Vendredi soir dernier, le saguenéen Philippe Brach était de passage à Trois-Rivières dans le cadre de la tournée de son deuxième album: Portraits de famine.
Il a littéralement enflammé l’intime salle Pauline-Julien avec son énergie débordante.
Lorsque le nom de Philippe Brach résonne à nos oreilles, l’image d’un personnage haut en couleurs et un peu fucké nous vient à l’esprit. Lors de ses spectacles, le jeune artiste dépasse nos attentes; c’est avec la folie dans les yeux et la tête dans les nuages qu’il se présente sur scène pour livrer toute performance musicale. Pour illustrer le propos, il ne suffit qu’à décrire son costume de scène, soit un chapeau turc et un kimono japonais. L’aisance avec laquelle il porte ce costume et se moque un peu de tout est totalement déroutante.
Visuellement parlant, la folie est là, mais elle est également présente dans ses textes et l’interprétation de celle-ci. Ses mélodies combinées à la personnalité flamboyante qu’on lui connait amène un vent de fraîcheur qui est loin d’être désagréable. Brach dégage une aisance sur scène ; on sent qu’il prend un malin plaisir à y être et à faire rire son public. Il n’hésite pas à mettre sa touche personnelle et on sent que la passion y est.
Mélange bien dosé d’humour et de musique, Philippe Brach continue de parcourir les scènes du Québec. Ce jeune artiste est un incontournable pour tous. Pour les dates, visitez le : http://philippebrach.com/
D’emblée, l’expérience s’annonçait contemplative. Les musiciens plongés dans le noir et la chanteuse, accroupie, laissaient toute la place au film dont le générique d’introduction se terminait au moment où j’arrivais à mon siège du Palais Montcalm. Un guitariste, un violoniste, qui troquait parfois son instrument pour un clavier, ainsi qu’un batteur, c’est tout ce qu’il fallait pour offrir à Tagaq la trame instrumentale qui allait accueillir ses prouesses vocales. Rappelons que l’artiste est lauréate du Polaris pour son album Animism paru en 2014, ainsi que du juno pour l’album aborigène de l’année. Elle a également été invitée par Kronos Quartet à composer une oeuvre qui fera partie de leur projet Fifty for the Future.
L’écran projette Nanook of the North, un documentaire quasiment centenaire réalisé par Robert Flaherty et couvrant la vie d’un inuk plutôt doué pour la chasse, sur une période d’un an. Tagaq, toute de cuir vêtue sauf pour ses pieds demeurés nus, avec ses chants de gorge traditionnels, offre aux scènes tournées une trame musicale appropriée et tout aussi impressionnante que les images. La performance visuelle des musiciens et de la chanteuse étant en général assez sobre, l’attention peut demeurer où elle compte, soit sur la musique expérimentale et sur les images, ce qui permet de ne fixer que l’écran, hormis le calepin de notes qui sert de support à ma mémoire. Les vocaux parfois plus sobres permettent ceci, contrairement aux chants de gorge, qui captivent aussitôt qu’ils surgissent, laissant l’auditeur se demander s’il est véritablement possible que tous ces sons peuvent sortir de cette demoiselle. La fascination et la surprise sont sans cesse renouvelées.
Il arrivait parfois que l’intensité de la musique et de la performance vocale jurent avec la tranquillité des images de paysages nordiques, mais elles étaient aussi souvent tout à fait justifiées, pour faire partager l’excitation liée à la chasse au morse, que l’on baptise parfois les « tigres du nord » (à ne pas confondre avec le groupe folk rock mexicain des Tigres del Norte). Les vocaux continuent de surprendre et de rappeler des univers audiovisuels aussi divers que les films de David Lynch, les messes sataniques et les balades au zoo au près d’animaux aux tailles aussi variées que les humeurs. Parfois, les chants gutturaux sont doublés d’une trame de chant plus réguliers, que la chanteuse parvient à faire coexister au point qu’ils semblent se superposer. Quant à la musique, elle s’apparente tantôt au métal classique, toujours avec une touche fort expérimentale et hypnotisante.
