En attendant le lancement de son album intitulé Santa Barbara le 20 octobre prochain (à la salle Multi de Méduse), Gab Paquet nous offre la pièce titre de l’album en vidéoclip. À quoi vous attendez-vous?
La formation montréalaise Groenland faisait son grand retour à Québec dans un Impérial Bell bondé de fans venus découvrir le deuxième album du groupe, A Wider Space.
Le groupe jouit d’un buzz immense dans la vieille capitale comme en font foi la succession de prestations à guichets fermés au cours des deux dernières années. La pop lumineuse et orchestrale trouve un écho dans la capitale du metal et c’est bien ainsi.
C’est donc avec un enthousiasme certain que le public a accueilli Sabrina Halde, Jean-Vivier Lévesque et leurs complices alors que ceux-ci se lançaient dans une Times of Survival déjà riche en arrangements magnifiques (et en pads électroniques). Sabrina, occupe la majeure partie du centre de la scène, Jean-Vivier est (seul, pour le moment) à sa droite, Jonathan trône à l’arrière de sa batterie pendant que Simon (le bassiste), Marianne (Bertrand, la violoncelliste) et Ariane (la violoniste) se laissent bercer au son de la douce musique qu’ils jouent eux-mêmes. Ajoutons à cela une gang de gars et leurs instruments à vent (les brass, dixit Sabrina), et nous avons là de quoi donner quelques orgasmes musicaux à nos tympans.
Pendant plus d’une heure, c’est un Groenland en symbiose avec les fans, du moins ceux qui écoutent (on y reviendra), qui s’exécute. Bien sûr, Sabrina, sa voix soul et le groupe nous ont servi une bonne assiettée de A Wider Space, qui fut accueilli bien gentiment par le public, mais pas autant que les pièces de l’album précédent, The Chase, qui a fait connaître le groupe. Oh que les fans se sont déchaînés sur ces magnifiques envolées orchestrales!
Déjà fort émotive lors du spectacle de lancement de la veille, Sabrina a encore eu du mal à terminer ses remerciements sans sanglotter. On sent même sur scène que cet album a été difficile à livrer et que le fait de se retrouver là, à chanter et à jouer de la musique devant nous, relevait des réalisations titanesques!
On pardonnera les (rares) erreurs de parcours du groupe sur scène et on a bien hâte de revoir Groenland dans une version rodée au quart de tour du même spectacle.
Le Couleur
Juste avant Groenland, Le Couleur est venu proposer sa pop électro qui nous replonge droit dans les années 1980, orgie de cloche à vache inclus (vous savez combien j’aime ça, moi, le cowbell, il devrait y avoir du cowbell pour toutes les occasions). Laurence Giroux-Do vient à peine d’accoucher et nous avertit, le groupe risque d’être un peu rouillé.
Si le groupe était rouillé, ça ne paraissait pas du tout! Faut dire que le groupe a joué safe en présentant surtout des chansons connues (pourtant, un nouvel album s’en vient) qui nous ont fait danser sans lendemain. Surtout, la musique dansante du groupe est parvenue à enterrer le bruit désagréable des conversations qu’on entendait à tout coup (on y reviendra). Le Couleur sera au Cercle le 24 octobre prochain. À ne pas manquer!
Anatole
Pour son dernier show avant son retour dans la nouvelle L.A., Anatole s’est fait plaisir avec ses visions (au tour de Groenland d’être transcendé… bienvenue dans le club – dont j’ai l’honneur de faire partie!) et il a tout donné dans une prestation de près de 45 minutes qui a bien sûr plu aux fans tout en frappant un mur d’incompréhension et de malaise chez les gens qui n’avaient jamais vu ce personnage théâtral.
