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    Critique : Monogrenade – « Composite »

    Un de mes coups de coeur de ces dernières années, c’est Tantale, le premier album complet de Monogrenade paru en 2011, sur lequel on pouvait entendre un groupe talentueux et prometteur qui joue une musique atmosphérique, mais entraînante, qui marie brillamment l’électronique et les instruments plus classiques. Bref, du beau travail, et nous avions hâte d’entendre la suite.

    Monogrenade - Composite

    La suite, vous pourrez l’entendre sur Composite, le deuxième album fort attendu, et réussi, de Jean-Michel Pigeon et sa bande.

    Musicalement, Composite est une suite logique à Tantale. On se replonge dans la même pop atmosphérique qui marie brillamment l’électronique et les instruments classiques (notons les coups de main de Pietro Amato et son cor français, ainsi que des cordes sidérales des Mommies on the Run), mais en même temps, on ne peut qu’apprécier l’expérience acquise par le groupe ces dernières années. Cette expérience s’est traduite en assurance et ça paraît. Ça commence en force, avec un duo Portal/Composite où un mur de synthés laisse place à ce qui semble être une ballade piano-voix, mais est en réalité une chanson pop arrangée avec une richesse qui peut évoquer un Patrick Watson un peu plus technique et un peu moins soul. La dernière minute de la pièce, qui fait la part belle aux cordes, donne quelques frissons.

    À l’écoute de L’aimant, je peux comprendre certains critiques qui se plaignent de la voix de Pigeon, qui semble parfois calquée sur celle de Louis-Jean Cormier (ce qui peut être agaçant quand Karkwa est manifestement une influence musicale). Heureusement, on a eu la bonne idée de ne pas trop en mettre au mixage. On entend la voix de Pigeon juste assez bien pour que ceux qui y accordent toute l’importance du monde puissent bien comprendre les paroles tout en permettant à ceux qui préfèrent se concentrer sur la musique de le faire.

    Cercles et Pentagones suit et c’est très bon. Il y a un petit côté New Order à cette chanson et le crescendo à la deuxième partie de la pièce est tout simplement délectable. Cette explosion, à la fin… Wow, un vrai feu d’artifice musical. Labyrinthe, de son côté, est une chanson typiquement indie rock mauditement bien faite où on a su tirer le meilleur parti de la voix d’ange de Marie-Pierre Arthur.

    Après une J’attends convenue, mais fort sympa, Monogrenade sombre dans l’électropop orchestrale sur Métropolis, une chanson lourde et froide qu’on aurait peut-être voulu plus longue, comme c’est le cas avec Phaéton, qui aurait mérité une construction en plus de trois courtes minutes.

    Je ne serais pas surpris d’entendre un jour un remix de Tes Yeux, qui a quelques accents disco pop fort agréables. On tape joyeusement du pied, là. L’album se termine sur Le fantôme, une pièce qui montre ce que les gens de Monogrenade sont capables de faire quand on leur laisse le temps de construire une chanson. Pas pour rien qu’orchestral rime avec magistral…

    Sur Composite, la plupart des qualités de Monogrenade sont aussi ses défauts et vice-versa. Le groupe est capable de jouer des chansons de 7-8 minutes et de faire « monter la sève », mais il se contente souvent d’une parcelle au lieu d’occuper le terrain au complet. Oui, il y a quelques lacunes, notamment sur le plan des paroles, la musique vient souvent tout faire oublier. Oui, ça a parfois l’air calqué sur Karkwa et Patrick Watson, mais sur une étagère, c’est exactement là, entre Karkwa et Patrick Watson, que la pochette l’album va se trouver.