À un certain point, un jam rock un peu trop frénétique sert de complément sonore à une scène relatant la construction d’un igloo et la pose d’une belle fenêtre de glace translucide dans une de ses parois. Malgré quelques moments moins réussis, on ne pouvait pas imaginer une trame sonore faisant autant honneur au film et à ses merveilleuses images. Les mouvements et les danses de Taqaq s’intensifient par moments et deviennent lascifs alors que son vocal renvoie à l’occasion à Mike Patton, chanteur américain qui s’inspire quant à lui de toutes sortes de traditions vocales, ce qui explique les échos perçus. Lorsque la troupe documentée dans le film se dévêtit pour se blottir l’un contre l’autre dans l’igloo, les loups hurlent et Tagaq en reproduit le son avec une fidélité déconcertante. Ces hurlements présentés en guise de conclusion précèdent de peu l’apparition du générique de fin et d’une ovation debout bien sentie, accompagnée quant à elle d’applaudissements nourris de la foule.
À en croire les discussions dans la salle et le hall à la suite du concert, les gens étaient davantage concentrés sur le film que sur la musique dans leurs commentaires enthousiasmés, signe que le concert était vraiment une trame sonore plus qu’une oeuvre à part entière. Si les groupes musicaux contribuant aux films partagent quelque chose avec les acteurs, les meilleurs sont ceux qui s’effacent derrière leur rôle et laissent toute la place à l’oeuvre globale, la troupe menée par Tagaq a fait du très bon boulot en honorant de la sorte le film de cette trame sonore inédite.
Se décrivant comme étant le bizarre groupe Heymoonshaker, avec un mignon français cassé, Andy Balcon (voix et guitare) et Dave Crowe (beatbox) ont fait vivre une soirée hors de l’ordinaire aux nombreux spectateurs qui ont rempli la Maison de la culture Francis-Brisson de Grand-Mère.
Les gars racontent qu’ils ont commencé à jouer dans la rue ensemble et ce fut un coup de foudre musical. Dave remercie la vie chaque jour de pouvoir faire ce qu’il aime avec une personne aussi exceptionnel qu’Andy et de pouvoir se promener partout à travers le monde, notamment de pouvoir faire une tournée de 35 spectacle au Québec.
Ce soir-là, c’était un public très éclectique qui, d’un côté, dansait et criait et qui, de l’autre côté, était assis calmement avec la bouche grande ouverte et les yeux rivés vers les musiciens. C’est tout de même surprenant de constater la facilité avec laquelle ils ont créé des échanges avec le public, si on oublie la fille qui criait des choses du genre « you’re so sexy » « i love you » « F*@! Yeah » aux mauvais moments et qui déconcentrait le public tout comme le groupe. Par contre, et bien heureusement, ils sont si attachants, charmants et sympathiques avec le public qu’on en oublie rapidement les écarts de comportement de la demoiselle.
La voix roque et douce à la fois d’Andy donne une sensualité indéniable aux pièces du groupe, mais le véritable phénomène sur scène c’est Dave Crowe. Son sens du rythme, son charisme, et son plaisir à pouvoir partager sa passion me fascine. Son beatbox résonnait dans la charpente de la magnifique bâtisse comme une caisse de son avec le volume accoté » dans le tapis ». Bref, les poils nous levaient sur les bras à chaque deux secondes.
Après l’entracte, le spectacle a pris une tout autre tournure. « Now, the show is about to be sexy, so dance your f*?$%!g ass off» a clamé Dave, sous les rires un peu gênés du public. La lumière rouge, les mouvements langoureux de Dave et l’impact de chacun des sons qui sortaient de sa bouche nous amène complètement ailleurs. Là où on était, il faisait chaud, c’était un soir d’été sur la plage pendant un langoureux baiser … À la fin du spectacle, alors qu’on est tous à genoux devant la scène (c’est une façon de parler pour dire qu’on gobait chaque syllabe comme l’Ostie que le curé donne à la messe), ils nous ont présenté de façon magistrale le pourquoi on devrait acheter l’album Noir. Ils nous ont convaincu que, sans cet album, notre vie était incomplète, mais qu’on s’en rendrait seulement compte lorsqu’on achèterait l’album. Pas fou ces petits gars !
Je suis ressorti de ce spectacle avec une grande joie intérieure qui a pris du temps à partir parce qu’ils m’ont complètement hypnotisé. Ils sont uniques au monde et je ne blague pas lorsque je dis ça puisqu’il nous a affirmé qu’ils étaient les seuls au monde à faire ce genre de musique un peu improbable et indescriptible. On va les croire sur parole ok? On a même eu droit à leur version de Come together de The Beatles vers la fin… un vrai cadeau !
