Si la programmation mélangeait des styles qui cohabitent rarement, les groupes ont néanmoins su captiver le public chacun à leur façon, nous faisant passer par toute la gamme des émotions en ce 10 mars dernier, au Cercle. Compte rendu d’une soirée où introspection et extraversion se sont côtoyés le temps d’un spectacle.
Medora
Un peu plus d’un an après avoir lancé Les Arômes dans la même salle, Medora revenait en force hier soir en nous présentant une panoplie de nouvelles créations prometteuses. Si le groupe avait pris une certaine tangente avec leur dernier maxi, on ne pouvait que constater hier soir à quel point ils l’avaient approfondie depuis. Maniant toujours lourdeur et légèreté avec leur rock planant, les musiciens ont su explorer davantage les sonorités psychédéliques et pousser plus loin la progressivité de leurs pièces. On découvrait parfois au détour quelques relents de blues, comme dans Mira. Le chanteur impressionne toujours par sa voix qui prend des allures fantomatiques lorsqu’elle est propulsée dans les aiguës. Pour le plaisir des admirateurs, le groupe a aussi joué Nature et a terminé avec Permanence.
Bien que Dear Criminals se distingue fortement des deux autres groupes sur le plan du style, leur musique n’en fût pas moins appréciée par le public, auquel ils surent imposer le silence. Dès les premières notes de Song for Elisabeth, le groupe semblait nous inviter à plonger dans leur monde. Composé de trois musiciens, Dear Criminals est comme une créature à trois cerveaux et deux têtes qui chantent, celles de Frannie Holder et de Charles Lavoie. Cet incomparable duo de voix qui s’entrelacent, qui semblent tantôt se faire l’amour et tantôt s’engueuler en musique au son de l’électro qui sort du bout des doigts de Vincent Legault et des deux autres, c’est tout ce que ça prend pour nous submerger entièrement. Le dosage parfait de noirceur et de lumière, d’espoir et de solitude.
Tout comme Medora, Dear Criminals a profité de son passage à Québec pour présenter quelques nouvelles pièces dont Nelly, tirée de leur dernier maxi, et Playground, qui n’avait encore jamais été jouée en live. Le public écoutait bouche bée (parfois les yeux fermés) et applaudissait chaleureusement entre chaque pièce. Et ils n’étaient pas les seuls à être contents d’être là : le groupe montréalais a signifié à plusieurs reprises son admiration pour la crowd de Québec, se disant qu’ils devraient jouer plus souvent ici (oui, revenez nous voir !).
Leur performance s’est terminée au milieu du parterre, une guitare acoustique entre les mains et leurs voix douces invoquant le silence une fois de plus. On pouvait entendre les gars du prochain groupe préparer leur gear sur scène et le boum boum du sous-sol. Les spectateurs massés en cercle autour des artistes s’échangeaient des sourires. Puis quand ça a pris fin, on a laissé la magie s’étioler lentement et on s’est préparés pour Mauves.
Mauves
Mauves, c’était toute une autre vibe. Non moins impressionnants que le groupe précédent, les quatre musiciens ont déclenché une avalanche de rock dans le Cercle dès leur arrivée sur scène. C’étaient alors Alexandre Martel et Julien Déry qui se passaient la balle au chant et à la guitare, les deux se complétant assez bien dans le planant et le savoureux. Le résultat global était percutant et envoûtant à sa façon : on ne pouvait s’empêcher de bouger et d’attraper l’enthousiasme des cinq bêtes de scènes qui se déhanchaient devant nous (le batteur, le bassiste, les deux autres et le Cocobra perché au-dessus de tous).
Le groupe a principalement pigé dans Le faux du soir et dans Coco, son dernier album, pour construire leur set. Ça donnait un résultat très diversifié, étant donné que chacun de leurs opus a une nuance particulière de Mauves. Le rock psychédélique et planant du premier était contrebalancé par le rock plus bluesy et catchy du second, que je découvrais pour la première fois en live. Les pièces comme Longtemps ou encore XXIe avaient d’ailleurs cette particularité de commencer en toute simplicité, puis de construire autour de leur noyau plus pop un gros build-up d’intensité pour finir dans une apothéose musicale.
Le public – qui tantôt écoutait Dear Criminals en se tenant presque immobile – s’est progressivement dégourdi, dégêné et la soirée s’est finie avec un gros mosh pit enthousiaste sur Cléo, tandis qu’un des guitaristes se mêlait à la foule en délire.
Mercredi, Marie-Michelle vous avait proposé quelques perles triées sur le volet. Aujourd’hui, on fait le tour des principaux spectacles présentés à Québec ce week-end!
Attention, y’en a beaucoup, et pas les moindres!