    Malgré ses petits défauts, Composite est un excellent album tout à fait dans l’air du temps, qui laisse à Monogrenade un bel espace où évoluer. En vente chez votre disquaire préféré dès le 4 février.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1903229635 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small t=2]

    Monogrenade, « Composite » (Bonsound)
    8/10

    Jacques Boivin

    29 janvier 2014
    Albums
    8/10, Albums, Composite, janvier 2013, Monogrenade
  • Critique : Cœur de Pirate – « Trauma – Chansons de la série télé »

    trauma coeur de pirateL’enregistrement d’une bande originale destinée à un film ou à une série télé, ce n’est pas toujours facile. Il faut se plier aux diktats des producteurs, des réalisateurs et des auteurs. Si, en plus, il s’agit d’enregistrer des reprises, il faut s’assurer de libérer les droits associés aux chansons tout en respectant les conditions associées. Ajoutez cela le fait que d’autres artistes vous ont précédé avec panache, et vous voilà avec toute la pression du monde.

    Béatrice Martin, que vous connaissez également sous le nom de Cœur de pirate, se préparait justement à entrer en studio lorsque Fabienne Larouche lui a demandé de s’occuper de la BO de la cinquième saison de Trauma. Évidemment, l’artiste a dit oui et nous voilà, quelques mois plus tard, avec le résultat.

    Tout d’abord, disons-le tout de suite, c’est joli. J’ai toujours trouvé que la voix de Béatrice Martin était plus riche et complexe dans la langue de Zooey Deschanel que dans celle de Vanessa Paradis. Bien sûr, tout n’est pas parfait, on pourrait reprocher à la chanteuse le fait qu’elle mâche ses mots en anglais, ce qui peut être suffisant pour en faire décrocher quelques-uns.

    Côté musique, nous sommes gâtés : les chansons qui ont été reprises ont reçu un traitement sobre et souvent minimaliste. Certaines sont plus réussies que d’autres : Summer Wine (originalement de Nancy Sinatra et Lee Hazelwood) s’apprécie fort bien et Coeur de Pirate interprète merveilleusement Amy Winehouse. Et Lucille, de Kenny Rogers? Déshabillée au point de ne constituer qu’un piano-voix, c’est une toute autre chanson, où Martin est juste parfaite.

    D’un autre côté, Last Kiss, avec le reverb dans le piton, on s’en serait peut-être passé.

    La plus grande difficulté avec ce genre d’album, c’est de trouver un rythme, un ordre des pièces qui nous donnera envie d’écouter les pièces plutôt que de mettre l’album en musique de fond pendant qu’on épluche des patates. Dans le cas d’une série, où toutes les chansons ont souvent le même rôle (marquer le moment le plus dramatique de l’épisode) et une intensité semblable, la chose est encore plus difficile. Sur ce plan, mission accomplie, avec le matériel en mains, on ne s’ennuie pas.

    Et ça finit plutôt bien, avec une combinaison The Great Escape (Patrick Watson) et Flume (Bon Iver) que Béatrice Martin n’a pas hésité à mettre à sa main. Attachant.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=DnqbNnnzbUA&w=480]

    Ma note :
    offset_7

    Cœur de Pirate, « Trauma – Chansons de la série télé » (Grosse boîte)

    Jacques Boivin

    15 janvier 2014
    Albums
    7/10, Albums, Coeur de pirate, Grosse boîte, janvier 2014, Trauma
  • Critique : Bruce Springsteen – « High Hopes »

    High_Hopes_album_Bruce_SpringsteenÇa fait des années que je rêve de voir le Boss en spectacle et il se pourrait que 2014 soit la bonne, car le géant du New Jersey a une nouvelle galette à promouvoir. Et qui dit galette dit tournée mondiale. Tant mieux, paraît que le Boss en spectacle, c’est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie.

    Cela dit, après avoir écouté High Hopes, le 18e album studio de Springsteen, on se dit que malheureusement, la fierté du New Jersey aurait peut-être dû attendre d’avoir autre chose à nos proposer que des chansons composées depuis longtemps, mais qui n’ont jamais été enregistrées, ou d’autres vieilles chansons remises au goût du jour.

    Pour Springsteen, « au goût du jour », ça veut dire beurrer épais. Les chansons sont très rarement arrangées simplement. Ça prend du bruit. Ça prend 2-3 ensembles de percussions, de l’orgue, du violon, de la guitare, tout ça à un volume pas trop élevé pour éviter de masquer la voix (toujours en feu) du Boss. Malheureusement, quand tout semble branché sur le 220, on a l’impression de se retrouver devant un mélange un peu trop homogène, qui manque d’imagination.

