Le WIDEWOOD – Festival de la solidarité musicale – existe depuis 2002 et a pour objectifs de promouvoir la musique émergente francophone, de favoriser le réseautage chez les artistes et musiciens, d’assurer une scène indépendante en Mauricie et d’offrir un événement alternatif et abordable pour la communauté. De bien belles idées qui prennent place à Saint-Georges-de-Champlain du 4 au 7 août 2016 avec une programmation toute autant locale qu’internationale. Voici donc, parmi la programmation complète, les suggestions de l’équipe (mais tsé, une fois rendu là-bas, écoutez donc tous les artistes que le festival vous propose, suggestion d’ami).
Jeudi 4 août:
Dylan Perron et Élixir de gumbo à 22 h 00 ET 23 h 45
Carl Hébert à 22 h 45
Vendredi 5 août:
Cosmophone à 21 h 30
Taluna (un groupe de Torino en Italie) à 21 h 00
Les gars d’ma shop à 22 h 30
Okapi (d’ailleurs en spectacle avec Mad’moiZèle Giraf à la Taverne en septembre) à minuit.
Samedi le 6 août:
Orkestar kriminal à 15 h 30
Baptiste Prud’homme à 16 h 30
Gabrielle Proulx à 17 h 30
Bloodstone and Ray à 18 h 45
Rookie Rook et compagnie à 20 h 00
Carotté à 22 h 15
Jardin Mécanique à minuit.
La programmation du festival se veut diversifiée, rassembleuse et d’autant plus surprenante avec, entre autres, le couronnement de la moustache de l’année ainsi que le Tournoi de fers annuel !
Nous étions conviés ce matin au District St-Joseph pour le lancement du nouveau bébé de 3E (Festival d’été de Québec) : Saint-Roch Expérience, qui se déroulera du 15 au 17 septembre. Un festival « boutique » qui s’adresse aux gens qui veulent vivre pleinement St-Roch le temps d’un week-end. Au menu, de la musique, bien sûr, mais aussi de la bouffe et des arts. Surtout, de la bière de microbrasserie (dont la bière officielle de Cuisinez St-Roch, concoctée en collaboration par deux des micros du quartier, soit Noctem et La Barberie).
Regardons ce qu’on nous a concocté avec les « deux pour cent d’énergie » qui restaient à l’équipe.
Côté musique, c’est une programmation éclectique comme on l’aime qui nous attend dans les trois salles où nous avons passé tant de temps au Festival d’été, soit l’Impérial Bell, le District St-Joseph et L’Anti Bar et Spectacles (où District 7 Production coproduit les concerts). Et le samedi, sur une scène extérieure (gratuite!!!) sur St-Joseph devant la bibliothèque Gabrielle-Roy (espérons que les travaux en cours seront terminés).
15 septembre
À l’Impérial Bell, on aura la chance de voir l’auteure-compositrice-interprète belge Selah Sue et sa pop pleine de soul. Une belle trouvaille. La première partie sera assurée par Gabrielle Shonk (qu’on adore déjà et que vous allez adorer vous aussi, on vous le jure).
Au District St-Joseph, non seulement on pourra voir le nouveau projet d’un des membres de Mauves (Julien Déry), Notre Père, mais c’est le grand retour de la sensation australienne Hein Cooper. On a l’impression que ça va être pas mal plein…
Pendant ce temps, L’Anti nous propose le rappeur-chanteur vancouvérois SonReal, qui devrait faire danser tout le parterre sans problème.
16 septembre
L’Impérial Bell accueille toute une grosse pointure : Kaytranada, finaliste au Polaris 2016, qui a donné tout un concert le week-end dernier à Osheaga sur une scène Piknic Électronik bien trop petite pour accueillir tous les curieux. En première partie, on pourra voir Lou Phelps. On connaît des gens qui hyperventilent tellement ils sont excités par cette nouvelle!
Si vous aimez ça plus doux, le District St-Joseph accueille un autre de nos préférés, Jesse Mac Cormack, qui suivra Helena Deland en première partie. Si vous doutez de la qualité de la musique de Mac Cormack, sachez qu’il a eu la confiance de l’étiquette Secret City, la même que Patrick Watson, Basia Bulat et plusieurs autres artistes qu’on adore.
Pendant ce temps, L’Anti proposera une soirée stoner rock endiablée avec Lubik suivi de The Damn Truth. Les deux groupes vous feront hocher la tête avec énergie toute la soirée! Et si vous n’avez jamais vu la bête de scène qu’est Lee-La Baum, vous allez être assez épatés, merci!
Samedi 17 septembre
En plus des trois salles susmentionnées, le samedi, on aura aménagé une scène sur la sur St-Joseph où on pourra voir et entendre des artistes francophones que vous connaissez (ou que vous allez connaître, croyez-nous) : Anthony Roussel, Loïc April, Mauves, La Bronze et le bondissant Yann Perreau! Tout ça gratuitement!
Évidemment, qui dit FEQ dit « faut pas oublier les fans de metal, sinon ils vont nous le faire savoir » et en collaboration avec District 7, Expérience St-Roch présente les Teutons de Gravedigger et Blind Guardian. Ça va sûrement brasser!
À L’Anti, on propose Abakos (le nouveau projet de Pierre Kwenders) et Mark Clennon dans une soirée plus électronique.
On nous annoncera la programmation du District St-Joseph pour cette soirée un peu plus tard.
Vous comprendrez qu’une telle programmation à côté de la maison, ça nous met un peu sur le sentier de la guerre! On astique déjà nos appareils photo et nos crayons pour vous, mais on va se l’avouer, c’est au moins autant pour nous faire plaisir qu’on va couvrir ces belles soirées musicales.
Mais ce n’est pas tout, le samedi, on pourra aussi goûter à ce que Saint-Roch fait de meilleur grâce au retour de l’événement Cuisinez Saint-Roch (4e édition), où vous pourrez goûter aux saveurs du quartier (ainsi que la bière officielle de l’événement). Enfin, les arts de la scène seront également de la partie en collaboration, entre autres, avec La Bordée (qui célèbre son 40e anniversaire), La Maison Jaune et Manif d’art.
Les billets sont en vente sur le site de l’Impérial Bell (revampé pour l’occasion) pour les spectacles présentés à l’Impérial et au District St-Joseph, ainsi que sur la page Facebook de L’Anti Bar et spectacles.
J’ai marché je ne sais plus combien de pas mes souliers ont marché ce samedi, mais je sais qu’en lettres, la réponse s’écrit « beaucoup ». Si, sur papier, la journée du samedi semblait la moins attirante, elle aura quand même apporté son lot d’émotions. Je vous raconte ça.
À mon arrivée, je me suis dirigé vers les scènes secondaires. Charlotte Cardin avait déjà commencé à s’exécuter. La jeune femme a dû se faire quelques nouveaux fans avec ses chansons pop tirant sur le R n’ B. La voix de Charlotte me rappelle celle de Sabrina Halde, de Groenland, mais au lieu de chanter des chansons lumineuses, elle préfère y aller avec le spleen. Ça commence un après-midi mollo, mettons.
…
C’est sur la scène des arbres que j’ai fait ma première découverte de la journée. Noé, une jeune femme originaire de France qui propose une pop un brin tribale, remplie de rythme, qui donne le goût de danser. D’ailleurs, le parterre ne s’est pas fait prier pour s’exécuter! Bien hâte d’entendre la suite.
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Je rencontre Marc-André Mongrain de Sors-tu. On jase.
Je me suis ensuite dirigé vers les grandes scènes. Pas question que je rate mon trip à trois avec Peter Dreimanis et Leah Fey, de July Talk. Un de mes gros coups de coeur de mon FEQ 2014 (prestation endiablée dans un Cercle transformé en sauna), un des gros coups de coeur des festivaliers du FEQ 2016 (ils ont presque volé le show à Red Hot Chili Peppers). En quelques instants, le groupe met les festivaliers dans leur petite poche d’en arrière avec leur indie rock solide, mais surtout avec leur superbe présence scénique (on se joue dans les cheveux, on se crache de l’eau au visage, on passe une chanson au complet sur la rampe de sécurité). On pourra les voir à l’Impérial Bell le 1er novembre. Ils vont mettre le feu à la place. Vous pouvez être certains que je vais être en avant.
