Ah, Agrirock! J’avais souvent entendu parler (toujours en bien) de toi, il fallait bien que j’aille constater par moi-même ce qui te rend si charmant!
Le Festival Agrirock célèbre l’arrivée de l’automne dans un torrent de décibels qui déferle sur le centre-ville de Saint-Hyacinthe. À partir de son quartier général, le très sympathique bar Le Zaricot, la musique s’invite dans de nombreux lieux (parfois inusités) visités par de non moins nombreux curieux. Rien de trop compliqué, rien de trop grandiose, juste une belle programmation remplie d’artistes qu’on aime découvrir et redécouvrir. Pas de choix déchirants (les shows se succèdent), pas de course contre la montre entre deux lieux (on marche bien davantage ailleurs, d’ailleurs), on peut consacrer tout notre temps à la musique.
Nous sommes donc allés, il y a quelques jours, assister aux deux tiers de la cinquième édition de ce festival qui vient de tomber dans la liste de mes coups de coeur. On a manqué la journée du jeudi (avec Bad Dylan, Georges Ouel, Robert Fusil et les chiens fous ainsi que Tintamare), travail oblige, mais on a manqué bien peu de choses du vendredi et du samedi. On vous présente ça sous forme de léger compte rendu accompagné de quelques photos!
Après avoir passé l’après-midi du vendredi à flâner dans le centre-ville (traduction : boire du cidre avec les guêpes au Zaricot), direction Fréquences le disquaire pour un petit tête à tête avec Antoine Corriveau. J’ai vu ce gars-là jouer dans presque toutes les formations possibles à toute heure du jour, mais jamais je ne l’avais vu seul avec sa guitare. Ça fait quand même un petit choc d’entendre toutes ces chansons, d’ordinaire si joliment arrangées, se retrouver toutes nues! S’il avait bien préparé quelques chansons pour l’occasion, au milieu de sa prestation, il a laissé le public choisir… Pauvre de lui, un spectateur lui demande de jouer Corridor, sa si magnifique reprise de la chanson de Laurence Jalbert. Corriveau s’essaie, mais il peine à trouver les bons accords (à sa défense, c’était la première fois que je l’entendais ailleurs qu’à la télé). Un Antoine à la bonne franquette, sans filet, qui s’essaie devant le public. On l’aime de même.
Direction l’entrée du Zaricot où les rappeurs de La Carabine s’exécutent. C’est énergique, les gars débitent leur flow avec entrain, la présence d’une batterie donne un rythme qui semble plaire aux spectateurs de la terrasse. On est peut-être un peu trop timides pour aller groover devant les gars malgré leurs invitations à le faire, ça ne veut pas dire que le public n’apprécie pas. Je vous avoue que j’aimerais bien les revoir dans un contexte différent (parce que j’avoue qu’entre Corriveau et Tire le coyote, j’étais peut-être pas trop dans un mood pour écouter du rap…).
On retourne chez Fréquences, cette fois pour une prestation qui avait été annoncée à peine quelques jours plus tôt, soit celle de Tire le coyote. Seul avec son fidèle Shampouing, on a pu entendre des versions acoustiques de quelques-unes de ses belles chansons tirées de Désherbage. Le magasin s’est rapidement rempli, même la gang de Matt Holubowski, qui jouait ailleurs en ville ce soir-là (dans un cadre autre que celui d’Agrirock) est passée faire un tour. Comme ce fut le cas avec Corriveau, le plaisir résidait dans l’interprétation toute nue de ces chansons si magnifiquement arrangées sur l’album, le tout présenté avec humour et simplicité, comme toujours. Gros pouce en l’air pour sa Jeu vidéo, adaptation fort réussie de Video Games d’une certaine Lana Del Rey.
On retourne au Zaricot, cette fois pour ne plus en sortir avant la fin de la soirée. On nous avait promis un traitement choc : Chocolat, Duchess Says et Les Breastfeeders.
Le premier groupe, celui mené par Jimmy Hunt, est toujours plaisant à voir et à entendre. On ne sait pas dans quel mood les musiciens seront (ça va de plutôt sage à complètement déchaîné), mais on sait que ça va être bon. Chocolat nous envoie des tonnes de briques au visage, une brique à la fois. Guillaume Éthier, qui jouait de la batterie avec le groupe pour une première fois, marquait le rythme avec énormément d’assurance. Les fans de Rencontrer Looloo et de Tss Tss en ont eu pour leur argent. Les guitares bien fuzzées nous ont fait bien voyager, à peu près autant que le saxophone de Christophe Lamarche-Ledoux. (En passant, on va pouvoir revoir Chocolat avec Cobrateens et Mauves au Pantoum le 25 novembre prochain… on vous le dit tout de suite, comme ça, vous pourrez mettre ça à votre agenda!)
La soirée se poursuit avec le post-punk déjanté de Duchess Says. On a pu entendre les chansons de Sciences nouvelles, le dernier album, ainsi que quelques plus vieux morceaux. On ne vous le cachera pas, la vraie vedette du groupe, c’est sa chanteuse, A-Claude, probablement la meilleure bête de scène qu’on a pu voir tout le week-end. Et les spectateurs le lui ont bien rendu : le job de photographe n’était pas de tout repos avec les mosh pits enthousiastes et spontanés! On se disait qu’après ça, les Maskoutains n’auraient plus d’énergie pour la suite…
On s’est trompé!
Notre vendredi soir s’est terminé avec Les Breastfeeders, qui étaient accompagnés d’un « nouveau » guitariste, un certain… Sunny Duval, qui a renoué (avec un plaisir manifeste) avec son ancien groupe! Si Les Breasts n’ont toujours pas de nouveau matériel à nous offrir (on en est encore à Dans la gueule des jours, paru en… 2011), c’est pas grave. On a droit à un show de greatest hits, comme le dit si bien Luc Brien! Pendant plus d’une heure, on danse, on sue, on regarde Johnny Maldoror se pitcher partout, on est juste heureux de retrouver Sunny en train de rocker comme un petit bum. Mais on a quand même hâte d’entendre du nouveau.
Après une bonne nuit de sommeil et un copieux déjeuner, il y avait Joëlle Saint-Pierre qui nous attendait avec son vibraphone et son clavier dans un café santé. Saint-Pierre a pris le temps d’expliquer son instrument (et la différence entre un xylophone et un vibraphone) aux curieux présents pour l’entendre jouer. Il y avait même un ado lui-même joueur de vibraphone qui observait attentivement son jeu. Saint-Pierre chantait ses chansons de sa douce voix qui se mariait magnifiquement bien avec les ondes émises par le vibraphone. Des chansons que vous pouvez entendre sur son fort joli album Et toi tu fais quoi.
Je suis passé rapidement voir Vedana qui s’exécutait au marché. Malheureusement, j’ai manqué une bonne partie de la prestation – j’avais laissé quelques éléments essentiels à ma chambre et à mon retour, le groupe avait déjà fini. Dommage, ça jazzait pas mal!
On s’en va ensuite au Bilboquet pour voir Les Louanges en formule Vincent Roberge solo. Une prestation qui m’a surpris par la vulnérabilité de Roberge, d’habitude trop cool (dans le bon sens). Cette fois, sans le groove de ses musiciens, on a eu droit au côté sensible de Vincent. Des sonorités moins jazzées, plus signer-songwriter qui lui vont très bien.
Pour voir le groupe suivant, on n’avait qu’à traverser la rue et entrer dans une galerie d’art où nous attendaient nos amis de De la Reine. On avait arrangé l’espace d’une drôle de façon : le groupe jouait à l’entrée, et les spectateurs étaient répartis entre l’arrière de la galerie, où on avait installé des sièges, et l’extérieur (on avait ouvert la porte de garage). Derrière le groupe, de belles toiles remplies de couleurs qui accompagnaient bien la musique pigmentée de De la Reine. Le trio de Québec nous a présenté ses chansons pop-rock-groovy-cool qu’on commence à bien connaître. Des morceaux efficacement interprétés grâce à la voix toujours parfaite d’Odile, du jeu de guitare de Vincent et des mains magiques de Jean-Étienne (qui alternent entre sa batterie et son clavier).
On avait déjà vu Louis-Philippe Gingras jouer dans un dépanneur, mais là, dans un restaurant spécialisé en shish taouk, on vous avoue qu’on est abasourdi! Difficile de mieux accompagner la poésie savoureuse des chansons du quotidien de Gingras qu’avec une belle odeur de patates à l’ail qui vient nous chatouiller les narines pendant que le troubadour nous chante Tigre géant, cet hymne grandiose à ce grand petit magasin! Gingras était en pleine forme devant un public aussi occupé à écouter qu’à savourer un bon petit début de souper.
Chose que j’aurais dû faire… j’ai eu faim toute la soirée, maudit!
On retourne au Zaricot pour un dernier droit pas piqué des vers et qui commence avec Lydia Képinski, qui me demande, pendant qu’elle s’installe, si je suis pas tanné de la voir. Ben Lydia, pour une fois qu’il ne pleut ou qu’il ne neige pas pendant que je te vois, maintenant que je sais qu’il n’y a pas de risque que la génératrice tombe en panne juste au moment où je peux pleinement profiter de ton show plutôt que de te prendre en photo, non, je ne suis pas tanné!
Fidèle à son habitude, Képinski se lance avec sa chanson inspirée des Mystérieuses cités d’or (que les spectateurs chantent avec entrain le moment venu). Oui, il y a bien eu quelques chansons de son EP (divine Brise-glace avec une finale pendant laquelle Blaise Borboël-Léonard se déchaîne au violon, et toujours trépidante Andromaque), mais on a aussi entendu sa reprise space des Temps fous, de Daniel Bélanger. J’ai même eu droit à Pie IX (que je ne me souviens pas d’avoir entendue à Québec)! Mais pas d’Apprendre à mentir, qui est probablement sa plus connue. En revanche, un gros direct au menton de Mélanie Joly et de nombreux sourires! Et quelques fans à l’avant qui connaissaient les chansons de Lydia par coeur (je te jure, y’avait pas juste moi).
Gros Soleil était mieux connu sous le nom de Les Truands. Le groupe originaire du coin avait visiblement de nombreux amis sur place, parce que ça communiquait beaucoup dans les deux sens, toujours dans la bonne humeur. La prestation a été divisée en deux : la première avec le matériel de Gros Soleil, la deuxième avec celui (et la formation) des Truands. Une heure pendant laquelle on a touché à pas mal toute la palette du rock. Un show qui a fait plaisir aux fans, qui se donnés à fond!
Pour le clou de la soirée au Zaricot, on nous a réservé une primeur : le grand retour de Keith Kouna en solo!
Un Keith Kouna qui aurait bien pu annuler son spectacle : un petit Kouna est venu au monde il y a à peines quelques heures et le chanteur avait très peu dormi ces derniers jours! Quoiqu’avec la prestation qu’il a donnée, on se dit qu’une chance que Kouna n’était pas en forme… Comme toujours, l’auteur-compositeur-interprète a communié avec son public pendant que ses (excellents) musiciens ajoutaient de la couleur à ses tableaux pas toujours jolis de la société dans laquelle on vit. Si on a eu droit à quelques morceaux choisis de son nouvel album (qui paraissait quelques jours plus tard), on a aussi eu droit à de nombreux classiques qui ont permis aux spectateurs de se défouler à fond. Parmi les nouvelles, il y a cette Vache, qui risque d’entrer dans vos têtes pour ne plus jamais en sortir.
Mais le vrai clou de la soirée, c’était Gab Paquet! D’ailleurs, vous me pardonnerez si je suis bref, c’est que voyez-vous, une fois de temps en temps, il est plus plaisant de participer au spectacle que de l’analyser. Surtout quand on peut danser comme s’il n’y avait pas de lendemain en criant les paroles des chansons comme 90 % des spectateurs présents. Cathartique. Et rempli d’amour.
Une fois le spectacle fini, direction le lit. C’était déjà la fin. Deux jours qui ont passé follement vite, même si l’ambiance d’Agrirock est plutôt relaxe. Aucun show en opposition, aucun choix déchirant. Une programmation linéaire, mais variée et équilibrée qui a donné une longue série de bons moments.
Chapeau à la petite gang d’organisateurs d’Agrirock qui font visiblement ça pour l’amour. De la musique, mais surtout de leur ville, qu’ils animent toute l’année durant!
Ça finit bien un gros été de festivals. En graffignant en douceur!
À Québec, il n’y a pas plus gros événement après le Festival d’été et Envol et Macadam que le Show de la rentrée de l’Université Laval organisé par la CADEUL. Chaque année, la population estudiantine (et les mélomanes de Québec) envahit les diverses scènes du pavillon Alphonse-Desjardins pour acclamer de nombreux groupes d’ici dans une variété de styles. L’affiche de l’édition 2017 était plutôt alléchante, présentant entre autres The Franklin Electric, Chocolat et Koriass… et plusieurs autres!