    C’est dommage, parce que le propos de Springsteen, qui, lui, ne manque pas de pertinence, se trouve noyé dans ce sirop surproduit qui convient mieux à un gros party devant des dizaines de milliers de personnes que dans un casque d’écoute. Même si elle a été écrite au tournant du siècle, la pièce American Skin (41 Shots) est encore d’actualité, suffit de penser à l’affaire Trayvon Martin.

    Quant à Tom Morello (Rage Against the Machine), venu remplacer Steven Van Zandt, il faut avouer qu’il fait un travail honnête, même si sa guitare aux sonorités très nineties peut parfois être déroutante. Reste que sur la reprise de Ghost of Tom Joad, Morello y met toute la gomme, au plus grand plaisir des fans du Boss.

    En résumé, High Hopes n’est pas l’éclair de génie qu’on n’attend plus de Springsteen depuis des années. C’est un autre album surproduit, surjoué, qui tape un peu trop sur les nerfs pour être excellent, mais qui renferme assez de bons moments pour mériter au moins un ou deux écoutes.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=rOPDhoZH91g&w=480]

    Ma note : offset_6

    Jacques Boivin

    13 janvier 2014
    Albums
    6/10, Albums, bruce springsteen, high hopes, janvier 2014
  • Critique : Lover Lover – « There is a Place »

    Lover Lover There is a PlaceSi on réussissait à prendre les claviers des Eurythmics et à les mélanger au adult rock des Fleetwood Mac fin 1970, début 1980, on aurait probablement un hybride extrêmement intéressant. Imaginons que cet hybride sort tout droit de la tête d’une pâtissière parisienne nommée Eleanor Bodenham et qu’elle a conçu cet album à Los Angeles et à Londres avec des gars nommés Martin Craft et Nick Littlemore (d’Empire of the Sun). On se trouve un joli nom basé sur une toune de Cohen (Lover Lover). On enregistre l’album lentement, mais sûrement, mais à la toute fin, les deux gars décident de se retirer.

    Les gars sont peut-être partis, mais l’album est prêt et il vient tout juste d’apparaître chez nos pushers préférés. There is a Place, que ça s’appelle. C’est tout simplement irrésistible. Un parfait mélange de synthés et de personnalité. Des tonalités chaudes, comme la voix de Bodenham, qui se rapproche un peu de celle de Stevie Nicks dans les graves sans tomber dans l’excès (allô, Lissie!).

    Parmi les chansons à signaler, on retrouve Young Free, une pièce uptempo simple, mais accrocheuse, Embers, qui représente parfaitement ce mélange d’Eurythmics et de Fleetwood Mac dont je parlais au début, Freebirds, planante et atmosphérique, Hush, la pièce indie pop qui nous rappelle que nous sommes presque en 2014, et The Fire, tout simplement magique.

    On se serait toutefois passé des deux pièces sirupeuses qui terminent l’album (Love on a Wire et Home). Des finales piano-voix-synthé éthéré, y’en a treize à la douzaine, et celle de Lover Lover manque un brin d’originalité.

    Même si on reste un peu sur notre appétit, il faut admettre que le premier (et peut-être dernier) album de Lover Lover est un petit bijou de pop indé. Ça s’écoute légèrement, c’est sans prétention, et l’album est un mélange original d’influences eighties, ce qui est rare quand on examine toutes les références aux années 1980 qu’on a vues passer ces dernières années.

    [vimeo http://vimeo.com/79619547]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    22 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Lover Lover, novembre 2013, There is a Place
  • Critique : Jake Bugg – « Shangri La »

    Jake Bugg - Shangri La

    Tiens, tiens, juste au moment où on allait fermer les livres et préparer les rétrospectives de fin d’année, voilà que le jeune Bugg nous arriver avec un deuxième album ma foi fort divertissant! Son premier album, qui nous a fait découvrir un jeune virtuose du folk-rock qui a conservé juste assez de naïveté pour nous être sympathique, a connu un immense succès en Europe. Et il s’est plutôt bien vendu de ce côté-ci de l’Atlantique! Faut dire que le fait d’être encensé par le frère Gallagher talentueux, ça aide.

