Soir de novembre grisaillant, pluviasseux, morose qui te ruine pas pire un moral.
Par paresse typique du 418, j’arrive au show alors qu’il est déjà commencé, mais j’ai tout de même le temps d’attraper une couple de chansons de J.-P. Lagacé (Soulbreaker). Sérieusement, le gars « en a d’dans ». Ça prend quand même un sacré guts en 2015 pour susciter l’intérêt d’une foule avec rien d’autre que son plectre, son gosier puis son harmonica. On est quand même sur la scène du Cercle en milieu de semaine juste avant Guillaume Beauregard, pas à la P’tite Grenouille un vendredi soir devant un public titubant. La foule 25-35 ans, ni dense ni clairsemée, se montre plutôt réceptive au folk-punk du compositeur-interprète-philosophe issu de Ayer’s Cliff, qui est d’ailleurs le nom d’une de ses ballades. Il ne réinvente pas la roue en termes de genre, mais sa présence et son interprétation dans la langue de Shakespeare est généreuse et bien sentie.
Il se produira en février dans le cadre d’un spectacle dont les profits seront versés aux réfugiés syriens (détails à suivre).
Comme il l’a fait dimanche dernier au GAMIQ (il était nommé dans la catégorie « album pop de l’année de l’année » mais n’est monté sur scène que pour collecter les deux Lucien dédiés à ses amis de Tire le Coyote, alors absents), Guillaume Beauregard a encore dévoilé son petit côté pince-sans-rire – en montrant toutefois ses dents à quelques reprises. Bien assis sur son tabouret et devant une foule étonnamment silencieuse, il raconte, entre chaque ballade, sa transition entre les Vulgaires Machins et sa carrière solo, et ce, dans un langage plutôt coloré.
« Tu te pars pas un projet solo comme tu pars sur la brosse. »
Difficile de départager le vrai du faux, mais ça ne fait rien; la foule embarque dans son histoire et devient rapidement complice. Son récit est le fil conducteur entre ses ballades intelligentes, toutes issues de son premier album, D’étoiles, de pluie et de cendres.
La soirée est fluide, sans temps mort, sans malaise, sans anicroche. Le groupe ne se prévaut d’aucun effet lumineux ou visuel pour accompagner sa pop mélodieuse; il n’y a même pas de drum – le guitariste tape du pied sur son étui de guitare amplifié. Un trio de musiciens doués, des harmonies vocales réussies, une foule attentive, une ambiance relax, de bons fous rires; voici la recette gagnante pour une soirée délicieuse qui finit par nous faire oublier la tristesse de novembre.
À La voix, c’était le gars que même les gens qui n’aimaient pas l’émission voulaient voir gagner. Évidemment, le fait de faire partie de l’équipe de Louis-Jean Cormier donnait un coup de main, mais ce n’était pas tout : Rémi Chassé déborde de talent. Et d’expérience! Le finaliste avait quand même déjà trois albums derrière la cravate avec Tailor Made Fable, le groupe avec qui il a parcouru l’Amérique du Nord et l’Europe.
Près de deux ans plus tard, après avoir acquis la notoriété du finaliste tout en conservant la liberté de celui qui n’a pas gagné le premier prix, le voilà qui nous présente son premier album solo, Debout dans l’ombre. Réalisé par son guitariste Hubert Maheux et par l’ex-Vulgaires Machins Guillaume Beauregard (qui a donné un coup de main fort perceptible aux textes), il s’agit d’un album de pop résolument rock, un album finement taillé qui devrait trouver un vaste public sans trop de problème.
Vous êtes curieux et vous voulez en savoir plus? Ça tombe bien, ce jeudi 3 septembre, dès 17 heures, vous êtes invités à assister au lancement de Debout dans l’ombre à l’Impérial Bell. Rémi offrira un prestation avec ses musiciens. Façon de voir comment ces nouvelles pièces se défendent sur scène.
L’entrée est libre, premier arrivé, premier servi!
Après 3 jours remplis de concerts aux quatre coins de Baie-St-Paul, le quatrième jour est beaucoup plus tranquille. Avec seulement deux concerts prévus au programme, le festival veut laisser la poussière retombé et offrir des performances musicales aux festivaliers les plus vaillants. Nous reprendrons la route vers Québec suite à ces deux concerts, comme la plupart des festivaliers d’ailleurs.