Toujours dans son costume de squelette, Alexandre nous a fait ses chorégraphies habituelles : la coup de la cigarette sur scène (« Hein! Il fume! »), du mort sur scène (« Pourquoi il reste couché là pendant que le band joue! »), du changement de costume pendant Le grand sommeil (grimpé dans une des alcôves), de la coke (« hein, des sachets de poudre pis il sniffe! ») et des pieds nus (« Hein! C’est dangereux! »). Enfin, tout le monde s’est tu et s’est mis à danser pendant Discollins parce que cette pièce est tout simplement irrésistible.
Anatole est reparti dans ses terres après avoir évangélisé Québec. On soupçonne qu’il n’aime pas Mauves, qui revient à Québec avec un album intitulé… Coco. #Poud, quelqu’un?
VOS GUEULES!
Je sais, la foule qui parle pendant les premières parties, c’est pas nouveau. Mais vendredi dernier, on entendait énormément de gens parler PENDANT le spectacle de Groenland. C’était désagréable d’un bout à l’autre de la salle (j’avais des amis à l’avant, j’étais sur le balcon quand je ne prenais pas mes photos). Est-ce qu’on doit encore rappeler aux gens que s’ils ont payé pour le droit d’être là, leurs voisins aussi? C’est une question de respect le plus élémentaire.
« Hey ! C’est quoi le band qui jouait à soir ? Ça Valaire bon ! »
– « Ouais, ça Valair’ vraiment le détour ! »
Savoureux calembours à part, il s’agirait d’un euphémisme que de dire que Valaire a cassé la baraque mercredi soir à l’Anti.
À dire vrai, et pour solidement parler à travers mon chapeau, jamais samedi soir à St-Roch n’aura été si funky !
Parlons-en, d’ailleurs, de ce nouveau son funk steviewonderojamesbrownesque :
D’aucun aurait pût s’inquiéter de ce que la performance scénique de Valaire se vit affectée par un changement de registre musical aussi senti.
Et bien, monsieur D’aucun se serait alors fourvoyé ! Les gars de Valaire, de déjà très réputées bêtes de scène, n’ont jamais eu l’air si heureux de faire guincher les demoiseaux-selles. Il faut dire que la présence du monumental Alan Prater n’aura en rien aidé à calmer le jeu !
Est-ce l’été passé auprès des très magnifiques circassiens de Flip Fabrique qui aura pourvu Valaire de cette fougue toute funky ? Sont-ce les charmes et les effluves de St-Roch qui auront poussé la troupe valairienne à s’abandonner ainsi aux démons de la danse, du rythme et de la soul ? Dieu et James Brown seuls le savent !
Dans tous les cas, tout le monde, tant les mordus qui, comme moi, n’ont pas encore décroché de Golden Bombay que les Gargouilles de l’Église St-Roch (?!) se seront fait prendre à se déhancher, faire le pogo-stick et le Oubopopop en cette exaltante soirée passée à partager sa sueur.
Kahli Abdu aura mené les préliminaires d’une main habile avec sa musique électro/hip-hop aux accents soul. On aurait pût souhaiter une première partie plus entraînante, mais enfin, il fallait bien nous garder en haleine pour les maîtres de soirée.
Le Cercle s’est graduellement rempli hier soir à l’occasion du lancement de Textures, le tout dernier disque de Fjord. Les spectateurs, regroupés autour des tables à l’arrière de la salle, discutaient calmement en attendant l’arrivée sur scène du premier groupe.
C’est aux alentours de 21h que les premières notes et vibrations de la musique de Floes résonnèrent dans la salle. Attention, ne vous mélangez pas : Floes était bien la première partie de Fjord ce soir-là. Tout comme leur nom, la musique de ces deux groupes s’amalgamait très bien, comme on a pu le constater hier. En effet, Floes propose un électro-pop planant accompagné d’effets, de mélodies et de solos à la guitare. Ce trio, qu’on avait aussi pu entendre au Show de la rentrée, a livré une belle performance au Cercle, le chanteur se montrant particulièrement agile dans les aigües ce soir-là. Autre fait notable : le son était très réussi, ce qui a grandement contribué à immerger les spectateurs dans le monde musical du groupe. En terminant, cette prestation a permis de découvrir un Floes plus intense, plus groundé qu’avant.
