Vendredi dernier, la Shop du Trou du diable nous a submergé dans une ambiance typiquement blues en accueillant They Call Me Rico en première partie des Deuxluxes. Seul avec sa guitare et son bassdrum, They Call Me Rico nous a fait une performance qui valait beaucoup plus qu’une simple première partie. Il a su rendre le blues traditionnel plus festif avec des pièces rythmées qui ont donné un effet de fébrilité sur la foule dès le début de sa prestation.
Tout de même, il a abordé des thèmes relatifs à ses influences, comme les séparations, dans son propre univers musical et avec une belle énergie de scène. En effet, on ressentait honnêteté et sincérité à travers sa musique, qu’il nous livrait avec passion, les yeux fermés et le sourire aux lèvres. La participation du public semblait être très importante pour lui lorsqu’il s’avançait sur les devants de la scène pour le faire chanter davantage, public qui semblait connaître les paroles à quelques reprises. Par moment, il a quitté ses créations blues pour nous plonger dans quelque chose de plus country par la présence de son acolyte au lap steel. C’est avec une reprise adaptée à sa personnalité du classique de Led Zeppelin Whole Lotta Love qu’il a laissé la place aux Deuxluxes.
Étonnamment, je m’attendais à ce que le duo arrive sur scène avec un grand dynamisme et leur couleur rock ’n’ roll, mais ils ont commencé le spectacle modérément avec Bomb of Time. À mon avis, c’est une pièce qui met très bien en valeur la voix aux influences blues d’Anna Frances Meyer. « On va se gâter et vous livrez du vrai rock ’n’ roll », a-t-elle mentionné avant de se laisser déchaîner avec Queen of Them All, le deuxième extrait de leur premier album Springtime Devil. Ça n’a pas pris de temps qu’elle s’est mise à l’aise en faisant preuve de lascivité. La température a monté assez rapidement dans la salle et la foule dansait autant sur leurs nouvelles pièces que sur celles qui se retrouvent sur leur premier EP, Traitement Deuxluxes, dont The Name of Love et On The Road, avec lesquelles ils ont enchaîné.
Bien qu’il se sont baladés entre leur nouvel album et leur EP, ils nous ont choyés avec une exclusivité francophone. C’est le genre d’initiative que je respecte beaucoup pour un groupe québécois, mais qui, à mon avis, ne se concilie pas très bien avec le style rockabilly des Deuxluxes.
Ils ont dédié la chanson I’m in love à la fameuse équipe de la Shop du Trou du diable durant laquelle la salle était particulièrement présente : « Je pense que la cabane va exploser, en 300 shows, j’ai jamais eu un I’m In Love aussi fort. »
Ils ont terminé avec So long, Farewell et leur chanson titre Springtime Devil avec une folle énergie qui donnait envie d’en entendre encore plus. Leurs deux chansons en rappel faisaient honneur au duo avec des pièces qui les rendaient plus que complices, comme Tunnel of Love, une chanson qui dégage une sensualité à travers ses mélodies. Ils se sont rapprochés l’un et l’autre pour finir avec une reprise de Johnny Cash et June Carter, Long Legged Guitar Pickin’ Man, qu’ils ont teinté de leurs couleurs.
Les Deuxluxes continuent d’être en tournée un peu partout au Québec; suivez-les sur Facebook pour connaître leur prochain passage en Mauricie. Voici les photos de la soirée prises par notre photographe Adrien Le Toux.
Si la programmation mélangeait des styles qui cohabitent rarement, les groupes ont néanmoins su captiver le public chacun à leur façon, nous faisant passer par toute la gamme des émotions en ce 10 mars dernier, au Cercle. Compte rendu d’une soirée où introspection et extraversion se sont côtoyés le temps d’un spectacle.
