Lundi soir dernier, j’ai assisté au show de Yukon Blonde qui avait lieu à L’anti Bar et spectacles. ( Les photos sont ici) En première partie, il y avait un band local, Medora, et c’est de ça que je veux vous parler aujourd’hui. J’ai rencontré Vincent Dufour, chanteur et guitariste de Medora, pour la meilleure entrevue que te n’auras jamais lu de ta vie.
Alors première question (je t’avertis, ça déboule, il y a pas de suspense, rien) :
Une petite facile, pour faire semblant que cette entrevue-là est faite pour parler de ton band : ça fait combien de temps que vous jammez ensemble? C’est quoi vos inspirations ? pis en 3 mots comment tu décrirais Medora?Ça fait longtemps qu’on joue ensemble. Ça fait 3 ans que Medora existe, mais plus sérieusement depuis 1 an et demi, Aubert s’est joint au groupe, depuis la formation est plus stable.
Nos inspirations sont très variées, du indie-rock au hip-hop, du jazz à la pop, mais nous avons des groupes fétiches en commun comme The Dodos, The National, Jimmy Hunt, Suuns, entre autres. On aime autant le rock plus organique que des productions plus électroniques parfois aussi plus pop. On a un goût pour la musique moderne mais de plus en plus nos racines ressortent, comme par exemple, les Beach Boys ou encore David Bowie.
Exaltation, sensoriel et Égypte
Vous avez lancé votre EP cet hiver; c’est quoi votre meilleure anecdote de tournée? C’est quand Guillaume a eu la mauvaise idée de faire la tournée en scooter avec pas de casque, en plein mois de janvier. Il a eu froid.
C’est quoi ton band de hardcore préféré (je connais ton passé nébuleux)?Underoath, pour leur son différent, ils osent aller dans des horizons différents.
Tu participes à LA VOIX, ton but c’est d’être pris dans l’équipe de Jean-Pierre Ferland, tu chantes quoi? Je chanterais Brillantine de Nimbes
Est-ce que tu penses que Taylor Swift est vraiment gentille dans la vraie vie ou que dans le fond, elle est vraiment méchante du genre : elle kick des poubelles et marche au milieu du trottoir ? Je pense qu’elle est extrêmement désagréable, qu’elle ne sait pas agir socialement. Je pense que c’est une fausse personnalité, en fait Taylor Swift c’est une grosse conspiration.
Es-tu capable de faire un avion en papier ? Difficilement, oui, je suis le seul détenir le vrai secret des avions en papier.
Blink-182 ou jet pack? Jet Pack pour conquérir Taylor Swift
T’as le choix, les doigts plein de poudre de cheetos toute ta vie ou un grain de pop-corn pogné dans la gorge pour le restant de tes jours (merci à mon coloc pour cette question) ? Les doigts plein de cheetos.
Pourquoi les balles de tennis sont-elles frisées ? Il aurait fallu que Guillaume soit là, c’est le scientifique du groupe.
Sinon, je pense que les frisées sont là pour générer de l’oxygène. Que c’est une solution à la coupe des arbres, ça crée de l’oxygène. Je pense qu’ils ont juste fait ça pour une question humaine.
Serais-tu game de courir avec des ciseaux dans les mains ? Non. Oui pour 2,50$
C’est quoi le plus gros montant que t’as dépensé saoul dans un McDo ?
Probablement 802,50$
C’est quoi l’endroit le plus random où t’as bu ? Dans un soulier à talon égaré d’une duchesse du carnaval. C’était un gageure pour 2,50$
Sur un échelle de 1 à 10, à quel point tu trouves ça tannant les photos de bébés sur facebook? au moins 34 sur 10.
T’as le choix, toute la musique que t’écoute saute jusqu’à la fin de tes jours OU l’acouphène ? L’acouphène sans hésiter.
T’as le choix d’écouter une seule chanson jusqu’à la fin de ta vie, tu choisies laquelle ? Et pourquoi tu ne choisis pas Un-break my heart de Toni Braxton? Particulièrement, un 3 secondes mielleux du single que j’ai écouté hier du nouveau projet de Samuel Wagner de Harfang et de Pier-Philippe Thibault et Simon Tam de PopLéon. Watch out. Et pas Toni parce que son clip est vulgaire.
Foreign Diplomats, deux mots à retenir. Cinq gars qui, malgré leur jeune âge, ne sonnent comme personne. Élie Raymond (voix principale, guitare), Antoine Lévesque-Roy (basse), Thomas Bruneau Faubert (trombone, synthétiseurs), Charles Primeau (guitare) et Emmanuel Vallières (batterie) façonnent un son bien à eux, un amalgame harmonieux d’électro et de rock, où les cuivres s’introduisent brillamment. Après un EP autoproduit en 2013, leur premier album complet, Princess Flash, est paru en octobre dernier sous l’étiquette Indica Records. L’unicité de leur son et l’anticonformisme de leur proposition artistique les distinguent, dans une marée musicale montréalaise en pleine expansion. Selon moi, c’est digne de mention.
Je tenais donc à discuter avec ces musiciens pour en apprendre plus sur leur processus de création, leurs inspirations, la signification de leur musique. On s’était donné rendez-vous dans le hall d’un hôtel, quelques heures avant qu’ils ne mettent le feu aux planches du Cercle, dans le cadre de la Bourse Rideau. Je suis arrivée à la course. Ils m’attendaient relax dans les divans en mangeant de la pizza sur un coin de table. Ils m’en offrent gentiment. Des petits gars polis. Je les aimais déjà. Élie et Thomas restent avec moi, alors qu’Emmanuel, Charles et Antoine quittent à pied avec le reste du repas. Belle jasette avec deux membres fort sympathiques d’un «bébé band» (pour reprendre les mots d’Élie) qui pourrait grandir bien vite.
Le baptême
Les gars me racontent les débuts du projet, alors qu’ils étaient au secondaire. Ils avaient des amis en commun, puis se sont regroupés. À un moment, ils étaient neuf dans le groupe. «On était juste une grosse gang, un trop gros orchestre. C’était con, c’était juste du fun. C’est tough de gérer ça», confie Élie, chanteur de la formation. Thomas, Antoine et lui sont là depuis les premiers balbutiements du projet. Originaires des Laurentides, les garçons m’expliquent qu’une «sélection naturelle Darwin style» s’est produite. «Notre sélection s’est vraiment faite quand on a bougé le local de pratique de plus en plus proche de Montréal. Il y a du monde qui trouvait ça loin, on a vraiment fait l’entonnoir avec le monde qui voulait vraiment», explique Thomas.
C’est à l’aéroport, au retour d’un voyage scolaire, que le groupe a été baptisé. «En revenant à Montréal, on a vu le nom Foreign Diplomats qui guide les vrais diplomates étrangers où ils doivent aller. Ça sonnait bien», soutient Élie. Le titre de l’album, lui? «Veux-tu la vraie histoire?», me demande Thomas. «Je pense que la fausse est vraiment meilleure.» Évidemment, je veux entendre les deux. Il commence par la vérité. Poussés par leur maison de disques pour nommer l’opus, ils ont délibéré en route vers Toronto pour un show. «On s’est dit, bon ben on va tous dire des mots, un après l’autre dans la van. Quelqu’un a dit princess, quelqu’un a dit flash.»
C’est après coup que les musiciens ont réalisé que ce titre prenait tout son sens. Les mots à connotation royale sont omniprésents dans les textes des chansons. «C’est utilisé très sarcastiquement. Prendre quelqu’un trop important pour ce qu’il est vraiment. C’est vraiment le thème de l’album. Princess Flash est devenue cette personne-là», explique Élie. «C’est une personne qui passe vraiment vite dans ta vie pis, pendant qu’elle est là, tu lui accordes vraiment beaucoup d’importance. Dans le fond, elle passe comme un flash (claquement de doigts)», renchérit Thomas. La pochette de l’album illustre d’ailleurs cette princesse-éclair. «Je voulais qu’on voit quelqu’un, parce que je trouve que tu peux plus relater», précise Élie. Thomas poursuit : «On trouvait ça le fun aussi de rajouter un personnage dans l’univers du groupe, de notre imagination.»
La quête sonore
Le jeune quintette a eu l’opportunité de collaborer avec le réalisateur américain de renom Brian Deck. Ensemble, ils ont travaillé les chansons en pré-production, puis Deck les a accompagnés pendant le processus d’enregistrement. «Brian Deck est comme vraiment devenu notre ami. Au début, c’était un peu froid, c’était intimidant. Finalement, on niaisait avec lui. Il nous a tout le temps dirigés où il pensait que ça devait aller, mais sans nous restreindre», mentionne Thomas.
«Nous, on avait notre identité», ajoute Élie. «Autant qu’on est des petits bébés pis qu’on n’avait pas d’expérience en studio pis on voulait juste faire n’importe quoi, lui il nous a juste ramenés, tout en nous laissant expérimenter un peu, jouer pis avoir du fun. La recherche sonore était déjà pas mal faite avant l’album.»
Je leur demande ensuite si, musicalement parlant, c’était important pour eux de sortir des sentiers battus. Élie me répond sagement : «[Le défi], c’est de ne pas tout le temps sonner pareil. En ce moment, j’écris encore beaucoup pis j’essaie de me pousser à faire des affaires que je n’ai jamais faites. Juste gosser avec les sons comme je n’ai pas fait avant, écrire d’une façon différente. Je pense que le plus important pour moi, c’est de nous démarquer de nous-mêmes.» Thomas enchaîne : «Pour un premier album aussi c’est important de se démarquer plus je crois, parce que c’est vraiment la première étiquette que les gens vont voir. Si c’est pareil à quelqu’un d’autre, c’est quoi vraiment le point de ton groupe, tsé.» «True that boy», acquiesce Élie.
La composition
Côté composition, créer une pièce à cinq, ça se passe comment? «C’est Élie qui lead pas mal la composition pis les arrangements des chansons», réplique spontanément Thomas. «Dans le fond, il y a comme [différents] scénarios possibles. Number one : Élie arrive avec tout déjà fait. Un démo de A à Z. Il va même avoir fait les arrangements de brass. Le deuxième scénario : Élie va arriver avec guitare-voix pis on va tout builder ensemble chacun nos instruments…plus en jammant.»