Sans plus tarder, voici notre compte rendu de la soirée.
Jérome Casabon – Pub universitaire
Jérome Casabon et ses trois acolytes se sont occupés de mettre l’ambiance sur la terrasse du pub universitaire en début de soirée. Le musicien a poussé ses chansonnettes avec énergie et enthousiasme, et ce malgré la timidité du public. On a aimé réentendre des classiques tirés de son projet précédent (Casabon) tels que en bas dans rue ou encore hamac, mais aussi découvrir quelques titres de Pas pire content, son dernier album paru en mars dernier. Anciennes comme nouvelles pièces ont un caractère très entraînant et s’accompagnent de paroles calembouresques relatant les évènements improbables d’un quotidien. (Marie-Ève Fortier)
Bleu Jeans Bleu – Pub universitaire
C’est à 20 h (O.K., 20 h 10) que la joyeuse bande de Claude Cobra a investi la terrasse du Pub Universitaire. En grande forme, les gars de Bleu Jeans Bleu ont interprété toutes les pièces de leurs deux albums, Haute Couture (Gold) et Franchement Wow. Le public a eu droit à de solides interprétations des plus grands succès radiophoniques du groupe (Vulnérable comme un bébé chat, Cashmere, J’te gâte all dressed et Fifth wheel), ainsi qu’à un avant-goût de leur prochain opus. La bonne humeur était contagieuse, entretenue par les anecdotes et les questions loufoques adressées aux étudiants entre chaque chanson. Le groupe s’est offert quelques clins-d’œil empruntés à des classiques par des solos des plus endiablés. L’hilarant spectacle a également été ponctué de moments tendres, tels que l’interprétation de C’est en Speedboat que je t’aime et Épile-moi le dos, lesquelles furent dédiées aux vieux couples formés pendant les premiers jours de la session. À la fin de la prestation, j’avais mal aux joues à force d’avoir trop souri. (Jean-Philippe Grenier)
Helena Deland – Grand Salon
La dernière fois que nous avons vu, la température n’était pas du côté d’Helena Deland. J’ai retrouvé l’auteur-compositrice-interprête au Grand Salon. En grande forme, avec ses acolytes Alexandre, Cédric et Marc-Antoine, elle m’a rapidement charmée par sa bonne humeur contagieuse. À la fois, plus douce dans des moments comme Baby ou encore plus rock avec Aix, je ne savais pas à quoi m’attendre en entrant dans le Grand Salon. Helena nous a réservée plusieurs nouvelles chansons à paraître prochainement sur un album et s’amusait réellement sur scène. La native de Québec a repris avec sa touche rock la chanson Dreams (originalement de Fleetwood Mac). Un énorme coup de coeur pour A Stone is a Stone jouée durant cette performance qui me donne hâte à la suite. (Marie-Ève Duchesne)
Zagata – Atrium
Tiens, entre le folk-pop tendre d’Helena Deland et le gros rock abrasif de Victime, il y a la pop vitaminée de Zagata. On va en profiter pour tendre l’oreille quelques minutes (pas plus, j’étais quand même un peu à la course). Jesse Proteau et sa bande ne réinventent peut-être pas la roue, ce n’est pas du gros folk introspectif, mais pour se déhancher dans un contexte festif, difficile de faire mieux, même si certains morceaux sont un peu plus sombres et méritent pleinement une oreille attentive. En plus des chansons qu’on a entendues à quelques reprises (en anglais), Zagata a proposé quelques nouveaux morceaux en français (yeah!). Citons Marie-Ève Fortier à propos de la « genre quatrième toune » (désolé Jesse, on ne connaît pas encore les titres par coeur) : « Ca allait jouer avec les profondeurs sombres de mon âme en me chatouilant les années 80! » Le genre de prestation qu’on était bien content de rattraper en sortant de l’Amphithéâtre HQ! (Jacques Boivin)
Victime – Salle Hydro-Québec
Le trio de Victime a lancé la soirée en grand sur la scène CHYZ avec son dance-punk déjanté. Dans la même lignée que Suuns, le groupe semble déconstruire la musique et lui donner une gueule brute. Résultat : une masse violente d’énergie presque pure qui sort des motifs rythmiques répétés de la basse, des rythmes de batterie élaborés et des effets discordants de la guitare.
La chanteuse, Laurence Gauthier-Brown, surprend par la diversité de ses intonations alors qu’elle crie, murmure, s’exclâme – tout ça en français, s’il vous plait. «Mais je vous jure que ça se danse», assure-t-elle d’ailleurs au public juste avant la fin. Et elle a raison, même si le public s’est montré un peu trop timide pour le prouver. (Marie-Ève Fortier)
Bellflower – Grand Salon
Le groupe Bellflower continuait la soirée avec indie-pop riche en textures a rapidement accroché mes oreilles. La chanteuse, Em Pompa, m’a surprise par le nombre d’instruments qu’elle jouait. Il a fallu de deux chansons pour embarquer la foule et la faire danser. Accompagnée par huit autres musiciens, l’énergie qu’ils dégageaient, nous soulevait et nous imprégnait. Impressionnant, le trio d’instruments à vents (trompettes, saxophones et flûte traversière) ponctuait joliment les chansons à grande intensité. Le groupe montréalais en a profité pour faire plusieurs chansons de son EP The Season Spell comme Cryin’ Shame et Strangers. En somme, une autre belle découverte musicale. (Marie-Ève Duchesne)
The Blaze Velluto Collection – Salle Hydro-Québec
C’était au tour de The Blaze Velluto Collection de prendre le relais. Les six musiciens ont tôt eu fait de m’impressionner par la versatilité de leur musique. Bien campé dans la vibe qu’il devait y avoir à Woodstock en 1969, le groupe de Québec a d’abord présenté des pièces qui flirtaient avec un country enjoué et dansant. On a ensuite glissé vers un rock et un folk digne des Dylan de ce monde, puis quelques pièces ont même revêtu leur plus bel habit progressif et psychédélique.
La diversité des pièces était bien rendue par l’exécution des musiciens, que ce soit en matière de choristes, de flûte traversière, de congas ou d’instruments plus traditionnels. L’énergie du groupe a tôt fait de se communiquer aux premières rangées, qui semblaient déjà connaître plusieurs titres, tirés pour la plupart de Weatherman, leur long-jeu paru en mars dernier. (Marie-Ève Fortier)
The Franklin Electric – Grand Salon
Considérant la quantité de spectacles se déroulant en même temps, il est rare qu’un groupe fait salle comble lors du Show de la Rentrée. Ce sera donc mission accomplie pour The Franklin Electric, qui aura testé la capacité maximale du Grand Salon, forçant même quelques retardataires à rebrousser chemin. C’est sur la barre des 23 heures que les quatre musiciens se sont lancés sur scène, où le chanteur Jon Matte y a entonné ses refrains pop qui ont fait vibrer le Grand Salon du début à la fin de la prestation. Aucune différence à faire entre les pièces de premier et du plus récent opus paru, tout le monde y était et battait le rythme en chantant tels des hymnes les refrains d’Unsatisfied, Old Piano ou encore Someone Just Like You. S’il fallait forcer pour trouver un point négatif (tiens, faisons-donc l’exercice) : quelques adaptations live ou quelques jams lors du spectacle auraient été fort appréciés, qui a semblé sonner en tout point comme les albums. (Anthony Fournier)
Mauves – Salle Hydro-Québec
Les vilains garnements originaires de Limoilou précédaient d’autres vilains garnements (Chocolat) et ils n’allaient pas s’en laisser imposer! Offrant, comme d’habitude, une prestation énergique, le quatuor s’est laissé aller comme si la vie de chacun des membres en dépendait. On n’a pas pu rester jusqu’à la fin (question d’attraper quelques minutes de Koriass avant d’aller se coucher… on n’a plus vingt ans), mais on a eu le temps d’apprécier les quelques chansons très Coco qu’on a entendues, dont l’échevelée J’ai tout essayé et la beatlesque Nouvelle-Calédonie. Ce n’est que partie remise, parce qu’un show de Mauves, ça te recrinque le squelette! (Jacques Boivin)
Koriass – Atrium
La scène hip-hop fait très bonne mine au Québec par les temps qui courent, et le Show de la Rentrée utilise le populaire créneau musical de grande façon pour remplir ses salles (peut-on leur en vouloir ?). C’est un Koriass early bird qui s’est présenté sur scène, devant une scène gonflée à bloc par la prestation précédente de Brown, qui a toutefois quitté la scène 20 minutes plus tôt que prévu. Problème pour Koriass ? Absolument pas. Le rappeur, aussi co-porte-parole de campagne Sans oui, c’est non! a sauté sur scène avec l’appétit du loup pour lancer succès par-dessus succès de son large catalogue musical, accompagné par un house band qui peinait à se faire remarquer (outre le batteur, qui peinait à tenir la cadence) derrière toute la place que prenait Koriass, occupé à donner une leçon de théâtre à n’importe qui voulant apprendre comment utiliser l’espace de scène. Bodysurfing, public sur scène, refrain résonnant dans l’atrium, tout y était pour la tête d’affiche du Show de la Rentrée. (Anthony Fournier)
Malheureusement, nous n’avons pas eu la chance d’assister aux prestations de Brown (trop pris à courir partout pour prendre des photos) et de Chocolat (il se faisait tard… on se reprendra dans quelques jours à Agrirock… où on ne donne pas cher de ce qui restera du Zaricot après leur passage). Somme toute, nous en avions assez vu pour constater à quel point les jeunes universitaires sont de party, même lorsque la musique est plus tranquille. On aurait peut-être apprécié que le monde lâche son hamburger pendant la prestation du pauvre Jérome Casabon, qui jouait sur une terrasse pleine, mais devant un parterre composé de vos humbles serviteurs… Heureusement que certaines personnes sont venues danser en ligne à la fin de la prestation!
À l’an prochain, même si à chaque année, on se dit qu’on est too old for that shit!
Pour sa deuxième édition, Saint-Roch Expérience a convié les foodies et les mélomanes de Québec sur la très chic rue Saint-Joseph pour une journée 100 % locale. C’est ainsi que nous avons pu assister toute la journée à de nombreuses prestations d’artistes de la région de Québec. Si le lecteur habitué d’ecoutedonc.ca connaît très probablement tous ces artistes, le grand public, lui, a fait un grand nombre de découvertes, parfois dans des lieux inusités…
On vous avertit tout de suite : malheureusement, nous n’avons pas pu voir tout le monde étant donné nos effectifs réduits (si jamais ça vous tente de joindre notre équipe…).