Après une bonne pause entre les deux groupes, aux alentours de 22h15, Fjord a fait son entrée sur scène. La salle s’était pas mal remplie à ce point de la soirée, accueillant au grand minimum une centaine de personnes. Les deux musiciens habituels du groupe étaient accompagnés à la guitare, au clavier et à la voix par Antoine Angers, qui joue habituellement dans un autre groupe avec le chanteur de Floes (pouvez-vous deviner lequel ?).
La musique de Fjord, comme je l’ai dit tout à l’heure, avait bien été introduite par celle de Floes : ils nous ont présenté un électro-pop aux accents un peu plus soul sur lequel les voix en harmonie du chanteur et d’Antoine Angers ajoutaient des couleurs indie-folk. Quelques samples donnaient au tout des touches planantes et introspectives. La performance du groupe a fait plaisir au public, qui les écoutaient attentivement en hochant de la tête, voire en dansant un peu. Fjord a enfilé les pièces de leur nouvel album, pour un set d’un total de 30 minutes. On peut souligner leur enthousiasme ainsi que les extraits vidéos projetés à l’arrière-scène qui venaient accompagner leur musique et nous aider à nous perdre dedans.
Le 14 septembre dernier, la formation de Québec PopLéon foulait les planches du District Saint-Joseph dans le cadre des ApérosFEQ. Rappelons que 32 artistes/groupes s’affrontent pour avoir la chance de jouer au Festival d’été de Québec.
La formation, composée de Tommy Bureau, Sarahjane Johnston, Pier-Philippe Thériault et Simon Tam, propose une musique électronique lourde, langoureuse, capable autant de nous faire danser sans penser à rien que de nous faire pleurer. Le son était d’ailleurs beaucoup plus fort que de coutume dans cette petite salle, question de bien nous envelopper dans cet univers très particulier à Québec.
Si les chansons du dernier EP Insomniaq sont beaucoup plus des pièces d’ambiance (elles ont été composées pour une pièce de théâtre, après tout), le reste du matériel, lui, nous emmène dans un univers où tout est permis, des hooks très pop aux sonorités qui s’approchent de l’industriel. C’est peut-être un peu difficile à l’apéro, mais croyez-moi, quand nos amis de PopLéon groovent tard, ça danse pas à peu près autour. D’ailleurs, certains spectateurs ne se sont pas gênés et sont allés faire quelques pas devant le groupe. Un peu plus, pis ils lançaient un moshpit! On les comprend, votre serviteur avait lui-même envie d’aller danser!
Toujours un plaisir que d’entendre ce groupe qui n’a pas d’égal dans notre grosse bourgade!
Les ApérosFEQ se poursuivent ce mercredi avec Sébastien Lacombe, qui en profitera pour nous présenter son album Nous serons des milliers. Rendez-vous à 17 h 30!
Les amateurs de musique folk auront un festin auditif à offrir à leurs tympans ce jeudi 22 septembre au Cercle. Cette Folk Night accueillera pas moins de sept artistes/groupes tout au long de la soirée : Scarlett Jane, Timothy Luke Dawson, Val Thomas, Josué Beaucage, Jérôme Saint-Kant, Alex Fortin et Cold Folks ont été confirmés!
Les portes ouvrent à 19 heures, les prestations commencent dès 20 heures! Les billets sont 12 $ en prévente et 15 $ à la porte.
TIRAGE : Arté Boréal nous a offert une paire de billets à faire tirer parmi nos lecteurs. Pour participer, rendez-vous sur notre page Facebook!
