À l’occasion du spectacle des Hôtesses d’Hilaire et de Garnotte ayant lieu à la Taverne de St-Casimir samedi dernier, une délégation d’ecoutedonc.ca Québec a œuvré en territoire contesté (meilleure chance la prochaine fois, délégation de Mauricie). Tandis que Marie-Ève Fortier (chaperon) et Jacques Boivin (photographe) découvraient le lieu pour la première fois, notre nouvelle recrue Gabriel Tremblay y faisait ses premières armes. Compte-rendu d’une soirée on ne peut plus festive.
PS : Mention honorifique à Madeleine Aubin, chauffeuse attitrée de la délégation ecoutedonc.ca Québec et presque gagnante du concours de limbo.
Garnotte
Quelle belle découverte que fut Garnotte, ouvrant le bal pour Les Hôtesses d’Hilaire samedi dernier à l’intime Taverne de St-Casimir. À son 2e hiver d’existence, la formation montréalaise nous a agréablement surpris par leur rock progressif variant une multitude de mélodies différentes tout au long de leur prestation. Timide en début de perfo, les gars se sont dégênés à la 3e pièce et on peut clairement entendre des influences du groupe folk The Sheepdogs dans leur musique.
Le leader du groupe David Bourbonnais y va de quelques interventions toujours très drôles et pertinentes pendant le set mentionnant entre autres le fait qu’il a brisé une de ses cordes de guitare au même moment que son batteur (Dominic Matthews) a perdu une baguette. Langoureux par moments, heavy à d’autres occasions, les contrastes de style sont intéressants et les ambiances créées par le claviériste Félix Rioux font voyager le public. Une finale presque country garnie de sifflements a même transformé la taverne en saloon western. La table était mise pour les Hôtesses, et ce de belle façon par les «busboy» de Garnotte.
Les Hôtesses d’Hilaire
Arborant une splendide robe aux motifs fleuris, Serge Brideau le chaman acadien nous a offert une multitude de claques dans le visage! Non loin de déplaire au public, Les Hôtesses d’Hilaire ont donné tout un spectacle. Misant sur une ambiance groovy, mais toujours aussi psychédélique, Léandre Bourgeois au clavier, Michel Vienneau à la basse, Mico Roy à la guitare et Maxence Cormier alias le «jeune» nous en ont donné pour notre argent.
De son côté, Serge a complètement converti la Taverne de par son franc-parler et ses critiques sociales, notamment sur Fais faillite et C’est Glen qui l’a dit. Sur cette dernière, le déhanchement du Néo-Brunswickois combiné à la complainte anti-technologique fut une expérience audiovisuelle incroyable. Nous avons également eu droit à une sacrée belle tranche de vie sur Eastbound and Down, qui parle de la naissance de Mico. Dans un 18e roue en plein highway. Brideau a même joué au prof de yoga sur J’me souviens des p’tits bouttes, méditant assis en indien pendant la déroute de ses musiciens. Après plus de deux heures de démence, on pourrait penser que les gars n’ont plus de gaz… Eh bien détrompez-vous. Qu’on tape du pied, qu’on danse ou qu’on se rentre dedans, personne ne peut rester indifférent à la musique des Hôtesses.
Comment le spectacle s’est terminé? La légende raconte qu’il ne s’est jamais achevé. Non, sérieusement, la finale se voulait un super jam de 15-20 minutes où les musiciens ont lâché leur fou pendant que Brideau, admiratif, les écoutait en notre compagnie. La cerise sur le sundae déjà all dressed, un DJ set de Serge jusqu’au petit matin qui nous a fait danser comme s’il n’y avait pas de lendemain et pourtant… il y en avait en bel et bien un. Au final, un baptême des Hôtesses plus que concluant pour ma part et une première à la taverne pour Jacques et Marie-Ève. On s’en souviendra longtemps.