Au départ je pensais faire un article complet sur le spectacle de jeudi dernier au District St-Joseph. Vous savez ces 5 à 7 organisés par le FEQ, gratuits (!) en format apéro super agréable ? Alors la semaine dernière, c’était au tour de la talentueuse Valérie Clio.
Je cherchais les bons mots pour décrire la soirée tout en étant objective et ensuite je me suis bien rendue à l’évidence que ce n’était pas trop possible. Pourquoi ? Tout simplement parce que la belle Valérie Clio et moi on travaille ensemble depuis déjà 5 ans ! J’avais tout de même envie qu’Écoutedonc.ca parle de cette artiste pour une première fois sans oublier qu’il y a beaucoup de belles choses qui s’en viennent à son sujet ! J’en ferai donc un petit compte-rendu, juste pour vous donner envie d’en entendre plus et de la suivre.
Il faisait chaud, le resto-bar était rempli et parenthèse en passant: le nouveau décor et l’ambiance de la place sont vraiment parfaits ! Jessy Ludovic à la batterie, le complice de toujours à la guitare: Guillaume Tondreau et un petit nouveau à la basse, François Moisan. Ils laissent entendre quelques premières notes avant que Valérie arrive sur scène. C’est pas mal à ce moment que l’énergie explose ! Il y a de la complicité et un fun contagieux entre les membres du groupe et la foule répond bien. On a droit à la pièce « Vôtre » en live pour une première fois et si je me fie à ce que j’ai entendu, l’assistance a beaucoup apprécié cette interprétation !
Je terminerais en disant que l’important pour comprendre ce qui s’est passé, c’est vraiment de oui, écouter l’album « L’Autre Nous », mais encore plus d’aller voir le spectacle: parce que c’est vraiment là que l’effet Clio prend toute son ampleur ! Ça tombe bien parce qu’elle fera une prestation le 27 février, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs au Palais Montcalm. Contribution volontaire suggérée, mais vous devez réserver votre place juste ici !
Le hip-hop underground était à l’honneur vendredi soir dernier à l’Industrie, à Trois-Rivières, alors que le rappeur vancouvérois Madchild était de passage dans le cadre de sa tournée Night Time Kill. Plusieurs autres MCs étaient présents pour remplir cette soirée.
La soirée à début par la performance du duo sherbrookois Northern Cannibals. On a ensuite pu voir se succéder Status (New York), MC Therapist (Philadelphie), Pimpton (Regina), Swagg Jones (Colombie-Britanique) de même que d’autres rappeurs canadiens qui n’étaient pas annoncés, dont les noms m’échappent. Armés de leurs instrus à saveur eastcoast underground leur mission était de donner de l’énergie à cette foule. Certains remplissaient mieux ce rôle que d’autres. Il a fallu attendre longtemps avant de pouvoir voir se produire le principal intéressé.
Quand Madchild s’est finalement présenté sur scène, dans les alentours de 1h45 du matin, plusieurs personnes avaient déjà quitté, probablement d’impatience. Dès les premiers instants de sa pièce d’ouverture, Prefontaine, les gens présents se sont rués vers la scène de l’Industrie pour celui qu’elle attendait depuis très longtemps déjà. Après cet échauffement, le moshpit s’est mis en branle. Accompagné sur scène, entre autres, par son ami Yough Kazh, Madchild a aussi interprété la pièce, très hardcore, Warrior de son groupe Swollen Members.
Alors que le volume fut amené à un autre niveau pour sa prestation, la scène semblait accessoire pour le membre des Swollen Members alors qu’il s’est permis de rapper en plein cœur de la foule au grand plaisir de celle-ci. Cela a semblé étourdir la sécurité alors que les bousculades continuaient autour de Madchild. Ce dernier, visiblement ivre, bouteille de Baileys à la main à son arrivée, répéta à mainte reprise que la province qu’il préférait le plus était le Québec et qu’il adorait venir dans la belle province. Il y avait d’ailleurs de longs dialogues entre lui et la foule entre chacun de ses blocs musicaux.