Septembre vient de se jeter sur Québec comme une chouette sur de pauvres souris frileuses. C’est donc avec nos petites laines qu’on descend se réchauffer dans les entrailles du Cercle pour une soirée très prog. La scène est saturée de synthés, guitares jolies et fils qui s’enlacent et courent sous les deux drums et les amplis de bass. On a un peu peur pour les chevilles des musiciens. Mais, surtout, on a hâte de se laisser emporter.
Les gars de Heaume s’installent avec une nonchalance, une modestie qui laissera toute la place à leur musique. On a droit à des compositions hautement atmosphériques, et même méditatives, lentes comme une lampe à lave. Ils nous invitent dans leur cocon amical, ambiance ficelée de loop électro doux et hypnotisant. Je me sens un peu comme un papillon qui fixe une ampoule électrique.
Pony Girl nous embarque ensuite dans un autre genre d’épopée. La prédominance de la voix du chanteur en duo parfois avec la claviériste donne un son très pop à une instrumentalité qui fait plutôt dans le progressif. Le drum bien rythmé fait shaker de la tête et je vois mes co-spectateurs qui se laissent entraîner eux-aussi. Je me cale confortablement contre la colonne centrale et fixe des yeux le bâton rouge lumineux planté au centre du groupe comme un totem électrique, les oreilles grandes ouvertes. La guitare tricote des mélodies qui accompagnent bien la voix aérienne de Pascal Huot, le chanteur. D’ailleurs, venant de sa part, j’ai apprécié le moment où il s’est éloigné de la scène et est venu rejoindre les spectateurs pour que notre attention se dirige naturellement vers le reste du groupe. Pendant un très beau trois minutes il a laissé ses musiciens improviser dans toute la liberté de leurs instruments. J’ai fondu pour la clarinette de Yolande Laroche, un très bel ajout acoustique à un univers farouchement électro. La performance de Pony Girl s’est terminé dans une enlevante montée dramatique, drum tribal et sauts de puce. On leur souhaite une belle tournée canadienne.
Vous souvenez-vous des Martyrs de Marde et de leur fuckayage bizzaro-grunge ? Le Charme est en fait le frère le plus en santé de la portée et ce sont eux qui ont l’honneur de terminer cette soirée. Ils ouvrent en atmosphérique pour nous apprivoiser, introduisant de lentes montées d’adrénalines qui retombent aussitôt, agaces. Ils aguichent le public comme un amant un peu tannant… puis nous voilà récompensés de notre patience alors qu’ils attaquent Rêve de feu pour les jeunes humiliés, piste tirée de leur prochain album Fitzcarraldo. Coup de coeur assuré pour ce titre très intense, entrecoupé d’accalmies trompeuses bordées de doux picking et d’un refrain un peu venimeux dont les paroles restent en tête. Leur musique est assurément solide.. Ça donne envie de s’asseoir sur leur immense ampli de bass et de se laisser habiter par les vibrations. Plaisir garanti ou argent remis.
Plus mélancolique que Pony Girl, on apprécie quand même les compositions qui ont sacrément du punch malgré des textes sombres. Après avoir revisité des chansons de leurs sorties de 2012, ils complètent leur set-list avec la pièce titre de leur album à paraître. Je réserve ma soirée pour leur lancement.
PS : Un petit oiseau me dit que Jacques aurait eu un orgasme.
Le Charme fera la première partie de Yonatan Gat le cinq octobre à l’Anti. Une date à retenir pour tous les amoureux de psycho-prog.
Vendredi dernier, Getaroom.ca et Première Ovation présentaient le tout premier Punkrock BBQ au Hangar de Québec mettant en vedette le groupe suédois Millencolin, Such Gold et plusieurs autres formations locales. L’ambiance était à son maximum ; c’est mission accomplie pour les organisateurs.
5 à 7
Pour bien commencer le week-end, je me suis rendue au Hangar vers 17 h afin d’assister aux prestations extérieures des groupes locaux Alie Sin et Lost Love.