La légende canadienne de l’indo-blues Harry Manx était de court passage en Mauricie en cette fin novembre. Avec seulement cinq spectacles au Québec prévus, le musicien a choisi de s’arrêter au Magasin général Le Brun, à Maskinongé, et j’en étais très heureuse. Les gros flocons de neige qui tombaient le 30 novembre au soir m’ont tranquillement guidée vers cet endroit mythique à l’ouest de Trois-Rivières. L’accueil chaleureux de Richard, le propriétaire des lieux, me réjouissait d’être présente pour cette soirée qui s’annonçait déjà mémorable.
Suivi d’une longue présentation, Harry Manx s’est faufilé dans le public pour se rendre à son trône, où l’attendaient les quelques instruments qu’il allait manipuler judicieusement toute la soirée. Seul au milieu du décor burlesque du Magasin Général, il a fait résonner les premières notes blues avec le titre Baby Please Help Me tiré de son dernier opus Faith Lift paru au printemps dernier, qui présente ses succès retravaillés avec le Sydney Opera String Quartet. Le son très blues américain captive immédiatement le public, qui attendait ce son et cette voix rauque emballant les coeurs et meublant tout espace à eux seuls.
Entre quelques brides d’anglais et de français entremêlés, il poursuit avec sa pièce Working on a Railroad. La sonorisation coordonnée par les Productions Maskishow était impeccable. C’est toujours réjouissant de pouvoir se concentrer uniquement sur l’artiste quand tous les facteurs gagnants d’un bon spectacle sont en places.
Manx s’est fait un plaisir de nous présenter son mythique instrument, la Mohan Veena, un type de guitare indienne à 20 cordes qui se manipule comme une slide, mais qui produit ce son si unique semblable à un écho. Nous avons pu l’entendre à plusieurs reprises, comme dans la pièce Death Have Mercy. Il a beaucoup travaillé également avec son banjo, qui nous transporte dans un son plus bluegrass et qu’on retrouve dans la sympathique pièce Don’t Forget to Miss Me.
Manx est un habile magicien des notes et des mots. Dans son deux heures de spectacle, il nous emmène avec lui dans un long voyage en passant par l’Ouest canadien, la Louisiane, l’Inde, les pays d’Amérique du Sud et encore plus. Doté d’une aura spirituelle apaisante, le bluesman bohème nous connecte à son monde gorgé d’amour, de paix, de nature et de vie. Les vides et les silences laissés par l’artiste ne créent pas de malaise. Au contraire, ses simples gesticules fascinent et captivent le public. On accepte ces moments de transition comme étant partie intégrante de sa performance. Malgré qu’il est seul sur scène, on sent que tout l’espace est occupé par cette belle et grande histoire qu’il nous raconte.
Pour terminer aimablement ce spectacle, il a interprété son grand succès Crazy Love, subtilement accompagné de la Mohan Veena qui a clôt le rappel. Le public a ensuite tranquillement repris contact avec la réalité en rejoignant la neige qui l’attendait à l’extérieur. Merci à l’équipe du Magasin général Le Brun d’avoir accueilli l’équipe ecoutedonc.ca pour un autre beau moment de frissons musicaux.
Un Geoffroy timide était sur la charmante scène du Moulin Michel le 24 novembre dernier. Étonné de voir une centaine de personnes assises devant lui, il en est resté gêné toute la soirée et a mentionné plusieurs fois sa surprise.Pour ma part, j’étais surprise, mais surtout heureuse que son talent soit partagé devant une salle presque pleine.
Tu ne vas pas voir un spectacle de Geoffroy pour l’entendre te raconter des histoires, parce qu’il parle très peu entre ses chansons. Par contre, il a un don, un pouvoir magique : celui de créer une ambiance unique et enveloppante. Chaque son et chaque élément de décor lumineux semble être en place pour nous amener avec lui dans un périple musical d’une heure.