Midi : Dear Criminals
Dear Criminals est le projet parallèle de Frannie Holder, Vincent Legault (Random Recipe) et Charles Lavoie. Ayant plusieurs EPs à leur actif, le groupe se fait remarquer par ses concert secrets et énergique aux quatre coins du Québec. Sur album, les membres du groupes alternent leur tour de chant pour créer une ambiance mystérieuse et brumeuse par moment. Le tout est agrémenté d’une belle ambiance électronique très réussie. Les voix de Charles et Frannie s’unissent d’une si belle façon que le résultat est époustouflant. Merci au Festif! de nous offrir ce groupe dans un aussi bel endroit qu’est le quai de Baie-St-Paul. Cette nouvelle scène propose deux concerts cette année, soit Corriveau hier et Dear Criminels ce matin. La vue est à couper le souffle et nous donne le goût de s’installer dans la municipalité. C’est donc un concert à voir absolument! Si vous n’êtes pas encore convaincu, vous pouvez télécharger leur tout dernier EP Strip de façon légal et gratuite (contribution volontaire suggéré) ici.
LE SPECTACLE À ÉTÉ DÉPLACÉ AU CHAPITEAU!
13h00 : Guillaume Beauregard
Dès 13h00, au marché public de Baie-St-Paul, un autre magnifique lieu inusité pour un concert, Guillaume Beauregard vient présenté son premier album solo D’étoiles, de pluie et de cendres. Le chanteur du groupe punk Vulgaires Machins se consacre maintenant à une sonorité pop. La guitare est encore très présente, mais la prose de Beauregard est beaucoup plus aiguisée. Le son est très intéressant, enregistré pour une diffusion radiophonique certes, mais l’essence du bon auteur-compositeur-interprète qu’est Guillaume Beauregard se ressent tout au long de l’écoute de ce premier effort solo. C,est un rendez-vous entre deux séances de magasinage au marché public. C’est avec cette performance que se terminera l’édition 2015 du Festif! de Baie-St-Paul.
Il y a à peine quelques années, on disait que le rock était à l’agonie. Qu’il allait mourir de sa belle mort. Le hip-hop, l’électro, le country, le folk, la pop ont tous gagné du terrain contre le bon vieux guitar, bass, drum. Moribond, le rock?
Pourtant, non, le rock se porte bien. Très bien, même. De plus en plus d’artistes et de groupes sont retournés à la base. Des mélodies simples, mais efficaces, des riffs accrocheurs qui déménagent, un rythme entraînant et beaucoup d’émotions. Du blues, quoi. Si hier, on pensait aux Stones ou à Led Zep, aujourd’hui, The Black Keys et Jack White viennent immédiatement à l’esprit. Plus près de nous, nous sommes de plus nombreux à associer le nom Caravane à cette liste de rockeurs sans compromis.
Ça tombe bien, Raphaël Potvin (bassiste) et Dominic Pelletier (chanteur) avaient quelques minutes à me consacrer à quelques jours de leur spectacle de samedi au Cercle. Toute une chance, quand on sait que les gars sont presque constamment sur la route! Je leur demande à la blague s’il leur arrive de prendre congé. « On prend souvent congé de nos jobs », répond Dominic. Selon Raphaël, c’est pour cette raison qu’ils ont mis sur pied le projet Caravane et lancé un album. « Aller le plus possible sur la route, se faire connaître partout, pour que le monde retienne le nom Caravane. » Il ajoute : « T’as beau jouer à la radio, si tu ne fais jamais de spectacles, les gens ne peuvent pas mettre de faces sur les chansons. » Pour Dominic, même avec les Hunters, les gars n’en avaient pas assez. C’est pour ça qu’ils ont mis sur pied ce deuxième projet. Pour être tout le temps partis jouer de la musique.
Pourtant, les gars ont plus de 300 spectacles derrière la cravate avec The Hunters. Raphaël me corrige : « 400. On n’a pas fait beaucoup de trucs cette année, mais le band n’est pas mort.