Medora
Un peu plus d’un an après avoir lancé Les Arômes dans la même salle, Medora revenait en force hier soir en nous présentant une panoplie de nouvelles créations prometteuses. Si le groupe avait pris une certaine tangente avec leur dernier maxi, on ne pouvait que constater hier soir à quel point ils l’avaient approfondie depuis. Maniant toujours lourdeur et légèreté avec leur rock planant, les musiciens ont su explorer davantage les sonorités psychédéliques et pousser plus loin la progressivité de leurs pièces. On découvrait parfois au détour quelques relents de blues, comme dans Mira. Le chanteur impressionne toujours par sa voix qui prend des allures fantomatiques lorsqu’elle est propulsée dans les aiguës. Pour le plaisir des admirateurs, le groupe a aussi joué Nature et a terminé avec Permanence.
Bien que Dear Criminals se distingue fortement des deux autres groupes sur le plan du style, leur musique n’en fût pas moins appréciée par le public, auquel ils surent imposer le silence. Dès les premières notes de Song for Elisabeth, le groupe semblait nous inviter à plonger dans leur monde. Composé de trois musiciens, Dear Criminals est comme une créature à trois cerveaux et deux têtes qui chantent, celles de Frannie Holder et de Charles Lavoie. Cet incomparable duo de voix qui s’entrelacent, qui semblent tantôt se faire l’amour et tantôt s’engueuler en musique au son de l’électro qui sort du bout des doigts de Vincent Legault et des deux autres, c’est tout ce que ça prend pour nous submerger entièrement. Le dosage parfait de noirceur et de lumière, d’espoir et de solitude.
Tout comme Medora, Dear Criminals a profité de son passage à Québec pour présenter quelques nouvelles pièces dont Nelly, tirée de leur dernier maxi, et Playground, qui n’avait encore jamais été jouée en live. Le public écoutait bouche bée (parfois les yeux fermés) et applaudissait chaleureusement entre chaque pièce. Et ils n’étaient pas les seuls à être contents d’être là : le groupe montréalais a signifié à plusieurs reprises son admiration pour la crowd de Québec, se disant qu’ils devraient jouer plus souvent ici (oui, revenez nous voir !).
Leur performance s’est terminée au milieu du parterre, une guitare acoustique entre les mains et leurs voix douces invoquant le silence une fois de plus. On pouvait entendre les gars du prochain groupe préparer leur gear sur scène et le boum boum du sous-sol. Les spectateurs massés en cercle autour des artistes s’échangeaient des sourires. Puis quand ça a pris fin, on a laissé la magie s’étioler lentement et on s’est préparés pour Mauves.
Mauves
Mauves, c’était toute une autre vibe. Non moins impressionnants que le groupe précédent, les quatre musiciens ont déclenché une avalanche de rock dans le Cercle dès leur arrivée sur scène. C’étaient alors Alexandre Martel et Julien Déry qui se passaient la balle au chant et à la guitare, les deux se complétant assez bien dans le planant et le savoureux. Le résultat global était percutant et envoûtant à sa façon : on ne pouvait s’empêcher de bouger et d’attraper l’enthousiasme des cinq bêtes de scènes qui se déhanchaient devant nous (le batteur, le bassiste, les deux autres et le Cocobra perché au-dessus de tous).
Le groupe a principalement pigé dans Le faux du soir et dans Coco, son dernier album, pour construire leur set. Ça donnait un résultat très diversifié, étant donné que chacun de leurs opus a une nuance particulière de Mauves. Le rock psychédélique et planant du premier était contrebalancé par le rock plus bluesy et catchy du second, que je découvrais pour la première fois en live. Les pièces comme Longtemps ou encore XXIe avaient d’ailleurs cette particularité de commencer en toute simplicité, puis de construire autour de leur noyau plus pop un gros build-up d’intensité pour finir dans une apothéose musicale.
Le public – qui tantôt écoutait Dear Criminals en se tenant presque immobile – s’est progressivement dégourdi, dégêné et la soirée s’est finie avec un gros mosh pit enthousiaste sur Cléo, tandis qu’un des guitaristes se mêlait à la foule en délire.
Suuns, l’un des groupes les plus pertinents de la scène montréalaise, était de retour en ville moins d’un an après leur dernière apparition aux Nuits Psychédéliques. Cette fois, le concert se déroulait au Cercle, une salle parfaite pour des groupes qui présentent une musique énigmatique et riche en décibels.