15 h : Anatole – EXOSHOP
Quoi de mieux pour lancer les festivités que notre squelette dandy le mieux habillé de Québec? Et quoi de mieux d’un magasin spécialisé dans la culture skate pour faire découvrir le phénomène Anatole? Dès le départ, les curieux étaient très nombreux… et il y avait beaucoup d’enfants, qui semblaient beaucoup apprécier le coloré personnage (qui leur a décoché quelques sourires et clins d’oeil complices). Alexandre Martel (qui incarne le personnage d’Anatole) avait une grosse journée devant lui (en plus de ses trois prestations, il accompagnait Joey Proteau dans Ego Death et il jouait au gros jam session de fin de soirée), mais ça ne l’aura pas empêché de se donner à fond dans sa synth-pop venue tout droit de la Nouvelle L.A. (Jacques Boivin)
15 h 30 : Gab Paquet – Place FRESK
On va passer rapidement vu que Louis-Solem l’a également vu au District Saint-Joseph, mais bon Dieu qu’il y avait du monde pour la prestation de Gab Paquet à la place FRESK! Encore une fois, de nombreux curieux, mais on a pu reconnaître un très grand nombre de fans du chanteur à la chevelure charmante! Et bien entendu, Gab a donné une prestation époustouflante dans ce qui était un terrain de jeu sur mesure pour lui. Toujours bien épaulé par des musiciens de feu, Paquet s’est servi de tout ce qui lui tombait sous le pied pour sauter, faire des pirouettes et se faire aller les cheveux au vent (qui était plutôt présent), de quoi donner à la nombreuse foule présente d’aussi nombreuses raisons de sourire à pleines dents. (Jacques Boivin)
16 h 30 : Laurence Castera – L’Intermarché
Saint-Roch Expérience a fait sourciller plus d’une personne avec ses lieux insolites pour les prestations. Une de ces idées farfelues, qui comportait quelques défis techniques, en a cependant valu la peine. L’Intermarché a accueilli Laurence Castera et Pierre-Olivier Fortin. Entre les salades préparées, les gâteaux faits maison et d’une ambiance feutrée à base de guitare et de batterie, le tout s’est bien agencé aux chansons de Castera. L’auteur-compositeur-interprète en a profité pour chanter quelques chansons de son album Le Bruit des mots, comme J’te mentirais, En attendant une pièce marquée d’espoir, tout à fait à propos. Quelques personnes semblaient légèrement déstabilisées, mais cet endroit a permis à plusieurs de faire de belles découvertes musicales. Vertige a terminé l’ensemble de chansons, par une participation de la foule. En somme, un excellent moment en bonne compagnie qui nous a ouvert l’appétit pour d’autres prestations. (Marie-Ève Duchesne)
17 h : Anatole – Coyote Records
Revêtu de sa robe turquoise et de son foulard rose, le grand Anatole nous accueillait dans les bureaux de Coyote Records. La diva du rock sexü a encore une fois prouvé qu’elle est authentique et sait livrer un spectacle marquant. Lors de la très excellente chanson Le grand sommeil, Anatole s’est levé sur le comptoir de Coyote pour ensuite s’y coucher comme sur un piano à queue. Quelques personnes ont été un peu déstabilisés par le caractère provoquant du personnage, alors que les habitués regardaient d’un œil amusé les curieux à ce spectacle haut en couleurs. Il livre vraiment un spectacle de musique-performance où les moments théâtraux prennent une place importante dans la mise en scène. Anatole en spectacle, c’est une expérience typique de St-Roch. (Louis-Solem Pérot)
17h30 : Harfang – Place FRESK
Sous une forme épurée avec une contrebasse et une batterie minimaliste, le groupe de Québec Harfang a joué au coeur de la ville, devant la tour FRESK. L’ambiance était familiale. Malgré un vent qui semblait refroidir les spectateurs – mais pas Harfang – les cinq musiciens ont réussi à braver la température et le vent qui se levait. Ils nous ont réservé tout un spectacle basé sur les plus récentes pièces de l’album Laugh Away the Sun, comme Lighthouse, As You Sing et aussi une très jolie reprise de 8 (circle) de Bon Iver. Les mélodies du groupe ont réussi leur pari : nous réchauffer nos coeurs en attendant d’aller voir d’autres concerts. (Marie-Ève Duchesne)
17 h 30 : Gab Paquet – District Saint-Joseph
Le grand Gab a encore une fois démontré qu’il est le roi. St-Roch Expérience permet aux artistes de rejoindre un public qui n’auraient pas eu la chance de les voir. Gab Paquet a certainement beaucoup profité de cette vitrine, car on entendait beaucoup de réactions de surprise en découvrant son personnage de chanteur de charme. Comme on l’a vu à son spectacle avant Michel Louvain, il sait toujours faire lever les foules, même les plus sceptiques. La scène du District était très étroite, Gab était un peu limité dans ses mouvements, mais les obstacles physiques ne l’ont pas empêché de sauter lors de Coach de Vie ou bien de faire bouger ses fesses pour Diamant. Bien entendu, c’était la folie pour Papa, Maman, Bébé, Amour et Consommations alors que plusieurs fans chantaient allègrement sous le regard amusé des passants les paroles absurdes et rassembleuses de Gab Paquet. C’est toujours un grand moment avec Gab. (Louis-Solem Pérot)
18 h 30 : Val Thomas – L’Intermarché
St-Roch Expérience a visé juste en plaçant une scène à l’Intermarché. L’idée était originale et les artistes ont embarqué à fond dans le concept. Val Thomas était accompagnée par le fidèle Kenton Mail muni d’un snare et d’une ride qui a réussi à très bien faire sonner son petit kit malgré tout. Vincent Lamontagne était à la guitare acoustique et (surprise) Isabelle Cormier était au violon et aux harmonies vocales pour ce spectacle charmant. Ayant vu Val Thomas à deux reprises dans le passé, je dois dire que sa voix se marie très bien avec celle d’Isabelle et le violon vient apporter un côté un peu plus Americana, vieux folk que la guitare électrique d’Alexandre Pomerleau. Cette artiste s’est fait beaucoup remarquer cette année entre autre parce qu’elle livre toujours une prestation impeccable et qu’elle rayonne de bonheur lorsqu’elle joue. C’est toujours un très beau moment passé en sa compagnie, on a hâte de voir la suite pour elle. (Louis-Solem Pérot)
19 h : Harfang – L’Ampli de Québec
La scène de l’Ampli était vraiment bien. C’était une des plus grandes scènes des concerts de la journée et l’endroit étant bien configuré, tout le monde pouvait bien voir. Par contre, la salle a eu des soucis techniques tout au long du spectacle, un des haut parleurs ne fonctionnant pas très bien, il altérait un peu la qualité du son du spectacle. Sinon, le groupe a été impeccable. Cette pop bien réfléchie et complexe demande précision et cohésion, Harfang regroupe très bien ces deux éléments. Ils ont surtout fait des chansons de leur plus récent album que plusieurs chantaient en chœur, même s’il est difficile de se rendre aux notes aiguës que Samuel Wagner va chercher. Bravo à la formation pour leur rigueur et leur prestation impeccable. (Louis-Solem Pérot)
19 h 30 : The Seasons – Devant le District Saint-Joseph
Bien joué St-Roch Expérience, bien joué. Faire jouer The Seasons dehors sur St-Joseph en début de soirée alors qu’il fait beau donne un spectacle énergique où la foule volumineuse incite les artistes à en donner plus. C’était les artistes les plus grand public de la journée et plusieurs se bousculaient pour voir un peu Hubert qui a très vite retiré son haut pour le plus grand plaisir de ces dames, et peut-être messieurs aussi, s’ils en ont envie. Les gars sont coulés dans le rock 60’s bien dansant qui déménage. Ils en ont fait chanter et danser plusieurs avec leurs gros succès. «Aaaahhh, c’est eux qui ont fait cette chanson là!» est sûrement la phrase la plus entendue à un spectacle des Seasons. Tout le monde connaît leurs chansons sans vraiment le savoir. Ils ont donné un très bon spectacle, on a juste plus hâte de les voir ce soir à l’Impérial. (Louis-Solem Pérot)
20 h : Laura Lefevbre – L’Intermarché
Après le rock mouvementé, on a eu besoin de se reposer le tympan avec Laura Lefebvre qui nous proposait une formule bien spéciale. Elle était en duo avec Joey Proteau (Ego Death) et ils ont décidé de monter un spectacle de reprises de chansons des années 50 et 60 pour le plus grand bonheur de son public. Laura ne semblait pas réaliser ce qu’il se passait autour d’elle : « J’étais certaine qu’on allait être une musique d’ambiance pendant que le monde faisait leur épicerie, je m’attendais pas à avoir un public attentif, merci! » Nous avions affaire à deux superbes chanteurs, leurs voix se mariant très bien. On a même pu entendre deux compositions originales de Laura bien accrocheuses. Cette musique est vraie, cette musique est belle et sincère. Nous avons passé un super beau moment et surveillez ses apparitions, nous passons toujours un très bon moment. (Louis-Solem Pérot)
20 h : Val Thomas – Brasserie Artisanale La Korrigane
Au même moment, se déroulait le concert de Val Thomas. L’endroit, qui reçoit déjà des groupes pour ses soirées à micro ouvert, semblait un peu à l’étroit pour quatre musiciens. Cependant, c’est toujours un plaisir de voir Val Thomas avec sa pop aux accents folk. Sa présence sur scène a bien été reçue par son auditoire. Avec ses musiciens Kenton Mail (batterie), Guillaume Sirois (basse) et Alexandre Pomerleau (guitare), ils formaient un tout et avaient une chimie parfaite entre eux. Toujours un coup de coeur pour la pièce Maze, que je ne me lasse pas d’entendre. (Marie-Ève Duchesne)
21 h : «Jam session» Talents d’ici – Impérial Bell
Saint-Roch Expérience a fait preuve d’audace en programmant plusieurs concerts dans des lieux inusités. Pour célébrer le talent local (et il y en avait sur cette scène!), ils ont su mettre ensemble la crème de la crème dans un Impérial Bell qui n’a pas tardé à afficher complet (on a même dû ouvrir le balcon). Pour cette fin de journée, on a mis de l’avant l’esprit de famille et la grande complicité entre les artistes qui règne à Québec.
Caravane nous a décoiffé avec son rock en français, qui allait dans tous les sens. Le quatuor avec le chanteur Dominic Pelletier a su réveiller la foule. Puis c’était au tour de Pascale Picard de nous accueillir dans son monde avec Haunted Spaces. Elle a enchaîné avec Gate 22, qui a été chantée avec la foule. Le groupe The Seasons a ensuite partagé la scène avec elle pour faire un duo, tout en énergie et en rock des années 60′. Hubert en a profité pour faire plusieurs bains de foule et pour faire plusieurs covers. Anatole est monté sur scène pour un duo sur You Get What You Give. Tout en sensualité avec son ensemble jaune ocre, la foule semblait apprécier. Le temps de trois chansons, nous étions dans l’univers pour L.A / Tu es des nôtres. En se déhanchant, il a aussi séduit des gens à travers la foule.
Gabrielle Shonk nous a ensuite réservée plusieurs chansons de son album à paraître le 29 septembre prochain. Les univers des artistes ont été arrangés des mains de Simon Pednault. Habit a été fredonnée par plusieurs personnes. Tire le Coyote a ensuite chanté Jolie Anne autour d’un micro avec Shonk. Les énergiques Chainsaw et Calfeutrer les failles ont été dynamités par la présence de Shampouing à la guitare. Le mélange des styles se mariait ensemble et il y en avait pour tous les goûts autant avec Karim Ouellet et Koriass. (Marie-Ève Duchesne)
Conclusion
L’année dernière, l’équipe de 3 E avait misé gros en organisant ce qui ressemblait à un mini festival d’été. Certains spectacles avaient été couronnés de succès, d’autres un peu moins (surtout en raison du temps maussade). Les ajustements apportés cette année apportaient une dimension beaucoup plus humaine au volet musical de l’événement (malheureusement, on n’a pas eu trop le temps de déguster tout ce qui s’offrait çà et là… et ça sentait bon un peu partout!). Cette idée de présenter des artistes de Québec dans des lieux souvent visités, mais pour des raisons autres qu’une prestation, était géniale.
Bon. Je vous avoue que je n’ai pas eu trop de neuf à me mettre sous la dent, connaissant bien l’ensemble des artistes au menu. Mais j’imagine la personne de Québec qui écoute la radio commerciale et se tient normalement sur les Plaines pendant le Festival d’été voguer d’un lieu à l’autre pour découvrir ce que nous avons de mieux à offrir. Cette personne a pu entendre un peu de tout, de la pop déjantée d’Anatole et Gab Paquet au folk (rock ou pas) de Laura Lefebvre, Val Thomas et Ego Death, en passant par la pop indé de Laurence Castera, les atmosphères feutrées d’Harfang et le bon vieux rock bien rétro de The Seasons, indé de Medora ou bien bluesé de Caravane. Elle a dû se rendre compte que notre scène, qui ne joue que très peu sur les ondes (et dont on parle aussi peu dans les grands médias, quoique certains font de grands efforts pour les mettre en valeur), a un dynamisme hors du commun (qui fait jaser de plus en plus loin).
Cette scène locale, on a continué à la célébrer dans un Impérial Bell bondé (à la grande surprise de pas mal tous les intervenants – une surprise doublée d’un grand bonheur). Des artistes plus établis se sont joints aux artistes plus émergents et ont partagé ensemble de beaux moments.
Malheureusement, on a manqué le spectacle du rappeur français MHD de dimanche. Trop exténués par ce samedi complètement fou.
Non, tout n’était pas parfait, c’était parfois le chaos entre les prestations qui ont souvent commencé en retard parce qu’un artiste devait courir d’un lieu à l’autre… Mais ce chaos, qui peut parfois surprendre parce que l’événement était organisé par des gens qui ont l’habitude de voir plus gros, avait un petit côté charmant qui peut nous rappeler d’autres événements et festivals de taille plus modeste. Ce côté charmant, ecoutedonc.ca s’y trouve comme un poisson dans l’eau. Mis à part quelques petits ajustements somme toute mineurs (en laissant aux artistes le temps de bien se préparer avant d’entrer en scène, par exemple), on souhaiterait que l’équipe de 3 E ne touche à rien.
De toute façon, avec tout le talent qu’on a ici, on peut facilement répéter l’expérience avec une autre bande d’artistes complètement différents!
À répéter absolument l’an prochain. On réserve déjà notre samedi! (Jacques Boivin)
Le week-end dernier, nous sommes sortis un brin de notre zone de confort pour assister à une nouvelle édition du festival Envol et Macadam, qui fait la part belle aux artistes émergents qui déménagent. Trois journées de rock, de punk, de metal, de ska et quoi encore!
Note : On n’a pas vu tous les shows… mais Jacques a pris des photos de la soirée de vendredi – vous les trouverez dans la méga galerie de photos en bas de l’article!