«Il faut que ça soit spontané. Personnellement, j’haïs ça travailler en band sur une nouvelle chanson, ça devient tellement chaotique. On est encore un bébé band, on commence à se connaître très bien musicalement, mais on a tous des idées différentes qui ne vont pas nécessairement ensemble, pis c’est important de l’accepter», complète Élie. Le chanteur ajoute qu’il serait ouvert à ce que d’autres personnes dans le groupe composent. «L’affaire, c’est qu’Élie écrit beaucoup, beaucoup… il est dur à suivre», affirme Thomas. «Moi j’en écrirais une [chanson] en un mois, lui il en a déjà écrit six. (rires) Si on veut créer une identité, c’est sûr qu’Élie va prendre le lead.» «Le fait que j’écris beaucoup et depuis pas mal longtemps, je commence à avoir ma plume», précise Élie en toute humilité. «Je me connais pis je sais où je m’en vais. J’ai déjà eu des démos qui ressemblaient vraiment exactement à un band pis ça les prenait pour m’amener ailleurs.»
Les musiciens qualifient leurs influences de «pas mal éclectiques.» Ils s’entendent pour dire que la musique de LCD Soundsystem a été particulièrement marquante pour eux. «C’est un gros band pour nous. C’est un band qui, pour vrai, a changé ma vie», explique Élie. «Chacun de nous a vraiment trippé fort», ajoute Thomas. Élie poursuit : «Broken Social Scene, Bowie énormément dans comment j’aimerais chanter.» Pour ce qui est du maquillage? «Ça va venir! (rires)»
«Coffee brought me to the conclusion that some people don’t deserve to live.»
La musique de Foreign Diplomats est très festive, mais lorsqu’on porte attention aux textes, on se rend compte que les propos sont assez sombres. «Quand j’ai commencé à aimer les textes que j’écrivais, j’ai réalisé que, souvent, c’est dark ou c’est vraiment méchant. (rires) C’est une grosse contradiction, les paroles pis la musique», analyse le chanteur. «Il y a des affaires là-dedans, pas que je ne crois pas, mais que je ne dirais pas dans la vraie vie. C’est aussi une raison pourquoi j’écris en anglais, parce qu’en français, je ne serais pas capable de dire des affaires aussi poussées que ça. L’anglais permet de m’éloigner de moi-même», précise-t-il.
Sur scène, la musique prend le dessus et vient atténuer la lourdeur des paroles. «Quand on est en show, quand on joue de la musique, on a le goût que les gens dansent, qu’ils aient du plaisir. On a le goût aussi d’avoir du plaisir», mentionne Thomas. «On n’est pas des gens dark non plus. Sur scène, on niaise pis on a du fun. Quand je chante ces textes-là, oui je rentre dans mon genre de personnage… mais quand même ce n’est pas lourd», assure Élie.
La scène, l’exutoire
Quand Foreign Diplomats embarque sur un stage, ça déménage pas rien qu’un peu. Où vont-ils puiser cette énergie débordante? «Je suis quand même quelqu’un de smooth dans la vie. Je pense que le fait d’arriver sur scène pis de pouvoir juste tout lâcher qu’est-ce qui peut me faire chier dans la vie ou whatever, de ne juste pas penser à qu’est-ce que tu as à faire demain. Tu t’es pogné avec ta blonde ou il faut que tu déménages la semaine prochaine, t’as pas payé ton Hydro la semaine passée… Pendant que tu joues, tu ne penses pas à ça pantoute, t’es juste vraiment ailleurs», explique Thomas.
Êtes-vous stressés de vous produire devant les gens de l’industrie ce soir ? «Oui, quand même. Mais on fait beaucoup de showcases, on sait c’est quoi. Faire un show de 20 minutes, ce n’est pas facile. Nos shows, c’est un build-up. À la fin, on se dit plus t’es mouillé, plus tu t’es fait mal, plus t’as eu du fun. On n’a pas beaucoup de temps pour se faire du mal (rires)», plaisante Élie. «On a joué avec notre setlist jusqu’à ce matin. Il y a un petit stress, un peu plus, parce que les gens viennent nous juger. On s’en vient se faire reluquer un peu.»
Shows, répétitions, entrevues, déplacements : les gars ont un horaire relativement chargé. Sont-ils toujours disciplinés? «Oui. On est à un niveau où est-ce qu’on veut vraiment faire ça tous les cinq, également. Ça nous tente tous autant, donc on veut tous mettre le même effort», assure Élie. «Ça fait longtemps qu’on veut faire ça, pis ça fait longtemps qu’on le sait», enchaîne Thomas.
Les diplomates à l’étranger
En octobre dernier, les garçons ont présenté leur spectacle dans deux villes françaises : Nantes et Paris.«C’était malade!», résume Élie.«A1!», ajoute Thomas.Leur musique a reçu un accueil inespéré.«Avant de partir, j’étais comme hey les gars, ça se peut qu’on joue devant huit personnes à ces shows-là. Mais on s’en fout, on est en France!», se rappelle Élie. Toutefois, lors d’un festival à Nantes, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. «C’était comme 1500 personnes, c’était complètement fou. Ça a vraiment cliqué, on a fait une grosse prestation. Charles est descendu dans la foule avec la cloche à vache, on s’est pitché à terre!», raconte-t-il en revivant l’excitation du moment. À Paris, le petit club dans lequel ils se produisaient était rempli. «On a été vraiment surpris de ces prestations-là parce qu’on a eu des répercussions par après, des gens qui ont vraiment aimé ça, puis qui nous ont écrit…on ne s’y attendait tellement pas», souligne Thomas.
En terminant, qu’est-ce qu’on leur souhaite pour 2016? «Des shows!», me répondent-ils en chœur. Ils feront d’ailleurs quelques spectacles avec l’australien Hein Cooper, un autre talent brut que je vous suggère de découvrir. Gens de Québec, ça se passe le 30 mars prochain à l’Anti! «On est vraiment des bons amis avec Hein Cooper. Ça va juste être le fun de partager la scène avec lui. Il est vraiment beau en plus», lance Thomas. «On va jouer des tounes avec lui et il va sûrement venir jouer avec nous. Ça va être un show long, on fait le temps qu’on veut. Nous on va avoir du fun, ça va être facilement partageable», indique Élie.
Pour vivre l’expérience Foreign Diplomats, rien de mieux que de se déplacer pour les voir sur scène. Les dates de tournée sont disponibles via leur page Facebook. Et pour danser dans votre salon, Princess Flash est la trame sonore idéale.
Camille Poliquin n’a définitivement pas chômé ces dernières années. Plus d’une décennie après avoir été choisie pour interpréter le rôle de Zoé dans la production Quidam du Cirque du Soleil, l’artiste dans la jeune vingtaine multiplie les expériences musicales. En plus d’avoir collaboré aux projets de Jason Bajada, David Giguère et Elliot Maginot à titre de choriste et de mener de front, avec sa complice Laurence Lafond-Beaulne, le duo Milk & Bone, Camille prépare actuellement son premier album solo sous le nom de KROY. Une musique directement extraite de son âme.
Quelques minutes après sa sortie de scène, à l’occasion d’une vitrine à la 29e Bourse Rideau, Camille s’est assise avec moi pour jaser de musique, de son amour infini pour le noir et de ses moments plus sombres. Hyper généreuse, elle a levé le voile sur quelques détails entourant la création du premier opus complet de KROY. Une rencontre sans filtre, ponctuée de fous rires, où on parle de choses qui font pleurer.
Bien installées dans le fauteuil rouge du sous-sol du Cercle, on parle d’abord de façon informelle. Je lui laisse quelques instants pour décompresser. Décontractée, souriante et visiblement satisfaite de son expérience à Rideau, elle souligne l’excellente qualité du son dans la salle. Sur scène, elle est entourée des musiciens Guillaume Guilbault et Maxime Gosselin. «Mon premier spectacle que j’ai fait à vie avec ces gars-là, c’était il y a plus d’un an je pense, au cabaret du Lion d’Or. C’était des versions toutes nues de ces chansons-là», se remémore-t-elle. Malgré les conditions routières exécrables, elle doit retourner à Montréal tout de suite après notre entretien, car Laurence et elle s’envolent vers New York pour faire la promotion de la tournée de Milk & Bone aux États-Unis. «J’aimerais tellement ça rester! J’ai croisé plein d’amis, mais j’ai un vol demain à huit heures du matin. I have to go», mentionne-t-elle avec un peu de déception dans la voix.
La genèse
D’emblée, je la questionne sur la naissance de KROY. «C’est l’aboutissement de ce que j’écris depuis un peu toujours. C’est mon projet super personnel», explique-t-elle. Camille affirme toutefois avoir nommé son projet en 2012. «Je m’en rappelle parce que ma page Facebook me le dit (rires).» Pourquoi ce mystérieux pseudonyme? L’auteure-compositrice-interprète raconte qu’il résulte de plusieurs essais, sans véritable signification particulière. «Il vient de nulle part. J’aimais beaucoup les mots à quatre lettres. Je suis restée avec KROY parce que je trouvais que c’était le plus gender neutral. Quand tu vois le nom, tu ne sais pas trop ça va être quoi. Je le trouvais aussi assez agressif dans sa nature avec le ‘’KR’’. J’aimais ça, ça. Il y a plein d’évocations auxquelles j’ai pensé par la suite : que ça ressemble à crow comme une corneille, ça ressemble un peu à cry, mais pas trop.»