Cinq immenses lettres gonflées annonçait l’arrivée imminente du groupe sur scène. C’est la chanson finale d’Images du futur, la bien nommée Music Won’t Save You, qui a ouvert le bal. La superpuissante Powers of Ten a suivi dans toute sa complexité, permettant à la foule d’observer le batteur Liam O’Neill exprimer l’étendue de son talent. C’est que la musique oppressante du quatuor repose en grande partie sur les structures rythmiques complexes de la batterie et la subtile sensibilité pop qui enrichit constamment les sonorités lourdes et volontairement chargées souvent mises de l’avant par le claviériste Max Henry. Translate, un des nombreux moments forts du spectacle, est un exemple parfait de ce côté entrainant qui ajoute une certaine lumière à la lourdeur mélodique et qui a tout pour convaincre les spectateurs de bouger.
Le groupe a servi plusieurs pièces du dernier album Hold/Still, interprétées avec plus de précision et d’aplomb qu’au début de la tournée, insufflant à des pièces comme Resistance et Instrument une énergie brute franchement gratifiante. En fin de parcours, Suuns s’est risqué à présenter des pièces parmi les plus hermétiques de leur discographie, telles que Pie IX, Brainwash et Careful, prouvant qu’il avait l’appui indéniable de la foule, qui a suivi le groupe aveuglément dans les dédales les plus étranges de leur discographie. Si Arena est venue conclure cette performance de façon spécialement dansante, le groupe réservait un monstrueux rappel aux spectateurs massés au Cercle pour l’épilogue de cette soirée. La très fuzzé Armed For Peace a ouvert le bal, puis l’étrange ligne vocale de Up Past the Nursery a résonné parmi les spectateurs comblés. Le tout s’est terminé avec plus de retenu avec l’essentielle Edie’s Dream et sa ligne de basse langoureuse. Un concert exceptionnel, qui sera assurément considéré en fin d’année lorsque j’aurai à réfléchir aux meilleurs moments de mon année musicale. Parlant de musique hermétique, Sarah Davachi a présenté en première partie un long drone assez minimaliste aux claviers. Il faut probablement être un amateur du genre pour en apprécier les subtilités.
On se souvient du jeudi 2 mars 2017 comme d’une soirée festive, qui a réuni deux groupes assez improbables ensemble. C’est ce qui a permis de vivre quelque chose d’inusité, mais de génial à la fois.
La première partie était Mauves, groupe pop-rock progressif qui sillonne présentement le Québec en compagnie de plusieurs groupes émergents (et pour la seconde fois avec Half Moon Run cette soirée-là!). Alexandre Martel, Julien Déry, Cédric Martel et Charles Blondeau offrent une prestation de qualité et sentie. J’aime l’intensité des instruments et le clash avec la voix plus haute d’Alexandre Martel et celle plus envoûtante de Julien Déry, qu’on entend sur Parc du Portugal. Les textes sont très imagés, et le nouvel album Coco, paru en 2016, s’écoute comme du bonbon. Quoique inattendue, cette combinaison avec Half Moon Run s’appréciait indubitablement.
La frénésie entourant le groupe Half Moon Run, même si la sortie de Sun Leads Me On date de 2015, est toujours aussi forte. Encore une fois, la Taverne de St-Casimir affichait complet pour le spectacle. Le groupe était un peu partout lors des dernières semaines, ce qui n’a pas semblé affecter leur performance un brin.
Ils ont commencé avec 21 Guns Salute, qui se retrouve sur Dark Moon, le premier opus du groupe. Sans commencer en coup de canon, ça donne le ton pour une soirée planante où la voix de Devon Portielje est l’un des éléments forts. Ils ont enchaîné I Can’t Figure Out What’s Going On, deuxième vidéoclip qu’ils ont lancé de leur second album.
Par la suite, les succès de chacun de leurs opus ont su se ficeler à merveille, alors que le public dansait sur Call Me in the Afternoon, chantait en chœur Devil May Care, et savourait Sun Leads Me On. Ils ont fermé avec Consider Yourself (le court-métrage/vidéoclip de la chanson est à voir selon moi!) pour mieux revenir sur trois pièces très appréciées : Fire Escape, She Wants to Know et Full Circle.