Vers 17 h 30, Alie Sin est débarqué avec son folk-punk, prêt à mettre de l’ambiance à cette première prestation de la soirée. Le groupe a su me charmer avec leur chanson en français, mais surtout avec la maîtrise de leurs instruments. Originaire de Québec, le band a même écrit une chanson en l’honneur du fameux bar Le Dauphin, un bar assez trash situé dans le quartier Saint-Roch. J’ai été amusée d’entendre cette dernière. Bref, la formule acoustique était excellente.
Les gars de Lost Love ont à leur tour offert une prestation punk rock à la hauteur de mes attentes ; un punk rock rapide qui cadre absolument avec mes goûts. Ils sont d’ailleurs en nomination dans la catégorie « Meilleur album punk 2016 » avec leur album Comfortable Scars au GAMIQ, le Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec. Le groupe a une belle aisance sur scène. Il a bien réchauffé la foule avant le spectacle principal ; j’étais prête à faire le party !
Spectacle principal
Vers 19 h 00, le groupe Portland!, originaire de Québec, est monté sur scène. Avec leur pop-punk, Portland! a su assurer la première partie de la soirée avec brio. La plupart des musiciens semblaient assez concentrés sur leurs instruments. Quelquefois, j’avais l’impression que les instruments enterraient complètement le vocal, l’une des guitares et même les backvocals. Néanmoins, j’ai pu constater la maturité de leur projet. On a même pu entendre quelques chansons avec du scream vocal, une influence, voire une ressemblance au groupe A Day to Remember. Malgré quelques pépins avec le son, Portland! a su offrir une belle performance.
Ensuite, Our Darkest Days a fait vibrer le Hangar avec son punk rock. Dès les premières notes, on pouvait remarquer que les musiciens étaient assez expérimentés. Le chanteur avait de bonnes interactions avec la foule. C’était le premier spectacle pour leur nouveau guitariste John. Il était par ailleurs assez en confiance tout au long du spectacle.
Such Gold en a mis plein la vue avec son punk hardcore mélodique. Les musiciens sont des bêtes de scène. On peut d’ailleurs le constater avec leur prestance et leur aisance sur scène. Présentement en tournée nord-américaine, le groupe a su livrer la marchandise.
Tête d’affiche la soirée, Millencolin a su effectuer son mandat à la perfection. Admiratrice de ce groupe depuis mon adolescence, j’ai été plutôt satisfaite du setlist. Par contre, j’aurais aimé entendre plus de chansons des albums Pennybrige Pionners et Life on a plant. J’ai été particulièrement nostalgique pendant la dernière chanson jouée : No Cigar. Évidemment, comme dans tous les spectacles punk rock, le slam était au rendez-vous. Mon cœur d’adolescente s’est même laissé tenter !
After-show
Les prestations acoustiques des groupes Hitch & Go et The Hunters m’ont complètement charmée. Les gars de Hitch & Go ont interprété plusieurs covers tels que My friends over you de New Found Glory. Quant à The Hunters, les musiciens m’ont encore une fois épatée avec leur talent à couper le souffle.
Bilan
Les gens ont répondu positivement à l’événement. Pendant le 5 à 7, on pouvait remarquer la popularité du BBQ avec une longue file à chacun des kiosques (Le Boucan et BBQ Québec & Friends). J’ai été impressionnée par la qualité des différentes grillades offertes et par les options végétaliennes. Excellente idée de la part de l’organisation d’y intégrer ces différents choix.
J’ai été complètement vendue par le concept de l’événement. J’ai absolument tout aimé : le 5 à 7, le spectacle principal et l’after-show acoustique. Mission réussie pour la première édition du Punkrock BBQ ! Ce fut un succès.
Pour les plus vieux, vous allez sans doute reconnaître dans le titre de la tournée une référence à l’Osstidcho. Pour les plus jeunes, ce qu’il faut savoir c’est que, comme en 1968, ça va être la folie entre amis sur scène, et dans le public on pourra chanter haut et fort les textes de nos poètes d’aujourd’hui !