    Enregistré aux États-Unis en compagnie du réalisateur Rick Rubin, Shangri La offre un son beaucoup plus près de Nashville que du Nottingham natal de Bugg. Les pièces rock rockent plus, les pièces folk folkent plus et la voix nasillarde de Bugg n’a jamais été aussi pertinente.

    Quand Bugg bouge, il ne fait pas les choses à moitié : Que ce soit dans la rock n’ roll There’s a Beast and We All Feed It, dans l’ultrarapide Slumville Sunrise ou dans la punkette What Doesn’t Kill You, on tape joyeusement du pied. C’est sec, c’est cru, on voit que Rubin s’est concentré sur l’essentiel. Jake Bugg n’a pas besoin d’artifices pour déplacer de l’air et on lui a laissé tout l’espace nécessaire. Et Kingpin. Celle-là, les frères Gallagher auraient certainement aimé l’écrire.

    Même s’il rocke bien, il faut admettre que Bugg est à son meilleur quand il chante le folk. Il y a encore de la graine de Dylan chez ce jeune homme. Qui plus est, il a gagné en maturité, ce qui paraît dans ses ritournelles. Me and You est simplement magnifique. A Song About Love est une superbe chanson tout en douceur qui aurait toutefois mérité que Bugg s’efforce de ne pas trop mâcher ses mots.

    Alors qu’on craignait que le jeune Bugg se ferait bouffer par la machine ou que la tête se mettrait à enfler, il semble que rien de tout ça ne s’est produit. Au contraire, le jeune homme, qui n’a que 19 ans, nous propose un maudit bon album bien ficelé qui ne réinvente peut-être pas la roue, mais qui est composé d’excellentes pièces mises en valeur par un ordre judicieusement choisi. Qu’il joue du rock ou du folk, qu’ils ose un peu de folk ou un brin de punk, tout ce qu’il touche est tout simplement réussi.

    Beau cadeau de fin d’année.

    [youtube http://youtu.be/p4wTRbW0aos&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    20 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Jake Bugg, novembre 2013, Shangri La
  • Critique : Dead Obies – « Montréal $ud »

    Dead Obies - Montréal SudVous avez probablement remarqué, les albums de hip hop et de rap sont rares sur ce blogue. On a tous un ou deux genres musicaux qu’on aime un peu moins que les autres. Pour certains, c’est le country. Pour d’autres, c’est la musique dite classique. Moi, j’ai du mal avec deux genres : le métal et le hip hop.

    Certains artistes réussissent à me tirer hors de ma zone de confort. Par exemple, j’ai un petit faible pour The Roots, que j’ai particulièrement apprécié à Bonnaroo en 2012. Cargo Culte m’est apparu fort sympathique. Vous pouvez maintenant ajouter Dead Obies à cette courte liste.

    Le collectif composé de cinq MC spécialistes des battle raps et d’un producteur vient de faire paraître Montréal $ud, un album au rap métissé à un point tel qu’il arrive parfois qu’on ne comprend plus les paroles balancées dans un franglais qui sert plus la musique que l’inverse. Oui, ça a ses défauts, on perd parfois le fil, mais c’est tellement rythmé!

    Montréal $ud, c’est surtout un album de moods, d’ambiances, un album bien de son temps, très sombre, qui sonne beaucoup plus américain qu’européen (dans mon cas, c’est tant mieux). La production est impeccable, chaque sonorité a un rôle à jouer dans un ensemble réfléchi, peaufiné. C’est comme le débit des rappeurs, le flow, comme ils disent. Chacun apporte son style, sa voix, son attitude. Cette variété permet au groupe de nous offrir un album de près de 80 minutes sans redite apparente.