J’ai remarqué que les chansons du premier album avaient un effet plus euphorique chez les gens présents, raison pourquoi, fort probablement, ils ont choisi de terminer avec trois de celles-ci. Le groupe a encore une fois été à la hauteur de sa renommée en terre québécoise avec une performance haute en couleur. Devon a même joué de la guitare avec sa bouche à un certain moment, ce qu’on n’a pas la chance de voir souvent!
Me déplacer à St-Casimir reste toujours un plaisir, et pas seulement parce que leur programmation 2017 est diversifiée et complète. Cette année, ils ont accueilli et accueilleront encore des gros noms de la musique sous leur toit, et seulement 500 personnes sont attendues chaque soir de spectacle. Cela crée, à mon avis, un phénomène de rareté, et on se sent privilégié d’être à l’une de leurs soirées. Ce n’est donc pas surprenant qu’ils affichent souvent complet.
Après le lancement d’Oobopopop l’automne dernier à l’Anti, les cinq gars de Valaire étaient plus que prêts à nous présenter la version 2 du spectacle qui a bénéficié de l’apport de Brigitte Poupart à la mise en scène, une fois de plus. Et que dire des spectateurs en feu du Cercle, complet pour l’occasion, sinon qu’ils attendaient de pied ferme dans l’enthousiasme le quintette originaire de Sherbrooke! Il y avait vraiment de l’électricité dans l’air en ce début de semaine de relâche… Ayant passé l’été dernier à Québec pour le spectacle Crépuscule de Flip Fabrique, les membres du groupe ne sont plus anonymes en ville et leur public s’est définitivement élargi.
Accueillis comme des rois, les talentueux musiciens ont fait honneur à leur réputation de bêtes de scène dès la première chanson et cette folle énergie a perduré tout au long de leur prestation effervescente formidablement exécutée et d’une remarquable efficacité. Comme le vin, les Valaire se bonifient agréablement en vieillissant!
Toute comme sur leur récent disque, les accents soul et funk dominent leur électro pop mais sur scène, le tout explose et prend une ampleur qui ne peut laisser aucun danseur indifférent, omniprésence des cuivres oblige.
La forte présence du charismatique Alan Prater, chanteur de l’excellent groupe The Brooks et choriste d’un certain Michael Jackson dans une autre vie, y est pour beaucoup. Ce dernier ajoute parfaitement sa touche funky à l’ensemble déjà bien huilé et amène une profondeur à l’œuvre ‘valairenne’.
Ce fut une véritable célébration musicale à laquelle Valaire nous a convié dans un Cercle à l’ambiance survoltée en ce vendredi soir. Espérons qu’ils reviendront bientôt à Québec sur une plus grosse scène car la mise en scène mériterait de prendre de l’expansion sur un plus large espace afin de mieux l’apprécier.
Kahli Abdu
En première partie, Kahli, chanteur à la voix chaude et à la dégaine festive a bien su réchauffer la place déjà bondée. Accompagné aux ‘beats’ par Jules de Valaire, les rythmes dansants et lancinants se sont succèdé habilement. Très à l’aise sur scène, Kahli a rapidement mis dans sa petite poche la foule du Cercle, disposée à faire la fête.
Samedi soir, Mouth Breather et Sam Patch ont présenté leur musique à la foule réunie sur place.
Sur scène, Mouth Breather, de Victoria (C.-B.), apparaît seul avec une guitare électrique. Pendant deux chansons qui peuvent être décrites comme rock, il a présenté son matériel. Puis les troisième, quatrième et dernière pièces étaient présentées avec un ordinateur comme groupe de soutien. Il avait une belle présence scénique, malgré le fait que le son de ce qui l’accompagnait était un peu trop fort.
Sam Patch a joué les chansons de Yeah, You and I. Le groupe de Tim Kingsbury, composé de Jeremy Gara, Tessa Dawn K et Matthew Brown, a interagi avec la foule. Commençant avec Must Have Been an Oversight, le groupe a enchaîné les pièces.
100 Decibels et St. Sebastian sonnaient bien meilleures que sur l’album. Kingsbury a ensuite chanté Cool Water de Hank Williams, une chanson country à la guitare acoustique, accompagné par son groupe.