Tant qu’à parler des Hunters, je fais remarquer à nos rockeurs qu’il y a une belle différence sonore entre The Hunters, plus punk, et Caravane, qui fait du blues-rock. Pour Dominic, la transition était normale. Quand ils ont commencé il y a près de 10 ans, ils étaient plus jeunes, donc plus portés à jouer des trucs qui bûchent un peu plus, mais avec le temps, les goûts ont changé, la musique écoutée en tournée a changé. Raphaël ajoute : « Caravane est assez près de ce qu’on écoute, de nos influences communes. »
Ça n’a pas empêché Caravane de faire appel à deux gars qui ont une impressionnante feuille de route punk pour la réalisation de Chien noir : Hugo Mudie (The Saint Catherines) et Guillaume Beauregard (Les vulgaires machins). Selon Dominic, « ça fait au moins dix ans que je crie, s’assagir, ça fait du bien, au moins à la gorge! » Raphael poursuit : « Ces deux gars-là, ce sont des contacts qu’on s’est fait du temps des Hunters. C’était naturel d’aller vers eux pour notre nouveau projet. Guillaume, c’est un ami d’Hugo, il a une belle plume. » Il était plus pratique pour Caravane de travailler avec des gens qui étaient passés par le même chemin qu’eux, qui comprenaient leur virage. C’est pas comme s’ils avaient fait appel à des spécialistes de la pop. J’ajoute à la blague : « comme Danger Mouse! »
Justement, il y a un côté très pop, très dansant à Chien noir. Les paroles, très toi et moi. Le côté presque disco de Maxyme.On dirait que comme Franz Ferdinand, Caravane fait de la musique pour faire danser les filles. Je demande aux gars si c’est le but visé. En riant, Raphaël et Dominic répondent que ça vient tout simplement d’eux, de leurs expériences. L’amour, l’amitié, les sentiments humains, ça a toujours été leurs thèmes, tant chez The Hunters que chez Caravane. Dominic ajoute : « Au début, on essayait d’écrire des textes qui rejoignaient tout le monde, mais on s’est rendu compte que plus on écrit des trucs personnels, plus on touche les gens. »
Si je posais la question, c’est parce que la plupart des fans de Caravane dans mon entourage sont des filles. Elles se sentent interpellées, que ce soit par les paroles ou par la musique, tandis que mes chums de gars trouvent ça un peu emo à leur goût. Pourtant, Dominic, Raphaël et moi, nous sommes d’accord : les chansons d’amour, c’est la base du rock, en français comme en anglais! Pour Dominic, « les meilleures tounes sur la Terre, ce sont les tounes d’amour! » Raphaël apporte une réflexion intéressante : « Il y a, depuis quelques années, un certain snobisme par rapport aux chansons d’amour. Pourtant, si on fouille dans les discothèques, tout le monde en a et en écoute! Qu’il y ait du monde qui associe musique et combat politique, c’est super cool, mais en même temps, ça ne sert à rien d’être snob envers les chansons personnelles. Les deux peuvent apporter quelques choses. »
On passe au spectacle. Chaque passage de Caravane amène le groupe dans des salles de plus en plus grandes. Samedi, ils seront les maîtres du Cercle pour un soir. À quoi devrait s’attendre un gars, comme moi, qui n’a pas encore eu l’occasion de voir le groupe sur scène? « Contrairement à ce que tes amis de gars peuvent penser », soutient Dominic, « on fait pas juste danser les filles, sur scène, on est assez rock and roll!. Ça déménage. » Pour Raphaël, un des objectifs de Caravane, c’était de ramener le rock sur la scène québécoise sans que ce soit quétaine. Les gars veulent que leurs spectacles soient des party rock and roll. « C’est ça que ça fait », ajoute Raphaël. Hugo, le directeur de tournée nous interrompt : « Y’a un disquaire à Rouyn qui est arrivé longtemps d’avance parce qu’il ne voulait pas manquer le show. Il a vu The Who à New York dans les années 1960, il a vu un paquet d’autres artistes avant qu’ils ne deviennent des stars. Il m’a dit que les gars de Caravane étaient, avec Pagliaro, les plus grands rockeurs du Québec. Pour lui, il fallait que Caravane aille encore plus loin parce que ça se comparait à ce qu’il avait vu des Who et des Stones à leurs débuts. »
On revient à mon introduction. On assiste depuis quelque temps à une recrudescence du rock. Dominic : « Oui, même les radios! » Raphaël : « C’est vraiment inespéré! On s’est ramassés dans toutes les radios commerciales du Québec. Ça nous a surpris parce qu’on ne voulait pas faire de compromis. On voulait faire un projet rock, même s’il y a un petit côté pop, et toutes les radios nous ont tourné. » Y’a pas que les radios commerciales qui aiment Caravane, les médias plus orientés vers les groupes émergents apprécient également beaucoup. Bonne chose pour le rock. D’autres groupes, comme Gazoline, commencent aussi à pousser. Raphael : « C’est comme une nouvelle vague de rock québécois, on profite de la vague de fond qui vient des États-Unis, des groupes comme les Black Keys font maintenant partie des plus grands groupes au monde. » En effet, sinon, ils ne viendraient pas jouer devant des dizaines de milliers de Québécois pour une septième fois en cinq ans. Plus près de nous, un groupe champ gauche comme Galaxie, qui roule sa bosse depuis longtemps, a joué récemment au gala Artis devant plus d’un million de personnes! Les membres de Caravane reconnaissent que Langevin et sa bande ouvrent de nombreuses portes.