Dernière journée de la première présentation de Saint-Roch Expérience, le nouveau bébé de 3E, la filiale du Festival d’été de Québec. S’il faisait un temps magnifique en après-midi, ce qui était parfait pour la portion Cuisinez Saint-Roch du festival, la pluie s’est malheureusement manifestée en fin d’après-midi, ce qui a quelque peu vidé le centre-ville. Les artistes n’ont pas semblés trop affectés par la pluie (sauf Perreau, qui a profité de sa balance de son pour jouer les stand-up comics devant la vingtaine de guerriers qui attendaient sa prestation… avec Yann, un citron, ça sert à faire de la limonade). Ouf!
Jacques Boivin – Anthony Roussel, Loïc April et La Bronze
L’après-midi a commencé avec Anthony Roussel, auteur-compositeur-interprète originaire de Québec. Accompagné, entre autres, d’Antoine Lachance (On a créé UN MONSTRE), le jeune chansonnier a su plaire au parterre avec ses morceaux qui, même s’ils ne brillent pas par leur originalité, sont finement taillés. La voix un brin rauque de Roussel plaisait bien à ce parterre principalement constitué… d’enfants qui dansaient joyeusement pendant que les parents regardaient la scène derrière, un grand sourire aux lèvres.
Après une pause de près d’une heure (c’est un peu long, les amis, va falloir travailler là-dessus pour l’an prochain), Loïc April apparaît sur la grande scène avec ses musiciens. L’indie rock teinté de shoegaze rappelle parfois Bernhari (sans la surdose de reverb qui caractérise parfois le genre) et il est livré avec une énergie qui a tôt fait de ramener les tout petits sur la « piste de danse ». Prime de 20 points pour avoir sorti Pedro the Lion (que je n’avais pas entendu depuis des années) des boules à mites.
Après une brève interruption (qui nous a fait manquer nos chevelus Mauves) afin d’animer notre émission de radio, nous retournons à la grande scène, cette fois sous la pluie. Nadia Essadiqi, que les mélomanes connaissent mieux sous le nom La Bronze, termine son soundcheck. Votre pas très humble serviteur est un brin nerveux : est-ce qu’il sera seul pour cette prestation? Eh ben non! Dès les premières notes, alors que Nadia tapoche joyeusement sur ses tambours, les gens répondent à l’appel! Bien sûr, il n’y a pas foule, mais dans les circonstances, une cinquantaine de sourires (tous visibles), ça remplace mille personnes indifférentes qui attendent la tête d’affiche, n’est-ce pas?
Comme toujours, La Bronze respire la joie de vivre (avec son chandail Montreal Beach) et même lorsque ses chansons sont un peu plus tristes, son interprétation demeure lumineuse comme un gros câlin. En fait, Nadia, c’est ça. Du rythme, des mélodies uniques, et une attitude « gros câlin » qui détonne.
Marie-Thérèse Traversy – Aliocha et Yann Perreau
Aliocha
Ayant véritablement apprécié le EP de ce nouveau venu dans l’industrie musicale, j’étais curieuse d’entendre les versions live de ses compositions. Verdict : Aliocha a offert une courte prestation fort convaincante, sa première à Québec, devant un public plutôt réceptif à sa proposition artistique.
C’est avec la pièce Into the Wild qu’il nous a fait entrer dans son univers aux mélodies folk-rock-vintage résolument accrocheuses, où l’influence de Dylan est indéniable. Il y a, dans la voix d’Aliocha, de légers chevrotements qui rendent son timbre tout à fait charmant et distinctif. Accompagné de ses trois musiciens (dont son frère Volodia à la batterie), l’artiste a également interprété la pièce-titre, Sorry Eyes, qui délie instantanément les corps, avant de dédier la nostalgique Sarah à un de ses amis, présent dans la salle, pour souligner son anniversaire.