Reprenant la guitare électrique, il a joué No No No No et Up All Night. Les chansons coulaient comme sur l’album. Tim Kingsbury en a profité entre les pièces pour taquiner Matt Brown. Il y avait peu de pauses entre les chansons, ce qui aidait à garder le rythme. Le public attentif a assisté au spectacle sans interruption d’un groupe qui aimait visiblement être sur scène et à Québec.
Il a terminé son spectacle avec la chanson Listening.
La sixième édition de la Ligue Rock s’est terminée en beauté samedi soir dernier au Cercle. Comme toujours, on proposait aux rockeurs québécois un menu varié (et fort épicé) : Francis Faubert, Floating Widget, Prieur & Landry et la légende Michel Pagliaro.
On a eu peur en début de soirée : les fans n’étaient pas tous arrivés lorsque Francis Faubert est monté sur scène avec Mat Vezio. Tant pis pour eux, parce que Faubert a livré, comme d’habitude, une prestation solide, qui a fait tourner plusieurs têtes. Dès les premières notes de Volcan, mes voisins de party, qui ne connaissaient pas Faubert, m’ont lancé deux beaux gros pouces en l’air. Faut dire que le folk rock lourd et bluesé de Faubert est aussi efficace sur scène que sur disque. Pendant que Vezio tapait avec sa rage des grands jours sur son drum, Faubert se lâchait lousse sur sa guitare. On oubliait très rapidement qu’ils n’étaient que deux sur scène tellement ils enveloppaient le Cercle avec leur musique! Faubert m’a fait plaisir en jouant Moman, une chanson qui me fait brailler à tout coup, mais aussi Le courage est mort hier et Maniwaki, deux gros rocks bien sales qui ont décroché quelques mâchoires et fait tomber quelques dentiers! Seul défaut : c’était trop court. Mais c’est toujours trop court avec Faubert. Bon signe.
La soirée s’est poursuivie avec Floating Widget, le projet stoner de Vincent Peake, Alex Leclerc, Stéphane Vigeant et Matt Demon, qui effectuait un retour après une longue absence (l’album précédent du groupe datait de 2003). C’était prévisible, ces vieux routiers du rock étaient en feu. Et ils étaient bien heureux de présenter les pièces de leur nouveau EP intitulé The Sounds of Earth. Une tonne de dynamite portée par des riffs accrocheurs et un groove entraînant qui a rapidement lancé les plus jeunes fans de la salle dans un sympathique festival de hochage de tête. La chanson Rock & Roll Jubilee était particulièrement efficace, comme l’était la vieille Pit de sable, qui a été accueillie avec enthousiasme!
Lorsque Michel Pagliaro est monté sur scène, la moyenne d’âge à l’avant de la scène a mystérieusement grimpé de quelques années… Rarement vu autant de baby-boomers dans la petite salle de la rue Saint-Joseph! Et pour cause, Pag était là pour jouer ses classiques, et Dieu sait combien ils sont nombreux : Louise, L’espion, Héros, Ti-Bidon, Émeute dans la prison, J’entends frapper, Dangereux, Les bombes, Fou de toi, name it, ils y étaient tous, et plus encore. Entouré de musiciens chevronnés, Pagliaro était dans une forme surprenante pour un homme qui roule sa bosse depuis près de 50 ans! Devant lui, la foule se déchaînait, dansait, chantait toutes les chansons à l’unisson (parce que bien sûr, on les connaît toutes par coeur). À l’arrière, certains dansaient le rock & roll comme s’il n’y avait pas de lendemain. Passage particulièrement réussi!
Enfin, on nous avait réservé un petit after-hours pas piqué des vers avec des habitués de la Ligue Rock, soit les toujours excellents Prieur & Landry. Le duo, qui fait dans le gros stoner pesant, y a mis toute la gomme. Vraiment. Pendant que Gabriel Prieur caressait le manche de sa guitare tout en chantant avec l’énergie qu’on lui connaît, Eliot Landry martyrisait sa batterie à un point tel que le bass drum était incapable de demeurer en place. Il a fallu l’aide d’un spectateur bienveillant pour le tenir! Bien sûr, on a trippé sur Their Minds are Made Up et autres morceaux du duo, qui nous a même servi une nouvelle chanson (un gros jam solide). Une valeur de plus en plus sûre dans notre paysage québécois.
