Le groupe local Caravane organisait cette année encore un événement spécial pour rendre gloire à notre sauveur : le rock. Comme toute bonne messe de minuit, le spectacle de jeudi dernier eut lieu dans une église et c’est ainsi que le décor à saveur baroque de la Nef ajouta au charme décadent de ce moment fort en intensité.
Mort Rose
La grande célébration commença avec le pop rock grivois de Mort Rose. Revisitant le répertoire rock, blues et même calypso, les quatre musiciens présentaient des pièces entraînantes et colorées par le discours équivoque – et parfois bien direct – du chanteur.
Les spectateurs massés devant la scène ne résistèrent pas longtemps au charme langoureux de cette musique qui fit la gloire d’Elvis. Et plus la prestation avançait, plus le groupe nous faisait découvrir la variété de ses inspirations musicales et l’enthousiasme de ses membres sur scène. Une belle façon de nous faire oublier la température subsibérienne!
Harfang
Après cette joyeuse entrée en matière, ce fut au tour de Harfang de réchauffer les cœurs. Étant donné le nombre de spectateurs qui ne semblaient pas les connaître, le groupe a dû passer en mode séduction. Qu’à cela ne tienne, ils ont relevé ce défi avec brio.
En guise de préliminaires, ils se sont lancés dans leurs pièces les plus lumineuses. Fly away et Wandering ont servi de premier contact, mais c’est vraiment avec Stockholm que le groupe a pris son envol. Il était fascinant de voir avec quelle énergie et quelle intensité les musiciens s’impliquaient dans chacune de leurs pièces, qu’elle soit plus rock, plus folk ou plus introspective.
Caravane
L’heure avançant, on se rapprochait de plus en plus du minuit fatidique de la messe. Caravane, les rockeurs de la Vieille Capitale, se sont chargés de nous livrer la pièce de résistance… et quelle performance ! Il faut le dire, ils ne font pas le bon vieux rock à moitié. Alors qu’on attendait que les musiciens montent sur scène, l’organiste se lança dans un préambule endiablé, après quoi le groupe a balancé pièce sur pièce un rock teinté de blues aux mélodies accrocheuses et aux textes que scandait fréquemment le public.
Plusieurs moments forts se sont démarqués des méandres musicaux dans lesquels les musiciens nous ont plongés. On a particulièrement pu apprécier les soli endiablés de Guillaume Méthot, qu’il nous livrait à genoux comme une offrande. L’intensité du chanteur – qui hésitait ni à se barbouiller le visage ni à se mêler aux foules pour le rock – avait de quoi capter l’attention. Finalement, le groupe a offert en cadeau une superbe reprise de I Want You des Beatles qui n’a laissé personne indifférent, pas même les apôtres ni les évangélistes qui nous regardaient du haut du plafond de la Nef.
L’année 2017 tire à sa fin, mais il reste encore quelques beaux pestacles à nous mettre sous la dent! Nos diffuseurs vont d’ailleurs être fort occupés pendant le temps des Fêtes, aucune raison de vous ennuyer, donc, entre deux partys!
Voici notre sélection de spectacles à voir pendant cette période plus que festive :
Gab Paquet (+ Miss Sassoeur et les Sassys) – Le Cercle, 14 décembre
On vient de le nommer artiste de l’année à ecoutedonc.ca, c’est pas pour rien! Gab Paquet, c’est du bonbon pour les yeux et les oreilles. Le flamboyant chanteur de charme vous convaincra par sa fougue, ses déhanchements et son regard craquant. Préparez-vous à voir un shag divin sous les paillettes de Gab Paquet!
Quant à la première partie, Miss Sassoeur et les Sassys, vous serez séduits par le gospel de ruelle proposé par la formation qui a mérité le prix du jury (ainsi que le prix ecoutedonc.ca) du dernier Cabaret Festif! de la relève!
Gabrielle Shonk – Grand Théâtre de Québec, 14 décembre
L’auteure-compositrice-interprète Gabrielle Shonk a lancé cet automne un premier album qui a été très bien reçu par la critique. Ses chansons folk-pop bourrées de soul sauront en attendrir plus d’un. Pour sa rentrée québécoise, Shonk se paie le Grand Théâtre! Pari risqué? En fait, au moment d’écrire ces lignes, il ne restait plus que quelques billets qu’on vous invite à saisir sans tarder!
Anthony Roussel – Librairie St-Jean-Baptiste, 14 décembre
Juste pour nous compliquer la tâche davantage, un autre beau petit show qu’on aimerait bien voir (et vous proposer), c’est celui que présentera Anthony Roussel dans l’intimité de la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Son plus récent album, La gymnastique de l’amour, a fait tourner quelques têtes avec ses mélodies accrocheuses et pas mal atmosphériques. À surveiller!
Koriass X KNLO – La Source de La Martinière, 16 décembre
Pour conclure le cycle Love Suprême en beauté, Koriass présentera un concert à La Source de La Martinière. Dernière occasion de voir le rap théâtral du jeune homme avant un petit bout! De son côté, le Bas-Canadien KNLO devrait nous faire groover en masse! Si vous connaissez la petite salle limouloise, vous savez que le plafond risque de se retrouver dans le parc voisin!
Solids (+ Los et Mundy’s Bay) – L’Anti Bar et Spectacles, 26 décembre
Vous avez besoin de quelque chose qui rocke pour faire passer le ragoût de patte de votre grande-tante Louise (ou le cari au tofu de votre oncle Bastien-Olivier)? Le Boxing Day a été difficile? La solution à tous vos maux : la formation rock Solids qui investira L’Anti pour nous inviter à hocher joyeusement la tête!
La Caravane des fêtes IV : La messe de minuit – La Nef, 27 décembre
Y’avait des restants de ragoût de patte ou de cari au tofu dans le frigo? Vous avez encore besoin d’énergie? Eh ben les gars de Caravane vous ont monté un autre show juste pour célébrer le temps des Fêtes (ou Noël, pour ne pas déplaire à certains). Et pour qu’on se sente encore plus à la messe de minuit, ça va se passer à La Nef! On nous promet tout un party! Et les deux groupes invités, Harfang et Mort Rose, ne sont pas à dénigrer non plus, oh que non! D’un côté, une pop atmosphérique accrocheuse, de l’autre un petit rock and roll sympathique qui donne le goût de danser. Plus le temps passe, plus on a hâte!
Orloge Simard (+ Pass) – Impérial Bell, 29 décembre
Un autre truc qui commence à devenir une tradition, c’est la beuverie le show de fin d’année d’Orloge Simard. Ne me demandez pas pourquoi, le monde vire fou en la présence du philosophe baieriverain et de son band de musiciens déchaînés. Mais cette folie provoquée par l’aucuncadrisme (la philosophie d’Orloge) est contagieuse et il y a fort à parier que ça ne sera pas une soirée facile à l’Impérial pour les plus doux!