Camille me parle ensuite du son de KROY, qu’elle qualifie de «synth-pop un peu dark». Cette identité musicale, elle l’a forgée en travaillant avec son ami montréalais Marc Bell sur son EP Birthday, paru à l’été 2014. Pour l’album en chantier, on peut s’attendre à une évolution sans dénaturation des sonorités. «Il y a encore beaucoup de synths, mais vraiment plus analogues, plus organiques. Il y a un peu de Vampire Weekend, Youth Lagoon, Portishead. […] Un peu de Beach House dans la sonorité des synthétiseurs. Des choses que j’écoute beaucoup et je pense qu’elles ont un peu transparu là-dedans, tout en évoquant l’esprit du premier EP. Je pense que le son a pas mal maturé», confie-t-elle. River et Monstrosity, deux chansons que l’on retrouve sur le EP, seront d’ailleurs revisitées sur cet opus.
Le premier bébé
L’album sortira quelque part à l’automne 2016. Quelques jours après notre entrevue, Camille retournait en studio pour peaufiner le tout et enregistrer les voix finales. «Toutes les chansons ont une structure de faite déjà. Il y a des chansons qu’on a retravaillées le mois dernier, mais, pour la majorité, on a arrêté le chantier il y a peut-être cinq mois. On a eu l’opportunité de les écouter et moi de savoir ce qui me gosse (rires).»
Initialement prévue plus tôt, la sortie de l’opus a été repoussée en raison de la signature de KROY avec la maison de disques Dare To Care Records et les horaires chargés de la musicienne et de ses gars de studio. «Ça a pris plus de temps qu’on pensait. Mais, je suis super contente parce que ça me donne l’opportunité de prendre un step back et de réaliser que je l’aime encore l’album, encore plus maintenant qu’avant. Je suis vraiment contente du fait que ça vieillisse bien pour moi et j’ai l’impression que ça va peut-être le faire aussi pour les gens.»
Les sentiments tristes ont, encore une fois, inspiré l’auteure-compositrice-interprète à créer. Lequel domine sur l’album? «La douleur, la haine (rires)! Non, ce n’est pas vrai. C’est en majorité une étape de ma vie qui a duré pendant des années et cet album-là a résulté un peu de ça. Il y a peut-être quelques chansons qui sont ailleurs. Je ne pourrais pas te donner un sentiment qui domine, c’est plein d’affaires. Je pense que c’est tout ça qui fait qu’on est tellement mélangé qu’on a besoin d’essayer d’en dire quelque chose, qu’il résulte quelque chose de ce genre de pêle-mêle d’émotions (silence). Genre, une relation si je peux dire…»
Ses lignes favorites sur l’album? «On dirait que c’est une question que j’ai rêvé qu’on me pose! Mais, c’est bizarre venant de moi. J’aurais envie que quelqu’un me dise : ma phrase préférée de toi, c’est ça», pense-t-elle tout haut. Après une longue période de réflexion, elle tranche : «Une phrase que j’aime beaucoup, ça dit : Where there were ink on my fingers, now there’s blood on my hands.» On pourra entendre ces paroles, laissant libre cours à l’interprétation, à l’écoute de la chanson Bones.
Le paradoxe
En discutant avec Camille, je me rends vite compte du contraste qui existe entre les textes qu’elle livre sur scène et ce qu’elle dégage en personne. La mélancolie de sa poésie semble cohabiter harmonieusement avec sa personnalité lumineuse et son rire contagieux. J’aborde la question : est-ce que c’est par la musique que tu canalises tes parts d’ombre? «La réponse est oui! Je pense qu’avec les gens, je peux être quelqu’un de très enjoué, de bonne humeur. Je pense que dans la vie, j’ai ça comme énergie. Mais, je n’ai jamais écrit une toune contente (rires). Même si ça sonne un peu plus joyeux dans la mélodie, il reste que, si on lit le message qui est en arrière, il y a soit une déception, soit quelque chose qui est dit un petit peu dans l’ironie. C’était la balance que j’avais besoin dans ma vie je pense, d’avoir ce projet-là sur le côté et de savoir qu’il y a ça qui me permet de vivre ce côté sombre de moi.»
Lorsque je demande à Camille qu’est-ce que KROY lui apporte que ses autres projets musicaux ne peuvent combler, je saisis que ses compositions sont à son âme, ce que l’air est à ses poumons. «Ce projet-là, c’est vraiment mon core. Peut importe ce qui se passe dans ma vie, s’il y avait quelque chose qui avait à rester, ça aurait pas le choix d’être ça. Le fait d’écrire et de créer ces chansons-là et de faire un son qui me ressemble tellement et qui me procure autant de satisfaction, c’est quelque chose qui, pour moi, est essentiel. C’est pas un choix, c’est des chansons que j’ai besoin d’écrire», exprime l’artiste avec sincérité. «De me permettre de les faire devant les gens, de les montrer aux gens, ça c’est tellement un plus exceptionnel», ajoute-t-elle les yeux brillants.
L’inspiration
Ce qui me fascine le plus dans la musique, c’est la rapidité avec laquelle les artistes composent une chanson. «Souvent, je l’écris en trois minutes et demie», lance Camille. Alors que je n’en reviens tout simplement pas, elle m’explique son processus d’écriture. «J’arrive au piano, il y a quelque chose qui roule dans ma tête et il faut que je m’installe. Ça prend deux minutes pour que je me place dans la tonalité, puis ça arrive. Sinon, j’ai souvent besoin d’écrire des phrases dans mon cell. Je les relis, puis peu à peu, il y a comme une mélodie qui s’installe en les lisant. Je peux partir de cette phrase-là pour écrire le reste de la chanson, une fois que j’ai un univers de setté.»
Les influences de la musicienne sont variées. «J’écoute beaucoup, beaucoup de musique classique. J’écoute énormément de Mozart, de Chet Baker. Tout ça vient un peu changer la manière dont je fonctionne. Toutes mes playlists que j’écoute sur Spotify ou Songza, ça vient jouer dans comment je crée et le son. Même si c’est Drake ou Sorry de Justin Bieber, je pense que ça influence ce que j’aime après quand je vais en studio», soutient Camille.
Le visuel
Il n’y a pas que la musique qui distingue KROY. Le visuel très léché, qui gravite autour du projet, complémente l’expérience auditive. «J’essaie de faire transparaître, dans mon esthétique, quelque chose de très architecturé, tout en restant super minimaliste, mais toujours réfléchi. It looks effortless, mais ce l’est vraiment pas. C’est calculé, mais autant que possible, on le sent pas», précise-t-elle. Ses inspirations? «J’adore l’architecture, big time. Toute la journée, je suis sur des blogues, des Instagram ou des sites web d’architecture, de design. J’aime beaucoup les éditoriaux qui ont une ligne directrice très épurée, très claire. Ça me fait vivre des émotions vraiment intenses (rires).»
À l’image du côté sombre de sa musique, la couleur de prédilection de l’artiste est le noir. Depuis plus d’un an, Camille ne porte que des vêtements noirs. Lorsque je lui parle de cet exploit, elle me raconte une anecdote savoureuse. «Après un an, j’ai essayé de porter un top rayé. Je n’ai pas été capable de sortir de la maison. Je l’ai enlevé et j’ai remis un chandail noir. Pour vrai, j’aime tellement ça et je m’ennuie zéro de la couleur.» Compte-t-elle exploiter la couleur à nouveau? «Pour l’instant, je ne suis pas prête! Peut-être dans une dizaine d’années!», répond-elle spontanément.
Personnellement, je suis curieuse de voir les vidéoclips qui mettront en images les compositions de KROY. Un d’entre eux, réalisé par les génies de chez Roméo & Fils, a été tourné au Nevada dans un désert de sel et dans Death Valley. «On était basé à Vegas dans un hôtel des plus crades qui se fait sur la Terre. Une grande expérience, j’ai vécu beaucoup de choses», raconte Camille en rigolant. «J’ai eu la chance de tourner avec une équipe incroyable, c’était vraiment super. J’ai tellement hâte que ce clip-là sorte!» C’est pour bientôt? «Idéalement, il est presque fini.»
En attendant la sortie de l’album de KROY, prévue à l’automne prochain, vous pouvez découvrir et vous procurer le EP Birthday via son Bandcamp. Et si, comme les miennes, vos oreilles tombent en amour avec ses pièces, je vous conseille de la suivre sur sa page Facebook pour connaître les éventuelles dates de tournée.
Camille sera également de retour au Cercle avec Milk & Bone le 22 avril prochain en supplémentaire. Elle avait d’ailleurs ce message pour vous : «On a tellement eu de fun la dernière fois. Revenez, amenez vos amis. On va avoir du fun, encore plus que la dernière fois!»
J’y serai, et vous? Pour patienter, on écoute leur sublime petite dernière Poison.
Julie Blanche vient de passer une année artistique riche. En plus de collaborer avec une pléiade d’artistes qu’elle apprécie, son premier album éponyme a trouvé écho chez les mélomanes québécois, accumulant les critiques élogieuses et se frayant un chemin dans plusieurs listes de fin d’année. Il faut dire que les dix pièces le composant forment un tout délicat et fort abouti; le genre d’album qui amène un peu plus à chaque nouvelle écoute. À quelques jours d’une nouvelle représentation dans la ville de Québec, j’ai eu la chance de m’entretenir avec la sympathique chanteuse pour parler de ses accomplissements, mais aussi des orientations qu’elle voudrait emprunter pour son prochain disque.