C’est ainsi que la Ligue Rock a pris fin : dans un mur sonore qui résonne encore dans mes oreilles 72 heures plus tard. À Québec, on a eu trois soirées mémorables et on se doit de féliciter le travail de Seb Collin, qui a organisé le tout de main de maître, comme d’habitude. Réussir à mélanger les genres et à rendre le tout intéressant, tant pour les fans que pour les néophytes, n’est pas une mince affaire. L’événement est devenu un incontournable de notre scène musicale et on souhaite encore plein d’autres éditions. Et on est déjà prêts pour l’an prochain!
On recevait de la visite rare ce vendredi à L’Anti : la formation d’origine bordelaise Odezenne est venue faire danser les Québécois avec son hybride hip hop-électro-rock et ses chansons coup-de-poing.
Devant près d’une centaine de fans enthousiastes, le trio (composé d’Alix, Jacques et Mattia, et accompagné d’un batteur pour l’occasion) a présenté les pièces de Dolziger Str. 2 avec un enthousiasme contagieux. S’ils ne sont pas trop bavards entre les morceaux, les membres du groupe se donnent à fond dès que la musique se fait entendre, faisant les cent pas sur la scène. Sur le parterre, on danse, on trippe fort sur les rythmes entraînants enveloppés de synthés et de guitare, tout en gardant l’oreille ouverte pour le flot ininterrompu de vers qui structurent les chansons. D’une efficacité chirurgicale, Odezenne réussit à faire aimer le rap à des gens qui préfèrent le chant et à faire danser des gens qui seraient normalement restés assis. On se surprend à réciter le refrain de Je veux te baiser avec le groupe. Particulièrement réussi. On espère maintenant que le groupe sera de retour bientôt!
En première partie, Jacques Jacobus, qu’on connaît pour son travail au sein de Radio Radio, est venu nous donner un avant-goût de son premier album solo, Le Retour de Jacobus, qui sera lancé ce vendredi. Accompagné d’un MC, le Néo-Écossais n’a pas perdu ses bonnes habitudes : parcourant la scène de long en large, Jacobus faisait preuve d’un enthousiasme contagieux. Musicalement, si vous aimez bien Radio Radio, vous n’aurez aucun mal à apprécier : la musique du Retour de Jacobus est un bon retour aux sources, simple, mais droit au but. Ce n’est pas aussi explosif que le groupe, mais c’est vachement plus inspiré que ce que Radio Radio nous avait offert ces dernières années.
Mercredi dernier, nous sommes allés au District Saint-Joseph ou l’auteure-compositrice-interprète Maritza présentait les chansons de son tout nouvel album Libérons-nous paru quelques jours plus tôt. Accompagnée de musiciens chevronnés (Alexis Dumais aux claviers, André Papanicolaou à la guitare et José Major – qui a aussi réalisé l’album – à la batterie, Maritza est montée sur scène en exécutant une petite chorégraphie, question de se mettre à l’aise avant de prendre sa basse et proposer ses chansons à la fois sensuelles et groovy.
Pendant près d’une heure, nous avons eu droit à des mélodies chaudes, mais envoûtantes, tout à fait l’air du temps. Les courageux spectateurs qui ont bravé la pluie froide qui tombait ce jour-là ont bien apprécié, applaudissant poliment, mais chaleureusement chacune des propositions de la jeune femme, qui était visiblement heureuse de remonter sur scène avec un projet qu’elle a mené de bout en bout.
Derrière l’apparente simplicité des chansons de Maritza se cache de belles atmosphères tantôt teintées de blues, tantôt saupoudrées de gospel, qui servent de véhicule parfait à la voix douce mais assurée de la jeune chanteuse. On pouvait également sentir une belle complicité déjà établie entre elle et ses musiciens avec qui elle a échangé de nombreux sourires toute la soirée.
Un retour en piste fort réussi. On a bien hâte d’en voir davantage!