Mais c’est parfait pour se préparer à monter au Lac Saint-Jean fêter le Jour de l’An!
Pour sa deuxième édition, Saint-Roch Expérience a convié les foodies et les mélomanes de Québec sur la très chic rue Saint-Joseph pour une journée 100 % locale. C’est ainsi que nous avons pu assister toute la journée à de nombreuses prestations d’artistes de la région de Québec. Si le lecteur habitué d’ecoutedonc.ca connaît très probablement tous ces artistes, le grand public, lui, a fait un grand nombre de découvertes, parfois dans des lieux inusités…
On vous avertit tout de suite : malheureusement, nous n’avons pas pu voir tout le monde étant donné nos effectifs réduits (si jamais ça vous tente de joindre notre équipe…).
15 h : Anatole – EXOSHOP
Quoi de mieux pour lancer les festivités que notre squelette dandy le mieux habillé de Québec? Et quoi de mieux d’un magasin spécialisé dans la culture skate pour faire découvrir le phénomène Anatole? Dès le départ, les curieux étaient très nombreux… et il y avait beaucoup d’enfants, qui semblaient beaucoup apprécier le coloré personnage (qui leur a décoché quelques sourires et clins d’oeil complices). Alexandre Martel (qui incarne le personnage d’Anatole) avait une grosse journée devant lui (en plus de ses trois prestations, il accompagnait Joey Proteau dans Ego Death et il jouait au gros jam session de fin de soirée), mais ça ne l’aura pas empêché de se donner à fond dans sa synth-pop venue tout droit de la Nouvelle L.A. (Jacques Boivin)
15 h 30 : Gab Paquet – Place FRESK
On va passer rapidement vu que Louis-Solem l’a également vu au District Saint-Joseph, mais bon Dieu qu’il y avait du monde pour la prestation de Gab Paquet à la place FRESK! Encore une fois, de nombreux curieux, mais on a pu reconnaître un très grand nombre de fans du chanteur à la chevelure charmante! Et bien entendu, Gab a donné une prestation époustouflante dans ce qui était un terrain de jeu sur mesure pour lui. Toujours bien épaulé par des musiciens de feu, Paquet s’est servi de tout ce qui lui tombait sous le pied pour sauter, faire des pirouettes et se faire aller les cheveux au vent (qui était plutôt présent), de quoi donner à la nombreuse foule présente d’aussi nombreuses raisons de sourire à pleines dents. (Jacques Boivin)
16 h 30 : Laurence Castera – L’Intermarché
Saint-Roch Expérience a fait sourciller plus d’une personne avec ses lieux insolites pour les prestations. Une de ces idées farfelues, qui comportait quelques défis techniques, en a cependant valu la peine. L’Intermarché a accueilli Laurence Castera et Pierre-Olivier Fortin. Entre les salades préparées, les gâteaux faits maison et d’une ambiance feutrée à base de guitare et de batterie, le tout s’est bien agencé aux chansons de Castera. L’auteur-compositeur-interprète en a profité pour chanter quelques chansons de son album Le Bruit des mots, comme J’te mentirais, En attendant une pièce marquée d’espoir, tout à fait à propos. Quelques personnes semblaient légèrement déstabilisées, mais cet endroit a permis à plusieurs de faire de belles découvertes musicales. Vertige a terminé l’ensemble de chansons, par une participation de la foule. En somme, un excellent moment en bonne compagnie qui nous a ouvert l’appétit pour d’autres prestations. (Marie-Ève Duchesne)
17 h : Anatole – Coyote Records
Revêtu de sa robe turquoise et de son foulard rose, le grand Anatole nous accueillait dans les bureaux de Coyote Records. La diva du rock sexü a encore une fois prouvé qu’elle est authentique et sait livrer un spectacle marquant. Lors de la très excellente chanson Le grand sommeil, Anatole s’est levé sur le comptoir de Coyote pour ensuite s’y coucher comme sur un piano à queue. Quelques personnes ont été un peu déstabilisés par le caractère provoquant du personnage, alors que les habitués regardaient d’un œil amusé les curieux à ce spectacle haut en couleurs. Il livre vraiment un spectacle de musique-performance où les moments théâtraux prennent une place importante dans la mise en scène. Anatole en spectacle, c’est une expérience typique de St-Roch. (Louis-Solem Pérot)
17h30 : Harfang – Place FRESK
Sous une forme épurée avec une contrebasse et une batterie minimaliste, le groupe de Québec Harfang a joué au coeur de la ville, devant la tour FRESK. L’ambiance était familiale. Malgré un vent qui semblait refroidir les spectateurs – mais pas Harfang – les cinq musiciens ont réussi à braver la température et le vent qui se levait. Ils nous ont réservé tout un spectacle basé sur les plus récentes pièces de l’album Laugh Away the Sun, comme Lighthouse, As You Sing et aussi une très jolie reprise de 8 (circle) de Bon Iver. Les mélodies du groupe ont réussi leur pari : nous réchauffer nos coeurs en attendant d’aller voir d’autres concerts. (Marie-Ève Duchesne)
17 h 30 : Gab Paquet – District Saint-Joseph
Le grand Gab a encore une fois démontré qu’il est le roi. St-Roch Expérience permet aux artistes de rejoindre un public qui n’auraient pas eu la chance de les voir. Gab Paquet a certainement beaucoup profité de cette vitrine, car on entendait beaucoup de réactions de surprise en découvrant son personnage de chanteur de charme. Comme on l’a vu à son spectacle avant Michel Louvain, il sait toujours faire lever les foules, même les plus sceptiques. La scène du District était très étroite, Gab était un peu limité dans ses mouvements, mais les obstacles physiques ne l’ont pas empêché de sauter lors de Coach de Vie ou bien de faire bouger ses fesses pour Diamant. Bien entendu, c’était la folie pour Papa, Maman, Bébé, Amour et Consommations alors que plusieurs fans chantaient allègrement sous le regard amusé des passants les paroles absurdes et rassembleuses de Gab Paquet. C’est toujours un grand moment avec Gab. (Louis-Solem Pérot)
18 h 30 : Val Thomas – L’Intermarché