    L’album est divisé en trois « mouvements » : la banlieue sale, que nos comparses ont hâte de quitter, le party en ville, puis le lendemain de veille. Chaque mouvement a son son, son ambiance. La transition entre chaque mouvement est sans faille, surtout sur D.O.E. (Dead Obies Epress), qui se trouve entre Runnin’ et l’irrésistible Montréal $ud, une pièce cool et mollo qui met en lumière tout le talent qui se trouve chez les membres du collectif.

    D’autres pièces sont remarquables. Je pense entre autres à In America, avec son rythme langoureux et ses échantillons de guitare hypnotique. Une autre pièce sans faille parmi tant d’autres.

    Paraît que leurs shows sont impeccables. En tout cas, leur lancement a été ze talk of the town. Pas de mal à comprendre après avoir écouté l’album.

    Si vous croyez encore que le rap, c’est pas de la musique, écoutez cet album. Vous en ressortirez transformés.

    [youtube http://youtu.be/ZLgsSG_jSC0&w=480]

    Site Web : http://www.deadobies.com

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    16 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Dead Obies, Montréal $ud, novembre 2013
  • Critique : Cut Copy – « Free Your Mind »

    Cut Copy - Free Your MindLes Australiens de Cut Copy sont de retour avec un quatrième album, Free Your Mind, qui joue « safe ». La bande de Melbourne, qui nous a donné les bijoux pop Feel the Love, Hearts on Fire, Need You Now et When I’m Going, ) a décidé de se cantonner dans une électropop qui ne réinvente pas grand chose, mais que Dan Whitford et ses comparses maîtrisent à la perfection.

    Bien sûr, il y a la petite chanson pop obligatoire sur chaque album de Cut Copy (Dark Corners & Mountains Tops, qui semble avoir été enregistrée dans un garage, mais il y a aussi Walking in the Sky, qui aurait tellement bien mis un point final sur ce disque…), mais le reste se veut électro et dansant à souhait. Toujours pas de miracle du côté des paroles, mais ce n’est pas ce qu’on demande à Whitford. On veut du rythme, on veut danser, on veut courir, on veut bouger.

    Là-dessus, il faut rendre à César ce qui lui appartient : Free Your Mind, malgré sa redondance, fait la job.

    À mettre dans votre iPod quand vous courrez au froid cet hiver.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=xPRJVKtrCCk&w=480]

    Ma note : offset_6

    Jacques Boivin

    7 novembre 2013
    Albums
    6/10, Albums, Cut Copy, Free Your Mind, novembre 2013
  • Critique : Mark Berube – « Russian Dolls »

    BONAL027_Cover_HRIl y a des albums qu’on a envie d’analyser, pour lesquels des critiques de plusieurs centaines de mots ne permettent pas de faire complètement le tour. D’autres dont on fait le tour en trois ou quatre phrases tellement ils sont simples.

    Puis il y a des albums, comme Russian Dolls, de l’auteur-compositeur-interprète montréalais d’adoption Mark Berube, qui laissent tout simplement sans voix à la première écoute. J’vous jure! Après les dernières notes de Beer Garden, j’avais la bouche grande ouverte. Et sans aucune hésitation, j’ai relancé le disque. Puis je l’ai relancé encore. Et encore.

    Et si cet album en apparence sans prétention, qui dure à peine 34 minutes et demie, était le remède parfait à la grisaille de novembre? Onze pièces d’une rare beauté, d’un alliage de folk et de nombreux genres (ska, jazz, pop indé) qui s’écoutent avec ravissement l’une après l’autre. Un accompagnement parfait de la complice de Berube, Kristina Koropeci, et une participation bien sentie de Katie Moore, notamment sur Queen and Country. Des orchestrations qui rappellent à la fois les flashes de génie de Dan Mangan et la sensibilité de Patrick Watson tout en demeurant plus folk que symphonique. Des moments épiques qui donnent des frissons comme sur Mississipi Prom. Une merveille d’indie pop sur Another Century. Un mélange juste de douceur et d’intensité, comme une douce brise qui ralentit la chute des dernières feuilles et des premiers flocons.

    Je suis toujours sans voix. Mais je suis toute ouïe. Un des meilleurs albums que j’ai écoutés en 2013, sans aucune espèce d’hésitation. Gens de Québec, Mark Berube sera au Cercle le 30 novembre. Je pense que je vais avoir besoin d’une gardienne.