Jeudi 9 mars
Liana Bureau lance (enfin) son EP intitulé Prime Time au Maelstrom Saint-Roch. On l’a écouté, c’est du bonbon (on vous en reparle bientôt). Enfin du RnB de qualité à Québec! Préparez-vous à groover doucement dans le petit café de la rue Saint-Vallier. La première partie sera assurée par l’excellent groupe Floes. N’arrivez pas trop tard, ça devrait être pas mal plein! Portes : 19 h 30 / Spectacle : 20 h 30. Billets
SUUNS est de retour à Québec pour un concert au Cercle pour nous présenter les pièces de sont plus récent album Hold/Still, un album qu’on décrit « comme un objet énigmatique, une suite musicale à la beauté étrange et à l’interprétation méticuleuse qui englobe les contraires et fait de la distorsion cognitive une vertu.Une oeuvre qui ne cède pas facilement ses secrets. » Première partie : Sarah Davachi. Portes : 20 h / Spectacle : 21 h. Billets
On pense que ça va faire des la la la à l’unisson à l’Impérial Bell avec le retour du grand Alex Nevsky, venu nous chanter les pièces de Nos eldorados. Au menu : de la pop lumineuse et accrocheuse. Juste avant, on pourra voir l’énergique Laurence Nerbonne et ses nombreuses bombes tirées de sont excellent album XO, ainsi que Ria Mae, un jeune auteure-compositrice-interprète haligonienne. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
Vendredi 10 mars
On ne peut pas ne pas vous convier au magnifique triple plateau concocté par le Cercle pour lancer la fin de semaine : Medora (qui nous promet de nombreux nouveaux airs), Mauves (le groupe le plus coco du Québec, qui nous promet de nombreux vieux airs) et Dear Criminals (qui a plein de nouveau matériel à présenter, dont les pièces inspirées par le film Nelly). Une maudite belle soirée en perspective! Portes : 20 heures / Spectacle : 21 heures. Billets
Si vous aimez ça quand ça bûche, vous serez gâtés à La source de la Martinière, qui présente Strigampire, Meet the mailman et Skyhex. Quand on parle de chansons déchaînées et de mélodies aux rythmes effrénés, on se dit que ça va faire un joyeux headbanging devant la scène. 21 heures. Billets
Y’a aussi Matt Holubowski à L’Anglicane et Charlotte Cardin à l’Impérial Bell… mais c’est complet. Désolé!
Samedi 11 mars
Avez-vous déjà entendu la jeune vibraphoniste Joëlle Saint-Pierre? Non? Mais qu’attendez-vous, mautadine! On a eu un gros coup de coeur pour son excellent album Et toi, tu fais quoi? sorti il y a déjà un bout de temps. On l’a vue jouer de son vibraphone, qui est un match parfait pour sa douce voix. Vous voulez faire amende honorable? Elle sera au Palais Montcalm avec ses talentueux musiciens ce samedi à 20 heures. Vous allez être charmés! Billets
Du côté de l’Impérial Bell, on aura droit au talentueux septuor trifluvien Bears of Legend, qui propose (si vous ne le saviez pas) un folk orchestral avec une petite touche de progressif. Un univers des plus imagés au sein duquel vous ferez un maudit beau voyage. En première partie, un autre groupe qui propose un genre de folk orchestral, mais cette fois avec une belle touche de jazz : Bellflower. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
Du côté de la Librairie Saint-Jean-Baptiste, l’artiste Ombre! lancera son EP Hymne à la nuit. On va vous parler du EP d’ici samedi, mais si vous le souhaitez, vous pourrez entendre la folk feutrée de Dany Asselin dès 19 h 30 dans ce lieu propice à l’écoute. Contribution volontaire.
Dimanche 12 mars
De la grande visite à Québec : Le Montréalo-Parisien d’origine saguenéenne Peter Peter vient présenter son tout nouvel album, Noir Eden, au Cercle. La pop-électro savante de Peter Peter mélangée à ses propos pas toujours jojos (quoique Loving Game est plutôt lumineuse, n’est-il pas?) est une façon parfaite de terminer la fin de semaine. La première partie sera assurée par Barbagallo, que vous connaissez peut-être en tant que batteur de Tame Impala, et qui vient également de lancer un album intitulé Grand chien, lui aussi résolument pop. Douze camions ouvrira la soirée derrière les platines. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
On les voit souvent, mais on sait que plusieurs d’entre vous aimez les voir aussi souvent que possible : Los est de retour à L’Anti Bar et spectacles, question de nous chatouiller les oreilles avec les chansons de son excellent Big Surf. Le groupe sera accompagné d’une autre bande de rockeurs au coeur tendre, la formation néo-brunswickoise Little You Little Me. Portes : 20 h / Spectacle : 21 h. Entrée : 12 $ à la porte.