St-Roch Expérience a visé juste en plaçant une scène à l’Intermarché. L’idée était originale et les artistes ont embarqué à fond dans le concept. Val Thomas était accompagnée par le fidèle Kenton Mail muni d’un snare et d’une ride qui a réussi à très bien faire sonner son petit kit malgré tout. Vincent Lamontagne était à la guitare acoustique et (surprise) Isabelle Cormier était au violon et aux harmonies vocales pour ce spectacle charmant. Ayant vu Val Thomas à deux reprises dans le passé, je dois dire que sa voix se marie très bien avec celle d’Isabelle et le violon vient apporter un côté un peu plus Americana, vieux folk que la guitare électrique d’Alexandre Pomerleau. Cette artiste s’est fait beaucoup remarquer cette année entre autre parce qu’elle livre toujours une prestation impeccable et qu’elle rayonne de bonheur lorsqu’elle joue. C’est toujours un très beau moment passé en sa compagnie, on a hâte de voir la suite pour elle. (Louis-Solem Pérot)
19 h : Harfang – L’Ampli de Québec
La scène de l’Ampli était vraiment bien. C’était une des plus grandes scènes des concerts de la journée et l’endroit étant bien configuré, tout le monde pouvait bien voir. Par contre, la salle a eu des soucis techniques tout au long du spectacle, un des haut parleurs ne fonctionnant pas très bien, il altérait un peu la qualité du son du spectacle. Sinon, le groupe a été impeccable. Cette pop bien réfléchie et complexe demande précision et cohésion, Harfang regroupe très bien ces deux éléments. Ils ont surtout fait des chansons de leur plus récent album que plusieurs chantaient en chœur, même s’il est difficile de se rendre aux notes aiguës que Samuel Wagner va chercher. Bravo à la formation pour leur rigueur et leur prestation impeccable. (Louis-Solem Pérot)
19 h 30 : The Seasons – Devant le District Saint-Joseph
Bien joué St-Roch Expérience, bien joué. Faire jouer The Seasons dehors sur St-Joseph en début de soirée alors qu’il fait beau donne un spectacle énergique où la foule volumineuse incite les artistes à en donner plus. C’était les artistes les plus grand public de la journée et plusieurs se bousculaient pour voir un peu Hubert qui a très vite retiré son haut pour le plus grand plaisir de ces dames, et peut-être messieurs aussi, s’ils en ont envie. Les gars sont coulés dans le rock 60’s bien dansant qui déménage. Ils en ont fait chanter et danser plusieurs avec leurs gros succès. «Aaaahhh, c’est eux qui ont fait cette chanson là!» est sûrement la phrase la plus entendue à un spectacle des Seasons. Tout le monde connaît leurs chansons sans vraiment le savoir. Ils ont donné un très bon spectacle, on a juste plus hâte de les voir ce soir à l’Impérial. (Louis-Solem Pérot)
20 h : Laura Lefevbre – L’Intermarché
Après le rock mouvementé, on a eu besoin de se reposer le tympan avec Laura Lefebvre qui nous proposait une formule bien spéciale. Elle était en duo avec Joey Proteau (Ego Death) et ils ont décidé de monter un spectacle de reprises de chansons des années 50 et 60 pour le plus grand bonheur de son public. Laura ne semblait pas réaliser ce qu’il se passait autour d’elle : « J’étais certaine qu’on allait être une musique d’ambiance pendant que le monde faisait leur épicerie, je m’attendais pas à avoir un public attentif, merci! » Nous avions affaire à deux superbes chanteurs, leurs voix se mariant très bien. On a même pu entendre deux compositions originales de Laura bien accrocheuses. Cette musique est vraie, cette musique est belle et sincère. Nous avons passé un super beau moment et surveillez ses apparitions, nous passons toujours un très bon moment. (Louis-Solem Pérot)
20 h : Val Thomas – Brasserie Artisanale La Korrigane
Au même moment, se déroulait le concert de Val Thomas. L’endroit, qui reçoit déjà des groupes pour ses soirées à micro ouvert, semblait un peu à l’étroit pour quatre musiciens. Cependant, c’est toujours un plaisir de voir Val Thomas avec sa pop aux accents folk. Sa présence sur scène a bien été reçue par son auditoire. Avec ses musiciens Kenton Mail (batterie), Guillaume Sirois (basse) et Alexandre Pomerleau (guitare), ils formaient un tout et avaient une chimie parfaite entre eux. Toujours un coup de coeur pour la pièce Maze, que je ne me lasse pas d’entendre. (Marie-Ève Duchesne)
21 h : «Jam session» Talents d’ici – Impérial Bell
Saint-Roch Expérience a fait preuve d’audace en programmant plusieurs concerts dans des lieux inusités. Pour célébrer le talent local (et il y en avait sur cette scène!), ils ont su mettre ensemble la crème de la crème dans un Impérial Bell qui n’a pas tardé à afficher complet (on a même dû ouvrir le balcon). Pour cette fin de journée, on a mis de l’avant l’esprit de famille et la grande complicité entre les artistes qui règne à Québec.
Caravane nous a décoiffé avec son rock en français, qui allait dans tous les sens. Le quatuor avec le chanteur Dominic Pelletier a su réveiller la foule. Puis c’était au tour de Pascale Picard de nous accueillir dans son monde avec Haunted Spaces. Elle a enchaîné avec Gate 22, qui a été chantée avec la foule. Le groupe The Seasons a ensuite partagé la scène avec elle pour faire un duo, tout en énergie et en rock des années 60′. Hubert en a profité pour faire plusieurs bains de foule et pour faire plusieurs covers. Anatole est monté sur scène pour un duo sur You Get What You Give. Tout en sensualité avec son ensemble jaune ocre, la foule semblait apprécier. Le temps de trois chansons, nous étions dans l’univers pour L.A / Tu es des nôtres. En se déhanchant, il a aussi séduit des gens à travers la foule.
Gabrielle Shonk nous a ensuite réservée plusieurs chansons de son album à paraître le 29 septembre prochain. Les univers des artistes ont été arrangés des mains de Simon Pednault. Habit a été fredonnée par plusieurs personnes. Tire le Coyote a ensuite chanté Jolie Anne autour d’un micro avec Shonk. Les énergiques Chainsaw et Calfeutrer les failles ont été dynamités par la présence de Shampouing à la guitare. Le mélange des styles se mariait ensemble et il y en avait pour tous les goûts autant avec Karim Ouellet et Koriass. (Marie-Ève Duchesne)
Conclusion
L’année dernière, l’équipe de 3 E avait misé gros en organisant ce qui ressemblait à un mini festival d’été. Certains spectacles avaient été couronnés de succès, d’autres un peu moins (surtout en raison du temps maussade). Les ajustements apportés cette année apportaient une dimension beaucoup plus humaine au volet musical de l’événement (malheureusement, on n’a pas eu trop le temps de déguster tout ce qui s’offrait çà et là… et ça sentait bon un peu partout!). Cette idée de présenter des artistes de Québec dans des lieux souvent visités, mais pour des raisons autres qu’une prestation, était géniale.