Le présent
Fin janvier, Julie Blanche présente son spectacle à la Sala Rossa de Montréal en compagnie de Pietro Amato (Torngat, Bell Orchestre), corniste réputé de la scène musicale montréalaise qui dirigeait un quatuor d’instruments à vent. Lorsqu’on lui demande si le concert s’est bien passé, elle acquiesce : « Ça a super bien été, c’est une salle que j’aime beaucoup, il y a beaucoup d’âme. Le quatuor d’instruments à vent c’est fou. Pietro a fait des arrangements raffinés. Ce n’était pas trop chargé. Puis Brad Barr c’était magique. Il est magnifique ce gars-là. C’était supposé être un autre artiste (on découvrira plus tard dans l’entrevue que ce devait être Patrick Watson) qui a eu un empêchement de dernière minute. » Brad Barr remplace donc Watson à la dernière minute et propose la magnifique The Bear at the window. Il fallait y être! On peut supposer que le stress était plus grand qu’habituellement, mais il n’en est rien: « J’ai drôlement commencé ce projet en faisant un show « sold-out » au Lion d’or en première partie de Klô Pelgag, puis il y a eu les Francouvertes devant les juges, donc j’ai souvent été dans des situations où c’est un gros show. J’ai le trac, mais je le gère bien. »
Le commencement
Concernant l’enregistrement du premier disque Julie Blanche aux mythiques studios Breakglass, elle se remémore: « Pietro Amato a beaucoup de chapeaux dans mon projet (ingénieur pour l’enregistrement de l’album en plus d’y jouer) et il avait déjà travaillé comme ingénieur dans ce studio, ce qui fait que Jace Lacek (le propriétaire) nous a laissé le studio pendant 9 jours. Il y a une cuisine, un salon, un Nintendo. On était comme chez nous. » Si Pietro est devenu irremplaçable jouant cor et claviers en concert, Mathieu Charbonneau, un autre musicien du groupe instrumental Torngat a aussi participé activement à l’élaboration du disque comme réalisateur et musicien. « J’aime beaucoup la musique instrumentale et la scène anglophone de Montréal. Quand j’ai approché Mathieu, je lui ai fait entendre 3 chansons guitare/voix. Je le connaissais juste un peu et il a dit : pas de problème Julie Blanche, j’embarque. » « Je ne sais pas qu’est-ce qui se passe, mais tout le monde me dit oui tout le temps. »
Ce qui suivra
Le cycle du premier album tire à sa fin, il était donc primordial de sonder la principale intéressée sur les avenues qu’elle souhaite emprunter pour la suite. « J’ai deux nouvelles compositions et je commence à regarder pour collaborer avec d’autres auteurs-compositeurs. C’est le début, mais je veux travailler fort pour que ça se fasse pour 2017. » Si elle collaborerait à nouveau avec Stéphane Lafleur (auteur de la superbe chanson La Vie Facile qui clôt l’album de Julie Blanche), elle pense enregistrer une seule chanson avec Antoine Corriveau (compositeur principal des pièces du premier disque) histoire de créer un pont entre les 2 albums. Elle souhaite donc ouvrir de nouvelles portes. À ce sujet, je l’ai questionnée à savoir si elle aimerait composer ses propres chansons: « Je suis là-dedans. Travailler avec Antoine m’a beaucoup aidée parce que c’est des chansons très personnelles, c’est mon histoire. Là, j’ai commencé à écrire et ça va super bien. Ce sera plus au piano par contre. Mon nouveau guitariste (Daniel Baillargeon) a un autre style de guitare (que celui d’Antoine), je pense que ça va donner quelque chose de vraiment intéressant. »
Comme on le fait de plus en plus à ecoutedonc.ca (merci miss Vinet!) nous avons fait passer un petit quiz à Julie Blanche question de sonder son univers musical.
-Quel est le meilleur spectacle que tu as vu récemment?
Ayoye… José Gonzalez? Non… Organ Mood, sont vraiment « hot ». C’est très visuel. J’aime beaucoup la musique instrumentale.
-Quel est le meilleur disque pour te défouler?
J’en ai beaucoup. La dernière fois que j’ai couru, c’était sur le dernier album de David Bowie. Débile. Je capote. Je l’ai acheté le vendredi à sa sortie et je l’ai écouté en boucle toute la fin de semaine. Le dimanche soir, quand il est mort, j’ai réécouté les paroles et whoaaa. C’est capoté. Quel être!
-Quel serait ton classique absolu?
Je pourrais te dire que mon coup de coeur de 2015. C’est l’album de Colin Stetson avec Sarah Neufeld sorti sur Constellation. Je lis et j’écris beaucoup alors j’ai besoin d’écouter de la musique instrumentale. Par contre je n’ai jamais vu Stetson en concert encore.
-Quel artiste aimerais-tu le plus découvrir en spectacle?
The Luyas. (groupe dont fait parti son collaborateur Mathieu Charbonneau) Ils sortent un album bientôt.
-Quel est le dernier disque que tu as acheté?
C’est gênant, mais c’est le dernier Barr Brothers. On faisait une toune alors j’en ai profité pour acheter l’album au complet!
Julie Blanche présentera ses douces chansons au cercle jeudi soir prochain, le 4 février 2016. Félix Dyotte est aussi de la soirée. Des billets sont disponibles ici :
Il faut aussi voir le magnifique clip pour sa pièce Le manège sorti l’automne dernier.
Après avoir publié la version numérique de son plus récent opus en juin 2015, le talentueux duo audio-video électro-psychédélique montréalais Organ Mood allait passer des mois à attendre la version vinyle et à tenter de régler le litige avec la compagnie responsable de sa production. Le groupe a finalement obtenu les copies physique cette semaine, alors qu’ils auraient pu les avoir aussi tôt qu’avril selon les engagements de la compagnie. C’est dans ce contexte résolument plus joyeux qu’Écoutedonc.ca s’est entretenu avec les membres du duo, Christophe et Mathieu, à propos, entre autres, de leur mésaventure. Entrevue.
COMMENT AVEZ VOUS DÉCIDÉ DE FAIRE DE LA MUSIQUE ENSEMBLE? AVEZ VOUS COLLABORÉ MUSICALEMENT AVANT ORGAN MOOD?
Christophe: En réalité, on fait le projet ensemble, mais je suis exclusivement en charge de la Musique et Mathieu se charge de l’aspect arts visuels. On avait collaboré avant, mais ça remonte à avant 2007, sur des projets de posters pour des événements ou des festivals, mais finalement en s’est décidé à faire un projet ensemble pour explorer quelque chose qu’on avait pas facilement l’occasion de faire dans nos disciplines respectives.
QUELLES SONT VOS INFLUENCES À LA FONDATION DU GROUPE ET QUELLES INFLUENCES SE SONT AJOUTÉES ENTRE TEMPS?
Christophe: Ce qui nous a réunis au départ c’est clairement la vague Krautrock des années fin 60 et 70, l’aspect transe et jam souvent accompagné d’une identité visuelle forte. Entre temps il y a beaucoup de choses qui se sont passées, certains projets interdisciplinaires comme Lucky Dragons, ont captés notre attention. J’ai commencé un bacc en Intermedia/Cyberarts à Concordia et ç’a beaucoup apporté de nouvelles sources d’inspirations conceptuelles, des nouvelles idées d’interfaces. Musicalement, je peux pas dire qu’avec le temps on s’est rapproché d’une scène en particulier.
L’EXPÉRIENCE EN CONCERT PERMET D’APPRÉCIER LA MUSIQUE SOUS UN NOUVEAU JOUR ET VOUS PERMET D’ÉLARGIR VOTRE PUBLIC, C’EST CERTAIN. EST-CE QUE C’EST POUR VOUS UN MAL NÉCESSAIRE PAR RAPPORT À LA RÉALISATION D’ALBUM? PRÉFÉREZ VOUS ENREGISTRER OU DONNER UN SPECTACLE?
Mathieu: C’est vraiment en spectacle que le projet prend tout son sens et qu’on a réellement l’impression d’amener les gens dans notre univers. Le choix de faire un vinyle et d’inclure un livre à l’album est une façon de recréer cette expérience là.
ALLEZ-VOUS FAIRE UNE TOURNÉE MAINTENANT QUE VOUS AVEZ FINALEMENT PU METTRE LA MAIN SUR LES COPIES PHYSIQUES DE VOTRE PLUS RÉCENT DISQUE, COMME SI NOUS ÉTIONS DÉJÀ LIBRES?
Christophe: Nous avons tourné cet automne sans copies physiques, je ne crois pas que ça nous a empêché de faire quoi que ce soit. Ç’a surtout empêché de faire des ventes en concerts … Pour un groupe DIY et autoproduit comme nous, ça peut-être un gros obstacle de ne pas vendre de disque c’est bien entendu, mais nous avons fais pas mal de performances et les fan de OM ont été vraiment supers à ce niveau.
D’AILLEURS, D’OÙ VIENT LE TITRE? LES TITRES ONT SOUVENT UNE RÉSONANCE INTÉRESSANTE, COMME SUR GRANDS PROJETS, OÙ ILS ENTRE-ALIMENTENT AVEC LA MUSIQUE UNE ESPÈCE D’AMBIANCE DE MARCHE EN AVANT D’UNE HUMANITÉ RÉSILIANTE ET POSITIVE.
Christophe: Le titre vient d’un livre de David Graeber, en fait, c’est le nom qui voulait donner à son livre « the democraty project » mais l’éditeur n’aimait pas. C’est l’éditeur Français qui a accepté que son livre se nomme ainsi. nous avons écris à Graber pour avoir son autorisation et il était enchanté par l’idée. Graeber, est l’un des instigateurs de Occupy Wall Street, ses ouvrages critiquent de façon très constructive l’aristocratie élective que l’on nomme démocratie. Dans Comme si nous étions déjà libres, il explique entre autre l’origine du mouvement OWS et raconte comment les groupuscules de travail sont arrivé à s’organiser sans structures horizontales de hiérarchie. Pour nous ça évoque un potentiel utopique immense, ça nous a beaucoup inspiré.
LA MUSIQUE INSTRUMENTALE SEMBLE POUVOIR TRANSMETTRE DES MESSAGES POUR VOUS, D’UNE CERTAINE MANIÈRE (BON C’EST CERTAIN QUE LES TITRES AIDENT MAIS SOUVENT LES MUSIQUES PARLENT AUSSI D’ELLES-MÊMES.) AVEZ-VOUS UN AGENDA CACHÉ? DES PROJETS POLITIQUES? À CET EFFET, AVEZ VOUS EU UN BON TAUX DE RETOUR POUR LES CARTES DE SUGGESTIONS DE PROJETS ADRESSÉES AU PEUPLE?