Le Chapelier Fou se donnait déjà sur scène lorsque je suis arrivée sur place. Même si l’on parle plus souvent de Louis Warynski comme étant ce fameux Chapelier, puisqu’il compose la musique qu’on entendait hier, il faut dire qu’il était accompagné de trois autres excellents musiciens. De fait, la musique de Warynski nécessite des interprètes capables de varier leur palette musicale, puisqu’on a pu entendre plus de 6 instruments (violons, violoncelle, clarinette et j’en passe) en live, sans compter les claviers, synthétiseurs et
samples. En outre, le mélange d’influences est tellement dense qu’il crée son propre univers, dans lequel on reconnaît parfois quelques styles comme le tango ou la musique orientale. Le résultat : un genre de dream-electro embrumé (j’invente les termes ici). La référence à Alice au pays des merveilles est plus que justifiée, puisqu’en écoutant leur musique on tombe vraiment dans le type d’atmosphère véhiculée par la nouvelle de Lewis Carroll. C’est mystérieusement enchanteur et inquiétant à la fois, comme une fête foraine abandonnée.
Les amateurs de Bonobo ou de Shigeto pourraient apprécier, bien que la musique du Chapelier Fou se prête beaucoup moins à l’ambiance lounge de par sa saturation. De fait, une certaine répétition acharnée rapproche les compos du Chapelier du minimalisme, mais ses arrangements musicaux sont une complexe superposition, donnant un résultat dense qu’il faut bien écouter pour apprécier. Pour ma part, le grand flot d’informations musicales répétées ne m’a pas particulièrement charmée, mais certains passages m’ont tout de même marquée, surtout lorsqu’apparaissait la clarinette. Finalement, pour les deux dernières pièces, le groupe originaire de France s’est installé dans le milieu de la salle pour nous jouer ça acoustique. Ce fut mon moment préféré, autant pour la performance que pour l’écoute incroyable de la salle.
Dear Criminals
Je dois avouer d’emblée que Dear Criminals est un groupe que j’appréciais déjà avant de les écouter hier soir. Leur spectacle a été à la hauteur de mes attentes, et ce fut visiblement le cas pour le reste du public. Bien que peu nombreux, les gens dans la salle se sont balancés puis ont même dansé au son langoureux de l’électro-folk du groupe. Ils ont aussi applaudi avec enthousiasme entre les pièces. Et pour cause !
Dès la première pièce jouée, Crave, Dear Criminals a su nous plonger dans leur monde torturé, chargé émotivement. On note rapidement que leur musique est axée sur la mélodie, contrairement à celle du Chapelier Fou où l’on sentait l’importance du rythme. Ce qui ressort généralement, dans la musique du trio, c’est le mélange des voix particulières de Frannie et de Charles. Pour ma part, j’apprécie la tension qui se dégage de leur musique et de leur univers, qui est créée avec un choix judicieux dans les arrangements et un son épuré. Si je devais encore inventer des termes, je dirais que leur musique évoque l’atmosphère d’un break-up sex. Intense, belle et tragique à la fois.
Malgré cette obscurité dans les thèmes musicaux, qui sont bien véhiculés par leur musique, les trois musiciens ont sympathisé avec le public, ce qui était permis par l’ambiance intime de l’Anti ce soir-là. Vers la fin du spectacle, pendant Slowdisco, on a senti que Dear Criminals avait trouvé leur beat et ils nous ont livré une finale percutante. Le rappel, quant à lui, a parsemé le public de rires et d’admiration, puisque le groupe a repris Baby one more time de Britney Spears, une chose que je n’avais pas entendue depuis des lustres !
Pour ceux qui en auraient encore douté, l’Anti bar et spectacles n’offre pas uniquement des concerts rock. La soirée du 3 septembre prochain (jeudi) en est un bel exemple. Au menu : de l’électro-folk romantique et de l’électro qui cherche à faire sauter les barrières du style.
Dear Criminals, c’est Frannie Holder, Vincent Legault (Random Recipe) et Charles Lavoie (b.e.t.a.l.o.v.e.r.s). Les voix à la fois tendres et torturées de Frannie et de Charles se marient parfaitement au son des arrangements musicaux de Vincent et de leurs instruments. En live, on leur connaît une énergie particulière, qui nous fait vivre à cent à l’heure les émotions fortes qu’ils expriment dans leurs chansons. Ils ne sont rien de moins que mon coup de cœur de la Liste de noël de Poulet Neige. Leur performance dans une salle comme l’Anti promet.
