ce qu’on entende la salle résonner. C’est une chose qu’on ne faisait pas beaucoup sur le premier album qui est un peu moins large au niveau du spectre sonore », raconte Simon L. Parallèlement au son plus étoffé que le groupe a réussi à créer, le deuxième album sera plus uniforme que le premier : « Sur le premier album, il y avait des tounes dark pis il y avait des tounes de lumière. L’album était noir et blanc. C’était ça le concept, c’était ça l’effet qu’on cherchait à produire. Là, pour le deuxième, on voulait que les chansons aient une partie des deux à l’intérieur des textes et des mélodies », explique Simon L. Selon lui, les nouvelles chansons portent des nuances qui laissent l’auditeur choisir le chemin entre le côté obscur ou le côté lumineux de la Force. Par ailleurs, c’est l’écriture peaufinée et plus assumée de Simon L qui délimite la frontière entre le passé et le présent. Ainsi, selon Éric, l’ensemble des chansons se rapproche davantage de la plume du chanteur : « Simon a vraiment beaucoup travaillé ses textes. Je dis pas que ses textes étaient pas bons avant, mais là je les trouve plus matures. (Dany) Placard l’a beaucoup épaulé dans le processus ». Simon G ajoute que les mélodies à paraître sur le deuxième album mettront en lumière les textes de Simon L qui a réussi à trouver une façon de dire les choses franchement sans toutefois tomber dans le mélodrame. Dans le même ordre d’idée, les membres du groupe qui se connaissent depuis longtemps, partagent les histoires racontées dans les chansons, ce qui a pour effet de créer un sens commun du vécu : « Les textes, c’est des affaires qu’on a vécu ensemble. Fait que quand tu les joues, tu vis plus ce qui se passe », dit Éric. L’unicité au sein du groupe n’est pas à remettre en question et a son rôle à jouer dans l’aboutissement d’un deuxième album plus homogène. Il faut cependant souligner que chaque membre possède différentes forces créatrices et que chacun a trouvé la place qui lui revient: « On est plus conscient de notre rôle, les arrangements sont plus épurés et laisse plus transparaître la personnalité de chacun », affirme Simon G.
L’autre bord de la flaque
Le 7 et 8 juillet prochain, Raton Lover participera au Festival Pause Guitare d’Albi en France. D’ailleurs, Elton John, Louise Attaque, Joan Baez, La Bronze et Michel Fugain compteront parmi les têtes d’affiche. C’est donc une opportunité rêvée pour le groupe de Québec qui tentera de conquérir le territoire français avec son Rock bien à lui. Comment ces petits carnivores masqués ont-ils réussi à faire leur place dans un festival de cette ampleur? « On a eu la chance de se produire dans un showcase en Ontario devant des acheteurs de l’Ouest canadien et de l’Ontario surtout. Il y avait des gens de l’international aussi pour faire du repérage. On a croisé un monsieur super sympathique du nom d’Alain Navarro qui a bien kiffé ce qu’on faisait.C’est cette rencontre-là qui nous a menés au festival », explique Simon L. Les musiciens auront également la chance de montrer ce qu’ils ont dans le ventre à certains diffuseurs sur place, multipliant ainsi leur chance de se faire connaître du public franco-européen.
Authenticité, simplicité et réciprocité
Le groupe passera une bonne partie de l’été en tournée dans l’est du pays. Reconnu comme étant un Jam band qui brasse sur scène, Raton Lover livre la marchandise. « On a mis en ligne une vidéo qu’on a enregistrée l’hiver dernier au District Saint-Joseph dans le cadre des apéros du FEQ. Elle a été réalisée par Sébastien Corriveau qui a fait notre vidéoclip Tant pis. C’est un condensé de trois minutes de ce à quoi les gens peuvent s’attendre de nous », témoigne Martin «Anton» Plante. De plus, puisant dans les racines des années 60 et 70, leur musique peut rejoindre un large public et c’est pourquoi qu’il n’est pas rare de voir de jeunes enfants accompagnés de leurs grands-parents parmi les spectateurs. C’est toutefois Frédérick qui résume bien la vibe qui transparaît en concert: « J’aurais comme trois mots, peut-être un peu cheezy, pour définir nos spectacles. Il y a quand même une espèce d’authenticité, de simplicité et de réciprocité ». C’est-à-dire que les musiciens ne sont pas des personnages ; what you see is what you get. De plus, ils restent très accessibles et sont toujours heureux de rencontrer les gens après les spectacles. Entre eux, ils s’écoutent et s’assurent que tous les membres du groupe soient biens et en mesure de communiquer à la foule leur plaisir à jouer ensemble.