Jeudi 7 septembre
Scoundrel
Ce jeune quatuor masculin issu de la banlieue de London, UK, a poursuivi le bal avec une courte prestation donnant dans le punk-grunge-ish, n’ayant pour l’instant que quelques chansons à leur actif. Sur le plan musical, le rendu de leur EP de deux titres est intéressant dans le genre, voire prometteur. Toutefois, leur prestation manquait peut-être de maturité, notamment au plan de la justesse vocale. Le chanteur, doté d’une énergie un peu indomptée, tentait de connecter avec la foule entre les chansons avec un succès mitigé. Doit-on blâmer ses interventions ultra empressées, le stress, le bonheur d’être présent, un simple manque de maturité? « Just play! », a-t-on pu entendre pendant le spectacle. Plus de musique, moins de small talk, voilà qui serait bien! (Tatiana Picard)
NastyDudes
En voilà un drôle de nom pour décrire de jeunes gens aux bouilles aussi sympathiques! Ne sachant absolument pas à quoi m’attendre de ce quatuor hongkongais, je dois avouer que mon intérêt – et celui de la foule, je pense bien – n’a fait que s’accroître au fil de leur prestation, en anglais et en mandarin. Offrant des sonorités plutôt standard du rock et du heavy metal abondamment inspirées des légendes des années 70-80 (AC/DC, Aerosmith, Bon Jovi, Whitesnake, pour ne nommer que ceux-là), le band a trouvé rapidement les moyens de faire embarquer les festivaliers avec ses refrains accrocheurs et faciles à chanter. Le chanteur fort charismatique au mignon accent avait de l’énergie à revendre et occupait bien la scène. Rares sont les groupes prêts à jouer avant leur heure, mais NastyDudes avait carrément la broue dans le toupet. Aucune roue n’a été réinventée, mais c’était somme toute bien agréable et plutôt original. (Tatiana Picard)
Diamond Head
Encore une fois cette année, Envol et Macadam a été pour moi et pour bon nombre de festivaliers une suite de découvertes, et Diamond Head était également du lot en ce qui me concerne. Bien que je ne connaissais du groupe que le nom, j’avais quand même une petite idée du genre de musique auquel m’attendre. La délicieuse Shawi Beach aidant, j’ai pu savourer toute l’ampleur de ce phénomène musical britannique transcendant les décennies. Si j’oublie le long historique du groupe et que je me concentre sur ce que j’ai vu et entendu à l’Anti, j’ai été tout simplement éblouie par la prestance et le registre impressionnant du chanteur actuel (Rasmus Bom Andersen) et jetée par terre par le savoir-faire indiscutable du guitariste et cofondateur du groupe, Brian Tatler. D’ailleurs, le fait d’observer ces deux-là côte-à-côte sur scène est quand même évocateur des nombreuses transformations qu’a pu vivre le groupe au fil du temps (considérant leur différence d’âge et de style). Diamond Head nous a offert avec générosité ses plus grands succès dont certains ont façonné l’image du heavy metal, notamment It’s Electric, Am I Evil, In the Heat of the Night, et j’en passe. Nos oreilles furent régalées. (Tatiana Picard)
DJ Yella (N.W.A)
La soirée s’est terminée tardivement avec un DJ set hip hop bien rodé, gracieuseté DJ Yella. Il s’agit d’un rappeur, DJ et producteur straight outta Compton (en Californie) bien connu du milieu et roulant sa bosse depuis fort longtemps également, ayant travaillé en collaboration avec d’autres grands dans le genre tels que Dr Dre et Eazy-E. Mon état d’ébriété un peu pas mal avancé à cette étape ne me permet cependant pas de dire avec exactitude ce qu’il a joué, mais on peut affirmer qu’il porte bien son nom, et que ça groovait pas mal sur la piste de danse! (Tatiana Picard)
Voici quelques photos du vendredi 8 septembre (d’autres en bas)
Samedi 9 septembre
The Planet Smashers
La table était mise pour le groupe montréalais The Planet Smashers, qui fête ses vingt ans dans le paysage musical ska. Connu du public de Québec et ailleurs, ils ont fait leur bonheur en chantant leurs classiques comme Fabricated, Blind, J’aime ta femme et plusieurs autres. La foule a participé et a surpris le chanteur du groupe en s’assoyant et sautant en même temps pendant Surfing In Tofino. Autant les plus jeunes, car il y avait beaucoup de familles, que les plus vieux avaient du plaisir. À voir et à revoir, si vous en avez la chance! (Marie-Eve Duchesne)
Guttermouth
Puis, le ska a fait place au punk-rock de Guttermouth. Dès She’s Got the Look, l’énergique (et visiblement sur un autre planète que nous) Mark Adkins, a été dans la foule. Le rythme lourd et saccadé de la formation californienne ne semblait pas vouloir s’arrêter. Les moshpits et circle pits battaient leur plein. (Marie-Eve Duchesne)
Bodh’aktan
L’ambiance festive d’Envol et Macadam a continué avec Bodh’aktan. La formation trad-punk québécoise contrastait avec le groupe précédent. Les musiciens ont su rapidement nous embarquer avec eux avec leur grand énergie. Au son de divers instruments comme la cornemuse, le violon, l’accordéon et la mandoline, nous étions à la merci de la fête, pour notre plus grand bonheur. Des pièces comme Ici et Les Fantômes de L’Écoutille m’ont fait danser. Des refrains et couplets faciles à entonner ont rapidement rassemblé les festivaliers. Une belle découverte pour moi hier soir. (Marie-Eve Duchesne)
Streetlight Manifesto
Fort d’une quinzaine d’années d’histoire, ce fut au tour de cette bande de musiciens hors pair de nous en mettre plein la vue et les oreilles sous le légendaire viaduc basse-villois avec son punk-ska engagé et déjanté. Quelques minutes avant le début du spectacle, un jeune homme passablement éméché à nos côtés nous a expliqué avec beaucoup de ferveur qu’il les avait vu à de nombreuses reprises et qu’ils donnaient toujours un excellent show. Eh bien, je peux maintenant confirmer les dires de l’étranger! Comment ne pas tomber d’admiration pour les joueurs d’aérophones qui s’époumonent presque sans relâche pendant plus de 90 minutes? En outre, j’ai rarement vu une foule aussi participative sur le plan vocal dès la première chanson (Watch It Crash). La suite de la prestation : une ascension sur l’échelle de l’intensité autant sur scène que dans la foule, jambes au ciel se succédant à bonne vitesse sur les airs de We Will Fall Together, Receiving End of it All, What A Wicked Gang Are We, Forty Days, The Blonde Lead The Blind, pour ne nommer que celles-là. La chanson A Moment of Silence, entre autres, semble avoir résonné fort chez bon nombre de festivaliers présents, qu’on pouvait entendre crier à tue-tête :
A moment of silence, please, for those who never get the chance They show up to the party, but they’re never asked to dance The losers, the liars, the bastards, the thieves The cynicists, the pessimists, and those that don’t believe in nothing
Un spectacle bruyant, dansant, suintant, bref, à l’entière satisfaction des nombreux fans présents. Mention spéciale aux efforts du chanteur dans la langue de Molière : « Arrête! Vous êtes trop sympas! » Bien, vous aussi, chose! (Tatiana Picard)
— Petit interlude de Jacques, qui est arrivé au Cercle avant Tatiana et qui a pu voir la powerjpop très bien ficelée des trois filles de Mutant Monster —
Barry Paquin Roberge
Décidément mon coup de cœur du festival. Je ne sais trop comment le dire autrement : c’était juste parfait. J’ai dévoré ce spectacle d’un bout à l’autre et j’en aurais redemandé. De Montreal Beach, Barry Paquin Roberge (pour Étienne Barry – moitié des Deuxluxes –, Sébastien Paquin et Alexis Roberge) nous ont garroché avec tout plein de tendresse leur rock garage psychédélique rétro qui donne envie d’onduler avec tout son corps.
C’est peut-être rétro, mais ça a une petit touche hyper actuelle et rafraîchissante. Il y a quelque chose d’hypnotisant et de touchant dans les effets du clavier, les rendus vaporeux des voix et des harmonies, les audacieux aller-retour entre les gammes, les fuzz… Le titre de leur premier album, Voyage Massage, décrit à merveille leur spectacle qui fait du bien à l’âme. Maudite belle ambiance au Cercle! On a pu goûter notamment aux savamment travaillées Pawnshop Bargain, Hug or Kiss et Wonders & Cries. Les trois beaux velus, accompagnés de l’électrisante Anna Frances Meyer (autre moitié des Deuxluxes) à la flûte traversière (!), nous ont fait surfer sur une vague d’amour et de paix nous faisant oublier tous nos soucis. Je vous les recommande sans aucune réserve. (Tatiana Picard)
Les Deuxluxes
On croyait avoir eu droit à la cerise sur le sundae avec Barry Paquin Roberge, mais c’était juste une cerise, parce que sur le sundae, finalement, y’avait deux cerises. Mon corps fatigué a su combattre l’endormissement avec un grand verre de cidre bien froid en attendant l’entrée un peu tardive du sensuel duo Barry/Meyer qui, rappelons-le, étaient également du spectacle précédent. Ont-ils su reprendre leurs esprits afin de tout donner à nouveau, au plus grand plaisir d’une foule particulièrement hilare?
Oui. Oh que oui.
J’avais souvent entendu parler du fameux « traitement Deuxluxe », sans en comprendre vraiment la portée. Maintenant que j’y ai goûté, je peux achaler le monde avec ça à mon tour, youpi! Le traitement Deuxluxe, c’est un ticket VIP vers un rock ‘n’ roll épuré (deux guit qui tuent), performé sans complexes ni tabous par un Étienne Barry aussi talentueux qu’impassible et une Anna Frances Meyer au sommet de sa forme vocale, le tout, enrobé d’une bonne couche de sexy et de shiny. On a gueulé, on a fait nos devil horns, on s’est trémoussé autant que possible malgré nos verres à la main, certains se sont frottés; bref, on a aimé en maudit. Allez écouter leur petite nouvelle Tobacco Vanilla et dites vous qu’en live, c’est encore plus de la bombe. ENCORE PLUS! (Tatiana Picard)
Conclusion
Alors, comment on a aimé notre Envol et Macadam? Bruyant. Et enjoué. Et si on se fie aux mots de nos camarades rédactrices, dansant en maudit. Les organisateurs peuvent une fois de plus se péter les bretelles pendant une heure ou deux avant de reprendre le collier : on est prêts pour l’an prochain!
Par Caroline Bourbonnais, Anne-Christine Guy et Sébastien Ouellet (collaboration spéciale)
Pour le FME 2017, nous sommes parti-es en trio – le trio de feu! – Sébastien Ouellet, Caroline Bourbonnais et Anne-christine Guy, pour couvrir ce festival incroyable, mini South by Southwest Québecois [oui oui, on le sait, SxS ce n’est pas que de la musique]. L’article qui suit a été écrit à six mains, deux appareils photos et trois cellulaires et vous sera offert en trois parties, puisque le festival est trop gros, intense et magnifique pour raconter en peu de mots !
La prémisse
On est arrivé-es les premier-ères à 6h30 au point de départ, une avance dûe à notre bonne nuit de sommeil alors que le reste du monde avait festoyé au pré-FME montréalais. Il y avait trois bus qui partaient de la métropole vers le festival, nous on a pris le meilleur des trois.
[ Oui! Bien dit! Bravo! (Ça c’est un compagnon trentenaire de CISM qui s’immisce dans notre chronique.)]
Profitant d’une petite accalmie post dîner, bien assis-es dans la dernière rangée du bus, nous planifions notre fin de semaine. Le FME annonce une programmation de feu cette année et nous avons déjà certains bands dans notre ligne de mire; Duchess Says, Philippe B, A Tribe Called Red, tous les artistes fantastiques qui feront une dernière représentation du show « Desjardins, on l’aimes-tu ! », Laura Sauvage, Saratoga, Barry Paquin Roberge, mon doux saigneur, de la qualité, en veux-tu, en v’là !
Notre arrivée à Rouyn s’est faite dans le froid et l’excitation. Dès le premier moment de notre séjour, on nous accueille avec des verres de bulles pour célébrer le début de ce beau et si loin festival!
Cueillant notre accréditation (et de la pâte à dents) avant d’aller se rincer les yeux à nos hôtels respectifs, notre focus s’installe sur la programmation. Déja la première soirée est prometteuse avec en liste La Bronze, Philippe B, Fuudge et bien plus.
Du rock et de la douceur
Yeux rincés et faces rafraîchies, on a accouru vers le coeur du FME. Avant de s’en mettre plein les oreilles, comme c’était une première fois au FME pour la section féminine du trio de feu, un petit détour chez Morasse et une visite du downtown s’imposait.