Venu directement de Metz en France, Louis Warynski alias Le Chapelier Foudébarque avec sa musique plus que particulière. C’est un curieux mélange entre le classique, qu’il a étudié au conservatoire pendant de nombreuses années, l’électro, sa passion, ainsi que diverses influences musicales, qu’il cherche à confondre jusqu’à les rendre insécables.
L’adéquation de ces deux groupes s’annonce parfaite avec leurs sonorités semblables et leurs univers éclatés. On a bien hâte de les voir, en espérant vous y croiser !
Voici notre dernière galerie de photos du Festif 2015. Vous y verrez Antoine Corriveau, Louis-Philippe Gingras, Pierre Kwenders, Dylan Perron et Elixir de Gumbo, Dany Placard, Mara Tremblay, Radio Radio, Alex Nevsky, Les trois accords, Chocolat et We Are Wolves. Ainsi que Dear Criminals.
Après la fin du show des Trois accords le samedi soir, y’en a beaucoup qui seraient retournés se coucher. En fait, c’est ce que notre vieux rédacteur en chef et sa charmante conjointe ont fait en se dirigeant tout droit vers le camping, où un feu de joie réunissait déjà quelques festivaliers. C’était tranquille et bon enfant (au nombre d’enfants présents autour du feu, j’espère bien!). Pendant ce temps, notre jeune exploratrice Tatiana Picard a continué le party en allant voir Chocolat et We Are Wolves.
Chocolat
(Par Tatiana Picard) Ça sentait un peu beaucoup la fébrilité (entre autres) dans le sous-sol de l’église de Baie-Saint-Paul samedi soir. Normal : les gars de Chocolat ne débarquent pas souvent en ville. C’est quoi, Chocolat? Vous connaissez (je l’espère) Jimmy Hunt et sa Maladie d’amour? Eh bien, Chocolat, c’est le projet de groupe qu’il avait lancé plusieurs années auparavant. On parle ici d’un rock garage franco aux accents vintage des plus sexy. Ils nous avaient offert l’excellent Piano élégant en 2008, puis Tss Tss à l’automne dernier. Visiblement relax et en parfaite maîtrise d’eux mêmes, les gars ont ratissé large dans leur répertoire et ont livré la marchandise avec un savoir-faire remarquable malgré quelques petits pépins techniques et une heure tardive faisant en sorte que la foule semblait plus ou moins en mesure d’apprécier véritablement la valeur musicale du spectacle… À revoir absolument.
We Are Wolves
(Par Tatiana Picard) Mine de rien, We Are Wolves roule sa bosse depuis quinze ans déjà! Fort de quatre albums difficilement qualifiables en termes musicaux – disons un électro-punk qui décape? – le trio montréalais a pris le relais dans le sous-sol de l’église avec une fougue grandissante. On peut dire que les beaux garçons ont pris de l’assurance et de la maturité « depuis le temps »! Difficile de lire autres choses que du plaisir et de la joie dans leurs doux visages (quand on a enfin pu les voir). WAW aura réussi à faire monter le thermomètre du sous-sol encore de quelques degrés malgré une heure très tardive.
Dimanche 26 juillet
Dear Criminals
(Par Jacques Boivin) Difficile de trouver meilleure façon de conclure notre Festif (Désolé Guillaume, on se reprendra!) que le trio Dear Criminals. Tout d’abord prévu au Quai, le spectacle a été déplacé sous le chapiteau (qu’on a ouvert de tous les côtés pour l’occasion). Le trio composé de Frannie Holder et Vincent Legault (Random Recipe) ainsi que de Charles Lavoie (betalovers) nous a offert une prestation toute en douceur, dans un minimalisme qui n’est pas sans rappeler The XX tout en ayant une identité très forte, voire unique. Les voix de Lavoie et de Fran se marient à la perfection et il se dégage dans cette musique une tension qui peut surprendre pour un spectacle présenté à midi.
C’est quand même drôle, c’était la deuxième fois en quelques semaines seulement que Dear Criminals jouait le midi, devant un public bigarré, composé de nombreuses familles. Ça tombe bien, c’est exactement le genre de musique brillante qu’un parent mélomane aimerait présenter à ses enfants.
Il est juste dommage que le mauvais temps ait obligé le groupe à se produire en un endroit couvert. Avec le fleuve derrière, ça aurait été génial. Dear Criminals mérite un retour.
Notre bilan du Festif
Ça faisait cinq ans qu’on entendait parler du Festif. Cinq ans qu’on entendait parler de cette bande de jeunes et joyeux drilles qui réussissent à tirer leur épingle du jeu et à croître sans devenir un de ces festivals un peu froids et impersonnels. Je voulais aller faire mon tour ces deux dernières années, mais la vie étant ce qu’elle est (n’oublions pas qu’ed.c était un projet solo à l’époque), j’ai dû m’abstenir. Cette année, comme nous faisions une tournée (éreintante, en passant) des festivals, nous avons sauté sur l’occasion et nous sommes débarqués en gang.