Après une heure ou presque, il n’avait pas encore joué Coastline, qui est la chanson titre de son unique album. Il ne nous a pas dupés très longtemps; c’était certain qu’il revenait pour la faire en rappel. Tu ne nous auras pas comme ça; coquin, va!
Bien que c’était un spectacle assis, plusieurs personnes se sont levées quelques fois pour danser, et tout le rappel s’est fait avec l’ensemble des spectateurs debout. Geoffroy s’est fait plaisir en terminant avec une reprise de No Diggity, et il a même réussi à nous faire chanter. C’était un des beaux moments que j’ai vécus cette année dans cette magnifique salle, qui ose faire venir des artistes comme Geoffroy et faire découvrir sa musique à un nouveau public.
Dans les prochains mois, Geoffroy sera très actif puisqu’il tournera un nouveau vidéoclip à Cuba, viendra à Trois-Rivières en début février et fera sa grande rentrée montréalaise le 23 février au Club Soda.
On est passés par toute une gamme de sensations musicales en compagnie de Gaspard Eden jeudi dernier au District Saint-Joseph. Né des cendres d’Ego Death, le projet de Joey Proteau présente une évolution originale et prometteuse.
Arrivée en plein milieu de la deuxième pièce – les Apéros FEQ ça commence vraiment à l’heure parce que «c’est un concours, right ?» – j’entendis, au moment de franchir le seuil, la distorsion des guitares et une voix qui grondait. «Est-ce que je suis au bon endroit ?», me suis-je même presque demandé. Avec une entrée en matière franchement grunge, le groupe faisait une coupure radicale d’avec la musique introspective et folk du Ego Death initial. Petit vent de fraîcheur dans le paysage musical local que ces chapes de plomb brutes et torturées.
Après, le groupe s’est replongé dans une atmosphère un peu plus planante en reprenant notamment d’anciens titres. Mais rien à voir avec ce qui se trouve sur Grief, duquel le groupe s’est éloigné encore davantage comparé à l’été dernier. Ainsi, Troubles s’est conclue sur une finale instrumentale on ne peut plus rock, tandis que Lucid Dreams s’était enrubanné de sonorités psychédéliques. Au passage, Proteau nous rappelait que, s’il a de l’aplomb, il sait aussi impressionner par la clarté de ses chants mélismatiques. Dans la même veine, il a présenté Heavy Burden, une nouvelle pièce chantée en compagnie de Clara Bernier Turgeon.
Les dernières pièces, elles, se sont démarquées par leur esthétique singulièrement psychédélique, qui rappelle la vibe de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Même la cithare était au rendez-vous sur une pièce intitulée Milk Crush.
Décidément, Gaspard Eden sait se revêtir de n’importe quel style et se l’approprier. Le chanteur change de style vocal comme il change de mimiques ou encore de guitares. Et il sait s’entourer: ses musiciens – guitariste (Antoine Angers), bassiste (Alexandre Martel), claviériste (Olivier Bresse), batteur (Olivier Beaulieu), percussionniste (Yuri dit «le dragon») – assurent solidement ses arrières à coup d’instruments et d’harmonies vocales.
Les premières neiges de l’hiver. Ces moments magiques où le temps semble s’arrêter pour laisser place à un sentiment de nostalgie et de bien être sincère. Cet instant où tu retombes en enfance et tu souhaites marcher sous les gros flocons toute la nuit avant de rentrer à la maison te faire un gros chocolat chaud.
C’est dans cet état que le public se trouvait alors que nous marchions, en pleine contemplation, dans les rues du Petit-Champlain sous cette tombée de neige. L’expérience d’un spectacle au Théâtre du Petit-Champlain se vit avant même de pénétrer les lieux; se promener dans les vieilles rues d’un des plus vieux quartiers en Amérique du Nord prépare les mélomanes à la soirée qu’ils vont vivre. Et quelle soirée nous avons passé!