Tout semble débouler à une vitesse ébouriffante pour Raton Lover qui somme toute, garde les pieds sur terre devant son ascension dans l’industrie musicale du Québec. Dans ce contexte, il peut être difficile de ne pas nourrir les attentes vis-à-vis leur avenir, mais les gars partagent une manière de penser qui les cimente dans l’instant présent: « Il y a une chose importante avant tout; il faut profiter du moment qui est en avant de nous. On peut jamais savoir ce qui va arriver. C’est pour ça que dans le fond, ma philosophie que j’ai toujours appliquée, c’est qu’il ne faut jamais s’attendre à rien, parce qu’on ne sait jamais ce qui va arriver », témoigne Frédérick, qui selon les autres membres du groupe, est l’auteur derrière leur leitmotiv Je m’attends à rien, comme ça j’ai toute! «On est extrêmement chanceux de pouvoir faire ça. Il faut s’en rendre compte. Donc, quand même qu’il y a quelque chose qui fonctionne pas, il faut pas oublier qu’à la base on ne fait pas de chirurgie, on est quand même dans le divertissement ».
De vrais amateurs de musique, les sympathiques membres de Raton Lover se sont livrés au traditionnel questionnaire musical. Nous avons beaucoup ri.
Questionnaire musical
Quels sont vos deux albums classiques?
Éric Blanchard: Moi je les ai mes deux! Sky Blue Sky de Wilco et Acadie de Daniel Lanois.
Simon Guénard: Moi ce serait Electric Lady Land, la trilogie de Jimi Hendrix. Quel autre… Je sais pas, je vais y réfléchir.
Frédérick Déroches: C’est trop flou dans ma tête. Osti! C’est trop compliqué comme question! Je suis tellement éparpillé que j’ai pas d’album précis. Je passe d’un style à un autre. Pour moi, ça reste de la musique…
Simon Guénard: … DARK SIDE!
Tout le monde: AH! SHIT! OUIN!
Martin Plante: Depuis que je suis jeune, j’y reviens tout le temps; Blood Sugar Sex Magic des Red Hot Chili Peppers. Ça été une révélation! Sinon, toute l’oeuvre de Kenny G m’a beaucoup influencé. Mais sans blague, je suis déchiré entre Dark Side of the Moon de Pink Floyd et Abbey Road des Beatles. Les lignes de basse sont simples mais tellement efficaces.
Simon Lachance: Pour les grands classiques, je vais surement donner les mêmes réponses que les gars. Je vais dire plutôt les albums que j’ai beaucoup écoutés dans la dernière année qui ne sont pas nécessairement « mes classiques ». J’ai vraiment pogné un fix dernièrement sur l’album Pink Moon de Nick Drake. Mais plus proche de nous, l’album qu’on a beaucoup écouté dans la Van est The End of That de Plants and Animals.
Qu’est-ce que vous écoutez lorsque vous êtes sur la route?
MP: Sur la route, sincèrement, c’est souvent The War on Drugs qui joue.
VV: Quel album?
SL: Lost in the Dream.
EB: Sinon, le dernier album des Sheepdogs on l’a écouté quand même pas mal. Wilco.
MP: Wilco, on y revient toujours.
SL: Ryan Adams, Heartbraker. Je dirais en passant que c’est le fun que ton média soit écrit parce que les gens vont vraiment comprendre Ryan Adams et non Brian Adams!
MP: On a déjà écouté du Brian Adams sur la route, mais c’était la vidéo où il crie 24 fois «YEAH» en une minute!
SL: Il y a des albums qu’on ne peut pas passer sous silence. Soit Songs from the Big Pink ou The Band de The Band.