Christophe: Les cartes de projet (cartes postales blank invitant les gens à nous envoyer leur « Grands Projets pour l’humanité » inclues avec le LP) ont révélées ce qu’elles devaient révélées je crois. Très peu sont parvenues jusqu’à nous et la majorité étaient des dessins d’enfants, mais tout le monde adore l’idée. C’est difficile à dire si c’est simplement parce que c’est par la poste et que la poste c’est « compliqué » comparé à internet, mais je crois surtout que les gens ont été intimidé au moment de passer à l’acte, de nous dessiner / expliquer leur projet. Je pense que les gens ont des Grands Projets pour eux-mêmes et parfois pour leur communauté et ne pensent pas que ces projets sont valides pour l’ensemble de l’humanité. Je crois qu’on a arrêté à un certain moment dans la transition vers l’âge adulte de penser aux mondes utopiques possibles et de s’investir dans ces projets / mondes. Avec les temps qui courent c’est compréhensible mais c’est pour ça qu’on fait ce qu’on fait et qu’on insiste sur la nécessité de cultiver les utopies, les Grands Projets, et surtout de considérer que des modèles différents sont viables et séduisants.
ON PARLAIT PLUS TÔT DU FAIT QUE VOUS AVIEZ « ENFIN » EU VOS DISQUES VINYLES, CE QUI RÉFÉRAIT À VOTRE MÉSAVENTURE AVEC LA COMPAGNIE EN CHARGE DE PRODUIRE LES DISQUES. ON SAIT QUE L’ALBUM DEVAIT SORTIR CET AUTOMNE ET FINALEMENT LES GENS ONT DÛ SE CONTENTER DE LA VERSION NUMÉRIQUE EN ATTENDANT QUE L’IMBROGLIO NE SE DÉNOUE. QU’EST-CE QUI S’EST PASSÉ FINALEMENT?
Christophe: Lorsque j’ai terminé l’album au mois de janvier 2015, je l’ai envoyé immédiatement en production à une usine qui nous avait promis un délai de douze semaines de production. À l’époque nous voulions sortir le disque au mois de mai, mais nous avons rapporté le tout afin d’être sûr et certains d’avoir nos vinyles. Nous avons fait le lancement le 11 juin, sans toutefois les avoir reçus. Ensuite il y a eu beaucoup d’attente, les gens qui avaient acheté en pré-vente ont été vraiment patients, et voilà nous avons envoyé une mise en demeure cet automne pour forcer la situation. Nous allons recevoir nos vinyles cette semaine, près de 12 mois après avoir envoyé les bandes maîtresses.
Mathieu: C’est vraiment le risque qu’on court quand on produit soi-même un album aujourd’hui, mais bon ça nous a permis d’avoir un produit qui correspondait exactement à ce qu’on voulait.
LE DISQUE VIENT D’AILLEURS AVEC UN LIVRE, POUVEZ VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR LA MANIÈRE DONT IL VIENT COMPLÉTER L’EXPÉRIENCE SONORE? LE PENDANT VISUEL A TOUJOURS ÉTÉ IMPORTANT POUR LE GROUPE. COMMENT LE LIVRE SE SITUE-T-IL PAR RAPPORT À VOS PROJECTIONS? C’EST LIÉ OU COMPLÈTEMENT DISTINCT?
Mathieu: Comme on expliquait pour les spectacles plus haut, le livre permet de recréer le moment ou on peut vraiment entrer dans l’univers de l’album, s’y plonger et l’écouter d’un bout à l’autre et en faire une expérience. Le livre développe les images utilisées durant les projections et donne aussi une idée de ce qu’elles évoquent, des idées qui nous ont inspirées pendant qu’on composait l’album. Elles donnent une profondeur aux projections qu’en spectacle on peut se contenter de ressentir comme une ambiance. Comme on a pas de paroles on a aussi mis des extraits de discussions qu’on a eues ensemble sur la route ou entre nos pratiques: ça donne une autre idée de l’univers qui est à l’origine de notre projet.
L’ESSENTIEL EST QUE LES DISQUES SONT MAINTENANT DISPONIBLES POUR LES AMATEURS DE VINYLES. PRÉVOYEZ VOUS QUELQUES DATES ET FESTIVALS POUR CÉLÉBRER SON ARRIVÉE? UNE VISITE EN EUROPE OU AUX USA ?
Christophe: Pour l’instant nous avons quelques concerts au Québec / Ontario de prévus et on travaille sur une première tournée en Europe au mois de mai avec un booker européen. J’adopte le mode de vie « snow bird » l’année prochaine et je m’en vais passer une bonne partie de l’hivers à Austin au Texas donc on verra pour les USA.
COMMENCEZ-VOUS DÉJÀ À PENSER À LA SUITE DE CET ALBUM OU À D’AUTRES PROJETS?
Christophe: D’autres projets, toujours, mais aussi d’aller plus loin avec le concert. Nous avons une nouvelle joueuse dans l’équipe ( Estelle F.-Vallière ) qui s’occupe des éclairages et ça donne la possibilité de faire du grand déploiement, comme ce qu’on a fait à l’église St-Jean Baptiste pour Pop MTL en première partie de Giorgio Moroder.
Mathieu: On aimerait trouver un musicien également pour compléter la performance musicale de la même manière… mais il n’y a rien de concret encore.
SI VOUS POUVIEZ COLLABORER AVEC QUELQU’UN, VIVANT OU MORT, POUR UN ALBUM, CE SERAIT QUI?
Christophe: Grosse question… vivant, Colin Stetson, Andy Stott, Tim Hecker… mort, John Coltrane, Syd Barrett, Franz Schubert.
Mathieu: Comme on peut dire n’importe quoi je dirais les artistes de l’atelier Van Lieshout ou Buckminster Fuller, peut-être le réalisateur Adam Curtis, pourquoi pas!
EST-CE QUE LA MUSIQUE INSTRUMENTALE VOUS VIENT NATURELLEMENT, PAR CHOIX, OU PAR UN MÉLANGE D’HASARD ET NÉCESSITÉ? AIMERIEZ-VOUS FAIRE DE LA PRODUCTION POUR DES CHANTEURS OU CHANTEUSES OU ÇA IMPLIQUERAIT TROP DE SACRIFICES POUR LA MUSIQUE?
Christophe: la musique d’Organ Mood n’est pas exclusivement instrumentale, mais la raison pour laquelle elle l’est en majorité c’est que le but de notre travail est de soutenir les pensées des gens qui assistent/écoutent. C’est davantage une trame sonore/visuelle pour tes propres idées, on veut surtout mettre les gens dans un état d’esprit positif et optimiste, déterminé.
Mathieu: Alors dans cet objectif, s’il y a trop de paroles ça devient plutôt comme si on imposait un message que comme si on voulait encourager les gens à la réflexion.
—
Les fans d’Organ Mood qui avaient commandé l’album le recevront dans les semaines qui viennent et pour les autres, Comme si nous étions déjà libres est disponible à Montréal au Phonopolis et à L’oblique. Peut-être aux 33 tours aussi, et assurément enfin sur le bandcamp du groupe: https://organmood.bandcamp.com/
Le 12 décembre dernier, Klô Pelgag abandonnait son pompon et se faisait raser les cheveux sur scène au Club Soda pour Leucan, et ce dans une mise en scène époustouflante. Même si elle avait encore ses cheveux le 10 décembre, elle est aussi venue à Québec pour nous présenter cette prestation inédite, qui marquait la fin d’une tournée d’une durée de près de deux ans. Et quel spectacle ! Mais avant d’aller se planter au Grand-Théâtre pour écouter ça, on en a profité pour rencontrer Klô et lui poser quelques questions.
Entrevue
Bien sûr, on a été tenté de lui poser la question à 100$ sur ses cheveux. On s’y est cependant pris de biais en lui demandant quelles réactions cela avait causées dans son entourage. «Avant que je décide vraiment de le faire, quand j’en parlais à des gens en disant ‘Ah j’aimerais peut-être ça me raser les cheveux à un moment donné’, les gens me répondaient ‘Mais non, fais pas ça ! Tes cheveux !’ et des choses comme ‘Ben non tu peux pas faire ça !’, explique-t-elle. Je me suis dit : ‘voyons, c’est ben plate comme réponse !’. C’est plate de vouloir enfermer quelqu’un dans une image que t’as de lui et de jamais vouloir que ça change. Bref, ça je trouvais ça drôle, mais à partir du moment où j’ai décidé de le faire pour vrai, ce n’était pas si pire. C’était plus positif peut-être. Donc il n’y a pas vraiment eu après ça de gens qui étaient contre.»
Et même si des gens proches ou moins proches lui avaient montré quelque opposition, Klô Pelgag l’aurait sûrement fait quand même. C’est en tout cas ce qu’on peut déduire de ce qu’elle pense de son image en tant qu’artiste : «À partir du moment où tu décides de faire quelque chose qui est plus public, ça ne t’appartient plus ton image. Faut accepter de se détacher de ça un peu. Je m’en fais moins avec ce que les gens disent, ça ne me dérange pas,» explique en effet l’auteure-compositrice-interprète. Cependant, elle s’empresse quand même d’ajouter : «J’imagine que des fois ça me dérange, ça dépend. Je ne suis pas complètement détachée non plus, parce que c’est quand même personnel tout ça, mais à une certaine limite j’ai laissé ça aller. » C’est selon elle une chose qui nécessite un certain effort, mais qui reste intéressante à faire. «C’est pas nécessairement un exercice difficile, ajoute-t-elle, parce que si tu ne le fais pas, si tu ne te détaches pas un peu, tu vires fou. Faut pas être trop control freak.»