Plus le spectacle avançait, plus on sentait la foule devenir agressive et plus la tension semblait monter dans la salle. On voyait sans cesse des gens tombés par terre et être renversés. En fin de compte, ce qui semblait devoir arriver s’est produit… Une bagarre presque générale s’est mise à éclater dans le public où plusieurs coups étaient lancés tandis que le spectacle suivait son cours normal. Il faut condamner une telle violence qui n’a pas sa place dans un concert de musique. Il a moyen d’être intense dans le respect comme on le voit dans les spectacles de métal. Une fois les multiples trouble-fêtes expulsés, Madchild a demandé aux spectateurs s’ils préféraient se battre ou si l’on continuait le spectacle. Finalement, la soirée s’est poursuivie et s’est terminée sur une note plus calme et les fans étaient ravis.
Marie-Renée Grondin et ses complices (Jean-François Breton, Philippe-Emmanuel Grattarola et Simon Tam) ont lancé en grandes pompes jeudi soir le premier maxi d’Émeraude, une proposition résolument pop, ensoleillée, qui réchauffe quelque peu nos ardeurs alors que nous vivons vraiment l’hiver et ses grands froids. L’Anti était plein (famille, amis, collègues), le cocktail Émeraude (tout bleu) était populaire, tout était parfait.
Le groupe a joué l’intégrale du maxi de quatre pièces. Puis offert une reprise bien sentie d’une chanson de Taylor Swift (oui, on parle de Tay Tay sur ecoutedonc, mais c’est pour une bonne cause) qui nous a permis de terminer le 5 à 7 sur une bonne note.
La suite est prometteuse. On va donc faire ce qu’on fait le mieux : surveiller de près une formation bien de chez nous! 🙂
Jeudi dernier au Grand salon de l’Université Laval, l’Organisme de promotion du skateboard et de la musique underground (OPSMU) présentait en collaboration avec, entre autres, District 7 Production, EXOSHOP et la CADEUL, le spectacle gratuit de Galaxie, Caravane et Gazoline. Les trois groupes ont su livrer une solide performance à cette soirée où le rock francophone était à l’honneur.
Galaxie
C’est sous les applaudissements de la foule que Galaxie s’est présenté sur scène pour faire le party au Grand Salon. Ils étaient prêts à faire rocker la place !
Arrivé sur scène, bouteille de fort à la main, Langevin cheers avec son public avant de livrer une performance d’enfer. Le groupe a définitivement fait lever le party avec plusieurs chansons de son dernier album Zulu, paru en février 2015. Sur cet album, les musiciens offrent des pièces au son électro rock. Le Grand Salon est devenu ce soir-là une immense piste de danse. On pouvait facilement sentir l’amour des fans envers le groupe.
Ils ont une énergie contagieuse. On pouvait surtout le remarquer avec les figures de rock exécuté par Langevin et sa guitare, mais aussi avec le rythme des maracas de la percussionniste et chanteuse Karine Pion.
Galaxie nous amène directement dans leurs univers, dans leur galaxie. On a l’impression d’être dans un jam avec les musiciens.
À voir leur spectacle, on n’est pas du tout surpris de constater qu’ils ont remporté le Félix dans la catégorie Groupe de l’année et Album alternatif de l’année de l’ADISQ 2015. D’ailleurs, leur album Zulu est en nomination pour l’album francophone de l’année au gala The JUNO Awards. On leur souhaite la meilleure des chances !
Caravane
Les rockeurs de Caravane sont montés sur scène pour réchauffer le public avant la tête d’affiche de la soirée. Habitués des spectacles et des festivals, ils offrent toujours une prestation à la hauteur des attentes. Ils ont interprété plusieurs de leurs succès tels que Minuit, Chien et Maxyme. Le groupe a d’ailleurs spécifié que cette dernière est très importante pour eux. Ayant actuellement un album à leur actif, Caravane a interprété une nouvelle chanson. Enfin du nouveau stock ! Gageons qu’elle deviendra leur nouveau succès.
Pendant le spectacle, le Père Noël de Limoilou est allé rejoindre les musiciens sur scène. Un fan fidèle des spectacles gratuits de Caravane, cet homme portant une grosse barbe blanche a bien fait rire la foule. Il fait presque partie du band !
Spectacle encore une fois réussi pour Caravane.
Gazoline
Les gars de Gazoline ont assuré la première partie de cette soirée avec brio. Ils ont su entraîner le public dans leur rock propre à eux. Ils ont joué plusieurs de leurs succès, que l’on peut d’ailleurs entendre à la radio. Ils ont complètement conquis le public avec leur chanson Gazoline.