Qu’est-ce que vous écoutez quand vous êtes « in the mood for love » ?
EB: Moi, j’écoute les grenouilles.
VV: Ok. C’est cool… Me niaises-tu?
EB: Ah non, je niaise pas! J’écoute les grenouilles sur le bord du lac. Chez nous, à la maison, on entend des grenouilles.
VV: Ok, fait que le son des grenouilles, ça te met dedans!
EB: Oui, ça me met dedans, c’est le cas de le dire… Pis après on se prend chacun une cigarette Popaye.
SL: J’y réfléchis… Il y a une toune sur Lost in the Dream de The War on Drugs dont je me suis promis que j’allais tester. Mais c’est pas encore faite… Mais c’est sûr que Barry White est un incontournable.
FD: Ah je mets pas de musique. C’est mieux! Ça fait trop marcher mon cerveau. La musique c’est plus comme des mathématiques dans ma tête.
MP: Let’s get it on de Marvin Gaye. En fait, pas mal d’affaires de Marvin Gaye. Pis I Love You Honeybear de Father John Misty.
Qu’est-ce que vous écoutez pour vous mettre « in the mood to rock »?
SL: En fait, on fait du Yoga Rock. Rick, notre entraîneur chef, nous fait faire la drill du Rock. Des fois, on répète les tounes, mais en chantant juste nos parties.
Quelle chanson aimeriez-vous qu’on joue à vos funérailles?
EB: Moi, ma chanson d’enterrement c’est The Maker de Daniel Lanois. Ça reflète ma spiritualité.
FD: Je pense que je vais écrire ma toune.
SL: Je dirais une chanson de Nick Drake.
MP: Le temps qu’il nous reste de Serge Reggiani. Ça laisse un beau message pour ceux qui sont vivants.
Pour toutes informations en lien avec Raton Lover, visitez leur site Facebook
Chantal Archambault m’inspire. Parce que ses créations réussissent à se frayer un chemin jusqu’à mon cœur et à y laisser une petite trace. Mais surtout parce qu’elle incarne tellement de belles choses : la joie de vivre, la liberté, la simplicité, la sincérité. Il y a quelques jours, elle dévoilait cinq douces compositions réunies sur un EP réconfortant. Avec À hauteur d’homme, elle fait vibrer des cordes sensibles avec délicatesse et justesse, tout en explorant de nouveaux sentiers mélodiques. Mot par mot, note par note, elle libère des émotions que les hommes gardent, encore aujourd’hui, trop souvent prisonnières.
Au cœur du trafic de la rue St-Jean, on jase au bord de la fenêtre d’un café. Il fait chaud, il fait beau et l’auteure-compositrice-interprète assise devant moi rend cette matinée encore plus lumineuse. Des étoiles dans les yeux, le rire contagieux et l’esprit grand ouvert, Chantal me parle des muses masculines derrière ses plus récentes créations, raconte ses expérimentations sonores, révèle la signification profonde de ses textes et partage, en toute humilité, sa vision tellement rafraîchissante de la vie, de notre société. À la suite de notre rencontre, j’avais juste envie de clamer haut et fort : «Chantal for president, câline de bine!»
Les sentiments des hommes
«Y’a des gars qui m’ont remerciée de certaines chansons parce qu’ils se sont reconnus pis qu’ils m’ont dit que ça faisait du bien qu’on parle de ça, qu’on parle des hommes. C’est encore, on dirait, un peu tabou. C’est fascinant… c’est vraiment fascinant», lance la Valdorienne avec stupéfaction.
L’artiste a observé que les sentiments des hommes étaient au cœur de plusieurs discussions avec ses amies. «On se rendait compte que nous, quand ça va pas, on en parle d’emblée, mais qu’il fallait beaucoup tirer les vers du nez aux gars dans des périodes où ça allait moins bien pour justement les faire cheminer là-dedans pis peut-être les amener à être plus en harmonie avec ce qu’ils vivaient», ajoute-t-elle.