Le détachement qu’a opéré Klô Pelgag par rapport à son image et à sa musique semble d’autant plus nécessaire que sa démarche artistique s’avère être très personnelle. C’est en tout cas ce qu’on a pu constater en parlant avec elle de son album paru en 2013, L’alchimie des monstres : «Cet album-là, je l’ai écrit pour me faire du bien, quand je feelais moins, quand y’avait quelque chose à faire sortir. C’est pour ça que ça s’appelle L’alchimie des monstres aussi : tu transformes quelque chose de mauvais en quelque chose de plus grand. Je n’écris pas beaucoup quand je suis vraiment joyeuse. Je ne suis pas capable d’écrire une toune en majeur !» D’ailleurs, même le choix de son vocabulaire sur l’album découle d’un processus personnel d’expression : «J’essaie d’aller crissement creux dans ma tête, dans mon cœur, et d’aller creuser pour essayer de trouver les mots pour décrire avec la plus grande justesse tout ce que je ressens. L’humain est vraiment complexe et il existe beaucoup de mots pour un sentiment, donc c’est dur de trouver les mots justes. Et, en même temps, ça ne veut pas dire que ce sont les mots justes pour les autres. C’est juste pour moi.» Ces mots justes, ce sont souvent des mots inusités, qui font naître dans ses chansons des décors surréels. Ce sont pourtant des émotions bien réelles qu’expose Chloé Pelletier Gagnon : «C’est la réalité, mais il y a une part d’imaginaire. Souvent ça vient d’une émotion très réelle qui se transforme. En fait, je n’aime pas dire les choses… je n’ai jamais vraiment écrit de façon très descriptive, parce que je ne trouve pas ça intéressant. Ça ne me fait pas du bien de dire, par exemple : ‘la table était verte et puis il y avait un miroir’. Ce qui me fait vraiment du bien, ce qui me rend heureuse quand j’écris, c’est de trouver la façon de dire, une façon non pas imagée ou poétique, mais une autre façon de décrire les choses.»
Se faire du bien en écrivant des chansons est une chose, mais Klô Pelgag cherche aussi à s’amuser à travers sa composition : «Tant qu’à écrire, j’écris aussi pour aimer ça parce qu’après, la toune, tu la joues 300 ou 400 fois. Il faut que tu la sentes pour vrai dans tes tripes, parce que sinon c’est plate en hostie.» Elle applique d’ailleurs cette façon de penser à ses spectacles, qui ont souvent été renouvelés autant sur le plan de la mise en scène que des arrangements musicaux tout au long de sa tournée qui a compris plus de 220 représentations. Et on y retrouve souvent des choix plus que judicieux : «Des fois c’est des affaires qui peuvent avoir l’air vraiment très connes, mais qui me font triper! L’autre fois, raconte Klô, j’avais un show dans lequel la première partie c’était un gars qui mangeait du spaghetti avec de la musique électronique jouée par deux musiciens avec des têtes de chat. Ils jouaient du classique, mais électronique [Pour les spectateurs du OFF 2015, on saura reconnaître ici Glenda Gould à ses tout débuts]. Et moi je trouvais ça vraiment malade, parce que ça me fait rire. Je trouve que c’est une criss de belle image !» Ce genre de folies prend aussi racine dans le goût de rendre son spectacle plus attrayant pour les spectateurs : «J’ai aussi la peur que ça soit plate, parce que moi je trouve ça plate en général […]. J’aime mieux écouter un album parce que souvent en spectacle après vingt minutes j’ai de la difficulté à me concentrer. Il faut vraiment qu’il y ait des affaires qui viennent me chercher pour que je reste attentive parce que sinon je vais me concentrer sur le mur ou bien checker le monde qui regarde le show, leurs faces, parce que j’trouve ça vraiment beau.» La solution à cela, pour elle, se trouvait dans les costumes et l’action dont elle pimenterait ses spectacles. Elle semble d’ailleurs s’être inspirée des rares spectacles marquants pour elle : «J’ai vu beaucoup de shows dans ma vie, mais il n’y en a pas beaucoup dont je me souviens ! Par contre, je me souviens, quand j’avais 15 ans, du show des Goules à Québec dans lequel il y avait du monde déguisé en oiseaux et un gars avec une camisole de force. Ils pitchaient des graines dans la foule. Ça m’a marquée parce que c’était cool comme show ! »
Le 10 décembre au Grand Théâtre de Québec
Marquant, son spectacle du 10 décembre dernier l’était aussi. En guise d’introduction, Robert Nelson s’est présenté sur scène dans un panier d’épicerie pour nous faire le coup des fruits mangés avec la pelure. Un bon vingt minutes d’incompréhension délectable devant un type qui mange un ananas ou un melon en entier sur de la musique épique. C’est d’ailleurs un exploit à voir aussi dans le vidéoclip d’Alaclair Ensemble intituléPomme, qui met encore en scène le même rappeur québécois. Tout au long du spectacle, ayant pour thème les fruits, on a eu droit à des folies, des mascottes, des changements de décors et de costumes. Côté musique, on n’a pas non plus été laissés en reste. On a d’une part eu droit à des réarrangements très intéressants des pièces de l’album de Klô Pelgag, souvent proches du blues (pour lesquels il faut remercier Mathieu Pelgag, le frère de Klô). Le plus marquant reste à mon avis la version bluesy et reggae de Le soleil. D’autre part, quelques nouvelles chansons furent aussi jouées. En outre, la formule de la jeune artiste a bien fait son effet : elle avait un plaisir visible à jouer sur scène, autant que ses musiciens. Ce fut un plaisir bien rendu par la foule éclectique du Grand Théâtre, même si elle était un peu timide. La finale, quant à elle, était à couper le souffle et à mourir de rire, puisque ça s’est terminé en duo (Serge Brideau des Hôtesses d’Hilaire, en pijama, s’est joint à la chanteuse) sur Les yeux du cœur, chanson pendant laquelle ils ont même joué une bagarre de bouteilles de bière. Les mots étant insuffisants pour expliquer l’inexplicable, je vous conseille d’aller voir les photos de la galerie pour mieux apprécier ces descriptions.
Il ne faut pas non plus oublier de mentionner la performance de la première partie, Stéphane Robitaille. À l’aise sur scène, il a fait des blagues d’entrée de jeu, porteuses de son humour léger teinté de cynisme qui a aidé à faire passer les textes plus durs de ses chansons. Sa musique et ses mélodies s’inscrivaient dans la lignée des grands chanteurs québécois et français. Avec un accompagnement instrumental assez simple (guitare, contrebasse), ses chansons mettaient surtout le texte de l’avant. Et quels textes ! Acerbes, mais parfois comiques, ils traitaient de sujets aussi variés que le suicide (hop la vie !), l’amour entre vieux ou le quartier fétiche du chanteur : Saint-Jean Baptiste. Ce fut somme toute une belle introduction à la prestation éclatée de Klô Pelgag.
Après ce spectacle de clôture et son pendant à Montréal le 12 décembre dernier, l’artiste entre maintenant en phase création. On a déjà hâte d’entendre ses nouvelles chansons et de la revoir en spectacle, cette fois sans pompon, afin de savoir quelles autres merveilles elle cache dans son sac. En attendant, je vous invite à consulter la galerie photo, dans laquelle Llamaryon vous présente ses meilleurs clichés de la soirée du 10 décembre autant devant que derrière la scène. On vous laisse aussi sur une petite anecdote racontée par Klô Pelgag lors de son entrevue.
Une anecdote pour finir
As-tu un contrôle total sur ce que tu fais par rapport à ta maison de disques ? «Ouais, total. C’est juste que des fois ils me donnent des idées. Ici [à Québec], on fait ce qu’on veut pas mal, mais en France il y a une équipe qui réfléchit beaucoup à ce qu’on pourrait faire, pis souvent ils n’ont pas de bonnes idées! Dans ce temps-là, il faut que je leur dise ‘arrête !’. » Un exemple ? «Ben, à un moment donné il fallait vraiment que je fasse un vidéoclip pour un deadline. Et là ils m’ont dit ‘ah fais nous confiance, ça va vraiment marcher avec ce réalisateur-là, c’est un réalisateur français’. Je ne le connaissais pas tant que ça, mais j’ai répondu ‘bon OK, je vous fais confiance parce que là je suis en tournée et que vraiment je n’ai pas le temps de rien faire’. Une fois arrivés, on a fait trois ou quatre jours de tournage. Ensuite j’ai reçu le clip un peu plus tard et je me suis dit : ‘oh mon dieu !’. Je me suis pitchée par terre, j’ai versé une larme, pis j’me suis sentie…violée ! Pis là, il est jamais sorti… il est jamais sorti parce que c’était vraiment une mauvaise idée c’t’affaire là ! Depuis le début ! Donc là au moins je sais maintenant quand…quand dire ‘arrête’!» a-t-elle conclu en riant.
Bien que certains puissent l’avoir connu à l’émission La Voix, il faut savoir que son parcours à débuter il y a bien plus longtemps que cela. Il s’est beaucoup impliqué dans le groupe Kodiak, avec qui il a fait des spectacles à travers le Canada de 2002 à 2012 en tant que guitariste, entre autres. Parallèlement, il a joué avec le groupe O Linéa jusqu’à tout récemment, groupe qui existe encore, mais dont Couturier ne fait plus partie.
« O Linéa continue, mais nos chemins se sont divisés avec la trentaine, les choix, la route, etc. Ça a été un choix difficile, mais on est encore des amis », me dit-il, en supposant que rien n’est impossible pour l’avenir.
J’ai donc eu envie de savoir ce qui l’a poussé à partir en solo.
« En 2008, j’ai envoyé ma maquette au Festival en chanson de Petite-Vallée, un peu en cachette, pour relever un défi personnel. J’ai été sélectionné, mais je n’avais jamais fait de spectacle seul. Je me suis cassé la gueule. Depuis cette fois-là, j’ai fait environ 6 concours, pour arriver à la première édition de La Voix ».
Il précise aussi qu’entre temps, il a eu une professeure de chant, Marie-Claire Séguin, qui l’a accompagnée. Il exprime aussi sa fierté de ne pas être resté accroché avec l’image de La Voix et d’être resté authentique tout au long du cheminement de ce concours télévisé. Toutefois, il avoue que cela lui a certainement permis de lui ouvrir des portes et il en est très reconnaissant.
L’année 2015 a été énormément chargée pour lui et j’ai voulu savoir ce qu’il en retirait et comment il avait vécu cette année?
« Oui, ça a été une grosse année. Une année où tout se concrétise. J’ai touché à toutes les facettes du métier avec mon album. Comme un seul homme est devenu ma carte d’affaires, puisque j’ai participé à toutes les étapes de la création, accompagnées de gens du milieu, bien sûr ».
