Le groupe de Québec Raton Lover lance aujourd’hui un deuxième album intitulé Le sens du vent. Digne successeur du premier (homonyme), ce nouvel opus montre la belle évolution de la formation inspirée par le courant americana. Les fans de la première heure retrouveront une formule gagnante : des mélodies simples, mais accrocheuses, sans tomber dans le racolage, un son live qui se rapproche de ce que le groupe livre en spectacle et des sonorités qui peuvent rappeler aussi bien Les Colocs que Wilco.
Réalisé par le chevronné Dany Placard et enregistré au très chic studio Wild, Le sens du vent propose dix chansons folk-rock aux textures variées. La séquence des chansons a été pensée en fonction d’une sortie en vinyle : si la première moitié présente le côté givré (et résolument pop) de la formation, enchaînant les refrains accrocheurs et les rythmes entraînants, l’éventuel côté B nous présente une version plus introspective de Raton Lover tout en demeurant fichtrement accessible.
Accessible, entre autres, parce que Simon Lachance, qui écrit les paroles, utilise les mots du quotidien pour raconter des histoires auxquelles on peut facilement s’identifier tout en n’ayant pas peur d’utiliser quelques métaphores. Par exemple, pour Tu penses trop, même si la situation n’est pas nécessairement la même que dans la chanson, on connaît tous quelqu’un qui a besoin de lâcher prise et à qui on a envie de chanter :
Je pense que tu penses trop
So let go, let go
Le temps fait si bien les choses
Les gars de Raton Lover sont de grands fans de rock à la sauce alt-country. Sans lendemain fait souvent penser à du Dawes dans sa mélodie et dans sa façon de raconter une histoire.
Ça ne les empêche pas de tripper parfois sur du bon vieux rock and roll, comme ils le font sur Frencher des françaises (qu’on connaissait déjà assez bien) et Mister Wright (un rock endiablé – et un brin rebelle – qui donne le goût de danser en faisant du air guitar sur les solos à Guénard!). C’est là qu’on voit que Raton Lover, c’est pas juste Simon Lachance et ses paroles, c’est aussi un méchant travail d’équipe à la musique : en plus de Lachance, il y a Martin Plante à la basse, Simon Guénard et Éric Blanchard aux guitares et Frédérick Desroches à la batterie et aux claviers. Une affaire de famille, qu’ils disent…
Comme je le disais plus tôt, la deuxième partie de l’album est beaucoup plus douce et introspective. On s’envole avec la pièce titre, on écoute attentivement Lachance chanter doucement sur Pawne ton âme, qui prend un peu plus tard une tournure très… karkwa-esque (c’est un compliment, les gars), on se surprend à penser que si Beau dommage avait eu un duo de guitar heroes, ça pourrait sonner comme Un autre que moi, où Lachance nous montre en même temps son côté le plus vulnérable.
Le sens du vent, c’est un peu comme si Raton Lover avait ajouté un paquet d’outils à son coffre et qu’avec ces outils, il avait agrandi son shack pour en faire une maison qu’on a envie d’habiter à l’année. Une maison où y’aura toujours une place pour toé sur le divan des coeurs brisés.
Un album de road-trip, un album qui s’écoute attentivement ou qui s’entend en faisant la vaisselle. Un album qui ne suit pas vraiment les modes et qui se fonde sur des assises universelles et pas mal intemporelles. Un album que vous pouvez aimer avec votre grand-mère sans vous sentir quétaine. De nos jours, dans un milieu surspécialisé où on a l’impression que les musiciens s’adressent à trois ou quatre fans à la fois, voir un band faire de la musique rassembleuse sans tomber dans la rime facile ou la recette éculée (vous savez de qui je parle), ça fait du bien.
Chapeau, les ratons.
Raton Lover lance son album au District Saint-Joseph le 14 février prochain à 17 h. Un paquet d’invités viendra chanter la pomme au public en compagnie du groupe. Vous êtes les bienvenus!
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