Le spectacle d’Antoine Corriveau est conçu pour des salles intimes, où les gens sont assis et où personne ne dérange pour permettre à l’auditeur de profiter pleinement de la poésie soutenue de l’artiste. Le Théâtre du Petit-Champlain répond à toutes ces attentes et encore plus. Tous les mots se rendaient à nos oreilles avec une clarté impressionnante et la balance du son ne nous a pas rendus sourd, même si certains passages auraient pu être envahissants.
Seul sur scène, Corriveau débute cette soirée muni d’une guitare classique avec «Rendez-vous», premier titre sur son plus récent opus (Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter). Tout de suite, l’introspection débute et le public se plonge dans son univers poétique à la fois magnifique et sombre. La voix grave de Corriveau déclame les textes sans mélodies extravagantes pour faire ressortir les mots sans compromis. Si le public n’était pas déjà convaincu après les premières chansons de la soirée, «Deux animaux» a certainement ému l’assistance. Les musiciens ont su nous déchirer les entrailles et nous faire pleurer, si ce n’est qu’avec «Parfaite», ce slam qu’Antoine livre avec fougue sur des boucles sonores montées par la violoncelliste Marianne Houle et soutenus par le reste du groupe. La dernière pièce de la première partie nous laissa sur notre faim avec le magnifique titre «Et tu penses que je veux», apparaissant sur Les ombres Longues.
Les yeux pleins d’eau, les jambes molles, le public se mérite une petite pause pour se remettre de ses émotions. « J’ai visité des coins sombres de mon cerveau », « Je me suis remis en question ce soir », sont des phrases qui peuvent être entendues lors d’un entracte d’un spectacle d’Antoine Corriveau.
Après une petite jasette sur le sens de la vie, avec notre voisin, Corriveau rapplique seul sur scène avec «Deux Visages», une chanson qui figure sur l’album qu’il a écrit pour Julie Blanche. Dès les premières notes du piano, on sait tout de suite que «Les hydravions de trop» va faire mal, mais pourtant on en redemande. Je crois que lorsqu’Antoine se met au piano, il se passe quelque chose de fort, le public hypnotisé se laisse démolir par la musique qui vient toucher juste à la bonne place. L’exécution incroyable de «Noyer le Poisson» et «Les trous à rats» provoque un rappel qui en provoqua un autre. Lors des spectacles intimes comme celui-ci, le deuxième rappel est souvent marquant, car il n’est pas prévu et il relève de la spontanéité et de l’humeur de l’artiste. Nous en voulions plus et Antoine Corriveau semblait bien s’y plaire en ce temple de la chanson. C’est seul à la guitare qu’il interpréta sous recommandation du public «Le temps des coupes à blanc» (NDLR : recommandation crée avec un enthousiasme assez manifeste par notre collaborateur Julien Baby-Cormier, qui était également présent), ce bijou de chanson qu’il avait justement réarrangé pour son spectacle solo de Coup de coeur francophone.
On ne ressort pas indemne d’une soirée avec le récipiendaire du Lucien du meilleur album indie rock au GAMIQ de cette semaine. Une partie de nous même a changé lors de cette soirée en raison de l’ambiance intimiste, la poésie déchirante, les passages musicaux très lourds et puissants.
Le 7 décembre prochain, Antoine jouera à l’Usine C à Montréal avec 15 cordes, 2 batteurs, un percussionniste, un bassiste et un pianiste. C’est certainement un concert qui vaudra le déplacement dans la grande ville!