À hauteur d’homme, c’est le rassemblement de vraies émotions, de véritables histoires que Chantal a couchées sur papier et transposées en musique. L’inspiration était partout autour d’elle. «C’est pas nécessairement des hommes qui ont croisé ma vie, mais qui ont croisé la vie d’amies proches, de mes chums de filles. Oui, il y a des hommes qui ont croisé ma vie là-dedans, mais c’était moins journal intime que ça l’a déjà été», souligne-t-elle. «Je peux aussi coller ces chansons-là à mon vécu. On est des êtres humains pis on se ressemble tous, on est tous un peu ensemble là-dedans. On vit tous un peu les mêmes émotions à certains moments de notre vie.»
Pourquoi écrire ces pièces maintenant ? «Mon père est tombé malade. J’ai eu vraiment comme un gros coup, pis souvent, c’est à travers ces émotions-là que je puise pour aller créer des chansons. J’avais un peu un petit filon pis je trouvais que les hommes, y’avait quelque chose à aller chercher là-dedans. Je le vivais aussi proche de moi, personnellement. J’ai trouvé que j’avais probablement un fil conducteur donc j’ai décidé de construire autour de ça.»
« T’as mis des dos d’âne en avant de ton cœur »
La première chanson qu’elle a écrite, Dos d’âne, parle d’un de ses amis qui éprouvait de la difficulté à s’abandonner dans une relation. «L’image m’est venue des dos d’âne. Pis j’avais ce témoignage de mon ami. Il s’est laissé aller pour la première fois depuis longtemps dans la relation pis ça a tellement porté fruit de façon incroyable. Il s’est passé de très très belles choses. Ça m’avait vraiment inspirée pour cette chanson-là», se rappelle Chantal.
« Tu comprends pas / Tu restes là / Tes sentiments comme des corps étrangers »
La pièce Corps étrangers,quant à elle, est inspirée d’un ami qui n’était pas épanoui au travail. «Il a dû faire des constats au niveau plus professionnel, il ne se réalisait pas. Ça l’a mené à des problèmes de santé pis une dépression. Tout ça, ce n’est pas triste en soi parce que ça l’a amené à faire une thérapie pis finalement aujourd’hui, il est plus en harmonie avec ce qu’il fait pis il s’est réorienté», explique l’auteure-compositrice-interprète.
«C’est dans les moments de crise comme ça où tu ne reconnais plus la personne pis y’a toutes sortes de réactions qui ressortent de ça pis c’est pas nécessairement si clair pour les hommes que des fois ça l’est pour les filles. Je sais pas pourquoi. Ça dépend des hommes, je veux pas catégoriser, ni généraliser.»
« Tu valses autour de plus d’un feu de joie à la fois / Je te vois, je te vois »
La pièce-titre du EP, À hauteur d’homme, traite «du désir d’aller voir ailleurs». «On peut penser un peu à de l’infidélité mais y’a tout ce désir-là extraconjugal», précise la musicienne. Entre les lignes, il y a aussi un message d’écoute de l’autre.
«Je dis beaucoup »je te vois ». Autant que dans la vie, on sent ces choses-là, tu sais quand on sent que l’autre est peut-être moins dans la relation. Mais y’a aussi je te reconnais dans le »je te vois ». Il faut être capable de reconnaître ces besoins-là de la part de l’autre pis l’autre doit être capable de reconnaître qu’il en est là dans sa relation pis qu’il doit t’en parler aussi. C’est toute une part de se reconnaître, se comprendre là-dedans pis s’accepter dans le fond.»
« Laisse-moi croire que l’on pourrait s’aimer / Sans camouflage, sans sparages, rien à prouver / Sans la peur de se faire voir / Au premier étage, à l’état sauvage, nu de vérité »
Lorsque je demande à Chantal quelles sont ses paroles préférées sur le EP, c’est après une brève hésitation, qu’elle me répond ceci : «Dans Le jeu des accroires, je parle beaucoup de trouver sa vérité. Je trouve que c’est quand même un espèce de petit portrait de notre société de tenter de se sortir de ce monde d’image, de tenter de se reconnecter vraiment plus vers qui on est», résume-t-elle. «Je parle du fait de ne pas se mettre de maquillage pis pas se mettre de camouflage, mais c’est aussi dans l’attitude, tu sais.»