C’est un album assumé qui résume des années de travail. Par le fait même, c’est un album qui a été bien accueilli par le public et il a profité des avantages du côté « jet set » du « show business ». Bien qu’il apprécie tout cela et que c’est davantage présent dans sa vie depuis le début de sa relation avec Beth Cossette, la fille du célèbre Sylvain Cossette, il précise que ce n’est pas le but de sa démarche.
Parlant de sa démarche, je l’ai vu en spectacle quelques fois avec O Linea, qui fait plus dans le rock, donc je lui ai demandé à quoi ressemblait un spectacle solo de Couturier.
« Ça dépend des shows, mais l’important c’est le contact avec le public, le contact intime. J’ai quatre musiciens avec moi sur scène et il y a beaucoup de « love ». Ils sont trippants et on fait beaucoup d’interventions. J’aime jouer avec le chaud-froid en spectacle ».
Que veut-il dire par « chaud-froid » ? Il va se mettre en « chest »? hmm attendons le spectacle de ce jeudi 17 décembre au Nord-Ouest Café pour le savoir.
Le Cabaret Festif de la relève est présentement à la recherche d’auteurs-compositeurs-interprètes qui souhaitent tenter leur chance de se faire connaître du public. Cette année, c’est Dany Placard qui agit à titre de porte-parole. Je l’ai rejoint au téléphone pour parler de son implication au sein du Cabaret Festif, de sa carrière de musicien et de réalisateur, de ses collaborations à venir et de musique.
Le Cabaret Festif
Normalement, Dany Placard ne s’associe pas aux concours musicaux. Il avoue faire exception pour le Cabaret Festif parce qu’il adore la gang qui y travaille. Selon lui, ce sont des gens qui font tout pour la musique et qui le font pour les bonnes raisons. Il croit également que le concours se distingue des autres : «Ce n’est pas un concours de chanteurs – et ce que je dis n’est pas péjoratif. Je veux juste dire que ce n’est pas du prémâché. Le Cabaret Festif est vraiment ouvert à tous les styles. Tu peux être un band très rock, ou un peu plus bluesy, ou vocal. C’est un concours qui existe pour les bonnes raisons; pour la visibilité et surtout pour la musique. » Ceux qui sont intéressés à tenter leur chance ont jusqu’au 16 décembre pour s’inscrire sur le site de l’événement.
Le musicien
Visiblement mélomane, Placard a fait ses études universitaires en chant classique, ce qui contraste avec son style musical actuel. Qu’est-ce qui explique le virage vers le folk-rock? « C’est le country qui a fait décoller tout ça. », raconte Placard. « C’était vraiment présent chez nous. Je me rappelle qu’il y avait du Elvis, du Willie Lamothe et du B.B. King dans la maison. Ça s’est fait de fil en aiguille, un peu tout seul. Le folk est venu et la distorsion, ben, on aime ben ça. » Par ailleurs, Placard applique régulièrement les notions de sa formation classique dans son travail, notamment dans les arrangements et dans sa façon de chanter: « C’est quand même tough de faire trois ou quatre shows en ligne. Je me sers de ma voix de la manière que mes profs me l’ont apprise, pis que moi j’ai appris à la travailler. » La théorie musicale est également fondamentale pour l’artiste car selon lui, la musique est un langage qui permet de communiquer entre musiciens: « C’est un langage. Comme un langage scientifique. Les scientifiques se parlent entre eux avec des lettres pis des chiffres. Ben nous autres, on se parle avec des notes de musique. » Quant au langage de Dany Placard, il est franc et va droit au but, comme ses textes. «J’ai travaillé mon champs lexical, je me suis forcé aussi pour le garder et rester intègre dans la façon de le faire. Je me suis bien rendu compte que je ne pouvais pas chanter avec l’accent de Brel ou de Brassens. Ça s’est fait tout seul.», dit-il. Placard admet cependant que la trail était déjà battue grâce aux artistes comme Plume, Desjardins et Charlebois, qui l’ont influencé de manière notable.
Le réalisateur
En période d’écriture, Placard continue toutefois à réaliser des albums. Il prépare présentement un disque avec David Couture, le batteur de Philippe Brach, et plusieurs collaborations sont prévues en 2016. Il travaillera notamment avec Raton Lover, les Chercheurs d’Or, The Great Novel et Laura Sauvage (Viviane Roy des Hay Babies). Appréciant beaucoup son rôle de réalisateur, Placard avoue qu’il aime particulièrement le fait qu’un artiste ou qu’un band lui accorde sa confiance : « C’est comme si l’artiste mettait ses tripes sur la table pis qu’il te racontait sa vie. Qu’il te disait « tiens, fais ce que tu veux avec ce que j’ai écrit pour que le résultat soit le meilleur possible ». » Quant à la sélection des artistes avec qui il travaille, Placard affirme que « ça se fait tout seul. Ça m’est arrivé quelques fois de me faire proposer des projets, mais je ne sentais pas que j’étais la meilleure personne pour la job. Mais la plupart du temps, les gens m’approchent pour le son que j’ai, pour mon franc parler, pour le côté sale mais honnête. Ils viennent me chercher pour ces raisons, et ça se fait tout seul. »
Question de musique
Petit questionnaire musical pour satisfaire les curieux.
Qu’est-ce que tu écoutes dans ton char?
DP: « Dans mon char? En fait, j’ai une vieille Honda Civique, faque j’ai juste un lecteur CD. Comme j’achète plus de vinyles, je me ramasse tout le temps avec des CDs qu’on m’a donné ou que j’ai ramassé quelque part. Ah! Mais ces temps-ci j’écoute du Tom Waits. »
V: « Cool! Lequel? »
DP: « Il y a deux jours, j’écoutais Mule Variations. C’est l’album le plus pop de Tom Waits, mais c’est un des meilleurs d’après moi. »
Quels sont tes albums classiques?
DP: « Led Zeppelin I-II-III. Ça revient tout le temps l’été, souvent dans l’truck. Il y a aussi Cosmic Factory de CCR. Dans le québécois, il y a Boom Boom de Desjardins qui fait partie de mes classiques. »
Qu’est-ce qui te motive à acheter surtout des vinyles?
DP: « Ça m’emmène à écouter des trucs que je n’écoutais plus vraiment. J’aime les vinyles pour le son et le geste aussi. Le fait de tourner ton vinyle de bord représente beaucoup pour moi. C’est une bonne façon d’écouter la musique selon moi. C’est la vraie patente! »
Quel est le dernier album que tu as acheté?
DP: « J’ai acheté le premier album des Black Keys (The Big Come Up) »
Entre deux bouchées de spaghetti, j’ai eu le bonheur de m’entretenir avec le guitariste, leader et fondateur de Carrotté, communément appelé « Médé » et en voici un aperçu.
Lui qui a baigné toute sa vie dans l’agriculture et le folklore québécois, en encore aujourd’hui d’ailleurs, il avoue avoir penché pour le style punk à l’adolescence. Il y a quelques années, il rencontre Les Quêteux dans un marché public où il y est par affaire. Connaissant bien leur style, il est allé les voir et leur a proposé de jouer avec lui et son band punk, pour en faire un groupe avec un nouveau style punk-trad. Ils ont essayé de jouer ensemble et la magie a opéré. C’est ainsi que Carotté est née il y a environ deux ans officiellement.
En mélangeant deux styles pratiquement à l’opposé, on peut penser que le milieu aura de la difficulté à l’accepter. Or, c’est tout à fait le contraire dans ce cas-ci, même qu’Yves Lambert, figure emblématique du trad, a joué dans leur dernier vidéoclip (mettre le lien)
Le mois de décembre en est un très chargé pour Carotté, qui fait la tournée du Québec, ou presque, en quelques jours (voir le calendrier) et avec raison, puisqu’avec les « trash carré », le côté festif et le public qui a tendance à « levé le coude » sur leur musique, ça ne peut qu’être un bon moment de célébration.
En plus de tout cela, ce sera la première fois que les deux groupes se produiront dans une même soirée.
Je raccroche à peine avec « Médé » que j’appelle Frank, le chanteur de Les conards à l’orange.
On tente de faire un peu l’historique du groupe, car bien que certains pensent que ce sont des jeunes venus, il en est tout autre. C’est au secondaire que le groupe est né officieusement. Les conards à l’orange était un projet « su’l side » d’un autre groupe puisque des membres étaient partis dans l’ouest canadien. Outre un changement d’une personne en 2007, ce sont tous les membres originaux.
C’est en septembre dernier qu’ils ont sorti leur 3ème album, sous l’étiquette Slam disques pour la toute première fois. En effet, la rencontre avec Jessy Fuchs de Slam disques a été déterminante pour le groupe. Son apport et son soutien ont propulsé l’album Bave de robots dans les palmarès, selon Frank.
Le titre Bave de robots signifie « Parler pour ne rien dire », mais Frank ajoute qu’ils ont choisi ce nom parce qu’ils aimaient l’image que ça donnait et parce qu’ils n’avaient pas envie de trouver un titre profond qui représente les propos des chansons de l’album.
Pour l’événement de ce jeudi 10 décembre, ils ont partagé une invitation faite par Harrison Ford, juste parce que c’est drôle. Ça accroche l’œil et ceux qui seront au spectacle ne s’ennuieront certainement pas avec ces deux groupes hauts en couleurs.
Dimanche, le 29 novembre dernier, la gang de Slam disques nous ont invités à venir dans les coulisses de l’enregistrement de Chevy Chase, le deuxième album de Rouge Pompier, qui paraitra en mars 2016.
On arrive aux Studios Piccolo vers 14h, les gars sont en plein enregistrement et nous font signe de nous asseoir, ce qu’on fait avec obéissance. Ils commencent à se parler en termes qu’on ne comprend pas, à reprendre 25 fois le même bout de la chanson, à jouer chacun leur tour, etc … Je regarde la scène et je me dis : Donc c’est de ça que ça a l’air deux rockers en studio? J’avoue, je suis impressionné du professionnalisme, de l’attention portée à chaque note et du souci du détail que les gars apportent à la chanson qu’ils enregistrent. Pour les avoir vus en spectacle plusieurs fois, on pense qu’ils font juste varger et crier, mais quand ça a l’air le fun et facile, on oublie souvent l’énorme travail qu’il y a derrière et c’est là que ce qui suit devient vraiment intéressant. Ça fait environ une heure que je regarde les gars faire leurs trucs et Alexandre sort du studio pour venir me rejoindre, pendant que Jessy peaufine une séquence.