    [youtube http://youtu.be/_UZXjLQoBBY&w=480]
    Site Web : www.markberube.com

    Ma note : offset_9

    Jacques Boivin

    5 novembre 2013
    Albums
    9/10, Albums, Mark Berube, novembre 2013, Russian Dolls
  • Critique : Arcade Fire – « Reflektor »

    arcade-fire-reflektorOh, ce qu’on avait hâte d’entendre le successeur de The Suburbs, ce disque qui a propulsé le collectif montréalais Arcade Fire dans la stratosphère du rock. Les attentes étaient stratosphériques et le rouleau compresseur marketing qui a précédé la sortie de l’album en a énervé plus d’un.

    Bon, vous l’avez sûrement lu quelque part, James Murphy, du très dansant LCD Soundsystem, a coréalisé l’album. De plus, vous avez sûrement entendu parler des voyages du groupe en Haïti, autant sur le plan humanitaire que culturel. Ce genre d’association influence son homme, on savait donc que le groupe avait évolué et qu’on n’aurait pas droit à un Suburbs, deuxième partie.

    Si vous avez entendu le premier extrait, Reflektor, vous avez déjà une petite idée de l’orientation qu’ont pris les membres du collectif. Mais vraiment, une toune de huit minutes ne rend pas justice à cet album double de 76 minutes qui passe allègrement d’un genre à l’autre tout en gardant un fil conducteur (la légende d’Orphée).

    L’album s’ouvre avec la pièce titre, Reflektor, longue, langoureuse, dansante à souhait. Après une We Exist qui respecte une forme plus traditionnelle se succèdent Flashbulb Eyes et Here Comes the Night Time, deux chansons irrésistiblement inspirées des Caraïbes. Dans Normal Person, Win Butler se prend à la fois pour Elvis et Mick Jagger. You Already Know est probablement la plus suburbienne des pièces de Reflektor, mais elle prépare bien la petite bombe Joan of Arc où Régine Chassagne rend Jeanne d’Arc sexy. C’est sur cette note que se termine le disque 1.

    Le deuxième disque s’ouvre sur une reprise de Here Comes the Night Time toute en douceur, qui prépare bien le duo Awful Sound (Oh Eurydice) et It’s Never Over (Oh Orpheus). Vous aurez compris que des chansons qui semblent plus faibles à première vue ont leur utilité : elles mettent la table à de petites bombes qui explosent dans nos oreilles au grand plaisir de l’auditeur. Celle d’Awful Sound est de loin ma préférée. Les guitares sont sublimes, ça tape sur les tambours avec frénésie, Butler chante doucement et tout à coup, PAF! Refrain incroyablement accrocheur, mélodie beatlesque et deuxième couplet au mur du son qui rappelle A Day in the Life. À la fin, on dirait même que George est revenu d’entre les morts pour jouer de la guitare pendant des na na na (qui ne durent qu’une trentaine de secondes, tout de même…). Les Beatles rencontrent Edward Sharpe? Ouais!

    Porno, qui suit ce duo, a ce petit côté ballade sombre des années 1980 qui devrait plaire aux gens de ma génération, surtout qu’elle permet à Win Butler de se la jouer un peu crooner, avant de retomber dans l’ambiance carnavalesque avec une Afterlife qui va faire danser bien des gens lors de la prochaine saison des festivals. L’album se termine avec une Supersymmetry en guise de bonne nuit et de générique de fin.

    On pourra reprocher bien des choses à Arcade Fire, dont le côté un peu inégal de cette offrande, qui, outre le fait que certaines chansons ne semblent servir qu’à mettre la table pour les suivantes, comporte tout de même quelques longueurs. Neuf chansons sur treize dépassent les cinq minutes. Dans un monde où on s’est vraiment habitué aux chansons de moins de quatre minutes, c’est beaucoup.