La soirée a commencé exactement comme je l’avais imaginée, avec les sonorités éthérées de Sheenah Ko, artiste aux talents multiples mais notamment assignée aux claviers au sein du groupe montréalais The Besnard Lakes, que la présence d’une danseuse contemporaine de grand talent, sa collaboratrice Brittney Canda, venait compléter élégamment. J’ai cependant rapidement été remis à ma place quand les sonorités méditatives et hypnotisantes de synth qui ont ouvert la performance ont été complétées par des rythmes dansants assez soutenus, expliquant du coup la présence d’une co-performeuse s’occupant de la mise en mouvement des compositions électro pop assumées de Ko. Cette dernière aurait bien pu se faire voler la vedette, tant sa collaboratrice offrait une performance intense et sentie, mais la solidité de ses compositions et l’effet de surprise quant à sa teneur électro lui ont permis de mériter elle aussi son lot de louanges. Elle qui a pourtant avoué en cours de performance ne s’être mise que récemment à l’élaboration de sonorités dansantes de cet acabit, suite à l’achat d’un synthétiseur «Prophet» qui serait tellement plaisant à utiliser qu’il lui aurait donné envie de partir ce projet. Parfois plus minimalistes et parfois plus maximalistes, ses créations témoignaient tout à la fois d’une minutie et d’une énergie bien transposée dans la performance.
Le groupe suivant nous proposait un degré de délicatesse inversement proportionnel, mais tout autant de moments de grâce. Disons que le « match » qu’on nous proposait pariait sur notre ouverture d’esprit, et c’était un pari gagné d’avance avec les artistes au menu. Ex Eye est venu présenter pour la première fois à Québec le matériel contenu sur leur premier album, paru plus tôt cette année chez Relapse. Mise à part une brève introduction et quelques moments de transition, l’essentiel du concert était constitué de l’album qui était de plus présenté grosso modo dans le même ordre une fois transposé sur scène. Les prouesses des différents membres du groupe sont à couper le souffle, surtout celles de Colin Stetson aux saxophones respirés circulairement et Greg Fox à la torture frénétique de peaux et de cymbales, ce dont on se rend compte assez rapidement si on n’était pas déjà au courant. Xenolith; The Anvil, la pièce qui ouvre l’album et qui a ouvert le concert, c’est le genre de truc qui te jette la gueule à terre pour ne la plus pouvoir recoller ensuite, l’intensité des sonorités agencées semblant à la fois sortie des enfers et descendue du ciel. Alors que celle-ci se termine après quatre minutes bien senties, la suivante, Opposition/Perihelion; The Coil, en propose plutôt douze, et ses moments plus calmes sont rarement plus calmes, alors que ses moments plus intenses sont pas mal plus intenses. Disons que si on était là pour prendre le thé, on était pas sortis du bois. La métronomie sadique du batteur Greg Fox était encore plus impressionnante à voir dans une plus petite salle, comparativement au Colisée de Victoriaville où j’avais eu la chance de les voir ce printemps dans le cadre du FIMAV, avant le lancement de l’album. Colin Stetson, un habitué du Cercle, fait toujours plaisir à voir aller, tant son degré de virtuosité semble souvent inhumain. Quant au guitariste Toby Summerfield et au claviériste Shahzad Ismaily, ils ont offert une performance aussi sentie, partageant parfois la vedette avec l’un ou l’autre des virtuoses mentionnés précédemment, avec des duos intenses placés en transition entre certaines pièces.
Somme toute, la soirée restera probablement dans le coeur et dans les oreilles des gens réunis sur place, qui ont eu droit à une forte quoique relativement courte dose de musique plutôt intense et novatrice, qui méritait qu’on se farcisse les décibels produits par l’énergique quatuor. C’était, en plus des deux demoiselles qui se sont occupées de la première partie, de la visite rare comme on aimerait en voir passer plus souvent!
C’est dans une atmosphère de nostalgie et d’exaltation que Medora a livré son dernier souffle mercredi dernier, au Sous-Sol du cercle. Depuis quatre ans, le groupe a évolué dans le milieu de la scène locale, influençant le milieu et étant influencé par lui. Après deux maxis et un album à leur actif, Charles Côté, Vincent Dufour, Aubert Gendron et Guillaume Gariépy prennent maintenant de nouveaux chemins. La fin laissant place au renouveau, les quatre musiciens ont choisi de terminer cette aventure en beauté, en compagnie de leurs proches et de leurs plus grands fans.