Bon. Je vous avoue que je n’ai pas eu trop de neuf à me mettre sous la dent, connaissant bien l’ensemble des artistes au menu. Mais j’imagine la personne de Québec qui écoute la radio commerciale et se tient normalement sur les Plaines pendant le Festival d’été voguer d’un lieu à l’autre pour découvrir ce que nous avons de mieux à offrir. Cette personne a pu entendre un peu de tout, de la pop déjantée d’Anatole et Gab Paquet au folk (rock ou pas) de Laura Lefebvre, Val Thomas et Ego Death, en passant par la pop indé de Laurence Castera, les atmosphères feutrées d’Harfang et le bon vieux rock bien rétro de The Seasons, indé de Medora ou bien bluesé de Caravane. Elle a dû se rendre compte que notre scène, qui ne joue que très peu sur les ondes (et dont on parle aussi peu dans les grands médias, quoique certains font de grands efforts pour les mettre en valeur), a un dynamisme hors du commun (qui fait jaser de plus en plus loin).
Cette scène locale, on a continué à la célébrer dans un Impérial Bell bondé (à la grande surprise de pas mal tous les intervenants – une surprise doublée d’un grand bonheur). Des artistes plus établis se sont joints aux artistes plus émergents et ont partagé ensemble de beaux moments.
Malheureusement, on a manqué le spectacle du rappeur français MHD de dimanche. Trop exténués par ce samedi complètement fou.
Non, tout n’était pas parfait, c’était parfois le chaos entre les prestations qui ont souvent commencé en retard parce qu’un artiste devait courir d’un lieu à l’autre… Mais ce chaos, qui peut parfois surprendre parce que l’événement était organisé par des gens qui ont l’habitude de voir plus gros, avait un petit côté charmant qui peut nous rappeler d’autres événements et festivals de taille plus modeste. Ce côté charmant, ecoutedonc.ca s’y trouve comme un poisson dans l’eau. Mis à part quelques petits ajustements somme toute mineurs (en laissant aux artistes le temps de bien se préparer avant d’entrer en scène, par exemple), on souhaiterait que l’équipe de 3 E ne touche à rien.
De toute façon, avec tout le talent qu’on a ici, on peut facilement répéter l’expérience avec une autre bande d’artistes complètement différents!
À répéter absolument l’an prochain. On réserve déjà notre samedi! (Jacques Boivin)
Pour sa deuxième édition, l’équipe de 3 E, qui organise Saint-Roch Expérience, a fait de nombreuses modifications à sa formule, qui se voudra beaucoup plus accessible (gratuité, diversité des lieux).
Et si, comme nous, vous aimez nos artistes de Québec, vous serez servis!
Le festival se déroulera les 16 et 17 septembre, mais le gros du volet musical nous sera servi le samedi 16, et ce, dès 15 heures!
La formule : en même temps, toutes les demi-heures, trois artistes nous offriront des prestations d’une trentaine de minutes. Et les lieux peuvent parfois être surprenants!
Par exemple, des prestations auront lieu à l’Intermarché, à l’Exoshop, chez Coyote Records, à la place publique Fresk, sur la terrasse du Deux 22 et à l’édifice CSQ en plus de lieux plus conventionnels comme le District Saint-Joseph, le sous-sol du Cercle et la Korrigane.
Les artistes à l’affiche dans le cadre de ces prestations? Anatole, Laurence Castera, Medora, Gab Paquet, Laura Lefebvre, The Seasons, Caravane, Ego Death, Harfang et Val Thomas.
En plus, St-Roch Expérience nous convie à un grand spectacle gratuit à l’Impérial Bell (21 h), dirigé par Simon Pedneault. On pourra y voir Gabrielle Shonk, Koriass, Pascale Picard, Tire le Coyote, The Seasons et plusieurs autres!
Le dimanche 17, on pourra également voir un concert du rappeur MHD à l’Impérial Bell. Les billets pour ce spectacle sont en vente ici.
Pour en savoir plus sur la programmation de Saint-Roch Expérience (notamment sur le volet bouffe et arts), consultez le site Web!
Pendant que le rédac-chef prenait une pause pour aller voir Metallica avec son grand garçon, le reste de l’équipe n’a pas chômé, comme en témoigne ce petit compte rendu!
Val Thomas – Scène Fibe
À la scène Fibe, il y avait foule pour écouter Val Thomas, finaliste des Apéros FEQ. Elle avait une belle présence sur scène. Sa rock-pop qui rappelle les Joni Mitchell, Laura Marling et autres chanteuses à voix a fait taper du pied et a capté l’attention de son public. Celle qu’on avait vu lors de la vitrine à la Ninkasi seule à la guitare avait amené son band. Thomas a joué plusieurs pièces de son EP, Chronicles from the Cave, à paraître à l’automne, comme Maze et Wolf. Elle a aussi repris House of the Rising Sun de façon convaincante. (Marie-Ève Duchesne)
Laura Lefevbre – L’Anti Bar et spectacles
J’étais très content d’enfin voir Laura en spectacle à l’Anti. On entend beaucoup parler d’elle un peu partout, elle a joué aux Francofolies et maintenant, elle nous présente son spectacle dans le cadre du FEQ. Elle a lancé son premier extrait «Alcaline» cet hiver et nous réserve un EP qui paraîtra dans les prochains mois. Sa belle voix d’alto porte des ambiances pour la plus part planantes. Pour ce qui est du groupe la supportant, on remarque que les même très bons musiciens de d’autres chanteuses qu’on a vu cette semaine sont présents pour l’accompagner (Antoine Lemieux-Rainfret, Étienne Doyon, Marco Noël et Joey Proteau). Portant un chandail Pink Floyd, et arborant une gance des Beatles, Laura Lefevbre a charmé son public avec ses chansons bien construites qui réconfortent. La jeune chanteuse donne une très bonne performance, son interprétation de ses chansons ainsi que de ses reprises sont toujours très senties et elle arrive très bien à s’approprier ses textes. On a beaucoup aimé sa reprise du «Dermatologue» de Klô Pelgag, avec du banjo joué par Joey Proteau, ce qui ajoute une approche plus folk roots à la chanson. Laura Lefevbre est une artiste à surveiller, on a très hâte d’entendre la suite! (Louis-Solem Pérot)
The Beatdown – Scène Hydro-Québec
Dès les premiers instants du spectacle, le chanteur de ce band montréalais s’est réjoui de profiter de l’une des rares journées d’été du Festival. Une fois qu’on a entendu quelques pièces, on comprend sa joie. Dans un enrobage fort en reggae, The Beatdown envoie une fort agréable musique estivale, très enjouée et dansante. À un tel point que ça sonne un peu ska par tit-bouttes, les brass en moins, parfois funk et pas mal pop aussi. Ça rappel des fois certains bands des années 1990, quelque part entre Counting Crows et Sublime. Bref, j’avais l’impression d’avoir 18 ans. Un ben bon début de vendredi soir. (Christian St-Pierre)