Vient ensuite une question tout à fait légitime, une de celles qui font réfléchir. «Pourquoi on ne se sourirait pas plus ?», pose simplement l’artiste. «Des fois, les gens dans leur gêne face aux autres vont se fermer pis vont être des fois méprisants ou vont moins aller vers les autres, vont se confiner dans un statut qui, peut-être pour eux, veut dire qu’ils sont au-dessus de nous par leur froideur ou leur attitude un peu plus fermée».
Quand je vous dis que cette femme est inspirante, la suite de sa réflexion en témoigne particulièrement bien. «Je trouve qu’il y a tellement à gagner que de s’ouvrir pis d’être vrai. Pis si j’ai envie de rire fort, je vais rire fort. Pis si j’ai envie de danser dans un show pis d’avoir l’air folle, j’aime mieux ça que rester stoïque à avoir l’air de pas tripper sur ce qui se passe en avant de moi», exprime-t-elle. «Y’a tout un espèce de lâcher son fou que je trouve qu’on a perdu au Québec. Quand tu t’en vas justement dans des endroits comme New Orleans, tu vois les gens se parler, les gens danser, les gens être libres de leur corps.»
«Y’avait toute une quête de vérité qui transparaît un peu dans Le jeu des accroires. On se fait croire qu’on va bien, qu’on est bien, qu’on est au-dessus de tout ça, mais, finalement, on se met plein de contraintes pis on n’est pas nécessairement plus libres ou plus en harmonie avec la vraie affaire. Cette chanson-là, c’était comme un petit cri du cœur de recherche de cette vérité brute», conclut la chanteuse.
Cette vérité, Chantal l’a un peu trouvée à la campagne où elle s’est installée avec son amoureux, le musicien Michel-Olivier Gasse. «On est vraiment dans le retour aux vraies affaires pis tout le reste on s’en balance vraiment. On est vraiment plus relax pis ça fait vraiment du bien d’être plus en contact avec les gens, le temps, le fait d’avoir moins, de vivre dans la simplicité volontaire plus.»
De nouvelles avenues musicales
Au départ, la sortie d’un EP n’était pas dans les plans. C’est l’octroi d’une bourse en recherche et création du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) qui a permis à Archambault de fixer les pièces sur support matériel pour qu’elles se rendent jusqu’à nos oreilles. «C’est grâce à cette bourse que j’ai pu me payer le luxe d’aller travailler avec quelqu’un qui allait pouvoir enrichir mes chansons. J’avais vraiment envie de me challenger un peu», explique-t-elle.
En effet, Chantal est allée chercher le réalisateur Alex McMahon pour amener ses compositions plus loin. «Il travaillait avec des gens qui ont un univers quand même différent : Ariane Moffatt, Alex Nevsky, Yann Perreau, … Tout le monde me disait que c’était un amour! J’aime beaucoup tomber en amour au niveau professionnel pis dans la vie. Je n’ai vraiment pas été déçue. C’est un gars super sensible pis tellement talentueux. Y’a su garder l’essence pis la nature de ce que je fais», assure l’auteure-compositrice-interprète.
Les chansons ont été enregistrées en quatre jours dans le studio de McMahon avec les musiciens Michel-Olivier Gasse à la basse, Guillaume Bourque à la guitare et Myëlle pour quelques accompagnements vocaux. «C’est le studio LGROS !», dit Chantal en riant. «Vu que j’ai aimé beaucoup le résultat, j’ai dit ok faut faire un EP. Pis un EP de quatre tounes, ben c’est court. J’ai dit je vais me payer une cinquième journée. On a enregistré une cinquième chanson (On veillera le feu) pis on a peaufiné les arrangements des quatre autres.»
«Y’a tellement de machines dans son studio, c’est complètement étranger à mon cheminement. C’est un vocabulaire et un registre que je ne connais pas pis ça me faisait ben tripper de le voir travailler avec ça aussi habilement pis rapidement. Je n’en revenais pas du cheminement que mes chansons pouvaient faire», lance-t-elle. Elle cite l’exemple des arrangements qu’on peut entendre sur la pièce À hauteur d’homme : «Je parle des oiseaux. Alex s’est dit je pourrais tenter d’aller chercher des petits sons, quelque chose de très aérien, qui vole. Y’a créé un son qui pouvait peut-être s’apparenter à ça. Ça m’a beaucoup impressionnée tout cet aspect-là.»