Ça fait depuis la fin de l’hiver que Clément Turgeon, directeur général, me dit à chaque occasion « tu vas voir, tu vas tripper ». Ce n’était pas que du marketing, c’était vraiment sincère. Je crois que cette sincérité de la part même de l’organisation, cette passion transparente et contagieuse qui anime les membres du comité organisateur et les nombreux bénévoles du Festif, nous a fait baisser nos gardes et aller à Baie-Saint-Paul dans un état d’esprit complètement ouvert. D’habitude, on arrive, on assiste au spectacle, on analyse la prestation, on a quelques coups de coeur çà et là, puis on repart à la maison.
Un ami à moi a ri quand j’ai pris une photo de mon badge média du Festif, disant que ça démontrait le budget de l’organisation. Non, man. Ça montre surtout les priorités de cette organisation-là : toute l’énergie est placée dans l’expérience du festivalier. Une programmation bien montée, en crescendo, avec de magnifiques spectacles en douceur en début de journée pour se terminer en fête complètement débile aux petites heures du matin. Des sites à proximité l’un l’autre (sauf le quai, mais la navette en vaut la chandelle, croyez-moi), une animation incroyable.
Tous les médias auront parlé de la qualité de la bière servie aux festivaliers, et ce, avec raison. Choisir ce partenariat avec la Microbrasserie Charlevoix doit coûter très cher au Festif. Non seulement doit-on faire une croix sur les généreuses commandites des grandes brasseries, mais en plus, quand la bière est bonne, on a tendance à la boire avec une plus grande modération. Mais on comprend pourquoi certains blogues musicaux en parlent plus que de la musique. Elle est bonne à ce point. En plus, elle était servie dans des verres réutilisables! Finis les amas de verres et de canettes au sol!
Cet accent sur les produits de la région, on adore. Les gens de Charlevoix sont fiers de ce qu’ils font et ça se ressent. Les restaurateurs du coin mettent un accent particulier sur les produits locaux. Même la poutine de chez Tony & Charlo (excellente place tenue par des jeunes, en passant, on y a adoré notre expérience) peut se targuer d’être locale à cause de ses ingrédients!
Comme le dit si bien notre ami Mickaël Bergeron, on a souffert à quelques reprises du manque de toilettes au sous-sol de l’église. On sait déjà que des correctifs seront apportés pour les prochaines années. Tant mieux, parce que le dimanche matin, même les toilettes du chapiteau étaient limites.
Je sais que les ressources sont passablement limitées, mais on a souvent entendu parler du manque d’information disponible. Tous ceux qui étaient branchés sur les médias sociaux ou qui possédaient l’application mobile du Festif n’avaient pas de problème, mais malheureusement, ce n’est pas l’ensemble de la clientèle qui possède un téléphone intelligent. Quelques bénévoles affectés à l’information et visibles de loin pourraient être utiles. Peut-être y en avait-t-il, mais nous ne les avons pas vus de la fin de semaine.
Une scène surélevée, ce n’est pas juste un caprice de stars, dans certaines situations, ça peut aussi être un avantage, et pas juste pour mieux voir les artistes. Quand ça brasse comme au show de Galaxie, une scène surélevée permet au spectateur d’en avant d’avoir un point d’équilibre sur lequel il peut s’appuyer. Je ne sais pas combien de fois je suis passé à un doigt de perdre l’équilibre et pourtant, j’étais sobre et je pèse quelques centaines de livres! Et je ne dis pas ça que comme trouduc qui veut prendre des photos en sécurité, je le dis comme fan malade de Galaxie qui est arrivé le premier dans la file pour les voir! Heureusement, il n’y a pas eu d’incident, mais les agents de sécurité étaient visiblement nerveux. Juste un pied ou deux de plus (probablement le maximum acceptable dans les circonstances), ça aurait fait des miracles!
Cette façon incroyable de meubler les temps d’attente entre les prestations! Il y avait toujours quelque chose pour nous détourner l’attention de la scène entre deux shows sur la scène principale. Ça permet de préparer la scène en toute tranquillité tout en maintenant un niveau d’énergie assez élevé. Quoique je me demande si la prestation géniale de What Cheer? Brigade n’a pas un peu brûlé la foule à Reel Big Fish… ça a pris deux ou trois chansons pour qu’on s’en remette, on dirait.