J’en profite pour lui demander comment ça se passe à date ?
« On est un peu en retard » me dit-il, « On a juste fait trois chansons aujourd’hui, et il nous reste moins que trois jours ».
Malgré cela, le stress ne semblait pas du tout prendre le dessus. Au contraire, c’est la fébrilité et l’excitation qui se faisaient ressentir jusque dans les craques de plancher.
« Officiellement, on a envoyé 45 démos en groupes d’écoute et on en a ressorti 15 qu’on enregistre. Cette fois-ci, on n’a pas ajouté une chanson qui n’avait pas été choisie, comme pour Bled sur l’album Kevin Bacon ».
La séance de jasette non officielle se termine alors que Jessy vient de terminer ses ajustements. On se dirige ensuite vers la mythique cuisine des Studios Piccolo pour que les gars se remplissent le ventre de la pizza qui a été livrée il y a quelques minutes. Après un délire sur « on pourrait enregistrer des sons de bancs de gymnase » et « notre rêve est de s’acheter une toilette avec le banc chauffant et plein de boutons comme au Mexique », on entre dans le studio et on commence la portion entrevue de la journée:
Les gars, dites-moi, pour les groupes d’écoute, est-ce qu’il y avait juste des fans? Y avait-il d’autres types de gens?
« Non, en fait, il y avait le public cible et le public non cible. Pour nous, de faire ce processus, c’est de rallier le plus de monde sur nos chansons, et les chansons qui ont été choisies, au final, c’était plutôt unanime dans les votes ».
Est-ce que ce sont les chansons que vous pensiez?
« Oui, mais il y a quelques surprises. Moi (Alexandre) je suis déçu de ne pas mettre Pauvre en criss ». Jessy ajoute « On avait même fait des demandes de financement avec des pièces qui finalement n’ont pas été sélectionnées par les comités d’écoutes ».
Jessy poursuit avec des commentaires sur la façon de voter pour les chansons :
« Il y avait beaucoup de chansons que les gens mettaient 6 ou 7 et ça me donnait l’impression qu’elles étaient ignorées, comme si elles n’étaient pas détestées, mais pas aimé non plus. Si ça leur donnait une bonne note au final, le fait d’avoir beaucoup de 6 ou de 7 avait beaucoup d’importance pour moi ».
Il faut dire que c’est difficile ce que vous demandez aux gens quand même, non?
« Oui parce qu’on ne donne pas de barèmes. On ne peut pas prévoir comment les gens vont écouter l’album. Il faut que ça reflète la réalité ».
Suite à la sélection effectuée avec les résultats des écoutes, les gars ont pratiqué les 15 pièces avec les plus hauts scores au total. Certaines ont été créées il y a plus de trois ans, ce qui fait qu’elles ont dû subir quelques modifications ou réajustements. J’ai voulu en savoir plus sur les morceaux qui allaient se retrouver sur l’album:
« Il va y avoir Chat, Même si tu frottes, Autobus, VHS et Mercredi, entre autres. Autobus c’est parce que ça dit souvent autobus, mais ça pourrait changer de nom. » C’est donc ce qu’on a pu savoir pour le moment. Jessy ajoute que « pour Mercredi, il n’y avait pas de paroles au début. C’est quand j’ai décidé de mettre du vocal que ça l’a propulsé et maintenant elle va être sur l’album ».
Ça ne vous dérange pas de remettre au hasard, aux mains des gens, votre « playlist » de chansons?
« Non, des fois il y a des chansons moins le fun à jouer, mais on se dit que c’est ce que les fans veulent. Tout comme avec Kevin Bacon, il y a des pièces qu’on n’aurait naturellement pas choisies, mais on est obligé de ne pas avoir une vision juste de gars de bands parce que ça ferait un album de gars de bands. D’ailleurs, les notes des gars de bands qui ont écouté les pièces sont complètement différentes des autres ».
Et est-ce que l’ordre des chansons est choisi ou vous attendez de voir selon l’enregistrement? (attention, c’est mon moment préféré de l’entrevue)
« Oui l’ordre est choisi, on a une bonne technique (échange de petits sourires entre les gars). On a pris l’album Nevermind de Nirvana, on a regardé chacune de nos toons et on les a associés aux toons de Nevermind, pour que chaque toon qui se ressemble soit dans le même ordre. Par exemple, on s’est dit laquelle ressemble le plus a Smells like teen spirit, et on l’a mise à la même place sur Chevy Chase ».
Mais pourquoi cet album-là?
« Parce que c’est le plus gros de tous les albums tsé ».
Le studio a été loué pour quatre jours et on est au deuxième déjà, êtes-vous stressé?
« Non, mais l’objectif aurait été d’en faire plus que le nécessaire, mais on se dit on va tu avoir le temps de finir les toons qu’on voulait mettre sur l’album? ».
Et comment vous arrivez à statuer qu’une pièce est terminée?
« Pour Chevy Chase, on recherche un son, (…) mais on n’est pas des musiciens pros, plus des semi-pros. La réaction qu’Alex a eue hier est le meilleur exemple. Il s’installe couché sur le divan derrière la console et il écoute la toon les yeux fermés. Quand la toon a fini, il s’est retournée et a dit Ok c’est là. (…) Quand tu viens d’avoir un nouveau frisson sur une toon que tu fais depuis trois ans, c’est ça que tu veux ».
En studio, avez-vous des façons de faire définies?
« Le plus important pour moi (Alex), c’est le clic (le métronome). Quand je regarde Jessy, ça veut dire que ça va bien et que je suis dedans. Ton cerveau est stimulé une fois par temps, c’est fatigant à la fin d’une journée. Hier, on a commencé par deux toons rapides et je n’avais plus de jus après. En studio, à comparer d’en spectacle, c’est moins au feeling parce qu’on est sollicité mentalement ».
Après les avoir vus au travail, la phrase suivante de Jessy vient faire un bon résumé:
« Il faut savoir relativiser et avoir une bonne attitude pour être content de notre travail. »
Les gars tenaient à parler du fait que, bien qu’ils soient entourés de gens compétents du milieu, il n’y a personne réellement qui peut porter le titre de réalisateur de l’album et c’est tout à fait correct comme ça.
« On pourrait écrire en arrière de l’album quelque chose du genre : Cet album a été réalisé avec plein de monde trippant ».
Parlant de l’album, j’ai eu le privilège d’avoir le « scoop » du visuel de la pochette. Je ne peux pas vous en dire plus, outre le fait que je dois m’instruire davantage sur tout ce qui est en lien avec Chevy Chase pour comprendre toutes les subtilités. C’est donc difficile de dire si j’aime ou non, en lien avec mon savoir déficient à ce sujet, mais j’avoue trouver le résultat très attirant pour l’œil. D’ailleurs, les gars en sont très fiers et proclament même : « On est surpris de comment proche on est (…) c’est tellement right on ce qu’on voulait. On pourrait gagner le prix pour Album de l’année ».
Parlant d’album, avez-vous des idées pour le lancement ? ou pour un vidéoclip même?
« On ne fera peut-être pas de lancement officiel, on trouve que c’est un peu passé date. Dans les shows prévus, il y en a aucun qui va porter le nom de lancement. Ca fait tellement longtemps qu’on en parle, ce n’est pas une nouvelle tsé ».
En poursuivant sur les attentes que les gens peuvent avoir face à la sortie de cet album, les gars ajoutent :
« L’objectif n’est jamais de conquérir le monde, l’objectif c’est juste d’avoir du plaisir. Kevin Bacon c’est un Dream come true. On ne s’attendait pas à atteindre ce qu’on a atteint. Faire un deuxième album c’est : si le monde aime ça, tant mieux. Au moins, on s’est donné la chance que l’album soit bon (…) on ne l’a pas fait à peu près ét on s’est donné une chance de composer beaucoup de toons,. Ce n’est pas parce qu’on est au Studio Piccolo que l’album va bien tsé, ça c’est juste du luxe ».
Après 30 minutes de discussion avec les gars, l’entrevue se termine avec Jessy qui parle des attentes face à un deuxième album :
« Tu ne te fies pas sur ta pochette pour pogner plus, tu ne te fies pas sur de quoi t’a d’l’air sur tes photos de presse ou si ton lancement est gros? Tu te fies sur On as-tu des bonnes chansons? Ca va-tu plaire à un certain public? Et ce certain public là, s’il est satisfait on a tout gagné dans le fond. On n’est pas obligé de plaire à tout le monde, mais si on plait au public qui aime ce que nous on fait, on a réussi. Si tous nos fans étaient comme : Kevin Bacon c’était vraiment bon, mais Chevy Chase c’est de la grosse marde, ce serait peut-êre le seul échec qu’on pourrait dire, mais il n’y aura pas un échec de quantité. L’objectif ce n’est pas le financement, et ce n’est pas de plaire à un public plus large non plus. En fait le seul échec serait que lui (Alex) et moi on n’aimerait pas notre propre album. J’ai appris dans la vie aussi que l’échec c’est de ne pas essayer, ça fait que de ne pas faire Chevy Chase, ce serait un échec.»
**Vous vous demandez peut-être pourquoi il y a un cadre devant la batterie? C’est juste une histoire d’échange de cadeaux familiale qui a mal fini. Maintenant il a la place la plus importante. « Aucun cadre n’a eu autant d’importance » ajoute Jessy.
Voici les photos prises par Jacques Boivin tout au long de notre présence dans les Studios Piccolo avec les gars de Rouge Pompier, Alexandre Portelance et Jessy Fuchs:
Merci à Alexandre Portelance et Jessy Fuchs pour leur temps et merci à Slam disques, surtout à Emma-Geneviève Murray- St-Louis, pour la confiance et pour l’opportunité