Pour succéder aux sonorités country-folk qui teintaient ses oeuvres précédentes, Archambault avait envie d’avoir un son un peu différent, qui marquera peut-être une transition dans son répertoire solo. «C’était vraiment un champ d’exploration pour voir où ça allait m’amener pis j’aime vraiment le résultat. Je pense que je me dirigerais peut-être un peu vers ça s’il y a un autre album éventuellement. […] C’est peut-être juste une tranche de vie, je n’ai aucune idée. Y’a des horizons qui peuvent s’ouvrir pis on peut aller ailleurs aussi.»
Le naturel revient au galop
Bien que la musicienne souhaite explorer et sortir de sa zone de confort, c’est essentiel pour elle de conserver ses racines folks. «Je veux les garder parce que c’est comme ça que je crée. C’est ce à quoi les gens qui me suivent depuis le début sont attachés. Je ne veux pas dénaturer ça parce que je ne veux pas non plus ne plus avoir envie de chanter mes anciennes chansons parce qu’elles s’harmonisent moins avec mon nouveau son», mentionne-t-elle.
Son amour pour le folk lui vient probablement de sa famille. «Ma mère écoutait beaucoup de Johnny Cash. Je me souviens que j’avais quelques mois et mes oncles et tantes avec ma mère s’amusaient à mettre une certaine musique pis à switcher au Johnny Cash. Aussitôt que j’entendais le Johnny Cash, je réagissais d’une façon particulière», indique Chantal.
Aujourd’hui, l’artiste écoute beaucoup de musique québécoise. «Je trouve qu’on a une espèce de belle culture pis y’a des femmes qui écrivent vraiment bien. Y’a vraiment un monde d’auteures-compositrices-interprètes vraiment stimulant au Québec pis je trippe vraiment sur les filles de ma génération qui écrivent. Je pense à Amylie qui vient de sortir, à Chloé Lacasse, à Mara (Tremblay), …»
Chez elle, c’est son amoureux qui s’occupe de l’ambiance sonore. «Mon chum a une collection de vinyles. C’est un espèce de geek qui met toujours la musique le matin, c’est vraiment le DJ de la maison», affirme-t-elle. «On dirait que je me laisse un peu porter parce ce qu’il va mettre. C’est très varié : ça peut aller de la musique américaine à du piano, du vieux blues, du vieux jazz.»
Visage à une face
En discutant avec elle, j’ai l’impression de la connaître. J’ai le sentiment qu’il n’existe presque pas, sinon aucune distance entre Chantal l’auteure-compositrice-interprète et Chantal au quotidien, celle qu’on pourrait croiser à l’épicerie du coin. Même si je me doute déjà de la réponse, je lui demande si c’est important pour elle d’être aussi transparente dans son art. «Oui, vraiment», me répond-elle d’emblée.
«Ce que je fais, c’est ce que je suis. What you see is what you get. Pis c’est la même affaire avec Saratoga (son duo avec Michel-Olivier Gasse). On est vraiment dans une dynamique de vérité. Quand tu viens voir le show, t’as accès à nous pis on joue pas de game», assure-t-elle.
Elle croit que cette proximité, entre l’artiste et l’humaine qu’elle est, contribue à faire tomber les barrières et à renforcer le lien privilégié qu’elle entretient avec son public. «Je me suis rendue compte, surtout avec la tournée de Saratoga, que y’a vraiment beaucoup de monde qui trippe sur ce que je fais, mais qui trippe fort, pis ça, ça m’impressionne beaucoup. Probablement à cause de cette vérité-là, c’est allé chercher les gens dans des endroits très précis de leur vie pis de leurs émotions», estime-t-elle.
«C’est peut-être à cause de ça que j’ai des personnes qui me suivent assez fidèlement pis qui ont vraiment été touchées par ce que j’écrivais et qu’elles se sentent à l’aise de me le dire. Y’a ça aussi. Quand t’es intimidé par la personne, tu te coupes de plein de rencontres.»