On ne peut pas ne pas parler de la série Les imprévisibles. Ces prestations (vraiment) impromptues, annoncées pas mal à la dernière minute, étaient une excellente idée. L’idée n’est pas nouvelle, on y avait déjà goûté avec les #PopUpFEQ il y a à peine quelques jours. Mais l’exécution, elle, était impeccable. Et surtout, ORIGINALE. Fred Fortin en homme-orchestre dans un entrepôt de bière? Mets-en! Karim Ouellet sur la terrasse du bar d’un des hôtels les plus classe de Charlevoix? Un ballon de cognac ou un verre d’excellent vin à la main? Oh que oui! Dylan Perron et Elixir de gumbo qui joue acoustique sur une table de pique-nique parce qu’il y a quelques pépins techniques? Une autre preuve que c’est avec des citrons que les meilleurs font de la limonade! Louis-Philippe Gingras qui joue au dépanneur pendant que le préposé continue de servir les clients? You bet! Caltâr-Bateau qui fait une petite prestation surprise dans la cour du gîte Terre-Ciel? Wow. Et Mara. Oui, Mara. Seule au piano ou à la guitare. Qui émeut et bouleverse encore. Elle qui craignait de ne voir personne ce week-end, la voilà en train de nous redonner tout l’amour qu’elle avait reçu la veille! Je l’ai manquée, encore une fois. J’ai envoyé ma copine couvrir le show, encore une fois. Et elle est revenue les yeux tout pétillants, encore une fois. Franchement, bravo pour ces petits concerts!
Organisation impeccable au camping. Non, il n’y avait pas de douche, mais on était avertis d’avance et on venait en connaissance de cause. Les points d’eau étaient suffisants et il était surprenant de voir que les toilettes sont demeurées relativement propres toute la fin de semaine! Le feu de joie était magnifique et l’ambiance qui y régnait était géniale. C’était peut-être plus difficile de dormir pour un pépère comme moi, mais au moins, c’était vachement agréable d’entendre de nombreuses personnes crier OUI, MONSIEUR! en chantant Le shack à Hector.
Quelques mots sur le respect : à part quelques crétins qui manquent de savoir-vivre (ils sont malheureusement partout, même parfois à côté de votre tente), les gens de Baie-Saint-Paul et d’ailleurs ont affiché un degré de respect d’autrui assez incroyable. Les incidents fâcheux ont été plus que rares et malgré tout ce que je dis à propos du show de Galaxie, même si ça brassait beaucoup, c’était parce que le fun était vraiment pogné dans la place, c’était pas un concours de blessures de guerre! L’écoute religieuse pendant Corriveau et Karim Ouellet montre aussi qu’on respecte beaucoup les artistes ici!
Ah, j’oubliais… on n’a pas encore vraiment parlé de musique!
Quel festival peut se vanter d’attirer aussi facilement un aussi grand nombre d’artistes au sommet de leur art? Des gens qui remplissent le Pigeonnier à Québec comme Galaxie ou Bernard Adamus (n’oublions pas que Galaxie s’est très bien tiré d’affaire devant près de 100 000 personnes au FEQ et que tous les médias en ont parlé à de nombreuses reprises), des vétérans qui en ont dedans (comme Charlebois, Reel Big Fish ou Les trois accords, qui ont vraiment été fidèles à leur réputation de groupe tight sur scène), des moments d’émotion en masse (Mara, Corriveau, Karim Ouellet en acoustique) et de belles découvertes qui se sont fait remarquer des festivaliers (Dylan Perron, Émile Bilodeau).
Et What Cheer? Brigade. Leur omniprésence vendredi et samedi, leur entrain tout au long du week-end, leurs prestations déjantées, que ce soit au beau milieu du parterre de la scène Desjardins ou à la sortie du sous-sol de l’église après le spectacle de Galaxie. Toute la ville en parlait comme d’un coup de coeur incroyable.
Si j’avais à choisir mon concert du Festival, ça serait Charlebois à coup sûr. À 71 ans, ce jeune homme pourrait en montrer à des artistes beaucoup plus jeunes et déjà beaucoup plus mous que lui. Un feu roulant de classiques que je connaissais tous par coeur et que j’ai chanté à tue-tête. Et ça fredonnait dans le pit photo, mes amis, ça fredonnait! Ces gens pourtant si sérieux et concentrés se sont laissés aller à plus d’une reprise! 🙂
Ça paraît même dans le travail des médias présents. Avez-vous lu les comptes-rendus de Marc-André Savard, sur VOIR? Écouté Émilie Rioux (de CHYZ) ou moi-même (à CKRL) parler des événements de la fin de semaine? Impossible d’analyser ce festival en demeurant vraiment neutre, on se laisse vraiment prendre au jeu.