En fin de parcours, le multi-instrumentiste s’est installé aux claviers puis, s’est présenté pour la première fois de la soirée. «Je m’appelle Aliocha. J’ai pris pour acquis que vous le saviez. C’est certain que personne ne le sait, c’est mon premier EP!», a-t-il lancé avec modestie avant de pianoter sur Let Me Laugh, en solitaire sur scène. C’est en interprétant cette brève composition que le talent d’acteur d’Aliocha refait particulièrement surface, alors qu’il vit pleinement l’émotion rattachée à chacune des lignes.
Bref, je n’ai pas entendu un acteur wannabe chanteur. Le potentiel est réel et j’ai bien hâte de voir comment l’expérience fera évoluer ce jeune talent prometteur.
Si vous voulez en apprendre plus sur Aliocha, je me suis entretenue avec lui dans les studios de CKRL 89.1, tout juste avant son concert. L’entrevue est disponible ici (sur notre balado!) vers 1 : 07 : 00.
Yann Perreau
Plutôt que de poursuivre la soirée au sec dans le confortable District, j’ai décidé de braver la pluie pour me diriger vers la scène extérieure, rue St-Joseph. Parce que Perreau ne déçoit jamais et que chacun de ses concerts apporte son lot de folie et de moments imprévisibles.
De quelques courageux éparpillés, nous sommes vite passés à un rassemblement assez dense. Sous les gouttes d’eau fuyant du ciel, la bête de scène s’est promenée allègrement parmi son répertoire tantôt dansant, tantôt touchant, en visitant notamment les albums Un serpent sous les fleurs et Le Fantastique des astres.
Voici quelques trucs que vous avez manqués si vous n’y étiez pas :
«Mary Poppins» Perreau (pour reprendre la comparaison de Jacques)
Yann, agenouillé, qui hurle tel un animal sur Mon amour est un loup.
Une spectatrice, complètement investie, qui lui répond en hurlant de plus belle.
Un moment de tendresse entre Yann et le gars de la sécurité, alors que le chanteur lui susurrait les «c’est si bon» de Faut pas se fier aux apparences à l’oreille, tout en lui caressant la poitrine.
La détresse dans le regard du gars de la sécurité.
Des gens complètement trempés, mais clairement heureux.
Olivier Provencher Saint-Pierre – Blind Guardian
Ça faisait depuis 2010 que Blind Guardian n’avait pas joué dans la Vieille Capitale. Le groupe allemand, contrairement à quelques autres groupes de chasseurs de dragons (tousse, tousse, Sonata Arctica, tousse, tousse), ont clairement su créer la rareté auprès des fans de Québec, en témoignait le théâtre Impérial plein à son maximum (voire plus !). Avec un répertoire majoritairement tiré de l’album Imaginations from the other side, le groupe a sans doute ravi les fans les plus aguerris. Hansi Kürsh, tout en voix, a livré une performance absolument impeccable qui n’avait rien à envier à ses plus jeunes années. Un spectacle plus que généreux de la part de Blind Guardian, offert à un public conquis d’avance. Si vous étiez parmi les rares absents, vous avez sans doute raté l’événement – ou devrais-je dire « l’expérience » ? – métal de l’année à Québec.
Simon Belley – Mark Clennon et ABAKOS
La voix de Yann Perreau en écho, je m’engouffre dans un Anti tristement vide (on pouvais compter les gens présent sur nos deux mains, hormis le staff) pour le spectacle d’Abakos, projet de Pierre Kwenders et Ngabonziza Kiroko, de Dear Denizen. Mark Clennon, chanteur torontois (selon son SoundCloud, mais ajoutons qu’il a grandi en Jamaïque) assurait la première partie du duo en ce samedi 17 septembre pluvieux qui se prêtait à l’ambiance musicale offerte par les artistes pour la dernière soirée de St-Roch Expérience.