Je prends une petite pause pendant Daughter. Surtout, je me cherche un bon spot pour écouter les Barr Brothers, qui suivent. Oh! Joe est là, ça va swinger! En effet, on a eu droit à 45 minutes de matériel solide, dont chansons très récentes vers la fin de la prestation. Rien de mémorable, juste du bon rock avec quelques touches de tout ce que vous voulez proposé par des virtuoses. Ça a fait du bien à mes oreilles, même si certains se sont montrés déçus.
Kurt Vile and the Violators suit. Il s’installe avec l’air nonchalant qu’on lui connaît et se lance. Du folk-rock solide, bien appuyé, aux mélodies sympathiques. Dans le genre, je lui préfère son ancien comparse de The War on Drugs, Adam Granduciel, mais je peux aisément comprendre pourquoi Vile a son lot de fans finis. D’une redoutable efficacité.
J’ai boudé The Arcs pour prendre une pause bien méritée. Faut bien boire et manger! Surtout qu’on retourne de l’autre côté de l’enceinte pour la soirée!
J’arrive juste à temps pour Best Coast. La formation surf-rock californienne a proposé un rock and roll trois accords délicieux, question de rappeler aux mélomanes qu’une bonne mélodie n’a pas besoin d’être étouffée par un mur de synthétiseurs. Malgré ses allures de rock star, Bethany Cosentino semble s’amuser follement devant une masse de fans ragaillardis par l’énergie du band.
Pendant quelques instants, j’hésite : Busty and the Bass ou Coeur de pirate? J’ai déjà mon jump shot du chanteur de la formation montréalaise, j’opte donc pour la belle Béatrice.
Je me suis tenu loin d’elle ces derniers mois parce que mes dernières expériences avaient été des plus désagréables (pas ta faute, Béatrice, pas ta faute), mais ici, dans un contexte festivalier où la grande majorité des personnes présentes ne la connaissaient pas, j’avais une chance de me concentrer sur le show plutôt que sur les douches autour de moi. D’ailleurs, Béatrice était parfaitement consciente de l’endroit où elle était et c’est sur ses mélodies les plus entraînantes qu’elle lance un programme sur mesure pour le festival. Les chorégraphies de Nico Archambault ont beaucoup aidé CdP sur le plan de la présence scénique, mais l’assurance n’y est pas toujours et certains gestes semblent parfois mécaniques. Ce n’est pas grave, on la sent beaucoup plus libre qu’auparavant, quand elle se cantonnait derrière son piano, et c’est une bonne chose. Prestation convaincante qui a réussi à faire de votre pas très humble serviteur un fan. Pas fini, mais un fan pareil. J’ai sifflé Oublie-moi tout le long dans le métro à mon retour (ça permettait de contraster avec les dudes et les bros qui chantaient Would you be my Girl). C’est tout dire.
Ensuite, on invite tout le monde déjà sur place à la scène verte d’entrer dans le VIP. J’aurais peut-être dû y aller, parce que The Last Shadow Puppets ne voulait pas de photographes dans la fosse. J’aurais tellement eu les meilleures photos! Pas grave. Quel plaisir j’ai eu de voir Alex Turner (Arctic Monkeys que je n’ai jamais vu, en passant) dans son projet « passe-temps » entrer sur scène en chantant… Les cactus de Jacques Dutronc. Dans un français impeccable. Avec un accent vachement sexy. Et une dégaine de vraie de vraie rock star. Et des cordes. Une quatuor à cordes complet! I shit you not! Turner et ses comparses s’amusent vraiment dans ce projet qui ressemble à une grosse caricature du britpop des 20 dernières années (hey, les cordes, ça fait tellement The Verve). Mais alors qu’on pourrait trouver ça un peu trop cheezy, c’est plutôt le contraire qui se produit : on en prendrait encore et encore! Gros pouce en l’air pour l’excellente reprise d’Is That What You Wanted de Leonard Cohen. Si on n’est pas capables d’avoir les singes à Québec, TLSP serait parfait pour le Parc de la francophonie. Quelqu’un a le numéro de Louis Bellavance?
Aurora s’exécutait ensuite sur la scène des arbres. Pop beaucoup plus entraînante que je ne le croyais, avec une touche très tribale (certains diront celtique). La jeune Norvégienne a impressionné!
Bon, restait Future. Mais j’étais ben trop occupé à essayer de prendre des photos des feux d’artifice pour me concentrer sur le show. C’est aussi ça, Osheaga.
Bon ben… deux jours, zéro selfie.
Apothéose ce soir avec Radiohead. On se revoit sur les réseaux sociaux.
Vous savez ce qui est plus agréable qu’une journée ensoleillée? Une journée ensoleillée et remplie de musique. C’est exactement ce que nous avons eu ce vendredi pour cette première journée de la 11e présentation d’Osheaga.
Installez-vous confortablement, je vous raconte ma journée. OK, je suis en vacances, alors on se fout des titres et des sous-titres. Comptez-vous chanceux d’avoir des paragraphes!
Évidemment, j’étais un des premiers arrivés sur le site à midi pile. C’était voulu, j’ai pu ainsi éviter toutes les longues files d’attente et visiter les installations destinées aux médias avant d’entreprendre ma journée de « travail ». Tout d’abord, je remarque que tout est beaucoup plus gros qu’à ma dernière présence au festival. Les scènes principales sont immenses, les scènes secondaires aussi. Même la minuscule scène des arbres me semble plus grande que dans mon souvenir.
J’arrive à la scène verte juste à temps pour Caveboy. On nous vend le trio féminin montréalais comme un nouveau regard sur l’indie-pop. J’étais perplexe en arrivant, mais la formation assure réellement : au lieu d’une dream pop mielleuse, il y avait dans la proposition des trois jeunes femmes un petit côté animal et énergique qui n’était pas à négliger. On va prendre le temps d’écouter bien tranquillement à notre retour dans le 418.
Le soleil tape fort et je me suis promis que j’allais avoir le meilleur spot pour le groupe suivant, soit La famille Ouellette. On court donc vers la scène des arbres, heureusement juste à proximité. J’ai vu le groupe à deux reprises au Festif et j’avais bien aimé cet espèce de croisement entre Half Moon Run dans la musique et Les Trois accords pour le côté délicieusement cabotin des membres du groupe. Le parterre s’est rapidement rempli de curieux, francophones et anglophones, qui ont semblé avoir apprécié, comme moi, le spectacle.
On retourne à la scène verte où un Sud-Africain dénommé Jeremy Loops est en train de préparer les boucles de sa première chanson. À l’harmonica. Au beatbox. Aux choeurs. À la guitare. Ça sonne bien, ça sonne festif. Première visite en sol canadien pour ce jeune homme ma foi fort sympathique. On a regardé son calendrier de tournée : s’il passe énormément de temps en Europe, pour l’Amérique du Nord, c’est différent. Dommage, on aurait bien aimé le revoir. On se reprendra ou bedon on ira le voir chez lui.
On continue notre promenade au soleil. Des festivaliers ont la bonne idée de se rafraîchir un peu. Si ce n’était du gros kodaque, j’aurais fait de même. Puis je ne voulais pas passer toute ma crème solaire le vendredi!
Après cette vue rafraîchissante, je suis allé voir le Britannique Jack Garratt, un jeune multi-instrumentiste de 24 ans qui mélange pop, trip hop et R n’ B… seul. Oui, oui, seul. Installé derrière sa batterie, il tape d’un côté pendant qu’il joue du clavier de l’autre. S’il était une pieuvre, je suis certain qu’il jouerait aussi de la guitare et de la basse. Bon, me dis-je, un autre qui me fait sortir de mes sentiers battus à moi. Sérieux, j’ai bien aimé, mais je devais quitter pour aller voir…
… Safia Nolin, à qui c’était le tour à l’ombre. Elle s’est mis chic pour Osheaga, notre belle Safia, toujours accompagnée de l’excellent Joseph Marchand à la guitare. Je ne vous dirai pas ce qu’elle a joué, c’était, à peu de choses près, une version écourtée (et très écoutée, disons-le) de ce que nous avons pu voir et entendre au FEQ et au Festif. Safia étant Safia, elle a évidemment savouré le moment encore plus que nous, nous invitant à crier pour elle comme si elle était une rock star (ce que les gens ont fait avec plaisir). Elle est tellement promise à un brillant avenir, cette jeune femme-là, ça n’a aucun sens!
Je ne sais pas si c’est à cause des prestations que je suis allé voir, mais il me semble que le public est particulièrement poli et gentil jusqu’à maintenant. J’espère que ça va continuer.