Le plus difficile est à venir. Le Festif devra, une année de plus, gérer sa croissance. C’est un défi incroyable à relever : on veut toujours surpasser l’édition précédente. C’est un réflexe normal, mais il faudra faire attention : les assistances ne doivent pas être le seul facteur important. Le Festif doit garder sa personnalité qui lui est propre (et unique au Québec). On a pris les meilleurs éléments des grands festivals et on a mis ça à une échelle humaine, où les artistes se mêlent aux spectateurs pour assister aux shows ou faire du tourisme en ville. L’omniprésence des organisateurs, qui veillaient personnellement à la bonne marche de toutes les activités, est également un excellent signe. Même si cela veut dire des cernes jusqu’au menton pour le directeur général, qui était visiblement exténué, mais content du déroulement des activités. Je suis persuadé que Clément et ses collaborateurs (dont Anne-Marie et Charles, que j’ai croisés à de nombreuses reprises, ainsi que tous les autres, dont j’oublie le nom, mais dont le travail est aussi essentiel) trouveront encore le moyen d’être le plus grand des petits festivals encore longtemps.
Je pourrais continuer encore longtemps, mais ça serait inutile. Vous avez compris, on a adoré notre expérience. Il est certain que nous serons à Baie-Saint-Paul l’an prochain (ou peut-être cet hiver?). Il nous reste encore notre galerie de photos à publier dans ce dossier. Parce qu’une image vaut mille mots et parce qu’on veut vraiment vous montrer ce que vous avez manqué.
Après 3 jours remplis de concerts aux quatre coins de Baie-St-Paul, le quatrième jour est beaucoup plus tranquille. Avec seulement deux concerts prévus au programme, le festival veut laisser la poussière retombé et offrir des performances musicales aux festivaliers les plus vaillants. Nous reprendrons la route vers Québec suite à ces deux concerts, comme la plupart des festivaliers d’ailleurs.
Midi : Dear Criminals
Dear Criminals est le projet parallèle de Frannie Holder, Vincent Legault (Random Recipe) et Charles Lavoie. Ayant plusieurs EPs à leur actif, le groupe se fait remarquer par ses concert secrets et énergique aux quatre coins du Québec. Sur album, les membres du groupes alternent leur tour de chant pour créer une ambiance mystérieuse et brumeuse par moment. Le tout est agrémenté d’une belle ambiance électronique très réussie. Les voix de Charles et Frannie s’unissent d’une si belle façon que le résultat est époustouflant. Merci au Festif! de nous offrir ce groupe dans un aussi bel endroit qu’est le quai de Baie-St-Paul. Cette nouvelle scène propose deux concerts cette année, soit Corriveau hier et Dear Criminels ce matin. La vue est à couper le souffle et nous donne le goût de s’installer dans la municipalité. C’est donc un concert à voir absolument! Si vous n’êtes pas encore convaincu, vous pouvez télécharger leur tout dernier EP Strip de façon légal et gratuite (contribution volontaire suggéré) ici.
LE SPECTACLE À ÉTÉ DÉPLACÉ AU CHAPITEAU!
13h00 : Guillaume Beauregard
Dès 13h00, au marché public de Baie-St-Paul, un autre magnifique lieu inusité pour un concert, Guillaume Beauregard vient présenté son premier album solo D’étoiles, de pluie et de cendres. Le chanteur du groupe punk Vulgaires Machins se consacre maintenant à une sonorité pop. La guitare est encore très présente, mais la prose de Beauregard est beaucoup plus aiguisée. Le son est très intéressant, enregistré pour une diffusion radiophonique certes, mais l’essence du bon auteur-compositeur-interprète qu’est Guillaume Beauregard se ressent tout au long de l’écoute de ce premier effort solo. C,est un rendez-vous entre deux séances de magasinage au marché public. C’est avec cette performance que se terminera l’édition 2015 du Festif! de Baie-St-Paul.
Un peu comme le off du OFF, ce spectacle présenté au SPOT (un endroit à découvrir) ne faisait même pas partie de la programmation du festival. L’équipe du OFF, qui a booké ledit spectacle, a vraisemblablement fait un choix judicieux en décidant de nous présenter Dear Criminals, un groupe électro-folk de Montréal. Sur des rythmes down-tempo, ils font briller quelques notes de synthétiseurs pendant que les voix de Frannie Holder (random recipe) et de Charles Lavoie (b.e.t.a.l.o.v.e.r.s) se mélangent en un ensemble épatant. Plus qu’un groupe électro, ils ajoutent au tout des mélodies à la guitare, de la rythmique à la basse et des textes lourds de sens et de sensations. Ils ont joué, avec précision et technique, les chansons de leur nouveau maxi Strip ainsi que quelques anciennes pièces. Alliant talent et émotion, ils ont affiché une belle énergie tout au long du spectacle, jouant et chantant avec intensité.