Se retrouva donc au Sous-Sol du Cercle une gamme variée de visages : amis de longue date, proches, acteurs de la scène locale, etc. Ils donnaient à l’événement une atmosphère intime et chaleureuse. Puis ce fut le temps, nous vînmes nous masser devant l’espace réservé au groupe. Pas de scène, au Sous-Sol du Cercle. Et ce soir-là, la limite entre eux et nous était floue. L’énergie se communiquait du groupe aux spectateurs, le corps se balançant tous tandis que les musiciens déballaient leurs pièces avec intensité.
Si le groupe jouait ses pièces pour la dernière fois, il a fait le choix de ne pas faire les choses à moitié. Le setlist reprenait essentiellement les pièces de Ï, paru en août dernier, entrecoupées de plusieurs titres précédents. On eut le plaisir de reconnaître des pièces entendues souvent, telles que Nature ou Sillage, mais aussi de réentendre des titres dépoussiérés exprès pour nos oreilles nostalgiques. C’est ainsi que Fleuve a été ressuscitée momentanément, après deux ans de non-existence. Même Simon Provencher est sorti du placard de Medora (où le groupe avait rangé le mot «Old» qui précédait son nom) le temps d’une chanson.
Si le contexte rendait le groupe tout aussi émotif que le public, cela n’a fait que contribuer à la beauté intense de l’événement. Nombreuses sont les pièces qui ont constitué des points forts de la soirée. On peut notamment mentionner Les tracas dans les cellules de la tête, Permanence ou encore Tsunami, sur laquelle le public a fait le cadeau d’un dernier mosh pit au groupe.
Acclamé par les spectateurs, les quatre musiciens sont ensuite revenus sur scène pour fini le tout sur une reprise de Talent, d’Avec Pas d’Casque. Personnellement, ce n’est que le plaisir d’assister à ce spectacle fulgurant qui m’a empêchée de verser une larme à ce moment-là.
C’était beau, et je me remémorais tous les spectacles auxquels j’ai assisté, depuis le premier Rock & Pabst d’Old Medora en 2014 jusqu’à cette dernière performance. En quatre ans, ecoutedonc.ca et moi-même avons couvert le groupe au Cercle autant qu’au complexe Méduse, au Café Tam-Tam autant qu’au festival OFF, au District Saint-Joseph autant qu’au Pantoum. Des dizaines d’articles et une entrevue plus tard, quelle belle évolution avons-nous pu constater!
Or, trêve de sentimentalité : la fin de Medora, c’est une étape qui est franchie dans la vie de ces quatre musiciens qu’on espère fortement voir évoluer encore longtemps dans de nouveaux projets. Et comme le disait le chanteur, même si le groupe est mort, la musique, elle, vivra toujours.
En plus des photos de la soirée, je me suis permis de rajouter ci-dessous des clichés du premier spectacle de Medora au Rock N’ Pabst en 2014, gracieuseté de mon frère.
Voilà.
Il n’en a pas toujours l’air quand il tape sur sa batterie avec d’autres artistes, mais Mat Vezio est un tendre. Difficile de ne pas l’être quand on est le créateur d’Avant la mort des fleurs cueillies, un des beaux albums de chamber pop de 2017 rempli de chansons qui te brassent doucement le dedans.
Vezio était à Québec jeudi dernier pour lancer la deuxième vague des Apéros FEQ au District Saint-Joseph. Jouant devant un public épars, mais attentif, l’auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste semblait en pleine forme derrière sa batterie et sa guitare, tandis qu’Antoine Corriveau, qui l’accompagnait à la guitare (tant qu’à jouer le lendemain, aussi bien rentabiliser le voyage), avait la mine (et la posture) fort détendue.