Harfang – Scène Loto-Québec
Même s’il y avait Metallica en même temps sur les Plaines, le parc de la Francophonie était bien rempli. Nos hiboux préférés de Québec ont mis la table pour une belle soirée. Le groupe formé de Samuel, Antoine, Alexis, David et Mathieu ont réussi à réchauffer l’atmosphère avec leur rock planant. Les transitions entre les chansons provenant la plupart de leur album Laugh Away the Sun se fondaient l’une dans l’autre. Harfang était visiblement content de jouer sur scène, eux qui ont assisté à plusieurs spectacles dans le passé à cet emplacement. Les chansons ont aussi été bonifiées par l’énergie des membres. En somme, un excellent spectacle pour la formation de Québec. (Marie-Ève Duchesne)
The Souljazz Orchestra – Scène Hydro-Québec
Soyons honnêtes, quand on parle de saxophone en 2017, on pense surtout à « Careless Whisper » et aux années 1980. Alors quoi penser d’un trio de saxs, accompagné d’un orgue (!?!?) et d’un drum? Et ben The Souljazz Orchestra a de quoi nous faire ravaler nos préjugés. Oui, le jazz dans le nom est tout justifié, mais c’est le Soul qui domine dans une prestation scénique sur la coche. Ils ne sont que cinq, mais ça sonne comme un big band, doublée de la fougue légendaire des ensembles soul. Sérieux, ça pète, ça groove et les textes politisés du groupe montréalais finissent de galvaniser une foule qui s’est manifestée avec un enthousiasme sincère et nourri. Un fini proche du funk des seventies et une virtuosité folle qui donne l’un des meilleurs spectacles de ce 50e sur la scène Hydro! (Christian St-Pierre)
Groenland – Scène Loto-Québec
C’était le party au parc de la Francophonie hier soir. La formation montréalaise, qui avait joué un Pop Up à la terrasse Dalhousie un peu avant sa performance sur la scène Loto-Québec était visiblement contente de jouer à Québec. Alternant entre des chansons de l’album The Chase et A Wider Space, le groupe a fait vibrer les gens rassemblés et les a fait participer sur plusieurs chansons. Ils ont aussi réussi à amener les chansons ailleurs en gardant le contact avec la foule. Les pièces Daydreaming, tout comme Immune ont reçu les acclamations des festivaliers. Il s’agit aussi d’une des dernières prestations de Groenland, car ils prendront dès la fin 2017 une pause d’une durée indéterminée. (Marie-Ève Duchesne)
Amadou et Mariam – Scène Hyrdo-Québec
« Alooors ?!?? Est-ce que çaaa vaaa ?!?! » s’exclame l’artiste malien à une foule déjà conquise qui répond de tout son enthousiasme. Si la musique avait un sourire, elle aurait celui d’Amadou et Mariam. Leur afrobeat prend des allures de rock avec des envolées de guitares dont Amadou est le maître enchanteur. Le couple uni sur scène et dans la vie depuis plus de 30 ans démontre, ça va de soi, une complicité forte, ce qui contribue beaucoup à cette aura bienfaisante qui les rend attachants. Dès les premiers morceaux, on a l’impression de revoir de vieux amis. D’ailleurs, la masse de gens réunis malgré les Metallica de ce monde démontre hors de tout doute que le duo offre une musique sans frontières qui sème la fête partout où elle résonne. C’est l’amitié humaine dans toute sa splendeur! (Christian St-Pierre)
En arrivant sur Saint-Joseph une quinzaine de minutes avant l’heure du spectacle, j’ai pu constater que plusieurs personnes faisaient la file pour entrer au Cercle. C’était peut-être la première fois que j’étais contente d’attendre dans un line-up, parce que c’était la récompense d’un groupe local qui persévère dans ce qu’il fait malgré les nombreuses difficultés de la scène émergente. La salle a en effet affiché complet dès 21h15, l’heure à laquelle De la Reinemontait sur scène pour débuter la soirée.
De la Reine
Alors que je me frayais un chemin parmi la masse de spectateurs en sortant du vestiaire, les premières notes du groupe commencèrent à danser dans mes oreilles. De la Reine avait préparé une introduction musicale qui nous amenait lentement vers son monde. J’ai fini par me rendre tout en avant, car à chaque endroit où j’arrêtais pour écouter j’étais malheureusement dérangée par des verbomoteurs qui n’ont d’ailleurs pas démordu de toute la soirée. C’est donc la tête collée sur les amplis que j’ai pu apprécier mon début de soirée.
Le groupe a livré une performance énergique, un véritable spectacle qui renouvelait les pièces de l’album. Tant pis pour ceux qui n’en ont pas profité, les autres spectateurs (que je pus apercevoir en avant) semblent avoir été conquis.
Harfang
J’ai pu me déplacer vers le premier rang juste à temps pour l’entrée de Harfang, qui fut acclamé par les spectateurs. Dès qu’il eut «cassé» sa première pièce, le groupe décupla d’intensité pour nous offrir un spectacle dynamique et bien rodé. Les musiciens avaient fait le choix judicieux de présenter les titres de Laugh Away The Sun dans le désordre et d’y insérer une ou deux chansons de leur maxi précédent. Résultat : leur prestation n’a été qu’un énorme crescendo vers le bloc final, lorsqu’ils ont joué l’une après l’autre Stockholm et Pleasure. Le public a d’ailleurs débordé d’enthousiasme en entendant ces simples qu’il semblait bien connaître. Disons que je n’étais pas la seule à connaître les paroles.
En écoutant l’album, on aurait pu se demander comment les chansons allaient être interprétées en spectacle. La réalisation ajoutait beaucoup d’effets issus du numérique, comme le groupe nous l’avait annoncé en entrevue (que vous pouvez lire ici). Ils ont d’ailleurs été fidèles à leur propos et ont su intégrer ces effets aux pièces, mais aussi aux jeux d’éclairage opérés par Kevin Savard.
Harfang a terminé la soirée en rappel avec UFO et Exposure, deux pièces tirées de Flood, nous laissant tout de même sur notre faim. Les musiciens, acclamés de plus belle à la fin de leur performance, semblaient être eux-mêmes dépassés par l’intensité des évènements. Ce n’est pas tous les jours en musique qu’on profite du fruit de son travail.
Tournée Harfang / De la Reine
Cette soirée marquait le début d’une tournée en compagnie De La Reine (visiblement une formule gagnante), qui se poursuivra jusqu’en mars.