Ce groupe, qui m’avait déjà conquise lorsque j’avais écouté son EP Crave sur la liste de Noël Poulet-Neige, semble avoir aussi fasciné le public, constitué surtout de gens dans la vingtaine et de jeunes familles. Peu habitué aux spectacles en plein air, surtout avec l’ambiance tendue de leur musique, le groupe était tout de même heureux de pouvoir jouer devant des familles, a indiqué Frannie Holder, puisque les deux autres membres sont de nouveaux papas.
18h – Marie-Claire au Fou-Bar
Armée seulement de sa guitare et de son sourire, la musicienne de Sudbury est montée sur scène pour entamer son spectacle. Très simples et répétitives, ses mélodies à la guitare avaient un effet énigmatique. Ses textes étaient eux aussi intéressants et elle a su charmer une bonne partie de l’auditoire. À titre personnel, cependant, je crois que l’artiste, qui a beaucoup de potentiel, a encore un peu de chemin à faire pour développer sa musique, qui me semble un peu trop simple et parfois moins bien maîtrisée. Je dois toutefois lui concéder qu’elle a su se sortir d’une situation difficile : dès sa deuxième chanson, une de ses cordes de guitare a brisé. Elle a poursuivi au piano pendant que le sympathique gars du son lui réparait sa corde. Sans arrêter le spectacle, et en en profitant pour jaser avec le public de son EP à paraître bientôt, elle s’est montrée remarquable.
19h – Oli Laroche au Fou-Bar
Même avec des effectifs réduits (petitesse du bar oblige, le groupe de 5 musiciens était réduit à un duo) et une extinction de voix, Oli Larochea donné tout un show. Lui-même à la voix, au clavier et à la batterie, son acolyte Clément Leduc aux synthétiseurs et arrangements, ils ont présenté leur musique intense, un peu fuckée, qui porte très bien le qualificatif de Pop-Louche, titre de leur dernier maxi. Notamment, un certain trémolo dans les synthétiseurs donnait un effet fantomatique. Ils ont eux aussi affronté une petite marée de problèmes techniques, aidés par l’encore sympathique (le même) gars du son, ce qui ne les a pas empêchés de poursuivre leurs beats de batterie, leurs refrains ou leurs solos endiablés (big up à Clément Leduc d’ailleurs pour sa technique dans ses solos). Ils se sont démarqués par l’intensité de leurs finales instrumentales. Beaucoup plus rythmée que le spectacle précédent, cette performance a tant enthousiasmé le public qu’il en a redemandé. Ne sachant plus quoi jouer, Oli Laroche a choisi une très vieille pièce qu’ils ont aussi bien exécutée.
Je ne sais pas où vous serez du 23 au 26 juillet prochains, mais pour ecoutedonc.ca, cette année, ça se passe au Festif de Baie-Saint-Paul (sorry Wayhome, maybe another year… particularly if you move your festival later in the summer!).
Pour sa sixième présentation, les organisateurs du Festif ont mis le paquet :
Vous pensiez qu’on niaisait, mercredi, avec notre petit teaser un brin agace? Ben non! Il y a tout ce qu’on avait dit qu’il y aurait!
Des vedettes établies? Les Trois accords, Alex Nevsky, Radio Radio, Bernard Adamus, Galaxie, Marie-Pierre Arthur, Mara Tremblay, ce sont des noms qu’on est content de voir sur l’affiche d’un tel festival.
Une légende? Au Québec, présentement, on ne fait pas plus légendaire que Robert Charlebois.
Une soirée qui fera danser Tout Baie-Saint-Paul? The Planet Smashers et Reel Big Fish vont nous faire danser, sauter, crier, nous énerver pendant toute une soirée. Oui Manon, viens danser le ska!
Un centre-ville super animé? Le samedi, la rue St-Jean-Baptiste sera piétonne et les amuseurs, dont le fameux Orchestre d’hommes-orchestres, se l’approprieront.
Plein de découvertes? Heat! Odeur de Swing! Dylan Perron et Elixir de Gumbo! Et plein d’autres, ça dépend juste de votre degré de connaissance de la scène musicale québécoise!
Des shows jusqu’à très tard dans la nuit? Fanny Bloom, The Franklin Electric, Loud Lary Ajust, We Are Wolves, Mononc’ Serge, Qualité Motel… ces crinqués jouent tous une fois les douze coups de minuit bien sonnés!
On ne vous a pas parlé des surprises, hein? Comme cette prestation surprise donnée par Louis-Jean Cormier l’an dernier devant une poignée de chanceux autour du feu à La ferme? Paraît qu’il y aurait quelques lieux secrets du genre cette année.
Vous voyez bien qu’on était sérieux!
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