Si les chansons de Vezio n’étaient pas enrobées de ces magnifiques arrangements et choeurs qu’on retrouve sur l’album, elles avaient un peu plus de mordant, probablement en raison de la présence des deux deux guitares. Les chansons plus costaudes de l’album comme Adèle se distinguent justement dans cette prestation pourtant lancée tout en douceur avec les Au nord, Fukushima et La mort est une comédienne qui vous ignore.
Vezio aurait très bien pu se débrouiller tout seul sur la scène, ses chansons sont aussi belles dépouillées (Ce jour-là, notamment, ainsi que Les appeaux, qu’il a chantée tout seul parce que tu sais, Laura Sauvage n’était pas là) que toutes emballées (atmosphérique Ton cinéma). Mais il faut quand même admettre que la présence de Corriveau à ses côtés est un gros plus. Ne serait-ce que par les ambiances qu’il réussit à installer avec sa guitare. Et par son gros rire contagieux qu’on pouvait entendre à presque toutes les interventions (parfois « malhabiles » – les guillemets sont importants) de Vezio.
Somme toute, une prestation complètement différente de celle qu’on avait vue en mai dernier (on s’en souvient encore…), où Vezio était également accompagné de deux choristes en plus de Corriveau. Quelque chose d’un peu moins chambre, un peu plus rock, mais qui s’apprécie aussi bien.
En attendant son retour, on écoutera à nouveau son excellent disque.
Les Apéros FEQ se poursuivent au District Saint-Joseph ce jeudi, 18 heures, avec une prestation de Gaspard Eden. Les fans d’Ego Death et les amateurs de rock à saveur grungy (et crunchy) vont être gâtés!
Déjà en regardant la programmation, on savait que ça allait être quelque chose : Chocolat, Mauves, Cobrateens. Une soirée rock en perspective. Plusieurs ont d’ailleurs répondu à l’appel samedi dernier et c’est devant un Pantoum plein à craquer que Mauves a lancé le bal.
Mauves
Si la musique de Mauves a un côté tantôt plus dansant, tantôt plus planant, les quatre musiciens nous ont rappelé d’emblée l’essence fondamentalement rock de leur musique. Sous le jeu d’éclairages particulièrement élaboré de Kevin Savard et avec la drive de Jean-Etienne Collin Marcoux – qui remplaçait Charles Blondeau à la batterie, le groupe a commencé une J’ai tout essayé intense pour la terminer en envolée instrumentale quasi cathartique. C’était juste la première toune, ça ?
Eh oui, et les autres titres ont défilé avec le même aplomb, et ce pour le plus grand plaisir des spectateurs. Il faut dire que les gars de Mauves se démarquent chacun à leur façon en matière de présence sur scène. Samedi dernier, les deux guitaristes/chanteurs Alexandre Martel et Julien Déry ainsi que Cédric Martel, qui assurait le groove à la basse, nous l’ont encore rappelé.
Le set, qui était particulièrement équilibré, comportait des titres à dominante plus bluesé, comme Eh Fille, qui venaient contraster avec le rock soleil de Longtemps ou encore les complaintes planantes de Manège. Le tout s’est terminé avec XXIe – personnellement ma pièce préférée du moment – histoire de bien nous faire danser.
Cobrateens
Le trio québécois Cobrateens a tôt fait de changer l’atmosphère musicale du Pantoum avec son punk rock bien garage. «14 tounes, 20 minutes» et de l’énergie à revendre ! La recette parfaite pour faire brasser la foule, qui s’est rapidement exécutée (je ne sais pas pourquoi, il y avait un noyau d’éléments perturbateurs qui semblaient tous appartenir à un petit blogue de la Ville de Québec, mais lequel ?).
Et on a sauté, sauté, sous les cris et les exclamations de Roxann Arcand, qui donnait une bonne leçon à ses tambours pendant que le guitariste et le bassiste s’en donnaient aussi à cœur joie. Rien de mieux qu’un bon vieux punk de la première vague pour nous survolter.