JANVIER
26: Québec (Le Cercle)
27: Trois-Rivières (Le Zénob)
28: Gatineau (Le Petit Chicago)
FÉVRIER
2: Montréal (Le Divan Orange)
4: St-Casimir (La Taverne)
11: Ste-Anne-des-Monts (Le Malbord)
12: Québec (Showcase RIDEAU)
17: Chicoutimi (Le Sous-Bois)
18: La Malbaie (L’Auberge de jeunesse de la Malbaie)
Après deux mini-albums plus que prometteurs, il était temps que la formation de Quebec Harfang lance un premier album complet. Avec Laugh Away The Sun, on peut maintenant dire que ce nouveau jalon dans la carrière du groupe a été franchi avec brio.
On a affaire ici à un travail de pro, comme il fallait s’y attendre. L’album, d’une durée de 34 minutes, est composé d’une dizaine de pièces qui montrent l’étendue du registre du groupe. Toujours à l’avant-plan, on retrouve la (magnifique) voix de Samuel Wagner, toujours enveloppée d’atmosphères taillées sur mesure par Wagner, Alexis Taillon-Pellerin, Mathieu Rompré, David Boulet Tremblay et Antoine Angers.
On reconnaît assez facilement les influences, mais celles-ci ne sont pas tout simplement copiées-collées. Le groupe a bien mis une pincée de Bon Iver ici, un soupçon de Patrick Watson là et quelques grains d’Half Moon Run à quelques endroits, mais ils ont intégré ces ingrédients à leur propre recette, qu’ils ont soigneusement mijotée (la réalisation est tout simplement impeccable).
Le résultat : un album savoureux, atmosphérique à souhait sans tomber dans la contemplation béate, qui s’écoute autant d’un trait qu’à petites doses. À écouter absolument : l’entraînante Stockholm, la percussive Pleasure et la jouissive Truth. Une belle façon de découvrir rapidement les multiples facettes d’Harfang. Mais ça ne rendrait pas justice aux sept autres pièces, délectables elles aussi!
L’oiseau est prêt à prendre son envol et à nous emmener bien loin avec lui…
On pourra voir Harfang au Cercle le 26 janvier prochain (première partie : De la Reine). Billets
Avec ses deux premiers EP parus en 2014 (Harfang EP) et en 2015 (Flood), Harfangétait un groupe qui se laissait gentiment classer dans la catégorie indie-folk-rock. L’album long Laugh Away The Sun, qui sera lancé à Québec le 26 janvier prochain, présente pour sa part un style beaucoup plus éclaté en accordant une place à des saveurs électro et pop. À l’occasion de la sortie de cet opus, nous avons rencontré quatre membres du groupe: Samuel Wagner (voix, etc.), Alexis Taillon-Pellerin (basse, etc.), Mathieu Rompré (batterie) et David Boulet Tremblay (guitare électrique). Il ne manquait qu’Antoine Angers (guitare acoustique, etc.). Ce fut l’occasion de parler de Laugh Away The Sun, du processus de création derrière ses pièces, mais aussi de faire ressortir les enjeux auxquels un groupe émergeant peut être confronté lors de la réalisation d’un album entièrement autoproduit. Entrevue avec un groupe local qu’on suit – et qu’on a aimé suivre – depuis ses débuts.
Une nouvelle étape pour Harfang
«On a toujours voulu faire un album», avoue Samuel. Or, la réalité actuelle dans le milieu de l’industrie de la musique est telle que, bien souvent, il faut d’abord passer par la réalisation d’un maxi : «Maintenant les groupes sont souvent autoproduits, et faire un EP ça coûte vraiment moins cher, c’est vraiment moins long pis tu te plantes moins. Ça te permet aussi de faire les choses toi-même», explique Alexis.
Presque deux ans après le lancement de Flood et suite à leur apparition au FEQ en 2015 et en 2016, Harfang a gagné en expérience ainsi qu’en visibilité. «On a fait nos dents», énonce David. Pour les membres du groupe, Laugh Away The Sun était donc la suite logique de leur parcours. «L’album, c’est vraiment le début de quelque chose de plus sérieux. Ce n’est pas que nos autres albums n’étaient pas sérieux, mais là c’est une nouvelle étape pour nous», ajoute Alexis.
Faire un album : un parcours difficile mais enrichissant
Selon les membres de Harfang, le processus de création de Laugh Away The Sun s’est étalé sur plus d’un an : «C’est tout ce qu’on a fait de 2016, à part quatre gros shows … et même de la fin de 2015», raconte Mathieu. Pour le groupe, cela aura été somme toute une année difficile pour plusieurs raisons. «On en parle de même ouvertement, mais c’était rough», avoue Alexis, qui concède aussi que le groupe a failli se séparer.
Tout d’abord, la pression de réaliser un album de A à Z dans un délai prescrit pesait chacun des membres, comme l’explique David : «Ce n’est pas la pression que les gens attendent quelque chose, mais la pression que nous on se met, et la pression de réussir dans le deadline qu’on s’est donné, explique-t-il. Quand on s’est tous dit ‘ok, on commence le processus de faire un album’, [Alexis] et Antoine parlaient déjà d’un échéancier. On savait déjà à quelle date il faudrait idéalement le sortir pour le plan communication, le booking et tout ce côté-là. On savait combien de temps on aurait, et combien de temps on passerait dans chaque période de création : la compo, la préprod, l’enregistrement. C’est plus ce côté-là qui a été difficile, plus que le fait qu’il y ait des gens qui attendent un résultat», raconte David.
«On se rendait compte à la fin du processus qu’il y avait des affaires qui ne marchaient pas, ajoute Samuel. Et il fallait que ça marche ! Mais on n’avait pas le choix d’avoir un deadline», concède-t-il. Pourquoi se mettre autant de pression pour rentrer dans les temps, pouvait-on se demander. Alexis anticipe la question : «On voulait sortir cet album-là [dans les délais qu’on s’était donnés] parce que, dans notre situation – 100% indépendants et autoproduits – on ne peut pas se permettre un moment où il ne se passe plus rien. C’est sûr qu’il y a des périodes creuses, ça fait partie de tous les métiers de création : à un moment donné tu n’as pas le choix de t’isoler pis de faire tes choses. Mais dans notre cas, c’est que la remontée après, si elle se fait trop tard, eh bien c’est nous qui allons la subir et on le sait déjà», explique-t-il. Il avoue cependant de pair avec les autres membres que, malgré ces difficultés, ce parcours prend son sens dans sa réalisation : «Ça devient quasiment une drogue de sortir un album, c’est tellement trippant de présenter ce contenu-là qui est notre plus gros projet à tous les cinq.»