Petite question sur le label, Ste-4 Musique, qui est comme la petite étiquette indie de l’Empire Québecor. C’est comment, avoir un pied dans l’empire? « Non seulement, t’as pas l’impression de faire partie de l’empire », répond Dominic, « en fait, t’es pas dans l’empire quand t’es sur Ste-4. L’équipe est formée de gens comme nous, des passionnés de musique. » Raphaël ajoute : « Quand t’es plus jeune, tu te fais une image d’un gros label avec des gens en veston-cravate. C’est vraiment pas comme ça que ça se passe. C’est rempli de jeunes comme nous, qui viennent d’horizons musicaux complètement différents. Tout le monde, jusqu’à la haute direction, est super smatte, super gentil. » Dominic conclut en disant qu’à Ste-4, il y a des gens qui savent ce que ça représente, faire de la musique, qui ont fait des tournées, pué pendant quelques jours.
Cet automne, le groupe devrait retourner en studio travailler sur son deuxième album, qui devrait avoir quelques pièces plus garage. Raphaël indique que les nouvelles chansons ont le même esprit que celles de Chien noir, mais la lettre, elle, ressemble plus aux membres du groupe. « C’est sûr que quand tu commences un projet, tes influences sont plus apparentes, mais plus tu travailles ton propre son, plus ça vient naturellement. » Vous êtes avertis : le prochain album va sonner comme du Caravane.
J’aurais pu continuer à écouter Raphaël et Dominic pendant encore de nombreuses minutes, mais bon, nos bols de chips et nos bières étaient vides, ce qui signalait le retour à nos activités régulières chacun de notre côté. J’ai quitté le Cercle en remettant Chien noir dans mon iPhone. Je pense qu’avec ces gars-là dans la locomotive avec les autres Galaxie et Gazoline, le rock québécois est entre de bonne mains. Vivement samedi.
Caravane sera au Cercle le samedi 16 mai à 20 heures (portes : 19 h). En première partie, We Are Monroe et The Damn Truth. Quelques surprises attendent les fans. On n’en dit pas davantage, sinon, ça ne serait plus une surprise! Les billets (15 $ + frais) sont disponibles au Cercle, chez EXO et sur lepointdevente.com. Bien sûr, nous serons là!
*** CONCOURS ***
Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de samedi. Tout ce que vous avez à faire, c’est aimer notre page Facebook et nous dire, dans le billet qui parle de cette entrevue, qui a réalisé Chien noir. Question facile, non? Nous indiquerons le nom des gagnants vendredi à midi.
Je ne sais pas où vous serez du 23 au 26 juillet prochains, mais pour ecoutedonc.ca, cette année, ça se passe au Festif de Baie-Saint-Paul (sorry Wayhome, maybe another year… particularly if you move your festival later in the summer!).
Pour sa sixième présentation, les organisateurs du Festif ont mis le paquet :
Vous pensiez qu’on niaisait, mercredi, avec notre petit teaser un brin agace? Ben non! Il y a tout ce qu’on avait dit qu’il y aurait!
Des vedettes établies? Les Trois accords, Alex Nevsky, Radio Radio, Bernard Adamus, Galaxie, Marie-Pierre Arthur, Mara Tremblay, ce sont des noms qu’on est content de voir sur l’affiche d’un tel festival.
Une légende? Au Québec, présentement, on ne fait pas plus légendaire que Robert Charlebois.
Une soirée qui fera danser Tout Baie-Saint-Paul? The Planet Smashers et Reel Big Fish vont nous faire danser, sauter, crier, nous énerver pendant toute une soirée. Oui Manon, viens danser le ska!
Un centre-ville super animé? Le samedi, la rue St-Jean-Baptiste sera piétonne et les amuseurs, dont le fameux Orchestre d’hommes-orchestres, se l’approprieront.
Plein de découvertes? Heat! Odeur de Swing! Dylan Perron et Elixir de Gumbo! Et plein d’autres, ça dépend juste de votre degré de connaissance de la scène musicale québécoise!
Des shows jusqu’à très tard dans la nuit? Fanny Bloom, The Franklin Electric, Loud Lary Ajust, We Are Wolves, Mononc’ Serge, Qualité Motel… ces crinqués jouent tous une fois les douze coups de minuit bien sonnés!
On ne vous a pas parlé des surprises, hein? Comme cette prestation surprise donnée par Louis-Jean Cormier l’an dernier devant une poignée de chanceux autour du feu à La ferme? Paraît qu’il y aurait quelques lieux secrets du genre cette année.
Vous voyez bien qu’on était sérieux!
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