Chocolat
S’en suivait le clou du spectacle. Pour nos lecteurs, Chocolat n’a même plus besoin de présentation. Les spectateurs se sont massés à l’avant de la scène pour accueillir ce groupe au rock solide et élaboré qu’ils semblaient déjà bien connaître. Pas étonnant que le groupe ait remporté, le lendemain, le Lucien de l’album rock de l’année au GAMIQ 2017.
À travers le chaos extatique de leur prestation, pendant laquelle on ne parvenait pas à tenir en place bien longtemps, on peut souligner l’énergie que Golden Age a donné aux spectateurs ou encore l’accalmie qu’ont causées des pièces telles que Fantôme – parce que tsé, parfois il faut juste s’arrêter de sauter et écouter avec fascination. Le groupe, comme le public, s’est montré enjoué et généreux, terminant son spectacle avec un jam retentissant suivi d’un long rappel de trois titres.
Bref, samedi dernier, les planètes étaient alignées et pointaient directement dans les murs du Pantoum. Des moments comme celui-là, on savait qu’ils étaient rares et précieux : c’était Noël à l’avance et le Pantoum nous offrait notre gros bonbon de l’année. Même les deux brasseurs de la micro Les Grands Bois de Saint-Casimir étaient de la partie avec une surprise maltée – de quoi célébrer cet événement grandiose. On en a profité jusqu’au bout pour en ressortir lessivés, mais heureux. Un bon vrai spectacle de rock, à saveur indépendante.
Chronique du vestiaire
Par Simon Provencher
Échos du premier vestiaire. L’arrivée se fait calmement, au compte-goutte même. Surprenant pour un spectacle qui promet d’être plein. Et il le sera. Les câbles croulent sous le poids des manteaux mouillés. Je me sers une sage portion de chili végétarien et de cornbread. Après le passage des musiciens évidemment. On en avait visiblement prévu trop. On s’attendait à ce qu’Emmanuel Éthier dévore tout sur son passage mais il est trop lendemain de veille. Christophe taponne un peu le violon, quelqu’un joue du piano dans le studio toute la soirée.
Je vais voir un peu Mauves et Cobrateens quand j’ai le temps. Je me demande quel band sent le moins bon et je conclus que peu importe l’odeur de Cobrateens ça peut pas battre l’haleine de Julien de Mauves. Je monte pour « Ah ouin » et pour les premières notes de la dernière pièce. Jimmy mentionne que c’est la dernière pièce. Pas de temps à perdre, je grimpe sur les épaules d’un ami et je m’adonne à un rapide crowdsurf vers l’arrière de la salle. Route express vers le vestiaire avant la cohue.
Si les gens arrivent calmement, ils veulent tous repartir en même temps les maudits. Les renforts arrivent au moment où le chaos éclate. Laurence attrape habilement les numéros, Émilie part à la recherche des manteaux perdus, je me prends une petite cuillère de chili et je finis ma bière. Sciences Nouvelles de Duchess Says joue dans le tapis. La tension est palpable. J’ai trop mis de piments broyés. Je vais aux toilettes jusqu’à ce que le calme revienne, dans mes mouvements gastriques comme dans le vestiaire.
Pendant l’hiver, les Nuits Psychédéliques ne chôment pas. On a eu droit vendredi dernier à un rappel de deux groupes de l’édition 2017, les bien nommés DEAF et Double Date With Death. Les compères Sam Murdock et Jean-Sébastien Grondin de la formation Oromocto Diamond ont assuré l’ouverture de la soirée en 14 minutes 30 bien sautillantes. Le 2ème duo DEAF est allé directement dans le bruit et la fureur, à coup de voix sous échos et riffs bien placés. Double Date With Death conclua la soirée avec brio avec leur punk rapide et dynamique, parfois planant.
C’était très bien.
Des photos type psychédéliques sont juste en-dessous.