Ils ont été nommés pour l’Album rock de l’année à l’ADISQ en 2014. Ce n’est que le début d’une grande histoire d’amour avec ce groupe rock francophone.
Soyons honnêtes deux minutes. J’ai manqué les 10-15 premières minutes. Le froid a dû me faire marcher trop lentement, ou bien c’est peut être la bière que j’ai pris pour me réchauffer qui s’est un peu éternisée. J’en ai pas manqué trop quand même! J’ai eu le temps de voir assez de Harfang pour vous en parler d’une manière selon moi plus qu’adéquate!
Et justement, Harfang ont été plus qu’adéquats, impeccables même. La guitare électrique est réverbérée, houleuse, une toile sur laquelle pouvaient glisser les harmonies de Samuel Wagner et Antoine Angers. La voix d’Antoine semblant d’ailleurs prendre une place moins effacée, plus assumée qu’auparavant, contrastant doucement avec le fausset de Samuel. Je vais essayer de ne pas trop comparer avec le passé, pour les nouveaux venus à Harfang (il doit en rester 4 ou 5 à Québec), mais je dois mentionner le glissement subtil du son folk, qui s’efface un peu pour laisser paraître un rock planant, mature et franchement plus intéressant, intégrant les guitares acoustiques comme élément de texture sonore plutôt que comme élément central du groupe. Je dois admettre mon biais par contre, je suis l’escroc bien élevé du rock indépendant à Québec (Simon calme toi) alors je préfère un peu les sons plus croquants, plus assumés, les percussions fortes, l’influence métal de Mathieu Rompré aux percussions, la guitare au look rockabilly de David Boulet-Tremblay… ad infinitum.
Enchaînant surtout les pièces de Flood, et, si mes oreilles ne se trompent pas, quelques nouvelles pièces, on voyait un groupe confiant, solide, qui connaît et aime son matériel. Ils se sont d’ailleurs gâtés avec un cover de Perth de Bon Iver, jouée justement, avec émotion, mais sans plus. J’aurais voulu entendre plus de Harfang, plus de changements dans la pièce, une touche plus personnelle! Mais bon, le beau Alexis dansait avec sa basse alors que demander de plus.
Donc, Harfang c’est beau, mais on les connaît, il faut passer à la pièce de résistance.
Mouse on the Keys est un trio, formé d’Akira Kawasaki aux percussions, et d’Atsushi Kiyota et Daisuke Niitome, tous deux aux claviers! Ils étaient accompagnés sur scène d’une excellente trompettiste et d’un habile projectionniste aux noms inconnus! Ils sont vêtus de noir, la scène est éclairée très timidement, le Cercle devient monochrome, les introductions sont faites.. ça sonnait comment?
Si ma mémoire est bonne, ils ont ouvert avec Spectres de Mouse, tirée de leur album le plus connu,An Anxious Object. Allez écouter ça, vous allez avoir une bonne idée. Mais bon, je vais faire mon travail quand même et vous le décrire! Je vais crier un brouillon d’influences, faites-en ce que vous en voulez et ensuite on pourra parler de leur performance scénique!
Donc, sans ordre précis, j’ai entendu, ou ressenti:
Une base jazz assez bien assumée, voire même une touche de fusion, mais sans le kitsch. Une attitude et une fougue tirant définitivement vers le punk. Un look et des éléments échantillonnés rappelant le japanoise (ジャパノイズ pour les intimes). Une émotion presque trip-hop par moments avec des progressions dynamiques et harmoniques qui rappellent Reich et les autres grands du classique contemporain. Je sais, ça semble incompréhensible.. et en relisant les notes je me dis la même chose, mais le spectacle était assez incompréhensible aussi!
Le visuel, de son côté, était impeccable. Avec 4 ou 5 projecteurs, derrière le groupe, sur le groupe et sur les murs, contrastant avec la noirceur, on avait des projections géométriques, monochromes en noir et blanc, haletantes et dynamiques. Un bel ajout à l’expérience déjà surréelle. Parlant de surréalisme, la performance instrumentale était hors de ce monde. Les interactions entre les deux claviéristes, se répondant, mélangeant leurs mélodies, remplissait l’espace sonore comme les pâtes alphabet dans une soupe qui a déjà beaucoup de légumes, un mélange consistant et savoureux.