    Par contre, ça a permis aux membres du groupe d’expérimenter. De prendre leur temps. D’installer leurs personnages, leurs histoires. Jouer avec les rythmes comme d’autres jouent avec les émotions. Si The Suburbs était un album cérébral qui s’adressait à la tête, Reflektor est un album animal qui s’adresse à l’ensemble du corps.

    Même si ce n’est pas l’album de l’année, ni même le meilleur album d’Arcade Fire, il s’agit d’un quatrième excellent album pour le groupe de Montréal. Une belle évolution pour un groupe qui refuse de faire du surplace. Les autres albums ont bien vieilli, celui-ci devrait également être meilleur avec le temps.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=r75BFcH4u2k]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    3 novembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Arcade Fire, Octobre 2013, Reflektor
  • Critique : Paul McCartney – « New »

    paul-mccartney-new-hbnt-10On reproche souvent à Paul McCartney son total manque de constance. On le sait capable de nous donner le meilleur comme le pire (Où est le soleil quelqu’un?).

    Son dernier album pop, Memory Almost Full, faisait partie du bon stock et comptait d’excellents moments. Son album de reprises jazz en comptait de moins bons.

    On était donc en droit de se demander dans quelle catégorie tomberait New, surtout qu’il y avait certains faits inquiétants, comme ce besoin de s’entourer de quatre réalisateurs différents et cette sensation d’entendre Penny Lane quand on entend la pièce-titre.

    Eh ben voilà, rien à craindre, c’est à un McCartney particulièrement en forme qu’on a droit sur New, un album aux influences diverses où le prolifique Beatle semble plus actuel que jamais tout en multipliant les clins d’oeil à ses créations passées. Surtout, jamais on n’a l’impression d’avoir affaire à un homme de 71 ans.

    L’album s’ouvre sur Save Us, un vrai rock n’ roll qui rappellera Only Mama Knows (Memory Almost Full). On dirait que Sir Paul voulait montrer à Alex Kapranos (Franz Ferdinand) qu’il était capable lui aussi de faire danser les jeunes filles… et les moins jeunes! Alligator aurait été approprié sur n’importe quel album de Paul et des Wings des années 1970.

    Queenie Eye a un petit côté coloré que n’auraient pas détesté les autres membres des Beatles. Early Days fait un peu penser à Mother Nature’s Son.

    Après New, la chanson qui n’a rien de nouveau (si on écoute les paroles, c’est voulu), se trouve ze extra-terrestre de l’album, qui a fait reculer plus d’un critique jusqu’à maintenant, mais qui, à mon avis, est le morceau le plus intéressant de cette offrande : Appreciate. C’est un peu comme si Sir Paul avait écouté du Beta Band avant de se rendre en studio. C’est hypnotique, ultra-atmosphérique, c’est complexe, c’est cool sans jamais être froid et le refrain donne le goût de hocher la tête avec une énergie contagieuse. Seul hic : la pièce détonne un peu sur un album sympa, mais assez conventionnel. Mais franchement, peut-on reprocher à McCartney de se promener champ gauche une fois de temps en temps?

    Everybody Out There est un autre de ces airs typiquement McCartney, très pop et entraînant. Hosanna est une jolie ballade, mais elle ne passera pas à l’histoire.

    I Can Bet est du pur Wings. C’est rythmé, c’est cool et le refrain est accrocheur. Et le pont mène direct à un petit solo… de clavier! Looking at Her est une autre de ces chansons un peu champ gauche par son instrumentation (très lourde en synthés), mais qu’on reconnaîtrait de toute façon par sa mélodie.

    Road, qui clôt l’album, est une autre ballade, mais celle-ci est riche et complexe et semble montrer que McCartney a encore plein de choses à nous dire… et qu’il refuse de vieillir. Tant mieux.

    En gros, New constitue un autre excellent album pour Paul McCartney dans une discographie qui en compte plusieurs (tout en comptant quelques trucs beaucoup moins intéressants). Les jeunes qui souhaitent faire de la musique devraient tendre l’oreille.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=fv3syIA5AYM&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    15 octobre 2013
    Albums
    8/10, Albums, New, Octobre 2013, Paul McCartney
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