La dernière fois que j’ai eu la chance de voir Saratoga en spectacle c’était cet été dans le cadre du Festivoix dans le décor enchanteur de la microbrasserie Le Temps d’une pinte. J’avais adoré ma soirée et j’étais littéralement tombé en amour avec le duo duquel j’adorais déjà les chansons.
Pour leur premier passage à Trois-Rivières depuis la sortie de leur premier album, Fleur, c’est dans l’intime salle Louis-Philippe-Poisson de la Maison de la culture de Trois-Rivières que Saratoga avait donné rendez-vous à son public. Le nouvel aménagement de la salle permet encore plus de proximité avec les artistes, ce qui s’agençait parfaitement avec la douceur de leur musique.
Le duo a débuté le spectacle avec la mélancolie de Brise glace, le tout premier extrait de leur album et ont ensuite pris le temps de souhaiter la bienvenue au public. Ravis de voir la salle aussi remplie, ils ont fait quelques blagues au sujet de leur dernier passage dans cette salle avec le spectacle solo de Chantal Archambault qui avait semble-t-il été un peu moins populaire. Ils ont ensuite enfilé les chansons en prenant pratiquement toujours le temps de s’adresser au public pour expliquer l’histoire derrière la création de la pièce ou encore simplement pour raconter de petites anecdotes, parfois drôles, parfois touchantes. Ils ont également interprétés plusieurs pièces de leur E.P. dont Saratoga et On est pas du monde, pigés dans le répertoire de la carrière solo de Chantal et ont même fait un cover de Michel Louvain. À mon plus grand bonheur, ils ont terminé le rappel avec une demande spéciale du public, une de mes chansons préférées: Madame Rosa. J’aurais difficilement pu demander mieux.
Ce qui fait le charme de Saratoga en spectacle c’est assurément leur complicité forte, palpable et accrocheuse. Ils se taquinent, font ressortir les défauts de l’autre, mais conservent toujours ce regard amoureux. Ils semblent se connaitre par cœur et leur amour transparait autant dans les paroles de leurs chansons comme Les bourgeons pis le gazon et Oublie pas que dans le regard qu’ils posent l’un sur l’autre tout au long du spectacle. Gageons qu’en ce frisquet vendredi de février, à l’approche de la St-Valentin, ils en auront inspiré plusieurs et auront contribué à réchauffer plus d’un lit! C’est également leur imperfection totalement assumée et leur simplicité qui les rend si beaux et attachants. On aurait envie d’être leurs amis, de les inviter à prendre une bière et de Boire à crédit avec eux.
Au-delà du duo et de leur musique que j’adore, je pense qu’en réalité je suis aussi fan des personnes qu’ils sont individuellement. Chantal Archambault est rieuse, naturelle et simple. En plus, elle est collaboratrice pour Les Trappeuses, un blogue qui « dans une approche « granoécochic » expérimente divers modes de consommation responsable et vous partage leurs découvertes zéro déchet, locales, minimalistes, végéta*iennes et biologiques ». Je les adore! Même mon chum est tombé sous le charme et s’est procuré son tout premier mouchoir en tissus, cousu à la main « par la fille du band »! De son côté, Michel-Olivier Gasse est également auteur et personne ne peut rester indifférent à la poésie qu’il crée avec le quotidien. Je dois aussi avouer que le flow « du gars du band » m’a toujours charmé. Ce soir-là, son éloge de la lenteur, son attitude simple et amicale, ainsi que son anecdote coquine sur la curieuse salle qui nous attend supposément au ciel n’ont fait que me charmer davantage. Il fait partie de ces musiciens qui vivent leur musique, qui habitent la scène et qui retiennent notre attention.
Bref, j’ai passé une magnifique soirée dans une salle intime avec un public attentif et un duo absolument charmant à qui je souhaite encore beaucoup d’amour et de musique. Je suis sortie de là avec le coeur léger, le sourire aux lèvres, l’envie de me coller avec mon chum, de lire du Michel-Olivier Gasse et de consommer de manière responsable. Je pense qu’on peut dire mission accomplie!
À défaut d’avoir eu un photographe sur place, voici les magnifiques photos prises par Jacques Boivin au Théâtre du Petit Champlain en décembre 2016: