Malgré ses murs bétonnés et son obscurité, le Sous-sol du Cercle est souvent le théâtre de moments magiques. C’était le cas mercredi dernier, tandis que les trois formations de la soirée se succédaient sous les projecteurs du pas-de-scène devant un public initié et chaleureux. Compte-rendu d’une soirée savoureuse et intime.
Alexandre Martel
Alexandre Martel (Mauves, Anatole) a commencé la soirée en douceur, et ce «dans [son] plus simple appareil» : pas de maquillage ni de cheveux dans la face pour venir s’interposer entre lui et nous. Il n’avait avec lui que sa guitare, sur laquelle il affirme avoir écrit toutes les chansons de sa vie. L’artiste nous a d’ailleurs invités à redécouvrir des pièces tirées de ses autres projets musicaux. Ainsi dénudées, elles mettaient à l’avant la poésie des textes de Martel ainsi que la complexité de leur mélodie. La voix du chanteur prenait des accents jazz et son instrument passait du folk au blues en passant (eh oui) par le country. Rien de mieux pour nous mettre dans le mood de la soirée et pour nous faire rêver à un matin de printemps fleurant le café.
Abrdeen
Heureux mélange que la soirée de mercredi dernier. Après cette performance solo, les cinq musiciens d’Abrdeen venaient nous présenter leur rock garage langoureux. D’une simplicité efficace, les mélodies des guitares se superposaient en dentelle sur un rythme downtempo et soutenaient la voix suave et traînante de Meggie Carrier. Dès les premières pièces, leur musique s’est irrésistiblement propagée, roulant dans la salle par épaisses volutes. La cadence s’est quelque peu accélérée vers la moitié du set, laissant place à des notes plus groovy, dark ou intenses, indiquant qu’on avait largement dépassé le stade des préliminaires. La finale est ensuite tombée tout en douceur, nous laissant le temps de revenir sur terre. Entre deux chansons, on nous a annoncé que le simple Secret Handshake serait lancé au Knock-Out le 31 mars prochain et que les pièces entendues mercredi soir se retrouveraient bientôt sur un maxi présenté le 13 avril au Cercle (mais en haut cette fois).
Whitney K
Alors que le public connaissait visiblement les deux groupes précédents, Whitney K restait une surprise pour la plupart. On a pu être agréablement surpris par le trio montréalais et leur musique à la fois typique et inclassable. La voix nonchalante du chanteur doublée de celles de ses acolytes ainsi que les lignes d’instruments élaborées et le côté hillbilly (blues/country) de l’ensemble laissaient parfois place à des dérapages contrôlés qui chargeaient l’atmosphère de dissonances et de distorsions intéressantes. Cette performance plus intense a su plonger le public dans l’espace, en nous ramenant encore une fois à nous même en douceur pour la finale grâce à un rappel solo du chanteur. Le groupe tout comme le public se sont montrés satisfaits, les premiers surpris par notre belle attitude et les seconds applaudissant chaleureusement.
Dans l’ensemble, la soirée s’est déroulée sous le signe de la proximité. Les interactions public-artistes donnaient l’impression de se retrouver entre amis, ce qui est à l’image de la grande famille qu’est la scène locale de Québec.