Après une pause de quelques minutes dans la tente média (question de caler quatre bouteilles d’eau), où j’ai pu apprécié la prestation d’Elle King à la télé (va falloir que je me rattrape, j’ai eu l’impression que c’était la fille de mes rêves avec sa belle chaleur qui semblait tout droit sortie de Nashville (elle vient pourtant de L.-A.). Vous connaissez mon faible pour le rock aux accents country qu’on met donc en valeur à des festivals comme Bonnaroo. Ben ça, c’est Elle.
Je me lève mon gros derrière juste à temps pour attraper la première chanson de The Silversun Pickups. Je maudis un peu le ciel de les avoir ratés la veille à l’Impérial (on ne peut être partout à la fois, Jacques, tu le sais bien… à moins de ne te prénommer Philippe!), mais l’indie rock des Pickups vient me chercher par les tripes. Ils ne font pourtant rien de spécial : de bonnes mélodies, des riffs accrocheurs, une bonne présence scénique, un chanteur à la voix particulière et une bassiste belle à faire fondre des coeurs. Non, sérieux, rien de spécial. Si le groupe a donné une place importante à son plus récent album, l’excellent Better Nature, il a aussi offert quelques classiques, dont l’incroyable Lazy Eye, avec laquelle j’ai découvert le groupe… en jouant à Rock Band.
Comme quoi on peut faire de belles découvertes musicales en jouant avec une guitoune en plastique.
On repart en courant, question de ne pas manquer Wolf Parade, qui joue complètement à l’autre bout du site. On arrive juste à temps (OUF). Le groupe effectue un grand retour cette année, après une absence de quoi… six ans? Il s’agissait donc de retrouvailles pour le groupe de Montréal et son public, et ça paraissait. Les chansons défilaient à un rythme infernal, les membres du groupe ne prenant de pauses que pour changer d’instruments. Pendant près d’une heure, j’ai eu l’impression de rajeunir de dix ans. Ça me mettait quand même plus vieux que la moyenne des festivaliers présents, mais maudit que j’ai eu du fun. Merci, les gars. Vous êtes les bienvenus à Québec quand vous voulez, en passant!
On repart à la course pour attraper ces vieilles canailles de Cypress Hill. La grande scène était noire de monde et, bien entendu, un immense nuage bleuté planait au-dessus de la foule. On se demande d’ailleurs pourquoi. Les gars, qui ont près de 25 ans de carrière derrière la cravate, on enchaîné les hits et fait danser un public qui n’était même pas né quand Insane in the Membrane est devenue populaire… il y a 23 ans.
La fatigue commence à se faire sentir, mais bon, il ne me reste plus que trois prestations au programme, alors on va prendre ça relax et essayer de comprendre certaines choses. Parce que j’ai beau être ouvert musicalement, il y a des trucs que je ne pige absolument pas.
Le premier, c’est qu’est-ce qu’on trouve donc à Half Moon Run? Je n’étais pas vraiment concentré quand je les ai vus au Festif (un photographe, ça se concentre sur les photos, pas sur la musique), je voulais donc profiter du fait que je n’avais rien d’autre à faire que d’écouter pour réussir à apprécier. Je tiens à préciser que j’aime le folk. Que j’aime l’indie. Que les gars sont irréprochables sur scène. Mais c’est tellement propre, tellement parfait, tellement… Je ne sais pas, une fois de plus, je n’ai pas été capable d’embarquer dans le trip. Faut tu trouver les membres d’Half Moon Run beaux pour les aimer, coudonc? Je vais continuer à leur donner des chances, la qualité est là. Elle est peut-être juste un peu trop contrôlée à mon goût.
Le deuxième, c’est qu’est-ce qu’on trouve donc aux Lumineers? C’est une version sucrée sans sucre de Mumford & Sons, sacrement! Encore là, le talent est là, le travail se sent, mais c’est une fois de plus tellement propre, tellement parfait… Ça aurait pas tenté aux membres du groupe de faire un gros doigt d’honneur au public, juste pour le fun? Heureusement, mon téléphone cellulaire vibre : un truc que j’attendais toute la journée vient de se produire.
Si vous le permettez, je vais ouvrir une (toute) petite parenthèse. Ma tête et mon coeur étaient encore un peu à Baie-Saint-Paul hier. J’ai attendu toute la journée la publication d’un texte sur Facebook, soit le compte rendu du Festif par le fantaisiste des réseaux sociaux Gran Talen. Vous devez absolument allez lire son procès-verbal. C’est long et verbeux, mais c’est un vrai délice du début à la fin. J’ai d’ailleurs eu l’air d’un beau con sur les champignons magiques pendant que les Lumineers jouaient à l’avant parce que je riais trop fort chaque punch de cette oeuvre de génie et j’ai quitté la scène rapidement, question de ne pas déranger tout le monde autour de moi. On est dudebro ou on ne l’est pas. J’ai choisi la deuxième option.
Tiens, je vous laisse le lien vers l’article. Allez lire ça. On se retrouve dans trois heures.
Une fois la lecture finie (dans un site enchanteur, à part ça), je me dirige vers la scène verte où tous ceux qui n’avaient pas envie de voir Red Hot Chili Peppers (ou qui se sentaient un peu agoraphobes) se sont dirigés. Le DJ australien Flume allait nous en mettre plein la vue (et les oreilles) avec ses beats enlevants (et des éclairages à couper le souffle). Oui, des fois, on nage en plein brostep, mais Flume a une belle palette et l’utilise à fond.
Un peu plus loin, à la fontaine, les gens dansaient sous l’eau. Magie. Fin de soirée parfaite. On part se coucher avant que Kiedis ne finisse Give it away. Fiou, j’ai juste attendu 10 minutes pour entrer dans le métro. Certains diraient que j’ai eu de la chance. J’ai tendance à être en accord avec eux.
Aujourd’hui, le clou de ma journée va être au beau milieu de l’après-midi avec les très charnels July Talk. Ça valait le billet quotidien à lui seul!
On n’en avait pas assez. En fait, on n’en a jamais assez. On ferait le tour des festivals de la planète si on en avait les moyens (understood, Glastonbury and British Airways?), mais bon, il y en a tant d’excellents à quelques heures de la maison, dont Osheaga, qui n’a plus besoin de présentation et qui en est rendu à sa onzième édition.
Ben oui, on va être là! Vous pensiez qu’on allait manquer Radiohead? On a beau avoir un faible pour la scène locale et émergente, y’a des groupes incontournables, même si à cause d’eux, on va encore manquer Dead Obies. À ce titre, on est une bonne partie des festivaliers : il y a une GROSSE tête d’affiche cette année, la suite, c’est du gros boni qu’on va prendre avec un grand sourire.
On va donc se sploutcher la bouteille de crème solaire dessus et se diriger vers le Parc Jean-Drapeau avec toute notre équipe de collaborateurs présents, c’est-à-dire : moi. Ça veut donc dire qu’on ne sera pas partout en même temps comme on avait un peu pris l’habitude de le faire et vous allez donc devoir me suivre un peu partout (pas d’inquiétude, les toilettes médias sont propres) toute la fin de semaine.
Même si nous allons profiter des services des photographes officiels d’Osheaga (y’a des limites à être maso pis à tout faire), j’ai mon appareil photo. On va s’imprégner de l’ambiance un peu comme Basia Bulat s’imprégnait de l’amour de son public samedi (désolé, ça me sort pas de la tête, je vais avoir l’impression d’avoir une date avec une jolie fille tout en pensant juste à mon ex), pis on va vous montrer ça tout en écoutant les nombreux artistes présents.
Aujourd’hui, j’ai mis au programme La famille Ouellette (ils valent le détour, vraiment!), Jack Garratt, Silversun Pickups (tant qu’à les avoir manqués à la maison hier), Wolf Parade, The Wombats, Half Moon Run (que j’ai pas vraiment vu encore, oui, je sais, je les ai pris en photo, mais ça compte pas), The Lumineers et Flume (ou peut-être Red Hot Chili Peppers si je suis capable de m’approcher suffisamment de la scène pour attraper Flea qui fait un saut de puce avec mon appareil photo, mais je ne suis pas un fan et je n’ai pas envie de me faire traiter d’estie de chialeux comme il est arrivé à un de nos collaborateurs après le show de Québec.).
Samedi, je vais aller voir Noé, July Talk (eux, j’en ai jamais assez), Daughter, The Barr Brothers (que j’ai ratés au Festif en sachant que j’avais l’occasion de me reprendre ici), Kurt Vile & The Violators, The Arcs, Best Coast, Coeur de Pirate (va quand même pas y avoir 60 000 personnes pour la voir, là, j’espère!), Death Cab for Cutie et Aurora (que notre photographe Marion Desjardins semble apprécier).
Dimanche, Son Real, The Paper Kites, The Struts, St. Lucia, The Strumbellas, Leon Bridges, Nathaniel Rateliff, Disclosure et un petit groupe anglais que personne ne connaît sont au menu.
Pas pire mélange d’artistes qu’on connaît, qu’on va découvrir d’ici et d’ailleurs, des petits et des gros noms. On va donc bien se crémer, boire beaucoup, beaucoup, beaucoup d’eau et profiter au maximum de notre fin de semaine. Et on va vous montrer tout ça en temps réel sur les réseaux sociaux. Et on va vous concocter de beaux petits comptes rendus.
C’est parti! @ecoutedoncca (Twitter et Instagram), /ecoutedoncca (Facebook)
Il n’y a pas trente-six façons de mettre un terme à un festival magique comme Le Festif. Si, l’année dernière, la pluie avait quelque peu gâché l’apothéose, cette année, le soleil était de la partie et le quai de Baie-Saint-Paul était sur son 31 pour la grande finale avec Fred Fortin et tous ses complices.
Le site débordait de partout, mais ce n’est pas grave, rien ne pouvait gâcher ce moment magique. Fortin, Langevin, Lafontaine, Joly et Tellier avaient visiblement hâte de monter sur scène et donner ensemble ce premier spectacle de la tournée Ultramarr.
Bien entendu, le programme de la journée se concentrait sur ce sublime dernier album de Fred Fortin et c’est avec Oiseau que nous nous envolons avec le groupe. On ferme les yeux quelques instants, on a l’impression d’être dans le chalet des Fortin au Lac. Ça sent le bois, ça sent le feu de camp, ça sent… LA BRISE DU FLEUVE? Ben oui, on se réveille, on se rend compte qu’on est probablement au seul endroit au monde où Fred peut être plus magique que dans son patelin. On ne les refermera plus, question de profiter au maximum de ce rêve éveillé.
Pendant 10 $, la fatigue se fait sentir. On a beau apprécier le spectacle devant nous, les sourires qui s’échangent entre les musiciens qui ont donc l’air d’avoir énormément de fun (particulièrement Sam Joly, qui semble toujours en pleine extase derrière sa batterie), les émotions prennent le dessus. Ça goûte un peu le sel sur mes joues. Je sais pas si pleurer en arrière pendant que Fred Fortin chante 10 $, c’est viril, mais je m’en fous un peu, ça fait du bien.
Un peu plus loin, Fortin fait un petit tour sur Plastrer la lune. Madame Rose avait pris des couleurs (ça doit être le soleil) et la pièce-titre rentrait dans le dash. Après une sympathique Tapis noir, c’est l’heure de Molly. Ce joli blues-rock aux accents country et aux choeurs mâles à souhait qui vient tant me chercher par les tripes. Ému encore je suis. Je ne suis pas le seul, le soleil se reflète un peu plus dans les yeux du monde. L’humidité monte d’un cran.
Vient le tour des vieilles. Venus, du plus récent Gros Mené, réveille tout le monde. Sam Joly, qui tenait à ce que les gars jouent cette chanson, tapoche son drum en affichant un sourire 360 degrés. Les autres gars groovent autant. On s’échange des sourires, on hoche la tête. On fait pareil dans le public. Sur les planches en bois de l’allée à côté de la scène, les passants se font des high fives. Fortin lance Scotch qui, telle une bombe, nous explose en pleine face. C’est bon, c’est lourd, c’est sale. Ça donne soif. Ma blonde irait bien se chercher une bière. De mon côté, je prendrais bien une slush. Ça aide à faire passer le motton.
Je regarde à terre : un billet de dix dollars traînait, comme ça, et personne n’était autour. Comme un signe du destin. C’est pas HD, c’est ben plus fort.
Au rappel, Fred 1er chante Mélane, puis Dollorama. C’est l’orgasme. Même si on sait qu’on va tous être pris dans un immense bouchon de circulation, pas grave, on a trop de plaisir, on reste. Ça a valu la peine juste pour la finale : sur Ultramarr, nos voisins se mettent à danser un continental. On les regarde aller pendant que Fortin chante un peu comme Dylan pendant que Lafontaine martèle les touches de son piano. Que des sourires. Partout.
Et la septième édition du Festif s’est terminée exactement comme elle a commencé : par une ovation debout.
Bilan
Dès le lancement de la programmation l’hiver dernier, on savait que Clément Turgeon et ses complices allaient battre des records. L’affiche, la grille horaire, tout était parfait sur papier. Ne restait plus qu’à voir l’exécution, compter sur la participation des festivaliers et faire quelques sacrifices humains pour demander la clémence de Dame nature.
Sur le plan de l’exécution, nous avions peu d’inquiétudes. Cette bande de passionnés connaît son affaire et sait s’entourer non seulement des meilleurs, mais aussi de gens aussi passionnés qu’eux. À notre arrivée jeudi, tout était prêt, les artistes du jour faisaient leurs tests de son et malgré leur fatigue déjà fort évidente, les organisateurs étaient prêts avec un grand P. En passant, un gros bravo à l’équipe des communications qui, cette année, nous a donné un grand coup de pouce en mettant sur pied une salle réservée aux médias qui a été des plus utiles (ne serait-ce que pour son accès à Internet).
Puis le monde a commencé à arriver. On a été 28 000 personnes de tous âges et de tous lieux (mais principalement de Québec, de Montréal et du Saguenay) à participer d’une façon ou d’une autre au Festif. Pour une ville qui, d’ordinaire, en compte quatre fois moins, c’est mucho mundo! Pourtant, partout où nous sommes allés, nous avons été accueillis avec gentillesse et professionnalisme. Les gens de Baie-Saint-Paul sont de plus en plus heureux de voir arriver cette horde de jeunes et moins jeunes venus faire la fête dans leur belle petite ville. Le café à l’arrière de la confiserie/crèmerie était ouvert jusqu’aux petites heures du matin, tant qu’il y avait des clients, et on y accueillait les gens avec le même sourire à une heure du matin qu’au beau milieu de l’après-midi.
Vous savez ce qu’on a remarqué aussi? Le respect. C’est un bien grand mot, mais ici, il est appliqué à la lettre. Pendant la prestation surprise de Half Moon Run au FEQ, j’ai souvent vu davantage de téléphones cellulaires levés et en train d’enregistrer que de musiciens s’exécuter sur la scène. Au Festif? Même dans un moment unique comme Basia Bulat au bout du quai, on prenait une photo ou deux et on serrait le téléphone dans sa poche. En fait, les fatigants, c’étaient nous, les médias, et après quatre chansons à bombarder la chanteuse de tous bords, tous côtés, nous avons apprécié le spectacle nous aussi. Le moshpit était infernal au show de GrimSkunk. Le plancher était imbibé de bière et les guerriers se rentraient joyeusement dedans, perdant très régulièrement l’équilibre et se retrouvant souvent les quatre fers en l’air. Aussitôt, un paquet de mains apparaît pour aider notre nouvel ami à se relever.
L’exécution, donc, était excellente. Sauf pour une chose : il faudra vraiment insister sur l’existence de la navette entre le quai et le centre-ville. Il faudra ajuster son horaire : si on osait demeurer au rappel des shows, on risquait de manquer notre retour et de devoir marcher. C’est ce qui est arrivé au spectacle d’Avec pas d’casque, à notre grand regret. Ce petit coup de bol m’a fait manquer Saratoga et je m’en mords encore les doigts! L’an prochain, on aide le Festif à passer le mot et on remplit les gros autobus jaunes. De leur côté, les gens du Festif ont déjà promis d’apporter des améliorations!
Mais hé, si c’est ça notre principal point négatif…
Musicalement, ce qui est quand même la raison d’être d’un festival de musique, tout était parfait. Toujours ce savant dosage, ce crescendo qui commence en douceur au début de la journée (difficile de faire plus doux qu’Avec pas d’casque et Safia Nolin) pour terminer au beau milieu de la nuit en force avec des concerts complètement fous. Ajoutez à cela les nombreuses surprises et vous avez, à une heure de Québec, le festival le plus parfait auquel j’ai eu la chance d’assister. À un point tel que tant que je devrai choisir entre Le Festif, le Newport Folk Festival et Wayhome, ce sera toujours Le Festif qui va l’emporter.