Des thèmes sombres et lumineux
Selon Samuel Wagner, le thème majeur de Laugh Away The Sun serait d’ailleurs celui de la dépendance : «C’est le thème qui ressort dans l’album et j’ai l’impression que c’est comme notre amour pour la musique…On est dépendants à la musique, mais c’est difficile et ça peut nous mettre dans le trou financièrement. Mais on n’a pas le choix», avoue-t-il. Dans les pièces à proprement parler, le thème prend des formes changeantes, comme le souligne le chanteur : «Il est exploité tout le long de l’album de façon différente, de façon plus ou moins subtile. Ce n’est pas spécifique à quelque chose : ce n’est pas la dépendance à la drogue ou à l’amour… C’est un peu tout ça en même temps. C’est le fait de ne pas avoir le contrôle de soi-même, de ses démons. De ne pas savoir comment les contrôler et d’être complètement démuni par rapport à ça.»
Tout comme les ivresses et les coups durs d’une dépendance, Laugh Away The Sun joue avec la noirceur et la lumière. Le titre, en ce sens, est évocateur : «‘Laugh away’ c’est une expression qui est quand même légère, mais juste parce qu’on parle du Soleil et de la lumière dans son idée, ça devient lourd. C’est comme un contraste», explique David. «Faire disparaître le Soleil, c’est une image qui exprime une entrée dans quelque chose de plus sombre», énonce Alexis.
Ainsi, aux côtés de pièces chargées d’intensité comme Pleasure, l’aspect lumineux de l’album – qu’on retrouve notamment sur des pièces comme Fly Away ou Wandering – prend une teinte particulière : «C’est une naïveté qui, pour nous, quand on l’a écrit, cachait quelque chose encore une fois, explique le bassiste. Il n’y a pas un texte [sur l’album] qui est fondamentalement joyeux. Même Lighthouse, qui a un texte d’espoir.», ajoute-t-il.
Le processus de création : trois lieux, trois périodes
«Il y a quand même trois phases qui se sont opérées dans la création de l’album et on peut les cibler selon l’endroit où on était, raconte Alexis. La première phase remonte à longtemps, c’était dans le sous-sol chez mes parents.» C’est dans cet espace assez restreint qu’auraient été composées Stockholm et Lighthouse. «Et après ça on est arrivés à l’île d’Orléans, poursuit le bassiste. Il y a une autre vibe qui est rentrée – faut dire aussi que c’était l’été – on a fait les bases de Truth, de Fly Away et de [Pleasure]. […] La troisième phase c’est au Pantoum. C’est là qu’on a fini Truth, Pleasure et qu’on a fait Kneel», conclut-il.
Certaines pièces, comme Stockholm, furent le résultat de jams en groupe. D’autres, comme Pleasure, ont une histoire un peu plus anecdotique. «Pleasure moi je me souviens très bien comment ça s’est fait ! Je pense que ça a coloré la tune», s’exprime Samuel. Le groupe travaillait alors dans une grange à l’île d’Orléans, à l’endroit même où on les avait rencontrés pour notre entrevue en juillet 2015. «Ce soir-là, je pense qu’on était tous écœurés, on ne savait plus ce qu’on faisait», poursuit le chanteur. «Il fallait qu’on compose du nouveau stock, on s’était dit qu’on voulait 10 tunes et on en avait comme trois ou quatre de composées, et ça faisait comme trois jams qu’il ne se passait rien», ajoute Mathieu. «Et là j’ai commencé à gosser sur une pédale d’effet, pis je me suis dit ‘bon, c’est la seule affaire qu’on peut faire, sinon on s’en va toute chez nous pis c’est plate’», explique Samuel. «En même temps, nous de notre bord, on travaillait une ligne d’accord», complète Alexis, ce sur quoi David ajoute en riant : «On travaillait sur une tune que tu voulais pas faire !», en s’adressant à Samuel. Alexis reprend : «On travaillait une ligne d’accord, pis Sam travaillait un truc plus dans l’effet et dans le vocal, et finalement, chemin faisant, les trucs se sont mergés.», conclut Alexis.
Selon les membres du groupe, l’histoire de la composition de Pleasure se révèle dans sa musique. «Pleasure il y a quelque chose de violent, il y a beaucoup de détresse là-dedans, et aussi un genre de défoulement. Il y a de l’entêtement dans cette tune-là» explique Samuel. «Et ça ouvre à la fin, comme si on avait réalisé qu’on avait une tune!», s’exclame David.
Laugh Away The Sun : rupture ou continuité ?
Le résultat de l’ensemble du processus de création peut frapper, notamment parce que les nouvelles pièces se distinguent des autres compositions de Harfang. Le simple Stockholm, paru le 13 décembre dernier, laissait même présager un tournant assez radical. «On voulait choquer un peu les gens, honnêtement !», avoue le chanteur. «Avec Stockholm on n’y a pas été avec le dos de la cuillère ! Le changement est plus modéré sur l’ensemble de l’album », poursuit-il. En effet, comme l’explique Mathieu Rompré, cette pièce est selon eux «la plus pop de l’album». Flatline, un autre titre paru en mai 2015, montrait d’ailleurs qu’une certaine continuité serait conservée malgré tout.
«On faisait un peu la suite de Flood avec Flatline ; c’est une chanson qui est vraiment dans la même vibe, raconte Alexis. Quand on a sorti Stockholm, c’était plus dans la volonté de, disons, faire une rupture avec Flood et de surprendre les gens qui nous connaissent. On présentait en quelque sorte notre direction artistique pour Laugh Away The Sun [avec ces deux simples]».
Rupture et continuité, un autre contraste qui semble donc être exploité dans le style musical de Laugh Away The Sun, comme l’explique Mathieu Rompré : «Il y a des tunes quand même vraiment pop et il y en a d’autres qui sont plus pour les mélomanes crinqués qui veulent écouter de la musique un peu plus compliquée et avec plus de couches», décrit le batteur. En un sens, c’est comme si après Flood le groupe avait voulu explorer les deux extrêmes qu’il cherchait alors à concilier. Dans leur dernier maxi, le groupe avait effectivement simplifié à leur maximum des noyaux musicaux afin de les rendre notamment plus accessibles à l’écoute. Dans Laugh Away The Sun, la dichotomie des pièces a permis au groupe d’exploiter une esthétique plus complexe et chargée, comme l’exprime David : «Les deux premiers [maxis], c’était vraiment cinq personnes qui jouent chacun sa partie. On voulait avoir plus de couches, un arrangement un peu plus étoffé que juste entendre cinq instruments [pour l’album].»