C’est La bronze qui lance le festival sur la grande scène extérieure surplombant la 7e rue au coeur du festival. La musicienne enflamme la scène avec son énergie pétillante malgré le froid saisissant et la clarté encore bien présente. En cour de route, Louis-Philippe Gingras est venu chanter en duo « Parc à chiens », c’était beau beau beau ! Lors de ce spectacle, La Bronze a aussi pu réaliser un rêve; faire du bodysurfing ! Cette brève mais intense performance s’est clôturé avec « Fantastique », une reprise de Stromae, pièce qui avait brisé le web qc il y a maintenant déjà un an.
Nous nous sommes ensuite dirigé-es vers un petit moment de chaleur (autant au sens propre que figuré) à l’Agora des arts, salle fabuleuse qui se trouve dans l’église du centre-ville de Rouyn-Noranda. Nous y avions rendez-vous avec Philippe B accompagné pour l’occasion par Laurence Lafond-Beaulne (Milk and Bone) ainsi que Guido Del Fabbro. Bien que le musicien avait annoncé un spectacle axé sur le nouvel album « La grande nuit vidéo », il a offert au public conquis un large éventail de son répertoire. Chaque pièce était interprétée avec une douce sincérité ponctuée de sympathiques interventions du chanteur. Les arrangements en trio étaient riches et rendaient l’ampleur de certaines pièces enregistrées avec un orchestre.
L’âme et le corps réchauffés, nous étions prêt-es à affronter la nuit quasi glaciale pour voir A Tribe Called Red. Les trois DJ nous ont envoyé des rythmes endiablés sans jamais arrêter, pour le bonheur de la foule qui répondait à tous les up et down tempo de leur set de feu. En plus d’en avoir plein les oreilles, on en a eu plein les yeux avec d’amusantes animations et des danseurs en costumes traditionnels autochtones.
Le cabaret de la dernière chance, une salle alliant bar, spectacle cachet et ambiance, recevait le groupe FUUDGE, quatuor peu connu du trio de feu, mais maintenant sous le charme de leur grunge rock franco incroyable qui offre une prestation sur scène exceptionnelle ! La sonorité loud qui les caractérise particulièrement a fait lever la foule et provoqua le délire dans la salle !
La soirée s’est terminée avec Duchess Says. Bien que la nuit fût déjà très avancée, il y avait une foule assez dense au théâtre du petit Noranda pour assister au spectacle. Pour quelqu’un qui n’aurait jamais vu un spectacle de Duchess Says, il faut savoir que chaque prestation est une expérience particulière et unique. La chanteuse a parfois des airs de poupée maléfique et à d’autres moments de dirigeante de culte. Elle se promène dans la foule et peut parfois faire une peu peur. Ce spectacle était à la hauteur de cette description et il faut dire que tout le groupe était encore en grande forme !
Le week-end dernier avait lieu le Mile Ex End Musique Montréal, un joli festival urbain organisé sous le viaduc Van-Horne, à Montréal. Au menu, beaucoup de musique, une ambiance qu’on promettait familiale, un pop-up shop et un cadre urbain qui n’est pas sans rappeler une partie d’Envol et Macadam (beaucoup de béton).
La programmation était alléchante : Cat Power, City and Colour, Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor assuraient la tête d’afffiche, ce qui est déjà beaucoup, mais le reste du programme me plaisait également beaucoup!
Parti tôt de Québec samedi matin, je suis arrivé un peu avant midi pour me familiariser avec les lieux. La grande scène est complètement à l’extérieur dans un gros stationnement. La deuxième scène est collée sur le viaduc… sous lequel les spectateurs vont se masser. Enfin, la troisième scène, où étaient présentés les spectacles plus intimes, était en retrait, tout près de la voie ferrée.
C’est d’ailleurs à cette scène que j’ai fait mon premier arrêt pour Maude Audet. La jeune femme lance ce mois-ci un nouvel album inititulé Comme une odeur de déclin. C’est d’ailleurs avec le premier extrait de cet opus, l’excellente Galloway Road, qu’Audet se lance sur scène. Les guitares ont davantage de mordant et la voix d’Audet se fait plus douce, éthérée. Ça se remarque même sur les plus vieilles chansons. Bien entourée (notamment par Martien Bélanger à la guitare et Émilie Proulx à la basse), Audet livre ses chansons tout simplement, sans artifices.
Quelques minutes plus tard, Adam Strangler faisait balancer ses riffs indie rock teintés de new wave. Le groupe, qui a sorti un EP au printemps dernier en plus de l’excellent Ideas of Order en 2016, est très solide sur le plan musical, mais soyons francs : les gars semblaient un peu trop fraîchement sortis du lit. Comment dire? Ça manquait un brin de présence…
Après une Audet réservée et des Adam Strangler encore un brin endormis, je me suis dirigé vers la grande scène pour y voir Aliocha. Celui-ci rayonnait (peut-être à cause du soleil qui était franchement bon). La pop ensoleillée du jeune homme était parfaite dans les circonstances. Il s’est permis d’inviter Charlotte Cardin à chanter quelques notes avec lui.
Suivait notre bon vieux Tire le coyote et son band de course. De Confetti à Moissoneuse-batteuse, Pinette et ses acolytes ont proposé une prestation folk très électrique où Shampouing et Simon Pedneault s’amusaient ferme avec leurs six cordes. Contrairement à sa prestation à La Grosse Lanterne, où on avait l’impression que le public découvrait Tire le coyote, ici, Pinette avait beaucoup de fans qui n’avaient pas besoin de se faire prier pour crier leur appréciation et taper des mains! Ce qui a semblé galvaniser le groupe. Une seule nouvelle chanson au programme : Tes bras comme une muraille tirée de Désherbages, qui paraîtra à la fin du mois.
Un de mes coups de coeur de la fin de semaine, c’était Megative, un collectif de Brooklyn (dont Gus Van Go, ancien Me, Mon & Morgentaler) qui se sert du reggae comme toile de fond, mais qui y colle toutes sortes d’influences (par exemple une attitude un peu punk, une touche de hip hop). L’énergie déployée par les différents membres du groupe est contagieuse et ça danse joyeusement chez les spectateurs.
Après un petit en-cas, j’arrive juste à temps pour attraper Matt Holubowski, qui a le soleil drette dans ses lunettes. Le même soleil éclaire le gros « soleil » jaune au milieu de la scène, et c’est magnifique. Et c’est la même chose pour la musique qui nous entre dans les oreilles. Un truc qui exige une certaine qualité d’écoute, mais derrière le côté folk d’Holubowski, il y a ce rock atmosphérique très gratifiant. On finit par planer avec Matt et sa bande.
Ça s’est gâté un peu pour Cat Power. L’auteur-compositrice-interprète compose de bien jolies chansons qu’on adore sur disque, mais c’est un peu différent sur scène. Si la musique de Cat Power se défend super bien sur disque et si l’interprétation était juste en ce beau samedi soir, Marshall était tellement crispée et stressée par la moindre petite perturbation (un tout petit peu de feedback, une foule un brin indisciplinée) qu’elle avait l’air d’un fantôme. À la guitare ou au piano, il y avait comme un courant d’air froid qui circulait entre la scène et le public. Dommage. Parce que la musique était belle!
Mon samedi soir s’est terminé avec City and Colour. Dallas Green et ses musiciens ont offert tout un numéro de pop aux accents folk devant la plus belle foule de la soirée. Nul doute que de nombreuses personnes sont venues sous le viaduc Van-Horne juste pour le plaisir d’entendre la musique de Green. Je ne suis toujours pas super fan du projet, mais il faut reconnaître qu’il a bien évolué au fil des ans…
La journée du dimanche était était complètement différente en raison de la pluie. Une méchante pluie froide, pas très forte, mais constante, qui pourrait te tuer un festival. Heureusement, le programme de la journée promettait!
Helena Deland semblait agréablement surprise de voir les nombreux parapluies qui se massaient devant la petite scène. La jeune femme à la douce voix nous a offert son folk-pop atmosphérique et feutré. Rien pour chasser la pluie, mais un maudit beau moment pareil. Par rapport à ce qu’on peut entendre dans nos haut-parleurs à la maison, l’interprétation live des chansons d’Helena a un peu plus de chien et de mordant, ce qui est loin d’être désagréable.
Bien à l’abri sous le viaduc, parmi les membres du public, Kid Koala a décidé de se jouer de la météo peu clémente et de passer un paquet de chansons qui parlent de pluie d’une manière ou d’une autre. Comme toujours, le DJ prend son pied, exécute sa magie avec une liste de pièces qui donnaient le goût de chanter, de danser et de sourire, tant chez les petits que chez les grands. Personne ne sera surpris d’apprendre que le kid a enfilé son costume de koala. Qui lui a bien servi quand il est allé faire participer les enfants à une belle grosse piñata en forme de pieuvre. Une prestation au cours de laquelle on a même pu entendre du Milli Vanilli! Oh, pis vous savez ce qui bat un gros train de personnes? Quatre trains en formation concentrique! Juste du fun!
Pauvre Lydia Képinski. Pleine d’assurance, un petit sourire en coin, Lydia n’allait pas craindre une petite averse, elle a déjà vu pire. Avec ses deux musiciens, Lydia chante de sa voix aiguë et désinvolte (oui, oui, ça peut être désinvolte, une voix) ses chansons qui ratissent large en mélangeant la chanson, le rock, la pop et le trip-hop. Elle nous interprète bien à sa manière Les temps fous, de Daniel Bélanger. Aussi bien dire qu’elle se la réapproprie totalement. Comme toujours, c’est la savoureuse Brise-glace qui me rentre dedans comme une tonne de briques avec sa longue finale où le trio (dont Blaise Borboën-Léonard qui passe du clavier au violon et vice versa) nous fait presque entrer en transe. C’est pendant Andromaque que ça s’est un peu gâté… juste au moment où la (longue) chanson gagne en intensité, bang, plus d’électricité sur la scène et la jeune femme doit rebrousser. Et nous aussi.
La pluie tombe encore fort, mais ce n’est pas grave, on retourne sous le viaduc pour l’auteure-compositrice-interprète Suzanne Vega venue jouer l’intégrale de Solitude Standing, son album le plus populaire, qui a 30 ans cette année. Ouf, le fait de me rendre compte que j’étais ado quand j’écoutais Luka en boucle (à l’époque, c’était « play » – « rewind ») sur ma cassette de tounes enregistrées à la radio. Les chansons les plus connues sont au début de l’album, ça va commencer fort. En effet, tout le monde écoute attentivement Vega lorsque celle-ci interprète Tom’s Diner a capella. Et tous ceux qui ont l’âge de le faire chantent le refrain de Luka avec Vega. Entourée de ses trois musiciens chevronnés, Vega n’aura aucun mal à conserver l’attention de la foule jusqu’à sa revisite de Tom’s Diner en formation complète cette fois-ci. Une chance qu’on a eue!
J’ai enfin pu voir Andy Shauf et entendre quelques chansons de The Party interprétées dans ma grosse face! Malgré la grosse pluie (qui a forcé l’arrêt du spectacle pendant quelques instants le temps d’enlever l’eau de la scène), on a musicalement été gâtés avec de magnifiques arrangements (dont des instruments à vent). La grande majorité des gens que j’observent écoutent religieusement, même si Shauf n’est pas l’homme le plus charismatique de la planète (ce qui ne l’a pas empêché de décocher quelques sourires… à ses musiciens!). Quand ce qu’on nous joue est bon…
Retour sous le viaduc pour une des prestations que j’attendais le plus de ma fin de semaine : Basia Bulat. J’ai froid, je suis pas mal trempé (malgré les protections que j’avais). C’est là que je prends la décision de partir… après ce petit tour de chant. Visiblement heureuse de jouer à deux pas de chez elle, Bulat nous a offert un gros paquet de bonbons provenant surtout de Good Advice (ce fol album réalisé par Jim James). Une voix plus sûre que jamais, un sourire qui ne veut pas s’en aller, des musiciens qui font une belle job pour enrober le tout, vous avez là la recette du succès!
C’est malheureusement là que mon Mile Ex End s’est terminé. Oui, j’ai manqué Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor, mais je n’en pouvais plus, la pluie a eu raison de moi et je suis retourné à Québec un peu plus tôt que prévu. Mon camarade Stéphane Deslauriers parle de la fin du festival sur Le canal auditif.
Même s’il aurait peut-être besoin d’un peu d’amour, le site proposé par le Mile Ex End convenait parfaitement à un festival de cette envergure, une grosse fête de quartier (payante, mais tout de même abordable quand on regarde la qualité de l’affiche). On n’a aucun mal à imaginer que ce festival qui partait de rien cette année pourra tirer son épingle du jeu sur ce plan. On a bien utilisé le viaduc Van-Horne (élément salvateur de mon dimanche après-midi) et on y a accroché un éclairage qui renforçait le look un brin industriel des lieux.