En effet, Mark Clennon flirte avec le R&B mélancolique et des rythmes électroniques très rythmées et dansants, par moment. D’emblée, les premières notes poussées m’ont rapidement fait penser à The Weeknd, circa House of Balloons. Une voix qui se module sans efforts aux divers rythmes réalisés par Joey Sherrett du trio rap montréalais The Posterz (quelque chose que j’ai appris au fil de mes recherches) et qui est toujours en émotion. J’ai senti tout au long de sa prestation que, vocalement, nous n’avons touché que la pointe de l’iceberg. Une belle découverte qui cadre parfaitement avec l’ambiance générale (déjà suggérée par la présence d’Abakos) de cette soirée. Malgré une minuscule foule, Mark Clennon n’as pas semblé trop affecté et restait énergique, prenant le tout avec légèreté et sourire. Une vibe qui sera présente au cours de toute la soirée, rendant le tout agréable malgré tout.
La pièce de résistance : Abakos. Le duo, vêtu d’habit de pilote (militaire là, pas pilote commercial), nous offre un crescendo qui culmine avec « New Constellation ». Empruntant les mêmes influences que Clennon et en y ajoutant une pincé de SBTRKT, on obtient un cocktail efficace qui allie le visuel et l’auditif. Le duo en est à son quatrième concert (ou cinquième, même pour eux cela ne semblais pas clair!) et il précise lentement les paramètres de leur performance. D’ailleurs, mention spéciale à leur musicien, dont le nom ne me semblait pas très clair mais qui, en l’espace de quelques secondes, passait de son drum machine à son looper, tout en scratchant au besoin. Il jouait aussi de la guitare, ainsi que du clavier. Bref, un homme aux multiples talents. Une des forces d’Abakos (et de Kwenders, par le fait même) est que le duo flirte facilement avec les genres, sans pour autant perdre l’essence véritable du projet, c’est pour ça que les catégoriser devient un peu futile puisqu’ils jouent sur plusieurs plateaux : parfois planants, parfois dansants, quelque fois mélancoliques, souvent optimistes. Kiroko et Kwenders, comme leur prédécesseur, semblaient apprécier leur soirée malgré la foule, se permettant quelques blagues au passage afin de conserver la légèreté ambiante.
Bref, une soirée qui était sous le signe de la découverte, personnellement. En effet, j’avais omis toute recherche sur les artistes avant de me pointer, histoire d’être déstabilisé. Un état d’esprit adéquat pour ce genre de soirée intimiste par la force des choses. Triste pour les artistes qui, par contre, ne peuvent que ressortir grandis de cette expérience (j’ose espérer).
Mot de la fin
Voilà, notre couverture de la première édition de Saint-Roch Expérience se termine ainsi. On a pu voir une vingtaine d’artistes, pour la plupart émergents, dans de nombreux styles musicaux. Si la participation n’a pas toujours été parfaite (effet de nouveauté? proximité avec Envol et Macadam?), la qualité des spectacles, elle, était très haute.
Louis Bellavance a affirmé aux médias qu’il envisageait d’ajouter des scènes extérieures (payantes) dès l’an prochain et de devenir un mini FEQ. Il faudra toutefois faire attention. Il a beau faire beaucoup plus chaud en septembre que dans mon jeune temps, les soirées sont de plus en plus fraîches et la pluie est beaucoup plus désagréable qu’en juillet. On n’a qu’à penser aux Francofolies qui ont lieu en juin, alors que l’été ne s’est pas encore tout à fait installé : lorsque le temps est maussade, les assistances sont catastrophiques.
Néanmoins, on a adoré notre première expérience. Ce festival est taillé sur mesure pour des mélomanes affamés comme nous et nous a fait courir d’une salle à l’autre toute la fin de semaine. Parions que vous ferez de même dès l’an prochain.