Si les claviers sont légumes et pâtes, les percussions font le bouillon. Alternant les métriques et les tempos, sans jamais qu’on ne s’en rende compte ou qu’on arrête de danser, jouant avec les dynamiques, les intensités, les références au jazz, au hip-hop, au math rock, Akira Kawasaki était sans contredit le meneur du groupe sur la scène, celui que l’on regarde, et avec raison!
Le spectacle s’est déroulé comme un rêve, une expérience qu’on ne peut comprendre, qu’on ne peut qu’observer en pâmoison, en pleurant, probablement. Je rêve souvent en pleurant. On ne s’est réveillés qu’à la dernière chanson du rappel, où le projectionniste est allé derrière les tambours pendant que Kawasaki grimpait les murs du Cercle et imitait les DJs. Comme quoi on peut être hilarant même si vêtu que de noir.
Bon, je me perds vraiment dans mes mots en ce moment, l’article s’éternise!. Tout ça pour dire: J’ai adoré!
Pour moi, la barre est mise pour l’année 2016, et elle est mise haute.
Les jolies photos agrémentant l’article ont été prises par François-Samuel Fortin. Sauf celle de soupe, évidemment.
Deux parutions fraîches que l’on doit à Lisbon Lux Records seront lancées conjointement lors d’une soirée organisée à l’occasion du troisième anniversaire de l’étiquette électro montréalaise. Deux EPs sous la barre des vingt minutes, mais qui apportent tout de même de l’eau au moulin de la scène électro montréalaise et qui capitalisent sur des voix féminines et des textes en français.
Il faut avouer que la bande de LLR semble toujours dénicher des trucs qui concordent avec leur esthétique solide et envoûtant, la plupart des artistes proposés par l’étiquette jouissant d’une sonorité hallucinante et d’éléments stylistiques fignolés avec soin. De Beat Market à Le Couleur en passant par Das Mortal, leur marque de commerce a toujours impliqué des sonorités électroniques inspirées tant des succès commerciaux européens qu’américains et par une esthétique léchée. Les deux formations dont il est question ici ne font pas exception à la règle fixée par l’étiquette lors de sa fondation.
On retrouve d’abord Paupière, une troupe menée par Pierre-Luc Bégin (We Are Wolves) et complétée par deux filles au doux timbre de voix et au joli minois, que l’on peut d’ailleurs admirer dans le vidéoclip qui sert de carte de visite à l’hypnotisante «Cinq heures», le premier extrait de «Jeunes instants». Ce n’est que sur le troisième titre qu’une voix masculine vient donner la réplique aux demoiselles, outre les sept petits mots dans la chanson mentionnée précédemment, et on se demande pourquoi ce nouvel élément vocal, bien stylé et juste assez sobre, n’est pas davantage exploité dans leurs compositions. Les paroles sont empreintes de symboles et assez énigmatiques. Les quatre pièces sont par ailleurs à la fois variées et cohérentes, mais elles constituent davantage une mise en bouche qu’un plat de résistance. L’album que laissent présager ces quatre morceaux, parfois downtempo et parfois plus dansant, devrait être fort intéressant.
La seconde formation qui lance son premier EP, «Chassés-croisés», c’est Bronswick, un duo formé de Catherine Coutu et Bertrand Pouyet. Le projet est né sous l’initiative de Pouyet et Coutu est arrivée lorsqu’il cherchait un vocal féminin pour compléter ses compositions. Tout porte à croire qu’il a adoré le vocal de sa comparse car il lui a fait la part belle dans le mix, pêchant par l’excès à mon goût, car la proéminence des vocaux empêche de bien apprécier la musique à sa juste valeur. L’esthétique ici est plus commerciale, mais les synthétiseurs amènent un effet de nostalgie vraiment intéressant, surtout sur le premier titre, «Comme la mer». La production est vraiment réussie ici aussi, et on reconnaît encore l’esthétique Lisbon Lux. Leurs influences allant de Mylène Farmer à Depeche Mode en passant par The Knife, The XX et The Dø. Le tout est assez posé et diversifié pour susciter l’intérêt, bien que ce soit parfois un peu trop sucré et fruité.
La soirée de double lancement pour Bronswick et Paupière pour le troisième anniversaire de Lisbon Lux vient avec une performance des deux groupes et des DJ sets par Le Couleur et Fonkynson+Das Mortal, le vendredi 26 février au Théâtre Fairmount à Montréal.
Plus d’info par là:
https://www.facebook.com/events/840273516119265/
http://lisbonluxrecords.com/