Comment en serait-il autrement quand, en plus des spectacles réguliers, on me propose Tire le coyote sur le bord du feu, Saratoga sur un balcon, Kouna dans une ruelle, Basia Bulat au bout du quai, Dumas à l’Accommodation (où il a même offert une supplémentaire aux fans qui n’ont pas pu entrer… oui, oui, un show surprise en supplémentaire, du jamais vu!), David Marin dans le bois et La Famille Ouellette dans le stationnement de l’église, à deux heures du matin? Je croyais avoir vu le summum du beau l’année dernière au show d’Antoine Corriveau, mais Basia Bulat n’avait d’équivalent que cette prestation de Martha Wainwright au cap Bon-ami l’an dernier. Et encore, je crois que j’ai préféré Basia. Fallait la voir, les yeux au ciel, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, en train de vivre le moment présent. Fallait l’entendre avec sa voix d’ange et ce vieux piano, qu’elle a caressé avec amour.
C’est aussi ça, Le Festif. Des images qui restent gravées dans la mémoire longtemps. Des souvenirs impérissables. Plein de nouvelles amitiés.
Parmi les spectacles réguliers, on retiendra la prestation magique de Gab Paquet, qui a inauguré la grande scène avec un aplomb et un showmanship qui montrent que ce gars-là a tous les outils pour réussir. Francis Faubert a aussi servi toute une leçon de rock (dommage qu’on l’ait si peu écouté – heureusement que le public s’est repris ensuite pour Les Goules). Plume Latraverse, accueilli par une ovation debout, qui chante quelques-unes de ses plus belles chansons. Avec pas d’casque qui fait pleurer tout le monde avec de magnifiques nouvelles pièces (on a tellement hâte d’entendre l’album!). Safia qui chante Ayoye au Quai. Mathieu Bérubé qui met tout le monde dans sa petite poche d’en arrière avec ses chansons d’été. Sunny Duval qui nous fait danser. La danse en ligne à Canailles. Basia qui pleure sous le chapiteau. Perreau qui essaie de sauter plus haut et plus loin que le chanteur de Busty and the Bass (va falloir mesurer à partir des photos, Yann) et qui, pendant la prestation de Beat Market, fait un brin de pole dancing. Grimskunk qui transforme le sous-sol de l’église en sauna. Serge Brideau, des Hôtesses d’Hilaire, qui a l’air du génie dans Aladdin (costume parfait pour un sauna). Klô qui accompagne VioleTT Pi. On pourrait continuer encore longtemps, mais à chacun ses souvenirs, et Le Festif en est une maudite belle source.
Je m’en voudrais de passer sous silence tous les efforts consentis par l’équipe à l’égard du développement durable. Encore là, toutes les bonnes décisions sont prises. Les ecocup, les gourdes, la navette, le ramassage très rapide des déchets, l’accent sur les produits locaux, alouette, tout ça, ce n’est pas du marketing, ce sont des valeurs que je sais très chères aux organisateurs.
En fait, c’est vraiment ça, Le Festif. Même après sept ans. Même après être passé de 2 000 à 28 000 visiteurs.
Il est resté comme ses organisateurs : même en étant devenu l’un des festivals les plus populaires au Québec, il demeure lui-même, bien modeste, les pieds bien ancrés sur Terre. Un festival qui refuse des dizaines de milliers de dollars par année de la part des grandes brasseries pour favoriser l’excellente micro de la place. Un festival qui offre la chance aux producteurs et aux commerces locaux de se mettre en valeur et d’offrir des produits de qualité à prix raisonnable. Je n’ai aucun mal à croire que si jamais Louis Bellavance et Arnaud Cordier quittaient le FEQ, un Clément Turgeon pourrait tirer son épingle du jeu à leur place. Mais vous savez quoi? Si on offrait une grosse job du genre à un des membres de l’équipe du Festif, je les sais assez attachés à leur coin de pays, à leurs familles, à leurs amis pour refuser poliment et travailler encore plus fort à continuer à faire du Festif l’incontournable qu’il est devenu.
Pas pour rien que même ceux qui avaient leur accréditation au sein de notre équipe avaient acheté leur passeport. On fait juste notre part.
Merci à Clément, Charles, Anne-Marie, Gabrielle, Marc, ainsi qu’à tous les employés, bénévoles et partenaires du Festif. Vous pouvez être fiers de vous. Chaque fois que je vais chez vous, je me surprends à avoir envie d’y déménager, moi qui suis plutôt du type urbain qui préfère le métro(bus) à l’auto. En grande partie à cause de votre dynamisme. Vous êtes contagieux.
Merci à mon équipe de guerrières : Valérie Vinet, Marie-Thérèse Traversy, Tatiana Picard et Marie-Laure Tremblay qui ont donné leur 110 % tout au long du Festif. Vos efforts ont donné toute cette série de souvenirs. Vous êtes précieuses, mesdames, et j’espère pouvoir compter sur vous encore longtemps.
Festif, il ne me reste plus qu’une chose à te dire : À l’an prochain.
Vous vous en rendez sûrement compte, il est arrivé un moment où nous nous sommes dit « de la chenoute » et où nous avons choisi de profiter pleinement du Festif, quitte à sortir nos comptes rendus une semaine plus tard. Faut dire que pour cette troisième journée, nous étions gâtés! Safia, Basia, Yann, Ariane, Steve, Sunny, les Hôtesses et bien d’autres nous attendaient un peu partout à Baie-Saint-Paul pour cette troisième journée fort chargée.
Safia Nolin
Disons qu’il y a pire dans la vie que d’écouter Safia nous chanter la tristesse sur un quai, avec la splendeur du paysage Baie-Saint-Paulois en toile de fond. «J’ai zéro envie de vous regarder», a lancé à la blague l’auteure-compositrice-interprète qui faisait dos à la beauté de la nature. En toute intimité, sous le soleil cuisant, elle a livré plusieurs compositions mélancoliques avec son complice Joseph Marchand, dont La laideur, Si Seulement, Acide et Ce matin.
Fidèle à elle-même, Safia s’est adressée au public avec toute sa spontanéité et son grand sens de l’humour. Elle nous a raconté sa brève expérience de la nuit d’avant au Festif et son admiration pour Rihanna et Offenbach, avant d’entamer ses belles versions de leur succès respectifs, soit Work et Ayoye. «Je suis surexcitée de vivre !», a laissé tomber la jeune femme, émue par la grosse dose d’amour que lui envoyait l’assistance.
Pour contraster avec la chaleur de l’ambiance et de la météo qui enrayait toute froideur, la musicienne nous a offert ses pièces Igloo et Noël Partout. En guise de rappel, c’est une reprise fort réussie de My heart will go on qui nous a fait frissonner, malgré la sueur qui ruisselait sur nos visages. En regardant l’eau s’étendre à perte de vue, on se serait cru sur le titanesque bateau. (Marie-Thérèse Traversy)
Basia Bulat (prestation surprise au quai de Baie-Saint-Paul)
En début d’après-midi, tout au bout du quai, la gang du Festif nous réservait un moment extrêmement privilégié en compagnie de Basia. Aux abords du fleuve, un paysage enchanteur à couper le souffle et un piano en bois, celui sur lequel Mara Tremblay avait fait courir ses doigts l’année dernière. Alors que le soleil était à son zénith, elle est arrivée comme un rayon de plus, celui qui brillait encore plus fort que les autres.
Souriante et lumineuse, elle s’est assise puis, tout le monde s’est tu. Nul besoin de vous dire que je m’étais installée aux premières loges (autrement dit, à ses pieds) pour vivre à fond cet instant de pur bonheur. Se sont succédées, sous le ciel d’un bleu immaculé, les sublimes La La Lie, Time et Fool. Chaque fois que j’entends Basia chanter, je suis renversée par la pureté de son timbre vocal.