Une fête de quartier ne suscite pas nécessairement l’intérêt des mêmes personnes que des festivals de plus grande envergure. Ce qu’on a pu voir le week-end dernier, c’est un public très éclectique, amateur de musique en tous genres et venu en très grand nombre en famille (y’avait beaucoup d’enfants). Un public qui a pu profiter d’une ambiance festivalière où presque tout avait été prévu pour le plaisir des petits… et des grands!
Oh, bien sûr, on aurait apprécié une meilleure sélection de bières (mais bon, la 50 faisait la job) pour accompagner la belle bouffe offerte par les camions de rue présents.
La sélection musicale était plutôt intéressante, surtout sur un élément important : la quasi parité hommes/femmes dans la programmation. Le plus drôle, c’est que ça n’a même pas eu l’air d’être forcé. Sur ce plan, on peut lever notre chapeau. Et souhaiter que Mile Ex End revienne l’an prochain avec un mandat peut-être un peu mieux défini (fête de quartier ou événement touristique? C’était pas toujours clair…).
Du 24 au 27 août dernier, le centre-ville de Trois-Rivières a mis ses beaux habits et est devenu complètement blues; ou plutôt TRès blues, devrais-je dire.
La programmation du festival Trois-Rivières en blues à l’Amphithéâtre et dans les restaurants et les bars était particulièrement alléchante cette année. Bien que Styx était la grande vedette de l’événement, notre équipe a tenté de capturer certains moments. Voici donc un bref résumé de notre fin de semaine.
Le 24 août dernier, la première partie du groupe mythique Styx a été présentée comme un groupe de rock abrasif avec des tonalités blues. En effet, The Damn Truth est un groupe qui déplace de l’air. J’ai assisté à un spectacle de qualité. Le groupe assumait un style authentique, porté par chacun des membres. Un style qui nous transportait en 1969, soit dans une époque synonyme de révolte, d’amour et de liberté. Tout d’abord, leur look faisait réellement Woodstock. Cheveux longs, chemises colorées et déboutonnées, jeans et velours. Autrement, leur énergie de scène révélait une passion pour cette époque qui semble les avoir influencés grandement. Le vécu dans la voix de Lee-La Baum rappelle celle de Janis et apportait la touche blues. Tandis que Tom Shemerr, guitariste et conjoint de Lee-la, promettait à la guitare. On a visiblement vu la complicité entre les deux musiciens lors du spectacle. Une complicité autre que musicale. On a ressenti le désir dans leurs rapprochements plus que rapprochés, qui à mon avis, n’étaient pas nécessaires. Tout comme les accessoires qu’ils ajoutaient à leur mise en scène comme l’éloge d’un signe de paix, l’allumage d’une tige d’encens et des changements dans leurs costumes. Le groupe était très solide et le serait encore plus sans ces artifices. Ils méritaient très bien leur place avec Styx. Je vous invite donc à écouter leur album Divilish Folk paru en 2016. (Marianne Chartier-Boulanger)
Jonny Lang était très attendu sur la scène de l’Amphithéâtre ce 26 août. Certains ont été déçus des nombreux moments qui semblaient être improvisés. Cela rendait parfois difficile de reconnaître ses chansons. D’autres ont applaudi son audace et son intensité tout au long du spectacle. Il faut tout de même se rendre à l’évidence de la chance qu’on a eu de l’avoir à Trois-Rivières puisque sa tournée se continue partout aux États-Unis et en Europe, sans toutefois revenir au Québec. Je vous invite donc à surveiller la sortie de son prochain album, Signs, le 8 septembre prochain.
En première partie de Jonny Lang, c’est le Danielle Nicole Band qui est venu réchauffer le public. Pour plusieurs, ce fut une belle découverte. L’excellente guitariste nous a charmés avec sa voix puissante et mature et avec la confiance qu’elle dégage sur scène.
Plus tôt dans la journée, notre photographe s’est rendu au restaurant le Coco Tango pour le spectacle de Riot en duo à 18h30. (Karina Tardif)
En plus des spectacles mentionnés ci-haut, il y avait de très intéressants artistes et groupes qui se sont produit du jeudi au dimanche tels que Simon Lacerte, Mavis Staples, Tess McQUade, Jamiah Roger, Sean Pinchin, Micheal Jerome Brown et Shawn McPherson, pour ne nommer que ceux-là.
SOIR, c’est un pop-up festival d’un soir qui est diffusé dans divers arrondissements de Montréal. Leur but est de faire rayonner des artistes émergents au sein d’espaces alternatifs, tout en favorisant la création d’un réseau multidisciplinaire au sein de la relève. C’était un bel amalgame de disciplines artistiques que nous présentait la programmation de SOIR ce vendredi, pour l’édition dans Rosemont-La Petite-Patrie. C’est pourquoi nous sommes partis à la découverte d’expériences musicales dans les différents lieux de diffusion de la rue Beaubien.
Église Saint-Édouard partie 1
Le Havre – 18h00
Lorsqu’on écoute la musique de Le Havre dans le confort de notre salon, nous comptons les instruments et pouvons très bien imaginer quatre ou cinq musiciens. Pourtant, la formation se compose de deux musiciens très polyvalents et inventifs qui réussissent le pari de sonner fort et complets en si petite formation. Leur secret? Les séquences actionnées par David Dubé et Oli Bernatchez donnent l’impression d’avoir plusieurs musiciens jouant en temps réel. La mauvaise utilisation des séquences est souvent remarquée au sein de plusieurs formations qui essaient de sonner «full band», hélas, de manière non-concluante. Dans leur cas, c’est avec brio qu’ils assument ce son électro très lourd qui fait hocher plus d’une tête. En plus des séquences, Oli Bernatchez à la batterie s’occupe aussi de la basse à l’aide d’un clavier qui assoit leur musique sur un tapis de basses fréquences bien confortable. Tout au long du spectacle, le duo s’amuse avec les rythmiques pour créer des groove déstabilisants et enlevants. Lorsqu’ils jouent, ils maintiennent notre attention grâce à leur énergie unique et contagieuse. On pouvait difficilement mieux demander comme début de soirée. -Louis-Solem Pérot
Julien Sagot – 18h45
L’atmosphère de rock lourd s’est poursuivie avec le spectacle de Julien Sagot. Ses chansons rock expérimental partent dans tous les sens tout en conservant une esthétique commune. Ce qui m’impressionne de cet artiste, c’est sa grande recherche sonore, alors qu’il aborde plusieurs styles différents, parfois même lors d’une seule chanson. Sa voix un peu nonchalante à la Stefie Shock récite ses poèmes de manière plus ou moins chantée. Il nous semblait un peu détaché du lieu où nous étions, comme dans un autre univers. Plus on l’écoute et plus on pense au personnage de Gainsbourg. Il propose une musique expérimentale avec une certaine esthétique qui fait très France, années 60-70. L’octaver sur sa voix ajoute encore plus à la lourdeur de ses textes et à l’ambiance générale de ses chansons. Nous reconnaissons bien les influences de recherche sonore qu’il a pu laisser à Karkwa à l’époque. La foule, grandissante au fur et à mesure de la prestation, s’est laissée emporter par le rock pesant de Julien Sagot. -Louis-Solem Pérot
Scène CISM
Mort Rose – 19h30
J’ai un faible pour les gars de Mort Rose. Leur musique appelle aux rapprochements ainsi qu’aux déhanchements. Une petite foule de fans s’était amassée devant la scène pour chanter avec enthousiasme leurs paroles racontant des histoires d’amours torrides et sexy. La jeune formation de Montréal a sorti son premier album au début de l’été et leur single La Femme Flamme s’est maintenant frayé un chemin jusqu’au #1 du Palmarès Franco CISM. J’ai tellement aimé leur album que j’en ai fait une critique que vous pouvez retrouver ici. En prestation, ils conservent leur son très rock et réussissent très bien à faire lever la foule. Les compositions solides et les très énergiques interprètes forment une recette gagnante pour un bon spectacle. On a tout d’abord chanté (pour ne pas dire crié) les paroles de leur premier EP (sérieux les gars, on ne pourra pas attendre trop longtemps avant le prochain!) avant de se laisser charmer par quelques nouvelles chansons qui nous ont fait danser. On le répète, on a très hâte de les voir à Québec (avec Beat Sexü, Anatole ou Gab Paquet, please) et si vous n’avez pas encore écouté leur album, allez-y maintenant! -Louis-Solem Pérot
Brasserie Beaubien
Les Louanges – 20h
Pour Les Louanges, ce finaliste des Francouvertes 2017, la scène, c’est comme une deuxième maison. Les Louanges a une aisance incroyable et un charisme qui lui permet de dire à peu près ce qu’il veut, et le public est conquis. La soirée à la Brasserie n’a pas fait exception, alors qu’Étienne Dupré, bassiste de talent qui est de tous les projets, accompagnait Vincent Roberge. C’est Gabriel Morin-Béland qui se chargeait des percussions avec un bras cassé, alors que les Louanges a invité le public à donner généreusement à la « Fondation des batteurs qui font du skate ». Après quelques concerts en solo, Vincent était très heureux d’enfin partager la scène « pour que ça sonne », comme il disait. Et pour sonner, ça a sonné! Son rock francophone est vraiment bien ficelé, que se soit un peu plus doux ou vraiment rythmé comme le »hit de l’été » La Bombe Atomichaëlle. En chantant les paroles »fait jamais trop chaud » j’avais envie de lui dire que ça s’peut, des fois, qu’il fasse légèrement trop chaud, comme dans la Brasserie Beaubien, au moment où je dansais au-travers de la foule attroupée devant la scène. J’aime beaucoup le projet de Vincent Roberge et j’ai bien hâte que le natif de Lévis nous offre un album complet! – Caroline Filion
Laurence-Anne – 20h45
Ils avaient déjà pris un peu de retard quand Laurence-Anne a pris d’assaut la scène de la brasserie. L’ayant déjà vu à la finale des Francouvertes 2017, je m’attendais au personnage un peu awkward qu’elle est sur scène. Plutôt discrète cette soirée-là, elle a misé sur sa musique pop-rock-alternative lors de sa prestation. Le son n’était peut-être pas à la hauteur de la qualité instrumentale, mais on a pu découvrir ses pièces, dont deux se retrouvent sur Session live, disponible sur son bandcamp. Elle a toutefois semblé couper court à son set qui m’a semblé beaucoup plus bref que celui de Les Louanges, peut-être en raison du retard accumulé plus tôt. – Caroline Filion
Violett Pi – 21h30
La foule s’est compactée à l’avant. Les gens étaient prêt à accueillir Karl Gagnon et ses acolytes sur la scène de la Brasserie. Étrangement, dès la première chanson, j’ai été étonnée que ça sonne bien en maudit, qu’on comprenne les paroles et qu’on puisse les crier en chœur. Manifeste contre la peur, sorti il y a un peu plus d’un an, est aussi efficace en live que dans mes écouteurs. De l’électro-alternatif-rock qui déménage et un leader qui sait capter l’attention. Sur plusieurs pièces, il marmonne à toute vitesse des mots autant poétiques qu’explicites, et ce sont ces moments que je préfère. La foule danse, saute et se bouscule sous les notes des musiciens et les cris intenses de Karl Gagnon alias Violett Pi. Je l’avais déjà vu dans un contexte assez différent, et je dois dire que le phénomène est souvent le même. Les gens présents perdent le contrôle d’eux-même lors d’un concert de Violett Pi! C’est probablement les sonorités qui se rapprochent parfois du punk-rock qui font cet effet. Bien que les spectacles à la Brasserie duraient en moyenne 45 minutes, ils ont joués plus d’une heure pour les fans présents qui n’ont visiblement pas été déçus. – Caroline Filion
L’Hémisphère Gauche
LaF – 22h
La dernière fois que LaF était à l’Hémisphère Gauche, c’était en novembre 2016 pour leur lancement d’album Monsieur-Madame qui a fait beaucoup jaser cette année dans le milieu du hip-hop montréalais. Le principal thème récurrent dans leurs chansons: le parcours d’un jeune dans la vingtaine à Montréal. Plusieurs jeunes de la métropole s’identifient à leurs textes, qui font la part belle aux questionnements du parcours, du travail, des relations sociales. Sur scène, ils exécutent leurs chansons irréprochablement, une rime n’attendant pas l’autre. Ils ont chacun leur style distinctif: Jah Maaz avec son rap français au débit en général très posé, nous laissant le temps de bien assimiler les subtilités de son texte. BK, c’est le rap franc, sans détour. Il a un son bien à lui tout en s’inscrivant dans une voix rap bien montréalaise. Quand à Mantisse, c’est le musicien. Il chante des backs vocals tout au long du spectacle de sa voix de ténor quasi soul et très expressive en plus de rapper à son tour en y ajoutant des contours mélodiques originaux. Ensemble, c’est LaF (La Famille). Ils ont donné un très bon spectacle devant une bonne foule qui prenait plaisir à chanter quelques bribes de textes. -Louis-Solem Pérot
Église Saint-Édouard partie 2
L’ambiance au sous-sol de l’église Saint-Édouard de Rosemont- La Petite-Patrie était synonyme de disjonctée en nous présentant trois groupes rock et des projections psychédéliques. On s’est laissés emporter par les sonorités de Renard Blanc, de Zen Bamboo et de Corridor qui n’ont fait qu’amplifier l’écho que permet ce type de salle.