Justement, ne vous coupez surtout pas d’une rencontre avec Chantal. Elle est plus que sympathique donc, si jamais vous la croisez, allez lui jaser ça. Je peux vous dire qu’elle m’a apporté beaucoup et je la remercie pour ça.
À l’aube de ses trente ans, Fanny Bloom a sorti un album homonyme sur lequel elle fait la relecture épurée de chansons tirées de ses albums précédents. Seule au piano et appuyée par les présences discrètes de Thomas Hébert (trompette et fluglehorn) et de Pierre-Philippe «Pilou» Côté (contrebasse, violoncelle, harmonium), Bloom montre ses talents d’interprète avec sensibilité et nuance. Elle présentera un spectacle intimiste d’après une mise en scène de Jean-Simon Traversy (Constellations) le 26 mai prochain au Théâtre du Petit-Champlain. Je suis allée à sa rencontre pour discuter de son album, de son spectacle et de musique, évidemment.
L’album
Dès la première écoute du dernier album, on se questionne sur l’intention de Bloom à revisiter deux chansons de chacun de ses albums précédents, Apprentie guerrière (2012) et Pan (2014): « Ben en fait, c’est vraiment la forme première dans laquelle ont été composées et écrites les chansons », dit-elle, « fait que pour moi, c’est comme ça qu’elles existent avant de passer sous le bistouri du réalisateur. Avec le temps, on a réalisé qu’on ne se rendait pas compte du travail de pianiste qui était en dessous de toutes les couches. Ces chansons méritaient cet angle ». Elle raconte également qu’on lui demandait régulièrement si elle pouvait tendre davantage vers une interprétation piano-voix lors de ses spectacles, ce qui lui a donné le goût de tenter l’expérience. Reste que c’est l’âge et le besoin de se poser qui ont initié la transition d’un univers musical pop, dansant et léger vers un univers totalement intimiste, instinctif et brut : « Ça me faisait du bien de penser que j’allais partir en tournée et pouvoir avoir le temps de jouer mes affaires. Je n’avais pas à suivre une clique, un musicien ou une forme donnée de chanson. Il y a une liberté de pouvoir bien faire les choses ». Mais pour en arriver là, Bloom a dû prendre de l’assurance quant à ses talents de pianiste et reconnait qu’elle n’aurait pas été assez solide pour se retrouver seule sur une scène plus tôt dans sa carrière.
On savait déjà que Bloom recherchait à produire un disque essentiellement piano-voix, mais au cours de l’enregistrement, de très beaux arrangements se sont greffés aux mélodies : « On était chez Pilou au Nid (studio). À la fin d’une journée, on s’est rencontré et on s’est fait écouter chacun ce qu’on avait fait. Un moment donné, je lui faisais écouter une chanson pis il a pris sa contrebasse pis il a joué par dessus. J’ai fait; ben là, faudrait peut-être l’enregistrer! » Bloom lui a alors confié le mandat de composer les arrangements à trois instruments – piano, basse, trompette – qui rappelle l’esthétique musicale de l’excellent EP Constellations qu’elle a écrit pour la pièce de théâtre du même nom. Le travail s’est fait, selon elle, très naturellement dans le studio et on le sent d’ailleurs sur l’album. Les arrangements viennent envelopper la ligne mélodique très pure sans toutefois la dénaturer.
Par ailleurs, sur son dernier album, Bloom reprend deux chansons dont Danse avec moi de Martine St.Clair. Totalement réussie, cette pièce est le résultat d’une rencontre musicale entre ces deux femmes dans le cadre de l’émission Pop de jam à Musiqueplus. Comment a-t-elle réussi à s’approprier cette chanson? « Selon moi, le secret pour faire une reprise, c’est de ne pas vraiment écouter la chanson. Tu l’écoutes un peu pour te donner une ligne directrice, mais après tu te forces à ne pas l’écouter quand t’es pas sûr d’un bout, parce qu’il y a quelque chose qui sort instinctivement ». C’est de cette façon que Bloom s’est retrouvée avec une approche introspective de la chanson qu’elle a intégrée à son spectacle. « C’est rafraichissant de chanter quelque chose que t’as pas écrit, ça fait changement ».