«C’est la plus belle place où j’ai fait un spectacle», a confié l’artiste, visiblement émerveillée par la beauté du lieu. Timide, elle a ensuite recueilli les demandes spéciales. À notre plus grand plaisir, c’est Tall Tall Shadow qui a remporté le vote. Tristement, on a dû s’éclipser avant la fin, mais on se consolait, car on avait la chance de la retrouver pour un spectacle en formation complète, à peine quelques heures plus tard. Je décerne tout de même à cette trop courte prestation, le point culminant, l’ultime coup de cœur de mon Festif. Un moment surréel, d’une simplicité désarmante. Un véritable rêve éveillé. (MTT)
C’est avec des splash de sueur que Dumas est grimpé sur le comptoir pour faire chanter les chanceux qui sont entrés dans le dépanneur. Le plafond a presque levé quand le charismatique chanteur a empoigné sa guitare pour nous régaler de ses succès (Miss Ecstasy) et d’une reprise de Leloup (Nathalie). Le tout nous a donné soif, comme la dame qui buvait sa bière de micro au goulot, sur le comptoir! On remercie Dumas pour sa générosité : il a permis à une 2e batch de remplir l’endroit, même si je suis sûre que ma cohorte était la plus expressive. On le revoit plus tard dans plus grand! (Marie-Laure Tremblay)
Sunny Duval
Après avoir enflammé le Mouton noir la veille, Sunny et ses acolytes étaient de retour, cette fois sur la scène Hydro-Québec, juste avant Canailles. Il faisait beau, il faisait chaud, de nombreux curieux étaient venus voir ce que Duval proposait et ils ont été servis, ce dernier plongeant surtout dans l’excellent New Wave de plage pour faire danser les festivaliers.
Nous sommes arrivés un peu en retard (au son de Bananana – danser en marchant nous a sûrement retardés davantage), soit juste à temps pour voir Mara Tremblay taper sur une noix de coco pour la délicieuse Noix de coco sur la tête. Ça tombe bien, il était 4:20 PM dans les Maritimes! Si Sunny et Marie-Anne (Arsenault) étaient habillés sobrement, Mara, elle, sortait du lot avec ses jeans déchirés, son haut léopard rose et son maquillage tout droit sorti d’une comédie musicale des années 1980.
C’était comme on s’y attendait : sympathique, festif, joyeux et bon enfant, même dans les moments les plus tendres. Seul bémol : même avec mes bouchons bien vissés dans mes oreilles, le son était un peu fort. Ça explique peut-être pourquoi les festivaliers gardaient une bonne distance et n’osaient pas trop s’approcher de la scène… (Jacques Boivin)
Basia Bulat
L’artiste et ses trois musiciens nous ont donné un spectacle mémorable sous un chapiteau bondé de festivaliers fébriles et enthousiastes. Parfois assise derrière son clavier, d’autres fois sa guitare au cou ou agitant vigoureusement sa tambourine, elle a interprété les pièces de son album Good Advice, en lice pour le prestigieux Prix Polaris. Nous avons également pu entendre Five, four, Wires et It Can’t Be You, tirées de l’opus Tall Tall Shadow.
Nos yeux se sont noyés quand elle a redonné vie à sa petite harpe âgée de 101 ans sur la délicate composition The Shore. «Ce n’est pas parfait, mais c’est très beau», a-t-elle dit en décrivant le son unique du précieux instrument. Puis, devant un auditoire qui l’acclamait bruyamment et qui lui a offert de multiples ovations, elle a à son tour essuyé quelques larmes avant de nous laisser un dernier cadeau dans la langue de Molière : la rêveuse Ballade à Toronto de Jean Leloup. Décidément, cette grande dame nous a fait passer par toute une gamme d’émotions ce jour-là. (MTT)
Anatole
Chose promise, chose due. Eh oui! On nous avait promis de la cuisse, puis on en a eu. Notre chouchou Anatole ne s’est même pas fait attendre pour se départir de ses étoffes féminines – étrange robe verte et chapeau noir à larges rebords – et révéler au grand jour sa blancheur partiellement dissimulée par un léotard noir. On imagine qu’il a sans doute été encouragé par le soleil, la chaleur et la beauté de la foule réunie derrière le Tony et Charlot pour l’occasion. Il faut dire que le personnage n’a pas l’habitude de laisser libre cours à ses pulsions à une heure aussi hâtive, parmi familles et non-initiés. On comprend qu’il se soit gardé une petite gêne dans les circonstances, mais on a quand même pu l’observer prendre d’assaut la terrasse du pub pour notamment déguster avec passion une frite dans l’assiette d’une cliente (pendant Le grand sommeil), puis s’adonner à des contorsions tendancieuses à proximité d’une vaillante spectatrice en chaise roulante. Nous avons malheureusement dû quitter tôt pour assister à d’autres prestations, mais nous sommes convaincus que les personnes présentes en ont eu pour leur argent jusqu’à la toute fin – même si c’était tout à fait gratuit! Mention spéciale au thé glacé rafraîchissant et autres bouchées offerts pour presque rien par le Pantoum. (Tatiana Picard)
Yann Perreau
Sur la scène principale, c’est un Yann en feu qui a servi son album Le Fantastique des astres et autres succès à une foule qui ne demandait qu’à danser. Tout juste arrivée du spectacle de Basia Bulat, j’ai malheureusement loupé les premières chansons, dont l’excellente Barcelone. J’ai quand même eu l’opportunité de me réchauffer au rythme de Momonna, Faut pas se fier aux apparences, Le président danse autrement, La vie n’est pas qu’une salope et Le bruit des bottes.
Comme si c’était arrangé avec le gars des vues, une volée d’oiseaux a traversé le ciel à l’arrière de la scène, quelques secondes avant que les premières notes de J’aime les oiseaux soient jouées. Un moment de tendresse dédié aux familles a suivi avec T’embellis ma vie puis, un saut en bas de la scène a vivifié la marée humaine sur un Baby Boom explosif avant de virevolter sur l’ode à l’amour, C’est beau comme on s’aime, en fin de parcours. Un apéro des plus dynamiques. (MTT)
Ariane Moffatt
En grande forme, la musicienne est apparue sur scène avec ses acolytes habituels et ses chansons électro-pop propices aux déhanchements. «Salut les festifs!», a-t-elle crié d’emblée. «Je vais d’abord vous hypnotiser pour ensuite pouvoir faire ce que je veux avec votre corps.»
La mise sous hypnose s’est amorcée avec 22h22 et Rêve. Sur Les tireurs fous et Je veux tout, les corps commençaient progressivement à se délier. Mention à Jonathan Dauphinais pour son invention audacieuse, le keybass. Acrobatie musicale sur Tous les sens quand il s’accroupit pour faire vibrer les cordes à l’aveugle pendant qu’Ariane se sert de son dos comme support à clavier.
C’est sur la pièce Debout (et son intro de Let’s Dance de Bowie) que le lâcher prise s’est pointé le bout du nez. À cette étape, on ne résistait plus. Seule à la guitare, la musicienne s’est ensuite groundée avec Je reviens à Montréal, version clin d’oeil «Je reviendrai à Baie St-Paul», avant de se dechaîner à la batterie sur In The Air Tonight de Phil Collins.
Un mix estival Soleil Chaleur/Eye Of The Tiger ainsi que l’exaltante Miami ont conclu sa prestation sur un high. La bande de joyeux lurons est sortie de scène en faisant quelques stépettes, laissant une phrase se répéter continuellement dans les haut-parleurs : «On n’est jamais assez festifs, Baie St-Paul.» On en a pris bonne note! (MTT)
(NDLR : Nous n’avons pas assisté à la prestation de Champion et ses G-Strings parce que nous savions qu’un marathon de nuit se préparait… on regrette un peu d’avoir manqué le party, mais nos corps, eux, nous remercient!)
Dumas
Une autre belle fin de soirée que celle passée avec le maître de la piste de danse, en formule trio. «On va faire comme si on jouait au Stade Olympique!», a lancé Dumas en début de concert, souhaitant faire les choses en grand. Il y avait de la nostalgie dans l’air alors que ce spectacle marquait la fin de l’aventure musicale du multi-instrumentiste Charles Robert avec l’artiste.
La Nuit et Alors, Alors ont donné le coup d’envoi à une prestation qui fut enlevante d’un bout à l’autre. Avant de jouer Une Journée Parfaite, Dumas a mentionné que le titre résumait plutôt bien sa journée, lui qui s’était produit à deux reprises dans un dépanneur rempli à pleine capacité l’après-midi même. Nous nous sommes ensuite retrouvés en 2005 avec J’erre et les pas de danse signature de la bête de scène.