Renard Blanc – 23h
C’est Renard Blanc qui a débuté cette soirée aux tonalités psychédéliques. Leur son plus planant était une belle entrée à la soirée puisque qu’il laissait un effet délassant sur la foule. J’ai effectivement abandonné tout ce que j’avais en tête, car c’était eux qui nous guidaient. Pour ma part, j’étais une auditrice vulnérable à me laisser emporter dans leur création, car la formation nous a présenté de nouvelles pièces que l’on retrouve seulement sur format cassette. Cet opus comprend trois pièces avec lesquelles ils ont terminé le spectacle, dont Hôtel qui prend la totalité du SIDE B de la cassette avec 9 minutes 26 secondes de musique. Voilà une bonne raison d’aller assister à l’un de leur spectacle. Marianne Chartier-Boulanger
Zen Bamboo – 23H45
La formation était solidaire envers leur guitariste blessé à la clavicule en jouant le jeu des malades eux aussi. Seulement vêtu d’une robe d’hôpital, le chanteur s’est pris soit pour un fou ou il nous a simplement livré tout ce qu’il pouvait donner. Zen Bamboo, c’est d’abord un groupe de musique, mais aussi un trip de gang. Je dis ça parce que le lien amical passe non seulement entre les membres, mais également avec leur public qui est là à chaque spectacle pour chanter les compositions du groupe par cœur, ainsi que pour se déchaîner sur le devant de la scène. Somme toute, c’est un groupe qui résume bien les influences musicales de la jeune relève artistique. Marianne Chartier-Boulanger
Corridor – 00H30
C’est le style de Corridor qui m’a le plus accroché pour la maturité de leur création et leur expérience de scène. C’est également un style rock qui se démarque de ce que l’on peut entendre sur la scène émergente ces jours-ci. C’est la subtilité surf rock qui se mélange au progressif qui les différencient. On peut très bien l’entendre sur la pièce Coup d’épée sur leur dernier et troisième album Supermercado qui se prend bien un soir d’été. Marianne Chartier-Boulanger
Ne manquez pas également la prochaine itération du festival, qui sera annoncée au mois d’août et qui aura lieu le 6 octobre, sur les rues Ontario et Sainte-Catherine ! Pour en savoir plus sur SOIR MTL, rendez-vous sur leur page Facebook.
En fin de semaine dernière, en même temps qu’Osheaga, Innu Nimaku et le Festivent où nous n’étions pas, un petit bijou de festival avait lieu près de Shawinigan et Hérouxville, dans un petit lopin de terre entouré d’arbres. J’avoue que la fin de semaine était peut-être pas idéale côté température (Allo La Grosse Lanterne qui a eu la fin de semaine parfaite!) mais les festivaliers ont su profiter du moment malgré tout!
J’arrivais de La Tuque et comme j’avais du temps devant moi, j’ai décidé d’aller faire un tour au Widewood parce que j’étais vraiment curieuse. Festival de la solidarité musicale, ça me parlait, et puis la programmation était fort intéressante. Ça commençait jeudi le 3 août avec quelques groupes dont Les Hôtesses d’Hilaire. Vendredi, on pouvait y voir, entre autres, Perséide, Fuudge et Violett Pi, pour ne nommer que ceux-là, mais il y avait plus de 20 groupes/artistes présents, en plus de l’improvisation musicale et autres folies festives.
Ce festival est organisé par le Regroupement pour la solidarité musicale en Mauricie (RSMM) depuis maintenant plus de 15 ans. Il sort totalement des sentiers battus avec son baptême en début de festivités, alors que chaque festivalier se voit attribué un nouveau nom qui sera tapé sur ses vêtements pour les trois prochains jours.
J’ai été présente samedi après-midi, alors que les activités battaient leur plein sur le site. En arrivant à l’accueil, soit un bureau orné d’affiches peintes à la main et des draps en »tie-dye », on me remet mon bracelet et je peux également lire les règlements du festival. Forts simples, on aime ça de même!
J’explore un peu les installations en place : terrain de fers (pour un tournoi qui a lieu dimanche), tente chill, magasin SCANDALE général (où on y vend plusieurs choses, dont le gobelet officiel de l’événement que je me procure), massages sur chaises, tresses, tattoos temporaires fait au henné et artisanat. Ça a vraiment des allures de petit village d’antan dans le bois.
Ce qui est exceptionnel aussi, c’est que le temps semble s’être arrêté le temps d’une fin de semaine. On sent une vibe très décontractée, voir déconnectée. Il y a des tentes un peu partout autour des scènes, on danse autour du feu, on boit de la bière du Trou du diable et on mange des sandwichs du bistro Citron et Tutu (qui est fait à l’intérieur d’un abri tempo), les enfants s’amusent dans le parc et les adultes jouent au haki. À travers ça, plein de prestations musicales variées.
Je suis arrivée sur la fin de l’impro musicale, qui invitait tous les chansonniers, gratteux de guit et autres instruments, à participer à la fête. Ensuite, sur la scène en bois munie d’un toit en bâches bleues, c’est Yan Boissoneault qui a prit le relais. Il est sorti vainqueur de la 18e édition des Mardis de la relève du Gambrinus et a depuis lancé un album qui s’intitule Pour l’amour de la terre et des saints d’esprits. C’est du folk-traditionnel-agricole, on y joue de la contrebasse, du violon, de la guitare, du banjo et tout cela accompagné de podorythmie. Il était également accompagné de Daniel Lemay qui se produisait juste après sur la scène principale, avec son frère, avec qui ils forment le duo Les Frères Lemay. Après à peine quelques notes de Yan et ses comparses, les gens se sont levés pour danser sous le ciel gris en espérant faire sortir le soleil un peu.
Ce qui m’a également fait bien rire lors de mon passage, c’est le concours de moustaches. Un dénommé Marcias Portelance se faisait un plaisir de raser tous les hommes présents ; sauf un certain jeune homme de 5p9 qui faisait partie du A.M.A. – Anti-mustache-Army qui se sauvait constamment du rasoir de Marcias. Dommage, car comme il l’a si bien dit » Je remplis mon rasoir d’électricité et d’amour pour vous raser ». Je n’ai malheureusement pas pu savoir si c’était Stephane Doyon, musicien des Portageux, qui avait remporté le titre du Grand pinch de l’année.
J’ai quitté alors que Les Frères Lemay commençait à jouer sur la scène qui accueillerait Peter Henry Phillips un peu plus tard, en me jurant que l’an prochain, j’allais vivre l’expérience au complet!
Après une troisième édition sous le déluge, les organisateurs de La Grosse Lanterne ont dû accrocher de nombreux chapelets sur la corde à linge pour espérer que cette année se déroule sous le soleil.
Heureusement, c’est ce qui s’est passé, ce qui a permis au festival de vendre de nombreux billets et d’ensoleiller les yeux et les oreilles de centaines de festivaliers! C’est donc par centaines que les festivaliers se sont rendus à Béthanie (un village de 300 âmes) pour vivre ce festival en forêt unique au Québec.
Voici notre compte rendu en mots et en images. Deux belles journées, deux ambiances différentes!
La galerie de photos est à la toute fin de l’article.
Vendredi 28 juillet
(Texte et photos : Jacques Boivin)
Ah, Grosse Lanterne, comme on se retrouve! Après m’être fait tremper jusqu’aux os l’an dernier, j’étais bien content d’aller chercher mon bracelet et ma passe photo pour ce qui promettait d’être une soirée parfaite avec de nombreux artistes que j’adore (et qui correspondaient parfaitement à mon humeur de festivalier un brin essoufflé après un mois de juillet dément).
L’entrée prend plusieurs minutes, question de bien fouiller tout le monde (non, monsieur, je n’ai que du matériel photo, je ne cache pas de bouteilles en verre dans mon sac!). Je prends mon mal en patience… et je commence à sortir mes appareils photo. Moi qui espérais entendre une ou deux chansons d’Émile Bilodeau, on peut dire que c’est raté. Ça commençait de bonne heure, on travaille, nous autres!
Mais une fois dans l’enceinte, c’est la liberté et la quiétude totales qui m’attendent. Au loin, on entend Beyries qui vient tout juste d’entrer en scène. Je presse le pas. Je n’avais vu que des bribes de son spectacle au Festival d’été et j’ai manqué la prestation (superbe, me dit-on) qu’elle a offerte au Festif. Pas question que je la manque, cette fois-ci.
Oh, on est en toute intimité! Quelques personnes massées sur le bord de la clôture, une centaine de personnes étendues sur le gazon, Amélie Beyries (t-shirt blanc et lunettes fumées bien vissées) et sa complice/choriste/percussionniste Judith Little Daudelin sur scène. Au menu, une interprétation en toute simplicité des magnifiques chansons de Landing.
C’est fou combien, en une petite année, Beyries a trouvé son aisance sur scène! On est loin de la jeune femme timide et encore verte qu’on avait vue aux Apéros FEQ l’année dernière! Elle se permet même quelques blagues sur sa mise en scène « soignée », passant souvent de la guitare au piano, et vice-versa.
Le folk de Beyries est parfait dans ce cadre minimaliste. On se concentre sur les magnifiques textes, sur les douces mélodies qui viennent nous chauffer les oreilles comme le soleil avec ses doux rayons (il ne faisait pas trop chaud, en plus). Elle a des fichues belles chansons, cette Beyries. Une voix chaude et douce, apaisante, capable de faire passer un rayon de lumière à travers ses airs mélancoliques.
On sourit, sur le côté de la scène, une petite bière (du Trou du Diable) à la main. On récite les paroles en regardant l’horizon. Tiens, la gang de Feu à Volonté fait la même chose de l’autre côté de la scène! On se fait des tatas avant de recommencer à fredonner.
C’est bien parti!
Tout de suite après la prestation de Beyries, je croise Émile Bilodeau. « Hé, salut Jacques! » On se fait un câlin bien viril, pis il continue son chemin. M’en viens un peu trop chummy avec les artistes, moi là. C’t’une blague! Je l’aime beaucoup, Émile, et je regrette d’avoir manqué sa prestation (c’était sûrement pas aussi bon et magique qu’au FEQ, me dis-je sans trop y croire pour me consoler).
Ah ben, regarde donc ça, Philippe Fehmiu est là lui aussi. Il n’est pas seul…
Ben non, il est avec Alexandre Taillefer! Je me demande s’ils sont venus en Teo Taxi. Combien ça coûte, une ride en Teo jusqu’à Béthanie?
L’arrivée de Tire le coyote me sort de ma réflexion. Accompagné de ses joyeux drilles habituels (Shampouing à la guitare, Cédric Martel à la basse et Jean-Philippe Simard à la batterie), en plus d’un autre guitariste qui me rappelle quelqu’un (ben oui, c’est André Lavergne, un des gars de Dans l’shed!), Benoit Pinette entre en scène avec le regard d’un gars qui se rend compte que la partie n’est pas gagnée (mais qui va mettre tout le monde dans sa petite poche d’en arrière avant la fin de sa prestation). L’homme de Québec, originaire de Sherbrooke, n’avait jamais mis les pieds à Béthanie, mais y’a une première fois à tout, n’est-ce pas?
Vous vous en doutez, je suis un fan fini de Tire le coyote. J’espère plein de nouvelles chansons, question d’avoir un petit avant-goût de ce Désherbages dont la sortie est prévue en septembre. Le petit ratoureux avait une autre idée en tête : un petit tour de chant qui comptait huit de mes chansons préférées du répertoire coyotien! Et ça a commencé fort, avec la plus belle de toutes : Confetti. Je suis dans l’espace réservé aux photographes, j’essaie de prendre mes clichés, j’ai les yeux humides. Maudit amour junkie! Évidemment, c’est la chanson parfaite pour faire embarquer le public avec le solo de feu de Shampouing (qui avait abandonné son chapeau!).