Le spectacle
La rencontre avec le metteur en scène Jean-Simon Traversy avec qui Fanny Bloom a travaillé sur la pièce Constellations constitue indéniablement un événement marquant dans la carrière de la jeune artiste. C’est d’ailleurs Traversy qui signe la réalisation scénique de son dernier spectacle. Comment est-elle arrivée à lui confier un matériel aussi personnel à mettre en scène? « Ben il m’a beaucoup fait confiance. Au début, je ne le connaissais pas, c’est lui qui est venu me chercher pour la pièce Constellations. J’ai trouvé qu’il s’exprimait vraiment très bien, il m’a mise tout de suite en confiance et m’a donné aussi énormément de liberté. J’ai toujours trouvé qu’à chaque fois qu’il faisait des commentaires aux acteurs, à chaque fois qu’il s’en allait quelque part, il y avait toujours quelque chose dans la tête, ce n’était jamais vide de sens ». Bloom ajoute qu’il se dégageait de la pièce une belle sensibilité qu’elle trouvait juste pour le spectacle de musique qu’elle désirait offrir à son public : « Vu qu’on se connaissait plus, ça été facile de le faire. Il a embarqué là dedans et il trippe aussi à faire des trucs comme ça. Je pense qu’on s’est beaucoup nourri mutuellement. C’est un match parfait pour la création ».
La composition du spectacle est issue d’un brainstorm entre Bloom, Traversy et Renaud Pettigrew, concepteur lumières qui a travaillé pour Robert Lepage et sur la pièces Constellations. Les trois ont été inspirés par la première partie de l’oeuvre The Flux and the Puddle de David Altmejd dans laquelle on peut voir des cubes imbriqués en miroir et éclairés d’une certaine façon à ce que la lumière éclate sur les murs. « C’est une oeuvre qui nous a vraiment beaucoup inspirés pour construire le décor lumineux. C’est dans le décor que se retrouve la lumière. On a construit quelque chose dans laquelle le piano pouvait s’imbriquer ». La structure lumineuse est d’ailleurs ce qui impressionne le plus l’artiste qui ne cache pas sa fierté d’avoir réussi à concevoir un tel effet visuel, et avec raison: « Je sais que c’est impressionnant, que c’est quelque chose à voir. Je pense que ce qui est vraiment le fun, c’est qu’on a réussi à faire interagir la musique et le module en même temps ». Bloom confie qu’il y a des moments enlevants grâce aux ambiances sonores qui viennent alimenter l’exécution de l’oeuvre dans son ensemble : « Moi je suis là dedans, je le vois, je le joue. Si ça me fait de quoi, j’ose imaginer que les gens ressentent quelque chose aussi. C’est puissant ».
Questionnaire musical en vrac
Quels sont tes classiques?
« Quand j’étais jeune, mes parents écoutaient énormément de musique française. Je ne sais pas si j’aurais choisi ce genre spontanément, reste que les Brel et les Brassens m’ont quand même beaucoup influencé dans ce que je suis devenue comme auteur. Fait que quand j’sais pas quoi mettre, je mets de la vieille musique française ».
Qu’est-ce que t’écoutes quand tu es inthe mood for love?
« Mettons le dimanche soir – petit verre de vin – j’aime ça quand mon chum met du vieux jazz pis on fait de la bouffe. Je trouve ça romantique. Je suis assez nostalgique dans mes choix musicaux ».
Qu’est-ce que tu écoutes en char?
« Là c’est plus pop. C’est loud. Beyonce ça joué beaucoup, Rhianna. Surtout quand il fait beau, les fenêtres baissées.»
Tes plaisirs coupables?
« En général, je ne suis pas coupable de mes plaisirs musicaux… Mais ça m’arrive encore de tripper sur Lara Fabian ».
Qu’est-ce que tu aimerais qu’on joue à tes funérailles?
« Ça serait surement du classique. Ça serait surement du Chopin ».
FANNY BLOOM SERA EN SPECTACLE AU THÉÂTRE PETIT-CHAMPLAIN LE 26 MAI PROCHAIN. DÉPÊCHEZ-VOUS, LES BILLETS S’ENVOLENT VITE! INFOS