C’était le dernier droit de notre Festif. On a sauté, hurlé, tout laissé sur le dancefloor de Dumas. Sous les lumières disco, la nuit s’est prolongée avec Ne me dis pas, Miss Ecstasy, Au gré des saisons et Le Bonheur. Nous scandions naïvement «Rien ne nous arrêtera», même si la fatigue commençait à se faire sentir et qu’on en doutait un peu. À titre de rappel, un medley acoustique parmi l’assistance, au milieu d’un chapiteau exténué, mais encore réceptif. (MTT)
Grimskunk
On poursuit le marathon musical au sous-sol de l’église avec Grimskunk d’abord. Spectacle à guichets fermés, la salle s’est remplie rapidement et nous étions déjà écrasés par la chaleur accablante avant même que le groupe ne foule les planches. C’est avec un plaisir rebel que je contemplais le crucifix drapé d’une image faisant clairement référence à la marijuana. Il y avait quelque chose dans l’air qui présageait une soirée décoiffante.
Formé en 1988, Grimskunk a prouvé qu’il a conservé sa véhémence. Vincent Peake (basse et voix), Franz Schuller (guitare et voix) et Joe Evil (clavier et voix) ont visiblement capturé l’énergie brute de la foule, leur permettant de chanter et de jouer avec autant d’intensité. Puisant dans leur catalogue exhaustif, Grimskunk a interprété plusieurs classiques dont Perestroïka et Gros tas d’marde qui a mis le feu aux poudres. Du public se dégageaient une violence contrôlée et une furie frénétique.
Même si le moshpit occupait une grande partie de la superficie devant la scène, on ne pouvait s’empêcher de flirter avec la frontière qui séparait les games des pas games; parce que cette fièvre qui défoule est contagieuse. Les spectateurs les plus crinqués tombaient sur le sol nappé de bière, sautaient et se bousculaient avec respect. Les gars de Grimskunk ont offert un rappel généreux et le spectacle s’est terminé sur la célèbre chanson Mange d’la marde, que le public chantait en choeur. (Valérie Vinet)
Les Hôtesses d’Hilaire
L’extravagant Serge Brideau (chanteur) est arrivé sur scène vêtu d’un apparat bleu sexy qui lui allait comme un gant. Appuyé par ses excellents acolytes, il a réussi à installer une atmosphère diablement Sex, Drug & Rock’n’roll, malgré la tâche ingrate qui lui incombait de jouer après Grimskunk. Défi relevé grâce à la puissance du son psycho-rock de ces Acadiens qui nous a carrément reconduits à l’époque des années 70. On plane sur le clavier aux sonorités de The Doors de Léandre Bourgeois et sur la guitare psychadélique de Mico Roy.
C’est toutefois l’humour irrévérencieux du front man et son habileté à nous entraîner dans ses histoires d’une absurdité manifeste qui donne au spectacle des Hôtesses d’Hilaire ses notes de noblesse. C’est sans équivoque, le groupe gagne à être connu en spectacle.
Les Hôtesses nous ont servi des chansons exécutées avec ferveur tirées de leur trois albums: Super Chiac Baby et Fais faillite de l’album Touche moi pas là,Je me souviens des p’tits bouttes de l’album Party de ruisseau et Eastbound and Down de l’album Hilaire à boire.
Mais c’est assurément le récit d’une soirée folle qui a servi de préambule à la chanson MDMA, et la chanson elle-même, qui ont créé le pont entre le groupe et la foule. Or, le moment le plus marquant du spectacle a eu lieu lors du rappel.
En effet, Brideau est revenu sur la scène avec un laminé de Ti-Cuir et nous a demandé si on connaissait Éric Lapointe. Des éclats de rire ont jailli de la salle, bien entendu, quand le chanteur s’est mis à répéter «Éric Lapointe» sur un air rock en brandissant le dit laminé.
Les gens qui me connaissent bien peuvent s’imaginer l’implosion qui s’est produite à l’intérieur de moi à ce moment-là… (VV)
La famille Ouellette (prestation surprise dans le stationnement de l’église)
Quand on pensait que l’heure de dormir était enfin arrivée, on nous apprend que la Famille Ouellette (et leurs «criss de beaux jackets») prépare un gig secret dans le stationnement de l’église, à deux heures du matin. Ça tombait à point, parce qu’au fond, on n’avait pas vraiment envie que le party prenne fin. Assis en indien devant le petit VR du groupe, dans un set-up style camping, on a veillé au son des harmonies ouelletiennes.
«Bon matin!», nous lance Jean-Sébastien en distribuant des canettes de bière au hasard parmi l’attroupement de quasi-zombies, collés pour contrer le temps frisquet. Les six gars nous ont notamment joué Tout ce vacarme, Jogging, Hey ça va ? et Ce ne sont que des mots.
À la demande générale, et de façon complètement imprévue, ils se sont approchés pour nous susurrer deux pièces unplugged, dont une dans une langue inventée, un genre d’hybride entre le français et l’inuit, baptisée le «frannuit» pour l’occasion. Un moment charmant et rassembleur pour clore cette dernière nuit de festivités et aller faire dodo avec un sourire étampé dans le visage. (MTT)
Dame Nature a menacé toute la journée, mais finalement, elle n’a pleuré que quelques larmes. Nous aussi. Elles étaient belles, les chansons, en ce vendredi très festif! Et l’assistance aussi : Le Festif vivait la plus grosse foule de son histoire devant la scène Desjardins!
Avec pas d’casque
J’ai ENFIN pu voir Avec pas d’casque, groupe pour lequel je suis (nous sommes!) littéralement tombée en amour à la sortie d’Astronomie en 2012, un des rares CD qui, d’ailleurs, demeurent à portée de main dans le pare-soleil de ma voiture. Et quelle expérience ce fut. Difficile de trouver un lieu plus indiqué que le quai de Baie-Saint-Paul pour nous imprégner de leur folk atmosphérique. Les organisateurs du Festif! nous ont offert ici un match parfait. Le ciel, qui s’annonçait pluviasseux, a semblé s’éclaircir au rythme des ballades tranquilles du quatuor. Même le chant paresseux des mouettes est tombé à point, comme si les volatiles avaient été mandatées spécialement pour l’occasion. Comme l’a souligné Stéphane Lafleur entre deux tounes, il est vrai que les gars se sont faits discrets ces derniers temps. Après un temps de répit, ils ont constaté qu’il était visiblement temps de se remettre au boulot pour leurs fans (et pour eux-mêmes).
Les gars étaient déstabilisés de jouer aussi tôt, mais encore plus fébriles à l’idée de présenter le contenu de leur nouveau CD, Effets spéciaux, qui paraîtra d’ailleurs en septembre. La réponse du public a semblé les rassurer, avec raison. Leur prestation s’est avéré un heureux amalgame entre classiques et nouveauté, charmant toute la foule rassemblée et faisant sans doute gagner à la formation de nouveaux fans parmi les nombreux enfants présents. Nous avons eu notamment le plaisir d’entendre les très efficaces nouvelles chansons, dont le style et la poésie, à la fois douce et réflexive, ne sont pas sans rappeler ceux de leur précédent opus. Et cela n’est pas un reproche, bien au contraire! C’est précisément ce qu’on aime, ce qu’on voulait entendre et ce qu’on ne se lassera pas d’entendre. J’ai hâte de courir chez mon disquaire. (Tatiana Picard)
Yves Lambert
En réponse à l’appel du show surprise nous nous sommes dirigés en coup de vent vers le Café Arômes et Saveurs (qu’on a vite adopté) Pour attraper Yves Lambert et son comparse, en équilibre sur la micro-terrasse. Le café était rempli de curieux qui ont pu entendre quelques chansons tirées du répertoire traditionnel de celui qui a longuement mené La Bottine Souriante. Un maître au sommet de son art, toujours sympathique et bon enfant qui sait nous raconter de belles histoires au rythme du violon et de l’accordéon. On a entendu dire qu’il avait séduit une gang de « ti-jeunes » avec son spectacle sous chapiteau en fin de soirée où il a retrouvé d’anciens compères.
Nicolas Pellerin et les grands hurleurs
Juste en face sur la scène gratuite, Nicolas Pellerin et les grands hurleurs s’exécutaient devant une foule enthousiaste prête à se déhancher et à taper des mains au rythme de la musique néo-traditionnelle saupoudrée de world, particulièrement tirées de leur dernier album, le joliment nommé ¾ Fort. Une belle découverte qui nous rappelle qu’un peu de trad est ZE moyen de faire lever le party. Particulièrement l’après-midi dans une foule bigarrée pleine d’enfants, de touristes et de festivaliers aux yeux petits!