Mais les spectateurs, qui semblaient attendre The Franklin Electric et Charlotte Cardin plus qu’autre chose, étaient encore un brin frileux. Bande d’ingrats, me dis-je en sortant du pit. Pinette et sa bande, eux, lancent plutôt une perche au monde avec Calfeutrer les failles, qui donne envie de taper dans ses mains dès le départ. Bon, ça commence à se réchauffer! Pinette, lui, chante sa poésie de sa voix unique dans le paysage québéricana. Les gens se remettent immédiatement en mode écoute.
En effet, ça jase pas trop sur le parterre. Ça écoute. Attentivement, même. Tu n’étais pas froide, Béthanie, t’étais juste polie! Fallait le dire! De mon côté, je suis sur le côté, en train de chanter par coeur Ma révolution tranquille. J’vous l’ai dit, je suis fan fini.
Ça y est, avec Chainsaw, Tire le coyote réussit enfin à dégêner la foule, qui crie sur demande lorsque que Pinette chante Faut faire du bruit! C’est souvent de même avec une foule de néophytes! D’ailleurs, si je me fie à la réaction pendant Jésus (des rires à tous les deux vers), le monde appréciait de plus en plus, de sorte qu’après À l’abri (dans le bois) et Moissonneuse-batteuse, ce sont des applaudissements nourris qui se sont fait entendre à la sortie de Tire le coyote!
À mon avis, y’a eu plusieurs nouveaux fans.
La clairière s’est passablement garnie pour le groupe suivant. On était encore très confortable (en témoignent les nombreuses personnes qui ont pu demeurer assises à l’arrière), mais la foule était plus que respectable lorsque The Franklin Electric a fait entendre ses premières notes. La troupe de Jon Matte a d’ailleurs reçu un accueil plus que chaleureux!
Le groupe, qui a joué plus d’une heure, a bien entendu consacré une bonne partie de sa prestation à l’excellent album Blue Ceilings, mais il a également interprété quelques morceaux de This is How I Let You Down, dont la fort jolie Watching from a Rooftop, où Matte a sorti sa trompette pour une première fois.
Matte s’est adressé à la foule principalement en français (toujours un succès). Généreux entre les chansons, Matte ne s’est pas gêné pour établir un lien solide entre le groupe et ses fans. Après tout, nous étions tous entre êtres humains. C’est pas mal la force de ce groupe, que je n’ai pas encore pris le temps d’apprécier à sa juste valeur : les gars sont chaleureux et authentiques sur scène. D’autres musiciens du même genre ont souvent tendance à se la jouer un peu, mais The Franklin Electric mise sur ce rapport unique avec ses fans.
Le genre de mise qui rapporte. Surtout quand le soleil se couche en même temps…
Ne restait plus que Charlotte Cardin pour cette première soirée à la clairière. La question que je me posais : comment la jeune femme réussirait-elle à être un clou à cette soirée alors qu’elle n’a qu’un EP d’à peine une demi-heure en poche? Allait-elle nous balancer des reprises? Faire une prestation trop courte pour la position de tête d’affiche? Personnellement, j’aurais peut-être inversé Charlotte et les Franklin… mais bon, je suis chialeux professionnel, pas programmateur (et c’est bien ainsi).
Cardin n’a pas pris trop de temps pour me montrer que j’étais dans l’erreur : oui, sa prestation a été plutôt brève (un peu moins d’une heure, ce qui est tout à fait respectable dans un contexte festivalier), mais elle a été d’une intensité remarquable. Oui, bien sûr, les chansons de Big Boy étaient là, à notre plus grand plaisir (crucifix que Dirty Dirty est solide!), mais on a aussi eu une reprise (Go Flex, de Post Malone, pour ceux qui tiennent le compte), ainsi que quelques nouvelles chansons qui risquent de surprendre les fans de la première heure avec leurs accents country!
On savait que Charlotte avait une voix parfaite pour chanter des trucs soul, mais oh qu’on a été surpris par ces nouveaux morceaux! Accompagnée pendant une chanson par Aliocha à la guitare, Cardin a montré qu’elle avait plus d’une dimension (et un joli sourire). Vraiment. Seule déception : on en aurait vraiment pris davantage. Vraiment. Quand c’est bon…
Après cette soirée de concerts, je suis allé faire ce que je n’avais pas pu faire l’année dernière en raison de la pluie : je suis allé me promener un peu partout en passant par la scène Picnik Electronik (où Ryan Playground proposait ses morceaux très dansants). Y’a pas à dire, les organisateurs ont fait de la forêt un endroit beau et accueillant (qui allait sûrement briller encore plus le lendemain, alors que le gros de la foule allait être présente). Sur le bord de la rivière, on avait installé des ballons éclairés par de jolis jeux de lumières. À proximité, un groupe de festivaliers se réchauffait au bord du feu en se faisant griller de délicieuses guimolles (ce sont des guimauves, Buzz!). L’ambiance était bon enfant, des jeunes grattaient la guitare et chantaient tout doucement.
J’avais soif. J’ai essayé d’aller au bar de la scène électro… la file était tellement longue, je me suis découragé et je suis remonté vers l’entrée… Tiens, un bar tranquille! Et tiens, quelqu’un que je connais! On se prend un gin tonic et on s’installe près du feu, question de se réchauffer un brin. Je regarde l’heure… Caroline vient me chercher dans quelques minutes! Je me dirige vers la route avec le sourire bien accroché…
Un beau vendredi soir. Si le lendemain est aussi superbe, je crois qu’on a un succès entre les mains!
La deuxième journée de festival a commencé à 13 heures avec KNLO qui jouait près du camping, à la scène L’AUBERGE. Malheureusement, nous sommes arrivés sur les dernières notes, mais il semblait avoir bien réveillé les festivaliers qui se préparaient à subir le traitement Deuxluxes.
Les Deuxluxes
En plein après-midi, gros soleil dans la forêt de Béthanie, Anna Frances Meyer et Étienne Barry se sont présentés sur la scène de l’auberge avec leurs accoutrements flamboyants. Anna Frances n’a pas deux chansons de jouées que la veste de velours rouge se retrouve par terre. « It’s too hot for that », crie t-elle. Je me demandais justement comment elle faisait pour ne pas crever de chaud. Ils entrainent rapidement le public qui chante I’m in love, tape des mains et danse. Anna Frances est même surprise que les gens aient autant d’énergie en après-midi. « Il est juste 2h30, c’est quoi vous allez faire à 11h pour Duchess Says? » Pour une prestation de 14h15, ils ne manquent pas d’énergie pour autant. On a même droit à une reprise de SOS d’ABBA version Rock N Roll, qui m’a fait oublier l’originale pendant un instant tellement c’était réussi. Après 45 minutes beaucoup trop courtes, ainsi qu’un rappel, ils sont partis devant une foule réchauffée à souhait!
Gabrielle Shonk
Assis dans l’herbe sur une couverture, bière à la main, j’ai écouté Gabrielle Shonk me livrer ses belles mélodies folk-soul sur la scène principale. C’était un cadre tout à fait adapté pour la voix « trop grande pour les petites villes » de Gabrielle, d’après Emerson Rosenthal, un journaliste du webzine Noisey. Cependant, ce sont les gens en visite dans la petite Béthanie qui ont eu la chance de voir l’étendue de sa grandeur. Ça fait trois ans qu’elle parle de sortir son album qui verra finalement le jour en septembre 2017, enfin! Malgré la majorité de chansons anglophones, elle a quelques bijoux en français également, dont la magnifique En équilibre, qu’elle a offert en fin de prestation. Je suis déjà impatiente de mettre la main sur son album!
Geoffroy
Je l’avais vu au Festivoix le 1er juillet et j’avais beaucoup apprécié, mais cette fois c’était très différent. Il était 17h30 et c’était la première fois de la journée que les gens s’attroupaient debout devant la scène. On était prêt à danser sur les pièces de son album Coastline. Belle surprise, comme Gabrielle avait joué juste avant, on a eu droit à la chanson Thirsty en compagnie de Men I Trust, ce qui a amené un peu de diversité au spectacle. Ce fut très bref, trop à mon goût, mais l’ambiance d’été était présente et je me suis presque sentie en vacances pendant 45 minutes.
Andy Shauf
Dès que j’ai vu son nom dans la programmation, j’ai eu envie de venir à la Grosse Lanterne. The Party est l’un des albums qui a le plus tourné dans mon téléphone depuis le début de l’année. Je me doutais que le jeune natif de Regina était un artiste timide, mais je ne m’attendais pas à voir un groupe entier aussi timide que son leader. Cela a par contre eu l’effet de m’intriguer et de me donner envie de les écouter attentivement. Ils ont joué chanson après chanson sans intervenir beaucoup et c’était impeccable. Je fermais mes yeux et j’entendais chaque instrument précisément. Je n’ai vraiment pas été déçue de découvrir l’auteur-compositeur interprète en live. Si je vais au FME, c’est garanti que je ne le manquerai pas non plus!
Busty and the Bass
Mon moment fort de la soirée, ça été le spectacle survolté de Busty and the Bass sur la scène principale. Plus le groupe évolue, plus il devient solide. La dernière pièce qu’ils ont sortie, Memories and Melodies, est entrainante à souhait. C’est surtout quand Alistair Blu prend le micro pour ajouter sa touche hip-hop que je trippe. Un beau mélange de sonorités et une foule attentive et festive qui se déhanchait. Le plaisir qu’ont les neuf gars à jouer ensemble se transmet automatiquement à la foule.
Dead Obies
Au nombre de gens que j’ai croisé avec des chandails de Dead Obies dans la journée, j’ai rapidement deviné que ça allait être la folie durant leur set de 22h30. Ils jouaient en dernier sur la scène principale, donc avaient tout leur temps pour livrer la marchandise aux amateurs de hip-hop du festival. Un brin éméchés, ils ont par contre su satisfaire leurs fans, en interprétant leurs chansons les plus intenses, tel que Waiting, Explosif et Tony Hawk, moment où les festivaliers sont devenus complètement fous. Étant fan de leur musique, je dois dire qu’ils sont beaucoup plus appréciables à l’extérieur, ou on peut respirer un peu!
Duchess Says
Je commençais à être un peu claquée à cette heure-là, mais j’ai eu le temps d’attraper quelques chansons du groupe électro-rock psychédélique (je voulais voir Dead Obies au complet, my bad!). Ne connaissant pas vraiment Duchess Says, j’ai pu voir à quel point c’est intense et que la chanteuse A-Claude est déchaînée sur scène. À plusieurs reprises, elle a tenté d’aller chanter dans la foule, mais avec un micro avec un fil, c’est plus ou moins faisable. Ça ne l’a pas arrêté pour autant. J’avais presque l’impression par moments d’assister à un show de métal. Dans le contexte de festival, c’était digne d’une fin de soirée bien arrosée en avant de l’auberge.
Bilan
(Texte et photos : Jacques Boivin)
Les organisateurs de La grosse lanterne avaient fort à faire pour reprendre l’élan perdu l’année dernière (pour des raisons complètement hors de leur contrôle, en plus!). Heureusement, Dame Nature était de leur bord cette année. Tout ce qu’ils avaient à faire, c’est offrir la meilleure programmation possible et une atmosphère propice à la fête.
Sur ce plan, La Grosse Lanterne est une réussite, même si tout n’était pas parfait. On aurait apprécié que les concerts commencent un peu plus tard le vendredi, question de ne rien rater (c’est quand même pas au centre-ville d’une grande ville…). On aurait aussi apprécié le maintien des navettes. Espérons leur retour l’an prochain! Enfin, il fallait attendre très longtemps pour s’acheter une bière. Que voulez-vous, elle était si bonne, elle n’avait pas le temps de se réchauffer dans nos ecocup!
Les festivaliers de La Grosse Lanterne sont sympas, les bénévoles dévoués et souriants, et les artistes (sur scène et visuels) brillent. La bouffe des camions de rue est excellente. Ça fait du bien de voir un food truck qui ne sert pas de poutine (je viens de Québec, n’oubliez pas). Il y a de l’ombre en masse quand on a chaud, des coins détente qui valent le détour, on a pensé à tout ou presque!
Pendant deux jours, on se sent un peu coupé du monde extérieur (avec la réception assez ordinaire côté cellulaire – ce qui est tout à fait normal compte tenu de l’endroit, ça aide un peu) et le temps n’est marqué que par l’horaire des prestations et la position du Soleil dans le ciel. Dans un contexte où on passe la majeure partie de notre temps à assister à des festivals urbains (même quand ils sont dans de gros villages, on a l’impression d’être en ville), La Grosse Lanterne est un peu unique en son genre. Un genre de petit frère cool de Woodstock en Beauce, sans groupe hommage ou has-been. Juste des artistes émergents (et un peu plus établis) que les mélomanes apprécient.
On ne peut que souhaiter que La Grosse Lanterne soit de retour l’an prochain avec une autre belle programmation, comme ça a été le cas pour les quatre premières éditions. Le cas échéant, nous y serons une fois de plus.