Une réalisation qui concilie acoustique et numérique
Le secret du groupe pour faire tenir ensemble l’indie-folk-rock, l’électro et le pop réside dans leur travail de réalisation de l’album : «Une ligne directrice au niveau de la réalisation, ça a vraiment été de mélanger une esthétique acoustique folk avec parfois une esthétique plus rock, mais aussi de faire un contraste avec des sons, des sonorités vraiment numériques. Il y a des effets qui sont purement numériques sur l’album et on ne s’en cache pas», explique Samuel Wagner, qui a beaucoup travaillé à la réalisation de l’album. Selon lui, le numérique pouvait être utilisé comme un instrument pour ajouter des couleurs aux pièces. «On trouve que le numérique peut de façon artistique amener énormément à des tunes en contrôlant des glitch sonores, ce qui a été fait», complète Alexis. «Il y a des bug sur l’album qui sont littéralement contrôlés, ajoute Samuel. Ça peut me prendre une heure programmer des faux bug.» Au final, ce traitement au numérique a permis de donner aux pièces leur unité : «C’est la colle entre toutes les tunes finalement. Qu’elles soient folk, qu’elles soient plus rock ou qu’elles soient plus électroniques, elles ont toutes cette esthétique-là du numérique qui semble ne plus être contrôlée, mais qui l’est en fait», confirme Samuel.
Le numérique a aussi été utilisé par le groupe dans le but d’ajouter les couches et la complexité désirées à leur musique : «Musicalement ce n’est pas plus complexe, confirme Samuel. Mais au niveau des textures, au niveau de l’assemblage, ce l’est». Leur volonté était de dépasser les simples lignes musicales jouées chacune par un musicien et identifiables : «Quand t’as peu de pistes et que t’entends cinq musiciens, t’entends cinq lignes. Dans cet album-là, t’entends beaucoup de choses», explique Alexis. «Moi je le voyais un peu comme du collage, ajoute Samuel. On a mis des trucs qui sortent du band, littéralement, et même des fois qui sortent de la tune en quelque sorte.»
Laugh Away The Sun en spectacle : «plus rock que folk»
L’ensemble du traitement numérique et l’idée des glitch sonores seront récupérés dans les performances, aux dires des musiciens qui préparaient leur spectacle lorsqu’on les a rencontrés. «Ça va être exploité dans le show, confirme Samuel. C’est ça qu’on essaye de travailler en ce moment. Même à l’éclairage, au niveau de la mise en scène, cette esthétique-là – numérique, qui bug – va être représentée de plusieurs façons.» Par ailleurs, on a déjà eu un aperçu de la façon dont le groupe pouvait allier glitch sonore et visuel par l’entremise du vidéoclip de Stockholm, réalisé par Antoine Bordeleau.
Depuis trois ou quatre jours, les membres de Harfang planchaient en effet sur leur spectacle à temps plein. «En fait ça a été un laboratoire de trois journées de huit ou dix heures, avec un break pour dîner et c’est tout», précise Mathieu. Apparemment, les résultats sont concluants : «La plus grosse partie est faite, et j’oserais dire que ça s’est bien passé en définitive. C’est-à-dire qu’on n’a jamais travaillé un show comme on l’a fait dans les trois ou quatre derniers jours», énonce Alexis. Ils ont d’ailleurs fait appel à d’autres collaborateurs pour enrichir le tout : Audrey Anne Hamel a contribué à la mise en scène et Kevin Savard, aux éclairages. Résultat, un spectacle indépendant qui serait «quasiment dans les normes du show-business».
Pour ce qui est du ton du spectacle, le bassiste nous assure en outre qu’on aura droit à quelque chose de «plus proche d’un show rock que d’un show folk» avec «clairement plus d’énergie». «Ça va être dynamique comme show», assure Mathieu pour sa part. «Il va y avoir un rythme aussi auquel les gens ne sont probablement pas habitués de notre part, c’est-à-dire un rythme dans le show, ajoute Alexis. C’est un spectacle.»
À venir : Lancements et spectacles
Le lancement à Québec se fera au Cercle en compagnie De la Reine. Ce spectacle marquera le début d’une tournée commune qui comprend aussi le lancement de Harfang à Montréal le 2 février prochain, au Divan Orange. Enthousiastes, les membres du groupe ont hâte de présenter l’ensemble de leur travail et anticipent un résultat favorable. «Moi je prévois que ça soit notre plus grosse année jusqu’à présent», nous disait Mathieu Rompré. On leur souhaite !
Tournée Harfang / De la Reine
JANVIER
26: Québec (Le Cercle)
27: Trois-Rivières (Le Zénob)
28: Gatineau (Le Petit Chicago)
FÉVRIER
2: Montréal (Le Divan Orange)
4: St-Casimir (La Taverne)
11: Ste-Anne-des-Monts (Le Malbord)
12: Québec (Showcase RIDEAU)
17: Chicoutimi (Le Sous-Bois)
18: La Malbaie (L’Auberge de jeunesse de la Malbaie)
Le groupe local Harfangprésente aujourd’hui un nouvel extrait tiré de leur album Laugh Away The Sun, qui sortira le 20 janvier prochain. Cette pièce, intitulée Pleasure, est accompagné de matériel vidéo réalisé par Antoine Bordeleau.
Ce extrait audio et vidéo s’inscrit dans une volonté plus large d’offrir un contenu multimédia qui accompagnera le nouvel album. C’est aussi ce qui avait été fait pour Flood, le dernier maxi du groupe. David Boulet Tremblay, guitariste du groupe, nous en avait glissé un mot dans une entrevue à paraître bientôt: «Pour [les pièces de] Flood, chacune avait sa photo qui respectait un peu la tune», nous avait-il expliqué.
On peut donc s’attendre à d’autre contenu multimédia de la part de Harfang dans les prochains mois. D’ici là, le groupe lancera son album à Québec le 26 janvier prochain au Cercle, en compagnie du groupe De la Reine.
Restez aussi à l’affût pour la parution de notre entrevue de fond au sujet de l’album, qui sera publiée le jour de la sortie de Laugh Away The Sun.
Le prochain album de Harfang, Laugh Away the Sun, s’en vient à grand pas et sera lancé en janvier prochain. En attendant, la formation de Québec nous offre un deuxième extrait intitulé Stockholm après la fort jolie et planante Flatline.
Une chanson plus fougueuse, plus rythmée, qui donne même le goût de faire quelques pas de danse. Samuel montre une fois de plus toutes les nuances de sa (magnifique) voix. De leur côté, Antoine, Alexis, David et Mathieu font ce qu’ils font de mieux : avec leurs instruments, ils nous engagent dans un feu d’artifice d’émotions.
En plus de la chanson, les gars nous présentent un vidéoclip (qui vaut la peine d’être vu) réalisé par Antoine Bordeleau.
Il semble bien que 2017 sera une année faste pour nos amis. On va suivre ça de très, très, très près.