Mathieu Bérubé
Le jeune auteur-compositeur-interprète a présenté ses chansons sur la nouvelle scène du Pantoum, située dans la cour arrière du Tony et Charlo. Et surprise, de nombreuses personnes ont répondu à l’appel! Faut dire que les chansons de Saudade, sont plus récent album, sont une excellente solution de rechange pour les fans des Barr Brothers qui n’ont pas pu entrer dans le chapiteau. Des pièces riches et complexes, parfois tendres et introspectives, parfois rythmées et enjouées, composent le menu bien équilibré de Mathieu Bérubé, qui était entouré de ses solides musiciens (dont Mélanie Venditti au violon et au thérémine – oui, oui, y’a pas que les Barr pour sortir des instruments particuliers à l’heure du souper! Le public a bu les paroles et la musique de Bérubé, certaines personnes allant même jusqu’à se coucher en cuiller quelques instants à l’invitation de celui-ci. Un très beau moment et une belle découverte à faire. (Jacques Boivin)
Keith Kouna
C’est dans une ruelle même pas louche qu’un Keith Kouna fatigué du show de la veille a sorti ce qui lui restait de voix pour faire chanter la foule, accompagné de sa guitare et d’un complice. Si le piédestal était sous haute surveillance (on s’excuse du dérangement, Madame) c’est avec le sourire que j’ai pu apprécier la poésie au raz les pâquerettes de ce musicien engagé et la ferveur de ses fans dans un lieu, pour une fois, sans risque. Il a enchainé les balades cruelles (Napalm, La joyeuse) et a même fait revenir le soleil avec le clocher en arrière-plan pour qu’on puisse crier des sacres bien senti, en harmonie sur Coat de cuir. À la fois songé et défoulant, mon coup de cœur! (Marie-Laure Tremblay)
Marco et les Torvis
Récipiendaire du prix du public au Cabaret Festif! de la relève, le charismatique groupe Marco et les Torvis nous a raconté de belles histoires à travers ses mélodies folkloriques et ses chansons à répondre entraînantes. Accordéon, contrebasse, cymbales, trompette, saxophone et même une poubelle en guise de percussion se superposaient pour donner un résultat sonore unique, visiblement apprécié par l’assistance.
Nicolas Pellerin et les grands hurleurs, de même que Koriass, nous ont offert quelques pièces à tour de rôle entre les spectacles du haut de l’escalier adjacent à la scène principale. La preuve qu’au Festif!, un temps mort, ça n’existe tout simplement pas. (Marie-Thérèse Traversy)
Les Soeurs Boulay
Quelques gouttes de pluie plus tard, le soleil est revenu en même temps que les frangines sont apparues sur scène pour entamer la nostalgique pièce Les couteaux à beurre. Visitant tantôt le 4488 de l’amour, avec Jus de boussole ou Sonne-décrisse, tantôt Le poids des confettis, avec Cul-de-sac ou Ôte-moi mon linge, les sœurs semblaient ravies de rencontrer l’immense foule du Festif! pour la première fois. « C’est comme une première date ce soir », a lancé Stéphanie.
Après avoir raconté blagues et confidences sans le moindre filtre, les attachantes musiciennes ont ensuite invité la gagnante du Prix du Festif! dans le cadre de «Secondaire en spectacle», Marion Sylvain, à venir interpréter la touchante Mappemonde avec elles. La jeune auteure-compositrice-interprète de Baie St-Paul a d’ailleurs eu l’opportunité de présenter trois compositions originales, seule à la guitare, en début de soirée.
Une reprise dépouillée de Pour que tu m’aimes encore de Céline, nous a un peu mouillé les yeux et touché droit au coeur. Stéphanie et Mélanie ont ensuite demandé aux gens de Baie St-Paul de réaliser leur fantasme : voir quelqu’un faire du bodysurfing pendant leur prestation. Aussitôt demandé, aussitôt exécuté. Les corps se promenaient allégrement sur l’estivale Où la vague se mêle à la grand’ route. Les filles nous ont quittés sur une note festive avec Fais-moi un show de boucane et Langue de bois, pendant que les ballons de plage fusaient de toute part et qu’un arc-en-ciel traversait l’horizon. (MTT)
Half Moon Run
Sans grande surprise, Half Moon Run a fracassé les records de foule de l’histoire du Festif! hier soir. Je dois l’avouer, j’ai vu plusieurs spectacles de la formation indie-rock récemment mais je prends toujours un plaisir fou à les voir se produire sur scène. On sent qu’ils s’abandonnent complètement à la musique et qu’ils vivent le moment présent à fond, en communion totale avec l’assistance. Et hier, ils ont carrément tout déchiré.
Ce matin encore, mes acouphènes sont toujours présents et mes cordes vocales sont sur le bord de tirer leur révérence. Il faut vivre un show aux premières loges pour saisir l’ampleur du phénomène. Qu’on le veuille ou non, on se fait ramasser par le tsunami musical résultant de la fusion des albums Dark Eyes et Sun Leads Me On. Une entrée en scène explosive sur Turn Your Love, une accalmie sur l’enveloppante Unofferable, un moment acoustique pour Devil May Care et une perte de contrôle euphorisante sur Call Me in the Afternoon.
Pour ceux et celles qui ont assisté à la prestation du quatuor au Festival d’été de Québec il y a quelques jours, le pacing était sensiblement le même. Toutefois, Baie-Saint-Paul a eu la chance d’entendre Devon parler un peu plus en français et de le voir d’un peu plus près alors qu’il s’est élancé dans la foule sans crier gare. La chimie entre les musiciens est palpable, sans compter la véritable bromance de Devon et Conner, qui s’appuient l’un sur l’autre lors de leurs solos de guitare déjantés. La dansante Trust, suivie de Full Circle ont mis fin en beauté à cette grande fête dont on s’ennuie déjà. (MTT)
I.D.A.L.G.
Le groupe montréalais punk-garage psychadélique autour duquel existe un engouement ces jours-ci a réussi à remplir la salle de spectacle de gens réceptifs et prêts à recevoir une solide leçon de rock. Les musiciens ont donné le ton à la soirée en interprétant les pièces bien fuzzées de leur album Post Dynastie paru en 2015. Les six musiciens ont imposé une ambiance sonore chargée dans laquelle on avait le goût de s’enfouir. Parfois pop-electro, parfois prog, la musique d’I.D.A.L.G. happe le spectateur au passage et la présence scénique du groupe est éloquente. Le chant inaudible de Yuki Berthiaume avait quelque chose de mystérieux. Un groupe à voir, définitivement. (Valérie Vinet)
Duchess Says
C’est devant un public réchauffé par le spectacle précédent que la chanteuse Annie-Claude Deschênes est apparue dans toute sa théâtralité. Véritable femme alpha, elle connait, comprend et manipule son public à sa guise. D’ailleurs, le regard défiant, elle nous a demandé « Êtes-vous capables d’encaisser ce qu’on vous sert? ». Elle nous avait dans la paume de sa main. Cris stridents, sons électro-punk-rock, la prestation était explosive et on baignait un peu dans le chaos. Plusieurs spectateurs sont montés sur la scène pour danser et pour chanter avec les musiciens. Des assiettes en styromousse ont été projetées dans la foule; le party était pogné. Un concert de Duchess Says est toujours une expérience marquante grâce au déchainement des musiciens et à la belle folie de la chanteuse. (VV)
Koriass
Au début de la nuit, Koriass a transformé le chapiteau en véritable dôme de l’amour. Enveloppés par la chaleur accablante qui envahissait le lieu et portés par les mots sentis du rappeur, les festivaliers ont fait le plein de love. L’ambiance était survoltée sur Zombies, Love Suprême et Petit love. C’était mon baptême et j’ai vraiment adoré l’énergie de Koriass sur scène et sa très forte connexion avec le public. Il donne beaucoup à ses fans : les abreuve à même sa gourde, leur fait des high-five et leur chante dans le blanc des yeux.
Les pièces incluant des échantillonnages de chansons des Sœurs Boulay et des Cowboys Fringants, Blacklights et Supernova respectivement, ont vraiment plu à la foule qui chantait les paroles et fredonnait les mélodies en cœur. Avec son complice Bobby One à ses côtés, Koriass a également puisé dans son répertoire plus ancien, notamment avec la pièce Enfant de l’asphalte. « À GO, on vire sul’ top ! », a-t-il ordonné pendant qu’un mosh pit prenait forme au milieu de la place. Une perfo électrisante et chaleureuse à la fois, un moment rassembleur comme on les aime.
À la sortie du chapiteau, vers les deux heures du matin, un duel endiablé de fanfares prenait place dans le stationnement de l’église. J’en suis venue à la conclusion que Baie-Saint-Paul never sleeps. (MTT)